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HiSTOlKK
L ITT K H A IKK
DE LA FKANCE
HISTOIRE
LITTÉRAIRE
DE LA FRANCE,
OUVRAGE
COMME^GK PAR DES RELIGIEUX BÉNÉDICTINS
DE lA CONGRÉGATION DE SAINT-MAIIR
ET CONtlNté
PAR DES MEMBRES DE I/INSTITIIT
(iCAOKMIF. DES INSCRIPTIONS ET BEIXKS-I.F.TTIIF.S j.
TOME XXXI.
QUATORZIÈME SIKCI.K.
PARIS 1893
KRAUS REPRINT
Nendeln/Liechtenstein
1971
?Q
101
H6
-1.31
Réimpression avec L' accord de
L' Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris
KRAUS REPRINT
A Division of
KRAUS-THOMSON ORGANIZATION LIMITED
Nendeln/Liechfenstein
1971
Printed in Germany
Lessingdruckerei Wiesbaden
AVERTISSEMENT.
Quoique ce volume soit plus cousidérahle que les
précédents, il ne contient pas un aussi grand nombre
de notices. Deux de ces notices sont, en elTet, très
étendues: l'une sur les livres d'images, l'autre sur les
écrivains juifs nés en France. Nous ne pouvions négliger
ces livres d'images dont le dénombrement nous a semblé
le complément nécessaire du discours sur l'état des arts
au XIV* siècle. Quant à la notice sur les écrivains juifs,
la dimension anormale en est motivée par la résolution
que nous avons prise de ne pas disperser dans un
nombre encore incalculable de volumes des auteurs de
même religion, de même langue, et si différents, sous
tous les rapports, de nos auteurs chrétiens qu'ils ne pa-
raissent, en vérité, ni de leur pays, ni de leur temps.
Un premier travail sur les rabbins du xiv^ siècle a été
publié dans notre tome XXVII, et, dans l'avertissement
mis en tète de ce tome, on a reconnu la grande part
que M. Adolphe Neubauer a prise à ce travail. Nous lui
devons aujourd'hui le même témoignage de notre recon-
naissance; c'est sur ses savantes notes, recueillies non
seulement en France, mais encore en Angleterre, en
Allemagne, en Espagne et ailleurs, qu'un de nos colla-
borateurs a rédigé ce dernier article comme le premier.
TOME XXXI. ^ a
4 . IVrRIMrKIK HATlOXltB.
Il AVERTISSEMENT.
Nous devons ajouter que M. Steinschneider a bien voulu
revoir toutes les épreuves de cet article, et nous ap-
porter ainsi une garantie supplémentaire d'information
exacte et complète. Il a mérité la gratitude de nos lec-
teurs aussi bien que la nôtre.
I^es autres notices de ce volume sont consacrées à
des auteurs d'écrits très variés. Au temps dont présente-
ment nous écrivons l'histoire il n'y a plus, entre les
esprits, sur qui l'Église a moins d'empire, concert vers
un but commun; de là plus de diversité, sinon plus de
mérite. Nous sommes dans une période d'essais indivi-
duels, pour la plupart timides. On en signalera dans les
volumes suivants de plus audacieux et de plus heureux.
Les auteurs de ce trente et unième volume de l'Histoire
littéraire de la France, membres de l'Institut (Académie
des inscriptions et belles-lettres), sont désignés, à là fin
de chaque article par les initiales de leurs noms :
P.P.
MM
. Paulin Paris.
Ern. R.
Ernest Renan.
B. H.
Barthélémy HAURiAU, éditeur.
G. P.
Gaston Paris.
L.D.
LÉopoLD Delisle.
NOTICE
SDR
ERNEST RENAN,
UN DBS AUTEURS DES TOMES XXIV-XXXI DE L'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCK
Nous n'avons pas à raconter ici toute la vie de M. Ernest Renan , à
le montrer sous toutes ses faces, à présenter le détail de ses œuvres si
nombreuses et si diverses. D'autres l'ont fait et d'autres le feront encore.
Cette enviable renommée qu'on appelle la gloire survivra longtemps h
l'érudit, au philosophe, à l'écrivain. Mais nous devons acquitter la dette de
notre reconnaissance en disant quelle grande part a prise à notre œuvre
commune ce collaborateur si vivement regretté.
Appelé très jeune encore, en l'année i856, dans notre Académie ,
M. Renan fut, le i-j avril de l'année suivante, adjoint comme auxiliaire
à la commission de l'Histoire littéraire , et nommé membre de cette com-
mission , le 1 g novembre 1 858 , en remplacement de M. Lajard. Les
qualités déjà bien connues de son brillant esprit ne l'avaient pas recom-
mandé seules aux sulTrages de la compagnie. Il avait fait preuve de sa
compétence dans les questions particulières que nous avons à résoudre piir
ses travaux antérieurs sur l'étude du grec au moyen âge et sur l'influence
malsaine de l'averroisme dans les écoles rivales de la nôtre. Introduit
d'ailleurs par notre libre choix , nous aimons à le rappeler, dans le dé-
partement des manuscrits, à la Bibliothèque nationale, nous l'avions mis
à la source des informations dont il était besoin pour éclairer l'histoire
obscure des lettres latines au xiV siècle. Et puis on le savait plein de
bonne volonté , plutôt jaloux qu'effrayé de prendre à sa charge les en-
quêtes les plus laborieuses. On n'avait pu réclamer le concours d'un plus
vaillant, d'un plus capable que lui.
Devenu le collègue de MM. Paulin Paris , Le Clerc et Littré , M. Renan
fut d'abord invité par eux à rédiger le discours sur l'état des beaux-arts au
xiv" siècle. Il n'était pas préparé à traiter ce sujet; mais la nature l'avait
a.
IV NOTICE SLR ERNEST RENAN.
doué d'une Cacnllé'bicn précieuse, celle de tout voir d'un premier coup
d'oeil et d'improviser une synthèse même avec des notes par d'autres
recueillies. Si, d'ailleurs, il n'avait étudié la technique d'aucun ail, il les
aimait tous, il avait la passion du beau, l'horreur du laid, le mépris du
vulf^airo, et, en toute matière, un discernement de ce qu'il convient de
louer ou de hlàmer (paon a rarement pris en défaut. On ne s'étonne donc
pas qu'il ait accepté sans hésitation la tâche difficile que lui avaient assi-
gnée ses collègues; et il l'a si bien remplie, et par devoir et par goût, que
son travail, applaudi quand il parut par tous les bons juges, est encore,
après trente ans, considéré comme n'ayant pas vieilli. Oui, l'architecture
religieuse du xin' .siècle, improprement appelée gothique, est une des
plus belles formes qu'ait imaginées l'art de bâtir. Pourquoi les autres
arts ont-ils, dans le même temps, moins prospéré .^ C'est, M. Renan l'a
justement remarqué, parce qu'elle les tenait en vasselage, ayant le droit
reconnu de leur imposer une coopération dont elle pouvait se passer.
Mais au siècle suivant, le grand art se déconsidère, sa souveraineté déchue
et les subalternes s'émancipent. \ oyez le maître maçon du xiv' siècle :
il s'applique avec un incontestable succès à fortifier, à décorer le monu-
ment civil , le palais des rois , le château des seigneurs , de l'évêque . de
l'abbé scandaleusement enrichi, à construire des remparts, des hôtels,
des quais, des ponts utiles; mais il n'a plus l'inspiration religieuse, et,
chargeant de frivoles atours toutes les surfaces de l'église amoindrie,
il ne cesse d'être un imitateur servile que pour devenir un novateur
maladroit. Plus on s'avance vers le xv' siècle, plus l'art français s'abaisse,
se dégrade, n'aspirant bientôt plus qu'à se faire de mieux en mieux gager
par de prodigues courtisanes et de riches usuriers. C'est le temps des très
habiles imagiers, enlumineurs, orfèvres, joailliers, émailleurs, ciseleurs,
tapissiers, relieurs et brodeurs; mais il n'est plus, l'architecte anonyme à
qui Paris doit le plan sévère de sa splendide cathédrale; il n'est plus, et
les gens de son métier qui tiennent sa place ne font guère au même iieu
preuve d'expérience et de talent qu'en édifiant le vieux Louvre et l'hôtel
Saint -Paul. De vastes, de splendides palais et de mesquines églises.
Voilà ce qu'a parfaitement exposé M. Renan dans son éloquent et sa-
vant discours. Quoiqu'il eût l'admiration facile , il ne pouvait admirer
les œuvres, même les plus estimables, d'un siècle où l'art fut sans
génie.
Notre tome XXV commence par une de ses notices. Il s'agit de l'ar-
NOTICE SUR ERNEST RENAN. v
tisan picardVUlartdeHonnecourt, longtemps oublié, maintenant presque
célèbre, dont l'Album conservé n'est pas moins instructif qu'il est curieux.
Il appartenait à M. Renan de dire tout ce qu'on sait sur cet aïeul de
Léonard , qu'il avait plusieurs fois cité dans son discours , architecte et
peintre, expert en physique, en mécanique, en médecine et en musique.
On n'a pas, il est vrai, de suffisantes informations sur la vie nomade de
cet humble artisan ; mais on ne connaît pas beaucoup mieux celle des
hommes qui firent au moyen âge le plus de bruit et jouirent du plus
grand renom.
M. Renan se vit obligé de le constater quand il entreprit d'écrire,
pour le même volume, la notice sur Jean Duns Scot. Aucun autre
docteur de ce temps-là n'a plus été loué durant sa vie , après sa mort ;
saint Thomas lui-même n'a pas eu de plus fanatiques zélateurs. Et
pourtant ses confrères n'ont pu, voulant raconter sa vie, que mettre
bout à bout de fabuleuses légendes. Il avait écrit ceci, dit cela; voilà
tout ce que ses contemporains avaient pris le soin d'attester touchant
sa vie. On ignore même dans quel lieu, dans quel temps il est né.
Quant à ses assertions doctrinales, M. Renan était en mesure de les
exposer fidèlement , et il l'a fait dans les meilleurs termes. Il avait plu-
sieurs fois condamné , dans son discours sur l'état des beaux-arts , l'abus
de la logique et malmené les logiciens intempérants. Il ne pouvait donc
se montrer trop favorable au docteur nommé par excellence le Subtil.
Mais comme il avait un grand fonds d'indulgence , il a critiqué sa doc-
trine avec beaucoup de mesure, cherchant, après avoir signalé ses torts,
à les atténuer. Il avait , d'ailleurs , des facilités pour le faire : ce philosophe
hautain et querelleur, aussi prompt à la riposte que vif à l'attaque , a
conclu rarement et s'est contredit souvent. M. Renan ne dit pas expres-
sément qu'il ait été moins jaloux de faire valoir, de faire admettre des
opinions arrêtées , que de servir la plus ardente passion de son ordre en
argumentant contre saint Thomas ; il ne le dit pas , mais il le laisse
entendre , et cela semble la vérité. Il n'y a peut-être jamais eu deux partis
plus hostiles l'un à l'autre que les dominicains et les franciscains , ceux-ci
plus agressifs , ceux-là plus méprisants. Jugez combien vive était l'animo-
sité des franciscains ! Qui réfuta le mieux le panthéisme imparfait de Jean
Duns Scot .3 Un clairvoyant et courageux docteur de leur robe, derrière
lequel vinrent aussitôt se ranger, lui faisant honneur, presque tous les
philosophes indépendants. Eh bien , ce logicien en tant de lieux applaudi
Ti NOTICE SUR ERNEST RENAN.
n'eut dans son ordre aucun succès. Pourquoi? Parce qu'il s'était rapproché
de saint Thomas en se rapprochant d'Aristote. Jean Duns Scot , désormais
délaissé, si ce n'est par ses haineux confrères, est resté néanmoins un
personnage considérable , qui , de plein droit , occupe une des premières
places dans l'histoire de deux grandes universités , celle de Paris et celle
d'Oxford, et, quoiqu'il ne soit pas né sur nos rives, une notice lui était
due dans notre Histoire littéraire. M. Renan, qui s'en était chargé, y a
mis tous ses soins. Son travail excellent montre que son zèle pour la
vérité ne reculait pas devant les plus minutieuses enquêtes quand l'état
de sa santé lui permettait de les faire. L'historien, nous disait-il souvent,
doit avant tout s'inquiéter d'être exact et précis.
Ses collègues l'avaient prié de rédiger cette notice sur Jean Duns Scot;
c'est à sa demande que lui fut confiée celle qu'il donna dans le tome
suivant sur Pierre du Bois, avocat des causes royales au bailliage de
Cotentin. Il avait, disait-il, un penchant pour ce pamphlétaire peu
lettre , conseiller sans mandat , novateur entiché de vieilles superstitions
par beaucoup d'autres répudiées, ennemi de l'Eglise et naïf croyant;
mécontent de tout, pariant de tout avec aigreur et néanmoins bon
homme. En lui M. Renan voyait la fidèle image d'un gros bourgeois
de son temps. Aussi l'a-t-il très attentivement observée. Plusieurs de»
nombreux écrits de Pierre du Bois donnent, en effet, une juste idée
de ce qu'osait penser, dans les dernières années du xiii* siècle , un fonc-
tionnaire de l'ordre civil, dont les quotidiennes chicanes des clercs
contrariaient , entravaient à tout propos l'autorité mal définie. Non seule-
ment elles l'ont rendu maussade et frondeur; le voici devenu réforma-
teur, la réflexion l'ayant convaincu que ce qui est ne peut durer sans
péril pour la société chrétienne. Il faut donc réformer et l'Église et
l'État. Or, pour tout mettre en bon ordre et chacun 4 sa place, il s'agit
de modifier le système d'éducation publique, de promulguer un nou-
veau code de procédure , où la compétence des ofiiciaux sera strictement
limitée , de confisquer tous ou presque tous les biens de l'Eglise , de
donner au pape une sévère leçon de conduite , de reconquérir la Terre-
Sainte , enfin de supprimer plusieiu^ empires et d'en fonder un nouveau.
M. Renan n'a-t-il pas pris trop au sérieux l'auteur de ces beaux pians,
et, jugeant son programme de réformes plus original qu'il l'était, ne
l'a-t-il pas trop blâmé d'avoir dit ceci, trop loué d'avoir dit cela? Moins
on reconnaîtra de données originales dan» le» mémoires de Pierre du
NOTICE SUR ERNEST RENAN. vu
Bois, plus on nous les signalera comme intéressants, car ce sera nous
prouver qu'il a fait entendre la voix publique. Et il est en effet au
moins vraisemblable qu'il n'a pas été seul à penser ce qu'il a cru devoir
écrire. L'agitation des esprits était alors très vive; partout, et parti-
culièrement dans cette classe déjà riche, déjà presque éclairée sur ses
droits, la bourgeoisie française, se faisait sentir un impérieux besoin
de changement, et, l'autorité du glaive spirituel s'étant d'elle-même
affaiblie, c'était, au jugement de tous les politiques, celle de l'autre
glaive qui devait prévaloir.
M. Renan nous a fait mieux constater encore ce malaise des esprits
et cette passion d'innover dans sa très remarcpiable notice sur Guillaume
Nogaret. R ne pouvait ni justifier l'entreprise d'Anagni , ni concéder à
la pitoyable victime de cette coupable agression le droit (ju'elle s'attri-
buait de tout régler dans les affaires de ce monde. Mais en racontant
de la manière la plus fidèle toutes les circonstances de l'événement,
puis en partageant les torts avec la plus équitable mesure, il a montré
clairement que les choses d'autrefois devaient être alors plus ou moins
modifiées et que l'opinion poussait les princes laïques vers le but où
tendait leur ambition. « Les difficultés entre la couronne de France et le
Saint-Siège , qui remplissent , dit-il , le règne de Philippe le Bel , avaient
commencé sous saint Louis, et l'on peut dire que l'éclat de i3o3 ne
fut que la crise d'une maladie qui couvait depuis longtemps. » Mais , la
crise passée , ce n'étaient ni Philippe ni Nogaret qui pouvaient guérir la
société malade; il lui fallait d'anodins remèdes dont ces hommes vio-
lents ne comiaissaient pas l'usage.
M. Victdr Le Glerc nous disait un jour : t Plus j'étudie l'histoire des
démêlés de Philippe le Bel et de Bonifece, plus je deviens philippiste. »
M. Renan ne pouvait pas autant le devenir; il avait instincti^^ement trop
en horreur l'emploi de la force-. Non, sans doute, il ne pouvait justifier
les prétentions inopportunes de Boniface; sachant bien d'ailleurs que
tout«s les choses humaines sont nées, comme dit l'Ecclésiaste , pour
mourir, il ne pouvait regretter que le vrai moyen âge eût pris fin avec ce
pape entêté. Mais cela ne devait pas le rendre favorable à Nogaret , à
Philippe. Il convient d'imposer l'abandon de leurs privilèges à des insti-
tutions surannées; mais cela ne veut pas dire qu'il y ait lieu de glorifier
ces juristes formés à l'école de Nogaret qui se sont tout permis pour
édifier la monarchie française et, plus tard, ont usé des mêmes angu-
vin NOTICE SUR ERNEST RENAN.
ments pour la détruire. Telle était la doctrine de M. Renan , conforme
à son naturel doux et placide. Aussi loin qu'il remontait dans l'histoire,
il ne reconnaissait aux confesseurs de la vérité que le droit de con-
vaincre, leur refusant celui de contraindre.
C'est surtout dans sa notice sur Clément V que M. Renan s'est pro-
noncé contre Philippe le Bel. S'il hésite à condamner ses intentions et
le hut qu'il poursuit, très fermement il déclare que ses procédés le
révoltent. Quant h ce pape mondain, que son ambition sans noblesse
et sa duplicité sans constance ont mis A la discrétion d'un roi passion-
nément volontaire et résolu, comme on le savait, à briser tous les
obstacles qu'il aurait pu rencontrer, M. Renan fait bien apprécier que
ses contemporains ont été plus sévères pour lui qu'ils auraient dû l'être.
Il avait sans doute peu de vertus et quelques vices; mais plus d'une fois
il a témoigné qu'il n'ignorait pas ses devoirs, et, s'il avait été libre de les
remplir, on peut croire qu'il l'eût fait. C'est la réaction contre les empor-
tements de Boniface qui le força d'être un pape endurant tout. Ses con-
temporains se sont trompés en appelant trahison ce qui n'avait été
([u'impuissance.
On a justement remarqué que si la raison de M. Renan l'avait un
jour dissuadé de croire tout ce qu'enseigne l'Eglise touchant les causes
et les fins surnaturelles, son cœur était resté sous l'action d'une piété
mystique qu'il aimait à manifester. C'est pourquoi sans doute il se plaisait
à confesser qu'il avait une tendre sympathie pour les dévots, surtout
pour les dévotes de ces temps lointains dont nous écrivons l'histoire.
Ses notices sur Christine de Stommeln et sainte Douceline sont au plus
haut point touchantes. Il les tient, à la vérité, pour plus ou moins
folles , et ne le cache pas ; mais il inspire pour elles une compassion
mêlée de respect qui fait bien comprendre l'émotion qu'il avait éprouvée
lui-même en lisant les relations de leurs extases, de leurs soulTrances,
de tous les excès de leur piété.
Nous devons enfin à M. Renan, outre son intéressant travail sur le
Livre des secrets aux philosophes et sa participation à d'autres notices
par nous en commun rédigées, deux séries de très savantes études sur
les écrivains juifs du xiv' siècle. Il venait d'achever la dernière, que nous
publions dans ce volume, quand la mort l'a frappé.
Voilà ce que M. Renan a fait pour nous. Il a certes d'autres titres à
la gloire ; mais avec raison il attachait du prix à ceux-ci. Qu'on le sache
NOTICE SUR KUNEST UENAN. iv
hii'ii. s'il nous honorait en étant notre collcfçui', il ne lui l'tail pas in-
(liUtTcnl do l'être. Ce savant profond, cet écrivain d'une inconiparahle
élégance, était un lioninie simple, <[ui n'a jamais oHcnsé' personne en
lai.sant montre d'une supériorité qui n'aïu'ait pourtant |)as été contestée.
Dans cette commission de l'Histoire littéraire, où il était notre doyen
e| notre président , il donnait timidement ses conseils, il écoulait modes-
tement ceux des autres et les suivait de la meilleure grâce;. Assurément les
acclamations du grand public aiuaient pu le distraire de nos obscurs ei
pénibles travaux. Mais il n'en a rien été; il a pris, en effet, une pari
conslante à ci-s travaux tant qu'une cruelle maladie ne l'a pas empêché
de le faire. En perdant cet éminent collaborateui'. r'i-st encore un ami
livs .sûr et très cher que nous avons penlii.
H. 11.
TOME XXXI. f,
IVrRIHttlE HATIOIAtt.
TABLE
DES LIVRES CITES DANS LE TOME VXXI
l)K L'HISTOIRR LITTÉRAIRK DE LA FRA>CF..
.S|)icilejjiuiii . sivc colicctio vetcruiu scriplorum. niia Lucji- Daclicri. l'aris. ifiri')-
i()-7. i3 vol. iii-'r," 1733. 3 vol. in-fol.
Aria .Sanclorum quotquut loto urln* culiiiitiii nille^'cruiit ,1. Bollandiis i>l nlii.
.Xntucrpia; . Tongarlcae, Uruxellis, i6/i3-i8y!, (i.'J vol. in loi.
lî. .S.iioiiio Al'.iin'is. .Sillciiiulin- und Srliilderuiigoii dcr s|)niilsclicn Judcn iin Anlnit^c
des XV. .lalirliundcrls gcsclirielx^n. Zuin zwcitcn Malc. . . Iieransf,'. »on IV \d. .loi
liiiek. V\ien, 187a. in-ia.
Viliîfineiiie Zeitung des Judenthums. hci|>zi^, i83(), iii'i . (Se cuntinui. |
imudr ha-Alioda (Culumna- ciiltDs). Onomasticon auctoruiii li^mnoruiii liolira'oriiiii
eorumquc carminum. . . Digessit Fi. Landhutli. Ilcrlin , i8r>7- j8()-t . « |)arlip<i.
ii>-8°. fkii hébreu.)
Momoiifs liistoi'iquos et criti(|iics .sur raiicieiiiic ré|iulil!(|uc d'Arles, 4 parties, ^wr
duii . 1 779 ■ 1 78 1 , in-8".
Israclitisciie Annalen. Ein (^ntralblatl riir (iescliicliti' , Literatur und Cullur dei
Israeliten aller Zeiten und I.ânder, Iterausge^'ebeii von IV J. M. Josl. Jalir^'. 1837-
1 84 1 ■ Frankfurt am Main , in-4*-
\nnuario délia s:icietà itiliana |>er f,di sludi orientali. Uonia, 187a, 1873, in-8'.
Archives des missions scientifiques et littéraires, choix de rapjwrts et instructions i»n-
Wiéssous les aus|iicos du Ministère de l'instruction publicpie. Paris, i85o et sni». .
in-8".
Archixes israéiites de France, revue mensuelle historique, biographique, etc., sous
la direction de S. Calien. Paris, i8.4<> et ann. suiv. , in-8''.
Aristotelis Stagirita- omnia qn.'e extant opéra . . . Averrob G)rd. in ea opéra omnes
qui ad nos pervenere comment. Venise, i55o, 1 1 vol. in-fol.
Bibliothecx apost. Vaticanie codicum inannscriptorum eatnlogns . . . Stephanus Evo-
dins Assemanus et Joseph Sinionus Assemanos recensuerunt . . . Partis prima» 1. 1 ,
complectens codices liebraicos et saraaritanos. Roma», 1766, in-fol.
Mémoire |x>ur servir à l'histoire de la Faculté de médecine de Montjiellier, par
feu M. Jean Astruc, revu et publié par M. Leroy. Paris, i767.in-4^
.Atfi deir Accademia pontificia dei nuovi Ltncei. Rome, 1881. in -4°. (Se continue.)
\ oir Schcm lutggedolint.
AcIioryfD"). S|ii
\c\a Sjinctoruiii.
\l.-tmnii Salomnn.
.liKji-iilliums.
\m. Mtorlali
\iiilicrt,.Métii.Mir
l.i ri'-|». it'Arles.
Aniialfn.
Armuario.
Arcliiv<»s des mis-
sion».
Arrh. isr,
Arisl. A»*rrois
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\»eman! Cdat.
\<(ruc, Mém.
Atli 11. LiDc
Azulaï , Scbem
lia;;^e<loliiB.
Ml TABLK
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luliui, \ii.i' |u|i. \ ihr |>,i|)ni-um Avonioncnsiuiii a Stephano Baluzio cditir. Pnrisiis, i()()3, s vol.
Avn.ion. j„ ,|,
ll.iMilillis ( \ In- 'IrncL-itiis de sin^'ulari |mrilate et prirrogativa conceplioni» Salvatoris nostii Jesii
n-ni.il.'), I . siiiRul. (;iii-isli, c\ auctoritalihiis (liicentoriim sexairinta doctorum, editus per fr. \iiireii
uiiril *
titiiii de Uandellis, ord. Pra'dic. quondain inagistruiii generalem. Ad exeinplar
iinprcssum Bononix , aniio 1 48 1 .
It^iiollni. 1111)1. (lalalogiis codicuni latinoruin hibliolliecaî Medicea; Lnurentiaiiir , sul) nusplciis Len
"'""• poldi iTg. princ. lliing. et ISojoli.. arcli. AusIpIt, Ang. Mar. Baudiiiius reccnsuil .
illiisiravit, cdidit. Florenliae , '77'l-'777. 4 vol. in-fol.
H.irliH <lr .loin. Noliro des ariti(|uilés, objets du iiiovcn âge , de la Benaissancc et des temps mo<lemi's
roinj)osant le Mus<'e des souverains, par Henry Barbet de Jouv. Paris, iX()(i.
in-8".
lbrn>is,i',;i)l. |iru- Bibliotbéque protvp>grapiiiquc , ou Librairie des Fils du roi Jean, Charles V, Jean
'*1'- de Berry, Philippe de Bourgogne et les siens, par J. Barrois, Paris, i83o, in-V-
llarioli.ll lihmili II libro (11 Sidrach , testo inediio del secolo xiv, pubblicato da Adolfo Bartoli. Parte
^"^'T.'rU. prima. Bologna, i8()8, in-8".
Iljiurli, Clircs- (^brestonialliie provençale, .ircompagnée d'une grammaire et d'un glossaire, par
lom.prov. |,^_.,,.| |5a,tscli; 4* édition, revue et corrigée. Elberfeld , i88o, grand in-8°.
l!ari«;li, (iriiiiilr. firundriss der Geschicbtc der provcnzalischcn Literatur, von Karl Bartsch. Ellberléld,
.!.•!• (Irsrli.iliT prov. 187-!, in-S".
f.ilnral. ,
lljsiiiprf (A. (li-i, Ktndes de symbolique chrétienne. Rapports sur les crosses de Tiron et de Saint
Kiu.l.s do »yml»>l. \„iand de Rouen, faits, en iS.'ifi et iS.');, au Comité de la langue, de Ibisloire
et (les arts de la France (section d'archéologie), par le comte Auguste de Basiard.
Paiis, i8()i , in-8°.
ii'.iiimanoir (Pli. Ol-^uvres poétiques de Piiili|)pe de Uonii, sire de Beaunianoir, publiées par llennann
■''' • '*■'"'■'•' <""■- .Surhier. Paris, i884, '2 \o[. m-S". ISocirlc des aitcieiii textes français.)
!ll|lllS. ^ J i I
\\i-n; Pliil. Philosophie iind philosophische .Schriftsteller der Juden (traduction de l'article de
M. Muiik dans le Dictionnaire des sciences philosophi(pie»), avec des notes.
Leipzig, 188:! , in-8".
Uni Cliaii. Ben Otwmya. \Vo(hciii)latl (ûr jûdische Théologie. Herausgebcr und Redaktcur :
Leopol i.ôw. loJabrgânge. Szegiidin, 18J8-18C7, in-8* et in-/i°.
l'«Milo\ ( Tl'. ' . Pantschatantra : Kûnf Bûcher indischor Fahein , M.îrcben und Ereâhlungen. Aus dem
l'aniwli tanira. Sanskrit ûhersetzt mit Kinleitung und .Vnmerkungen von Theodor Benfey. Leip-
zig, iS.")!), 'X vol. pet. in-8".
i;'i-;.MT iS.). I.a La Bible française au moyen âge. Ftude sur les plus anciennes versions de la Bible
■■' rrança'sc. écrites en prose de langue d'od, par Samuel Berger. Paris, i884, in-8°.
twIiiicr.Ma^aMii. Magazin fur die \\ issenscbal't des Judenthuins. Publié par A. Berliner et D. HolT-
niann, 1847, in-8". ('''^ continue.)
V.-1I1 liai). niTlsn "'a Beth hub- Dekirah. Choix des classiques hébreux, par Samuel Philipp
(|)rospectas). l.emherg, 1887, in-8". (Kn hébreu.)
liilil. .irabiroliis- Bibliothccn arabico-hispana F'^scurialensis , seu libroruni omnium manuscriptorum
quos arabice bibliotheca civnobii Escurialensis complectitur recensio et expla-
natio. Madrid, 17G0-1770, a vol. in-fol.
!lii>lii><<xai<r«|viriola. Voir Casiio.
iidlia
DES CITATIONS.
XIII
par J. Alb. Fabricius.
Bibliotlieca gricca , sive notitia scriptoruni grancorum , etc.
Hambourg, 1705-1728, i4 vol. in-.4°.
Voir Woljiiu.
Bibliotbeca judaica anlichrisliana , par J. li. de Rossi. Parma, 1799, in 4°.
liibliotheca judaica , par Juliiis Fùrst. Leipzig, 'iS^g-i 863, 3 vol. in-8".
nibliolbeca mathematica. Zeitsclirift fur Goschiclilc dor Malbeinatik, rédigé par
Gustaf Enesbôm. Stocklioini, 1887, 111-8°. (Se continue.)
Voir Fabricius.
Bibliotbeca magna rabbinica, auclore D. Julio Bartolocci de Celleno. Rome, iG75-
1693, à vol. iii-fol.
Joan. Buxtorfii Bibliotbeca rabbinica cum appendice... IlerbonaD Nan. , 1708,
in-8'.
Bibliotlieca sacra, sive syilabus sacra; Scriplurae edilionum ac versionuin, etc.,
par le P. Jacq. Le Long. Paris, 1733, in-fol.
Bibliotlièquc de l'Ecole des (^bartes , recueil périodique paraissant tous les deux mois.
Paris, depuis 1809 jusqu'à ce jour, in-8'.
ïbe bistory, art and palieograpby of llie manuscript slyled Utrecbt psalter, by VVaiter
de Gray Blrcb. London, 1876, in-8°.
Bibliotbeca; liibernica:- florentine catalogua (extrait de Bibl. Medicex Laurent.
Flor., etc., etc., vol. I). Florence, 1757, in-8°.
BoUettino di bibliografia e di storia délie scieruc matematicbe e (isiclie, pubblicato
da Boncompagni, t. I-XIX. Roma, 18C8 à 1890, in-4°.
Registrum visitationum arcbicpiscopi Rutomagcnsis. Journal des visites pastorales
d'Eudes Rigaud, arcbcvèque de Rouen, mccxlviii-mcci.xix. Publié, pour la pre-
mière fois, par Boiinin. Rouen, i853 , iii-/(''.
Arcbives de l'Empire. Inventaires et documents publiés par ordre de l'Empereur.
Actes du parlement de Paris, par E. Boutaric. Paris, 1 863- 1868, 2 vol. in-4''.
Jalirbûcber fur jûdiscbe Gescbicbte und Literatur. Ilerausgegeben von N. Brûll;
lO Jalirgânge. Frankfurt-am-Main, 1874-1890, in-8°.
Manuel du libraire et de l'amateur délivres, par Jacques-Cbarles Brunet. Paris, 1860-
186.'), 6 vol. in-8".
Bulletin de la Société arcbéologique de Touraine. Tours, 1871 et années suivantes,
in-8°. (Le tome V répond aux années 18801882).
Bulletin de la Société arcbéologique de l'Orléanais, i854. in-S". (Se continue.)
AAnales ecclesiastici , post illustriss. et révérend, dominum D. Ca;sarem Baronium,
S. R. E. cardinalem bibliotliecarium , auctore R. P. Fr. Abrabamo Bzovio , Polono.
Colonise Agrippina;, i6iG-i64i, 9 vol. in-fol.
Bibliotlieca grxca.
Bibliolh. hebrxa.
Ribl.jud.
Bibl. jud.
Ribl. maliiom.
Bibl. med. et inl.
lat.
Bibliolheca rabb.
(Bartolocci.)
Bibliothcca rabbi-
nica (Buxtorf).
Bibliotlieca sacra.
, Bibliotlià|uc de
l'École des Chartes.
Birch(\V.deG.),
the Llrecht Psalter.
Biscioni, Catal.
BoUettino.
Bonuin , llcgiv
trum visitât, arcbi-
episc. Rotoni.
Bou tarie,. Vctcsdu
parlem.
BrûU , JahrbùcliiT.
Brunet, Maiiuet
flu libraire.
Bulletin de la Sw:.
archéolog. de Tou-
raine, V.
Bull. Soc. arcii.
de rOrl.
Bzovius, Ann. Kccl.
La France Israélite, par le docteur Carmoly. Franc fort-sur-le-Mein, i858, in-8°.
Das Bucb Kusari des Jehuda ha-Levi nacb dem bebrâisclien Texte des Jebuda Ibn-
Tibbon, berausgegeben , ûbersetzt und mit einem Commentar, so w'te mit einer
allgemeinen Einleitung verselien von D' David Cassel. Z" Aufl. Leipzig, 1869,
in-8».
Carmolvt France
Israélite.
Cassel , Ciuari.
b
XIV
TABLE
Ca>(ro(De),Bibl.
rspan.
CaUl. Angel.
Catal. Aaher.
CaUl. Bcrol.
CaUl. BodI.
CaUl. Bodl. (Neu-
bauer. )
Catal. Cambridge.
Catal. Carmolj.
Catal. de Botai.
Catal. des mss.
d'Ami.
Calai, dea mu. de
IVfetz.
Catal. dei maa. de
Troye».
Catal. Franeqner.
Catal. géii. de»
mss. des dëp.
Calai. Halberatam.
Catal. Hambourg.
Catal. Jews' Coll.
Catal. Leide.
Catal. Lips.
Calai. Menbacher.
Catal. Mortara.
(ialal. Munich.
Calai. oTtheHarl.
mss.
Catal. Oxford.
Biblioteca etpafiola. Madrid, 1781, 1786, a vol. in-fol.
Catalogo dei codici ebraici délia biblioteca Angelica , per Angelo di Capua. Fireme ,
1878, in-8'.
Verzeicliniss hebrâischer Handscliriden und seltener Dnicke ans dem antiquarischen
Lager von A. Aslier und C°. Berlin , 1 868 , in-8''.
Verzeicbniss der liebrâischen Handschriften , von M. Steinscbneider, mit den Tafeln.
Berlin, 1878, in-4'- (Dans la série des catalogues de Berlin.)
Voir Sleinschneider.
Catalogue of the Hebrew manuscripts in ilie Bodleian Library and in Collège libraries
of Oxfoixl. . . . compiled by Ad. Neubauer, witli forty facsimiles. Oxford, 1886,
in-4° et in-fol.
Catalogue of tlie ffebrew manuscripts preserved in the University Library, Cambridge,
by S. M. Schiller-Szinessy, vol. I. Cambridge, 1876, in-8°.
Catalog der reicbiialtigen Sanimlung liebràisclier und jûdisclier Bûcher und Hand-
schriften aus dem Nachlass des sel. Herm Dr. P. B. Carmoly. Frankfurt-am-Main ,
186 5, in-8".
Voir Calai. Parme.
Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de la ville d'Arras. Arras, 1860, in-8°.
(Publié par Caron, en partie d'après le travail de J. Quicherat.)
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements.
Tome V. Paris, 1879, 'D"^°-
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements.
Tome II. Paris, i855, in-4°.
Catalogus librorum Bibl. publ. quae est in Academia Franequerana. Franequerap,
1713, in-fol.
Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques des départements. Paris .
1849-1885, 7 vol. in-4".
Catalog hebrâischer Ilandschriden von S. J. Flalbcrstam in Bieiitz. Wien, 1890, in-8'
(en hébreu).
Catalog der hebrâischen Handschriften in der Stadtbibllothek in Hamburg .... von
Moritz Steinscbneider. Hambourg, 1878, in-8°.
Catalogue of the Mebrew manuscripts in the Jews' Collège , London , compiled by
A. Neubauer. Oxford, 1886, in-8'.
Voir Steinschneider.
Codices orientalium linguarum descripserunt H. O. Fleischer et Franc. Delitzsch.
Grimm», i838, in-4'.
Catalogue de la bibliotlièque de feu A. Menbacher, par N. V. Rabbinowiti. Munich ,
1888, in-8' (en hébreu).
Catalogo dei manoscritti ebraici délia bibUoteca délia comnnità israelitica di Mantova ,
compilato dal rabbino maggiore Marco Mortara. Livorno, 1878, in-8*.
Die hebrâischen Handschriften der K. Hof- und StaatsbibUothek in Mûnchen,
beschrieben von Moritz Steinschneider. Mûnchen, 1875, in-8'.
A Catalogue of the Ilarleian manuscripts in the British Muséum, with indexes of
persons, places and matters. London, 1808- 181 a, 4 vol. in-fol.
Voir Catal Bodl.
DES CITATIONS.
XV
Catalogue des manuscrits hébreux et samaritains de la Bibliothèque impériale
(Paris. 1866), in4°.
Manuscripti codices Hebraici biblioth. J.-B. de Rossi. Panne, i8o3 , 3 vol. in-8°.
Voir Catal. Turin.
Galalogo dei codici ehraici délia biblioteca di Parma non descritti dal de Rossi,
per Pietro Perreau. Firenze , in-8'.
Voir Cittal. Turin.
Sans titre, en hébreu, publié le a6 Eloul 5644- »884.
Codices manuscripti bibUothecx regii Taurinensis Athenaei , per linguas digesti et
binas in partes distributi. Recensuerunt Jos. Pasinus , etc. ; Taurini , 1 749 , in fol.
Codices hebraici manu exarali regiae bibUothecae quœ in Taurinensi Athen«eo asser-
vantur. Recensuit, illustravit Bernardus Peyron. Taur., 1880, in-8°.
Calalogus cod. mss. bibliothecii; Palatinx Vindobonensis ; pars II , cod. I lebraici ; diges-
serunt Albertus Krafft et Simon DeuUch. Vienne, 1847, in-4°. Partent III digessit
Jac. Goldentlial. Vienne , i84i,in-4*-
Katalog der Seminar-Bibliothek (Jahresbericht des Seminars). Breslau, 1870, in-8°.
Les axiomes du droit français, par le sieur Catherinot, avec une notice sur la vie et les
écrits de l'auteur par Ed. Laboulaye et une bibliograpiiie raisonnée des écrits de
Catherinot, par Jacques Flach. Paris, i883, in-8'. (Extrait de la Nouvelle Revue
historique du droit. )
Étude iiistorique sur Fonfroide , abbaye de l'ordre de Citeaux , par E. Cauvet. Mont-
pellier, 1875, in-8°.
Le roman d'Arles , fragments d'un poème provençal publiés par C. Chabaneau. Paris .
Maisonneuve, 1890, in-8° (extrait de la Revue de* langues romanet).
Répertoire des sources historiques du moyen âge, par Ulysse Chevalier, t. I. Bio-
bibiiographic. Paris, 1877-1888, grand in-8°.
Les grandes chroniques de France , selon qu'elles sont conservées en l'église de Salnt-
I>enis en France, publiées par M. Paulin Paris. Paris, i836-i838,in-fol. , et 6 vol.
in-ia.
Vitte et res gests pontificum romanorum et S. R. E. cardinalium Alphonsi Ciaconii ,
ord. Praedic. et aliorum opéra descripta; , ab Augustino Oldoino S. J. recognitœ.
Romae, 1676, 4 vol. in-fol.
D'mOJIp nt?Dn Hamischa Quontresim. Commentarii quinque doctrinam talmu-
dicam illustrantes, ex mss. éd. Nathan Cronel. Vienne, i844, in-8*.
Liber Qore kad-doroth, auctore R. David Conforte (ouvrage biographi([ue). Ed.
D. Cassel. Beriin, i846, in-8'.
maicn m'jKW, Quaesita et Responsa. Riva, 1689, in-4°.
Concurdiae comitis disputationes adversus astrologos. Bonon. , i495, in-fol.
Catalogns codicum manuscriptorum qui in collegiis aulisque Oxoniensibus hodie
adaervanttir. Oxford , 1 85a , a vol. in-4''
Calai. Parii.
Catal. Panne.
Catal, Paiini.
Catal. l'errcau.
Catal. Pc^rou.
Catal. Rabbinu-
witi.
Catal. Turin (l'a
sini).
Catal. Turin (Poy-
roo).
Catal. \ indob.
Cat. Zuckermaiio,
Catherinot , Axio-
mes du droit i'ranç;.
Cauvet (E.j.Ëtadc
hist. sur Fonfr.
Chabaneau , Le ro-
man d'Arles.
Chevalier, Réper-
toire.
Chroniques ( Les
grandes] de France.
Ciaconius , Vitae et
res gestse pont.
Comm. quinqoe
doct. talm.
Conforte , Qorf'
had.
Consultations ,
Isaac Shésheth.
Contra Astrologos.
Coxe , Catalogus
codd. coll. Oxon.
D
D'P'PS onaT Q>D"lD31p, Qontresim debarim attiqim, Libellus Verba aiUiqaa, extrait Deb. Attiqim.
dw nus. par Isaac Ben- Jacob, a parties. Leipzig, 1 844-46, in-8°.
De Indis orientalibus libri duo, par Thomas Hyde. Oxford, 1694, ia-8°. Ddiciae régis.
l)eUsle.(L.j, Le
cal), ries mss.
DelUle (l..j. Les
Collections de Das-
lard d'Estaiig.
l)clislc(L.).Mél.
de (wléopr.
Delisle (L.). \ie
du hiciih, Tlionias
dr Iliville.
De ludis or.
Denis, Cod. ms.
tlinol. Vindob.
Dcrcnbourg , Mél.
Renier.
Der Orient.
De Ilossi.
De Roui.
Der Slreil »w.
Mcnicb,
Dibré Hakliamim.
Dibri lléfess.
Dict. se. phil.
Didot, Des Apoc.
figurées.
Die Erdkonde.
Ditionario storico.
Douais , Les l'r.
Prèch. CD Gasc.
Doûetd"Arcq, lo-
rent. de la biul. de
Charles VI.
Doûeld'Arcq, In-
vent, des sceaux.
Du Cange, Glos-
sariua med. et iuf.
latin.
XVI TABLE
Le cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale. Ktude sur la formation de ce
dépôt, par Lcopold Delisle. Paris, 1869-1881, 3 vol. iii-4" et atlas.
Les collections de Bastard d'Estang à la Bibliotlièque nationale, catalogue analytique
par Léopold Delisle. Nogent-le-I\otrou , i885, in-S".
Mélanges de paléographie et de bibliographie , par Lcopold Delisle. Paris , 1 880 ,
in-S".
Vie du bienheureux Tliomas de Biville, publiée par Léopold Delisle. Cherlxmrg,
18C0, in-8- (extrait des Mémoires de la Société acadénii(|uc de Cherbourg).
Voir" Deliciœ régis.
Codiccs manuscripti tlieologiri bibliothecie palatins Vindobonensis latini aliarumque
occidenlis linguaruin. Recensuil, digessit, indioibus insiruxit Micliael Denis. Vin-
do')on.T, i7(j3-i8oa , G parties en deux vol. in-folio.
Mélanges Renier. Recueil de travaux publiés par l'Ecole pratique des hautes éludes,
en inéiiioire de son président Léon Renier (Bibl. de l'Ecole des iiautcs études,
63* fasc). Paris, 1887, in-8".
Literaturblatl des Orientes. Bcriclite, Studien und Kritikcn fur jùdischc Geschichte
und Litcratur. Hcrausgegeben von D' Julius Fûrst, Jahrgângc 1 84o- 1 85 1 . Leipzig.
in-4°.
Voir Biblioth.jadaica.
Libri stampati di Ictteratura sacra ebraica ed orientale délia biblioteca del dottore
G. B. (le Rossi. La division LIX (p. 199) traite des inss. hébreux, n"' 1378 à i43o,
acquis après que le catalogue de Rossi eut été publié.
Der Slreit zwischen Mensch und Thier, ein arabisches , aus den Schriften der lautem
Brùder; texte arabe reproduit par F. Dieterici. Berhn, i858, in-8°.
□■•ODri naT IDD, St^plier dibré hakhamim, extraits de différents manuscrits, publiés
par Éliézer Ashkenazi. Metz, 1849, in-8°.
yen naT, Dibrc Hefess, Acceptable words; recueil tiré des manuscrits, par Ilirsch
Edelmann. Londres, i853, in-8°.
Dictionnaire des sciences philosophiques. . . . sous la direction de M. Ad. Franck:
2' éd. Paris, 1875, in-4°.
Des Apocalypses figurées manuscrites et xylographiques. Deuxième appendice au
Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot.
Paris, 1870, in-8°.
Die Erdkunde im Verhàltniss lur Natur und zur Geschichte des Menschen , oder all-
gemeinc vergleichende Géographie, von Cari Ritter. 3' éd. Berlin, iSaa-ag.
Dizionario storico degli autori ebrei e délie loro opère, par G. B. de Rossi. Parme,
1802, in-4°.
Les frères Prêcheurs en Gascogne au iiii* et au xiv* siècle. Chapitres, couvents et
notices. Documents inédits publiés pour la Société historique de Gascogne par
C. Douais, chan. honor. de Montpellier. Auch, t885, in-8°.
Inventaire de ia bibliothèque du roi ChaHes VI, fait au Louvre en i^aS par ordre
du régent, duc de Bedford. Paris, 1867, petit in-S".
Inventaire de la collection des sceaux des Archives nationales. Paris, 1 865 -1868;
3 vol. in-4*.
Glossarium mediae et infima; latinitatis conditum a Carolo Dufresne, domino Du Cange
(édit. Henschel). Paris, i84o-i85o, 7 voL in-4*-
XVfl
DES CITATIONS.
Description géograpl)i<(ue et liistori(|uc de la Haute Normandie, divisée en deux par- Dupkssis, Ocsci
ties . dont la première comprend le païs de Caux et la seconde le Vexin (par Tous- jj?^'" '""''<■ ^"'"''"
saints Dupicssis). Paris, 17^0, :» vol. in-4°.
Voir La Croix du Maine.
Du Ycnlicr.
E
.lahrlmch fur romanisclie und onglisclie Literalur. Leipzig, 1859-1870, in-8°.
Georgii Joseplii Eggs Purpura docta , scu vitae , legatlones et res gesta; cafdinaliurn
qui doctrina et scriptis cluere. Monacliii, 1714, 3 vol. in-fol. — Supplementuni
Purpuraî doclae. Auguste Vindelicorum , i7'.9. in loi.
Kian pC" , Vallis lletus ; liistoria [K-rsecutionum Jud.'iH)runi , comprciiendens perioduni
al) anno p. Clir. i.xx us(|ue mdi.xxv; cum notis crilicis cdidit M. Letlcris.
Vindob., i853, in-8°; traduction allemande par M. Wiener. Leipzig, 1858,
in-8°.
\ll''pmcine Encyclo|)irdie der VVissenscliaften und Rûnsie, par .1. S. Erscli et J. G. Gru
lier, sections l-lll. Leipzig, 1818. in-4'. (Se continue.)
Der Roman von Escanor, von Gérard von Amiens, lierausgegcben von D' H. Miche-
lant. Tùbingen, 188G, in-8". (Publication du Literar. Vcrein de Stuttgart.)
Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés du recueil inédit d'Etienne de Éticime de liour
Bourbon , dominicain du xm' siècle , publiés pour la Société de l'histoire de France Iwn , Ancwloies.
par A. Lecoy de la Marche. Paris, 1877, in-8".
Ebcrt, fiilii'buuli.
Ej^.Purp. do(;la.
F.raek li.ib.
Encjrcl. Ersrh uuii
Gmbrâ'.
Eicaiior.
F
Jo. Alberti Fabricii Bibliotheca latina mediir et infimo; aetatis, cum supplemento Christ.
.Schœttgenii et notis J. Dominici Mansi. Patavii, 1754, 6 tom. in-4°. — Florentine,
18 58, 6 part. 3 vol. in-8'.
Œuvres de M. Claude Fauchet, premier président de la Cour des Monnoyes. Paris,
1610, in-. 4*.
La librairie des papes d'Avignon , sa formation , sa composition , ses catalogues ( 1 3 1 6-
i4ao), d'après les registres des comptes et l'inventaire des archives vaticanes,
par Maurice Faucon. Paris, 188G et 1887, a vol. in-8°. (Fascicule» 43 et 5o de
la Bibliothèque des Écoles d'Athènes et de Rome.)
Histoire de la ville de Paris, avec les preuves, par Michel Félibien et Lobinean.
Paris, 1735, 5 vol. in-fol.
The fifty-third chapter of Isaiah according to the Jevvish interpreters , edited from
printed books and manuscripts by Ad. Neubauer. Vol. 1 , texts ; vol. II , translation.
Oxford, 1876-1877, in-8°.
Histoire ecclésiastique, par Claude Fleury. Paris, 1691-1737, 39 vol. in-4'', ou
1758-1761, 4o vol. in-ia, y compris la continuation par le P. Barre, de l'Ora-
toire, et les 4 volumes de table.
Florilegium rabbinicum, complectens prapcipuas veterum Rabbinoram sententias,
versione lat. et scholiis illustratas, auctore Jo. Plantavitio. Lodov., i645, in-fol.
Voir Carmofy.
TOME .\XXI. .- C
IMPBtHEIlII MATIOKAIE.
2 *
Fabricius , Bibl.
med. et inf. eet.
Faochct ,()Kuvrc».
Faucon , La Li-
brairie des pape»
d'Avignon.
Félibien, Itist. de
Paris.
FîAjr-lbird chap.-
Flenr^, Hist. ec-
clésiast.
Floril. rabb.
France itraèlite.
xvin
TABLE
Kreadentkal, Avrr-
roe».
Die dnrch Averroes erhaltetien Fragmente Atesanders zur MeUpliysik des Aristo-
teles, untersucht etc. von J. Freudenthal ( Abhandiungen d. k. Akad. der Wiss.
m Berlin, philos. Abtli.). Berlin, i885, in-4°-
Die Apocalypse in den Bilderliandscliriflen des Mittelalters. Eine kunstgescliiclitiiclie
llntersuchung von Dr. Th. Frimmel. Wien, i885, in-8°.
(iallia purpurata, qua cuui suinmorum pontificum tum omnium Galliic cardinaiium
res pra;clare gesta; continentur, ab anno 998 ad 1629, studio Pétri Frizon. Pa-
risiis, i638, infol.
Fir»i, CoDcord. Dipil \W^ ^S^N, Olsar kschoii liatj-Qodescli . Concordanlia libroiiun V. T. , par
'«'»'■• Julius Fûrsl. Lipsiae, 18/io, in-foi.
l'rimind.
KriiOD,Gall.parp.
(laili* christ. nova.
(jaotier, Le* Épo-
|mV9 françaûes.
Geicer, Jâdiicbe
/eitichr.
Geicer, Viertcl-
jahraaCDr.
Geumin. Scbr.
Gescb. der Juden.
GeachichlederRo-
• kade.
Geack. des Enie-
Ituiigswesens.
Gott. gel. Ani.
GrBts , Gescb. der
.liidea.
GrtMs , Monats-
Nchrift.
(ïuérard , Cartul.
•le N.-D. de Paris.
Goiart , Br. de<
Ciallia christiana (nova), studio Dion. Sammarthani et aliorum benedictinonun. Pa-
risiis, 1715-1785, i3 vol. infol. — Tomos XIV, XV, XVI condidit B. Ilaurcau.
i856-i865.
Les épopées françaises , études sur les origines et l'histoire de la littérature nationale .
par Léon Gautier. Seconde édition, l'aris, t. I, 1878; t. I! (1" partie), 1893;
t. m, 1880; t. rV, 1883, in-8'.
.iûdischc Zeitschrift fur Wisscnschaft und Leben. Ilerausgegelten von D' Abraham
Geiger; 11 Jahrgânge. Breslau, 1863-1875, in-8*.
Vierteljahrsschrift fur Literaturgeschiclite. Weimar, in-8", 1888 et années suivantes.
Voir Zunz.
Voir Grœtz.
Das Schachspiel des xvi. Jahrhunderls, par A. van der Linde, n" 1. Leipzig, 1874.
in-8'.
Geschiclite des Erziehungswesens und der Coltur der abendiândischen Juden wàhrend
des Mittelalters und der neueren Zeit, von M. Gûdenunann, 4 parties. Vienne,
in-8*.
Gôttingische gelehrte Anïeigen. Gôttingen, 1739, in-8*. (Se continue.)
Geschiclite der Juden von den àltcsten Zeiten bis auf die G^enwai-t aus den Quellen
lieu bearbeitet von D' IL Graetz. Leipzig, 1857-1878, 1 1 vol. in-8*.
Voir Monaluschriff.
Cartulaire de l'église Notre-Dame de Paris, publié par Guérard. Paris, i85o, 4 vol.
in-4*. (Collection de documents inédits.)
La branche des royaux lignages, chronique métrique de Guillaume Guiart, publiée
pour la première fois par J.A. Buchon. Paris, 1838, 3 vol. in-8*.
H
iiaio, Reperi. Bepertorium bibliographicuni, in quo libri omnes ab arte typographica inventa usque
ad annum m d typis expressi ordine alphabetico enumerantiir, opéra LudoTici
Uain. Stuttgwd et Paris, 1 836-1 838, 4 vol. ia-8*.
Hak-kanncI /DISD, Hak-Karmel, journal hebdomadaire, plus tard mensuel, rédigé par Joseph
Finm. Wilna, 1861-1879, in-4* et in-8*.
DES CITATIONS.
XIX
l^JCn, Ham-Maggid, journal hebdomadaire en liébreu, rédigé par E. Silbermanii.
Lyck en Prusse, i856, in-fol. (Se continue.)
IJie Juden und die slawischen Spraclien, von Albert Harkavy. Wilna, 1867, in-8°.
Uemarks and collections of Thomas Hearne; vol. Mil. Oxford, i885-i88g. (Editcd
by C. E. Doble for tjie Oxford historical Society. )
Die liebrâischen Uebersetzungen des Mittelalters. (Ouvrage de M. Steînschneider non
encore publié. )
yi'înn, Hé-Hahuç , Wissenschaftliche Abhandlungen ùber jùdische Geschichte,
Literatur und Alterthumskunde , dirigé par 0. M. Schopp. Lemberg, Drcslau et
Francfort-sur-le-Mein , i85a et années suiv., 1.3 vol. in-S". (Se continue.)
Histoire des médecins juifs anciens et modernes, par M. Carmoly. Bruxelles, i84/i .
in-8'.
Histoire littéraire de la France, par des religieux bénédictins de la congrégation de
Saint-Maur (doni Rivet, dom Clément, dom Clémencet, etc.), continuée par des
membres de l'Institut: MM. Brial, (iinguené, Pastoret, Daunou, Amaury Duval,
Petit-Radel, Kmeric David, Fauriel, Lajard, P. Paris, V. Le Clerc, Littré,
Kenan, Ilauréau, (',. Paris, L. Delisle. Paris, 17331888. C'est l'ouvrage dont
nous publions le tome XXXF.
'l'Iie llistory ofChess, from tho time of ils invention in India lill tlie period of ils
establishment in Europe, by Duncan Forbes. Londres, 1860, in-8°.
n'JSn DDin, HothamTokhnit (Hebrâische Synonymik), von Abraham licdarschi
aus Béziers. . . I lerausgegeben von G. J. Pollak. Amsterdam, i865, in-8".
Ilistoria diplomatica Friderici secundi, sive coastitutiones , privilégia, mandata,
instrumenta quae supersunt istius imperatoris, etc. CoHegit, ad fidem chartanim
ctcodicumrecensuit ,juxtaseriemannorumdisposuit et notis illustravit J.-L.-A. Huil-
lard-Bréholles. Paris, i85ai86i, 6 vol. in-V.
Hain-maggiil.
ilarkavy,Ju<l. und
Slaven.
Hearne, Kcmarks
and collections.
Hebr. Uebers»-!/..
Iléllaloar.
Histoire des mr-
(lecioa juifs.
Hist. litt. de la Kr..
History of (^hess.
Hoth. Tokh.
Huillard - Bn-liol
les. Hist. dipl. Fri-
derici secundr.
I
Il Buonarroti , scritti sopra le arti e le leltere , raccolti per cura di Benvenuto (iaspa-
loni. Roma, 1866, a vol. in-8*. Continué par Enrico Narducci.
israelitische Letterbode. Driemaandelijksch tidschrift onder redactie von
M. Roest, 15 Jaargange. Amsterdam, 1875-1888, in-fol. et in-8*.
Il Buonarroll.
I«. Letlerbod»-.
Voir Brûll.
Voir Catalogue JexB. coll.
Voir Monatsschriji.
Œuvres de Jean sire de Joinville, comprenant l'Histoire de saint Louis, le Credo et
la lettre à Louis X , avec un texte rapproché du français moderne mis en regard
du texte original, corrigé et complété à l'aide des anciens manuscrits et d'un
manuscrit inédit par M. Natalis de Wailly. Paris, 1867, '"-S*-
Voir Annukn.
Recherches critiques sur l'âge et l'origine des traductions latines d'Aristote et sur les
commentaires grecs on arabes employés parles docteurs scolastiques , par Amable
.lourdain. Paris, 1819; a* édition, i8/i3, in-8*.
Jthrb. de Br.
Jewish (iollep'.
Joël.
JoiaYiUe,éd. N. clr
WaUly, 1867.
Joat, AnualcD.
Jourdain ( Am. ) ,
Tradoct. d'Arist.
C .
XX
TABLE
Jourdain (Ch.),
Ëicursions histor.
.Iniirn. Asiat.
Iiiuriial dv* Sav.
lulirluliriit.
Charles Jourdain. Excursions historiquivs et philosophiques n travers le moyen àf(C.
l'uhliralion posthume. Paris, «888, in-8°.
Journal Asiatique, ou recueil de mémoires, d'extraits et de notices relatifs à l'histoire .
n la pliilosophic, aux sciences, à la littérature et au.\ lan<i;ucs des |M'uplcs orien-
taux. Puhlié par la Société asiaticpie. Paris, i8a3 et années suiv., in-8°.
Journal des Saxants. Paris, itiGâ-iyija, iii vol. in-4°. Depuis 1816 juscju'à nos
jours, 1 vol. in-4° par an.
Juhclschrift zum neunzigsten (îcburtstag des Dr. L. Zunz. Derlin, i884. in-8°.
K
Kaltor wa ferait.
Kauf'mann.
Krll<:r(A<l.),nom-
varl.
Kopirr, 0]ip.
Krrrin llcmcd.
Krrvjn de I- , I.c
J*sauticr de s. I.oui^.
Kircltlicim, Mo-
'lalssrlirifl.
Knk)il>é JU.
niDI "iDîJ, Caflor U'u-phcrah , ouvrage de casuistique, auctore Parchi; edid. lidel-
mann. Derlin, iSia, in-4°.
Voir GôU. yel. Anz.
Homvart. Dcitrâgc zur Kundc niittelalterhchcr Dichtung nus italiânisclicn Biblio-
tlicken von .\d. Kellcr. Maiihcini, 18/1/1, in-8°.
Epistolie ad Joanneni Keppleruni scriptœ, insertis ad easdcm responsionibus kcp-
plcrianis. Sans lieu, 1718, in-fol.
"Dn Dtr , Kerem Ilemetl, recueil hébreu, |iublié sous la direction de S. J. L. Gol-
denberg, et, depuis les volumes VIU et I.\, sous celle de Senior Saclis. Vienne et
Berlin, i835-i85C, <j vol. in-8".
Le psautier de saint Louis de la bibliothèque de l'Université de Leyde, par M. le
baron Kcrvyn de Lettcnhove. In-S" de 1 1 pages. (Extrait des Bulletins de l'Aca-
démie royale de Belgique, a' série, t. XX, n" 7).
\'oir Monulsschifl .
pns^ ^2:13, Kokhbc Jizliah. Eine Sammiung ebrâisclier Aufsâlzc .... hcrnus-
gegeben von M. E. Stern. lleft i-3(i. VVien, 1847 ^ jSCg, in-S".
l.:i r.roîx du Maine,
l'.ili!. franr.
l..inil>ocius.
t.rbanon.
Lclien de< Kalon}-
mns.
I.C nrauenr, Hi<(.
'iKyrcui.
I.rtlrrc . Ilisl. de
la mVriJ. arabe.
Le r.lav. Calai.
•\n mau. ac Lille.
Bibliothèques françoises de La Croix du Maine et de Du Verdier de Vauprivas. (Nou-
velle édition donnée par Rigoley de Juvigny.) Paris, 1773-1773, 6 vol. in-4°.
Pétri Lambecii Commentariorum de augusta bibliotbeca caesarea Vindobonensi libri
octo. Vindobona; , 1665-1679, 8 vol. in-fol.
p;:'?!!, H(il-Leh(inon, journal hébreu, hebdomadaire et plus tard bimensuel, rédigé
par J. Brili. Paris et Mayence, i865 et seqq. , in-8* et in-4°.
Préface à la traduction allemande de la « Pierre de touche » de Calonynios , de
M. Meisel. Budapest, 1878, in-8°.
Hbtoire civile et ecclésiastique du comté d'Évreux, où l'on voit tout ce qui s'est passe
depuis la fondation de la monarchie , tant par rapport aux rois de France qu'aux
anciens ducs de Normandie et aux rois d'Angleterre ( par Le Brasseur). Paris , 1733,
in-4'.
Histoire de la médecine arabe, par le docteur Lucien Leclerc. Paris, 1876, 3 vol.
in-8*.
Catalogue descriptif des manuscrits de la bibliothèque de Lille. Lille et Paris , 1 848 ,
in-8°.
DES CITATION.S.
XXI
8r)o, in 8°. (Kxtrait des Mélanges de la Société des biblio-
Avrancliin inonumenlal et histori(|uc , |)ar Edouard Le llériclier. Avranclics, i845-
i84fi. 3 vol. in-8".
Histoire et antiquités de la ville et dmlié d'Orléans, avec les noms des rois, ducs,
comtes, etc. Knsemblo le tome ccclésiasliciiie, contenant l'origine et ie nombre des
églises, monastères, liisloires et \ies des évèques d'Orléans, par M. François Le
Maire. Orléans, iti48, 3 tomes en i vol. infol.
Oriens clirtstianus, in qu.ituor patriarcliatus digestus, quo exliibentur ecclesiae,
patriarcli.x- ceterique pr.Tsules tolins Orientis, studio et ojiera R. 1'. F. Micbaelis
Le Quien. Paris, lyio, 3 vol. infol.
(«dialogue de la bibliotlièque des ducs de Bourbon en iSoy et en i5a3, par M. Le
Roux de Linry. Paris
philes français, année i85o.
"iC nnjX, Iijroth Yaschar, p]pistolii> J. R. Reggio, a parties. Vienne, i834, 6 vol.
in-8°.
.Seclizig Epita|)liien von Grabsteitien des israelitiscben Friedliofes lu Worms
von L. Lewysolm. Francfort-sur-Mein , i855, in-8*.
Voir Znnz , Hilns.
Voir Der Orient.
II. Loriquet. Rap|)ort, présenté à M. le Ministre de l'instruction publique, sur l'iden-
tification de fragments de manuscrits trouvés à Calais en 1 884 , suivi d'un tableau
des déprédations commises, en i8iG, sur les manuscrits de la bibliotlièque d'Ar-
rns. Arras, i886, in-8*.
Histoire et antiquitez du diocèse de Beauvais, à Monseigneur messire Cliarles de
Monceaux , conseiller et auniosnicr du Rov, par P. Louvet. Beauvais , 1 635 , a vol.
in-8*.
Pi-olegomeni ad una gramatica raggionata délia lingua ebraica, di S. D. Luzzato.
Padova, «836. in-8*.
I.cHOriclwr, A>r,iii-
cliiii.
Le Maire. .Anli-
3uitds de la ville
"Orléans.
I.e Quien , Oricus
christiaiius.
I.e Roux de Liac},
Bibl. des ducs de
liourbon.
I.cllrcs, Heggio.
I.ewysolin , Epi-
lapl).
Liler. dcr Synag.
Ijteratur des
Orientes.
I.oriquet, Rapp.
sur des fragm. nv
mss.
Louvet , IlisL II
antitj. de Beauv.
Luzzato, frolego-
mcni.
Annals
M
Ouvrages posthumes de D. Jean Mabiilon et de D. Thierri Ruinart, publiés par
D. Vincent Tbuillier. Paris, 1724. 3 vol. in-4°.
nnals of tlie Bodleian Library, Oxford, A. D. iSgS-A. D. 1867, witb a prellmi-
nary notice of tlie earlier library founded in tlic fourteentli century, by tlie Rev.
William Dunn Macray. London , Oxford and Cambridge, 1868, in-8*.
Catalogi cod. man. Bibl. Bodleianae |)ars IX. Codicés a viro clarissimo Kenelm Dlgby
. . .donatos confecit W. D. Macray. Oxonii, 1883, in 4*.
Magasin encyclopédique ou Journal des science», des lettres et des arts, 122 vol.
Paris, 1795-1810, in-8*.
Magasin pittoresque , journal fondé en i833 par Edouard Cbarton. (Se continue.)
7K13D» nranO, Immanuel (R.), fil. Salomonis. Liber Mecliabberotli , sive compo-
sitiones poetic*. Brescia, ligi, in 4*.
Classicorum auctorum e Vaticanis codicibus editorum tom. I-X, éd. Angelo Maio.
Romae, 1828-1 838, in-8*.
Description , notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque publique de Rennes ,
par M. Maillet. Rennes, 1837, in-8*.
Mabiilon , Œuvres
|>OStll.
Macray, Annals et
tlie {SodI. librarY.
Macray, Catalog.
Magasin encyclo-
pédique.
Magas. pittor.
Mahberot Imma-
nuel.
Mai , Script, vel.
Maillet, Catal. des
maunscr. de Rennes.
XXII
TABLK
Mann*.
MiirtiD(H.).Man.
<{r l'Anfntl.
Maskir.
\lrf(hnl Jerahini.
MéUngci.
M.I. Sli.
Mi'lo lliirnaïm.
Mi'*in. de la Soc.
lie» anl. de l'Ouest ,
Mém. fie la Soc.
îles anl. de \oitn.
Méiii. de la Soc.
des ant. de Picardie.
Mém. lui i U Sor-
lionnc, Arch. i863.
Menace (G.), Rem,
>ur la vie de Malth.
Ménage.
Meyer (Paul), La
Cliaiison <le la croi-
saile contre le» Albi-
jçeoi».
Micbcl.l.iberPsal
morum.
Micbriel , llitt. de
Kraace.
Monaltschr.
Monum. Gcrm.
Iii>t. .Script.
Manna ( traduction allemande de poésies hébraïques), von M. Steinschneider. Ber-
lin, 1847 ■ in-8°.
Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l'Arsenal, par Henry .Martin. Paris.
1885-189-) , ti vol. in-8''. (Catalogue général des manuscrits des bihiiotlièques pu-
bliques de France.)
^^3tDn, Hum-Mazkir. Hehrâische Bibliographie.... redigirt von M. Sfeinschnoidci-.
»ol. IXXI, 1858-1 88a, in-8°.
D'n"' 130, MrgheH jemhim , recueil iiéhreu, publié sous la direction do .losepli
Kolien Zc<lck. I.cmhcrg. i85.") et années suivantes , 4 parties, in-8'
Voir Munh.
')^Vn rOK*?!:, Kxtrails des manuscrits hébreux sur la versification hébraïque, publié
par Ad, Neubnuer. Dreslau, i865, in-8*.
D'JDn nSo iED, Si'fher melo hofnatm. Biograpiiie des .1. S. de! Medigo, etr., von
.Abralinin (ioiger. ikM'liii. i84o, iii-8".
Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, Poitiers, i836 et aiinét-s sui-
vantes. (I.c volume de l'année i838 est le cinquième de la collection.)
Mémoires de la .Société des anti({uaircs de Norrnandie. Caen cl Paris, i8'i5 ef années
suivantes, 1" série in-S", 1' et 3' séries in-i".
Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, Amiens, i838 et années sui-
vantes, iii-8*. (Le volume cité e.st le tome III, publié m i8/io.)
Mémoires lus à la Sorbonne dans les séances exir.iordinaires du Comité impérial
des travaux iiistoriques et des sociétés .savantes, tenues les 8, () et 10 avril i863.
Archéologie. Paris, 186/1, in-8°,
\'ita Malthaei Meiiagii, cinonici et theologi Andegavensis . 1674 et iBgrt, in-S*.
La chan.son de la croisade contre les Albigeob, commencée par (îuillaume de Tu-
dèle et continuée par un |)oète anonyme, éditée et traduite pour la .Société de
l'histoire de France par P, Meyer. Paris, i87,"i-i879, a vol. in-8*.
Lihri psalmorum ver.sio nnti(|ua galiica e cod. ms. in hibl. liodleiana asservalo. una
cum versione mctrica aliisquc monumentis pervetustis. Nunc primum descripsil et
edidil Franciscus Michel. Oxonii, 1860, in-8*.
Histoire de France par J. Michelet. Paris, i833-i86o, \\ vol. in-8°.
Monatsschrift fûrGeschichte und W'issenschaft des Judenthums, sous la direction de
Z. FranLel et, depuis 1868, sous celle de M. Graetz. Dresde et Breslau. iSSa-
1887. in-8*.
Monumenta Germaniir historica. .Scriptores. Ilannover, 1836, iu-foL (Se con-
tinue. )
Miink , Mi'Ungn. Mélanges de philosophie juive et arabe , par S. Munk. Paris , 1 85g , in-8°.
\
\ab. Qetl. Q^DIIp Vdi , Nahal Qedumim. Dissertations et extraits de manuscrits en hébreu ,
par Léopold Dukes. Ilannover, i853, in-8°.
Notices et eiir. d« Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi et autres bibliothèques ,
'••• par l'Académie des inscriptions. Paris, 1787-1892, in-4*.
DES CITATIONS.
xxiii
0
IjCs Oiim , ou registres des arrêts i-eiidus par la cour du roi sous les règnes de saint Oli
Louis , de Philippe le Hardi , de Pliilippe le Bel , etc. , publiés par A. Beugnot. R""'-
Paris, i83()-i8'i8, 3 tomes en 4 vol. '\n-.\°.
CiDOn ^S^^< , Hibliograpliic der gesamnitrn liebraïsclien Literatur mit Kinschluss
dcr I landsclirilten (bis 1 8fi8) nacli dcn Tif cin alphabeliscli gpordnct , von J. A. Ben-
jacob. VVilna, i88o. in-8*.
lOnj nSIN, Otsiir Nehmad, recueil hébreu, sous la direction de J. Blumenfeld.
Vienne, 1 856- 1857, 4 vol. in-8°.
0"n nnSIX, Ozrot Hayyim, Katalog der Micliael'schen Bibliotliek, lierausgegeben
von den Micliaelscnen Erben. Nebst einem, vielfacbe Berichtigungen und
Excerpte enthaltenden , Hegisler luni Verzeicbniss der i{audscbri(\en von M. Stein-
Schneider und einem Vor^»ortc von L. Zunz. lianiburg, i848, in-8*.
(^asimiri Oudini Commentarius de scriptoribus Ek;clesia> antiquis , cum multis disser-
tationibus. Francofurti et Lipsla;, 173^, 3 vol. infol.
'"ci. Beu-
Otsar basclariiu.
OtMr Neliaiid.
Oticrolli llov\iui.
Ondin , Codioi. >lr
Script.
k
Histoire poétique de Chariemagnc, par Gaston Paris. Paris, i865, in-S".
Merlin, roman en prose du xiii' siècle, publié d'après le manuscrit appartenant à
M. Alfred H. Hutb, par Gaston Paris et Jacob Ulrich. Paris, 1886, a vol. in-8*.
(Sociëtë des anciens textes français.)
Les manuscrits français de la Bibliothèque du roi , leur histoire , etc. , par M. Paulin
Paris. Paris, 1 836 1 848, vol. I Vil, in 8*.
Jahrbuch der deutschen Dante -Gesellschafl. Leipzig, 1866 et années suivantes,
4 vol. in-8*.
Catalogue d'une partie des livres composant la bibliothèque des ducs de Bourgogne
au XV* siècle. Seconde édition , revue et augmentée du catalogue de la biblio-
thèque des dominicains de Dijon, rédigé en 1 307, avec détails historiques, philo-
logiques et bibliographiques, par G. Peignot. Dijon, i84i. in-8°.
lieitrige zur Geschichte der hebrâischen und aramàischen Studicn , von J. Peries.
Mûnchen , i884-
Uibliographie der middelnederlandsrite Taal - en Letlerkunde , door Louis Petit.
I.«iden, 1888, in-8*.
Voir Catalog. Turia.
Analecta novissima. Spicilegii Solesmensis altéra continuatio. Tomus H. Tusculana.
Ëdidit Joannes Baptista cardinalis Pitra. Parisiis, 1888, grand in-8*.
O^IBID rt37S, Pletath Soferim. Beitrâge zur jûdiscben Schriftauslegnng im Mittel-
alter von D' A. Berliner. Breslau, 1872, in-8*.
Liber Guillelmi Majoris, édité pr M. Célestin Port dans le tome II des Mélanges
publiés parle Comité des travaux historiques. Paris, 1877, in-4*.
Begesta pontificum Romanorum , inde ab a. post Cltristum natum 1 1 g8 ad a. 1 So4 ,
edidit Augustus Potthast. Berolini, 1874, 1875. 3 vol. in-4°.
Paris (G.J, Hist.
f)oét. de Charlem.
Pari. (G.) .1 11
ricb (J.), Merlin.
Pari» (P.), b:s
Manuscrits franc.
Paur(Th.),Jahrl).
d. d. Dantc-Gi».
Ptiffnot , Bibl. drs
ducs de BourgOfçnc.
Peries, lieitrtigc.
Petit, Biblidff. der
middelnederlaodachi!
Taal- en Letterkundc.
Peyron.
Pitra , TuiCuL
Pi. Sol".
Port (C). Livre
de Guill. Le Maire.
Puttbast, Heg.
XXIV
TABLE
Prompluarium.
IVwlo-l.il.
Joli. Ilonrici llottingcri Prompluarium sive Bililiotliocn oricntalis. Ilcidclbeiga'.
i658.
m-T
Zur |)scu(loo|)i{,'iapliisrlicn Litoraliir inslu'sonclcri' dcr gclicimcri \\ isspnscliartni di-s
Millelallor».. . , von M. Sloinsclmcidor. (N° 3 dcr Wissoiiscliartliclien Ulâttcr aus
der Veitc'l 11. E|>lirnim'sclien Lehranstalt.) Berlin, 1863, in-4".
IU}Daldi, Aiiual.
l\a)nau<l(G.),ni-
Miofrr. ries cliansoii-
lîcclilsgulaclilru.
lïiT. (Ici liut.
lirp. (iloniciil. \'.
RpjJ. d"Hoiior. IV.
lîOR. Nie. IV.
Ilcinaud , Eilr. re-
iatifs aai croisades.
lipnan , Averr.
I\cnan. Ilisl. des
->rtfy. do rhristiau.
]\np. I.attcs.
Revue de» Études
|uirp«.
Hev. des Soc. s»v.
lïevtie hisl.
Coisaris Baronii Annales crrlcsiastiri a C. n. ad ann. 1198, cum Oderici Baynaldi
conlinualione, .AnI. l'af,'i crilica, etc. Rdidit (i. Dominicus Mansi. Luca-, lySS-
1757, .'Î8 vol. in loi.
Bibliographie des cliansoniiiers fiançais des xiii' et xiv' siècles. . . par Gaston Bay
naud. Paris, 188/1, 1 vol. petit in-8\
Voir Hesp. Luîtes.
Srripforcs rerum Gallicarnni et Francicaruin. Bccucil des historiens des Gaules et
de la F'raïue, par (loin Bouquet et d'autres bénédictins; continué par l'Académie
des inscriptions. Paris, 1738-1870, ■-!3 vol. infol.
Begestum Clcnientis papa- V, e\ ^'aticanis arclictypis sanctissimi domini nostri
Leonis XI 11, pontilicis niaximi, jussu et niuuificentia nunc primuni editunK cura
et studio nionachoruni ord. S. Beuodicti. .\nui 1-1.\.. Borna* e tvj)ographia Vati-
cana, 1885-1888, in-fol. — Appendicuni toinus I, i8()3, iii-fol.
Les Begisires d'Ilonorius IV. Becueil des bulles de ce pape, publiées ou analysées
d après le niaii. des Archives du Vatican, par M. Maurice Prou. Paris, iSSfi-
1888, in-4°. (Bibliothèque des Ecoles d'Athènes et de Borne.)
Bepistres de Nicolas IV. Recueil des bulles de ce pape publiées ou analysées d'après
les manuscrits originaux des Archives du Vatican, par Ernest I^ianglois. Fasci-
cules I-VII. Paris, 1886-1893, \n-/i°. (Bibliothèque des Ecoles d'Atliènes et de
Borne, série in-/i°. )
Extraits des historiens arabes relatifs aux Croisades, recueillis et traduits par
M. A. Beinaud(tome IV de la Bibliothèque des Croisades , par J. Michaud). Paris,
1839, in-8''.
Avcrroès et l'averroïsme , essai historique , par Elrnest Benan. Deuxième édition ,
Paris, 1860, in-S"; troisième édition, 1866, in-8''.
Histoire des origines du christianisme, par Elrnest Renan. Paris, 1863-1879, 7 vol.
in-8° et 1 vol. de tables.
maicni DiSnC, Bechtsgutachten des B. Isaak ben Immanuel de Latas... Iieraus-
gegeben... nebst einem Commentar und Anmerkungen von M. II. Friedlânder.
Wien, i86o.in-8°.
Bévue des Etudes juives ; publication trimestrielle de la Société des études juives.
Paris, 1881, grand in-8''. (Se continue.)
Bévue des sociétés savantes des départements, publiée par le Comité des travaux
historiques et des sociétés savantes. Paris, 1859-1883, in-S".
Revue historique, paraissant tous les deux mois. Paris, 1876 et années suivantes,
in-8°.
DES CITATIONS.
XXV
lîevnc orientale; recueil périocll(|ne d'Iiistoirc, do «jéoffrapliie of de litlëralure,
inihlic- par E. Carnioly. Bruxellos, i8/|i • i8/|/i , 3 \ol. iii-H".
Avnnois Commcnlarius in Aristolclis De arte rlielorica , liehrairo versus a Todroso
Todrosi Arelatciisi ; nunc priniuni e\ cod. I)il)l. senal. Lipsiensis cuni prolej^d-
menis edid. J. Goldenllial. I.ipsiae, i8/|3, iii-8". .
Voir La Croix du Maine.
Ilistoria ordinis serapliiri, auctore Petro Hodulpliio. Venetiis, i58(), in-fol.
(lalalog der Ilebraica und Judnica ans der L. Rosenllialsrlicn Bil)liolliek. Anislcr
dam, 1875, a vol. in-8".
Kugcne Rolland. Kaunc populaire de la France. Paris, 1877-1883, G vol. in-8''.
liurnania, recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures ro
luanes, publié par Paul Mcyer et Gaston Paris. Paris, 187a et années suivantes,
in-8*.
(ilossaire de la langue romane, par J.-B. de Roiiuefort. Paris, 1808, a vol. in-S".
— Supplément au Glossaire de la langue romane, par J.-B. de Roquefort. Paris,
i8ao, in-S".
lU-vuc orifiil;iif.
lUiol.
liigoley (le Juvi-
llcxlulpliil, )lis(.
5Cr orH .
Hn-.sl , Calai.
Ilollaiitl (K.
Faune popitl.
Uomaiiia.
Iloqurforl . Glus
saîre de la I. rom.
S
Les Juifs du Languedoc, antérieurement au xii* siècle, par (iustave Saige. l'aris,
1881, in-8*.
Monumenta liistorica ad provinciasParmensem et Placentinam pertinentia. Clironica
fratris Salimbene, Parmensis, ordinis Minorum, ex codice bibliotiieca- Vatican»-
nunc primum édita. Parme, 1867, grand in-4°.
Sammelband kleiner Beitrâge und llandschriflen (par la Société de D'CTIJ 'S''rC),
Jahrg. I-IV. Berlin. 1 885 -1888. in 8".
Supplementum et castigatio ad Scriptores trium ordinum S. Francisci a Waddingo
aliisve descriptos. Opus posthumum fr. Hyacinthi Sbaralete. Romae, 1806,
in-fol.
n73pn r\bV/V IDD, Sépker schalschéleth haqqabbala , ouvrage biographique, jtar
Gedalyah ibn-Yahya. Venise, 1587, in-4*.
rniiT Dair ICD, Liber Schebet Jehuda, auctore R. Salomone Aben Verga; chro-
nique, publiée par M. Wiener. Fasc. I, texte." Hanovre, i855, in^'. Traduction
allemande , a fasc. Hanovre , 1 856 , in-8°.
D''D3n'7 iyi D''7n3ri oc? ^HED , Siphré Schem hag -Gedolim va ad la hakhamim :
dictionnaire bibliographique, par Hayyim Josepli David Azulaï; éd. Ben-Jacob.
Wilna, i85a, deux parties, in-8*.
Besclireibendes Verzeichniss der Amplonianischen Handschriften-Sammlung zu Er-
fnrt , bearbeitet und herausgegeben mit einem Vorworte ûber Amplonius und die
Geschichte seiner Sammlung, von D' WilheLn Schum. Berlin, 1887, in-and
in-8*. "
Exempla codicum Amplonianorum Erfiirtensium sapculor. u-xv. Herausgegeben von
Wilhelm Schum. Mit 55 Abbildungen auf a4 Blâttern. Berlin, 188a , in-fol.
in nos nCD , Sepher Tsemah David, par David Gans. Prague , 1 Sga , in-8*.
Serapaeum. Zeitschrift fur Bibhothekwissenschaft , Handschriftenkunde und altère
Literatur. Publié par Robert Naumann. Leipzig, i84o à 1870, 3i vol. in-8°.
TOME XXXI. d
Saigc, Juils (lu
Languedoc,
Salimbene , Clirun.
Sammelband,
Sbaraica, Su|>|i|.
Schalscliélct liat}-
(|abbala.
Schébct Jchudah.
Schem haggedolim.
Schum , lïischr.
Vcrzeichn.derAmpl.
llandKbr.
Schum, Ez. cod.
Ampl.
Semah David,
Senpaum.
OirKIlUUC ■ATIORAII.
XXVl
TABLE
sir. ^CKb.
Simon (llichard),
lliil. crit. du V.T.
Springor (Aiil. ),
Die Paaltcr-Illust.
SIciiiKbncidcr,
Mfarabi.
Stciiiichiieidrr,
(..lUl. Bodl.
Stcinschiiciilcr,
CaUl. Lugil. Bal.
SUinKliiicidcr,
Kiicycl.
Slein^clincidcr,
]\n\>r. I ebers.
WW* ^ntV , Si/thé yeichtnim, dictionnaire bibliographique par Scliabbatliai lian.
Zolkiev, 1806, a vol. in-4°.
Histoire critique du vieux Testament , par Richard Simon , a* éd. Paris , 1 ()8r> .
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Die Psalter-IUustrationen im frûhen Mitteialter, ein Bcitrag lur Geschichto dci-
Miniaturmalerei , von Anton Springer. Leipiig, 1880, grand in-8°. — Extrait du
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.\1-Farabi (Alpharabius). Leben und Schriften, etc. (Méni. de l'Ac. de Saint-Péters-
bourg, série VII, vol. i3). Saint-Pétersbourg, 1869, in-4*.
Catalogus librorum hebrirorum in Bibliotheca Bodieiana , etc. , par M. Stein-
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Catalugus codicum hebricorum bibliotheca? Academiœ Lugduno-Batnva; , auclorc
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Voii- Encyclopœdie.
Voir Hehr. Uebersetz.
"l'ai, de DIaiiclic
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laani Ze(|énim. Notices et extraits de manuscrits hébreux, publiés par Elieier AscliLenazi. Francl'oii
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Vindobonensi asservatorum. Edidit Academia cssarca Vindohonensis. Vindobona' .
186/1-1893, 8 vol. in 8°.
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u
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Voir Hebr. Uehenett.
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Van der Linde.
Van Hasscll(.4.),
Cléooadte.
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Histoire générale de Languedoc, par dom Claude de Vie et dom Vaisséte. Paris,
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Geschichte und Litteratur des Schachspieies, von Antonius Van der Linde. Berlin,
1874. a vol. in-8'.
Li roumans de Cléomadès , par Adenès lî Rois , publié pour la première foi» . . . par
André van Ilasselt. Bruxelles, i865, a vol. in-8'.
Inventaire ou catalogue des livres de l'ancienne bibliothèque du Louvre fait en l'année
1373 par Gilles Mallet (publié par Van Praet). Paris, i836, in-8'.
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xxvn
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^\^y^ , Controverse de Jehicl de Paris avec Donin (en hébreu) , édition de G. S. Grûn-
baum. Thorn, 1873, in-S".
Cronica di Giovanni Villani, a miglior iezione ridotta coli'aiuto de' testi a peima.
Firenze, i8a3, 8 vol. in-8°.
Arcliiv fur pathologisclic Anatomie und Physiologie und fur klinisclie Mediciii , pu-
blié par hud. Virchow. Berlin, 1847. g''8nd in-8°. (Se continue.)
\ aric Lectiones.
Vcrgnaud-iloma-
gnési , Hisl. d'Or-
léans.
Vicuab.
VUlani.
VircUow. Arcli.
w
Catalogue of Romances in thc Department of manuscripts in tlie British Muséum ,
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VVenrich (Jo. Georg.). De auctorum grapcorum versionil)us et commentariis syriacis,
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Voir Deb. Attiqim.
F.tcsimiles of the miniatures and ornanients of anglo-saxou and irish manuscripts,
executed by J. O. Westwood. Londun, 1868, grand in-fol.
Jo. Cliristophori Wolfii Bibliotheca hebrxa. Ilambnrgi et Lipsix, 1716, 4 vol.
in-4'.
A sélection of latin stories from mss. of ihe tliirteenth and fourteentli centuries ; éd.
by Thomas Wright. London, i84a. ln-8".
W'urd , Calai, ol
romances in tlie Bri-
tish Muséum.
Wcnrich, Doaucl.
gnec. vers.
\\'erbluD(r.
\\ estwoo<l , Fae-
similcs.
UolGus.Bibl. lu-
braja.
\\rifçht(ïh.),l.a
lin stories.
]1"nc;\ Yetchurun. Zeitschrift fur die Wissenschaft des Judenthoms, gesammelt Ycscb. Kobak.
und herausgegeben von Joseph Kobak. Lemberg, Breslau, Fùrth, Bamberg.
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ponv ^DD, Liber yucAoJin, sive Lexicon biographicum et historicum. . . compila- Vuchasiu.
tum ab iUustri B. Abraliam Zacuti. Ed. H. Filiponsky. Londres, 1867, in-8°;
Cracovie, i58i, in-4*.
Catalogue of the Hebrew books in the British Muséum. Londres, 1867, in-4*. Zcdner, Caul. Mus.
Zeitschrift der deutschen morgedândischen Geselischan. Leipzig, i845, in-8°. (Se ZeiisobrifldcrM.G.
continue.)
Zeitschrift fur Matliematik und Physik, édité par Schlômihl et Witzschel. Leipzig,
i856, in-8". (Se continue.)
Zeitschrift fur romanische Philologie, herausgegeben von D' Gustav Grôber. Halle,
1877 et ann. suiv. , in-8*.
Wissenschaftliche Zeitschrift fur jû^sche Théologie . . . herausgegeben von Abra-
ham Geiger. Frankfurt am Mein, Grùnberg und Leipig, 1 838-1 844, 6 voL
in-8*.
Zeitachr. fur Matb.
Zeitscbrifi fur rom .
Philologie.
ZeitacfariA , Geiger.
xxviii TABLE DES CITATIONS.
/c'itM:hril'i von /eitscliriit fur (lie rcligiôscii intercsseii des Judentliums . . . Iicrausgo^ol.oii von
'""^'•1 ]V Z. Frnnkcl. li Jalirf,'aii},'c. Uerliii, i8/»/|-i8.4C, in-8'. Voir Monid.iHhrlft.
/.i-iltrhrift , /.uni. /citsclirilt lûr die VV isseiisciialt des Judeiitliiiiiis. I lornusf^o^oben . . . von Ziinz.
1 Hand. Berlin, i8a-5, iii-8\
/.unx.AHd. Additniiieiita ad Dclilz.scliii catalo^'Uin Lipsiciiseni. 1838, in/i".
/iiiiz , (Irsanim. (ie.tamiiipltc Sclirillen von D' Zunz . iierausf,'ef;el)eii voni Curalorium der /un/.stil'tuti^'.
'^^' 3 naiidc. Berlin . i87r)-i87(i, in 8°.
/uM/,Ul.H»r»jn. Lilcratur^'rsciiirlile dor sjnaf^ofjalen Poésie, xon L. Zun/.. lierlin, iSfiT), in-8".
/uni!, Riius. Die synaf;of;ale Poésie des Milfelalters, nhtiieil II , von !.. Zunz, Berlin, i8.')(), in-S"
/.uni, Zur Gcscb. Zur (iesrliirlite und Lileratur. \on I.. Zunz. Berlin, i8/|.">. i vol. in-S".
iiimI Lit.
TABLE
DES ARTICLES COiMENUS DANS CE TRENTE ET UNIÈME VOLUME.
QUATORZIÈME SIÈCLE.
Maître Yon, grammairien i-a i
Anonyme, nuleur du Grammaticale notum ■Ài-ib
Anonyme, auteur du Formulaire de Tréguier Tfj-Sf)
Anonyme, auteur du Liber de informalione principam 3r)-47
Anonymes, auteurs de recueils d'exemples ^y-fif)
Clément, auteur de la vie de Thomas Ilélie 6^)--]3
Guillaume Le Maire, évôcjue d'Angers 7-^"9^
Nicolas d'IIacquevillc, Mineur (j5-ioo
Guillaume Bernard, Prêcheur loo- lo/i
Guillaume Guiart i o/i- 1 /t3
Yves, moine de Saint-Denys i43-i5i
Girard d'Amiens i ."i i lob
Arnaud Novelli , cardinal ao5-3 1 3
Livres d'images a i3-a8r)
La Fontaine de toutes sciences de Sidracli a8.5-3i8
Jehan Maiiiart, auteur du Comte d'Anjou 3i8-35o
Les ÉcBivAiNS juifs français du quatorzième siècle 35 1
De quelques ouvrages de date incertaine, composés vers i3oo .353
Livre de vie 354
Choix de perles 355
Livres liturgiques 357
Nethanel de Chinon 358
Salomon Simhah 358
Jedaïah Penini 350-/103
Estori Parhi 4o3-4o9
Anonyme , auteur du Livre de papier 4og-4 1 a
Moïse de Beaucaire 4 1 a-4 1 7
Calonymos ben-Calonymos 4i7-46o
Calonymos ben-David, l'ancien 461
3
\xx TABLE
Alii-on Colien /tGi-i-jo
I )avi(l d'Eslella 471 ■à']']
.losppli Cas|)i 477-547
'\l)ba-Mari , lil» d'Klifjdor 548-553
Samuel de Marseille 553-567
Jérolinm , fils de Mescliuilam 5G7-57<)
Todros Todrosi 570-573
Les savants de la famille Natiian 573-585
Vidal de Bouriaii 585-586
liévi hen-Gcrson (Léon de Bagnols) 586-644
La famille Caslari 644-65o
Saloinon de Lunel 65o
Violas 65 1
Moïse de Koquemaurc 65 1-653
Juda Colien 653-655
Casuiste anonyme 655
Jacob Lévi 655
Abraliam Bcndig 657
Jacob de Bagnols 657-660
David de Roquemartine 66o-665
Joseph (iart 665
Moïse de Narbonnc (Vidal Bellshom) 666-681
Isaac Louans 68 1
Isaac Lattes 683-692
Immanuel de Tarascon (Boniils) 693-699
Isaac , fils de Todros 699-700
Jacob Bonel 701
Samuel Sclilestal 703-705
Samuel Dascola 705-706
Menahem ben-Zcrali 707-710
Jacob Çarfati 71 0-7 1 3
l'ereç Trévot 71 3-7 1 G
Nathan d'Avignon , 716
Abraham et Salomon Abigdor 717-733
Abraham ibn-Tibhon 733
Benjamin de Carcassonnc 733-735
Todros de Cavaillon 735-736
Jacob Moiin 736-737
Kcrivains et traducteurs de date incertaine.
Raphaël, fils de David Cohen de Lunel 738
Les Kimchi 739
Ascher, fds de David de Narbonne (?) 739
Ruben , fds d'Isaac 730
Abraham de Carpeatras 780
DES ARTICLES. xw.
Nathan de Monlpellier -f3o
Abraham , fils de Schem-Tob yS i
Pinéhas de Narbonne t.'J i
Yequoufhiel, fils de Salomon •j'i-;
Salamias, fils de David de l.unci • ySo
Commentaire anonyme de (îazznli y^i.'î
Appendice t/|(,
Menahem, (ils d'Abraham, de Perpignan •7/1(1
Profet Douran (Isaac, fils de Moïse Lévi) •j4i
Frat Maimon (Salomon, fils de Monalieni) 7 53
Jacob, fils de Ilayyini (Comprat Vidal Férussol) 7.'}.')
Nethanel, fils de Néhémie Caspi (lionscnior Maçil'de Largeiitière) "jhh
Salomon , fils de Juda (Salomon Vivas de I^unel ) 7.")8
Azarie, fil» de Joseph ibn-Ahha-Mari yfjy
Meïr (Bendig) d'Arles yfji
llézékias (Bonenfantj, de Milhau -jth
Salomon, fil» de David de Rodez ■J^)'^
Calendrier ^(ili
Léon Joseph de Carcassonne 7-70
Matliithyah , fils de Moise Yiçhari 77iS
Moïse, fils d'Abraham de Nîmes 77(1
Moïse Kérussol Botarel 780
Asclier, fils de Moïse Valabrègue 781
Gerson , fils d'F^échiel 781
Gabriel Cohen de Lune! 78.')
Joseph Colon 78.'')
Additions et corrections 7(10
HISTOIRE
LITTÉRAIRE
DE LA FRANCE.
SlITE Dl (H ATORZIEME SIECLE.
MAITRE Y0\,
GRAMMAIRIEN. SOLSMOMTEin DES ÉCOLES DE SOISSOS
Nous avons déjà tait remarquer plusieurs fois la plact^
f|ue le Doctrinal d'Alexandre de \illedieu occupa dans l'en-
seignement de la grammaire pendant plus de trois siècles,
et nous avons analyse quelques-uns îles innombrables com-
mentaires auxquels ce célèbre ouvrage a donne naissance.
Celui dont nous allons parler n'aurait peut-être pas mérite
un examen détaille., s'il ne s'était pas présente a\ec un nom
d auteur et avec une date qui lui doinient droit de figurer
dans nos annales du commencement du xiv' siècle. L'exis-
tence nous en a etè révélée par la récente publication de
fexcellent catalogue des manuscrits d'Erfurt. dû à f érudition
du docteur Wilhelm Schum.
Le petit volume qui porte le n'' i4 dans la série in-octa\o
des manuscrits d'Erfurt contient, en caractères extrême-
ment fins, serrés et surcharges d'abréviations, du commen-
cement du XIV' siècle, un commentaire sur le Doctrinal,
divisé en deux traités d'inégale longueur. Le premier cor-
respond aiLx neuf premiers chapitres de l'ouvrage; le second
porte uniquement sur le chapitre xi, relatif à faccentuation
TOME WXI. 1
. . 2 MAÎTRE YON. GRAMMAIRIEN,
mv SIECLE. '
et à la ponctuation. L'ensemble flu commentaire embrasse
donc tout le Doctrinal à l'exception des chapitres x et xn ,
consacrés l'un à la prosodie, l'autre aux figures.
Le second traité se termine par une souscription ainsi
Fol. 178. conçue : ExpUcit Accent us super Doctrinale a magiitro lone,
summonitore Suessionenci (sic), compositus , anno Domini m° ccC
primo, f cria sexla post diem dominicam qua cantatur « Miseri^
M cordia Domini «.La souscription qui se lit à la fin du premier
K.ii iG3. nous indique seulement le nom de l'auteur : Expliciunt re-
portumina sub magistro lone , Suessionensi summonitore , rcportala
et correcta.
Nous avons donc dans le manuscrit d'Erfurt des leçons
faites, en i3oi, par un grammairien nommé maître Yon,
qui se qualifiait de sous-moniteur de Soissons, c'est-à-dire,
si nous ne nous trompons, maître adjoint ou répétiteur des
écoles de Soissons.
L'explication que nous proposons du mot summonitor est
justifiée par une glose du manuscrit d'Erfurt, où l'on voit
que, pour aider les enfants à surmonter les premières diffi-
cultés de la grammaire, on les confiait à un maître spécial
ou sous-moijiteur, chargé de leur donner des éclaircisse-
ments en français :
••'o'- 6 v". Si paeri primo, etc. Hic respondet actor cuidam tacita; objectioni.
Aliquis enim posset dicere : « Magister, quomodo potuerunt intelHgere
« opus vestrum, cum etiam dicatur difficile canutis et barbatis:' » Ad hoc
respondenduin quod , si pueri non possint primo opus suuni inteliigere ,
ipsi debent habere magistrum specialem, scilicet suinmonitorem, qui
eis possit lingua materna demonstrare, vel in communi ydiomate. Per
hoc invitât auditores ad audiendum librum suum. Unde littera plana Si
pueri (glosa ut supra) ne(]ueant attendere , id est attente intendere, primo,
id est prima vice , opus illud , supple « tum ille qui est »fangens vice doctoris
attendet, scilicet summonitor, et ipse legens pueris layca lingua, in
communi ydiomate, quia, si sint in Anglia, lingua anglica, si in Graecia,
lingua gneca.
Comme équivalent du mot sous-moniteur, une autre
glose, imprimée dans l'édition du Doctrinal qui parut à
Nuremberg en 1487 (n" -j^S de Hain), emploie le terme
tlV SIECtK.
SOUS-MONITEUR DES ÉCOLES DE SOISSONS. 3
répétiteur : Ille (jui est vice fungens doctoris, id est repetitor
veî magister lecturas.
La fflose du Doctrinal commençant par les mots Domine „. '^*, '°^,^
" ., . .,. I ^ J/-1 I 1 Arsenal, fol,
labia mea uferies donne aussi d mteressants détails sur les coi. a.
docteurs et sur les auxiliaires [yicedoctor sive archiscolaris)
qui les secondaient pour la tenue des écoles :
Si pueri non possint intelligere, vicedoctor sive archiscolaris
est in scolis, qui reserabit eis in iingua magis nota, scilicel materna. Et
aliud reniedium dalur a Boecio : dicit quod niiigister débet liabere \ice-
doctorem, id est aliquem fungenteni vice doctoris et oflicio inagistri ;
tanien non débet ei oninino credere. OfTicium doctoris est non mentiri,
sed in omnibus verum dicere. Unde versus :
Est non mentiri sapienlis <|ui rc|>ci'iri
Vull casligator bonus et virluti» amator.
Nota quod multi usurpant et abutuntur oflicio doctoris. Unde versus :
Garcio quisque , duas cum »[c]it conjungerc partes ,
Sic stat , sic lo<|uitur quasi cunctas nuverit artes.
(le
5,
Le sens du mot « sous-moniteur » est d'ailleurs très nette-
ment fixé par les statuts des petites écoles de grammaire de
Paris au xiv* siècle. Un article de ces statuts indique les con-
ditions dans lesquelles les sous-moniteurs pouvaient changer
d'établissement : Nnllus [magiiter] lenebit siibmonitorem gui
cum alio magistrorum fuerit , nisi cum tribus scolis inlermediis.
Ainsi maître Yon était un maître adjoint, qui tenait la
place d'un docteur, doctoris vicefungens , comme dit Alexandre
de Villedieu. Il remplissait dans l'enseignement les mêmes
fonctions que ce Jean de Vignai dont il a été question dans
le précédent volume et qui, suivant les textes contempo-
rains, était vice-docteur à Dijon.
Lors même que la souscription finale du manuscrit
d'Erfurt n'aurait pas contenu un nom de lieu, nous aurions
deviné que maître Yon devait enseigner à Soissons.
A propos de la règle qui prescrit de mettre les noms de
lieu au génitif quand ces noms appartiennent aux deux
premières déclinaisons et que la phrase n'implique pas une
Féiibien , Hist.
de Paris, t. 111,
p. Ht-
Hist. iitt. de lu
France, t. XXX,
p. 380.
\l«' »iÉCU.
h MAÎTRE VON. GRAMMAIRIEN.
idpp de niouvenient ou. de deplaceineiil, le professeur lait
remarquer quil s'agit uniquenieut des noms propres et
(ju on aurait tort de dire Sum ecclesio'. La règle s'applique
exclusivement, dit-il. aux noms de lieux, villages, châteaux,
cites ou localités moins importantes: les noms régionaux en
sont exclus : Ponitur civitatis, ad differcntiam nominuni rc-
gionnin, qnui maie ihceretur <i Sum Pvcardiœ ". Il faut aussi,
ajoute-t-il. que le nom de ville ne soit pas un nom com-
Ffi. 116 \. posé et qu il nait pas la forme du pluriel : Item oportet auod
illud nomm sit formœ simpUcin, quoniam malc dicerelur - 5um
Montis Pcssidani •. Item oportet (juod sit numeri siuguhiris,
tjnoniam, .<i taie nomcu csset plurale, lune esset ablaliii casus,
diccndo ■ Sum Athei is >; et il cite comme exemple dune locu-
tion vicieuse 5"w Suessionis. parce que le nom de la ville de
Soissons appartient a la troisième déclinaison.
Le nom de Soissons apparaît encore deux fois comme
exemple, au folio 30 du manuscrit :
It patef. dio^ndo Sum Roina? >. illa congrua; sed dicendo
Sum Su'SsioiiiN . illa est iiicongrua.
. . . Pote>t esse alia causa magis excuiabitis. scilicct ista. quia quaedaui
sunt noiniiia civitatum indeclinabilia ut Remis. Senoniset hujusmodi. et
ne talia nomina quie >ecuntur. scilicet Suessionis. \ ernonis et consimiiia,
vid' rentur e^^se indeclinabilia >i ponerentur in genitivo ; ideo. causa dubi-
tatioiii.- removend.Y. antiqui moti fuerunt ea ponere in abiativo.
Maître ^on. fidèle aux recommandations d'Alexandre de
Villedieu. ne dédaignait pas de recourir à l'emploi de la
langue vulgaire. Il se sert très souvent de l'article français
//. le, pour rendre plus claires les explications dont un mot
était lobjet. Nous citerons seulement deux exemples :
FpI. 103 V*. Aliqui . quando solebant ire ad bellum. faciebant altare coram deis.
ut haberent triumphum. ut sic dicendo ■ Ara triumphi », // ara régit te
Iriumplii ex \i efTeclus causae fmalis.
Fol. ijôï. Ecce illud dico • magisfnuii docere». ecce quod // docere régit U
^°^- ■■ maîistrum « Docere. inquam. discipulos l>ono5 mores, «ecce quod
/( docere régit ibi duos accusativos. ita quod régit le discipulos ex vi
transitionis . et k mores ex vi vehementissims transitionis.
■ (".>5t iAnf doute une faute de copie pour Axiiqai.
SOLSMOMTEIR DRS KCOLES DE SOISSONS. 5 ,„.,„,,,.
Quelquefois, mais rarement, des mots sont accompagnés
il'une traduction française :
S.ili\. gallice sans, a saWo. salis, quia cito crescil. tpol. a8.)
Philix est herba, ^nW'ice fout htcrc. ^ Ihid. )
Baltheus , et est illa CMni^'ia larga, qiia lïoinines ascenduul
balistas. «jallice baudercs, ot dicitur a il)olin". niitlere, quia mediante
ilio mittuntur teta. Fol. ^i v\ col. 2.)
Et quod significatio in eis includatur verl)i subslantivi, patet etiam
pnr gallicuin, dicendo « Ainor >. je sui aine:. ( Fol. 1 4a.)
Lne sorte de dicton français est cité dans la glose relative
au\ mots employés purement comme njots, abstraction
faite de lobjet qu'ils représentent :
Item aliud est exeinplum :
Pratuin pnscit ovis. si capui austuieris,
id est si aufers hoc quod est 0, renianebit ' \is », secunduiu quod coni-
muniter dicitur • \ is pascit pratiun •. gallice la foire pait le prêt.
Fol. I 59 \'.\
Le commentaire de maître \on nous est parvenu sous la
forme de leçons, dont chacune se termine, à peu près sans
exception, par la formule : Et in hoc finiatur sententia leclionis.
Il suit vers par vers et. pour ainsi dire, mot à mot, le texte
du Doctrinal. Il ne s'en ouvre pas moins par une as.sez
jx)mpeu.se introduction, dont les premiers mots sont : Ante-
quam ulterius procedam, quœso Deijilius linguœ meœ redum di-
ncjat, ut melius in diclis procedam ac pueris edam pure puerilia
qaeedam\ Dans cette introduction, l'auteur fait l'éloge des
hommes qui se désintéressent de la vie mondaine pour se
livrer à létude; puis il indique, d'après les écrivains de
l'antiquité latine, le caractère et les avantages de la science,
et, après avoir signalé les divers genres de .sciences méca-
niques ou libérales, il s'étend avec complaisance sur les mé-
rites de la grammaire :
Gramatica est fons et origo omnium aliarum scientianim, hostiaria, Kol. 4 >'.
' Un traité de grammaire de Jean de Vovez Bandini , Bibl. Laur., t. IV,
Beauvais conunence par le vers : Ad p.'6'^Çf, elHitt.litt.delaFrance.l.XW,
prwteiu edam pueris paenUu qutedam. p. 3oo.
\IV* SIKCLB.
6
MAÎTRE YON, GRAMMAIRIEN,
nutrix antiquissima, linguae barbutientis ' purgatrix pnidentissima. Hxc
enim est magistra logicae, ministra rethoricœ, interpres theologiae, medi-
diciniK refugiuin, necnon totius quadruvii fundamentum.
li définît chacune des parties de la grammaire, telles
qu'on les concevait au xiii* siècle, l'orthographe, l'étymo-
logie, la syntaxe et la prosodie :
Orthographia est ilia qux docet litteras in sillabis, sillabas in dictio-
nihus, dictiones in orationihus apto et debito modo ordinare. Sccunda
pars gramaticac, scilicet ethytnologia , est iila quae docet dividere et vim
dictionum incipere'', et qya? partes considérât per se. Tertia pars est
dyasinthetica', qux» loquitur de congrua partium unione, quod apparet
per ejus expositionem, quia dicitur a dya quod est de, et sin quod est
cum, et thesis positio, quasi scientia de compositione sive de construc-
lionc. Quarta vero pars esfprosodia, quae consistit in débita partium
pronuncialione. Recollige ergo : Orthogriaphia dat lac, Ethymologia mel
dulcius, Dyasinthetica autem vinum, quod valentius est lacté et melle;
Prosodia autem tolam sitim plaçât et satiat. Unde versus :
Est primaeva parens , tibi quattuor ubera gestans :
Lac primo pueris dat [scilicet orthographia) ; mamma secunda fovet (vel
(sapit) {idest ethymologia fondit).
Teriia forte nicrum reddit, quœ sinthesij extat.
Quarta sitim satiat tibi quœ prosodia fiat.
A la fin de cette longue préface sont quelques détails
relatifs à la composition du E)octrinal, au titre de l'ouvrage,
à la patrie et au succès de l'auteur, à la bienveillance que
lui témoigna l'évêque de Dol :
Causa vero ëflîciens habetur in titulo qui talis est : « Incipit
« Doctrinale magistri Alexandri de Villa Dei in Extria*. «Doctrinale dicitur
a doctrina , unde quidam :
Est a doctrina sic Doctrinale vocatum ,
Nam sua doctrina facit unumquemque beatum ,
' Pour halhutientis.
' Peut-être pour tnspicere.
' Au folio io5 verso, colonne a, ce
mot est écrit en toutes lettres dyasintas-
ticu, forme qui a été adoptée par
M. Tliurot {Notices et extraits des manu-
scrits, t. XXII, part, n, p. aia).
* La même altération du mot Neus-
tria se rencontre dans la souscription
d'un autre manuscrit de la bibliothèque
d'Erfiirt (n" 45 de la série in-4') : Ex-
plicit Doctrinale magistri Alexandri de
Villa Dei in Eustria. Deo gratias. Actum
anno Domini m" cc(f llii°, Jerit ttrtia
post Assamptionem beatœ Mariée virgims ,
a Naudino de Onche, clerico. Il sera
question un peu plus loin de ce second
manuscrit.
SOUS-MONITEUR DES ÉCOLES DE SOISSONS. 7 ,„ ^j^,^
id est miserum , veraciter loquendo. Similiter actor ipse dicit :
Que de gnunatica sunt visa niiclii inagis apta ,
In Doctrinali pro magna parte locavi.
Causa vero finalis duplex est, scilicet communis et privata. Privata
duplex est, scilicet propinqua et remota : propinqua, quia, completo
libro, actor favorem Doiensis episcopi acquisivit et gratiam speciîilem;
remota , quia , similiter completo libro , fama actoris per universi mundi
climata devolavit.
Maître Yon a fait beaucoup d'emprunts à ses devanciers,
et il ne cherche pas à les dissimuler. Ce n'est cependant
pas un vulgaire compilateur. 11 aime à comparer et à dis-
cuter les opinions contradictoires, précédemment émises,
sur les points qu'il cherche à élucider. Comme exemple de
sa manière d'exposer et d'argumenter, on lira avec intérêt
le commentaire qu'il a juxtaposé aux quatre vers :
Quamvis hœc doctrina satis non sit generalis,
Proderit ipsa tamen plus nugis Maximiani.
Post Alphabetum minus ha:c doctrina legetur ;
Inde legent majus mea qui documenta sequuntur.
On en pourra tirer quelques notions sur plusieurs des
livres qui servaient à l'enseignement de la grammaire au
commencement du xiv* siècle :
Qaamvis hœc non sit. Hic tangit actor pauca de opère suo esse legenda , p»!. 7 \\ col. ^■
probando subtiliter quod liber suus débet legi , et hoc probat per locum
a minori sic : Si illud quod minus videtur inesse inest, et illud quod
magis. Si minus vero, inquam liber Maximiani, causa doctrina? legatur,
qui vilior est quam liber ilîe qui utilis est cum legitur, ergo multo fortius
liber ille débet legi cum sit proficuus. Item respondendum cuidam tacitae
quaestioni. Aliquis enim posset quaerere : • Magister, eritne liber vester
generalis ad totam gramaticam, id est proponitis vos in libro vestro
tractare de tota gramatica ? » Respondet quod non , et dicit quod , licet
generaliter non extendat se ad totam gramaticam, tamen est libro
melior Maximiani, qui factus est de vili materia et inhonesta. Continue:
Qaamvis hec doctrina non [sit] satis gcnemlis, id est ad totam grama-
ticam non se extendit, tamen, etc. Sequitor : Post Alphabetam. Hic os-
tendit actor quo ordine liber suus debeat 1^. Verum supra litteram
istam divers» simt opiniones. Quidam enim dixerunt quod post minorem
tiv' sièci.t.
8 MAÎTRE YON. GRAMMAIRIEN.
Doiialiiin libruin illuni debemus iiicipere, et dicunt quod per iiiiiui>
Alphabetiim debemus iiilelliiiere ininorem Donatiiiii. qui incipil >ic :
«Parles oratioiiis quot suut!'". el per niajus Alpiiabetum. niinoreni
Priscianuni. Sed MMe absurduni ist dicere quod post minoreni Dunatuin
debemus iucipere libruni isluuj. quia uou posseuuis capere euni vel
iulellijt;ere . cuui niaj»ni el barbati in cum legendo orubescere diuos-
cantur ; quare opiuio nulla est. Iloni aiii dicunt quod per minus Alpba-
betum débet iulelligi minor Prisciiinus qui incipit : « Quuniam iu
ante exposilis libris". el per majus Alpbabelum major Priscianus;
sed id similiter nicbil. quia taies qui sic dicunt volunt quod minor
Priscianus primo legalur, et statim post liber iste. et postea major
Pri>ciamis; sed re\era isie ordo eM insu(ricieii> ; (|uod patel per Pris-
ciauum, qui dicit et vidt quod major Priscianus legatur ante minorem.
et boc in principio minoris. ubi continuai se cbcens : > Quoniam
in ante expositis », et est sententia talis : <> Quoniam in majori voiumine
tracta>imus de parlil)Us oraliunis sigillatiui, mmc dicendum est de
eariun conuexione. " Quare opinio taliler (bcenlium erronea est. Pra'teroa
acior ille non i'uit tantiT auctorilatis (juod ipse poneret quomodo debe-
reut legi libri alioruuj. Item patet quod per majus Alpbabetum non
jKitest iulelligi major Priscianus. et boc per acioris litteram. ubi dicit .
/,»/(' /(7C tolns. Dicit enim actor quod 1ère totus liber est extractus a
majori illo Alpbabelo ; est secundum illos a majori Prisciano : sed in \e-
rilale. pro parte niagna. liber isIe non est extractus a majori Prisciano.
quia in isto libre simt tria capitula de quibus Priscianus mmquani de-
terminavit . scilicel capitulum de brevibus et lougis. capitulum de
accentu. et capitulum de vitiis el figuris: propter quod dicendum est
aliter et inelius. scilicet quod per miims Alpbabetum débet intelligi
quidam liber quem composuil actor ille. et per majus Alpbabelum
aller liber quem simililer isIe acIor conq)Osuit. Et quod ista opinio sit
bona patet simililer per actoris litteram . quap sic débet construi : Hœc
doctnna, id est liber iste qui dicitur Doctrinale, legitur post minus
\lpbabetum. id est post quemdam librum qui dicitur Minus Alpba-
betum: indc, id est postea. ille qui sequetnr mea documenta, id est qui
leget duos pr.edictos libres quos ego cempesui. Ic(fe( majus, id est libriuu
illum qui dicitur M.ijus Alpbabetum. quoniam actor lecit duos libres
secundum ordinem alpbabeti ordinales, et ille liber quem bal)emus
^supple : pra> manibusl exponendum est fere extractus ab illo majori
Alpbabelo. et illa est bona opinio. a Jove comprebata. Et in bec ilniatur
sententia lectionis.
Kii .«signalant les divergences d'opinion des grammairiens,
maître Yon s'efforce de les expliquer. Ainsi, dans le com-
mentaire des vers relatifs au participe, il essaie de con-
SOUS-MONITEUR DES ÉCOLES DE SOISSONS. 9
cilier Priscien, Evrard de Béthune et Alexandre de Vil-
ledieu :
Actor primo ponit incidens per quod melius venit ad suuin propo-
sitiim. Dicit ergo breviter quod participia in ans vel in ens desinentia
siint prœsentis temporis , in tas vel in sas prseteriti , in rus vel in dus
futuri. Sed si obicitur contra actorem quoniam Priscianus ponit septeni
temninationes praeteritorum in practeritis, et eciam Ebrardus, sequens
ipsum , capitulo de praeterito , actor vero non tôt ponit , quare , etc. , di-
cendum est quod actor ille sub istis duabus terminationibus tus et sus
comprehendit onines illas quas ponit Priscianus, quoniam tcrminationes
in plus, in ctus, in stus comprehendit actor sub illa lerminatione tus;
terminata vero in psus comprehendit sub illa lerminatione sus, et termi
nata ctiam per xus per x, ut «lapsus, flexus», et hoc facit propler
quandam œquivocam, quoniam x sequipollet duabus consonantibus
sicut r et 5, cum sit duplex consonans, vel quantum ad sonum
Ayant à rendre compte de la locution VbicunKjue loconim,
maître Yon discute une observation de Rémi d'Auxerre ' et
expose une théorie nouvelle :
Sequitur littera Ut partitivam. Ista littera breviter dicit quod hoc ad- •'o'-
verbium « ubicunque », dicendo « ubicunque locorum », régit genitivum '^" ' ''
partitive. Sed contra hoc potest obici, quoniam partes indeclinabiles
non regunt; sed «ubicunque» est pars indeclinabilis, quia est adver-
bium ; ergo , etc. ; major est de intentione Remigii ; minor de se
patet.
Ad hoc dicendum est quod, licet partes indeclinabiles non regant
communiter, nichilominus tamen.secundum quod in eis inveniuntur
modi significandi, talis constructionis principium existentes, regere
possunt, nec est inconveniens quod regant, et isto modo Remigius in-
telligebat.
Item quidam voluerunt quod , dicendo « ubicunque locorum » ,
« locus » subintellectus débet regere le locorum ; sed illud non est ,
quoniam ibi est peccatum in duobus : primo de hoc quoniam de hiis
quœ intelliguntur nichil ad gramaticum , sed potius ad naturalem ; item
peccatum est in alio, quia oportet quod in tali regimine dictio regens
sit partitiva, sed « locus » non est dictio partitiva, quare, etc.
Propter quod dicendum est quod li ubicunque régit le locorum,
sicut principium suum principiatum , quoniam de similibus simile est
individuum. Sed ego video quod « quicunque » cum genitivo construitur,
' Rémi d'Auxerre e«t encore cité aux folios 3i, colonne a , et 5o verso.
TOME XXXI. 2
llirXIMttIC JIATIffliâLK.
XIV' SlàCLE,
IIV SIECLE.
10 MAÎTRE YON, GRAMMAIRIEN,
et ilium modum qui reperibilis est in • quicunque » possuinus reperire
in «ubicunque», scilicet nioduni Lit alterius. Unde Remigius inleliexit
quod partes indeclinabiles ita conimuniter non regebant siciit parles
declinabiles, vel ipse intelligpbat quod ratione modi generalis non con-
struuntur. Sed ratione novœ habitudinis possunt construi. Construe, o
lector : tu pones « ubicunque locoruni », id est « ubicunque • regere le
loconim, ut partitivuin, id est ut aiia pnrtitiva.
Ce n'est pas le seul endroit où maître Yon fasse intervenir
les théories nouvelles [novœ liabitudines) dans son commen-
taire. Nous en avons un autre exemple au folio i 1 3 , co-
lonne 2 :
Sicut nos videmus quod super nioduni Ut alterius possunt addi novaî
habitudines formales, contrahentes istos inodos, sicut super modum Ut
alterius additur nova habitudo, scilicet ratio possessionis, et super
modum Ut cujus niodus possidentis, qui simul proportionantur, et
isti modi contrahentes modos générales sunt principium formale con-
structionis possessoriae , per quod constructio possessoria difiert ab aliis in
specie
Parfois maître Yon avoue simplement qu'il n'est satisfait
par aucune des théories de ses devanciers et il renonce à
proposer une explication. Sur le vers Est intellectum pro per-
tinct additar istis , et sur les gloses auxquelles il avait donné
lieu, îl confesse son ignorance: Ista verba valde siint obscura,
nec intelligimus , et propter hoc dimisimus omnibus opinionibus
(fol. 1 16). — Ailleurs (fol. 1 17) il déclare inextricables les
distinctions imaginées pour rendre raison des traitements
différents subis par les noms de lieu selon qu'ils appar-
tiennent à une déclinaison ou à une autre, qu'ils sont au
singulier ou au pluriel :
Quidam maxime antiqui et muiti modem! , eoruni vestigia
sequentes, dixerunt ista non esse adverbia, sed poni adverbialiter; sed
vere parva diflerentia est inter teneri adverbialiter et esse adverbium;
propter quod, relictis omnibus opinionibus, dico breviter quod ista
Romœ , Laudani , Rothomagi , etc. , sunt nomina simpliciter ( Fol. 117.)
H serait inutile de dresser la liste des auteurs dont le té-
moignage est invoqué dans les commentaires de maître
SOUS-MONITEUR DES ECOLES DE SOISSONS.
11
SIV' SlàCLE.
Yon. Mentionnons seulement en passant un emprunt fait à
l'épitaphe d'Alain de Lille : Ipse Âlanus qui scivit totum scibile
(fol. i43); une citation de Guillaume le Breton, qui aurait
suffi pour montrer, comme nous l'avons d'ailleurs surabon-
damment prouvé, que c'est un écrivain du xiii* siècle : Se-
cundum Brylonem melias diciliir « pisa » qaam « pisum »
(fol. 43 v"); et des renvois aux traités d'Albert le Grand,
qui font voir que les ouvrages du célèbre docteur domini-
cain avaient déjà pénétré, dès l'année i3oi, dans les écoles
d'un degré inférieur : Albertiis, libro de Somno et vigiîia
(fol. 1); Albertas, supra librnm Topicorum (fol 18 v% col. 2).
Nous accorderons plus d'attention à quelques passages
de maître Yon qui jettent une lumière nouvelle sur plu-
sieurs points d'histoire littéraire.
Nous avons reproduit un peu plus haut une phrase dans
laquelle maître Yon recommande une opinion soutenue par
un certain Jupiter : lUa est bona opinio a Jove comprobata. Ce
Jupiter est sans doute un certain Jupiter Monoculus, auteur
d'un Ars dictandi en vers, que nous ont conservé deux ma-
nuscrits d'Erfurt (n" 378 de la série in-4°, et n° 1 2 de la
série in-8°). Dans le premier manuscrit, qui est daté de
l'année i349 et qui paraît d'origine allemande, l'opuscule
commence et finit par ces mots : Oculi mei semper ad Do-
minum Causa ejjiciens hujus Ubri fuit Jupiter Mono-
culus Si dictare velis etjungere scema loquelis —
Non tant longetur quant brevietur. Hic ostendit regulam
filium et cetera. Explicit Summa Jovis de arte dictandi.
Dans un autre passage, au folio i55, nous avons ren-
contré le nom d'un grammairien qui ne nous semble
pas avoir encore été cité. Il se nommait Guillaume de
Poitiers :
Quaeritur si ista sit congrua : « Huic placet esse probo » , vel ista :
« Huic placet esse probum ». Et videtur quod ista sit congrua : « Huic
placet esse probo», per contra loquentes, sicut per antiquos actores
omnes, in quibus taies constructiones et consimiles repperiuntur, sicut
in Ovidianis. Et boc etiam vult Guillelmus Pictavensis : dicit enim quod
ista est congrua : « Huic placet esse probo », eo quod ibi ponitur »ub-
stantivum verbum copulans similes casus
Hist. lia. de ia
France, l. \XIX ,
p. 58C.
Scliuni , ISeschr.
Verieich.dcrAnipl.
Handschr., p. 635
el C79.
3.
XI* MECLE.
12 MAiTRE YON, GRAMMAIRIEN,
Ce Guillaume de Poitiers, qui n'a évidemment que le
nom de commun avec l'historien de Guillaume le Conqué-
Noiire» et ciir. rant, doit être l'auteur d'une glose sur le Doctrinal, que
pan. II! p. 103! notre regretté confrère M. Thurot avait trouvé désigné par
"*"' '■ les mots glosator Piclavicnsis.
De toutes les gloses dont le Doctrinal fut l'objet, la plus
répandue fut celle dont la préface commence par le mot
ibi(i.,p. .t:.ei33. Admiratiles et qui pour ce motif était appelée Glosa Admi-
rantes. Elle est très fréquemment alléguée dans les leçons
de maître Yon (fol. 17 v", 20 v", j/i, .^o col. :«, 5o col. j,
53, 56, 64 col. -2, io4 V col. ■>., 106 col. r?, 109 v"
col. 2, i4i)- Dans une leçon, la ^\osg Admirantes est rap-
j)rochée du commentaire d'un certain Robert sur le
Minus volumen, c'est-à-dire sur les livres XVII et XVIII de
Priscien :
^'ol. o< 1°. col. 3. Praeterea, quia actor loquitiir de coiiceptione personaruin, ideo vi-
deridum est qiiid sit conceptio persoiianim. Est uiiteni conceptio perso-
iiariim diversaruni personarnni ad eandeni actioneiîi vel passioiiem
ine[taphysi]ca associatio. Istam autem descriptionem datRobertus, e\-
positor supra Minus volumen , et cum iilo dicto satis est consona glosji
Admirantes
L'ouvrage auquel il est fait allusion ici est le commentaire
cl cxir. de Robert Kilwardby, archevêque de Cantorbéry, qui e.st
4o. ' ainsi désigné dans une glose du manu.scrit latin 756.3 de la
Bibliothèque nationale : secundum Rohertum, expositorem
Prisciani Minons voluminis.
Une autre glose du Doctrinal que maître Yon cite assez
fréquemment est celle qu'il appelle la Glose de Toulouse :
Glosa Tholosana (fol. 64 col. 2, ii3 v°, 159, 161, 162,
162 v"), ou au pluriel : Glosœ Tliolosanœ aliud diciint
(fol. io4 v°, col. 2).
La Glose de Toulouse devait jouir d'une certaine réputa-
tion. C'est à elle que se rapportent deux passages de la glose
commençant par les mots Domine labia mea aperies, au
folio i39 v°, colonne 2, ligne 19, du manuscrit io38 de
l'Arsenal, et au folio 24o, colonne 1, ligne 5, du manuscrit
\ .lll^■^
Ml-, I.Wll
,t.ll !
~1
r
SOUS-MONITEUR DES ÉCOLES DE SOISSONS. 13
latin 14927 (le la Bibliothèque nationale'. Le texte en est
peut-être conservé dans un des nombreux exemplaires du
Doctrinal qui n'ont pas été soumis à un examen complet et
définitif. S'il existe, on pourra le reconnaître à l'aide des
renseignements fournis par quatre passages des leçons de
maître Yon :
•Sequitùr Leetitiœ cathedram [$ab consuetudine ponain]. — Nota qiiocl ca-
thedra aniiquitus diccbaliir in qua novi magistri introducebantur. Modo
dicit liltora : « I^alo qiiod cathedra non dicatur cathedra lietilia;, sed
Cl trislitia", seniperidem remanet regimen. » Nichilominusestintendendum
quod glosa Tholosana vult regimen factum inter cathedram laetitiae qiiod
dicatur vi consuetudinis, sed rêvera nichil est. Unde glosae henc arguunt;
sed in hoc decipiuntur, quia, si ab illis significatis speciebus denatu-
rantur, regimina jam tenent iniînita, quia quot essent significata spe-
cialia, tôt essent regimina; quod est inconveniens, quoniam de infînitis
non est scicntia; propler quod credo illud regimen reducibile ad regimen
dictum vi demonstrationis essentia;. (Fol. 1 i3 v°.)
Glosa Tholosana vult quod ibi [Sabno triarn denarioram) sit regimen
ex vi prelii; sed nichil est, ut dictum est. (Fol. i 1 3 v°, col. 2.)
Sequitùr Infinitivo, etc., ubi actor ponit differenciam [inter] infini-
tivum et primum supinum, et inter primum gerundivum et ultinuim
supiniun, et dicit qnod ista dificrunt in hoc quod primum gerundivum
et infmitivus volimt construi cum verbo significante in quiète, et non
cum verbo significante in motu; sed supinum primum et etiam ultimum
volunt construi cum verbo significante motum, ut « vado lectum, venio
lectum ». Gratia hujusmodi, glosa Tholosana facit istam qua»stionem qua;
sequitùr, scilicet utrum ista sit congrua « vado lectum » , et videtur quod
non, quoniam illa est incongrua « vado ecclesiam »; ergo fortiori ratione
« vado lectum » (Fol. 1 58 v° et i 59.)
Haec sunt verba glosae Tholosana; , dicentis quod illa praepositio « in »
construitur cum verbo significante motum in quiète, aut cum verbo si-
gnificante motum in motu. Si construatur cum verbo significante in
quiète, sic débet construi cum ablativo, ut « sum in domo, sto in
studio »; unde « sto et sum » significant motum, sed hoc etiam in quiète,
quoniam omne verbum significat motum. Si construatur cum verbo
* M. Thurot cite ces deux textes Bibliotlièque nationale, aussi bien que
comme offrant la leçon Glosa tkohmi- par le manuscrit d'Erfurt. Celui-ci, au
tana ou tkolomichana (Notices et extraits iblio il 3 v*, colonne 3 , ligne 3, nous
(fef nuiRaicntf, t. XXli, part.n, p. in3, offre le mot tholosana écrit en toutes
note i). La leçon tholosana me semble lettres. Le manuscrit de l'Arsenal et
autorisée par le manuscrit i o38 de l'Ar- celui de la Bibliothèque nationale vien-
scnal et par le manuscrit 14937 de la nent de l'abbaye de Saint- Victor.
4
mm' siki:i.k.
14 MAÎTRE YON. GRAMMAIRIEN.
XIV SIECLE.
significante motiim in motu, tune distinguo de motu, quia aut cpn-
struitur cum verbo significante motum interiorern, aut exteriorem; si
primo modo, sic débet construi cum ablativo; si secundo modo, sic
débet construi cum accusativo , ut , si sis in donio et curras per ipsam ,
tune debes dicere « curro in domo » et non « in domum » ; si vero sis
extra domum, sic debes dicere « curro in domum ». (Fol. 161.)
Le sous-moniteur des écoles de Soissons savait bien qu'il
devait parfois fatiguer et ennuyer ses élèves. Aussi, pour
tempérer l'aridité de ses leçons, il les semait de vers qui
soulageaient singulièrement la mémoire des enfants et dont
l'étrangeté excitait souvent l'hilarité de la classe. L'avantage
de ces dictons mnénomiques est indiqué dans les vers sui-
vants :
Fol. 6<,col. j. Metra juvant animos, comprendunt commoda paucis,
Pristina commémorant, quœ sunt tria grata legenti.
Voici quelques exemples des vers insérés çà et là dans les
leçons de maître Yon. Nous les présentons dans l'ordre
même du manuscrit, en reproduisant plusieurs des obser-
vations dans lesquelles ils sont encadrés:
Fol. 6 v". Neamatis. Nota hic quod Hugucio vult quod neuma scribatur sine p,
et significat spiritum et cantum , in neutro génère :
Neuma nil portet cum p, sine p >it oportet.
Alii dicunt quod , quando significat Spiritum Sanctum , est tertise de-
clinationis et neutri generis , et scribitur p ; et quando significat cantum ,
est feminini generis et etiam neutri et primae deciinationis. Unde
versus :
Spiritus est cum p neutri generis , quoque ternœ.
Cantus erit sine p, sed neutrum femineumque.
Et aliter :
Neuma canit sine p , cum p fit Spiritus almus.
Fol. i3v'. — Alec non habet numerum pluralem secundum quosdam. Unde
Johannes de Gallandia' :
Est sine scriptura dicens allecia plura.
' Jean de Gaiiande est cité plusieurs fois par maître Yon , qui lui attribue notam-
ment les deux vers suivants : ^
Furfam f«i dixit temptr dt futfart visil, (Fol. 58 v*.)
Son Ml cBiN faïKlii qui dicit lancti», Miictù. (Foi. 7S, ool. >.)
SOUS-MONITEUR DES ÉCOLES DE SOISSONS.
15
XIV* SIÈCLE.
Et sic secundum iUos possumus dicere nostro famulo : « Vade et defer
« michi sextarium alec. » Sed in veritate maie dicunt , quia tantum est
dicere : « Vade et aporta michi unum alec. » Unde propter hoc quidam
versum Johannis voiunt sic corrigere « Est sine scriptura » , non intelli-
gendo quod alec careat numéro plurali, sed intelligendo quod alec non
débet facere alecia , immo aleca , quia facit ablativum suum in e tantum ,
et taUa facientia in e efliciunt in a, ut corde, corda, alece, aleca, per
regidam infra.
— Britonisqae Brito. Nota quod actor ponit ibi exceptionem non
simpliciter, sed secundum quid , scilicet secundum modum ibrmandi , qui
appeliatur corripiendo et producendo, quia Brito corripit o ingenitivo,
et propter hoc excipitur, et dicitur quasi Bnitus, quia Britones sunt
iatui , sicut bruta , unde :
Credunt Arturum Britones iterum redlturum.
— Ul ferrum magnes , sic ad se me trahit Agnes.
— Porticus est Romae, quo dum spaciando fero me,
Res quxrendo novas, inveni de sapliiro vas,
Quod tribus et semi solidis ego prodigus emi.
— Discite quid sit glos : iignum , vel femina , vel flo».
Flos est glos, glotis ; glos, gloris, femina fratris;
Gios , glossis , Iignum vêtus est de nocte serenum.
— Hoc acus est palea, sutoribas lise acus apta.
— Frons frondis folium , frontis frons est capitis pars.
— Lens lendis capiti , lens lentis convenit on.
— Non sunt securi qui dant sua colla securi.
— Plus habeo tussim sub peclore quam solitus sim.
Quod non sanus su bene demonstrat tua lussis.
— Quilibet ypocrita facie tenus est lieremita ;
Mente cum tacita iatet anguis habens aconita.
Plures exterius ostendunt esse benigni ,
Qui sunt interius failaces atque maligni.
— Balnea comici non prosunt nec meretrici.
Nec meretrix munda nec cornix alba sit unda.
— Et Ut tu intelligas , vide versum differentialem :
Tecta columba subit, sua mra columbus habebit,
ita quod columba sumatur pro quadam specie avis domesticae, et
Fol. i4 v°, col. a.
Fol.
24 Y*.
Fd.
i5.
Fol.
j5v°, col. 2
Fol.
a6.
Fol.
»7-
Ibid
Foï.
29.
Ibid
Ibid.
Fol. 4 IV'.
Fol. 52 ï*.
16 MAÎTRE YON, GRAMMAIRIEN.
XIV SIECLK.
sumitur pro masculo et femella in iila specie, et columbus pro aiiii
specie avis siivestris, et sumitur simiiiter pro utroque sexu •
Fol. J4 v". — Quatuor ex puris vitam ducunt elemcntis :
Camaleon, talpa, simul alcc et salamandni.
Talpain nutrit humus, camaleon in acre vivil ,
Alec unda fovet, flammac pascunt salamandrain.
l''ol. 5H v". — Turtur perpetuo prlmum conservât amorem,
Amissoque pari iiescit liabere parem.
Turtur' aquas pinis, turtur secat acra pennis. •
l'ol. Oo. — Dens maxillaris, magnus lapis esto nioluris.
Kol. Gi v'. — Synodus est congregatio presbiterorum , et dicitur a sin quod est
cum, et odos quod est cantus, quia insimul sunt cantantcs; vei secundum
quosdam a sin quod est sine, et nodus, nodi, quia hursx eorum sine
nodo redibant. Unde quidam :
De sancta synodo redeunt bursac sine nodo.
Fol. Ci v". i-oI. 2. — Currens per prata non est Icpus esca parata.
l'ol. i5->\°. roi. 2. — Et nota quod iste versus «Flens Magdalena», etc., falsus est, et
quidam volunt ipsum corrigere, dicendo : Plorans Magdalcna.
Sed sic dicentes mentiri dicito dentés,
quoniam Magdalena nequit poni in versu, cum secunda sit brevis et
penultima sit ionga. Propter quod dicendum est quod Magdalum, li,
est castrum in quo Magdalena fuit orta, et inde bene posset derivari
Magdalea, et tune bene poneretur in métro, dicendo : Plorans Mag-
dalea, etc.
Fol. iSgv'. — Aliud exemplum est :
Manducare potes fonnicam , si capul aufers.
Id est si aufers illud quod est for, tu poteris manducare iliud quod
remanebit, scilicet micam.
Nous ne multiplierons pas les exemples de ces jeux de mots
et de ces plaisanteries, qui étaient fort goûtés des écoliers,
s'il faut en juger par le nombre des livres de classe dans
lesquels on en trouve et surtout par les recueils spéciaux
qui en ont été formés. Tel est celui qui remplit les deux
derniers cahiers d'un manuscrit de la bibliothèque d'Erfurt
(n" lo de la série in-8°), qui, tout incomplet qu'il paraît
' Nom d'un poisson.
\l\ SIECLB.
être,
ainsi
SOUS-MONITEUR DES ECOLES DE SOISSONS. 17
renferme encore environ 900 vers. Il commence
Carmina qui fingit aut inetra poeta vocatur;
Dicatur vates si quidquam vaticinatur,
Sitque propheta tibi quisquis divina prophatur.
On y remarque, au folio 122, trois vers que nous ve-
nons (le signaler dans les leçons de maître Yon :
Discile quid sit glos : lignum , vel feniina , vel flos :
(ilos, glossis, lignum velus est de nocte serenum;
Fios est glos, glotis; glos, gloris, fetnina fralris.
Ce recueil, copié au commencement du xiv* siècle, a été
désigné par les mots Versus differenciaies^ Primads dans le Srhum.Bescin.
catalogue qu'Amplonius Ratinck de Berka rédigea des livres Ampi. ii'ànHscili.^
de sa propre bibliothèque en 1 4 1 'J- On sait combien il était p- 7""
ordinaire au moyen âge de mettre au compte de Primat
tous les vers plaisants qui se répétaient dans les écoles. Le
recueil dont il s'agit ici en renferme plusieurs qui sont no-
toirement de Serlon et de Jean de Beauvais.
Les leçons de maître Yon durent avoir un certain reten-
tissement. Ce sont elles, en effet, qui, sous le titre de
Glosa commuais ou de Glosa Anterjuam nlterias, sont citées à
plusieurs reprises dans le commentaire sur le Doctrinal qui
commence par les mots Domine labia mea aperies, et dont la
bibliothèque de l'Arsenal possède un exemplaire daté de
l'année iSyS, venu de l'abbaye de Saint-Victor, aujourd'hui
n° io38. L'auteur de ce commentaire rapporte ou analyse,
dans les termes suivants, trois textes empruntés à la Glosa
communis (juœ incipit Antequam ullerius :
I. Secundo notandum est quod Petrum ipse sequatur. Quidam Ms. io38 de
glosant Petrum Heliae, quod falsum est. Aiii dicunt quod Petrum Ble- 'Aisenal, (ol. 16.
sensem, sicut Glosa communis quae incepit(sic) Antequam uUerias , quod
' La bibliothèque d'Erfiirt, sous le
n* 1 de la série in-4* et sous le n* 4
de la série in-8*, contient un autre re-
cueil de versas differentiales , attribué à
• Godefridus de Athenis », intitulé : Omne
TOME XXXI.
punctam de versibus differentialibus et
commençant par le vers : Christe, régis
qui nos, in me senstu rege quinos. Voyez
le Catalogue du docteur Sclium , p. 285
et 67a.
1K»KIKEBIC RiTIO!l«LB.
XIV* uàcLi.
18
MAÎTRE YON, GRAMMAIRIEN,
Ms. io38 de
l'Ars., fol. \3g \°.
col. 3.
non est verum, quia nichil fecit de istis, sed quandam. summulam. Sed
dicendutn quod Petrus Riga vel Petrus in Aurora , unde infra Petrus de
polimita. Unde Petrus Riga fecit quendam tractatum de praeteritis et
supinis, et fecit Bibliani inetrificatam. Quod hoc sit verum apparet per
actorem istum in Ecclesiaii :
Vivificans clerum Riga Pcf ras rore rigavit ,
Qui nos de petra mellis dulcedine pavit.
II. Alii legunt sic, sicut glosa Anteifuam ulterias et giosa Tholosana,
quae sequuntur in idem : «O lector, la habebà frccfuentcr, id est saepe,
«activa, id est verba quae significant accionem per modum accionis, id
■I est quae significant per modum transitionis in alterum , data accasativis
>< per vint transitionis si vox concordet, id est si modus eorum velit terminari
« per accu.salivum casum ; » et hoc dicit propter hoc quia verba transitive
aliquando absolvuntur a suo transitu, ut patet in Ovidio, de Remedio
amoris : « Et si quid faciam nunc quoque quseris, amo. »
III. Cum illa glosa Anlequam ulterius. Aical quod isti abiativi absol-
vuntur a regimine expresso et non subintellecto.
L'ouvrage de maître Yon commençant par les mots Ante-
(jnam ulterias renferme les trois textes auxquels il vient
d'être fait allusion. Nous allons les reproduire pour donner
le moyen de faire la vérification :
Ms. là in-8° 1. Hinc de prœteritis. Hic proponit se actor determinare [de] forma-
col î""^' ° ^ tione praeteritorum et supinorum verborum, [et hoc] quinto capitulo
quod incipit « Ut tibi per metrum », [Petrum] Blesensem imitando.
Uvid. Ue rem.
amer. , vera S.
M.O. io38 <le
i'Ars. , fol. 1^9,
col. 2.
Jbid., fol. 12 V
Ibid.
col. 2.
fol. I 3t.
II. In prima parte actor ponit regulam quae diversimode a diversis
assignatur; nichilominus, omnibus opinionibus dimissis, ego dico quod
actoris intellectus talis est : V'erba significantia actionem per modum
actionis, sub quacunque voce, sive taie verbum fuerit activum, sive
neutrum , deponens vel commune , regunt accusativum , si respectus vel
natura illorum verborum petat terminari per aliquid; et hoc fit saepe,
quoniam accidit multociens quod verbum transitivum non habet post
se accusativum, ut patet per Ovidium, in Remedio amoris : « Et si quid
« faciam nunc quoque quaeris, amo. »
III. Sant abiativi, etc. Continua ut supra. Construe, o lector : Abia-
tivi solati rectore potenti; supple : in illa oratione in qua est designatio
communiae, illi inquam abiativi, sant, id est esse debent, plarrs, vel
explicite , vel implicite : explicite , ut dicendo « magistro legente » , et
hoc duppliciter, aut quia importantur eorum intellectus sub unica voce,
SOUS-MONITEUR DES ECOLES DE SOISSONS.
19
XIV* SlàCLE.
aut sub diversis, ita quod unus ablativus non exprimatur, sed subin-
telligatur ; si primo modo sit , est exempium u diclo de nomine » ; si secundo
modo sit , est exempium « modio vini ad denarium » , ibi enim intelligitur
« taxato».
Quel qu'ait été le succès d'un commentaire sur le Doc-
trinal qualifié de Glosa communis dans un ouvrage copié en
1875, les exemplaires en sont fort rares. Le manuscrit
d'Erfurt, jadis possédé par Amplonius, qui a fourni la ma-
tière de la présente notice, est le seul dans lequel nous ayons
trouvé le nom de maître Yon. Mais il nous semble très pro-
bable qu'une notable partie de ce commentaire a été insérée
dans les gloses anonymes sur le Doctrinal que nous ont
conservées les quatre manuscrits suivants :
1° Manuscrit de Saint- Vast d'Arras, aujourd'hui n" 942
de la bibliothèque d'Arras. Ce volume, copié au commen-
cement du xiv' siècle, renferme le texte du Doctrinal ac-
compagné d'une glose qui, en beaucoup d'endroits, est
identique avec celle du manuscrit d'Erfurt. En tête se lit
l'introduction dont nous avons parlé ci-dessus et qui com-
mence par les mots Antequam ullerias. L'exemplaire est
incomplet, depuis qu'une main barbare en a coupé çà et là
36 feuillets pour approvisionner- les marchands de par-
chemin;
2° Manuscrit d'Amplonius, aujourd'hui n°45 de la série
in-4° des manuscrits d'Erfurt. Ce volume a été copié en
i3o4 par un clerc nommé Naudin d'Ouche. D'après la des-
cription qu'en a faite le docteur W. Schum, et surtout
d'après la reproduction héliographique de la dernière page
que le même savant a insérée dans les Exempla codicum Am-
plonianorum , nous sommes porté à croire que le contenu de
ce second manuscrit d'Erfurt est semblable à celui du ma-
nuscrit de Saint-Vast d'Arras. Il débute également par l'in-
troduction Anteijuam uUerius. C'est, paraît-il, le volume
qu'Amplonius Ratinck de Berka, dans le catalogue de ses
livres rédigé en 1 4 1 2 , désigne sous le titre suivant : Item Doc-
trinale, cum commenta Herzonis, a principio us<jue injinem, et
est valde bona ^/osa. L'auteur du curieux catalogue de l'année
3.
Loriquet , Rapp.
sur des fragm. de
mss. , p. 3g.
Sctium , Bescfar.
Verzeichniss der •
Ampl. llandschr. ,
p. 32 1.
Schum, Ex. cod.
Ampl. , n' 3 1 .
Schum , Beschr.
Ven. der Ampt.
Handschr., p, ySS-
867.
iiv sirac.
Hist. litl. de U
rance, t. XXX,
p. aSo.
20 MAiTRE YON, GRAMMAIRIEN.
i4i2, dont le docteur W. Schum nous a donné une édi-
tion, met sous le nom de ce môme «Herzo» beaucoup
d'autres commentaires sur des ouvrages de grammaire,
de rhétorique et de physique :
Gramatica 7. Item optimœ notulae Herzonis super Graecismo, longe
meliores textu. (Peut-être aujourd'hui le manuscrit in-8° i 1 d'Erfurt.)
— I 5 Optimae regulae parcium oracionis Herzonis de ethi-
mologia earum. (Ms. in-/i° 5a d'Erfurt.)
— I 9. Item commentum optimum super Minori volumine Prisciani
de dyasinthetica , cancellarii Parisiensis, coUectum originaliter ex dictis
Pétri lleliae, commentatoris Prisciani, et Herzonis. (Ms. in -4° 73
d'Erfurt.)
— 2 4 . Item commentum optimum super Minori volumine Prisciani ,
Herzonis, cum multis egregiis notabilibus et quaestionibus. (Ms.
in-S" 73 d'Erfurt.)
Pœtria. Item optimus tractatus Herzonis de arte metrificandi , quem
require infra in volumine ^ Relhoricae.
Rethorica k- Item excerpta Herzonis de summa Victorini ex utraque
rethorica Marci Tulii Cyceronis. (Ms. in-lx" 76 d'Erfurt.)
Phitosophia nataralis 16 Scripta consimilia super omnibus
libris AristotelisDegeneracione animalium, et putantur esse Herzonis vel
Thadei potius. (Ms. in-fol. 339 d'Erfurt.)
Toutes ces attributions nous semblent bien hasardées, et
l'autorité d'Amplonius ne nous empêchera pas de supposer
que le second manuscrit d'Erfurt renferme au moins une
partie des leçons du sous-moniteur de Soissons;
3° Manuscrit de l'abbaye de Saint-Victor de Paris, jadis
coté JJJ 11, aujourd'hui n" io38 de la bibliothèque de
l'Arsenal. Copié en iSyô, il s'ouvre par une longue intro-
duction dont les premiers mots sont : Domine labia meaape-
ries,el dont l'auteur est appelé magister Johannes [de] Vignaco
dans un ms. de la bibliothèque de Lamballe; nous en avons
parlé dans le volume précédent;
4° Manuscrit de Saint-Germain-des-Prés, jadis n" 1181,
ANONYME, AUTEUR DU GRAMMATICALE NOVUM. 21
aujourd'hui n" i3o3i du fonds latin à la Bibliothèque na-
tionale. Ce volume, copié au xiv" siècle, est incomplet des
premiers cahiers. M. Thurot a constaté qu'il contient, au
moins à partir du folio 7 1 v", la même glose que le pré-
cédent manuscrit, venu de l'abbaye de Saint- Victor.
Nous nous sommes assuré que le manuscrit de Saint- Vast,
celui de Saint-Victor et celui de Saint-Germain, comme
aussi selon toute apparence le second manuscrit d'Amplo-
nius, renferment la copie d'un seul et même commentaire sur
les trois dernières parties du Doctrinal, consacrées à la pro-
sodie, à l'accent et aux ligures. Or les gloses relatives à l'ac-
cent que nous offrent ces manuscrits sont absolument celles
qui, dans le premier manuscrit d'Amplonius, forment le
traité intitulé : AcceiUus super Doctrinale, a magistro lone ,
siimmnnilore Saesswnensi , compositus anno Domini m' cc(f primo.
Il est donc assez probable que les commentaires sur la
prosodie et sur les figures, entre lesquels le commentaire
sur l'accent est placé dans trois et peut-être dans quatre
manuscrits, sont aussi l'œuvre du maître adjoint des écoles
de Soissons dont le nom sort aujourd'hui d'un long oubli.
L. D.
\IV' SIÈCLE.
ANONYME,
AUTEUR DU GRAMMATICALE NOYVM.
Nous pouvons placer parmi les écrivains français du
règne de Philippe le Bel l'auteur d'un traité de grammaire
en vers, intitulé Grammaticale , qui a échappé aux recherches
de notre savant confrère M. Thurot. La bibliothèque de
Troyes en a acquis, dans ces dernières années, un exem-
plaire qui forme un petit volume in-4°, de 91 feuillets,
copié à la fin du xiv* siècle, et qui a appartenu à Jean
Blanche, sous-chantre de la cathédrale de Troyes, mort
en i438. Nous n'avons point découvert le nom de l'au-
.\it' ilkCLt.
22 ANONYME,
leur; mais l'époque à laquelle il composait son ouvrage est
facile à déterminer.
L'indication précise nous en est donnée dans les premiers
vers de l'ouvrage :
Nitor agi taie pro parvis Grammaticale :
Omne quod oslendo legitur fiilcimen habendo.
Libri principia compleclitur orthographia;
Postea prosodiatn dabo , post ethymologiam ,
Hinc diasintheticam, post de viciis ibi dicani;
Inde figuranim datur hic ars grammaticarum.
Quae sunt diffusa concoHigit haec mca musa,
Ut levius parvi possint a corde tencri.
In te spes, Christe, mea figitur, ut liber iste
Per te completus sit , vena paupere cretus.
O Nicolae, tibi volo, canceilarie, scribi
Hoc opus, ecclesiœ decus et fons philosophiae.
Te florent studia, viget in te theologia.
Diceris AUXILIUM cognomine , quod manifestas :
Cunctis consilium quaerentibus utile prœstas;
Non est cognomen, sed veri nominis omen.
Natus es ex illa qua; Nonancuria villa
Dicitur. Ilanc per te partes novere remotae.
Te justi vere pater et mater genuere,
Summe magistrorum, studii dux normaque moruni.
Ainsi, l'ouvrage dont il s'agit a été publié sous les au-
spices du chancelier Nicolas (0 Nicolae,- canceilarie)^ sur-
nommé l'Aide [Diceris Auxilium cognomine) et originaire de
la localité de Nonancourt {Natas es ex illa cjaœ Nonancuria
villa dicitur). La mention du chancelier Nicolas se retrouve
non moins expressément à la fin du traité :
Canceilarie, te, Nicolae, probo, quia metae
Sunt libro per te verae praesente reperfae.
Tu milii defïensor super omnibus, es mihi censor
Tu vere dictis, mihi consiliumque relictis
Te quœ dicta maie patuerunt. Grammaticale
Sit mihi nulius honor, quia cum libro tibi donor.
Te, non me, laudcnt qui nostro carminé gaudent.
Si rex summus ita velit, atquc data mihi vita ,
Librum tractabo post, quo qusedam reserabo
Libro pracsenti quœ non patuere legenti.
AUTEUR DU GRAMMATICALE NOVVM.
23
XIV MKCI.E.
Le chancelier Nicolas l'Aide', originaire de Nonancourt,
est un personnage dont l'identité n'est pas difficile à établir.
C'est assurément le chancelier de l'église de Paris, Nicolas
de Nonancourt, dont nous avons signalé dans un précédent
volume un sermon composé pour un dimanche de l'Avent.
Nous avons dit qu'il fut pourvu de la charge de chancelier
vers l'année i 285 et qu'il dut mourir vers i 290, époque à
laquelle la chancellerie de Notre-Dame fut attribuée à Ber-
tant de Saint-Denis.
Nous pouvons aujourd'hui fixer au 22 septembre 1291)
la date de la mort de Nicolas de Nonancourt. La preuve en
est fournie par une épitaphe en vers qui se lisait jadis dans
la cathédrale d'Evreux et dont le texte nous a été conservé
par Le Brasseur et par Gaignières :
Haec pracsens fossa Nicolai coiitinet ossa.
Qui pius el pnidens extitit atque studens.
Milram cardineani Romaiia gessit in urbe
Et pileum rubeutn. Dans multae dogmata turbse
In pravos mores naturœ Theologia,
Hujus eranl flores una cum Philosopbia.
Editus est illa quuc Nonancuria villa
Fertur, ubi cura vigili fecit bona plura.
M, c bis, X novies, nono, septembre timendo,
Finiit iste dies sub Mauritio moriendo.
Auxilium dictus, multis dédit ipse juvamen,
Sed nunquam fictus; requiem sibi det Deus! Amen.
Le cardinal Nicolas f Aide, de Nonancourt, dont la cathé-
drale d'Evreux avait recueilli les restes, avait donc terminé
sa carrière en 1 399 , le jour de la Saint-Maurice, c'est-à-dire
le 2 2 septembre. Plusieurs obituaires confirment la date qui
est assignée à la mort de Nicolas de Nonancourt par fin-
scription de la cathédrale d'Evreux. Nous savons, en eflFet,
que le chapitre d'Evreux célébrait chaque année, le 24 sep-
tembre, f anniversaire de maître Pierre fAide et de son
frère « sire Nicolas, prêtre cardinal du titre de Saint-Laurent
« in Damaso ». A Rouen, c'était le 28 septembre que les cha-
' Et non pas • de l'Aide • , comme porte le Répertoire de M. l'abbé Chevalier,
ccJonne i6ig.
ilisl. litt. de la
France, t. XXVI.
p. i5i.
L# Brasseur,
Histoire d'Kvreux.
I». J37. — Bibi.
nat. , Estampes,
Tombeaux <l'î<iai-
^nières , Normand.
Rec. des hist. ,
t. XXIlI.p. i6f.
24 ANONYME.
XIV* SIECLE.
noines priaient pour l'àme du « révérend père Nicolas de
I xx!!!**") mV " Nonancourt, cardinal ». Le chapitre de Paris avait enre-
Guérard. Cart. gïstré au 8 Septembre l'obit de « sire Nicolas, prêtre cardinal
.le Notre-Dame de „ ([y^ [[[yQ (Jç, Saint-Laureut in. Damaso ».
,p.ii. ^^^ articles d'obituaire, rapprochés de l'inscription
d'Evreux et de la dédicace du manuscrit de Troyes, prou-
vent jusqu'à l'évidence que Nicolas de Nonancourt, chan-
celier de l'église de Paris, est le même que Nicolas de
Nonancourt, cardinal de Saint-Laurent in Damaso. H paraît
avoir été compris dans la promotion de cardinaux que le
Potiiiast, Heg., pape Célesfin V fil en i ■i()l^. En effet, le litre de Sainl-Lau-
^ '''^ rent in Damaso était encore porté le 2:< septembre i 291 par
Mathieu « de Aquasparta », qui devint évêque de Porto cette
même année, et Nicolas souscrivit en qualité de prêtre
cardinal de Saint-Laurent in Damaso différentes bulles de
ibiH. p îoïi. Boniface VIII, depuis le 21 juin 129.5 jusqu'au 27 juin
Dans la dédicace qui a été rapportée ci-dessus, Nicolas est
simplement qualifié de chancelier. C'est donc au plus lard
vers l'année 1291 qu'elle a été écrite. Nous avons ainsi la
date de la Grammaire en vers que contient le manuscrit de
la bibliothèque de Troyes. Autant que nous pouvons en
juger par un fragment communiqué en 1875 par M. d'Ar-
bois de Jubainville au Comité des travaux historiques, cet
ouvrage élémentaire, intitulé Grammaticale , traite successi-
vement de forthographe , de la prosodie et de fétymologie,
de la syntaxe [diasinthetica) , des vices de langage et des fi-
gures de grammaire. En terminant son œuvre, fauteur
annonce f intention de consacrer un autre livre aux ques-
tions qu'il n'avait pas encore convenablement éclaircies.
Nous ignorons s'il a pu donner suite à son projet.
Dans le manuscrit de Troyes, f ouvrage commence par
le vers :
Nitor agi taie pro parvis Grammaticale.
Le traité dont nous venons de parler est donc, à n'en pas
douter, celui qui est porté dans les termes suivants sur le
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TRÉGUIEIÎ.
25
Xlï MECLl;.
Deli^le, le <ia
binel des mss.
I. III, |.. .'^o.
répertoire des volumes de la grande librairie do la Sor-
honne au commencement du xiv' siècle : (irammaticalc
novum. Nitor agi taie pro parvis (frammaticale.
Si le titre de Grammaticale novnm , sur l'autorité de ce ca-
talogue, devait être affecté au poème grammatical dont
Nicolas de Nonancourt a reçu la dédicace vers Tannée i 290,
il conviendrait peut-être d'appeler Grammaticale novissimiim
un autre poème grammatical qu'un auteur, également in-
connu, a pareillement intitulé Grammaticale et dont la
rédaction fut achevée en i337 :
peregi
Hune librum metrice, titiilatum Gramaticale,
Quando niilleni trccenti ter duodeni
Atque monos anni fuerant a tempore Cliristi.
M. Tluirot a fait connaître, d'après le manuscrit 826 de Notices et cxu.
l'Ecole de médecine de Montpellier, cet autre Grammaticale , paît™»', |i.'/i9.
qui commence par le vers :
Scribere grammatica docet et proferre legenda.
L. D.
ANONYME,
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TREGUIER.
Un petit manuscrit du commencement du xiv' siècle,
jadis conservé à l'abbaye de Marmoutier, recueilli depuis
par feu notre confrère M. Jules Desnoyers, contient en ca-
ractères très serrés beaucoup de modèles de lettres, d'un
genre assez particulier, dont l'origine et la date sont faciles
à déterminer. Le style fournit des indices suffisants pour
en attribuer la composition à la fin du xiii' siècle ou au
commencement du xiv*, et plusieurs des formules sont
TOME XXXI.
wmtvtaïc piTifl^iii.
\lï !llf.UI.K.
26 ANONYME.
(lat(Vs (l(« i3i3 (fol. 6 v°), de i3i4 (fol. i5 v") et de i3i5
(fol. To v"). On y remarque une lettre adressée à Geoffroi
Tonrnernine, évoque de Tréguier, qui mourut vers l'année
i3i() (fol. 6 v"), et la mention d'une convocation de l'ost
du roi pour une expédition contre les Flamands (fol. i8). Le
|)ays pour lequel le recueil a été formé n'est pas moins net-
tement désigné. Tous les noms qu'on y peut relever appar-
lieimenl à peu près exclusivement au diocèse de Tréguier,
en basse Bretagne. Ainsi, l'évêque de Tréguier annonce
l'intc^nlion de visiter une paroisse soumise à sa juridiction
(fol. lo); il charge un archidiacre d'inspecter le diocèse
(fol. if)); il recommande à l'évêque de Quimper deux can-
didats à l'ordre de la prêtrise (fol. l 'i v°); il enjoint à un
curé de citer un chevalier devant lui apnd Filkeium
(fol. i/| v"); il demande à des bouchers la grosse viande et
la volaille dont il a besoin jx)ur un grand repas offert à tous
ses chanoines (fol. )3).
Les autres dignitaires du diocèse de Tréguier sont égale-
ment mis en scène : c'est l'archidiacre, qui procède à ses
visites paroissiales (fol. i); c'est un chanoine, qui donne
une fête pour célébrer son installation (fol. 1 1); c'est l'olfi-
cial, qui fait respecter ses droits de juridiction (fol. 6), qui
lance des sentences d'excommunication (fol. lo et 12), qui
poursuit des justiciables soupçonnés d'hérésie (fol. 6 v°), et
qui juge un procès dans lequel un clerc fait plaider sa cause
par un chevalier réputé pour son éloquence : Viro nobilitale
(leiiens et armorum Jalleris [sic) prœjnlcjenti necnon elocjuentis-
simo et diserto, ut credi valeat et merito genus protrahere ex
prosapia Tuliana, tali mililila\is loci (fol, 2 v°).
Le sénéchal qui représentait le duc de Bretagne au pays
de Tréguier est cité au moins deux fois (fol. 5 et 7 v"). —
Çà et là reviennent les noms de diverses localités'du diocèse
de Tréguier. Le chapelain de Saint-Sauveur près Guingamp
rend compte d'une assignation signifiée à un certain Guil-
laume Indrocuap, dont la foi était suspecte (fol. 4)- — Un
chevalier veut faire entrer un de ses enfants dans l'abbaye
xle Bégard (fol. i5). — Il est souvent question de la Roche-
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TRKCUIER. 27
Derrien : on y débarque du vin (fol. 20 v°); on y loue des
domestiques au marché du vendredi (fol. 17 v°); on y pu-
blie des sentences d'excommunication (fol. 12); on y ])Our-
suit comme prévenu d'hérésie ce Guillaume Indrocuap
(fol. 3 v") dont nous avons déjà vu le nom quelques lignes
plus haut ; mais le texte le plus curieux pour l'iiistoin; de
la Roche-Derrien est une lettre de GeolTroi Tournemine,
évoque de Tréguier, (pii, en i3i5, prescrit des processions
solennelles et accorde des indulgences pour procurer des
ressources à la basilique de Notre-Dame-de-la-Roche, ré-
cemment construite à grands frais :
Ci., pcrmissione divina episcopus Trccorcnsis, universis ecclesianiiii
lecloribus in civitate Pt diocesi Trccorcnsi coiistitutis ad quos pra-scrilcs
litterae pervenerint, salutem in Domino. Quoniani, ut ail Apostolus,
oinnes ante tribunal stabimus JesuCluisli, rcccpturi proul in coiporibus
fçossorinius, sive bonuin fueril si>e nialiuu, opoiiet (id est uptinmni est)
nos diem messionis extrema; bonis operibus prajveniro, et seniinan- in
terris intnitu caritatis quod valeamus recolligcre in excelsis, altcndentes
vprissimo quod qui parce seminat parce metet, cl qui séminal in b(v
nedictionibus de bcnedictionibus metet vifani anlernam, Apostolo al
lestante. Cum igitur basilica li«;at£c Mariie de Roca, in cujus honore
ecclesia Trecorensis dicitur fuisse primitus incoala, œditicari de novo
(«eperit opère sumptuoso rcparationeqne indigcat, ad cujus re])arationem
et sustentationem propriœ non suppelunt facultates, univcrsilatcni
vestram hortamur in Domino et monemus qualinus, una cum parocliianis
vobis a Deo coHatis, bac instanti die dominica ante nativitatem beali
Jobannis Baptists, apud dictam basiliaim in albis processionaliter et
personaliler accedatis, monentes parochianos vobis subditos et eflicaciter
inducentes ut de bonis eisdem a Deo coliatis pias clemosinas et grata
caritatis subsidia ad reparationem et sustentationem dicta; basilica; lar-
giantur, ut per haec et per alia bona quae fecerint, Domino inspirante,
niereantur effîci participes civium supemorum. Nos vero, de omnipo-
tentis Dei et beatae Mariae Vii^nis misericordia et beatorum apostolorum
Pétri et Pauli et beati Tuduali confessons, patroni nostri, meritis confisi ,
omnibus vere pœnitentibus et confessis, qui ad tam pium opus manus
porrexerint adjutrices, quadraginta diesdeinjunctis sibi pœnitentiis mi-
sericorditer relaxamus , praesentibus post annum minime valituris. Et in
signum suscepti et exsecuti mandati, reddite litteras sigiHatas. Data die
tali, anno Domini m°ccc° quinto decimo. (Fol. i5 v°.)
Lé recueil dont nous nous occupons peut donc être dé-
4.
XIV SIECI.F..
XIV ïieCLK.
28 ANONYME,
signé sons le titre de Formulaire de Tréguier. Comme
beaucoup d'antres compilations de ce genre, il abonde en
lettres d'écoliers qui sollicitent le secours de leurs parents
ou protecteurs, en mandements qui se rattachent à l'admi-
nistration ecclésiastic|ue. Les pièces relatives à la vie féodale
n'y lontpas défaut. Par exemple, un sénéchal du duc de
liretagne enjoint à un seigneur de mettre un terme aux
excès commis par des brigands dans les limites de son lief
(fol. 16 v"). — Un damoiseau prie un chevalier d'assister à
im duel qu'il a accepté ])our soutenir un droit de ])ropriété
(pii lui était contesté (fol. 8 v"). — Un écuyer invite un
grand chasseur à une battue organisée pour débarrasser le
pays du plus terrible des sangliers (fol. -io). — Un écuyer
promet à lui chevalier de se rendre avec lui au tournoi qui
devait avoir lieu, sous les auspices du roi de France, dans
la ville de Compiègne (fol. i4 v"). — Un seigneur charge
un ami de rendre la justice dans son fief pendant la durée
«lu voyage qu'il entreprend pour assister à une assemblée
convoquée à Paris par le roi, probablement une des sessions
d'états généraux du commencement du xiv" siècle : Ciim c.r
t'dicto recjio tcncamnr rcçiali qiwkx^uio [sic) Porisius personaliur
intéresse (fol. 20). — Un vieux chevalier prie un
écuyer d'aller en son lieu et place servir le roi à l'ost de
Flandre (fol. 18). — Enfin un chevalier, appelé dans le
manuscrit A. doininus Castri Picli, miles, engage un écuyer
à se croiser et à venir en sa compagnie guerroyer contre les
ennemis de la foi (fol. 12).
Beaucoup de formules se rapportent à l'économie domes-
tique et pourraient fournir des traits pour un tableau de la
vie privée des Bretons au commencement du xiv" siècle.
Toutes les conditions sociales y sont représentées : les avo-
cats (fol. 2 \'° et 7), les médecins (fol. 16), les pécheurs du
bord de la mer (fol. 19 v°), les bouchers (fol. i3), les dra-
piers (fol. 7, 9 v" et 18 v°), les tanneurs (fol. 7) et les char-
pentiers (fol. 5 v°). — Un habile mécanicien [architcctoruin
(loclissinuis, Jabrili artificio merito Dœdalo coinparaiidns] est
chargé de la réparation d'un moulin (fol. 20). — On de-
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TRÉGUIER. 29
mande à un jardinier de venir tailler des vignes (fol. 21),
à un journalier de transporter la bruyère destinée au chauf-
fage de l'hôtel (fol. 19 v"), à un père de famille de louer
un domestique habitué aux travaux de la ferme : (jui sciet
messes melere, (jerbaset (jelimas allujare , hlada m area triturare,
culmiuH c()lli(iere, et miricas resecare et alia necessaria dorniii
pertractare (fol. 17 v"). — On débarque et on consomme du
vin de Gascogne (fol. 3 v°, 9 et no v°); on vend du blé à la
Flèche (fol. 3 v°); on envoie des bœufs sur le marché de
Paris (fol. i3); on emprunte de l'argent à un riche bour-
geois de Taillebourg (fol. 9).
Plusieurs lettres sont écrites par des parents pour la mise
en apprentissage de leurs enfants. Dans l'une il est question
d'enseigner à un enfant le métier de tailleur; le patron ne
demande qu'une année pour en faire un ouvrier consommé :
ni per ipsuin steterit, infra annuni patent supcrare suas coœtaneus
et etiain coœ(jiiœvos (fol 17 v"). — Un autre père de famille
destine son fds, âgé seulement de cinq ans, à l'industrie de
la pelleterie; il voudrait le confier à un des patrons les ])lus
renommés :
Cum igilur ego plures habe<iin liberosqiios veUein diversis ar-
tibus informari, intcr quos soluiii bab(;o quinquennium (sic) puerulum,
capacis animi ad prœccpla , qiieni vcllcm in arte pelliparia per vos fide-
titer edoceri, qua posset vitam in opère defendere, ne ventreni faînes
urgeat egestate, vobisque nuliuin repererim aut noverim in talibus doc-
lioreni [qui] in arte illa mecanica et pellibus reparandis suae meliiis con-
suleret insolerciae, vos exoro ut, si grave vobis non fuerit, quatinus
ipsum in arte vestra pro certo precio inter nos constitulo lideliter
doceatis, quo edocto et vobis de salario satisfacto, vobis serviet ulterius
ad libitum voiuntatis. (Fol. if).) .
Les actes des professeurs et des écoliers tiennent une
large place dans le Formulaire de Tréguier. Il y est sur-
tout question des écoles d'Orléans [studium ou (lymnasimu
Aurelianense) , dont le nom revient dans plus de vingt for-
mules. On peut remarquer en passant que, sept fois au
moins, les écoles d'Orléans sont désignées par les mots
(jyinnasium ou studiuni Genabense (fol. 2, 5 v°, 6 v°, 7 v°, 8 v°.
XIV' SIEGI.E.
\it' siècLi.
30 ANONYME,
17 v" et 19); ce qui montre que Genahum était, encore au
XIV* siècle, considéré comme l'ancien nom de la ville d'Or-
léans. Dans la plupart de ces textes, il s'agit des écoles de
lettres, où s'enseignaient la grammaire et la rhétorique :
Aurilianis deditus studio lilterali (fol. 17 v°, 18 et 19). Deux
fois il est question des écoles de droit : d'abord dans une
lettre de recommandation pour deux jeunes professeurs de
droit (fol. 6 v"), puis dans une lettre qu'un certain B.,
seigneur de Châteauneuf, adressait à son fils, professeur de
droit à Orléans [domino prœdilectofdio , Aurilianis lecfibus insu-
danti, ma(jistro P. noniine , lc(jum cxcellentissimo proj'essori) ,
le suppliant de venir plaider devant l'ofTicial dans le procès
intenté à un homme de mauvaise foi, qui, pour séduire la
.sœur du jurisconsulte, lui avait promis le mariage (fol. 7).
Le nombre des textes relatifs aux écoles d'Orléans prouve
que l'université de cette ville était le foyer d'instruction qui
rayonnait sur la Bretagne. Au milieu de tous les textes,
c'est à peine si le nom de l'université de Paris se rencontre
une fois, dans une lettre écrite à un curé, qui voulait y
aller étudier l'hiver suivant : suininopere proponentem hac in-
stanti hieine Parisius m studio moraturum (fol. 2). — Nous
avons relevé deux mentions de l'université de Bologne.
Dans un endroit, un bourgeois d'Aquitaine parle de son frère,
décédé à Bologne, où il était allé terminer ses études
(fol. 9). Dans un autre, un étudiant de Bologne écrit à son
f)ère qu'il est tombé gravement malade; il demande qu'on
ui envoie un cheval et de l'argent, pour avoir le moyen de
venir chercher la santé sur le sol natal (fol. 17).
A côté des universités figurent les petites écoles, dans
lesquelles les enfants recevaient des leçons élémentaires.
L'une d'elles, dont le nom est passé sous silence, était si
florissante et attirait un si grand nombre d'élèves que le
maître était obligé de faire appel à un adjoint [vira regulari
(jramatica et positiva ah uncjue tcnero injbrmato bacalario),,
auquel il promettait la moitié des émoluments (fol. 19 v°).
— On lira avec intérêt la lettre par laquelle le maître des
écoles de Prat demande à un camarade de l'université d'Or-
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TRÉGUIER. 31
léans de lui acheter un Doctrinal et quelques auteurs de
grammaire :
Praecordialissimo suo socio ac etiam spécial! litleraruni studio dedito
Genabensi G., A., rector scolarum et scolarium de plèbe Prat, suus in-
timus et dévolus, salutem, karitatis vinculo innodatam. Catonis mora-
litas nos instruit sub his verbis quod socins débet fideii socio arcanum
pandere suae mentis. Cuni igitur, consors fidissime, regimen scolarum
scolarium de Prat michi nuperrime sit collatum , nec habeam librorum
copiam quibus sulïicienter possem instruere modo debito, ut deberem,
pueros mcsc custodiie deputatos, vestram amiciciam deprecor prece hu-
mili et devota quatinus, ni vobis grave fuerit, studeatis michi emere
Doctrinale cum magnis giosulis et veraci iittera, tam in interlinearibus
tam in textu , de pecunia quam vobis cum latore prœsentium mitto in
una bursula sigilii mei karactere consignatam, una cum quibusdam
aliis auctoribus gramaticalibus necessariis nostrae scienciœ litterali, at-
tendentes plane quod ego vobis tenear pro recompensatione hujusmodi
servicii in iuturum. (Fol. 8 v°.)
Citons seulement quelques mots d'une lettre du maître
des écoles de villa Montis Lati, peut-être Morlaix : il invitait
ses élèves à célébrer la fête de saint Jean, en lui apportant
toute espèce de victuailles, des fromages, des oignons et du
beurre. Les plus généreux seront les mieux traités, et ce
jour-lA les tapageurs ne seront pas châtiés :
Qui Formellas largius det suo doctori,
Hic erit egregius rector vestri cbori ,
Et vocetur Filius meus es tu ; ori
Hujus dentur nmplius laudes summi fori.
Fata Core miseri parère monent meliori.
Ergo, puer, propera déferre magistro
Butinun cum tenera formella, aut Istro
Mergeris
Caseos si dederis, babebis cerasa.
Et non verberaberis, licet in hac casa
Strepitum tu feceris et fregeris vasa
Vitri. Coronaberis sub corona rasa.
A plusieurs reprises nous voyons des enfants nobles mis
à l'école pour être en état d'embrasser la cléricature. Un sei-
gneur, qui est appelé dans la formule B., armiger, dominus
XI* SIKCLK.
\IV' MKCI.K.
32 ANONYME,
IVcnwris Montis Alli, |)rio un maîln; d'école de vouloir bien
prendre son fds âgé do sept ans: eutre autres compliments,
il le qualifie de lux g rainât icœ rcfjiilaris et ctiam j)ositivœ,(jua'
liiKjuas balbucientium (Ur'ujit et dut idiotis et discolis posse loqid.
Cette élogieuse requête est suivie d'une réponse de P. , rcctor
scolaruni {jramaticalium Villœ AUœ, (jui se charge de l'enfant
et s'engage à le rendre apte à devenir clerc, au bout de trois
ans d'études (fol. 17). Les enfants nobles, ainsi élevés,
recherchaient les bénéfices de l'Kglise. Témoin la lettre
qu'un chevaHer écrit à Geoffroi Tournemine, évoque de
Tréguier, pour lui recommander deux neveux, qui s'étaient
fait remarquer comme professeurs de droit à Orléans et qui
n'étaient encore pourvus d'aucun bénéfice :
Reverentlo in Christo palri ac domino domino G[aufrido] Tomeniin ,
permissione divina episcopo Trecorensi, A. de Riipeforti, miles, suus
in omnibus, salutem in eo qui est omnium vera salus, cum omnimoda
promtiludinc famulandi. Patrimonium crucifixi decol' sunnuopere pra--
îatos ecclesiœ impartiri veris literatis, sapientibus et discretis. Vestra;
palernitafi quam plurimum reverendœ pni'sentibus innotescat quod ego
îiaboo duos nopotes provectos scicntia et moribus, Auriiianis diucius,
in tanto studio liberaii, magnis et arduis sumtibus exercitio studii occu-
patos, qui nullum adhuc beneficium ecclesiasticum fuerunt assecuti,
îicet praerogativam babeant in gymnasio Genabensi inter iegum alios
professores-. Quamobrem paternitati vestra; suplico veneranda? quatinus
eisdem providere dignemini, intuitu karitatis, de aliquo beneficio ecde-
siastico competenti; quo adcpto' proficere Iegum volumina poterunt, et
pro vobis precibus assiduis rogitare creatorem omnium, qui suo san-
guine proprio nos redemit. (Fol. 6 v°.)
La grammaire devait être enseignée aux enfants nobles.
A un écuyer qui avait demandé un exemplaire du Doctrinal
pour ses enfants , un écrivain adresse la lettre suivante :
Viro nobilitate generis prœeminenti, lali armigero, suo intimo et di-
lecto, taUs scriptor, suus in omnibus, salutem et se ad beneplacita prae-
parafum. Cum michi, vir nobilis, alias demandastis per vestrarum sé-
riera litterarum quod ego ad opus et utilitatem vestrorum puerorum
• Au lieu de dccel le manuscrit porte dant.
' Posesores dans le manuscrit.
* Azepto dan» le manuscrit.
AUTEUR DU FORMULAIRE DE TRKGUIER. 33
quodtlam Doctrinale in veraci lilera et pagina caprina exararem, qiio
summopere indigebant ad régulas artis gramalicœ capessendas, noscat
vestra dilectio niihi kara me prœdicliini librum sic cura vigili exarare in
veraci litera et notuia mediocri, ortographias série in omnibus observata,
quod lectures et audilores ob perversam literam nequeant mentaliter
claudicare, iiterali clausula puncluatim in Iota libri série observata.
(Fol. .gv".)
On devait aussi apprendre la grammaire aux filles, à
celles-là surtout qui étaient destinées à la vie religieuse. La
dame de Chàteaudun sollicite l'admission, dans le monastère
de Saint-Remi de Chartres, d'une jeune fille nommée Ca-
therine, qui savait lire et était habituée à chanter les heures :
Literatain et qiue horas canonicas et diurnas est solita cancre in
honorein Dei omnipotentis ejusque malris et civium supenwrnni
(fol. 18).
La plupart des morceaux compris dans le Formulaire de
Tréguier sont de véritables modèles de lettres. Il s'y est
toutefois glissé plusieurs compositions d'un genre tout dif-
férent, et dont le caractère poétique ne saurait être mé-
connu; tel est, au folio 5 v", un chant en l'honneur de
saint Jean , invoqué pour faire cesser une sécheresse :
Cleri universita." ,
Solve laudes débitai
Beato Joanni ,
Ut per eum siccita[s]
Cesset, et umiditas
Adsit bonis anni.
XIV SIECt.K.
Telle est encore, au folio i3 v°, une invitation à
chanter l'amour, adressée parle rossignol à tous les oiseaux:
Universis pennatis avibus, quae susurro tenui diem praeveniunt in
aurora, diem nitidum lucifero retegente et noctis tempora elTugante,
Filoména , filo manans amoris reflui , nocte dieque intenta cantui , pro
salute citharam vocis amoriferae
Telle est surtout une touchante prière, imitée en partie
TOHE XXXI. 5
C Jg IWFKIHEIIC KATIOWAU
\lt MCCLC
34 ANONYME,
d'uiip hymne de l'Église, prière dans laquelle les arbres
supplient le cruel aquilon d'épargner leur feuillage :
Atpjiloni , frairum sanvissimo , puisanti flatu niibila , siibvcrtenti mon-
libus robora, œquora concassanti et orbem trcmoribus borridis, nives
in giandinc induranti, quercus*" (i. m.), prunus {i.p.)el corulus(j. c),
pomu.s(i. a.), pirus(j. p.) ctcerasus (i. c.),osculus [i. mesp.)el sambucus
(i. s.), prinnus {i. /an), cinus(i. spri), bodcgares(i. angrosent) , '^un'iperus
(i.p. c), cornus [i. cormes), alnus (i. guer), iaurus (i. /.), populus (h.) , bo-
leaslcr cclei<x«quc arbores quœ terra radicibus infiguntur, qucrimoninm
lacrimis defluentein :
Saevc vente, Boreas lioridc ,
Cujus flatu defluimt fulia ,
Audi prcces nostras cum lacrimis.
Parce nobis , parce jam foliis ,
Ne nostri ramuscuii foliis
Denudentur, quibus nvicula-,
Quae nituntur pcnnis in acre,
\idificare potcrunt et garirc.
Ne roprinial citai-ani vocis amorifera; Filoména ceteraeque aviculx,
ne flatus lui horridi frigore intolerabili congelalac garitum dulcisonum
deseranl, horrida ieme inurgente. Aliter de te fratnjin sa;vissimo con-
quercmur ad Amorenn, judiceni Latinorum. (Fol. lo v°.)
H faut attribuer à un écart d'imagination une prétendue
letlredes maîtresses de maison d'une localité indéterminée,
(jui recouraient à l'industrie d'un habile pourvoyeurpour.se
procurer d'abondantes provisions en vue du repas annuel,
que, suivant de très vieifles coutumes, elles devaient donner
à leurs maris. Il vaut mieux publier la pièce que la tra-
duire :
Instilori perilissimo foro rerun» venalium. omnibus venundi peritis
praeferenti , matronarum universitas talis loci , pro salute amorem perpe-
tuum, totius dote nuiltitudinis babundantem. Cum dies lunae advenerit
qui dicitur beripastus, quo matrona; egregiae, juxta vicissitudines tem-
porum et statuta ab antiquis temporibus, a quibus jam non stat nie-
moria, attentius observata, tenenlur heris suis largiflue cibis legalibus
providere, pro recompensatione laudabilis servicii per totius anni curri-
culum bis impensi, nec babeamus ferculorum abundantiam quibus refici
Nous imprimons en italiques et entre parenthèses les gloses interlinéaire» que
nous offre le manuscrit, et dont plutienrs sont écrites en breton.
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATION E PRINCIPUM. 35
poterunt nostri heri, vos rogamus, vobis intérim misso nodo, quod in
nostris suniptibus emere non tardctis oves, boves pinguissimos , cefi-
voces(?) grues et ardeas, alciones et pares turturum et pullos lenerosco-
lumbarum, nuces et caseos, poma, pira, castaneas ac etiam avellanas;
insuper nectaris copiam et ambrosia; largitatem ob defectun» pecuniae
emere non tardetis, ut, ventre herorum noslrorum taiibus saginato, super
fémur nostrum attendant potcntissime , nobiscarnaledebitum pro lalibus
tribuentes. Vobis vero, pro servicio hujus modi, janua serrotioris nostri
lalami reseretur. (Fol. ao.)
Le Formulaire de Tréguier est aujourd'hui classé ta la
Bibliothèque nationale sous le n" 4'i6 du fonds latiti des
nouvelles acquisitions. L. D.
XIV siEci.r..
ANONYME,
AUTEUR DU LItiER DE INFORMATIONE PRINCIPVM.
La notice consacrée dans le volume précédent à Gilles de
Rome a montré quel fut le succès de l'ouvrage intitulé De
Reffiinine principwn, et surtout de la traduction française f[ui
est le plus souvent désignée par les mots « Du Gouverne-
« ment des rois et des princes». Cet ouvrage a été parfois
confondu avec un traité qui ne fut guère moins célèbre, et
dont le titre le plus ordinaire est : De inforinalione piincipuin.
Le texte primitif doit être celui que nous a conservé un
manuscrit du xv* siècle, qui, après avoir successivement
appartenu à Melchisédech Thévenot et à Isaac Vossius, se
trouve aujourd'hui à l'université de Leyde (n° 82 de la série
in-4° du fonds de Vossius). Il est intitulé /«c//>i< liber de in-
Jormatione principum et débute par un prologue dont voici
les premières lignes :
aRegnabit rex, et sapiens erit, et faciet judicium et justitiara in
« terra. » In verbo proposito , Dominus per prophefam Christum venturum
5.
xiv' siÈa.K.
36 ANONYME,
prœnuntians , ejusque regale fastigium valde compendiose describens ,
superius exemple reges omnes et principes eleganler informât, ac eorum
quemiibel quaiis esse debeat et qualiter regere populum sibi subjectum
expédiât sub verborum brevitate demonstrat. Quoniam etsi Chrislus,
qui caput est omnium salvandorum, datus est omnibus in totius sancti-
talis et perfectionis exemplum, specialiter lamen in verbo prjpmisso cui-
libet régi vel principi pra;ponitur ut spéculum clarissimum ad intuendum ,
ut exemplar evidentissimum ad imitandum, velut forma pulcherrinia
cui debeat conformari, lanquam norma rectissima cui oporteat adap-
tari. Audiant igitur omnes reges et principes et vigilanter attendant quod
Dominus per propbetam hic tangit quatuor in sublimitatis culmine et
regendae rei publicœ soUicitudine constituto principaliter attendenda.
Tangit namque statum excellentia?, actum prœsidentiae , lumen direc-
tivum et fmem completivum. Primum exprimitur cum dicil « Rex »; se-
cundum tangitur cum ait « Regnabit»; terlium addit cum subjungit « Et
«sapiens erit»; quartuni ostenditur cum concludit «Et faciet judi-
"cium, etc.», Ista quatuor sunt nec(^ssaria, nec unum sine altero sulTî-
ceret.
L'auteur, en prenant pour texte ce que Jérémie (xxiii, 5)
avait prophétisé du rejeton de David : «Roi, il régnera,
« et il sera sage, et il rendra la justice sur la terre, » voulait
rappeler que le Christ était le véritable modèle des rois et
des princes. Cette remarque générale disparut dans un re-
maniement de l'ouvrage qui fut exécuté , soit par l'auteur, «soit
par un copiste, pour flatter le fils de Philippe le Bel, depuis
roi de France sous le nom de Louis X. Suivant la nouvelle
rédaction, les paroles prophétiques de Jérémie s'appliquaient
tout naturellement au prince Louis, en qui se trouvaient
réunies toutes les qualités nécessaires pour faire un excellent
monarque.
Nous connaissons à la Bibliothèque nationale quatre ma-
nuscrits du XV* siècle dans lesquels se trouve la seconde
rédaction du traité de l'Information des princes; savoir :
latin 6698, petit in-4", sur papier, sans rubriques au
commencement et à la fin; latin 6698 A, petit in-4°, sur
papier, sans rubriques au commencement et à la fin ; latin
6780, jadis de Bigot, très petit in-4°, sur parchemin, avec
ce titre : Incipit Liber de informat ione princi/mni; latin 1 662 2 ,
jadis du cardinal de Richelieu, petit in-4'', sur parchemin,
AUTEUR DU LIBER DE IN FORMATION E PRIi\CIPUM. 37
avec ce titre : Incipit Liber de informatione principum. Dans ces
quatre manuscrits le prologue commence par ces mots :
« Regnabit rex, et sapiens erit, et faciet judiciuin et justitiam in terra. »
Jerem. xxiii. Si quis in prirclarissimo juvene excellentissimi principis
ac domini praepotentis Phiiippi, Dei gratia Francorum régis illustrissimi ,
primogenito, domino videlicet Ludovico', diiigenter attendat vivacem
sensum , subtile ingenium , tenacem memoriam , voluntatem ad bonum
promptissimam , praedaritatem indolis et morum omnium venustatem , lu-
culenter potest advertere quam vere de dicto domino Ludovico possit intei-
ligi verbum propositum : « Regnabit rcx , et sapiens erit , etc. ; » et quam
pra'clare et signanter propbeta sanctus, quasi demonstrans eum digito, do
ipso praenuntiet qualis sperandus sit esse futurus , quaiiter in regni regi-
mine sit acturus. Praedicens autem propbeta élégantes conditiones ipsius,
breviter, sufficienter et clare docet omnem regem et principem , descri-
bens eum quantum ad statum excellentiae , actum vel usum pracsidentia,' ,
lumen directivum, Tmem completivum. Primum intelligitur cuni dicit
«Rex»; secundum, eum addit •Regnabit»; tertium, eum subjungit
« Sapiens erit » ; quartum, eum ait* Faciet judicium et justitiam in terra ».
Ista quatuor sunt neeessaria, nec unum sine altero sufficeret.
La composition de l'ouvrage est évidemment antérieure
à l'année 1 3 1 4 , date de l'avènement de Louis X au trône
de France. D'autre part, elle doit se placer après l'année
1297, date de la canonisation de saint Louis. Cela résulte
des termes que l'auteur emploie quand il veut exalter les
vertus de l'aïeul de Philippe le Bel. Au chapitre xxvi de la
première partie, il rappelle la magnificence de saint Louis,
attestée par tant de constructions religieuses, et il met en
regard l'avidité et la futilité des princes modernes, qui
dépouillent les églises plutôt que de les enrichir :
Beatus Ludovieus rex magnifiée studuit exaltare honorem divinuni,
ecclesiam honorare, monasteria, templa, capcHas et hospitalia plura
construere, ac venerandas toti mundo reliquias in capella proprii Pari-
siensis palatii venerabiliter eolloeare. In talibus principes nostri voluerunt
esse magnifiei pro honore Dei et eeclesiae, exaltatione fidei et suarum
salute animarum. Moderni vero principes plus curant ecclesias spoliare
et monasteria quam ditare, gravare quam construere, in vanis, super-
fluis et nocivis suam magnifieenciam ostenfcire volentes.
XIV* SIÈCLE.
' Ce passage est altéré dans le ma-
nuscrit 6698 A, qui porte : domini
prtepotentit Ludovici , Dei gratia Frun-
corun régis illustrissimi , primogenito , do-
mino videlicet ( place d'un rtiot laissé en
blanc ) diiigenter attendat.
Ms. Je
fol. 3o.
Ms.lati
fol. 34.
Vossius ,
niGGai,
\IV SIECt.E.
38 ANONYME.
Un peu plus loin (ch. xxx) il fait un touchant tableau du
zèle de saint Louis à secourir les malheureux, surtout les
pauvres honteux, à visiter les églises et les hôpitaux, à servir
lui-même les malades, à soutenir les écoliers et à marier
les filles dénuées de ressources :
Ms. HuNoAslu", Beatus Ludovicus, qui depauperatis militibus, scutiferis, do-
lol. 36 »". ininabus viduis aliisque pauperibus verecundis mittebat elcniosinas suas
M». Iaiiiii()(>>7. largas et magnas secreto , ut eorum verecundiam tegeret et indigentiam
" ■ " relevaret; circuibat per monasteria religiosorum pauperum et hospitnlia
visitabat, ut eis elcinosinas suas secundum eoruin indigcntias largiretur,
vesliebat nudos, manu sua pascebat famelicos, aptos ad addiscendum
.>>ustentabat in scolis et puellas pauperes mariUibat.
L'auteur de l'ouvrage aurait appartenu à l'ordre des do-
minicains, s'il fallait s'en rapporter aux rubriques initiales
de deux anciens exemplaires de la traduction française.
L'un d'eux, n° 1210 du fonds français de la Bibliothèque
nationale, porte au commencement: « Cy commence le livre
« de rinformacion des roys et des princes, fait et conpilé
« par ung maistre en théologie de l'ordre saint Domi-
« nique; » et à la fin : « Cy fine le quart livre et le derrenier
«de ceste présente euvre, intitulée l'introducion des roys
«et des princes, composée par ung excellent docteur de
■I théologie, de l'ordre saint Dominique. » On lit en tête du
second manuscrit, n"* 9629 du fonds français : «Cy aprez
« commance le livre appelle l'Informacion des roys et des
«princes, lequel composa un docteur en théologie, de
« l'ordre de saint Dominique, pour induire en bonnes meurs
" Loys, ainsné filz du roy Phelippe de Valoys, roy de
" France. » L'origine du premier de ces deux manuscrits,
sur lequel Jean, duc de Berri, a mis deux fois sa signature,
semble devoir inspirer une certaine confiance; mais il faut
bien remarquer que le volume n'a pas été exécuté pour le
Dehsie. Le ca- priuce ; il est sorti de la boutique d'un libraire parisien,
"""ni '"si'"' Regnault du Montet, qui le venait en 1409 au duc de Berri.
Quant au second manuscrit, il n'y a guère lieu d'en tenir
compte : nous y voyons que le traité a été composé « pour
« induire en bonnes meurs Loys, ainsné filz du roy Phe-
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATIONE PRINCIPUM. 39
«lippe (le Valoys, roy de France»; c'est là une grossière
méprise, qui doit nous mettre en garde vis-à-vis de l'auteur
de la rubrique. Nos autres manuscrits gardent le silence
sur la qualité aussi bien que sur le nom de l'écrivain dont
nous nous occupons. C'est donc sous toutes réserves (jue
nous indiquons, d'après les manuscrits i 2 lo et 9629, l'at-
tribution de l'Information des princes à un religieux de
l'ordre de Saint-Dominique.
L'ouvrage est divisé en quatre parties : la première a
j)Our objet l'excellence de la dignité royale et les vertus les
plus nécessaires à un roi; dans la deuxième sont indiquées
d'abord les obligations du roi envers lui-môme et envers sa
femme, ses enfants, ses parents et ses sujets, puis les mœurs
des courtisans et des fonctionnaires royaux, tels que le con-
fesseur, les chapelains, les aumôniers, les chambriers, les
officiers de tout ordre [ministcriales) ^ les conseillers, les
baillis, prévôts et autres justiciers, les chevaliers; dans la
troisième il est surtout question de la sagesse, et dans la
quatrième de l'administration de la justice. Le fond du
livre est tiré en grande partie de l'Ecriture sainte, de l'his-
toire ancienne et des écrits des Pères de l'Église et des mo-
ralistes latins qui étaient les plus répandus au moyen âge.
Il y a peu d'originalité; mais les règles de conduite que
l'auteur a tracées sont fort judicieuses, et les princes qui
les ont fidèlement suivies ont dû faire le bonheur des peu-
ples soumis à leur autorité.
Le traité de l'Information des princes présente des ana-
logies remarquables avec un autre ouvrage du temps de
Philippe le Bel, le Miroir des dames, que nous avons ana-
lysé dans le précédent volume et que nous avons proposé
d'attribuer à un franciscain, nommé Durand de Champagne.
Les onze derniers chapitres de l'Information des princes
sont intitulés :
XX. Quod justitia summe sit necessaria principibus. — XXI. De
justitia débita Deo. — XXII. De jusUtia in semetipsum. — XXIII.
De justitia in patriam, et primo de justitia commutativa. — XXIV.
De justitia vindicativa. — XXV. Quod cavenda est negligentia. —
XI \ SIECLE.
Histoire litt. cl
la France, t. XXX ,
p. 3o3.
XIV SIECI.K.
40 ANONYME.
XXVI. Quotl cavenda est crudeiitas. — XXVII. Quodafrecliisclementiae
non enervat virtutem justitiae. — XXVllI. Quod justitia débet fieri ccle-
riler sine dilatione. — XXIX. De justitia distributiva. — XXX. De jus-
tifia retributiva.
Or ces onze chapitres (fol. loi v^-i 1 1 du manuscrit de
Leyde; fol. iiA v"-i'j6 du manuscrit latin 1665-? de
Paris) sont la reproduction à peu près littérale des cha-
pitres xxii-xxix de la troisième partie du Miroir des dames
(fol. 1 16-126 du manuscrit latin 6784). Toutefois, le cha-
pitre xxviii de l'Information contient un récit dont il n'y a
point trace dans le Miroir et qui est un des morceaux les
plus curieux de l'ouvrage. C'est un exemple des contes qui
circulaient en France, moins de cent ans après la mort de
Philippe Auguste, sur la façon dont ce grand roi rendait la
justice à ses sujets. Nous le citons d'après l'ancienne version
française :
Ms.tranç. igSo, Li^" raconte du roi Phelippe qui, en che\auchant par sa terre, trou\a
loi. l 'iG, 147. le corps d'un homme mort, qui cstoit navré de pluseurs plaies et gesoil
jouste ie chemin. Et comme il rcjjardast partout environ et il ne veisf
nulli , si se prist a penser que c estoit aucun bon homme qui se fust fort
defîendu contre pluseurs autres ses anemis, et que autrement il ne peust
avoir receu tant de plaies. Et comme le dit roy vint a son hostel, si des-
cendi de son cheval, pensif et désirant a trouver qui avoit commis celi
homicide, et sanz atargier ala a lOstel Dieu, aussi comme meu de pitié
et comme s'il vousist visiter les malades par cause de devocion , comment
qu'il pensast autre chose. Et comme il ot veu presque touz les malades,
si en trouva un qui avoit pluseurs plaies, mais il muçoit moult son vi-
sage afin que le roy ne le veist ne cogneust. Mais ie roy le descouvri et
desiia, et li demanda ou il avoit pris ces plaies, et quant, et qui ce ii
avoit fait , et par quelle fortune il estoit ainsi navré. Et tant fist le roy
que le navré li recognust la vérité, c'est assavoir qu'il avoit esté avec plu-
seurs autres a tuer un marcheant , lequel s'estoit si virtueusement deffendu
qu'il en avoit navré jusques a dis avant qu'il le peussent occirre. Adoncle
roy le fist mener au gibet et le fist pendre, et après commanda que
l'en li feist venir touz les surgiens du pays; si enquist de eulz quieux
malades et quans il avoient en leurs cures. Et furent environ les x
trouvez qui avoient esté presens a la mort dudit marcheant, lesquiex
examinez furent trainez et penduz selon leurs démérites , et ordena le roy
que touz telz maufaitteurs fussent gettez et exterminez du pays. i
Il fu un baillif qui desiroit moult a avoir la possession d'un héritage
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATIONE PHINCIPUM. 4 1 ^^^. ^^^^^ ^
d'un sien voisin, lequel voisin ne li voulu onques vendre tant qu'il
vesqui. Apres ce qu'il fu mort et enterré, le dit baillif vint au sépulcre
du dit mort avec douze tesmoins, et abstrait le corps du sépulcre devant
touz ces tesmoins et le mist séant en une chaiere et li disoit : « Martin ,
«me vendras tu telle possession?» Et le corps qui estoit en la chaiere
levé, comme il ne se peust soustenir, enclinoit le chief, et les astans le
tenoient par les costés. Adonc disoit le baillif as astans : « Voiez vous
« comme il encline le chief et demonstre qu'il consent a la vendicion de
« telle possession. » Et après pluseurs interrogatoires, ainsi comme il est
acouslumé a faire en tel cas, et il [sic] mort a chascun enclinast le chief, le
baillif dist aus astans tesmoins : >< \'ous me soies tesmoins de tout ce que
« vous oyez , comme cesti me vent telle possession. » Et sur ce les actes
faites, le corps fu remis ou sépulcre, et le baillif entra en possession et
saisine de la dite possession. Si vint la clameur de la femme du mort au
roy Plielippe devant dit. Et comme le roy pensast bien que aucune
fraude il y pourroil avoir, si fist venir a li les devant dis tesmoins. Si
demanda au baillif pourquoi et par quel tytre il tenoit celle possession ;
et il li respondi que ces douze hommes e.stoient tesmoins comment le
mort li avoit vendue, et il l'avoit achetée par juste pris, et que le mort
en avoit receue la pccune en sa main, si comme les tesmoins l'avoient
veu. Adonc le roy, aiant suspicion de fraude , sanz délai examina les tes-
moins par cesie matière. Il en appella l'un qu'il vit le plus simple, et a
part li dist quil deist sa patenostre, et après le fist mener en un lieu
autre séparé, et delTendi que nul des autres tesmoins ne parlast a li.
Adonc le roy en appella un autre, et li dist qu'il recogneust vérité et que
le premier li avoit dit aussi la vérité comme la patenostre. Et comme ce
tesmoing doubtast a estre repris de menronge, cuidant que le premier
eust raporté toute la vérité du fait , si recognut devant le roy tout le fait
et la manere devant dite, et ainsi furent touz les autres appelles l'un
après l'autre. Adonc le roy se mist en siège de juge, en consistoire,
devant touz les barons, et fist aus dis tesmoins recognoistre tout ce qu'il
li avoient dit en secret. Si condampna le dit baillif a mourir, et délivra
la possession a la povre veuve.
Par ce appert comme soutilment il enqueroit et comme sanz délai
poursivok et expedioit ses jugemens et tenoit rigeur de justice la ou il
appartenoit.
Charles V possédait clans sa bibliothèque au moins un
exemplaire du texte latin de l'ouvrage que nous faisons
connaître; les inventaires le désignent par les mots : « De Deiisit;, ic Ca
« inforinationc princi/mni , en latin.» Toutes les personnes
auxquelles s'adressait un tel livre n'étaient pas familières
avec la langue latine. Aussi Charles V donna-t-il des ordres
TOME XIXI. 6
liiiiet lies inss.,
t. III. |>. ilo,
n" 5 ! ! .
i-ei.;l>ie ^triot^il.
IIV* SIÈCLI.
iX'iisle, le Ca-
binet Hf^ DISS. ,
I. in. p. l^„,
n" S?.'?.
^2
ANONYME,
pour qu'une traduction française en fût rédigée ])ar frère
Jean (lolein, de l'ordre des Carmes. Il en est fait mention
sur l'inventaire de la librairie du Louvre : « De inforniationc
Mi principiim , en françois, translaté par maistre Jehan Gou-
«lain.» La Bibliothèque nationale a recueilli (fonds fran-
çais, n" iqSo) un exemplaire de cette traduction, qui fut
copié en 1879 pour Charles V lui-même, comme l'atteste
la souscription mise à la fin du volume par un des plus fa-
meux copistes du xiv" siècle :
Henri du Trevou a escript ce livre de Tlnformacion des roys et des
princes, et l'acheva a escrire le juesdi xxii' jour de septembre l'an
mil ccc Lxxix, pour le roy de France Charles, son très chier et redoubté
seigneur.
Sur la première page du volume, dont une reproduction
héliographique fait partie de l'Album paléographique de la
Société de l'Ecole des chartes (planche 4i), une miniature,
encadrée d'une bordure tricolore, nous offre un excellent
portrait de Charles V. Au-dessous, une rubrique nous ap-
prend comment la traduction a été faite, conformément aux
ordres du roi, par le carme frère Jean Golein : «Ci com-
« mence le livre de l'Informacion des princes, translaté de
« latin en françois, du commendement du roy de France
Il Charles le quint, par son clergonnet frère Jehan Golein,
<i de l'ordre de Nostre Dame du Carme , maistre en theo-
« logie indigne. » Le traducteur avait sous les yeux la seconde
rédaction latine, celle que nous offrent les manuscrits latins
6698, 6698 A, 6780 et 16622. La lecture des premières
f)hrases du prologue, qu'on pourra comparer avec le texte
atin cité un peu plus haut, donnera une idée des libertés
que s'est permises Jean Golein :
Regnabit rex , et sapiens erit , et faciet judicium et jastitiam in terra
(Jeremiae xxni). Le glorieus prophète Jeremie, qui fist le livre des la-
mentacions et pleurs sur la destruction du royaume des Juifs, en de-
monstrant la cause d'icelle ruine pour le fol et mauvais gouvernement
des roys qui lors regnoient , veullant autressi conseillier ceulz qui seur-
vivroient par la bonne ordenance d'un roy qu'i[l] savoit par la revelacion
qui devoit avenir, en donnant la cognoissance d'iceli roy, et a quoy l'en
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATIONE PRINCIPUM. 43
le pourroit clerement cognoistre et aviser, dist ces paroles devant mises :
Regnabit rex, etc. « Le roy régnera, et sera sage, et fera jugement et jus-
« tice en terre. » Et pour ce, en considérant diligeaument le vif sens et
soutil engin et mémoire retentive et la volonté très appareilliee et ordenee
a tout bien et la vertueuse jeunesce, de touz bons meurs aomee et en-
noblie, qui estoit ou 1res excellent jeune prince et très puissant jeune
seigneur monseigneur Loys, ainsné de Phelippe, par la grâce de Dieu
roy des François très puissant, puet on, pour consoler le peuple de
France de miex en miex , dire que ces paroles puent estre de li exposées
en prophetant de li et disant : Regnabit rex, etc. Esquelles paroles du
saint prophète , aussi comme se il le veist au doit et a l'ueil , est nostre
dit jeune seigneur clerement designé; et quelle espérance l'en puet avoir
de li pour le temps avenir, et comme le royaume pourra par li estre
bien gouverné , ce puet apparoir par les condicions qui sont en ce devant
dit theumc touchiees, et a li et a chascun bon roy et prince appliquiees.
Car le dit prophète le descript et demonstre, et tout autre bon roy et
prince , avoir prérogative quant a Testât d'excellence , quant au fait et
usage de présidence, quant a la sapience que on doit de Dieu requérir
humblement, quant a la fin qui est a l'onneur de Dieu principaument.
[^'excellence de lestai est ou roy désignée : Rex. La présidence royal sera
en régnant declairee : Regnabit. La sapience en regimen , puisque elle est
de Dieu inspirée : Sapiens erit. La sentence en jugement sera clere et de
touz approuvée : Faciet judicium etjasticiam in terra. Ces quatre condi-
cions sont neccessaires en chascun bon prince, et ne soufTist mie fune
sanz l'autre.
Le succès de la traduction de Jean Golein est attesté par
le nombre des copies qui nous en sont parvenues. La Bi-
bliothèque nationale n'en possède pas moins de neuf, sans
compter l'exemplaire original exécuté pour Charles V :
Français 126. Grand in-fol., sur parchemin, à deux
colonnes. Exemplaire copié et peint au xv*siècle pour l'éche-
vinage de Rouen. • Ce livre fut extrait et translaté du livre
« du Régime des princes, fait par messire Gilles de Romme,
« arcevesque de Bourges, adreçant a monseigneur Louys filz
« ainsné de Phelippe le Bel. Cy commence le prologue de
« rinformacion des princes : Regnabit rex » L'auteur de
cette rubrique initiale a confondu le traité de l'Information
des princes avec l'ouvrage de Gilles de Rome sur le même
sujet.
Français 679. In-fol., sur parchemin , à deux colonnes.
6.
XIV' SlàCLE.
\iv' siici.E.
44 \NONYME,
(lopie du XV* siècle, ayant appartenu à Jacques d'Armagnac,
duc de Nemours. « Cv commence le livre du Régime des
«princes, translaté de latin en François, par mess ire Gilles
'< (le Hommes, archevesque de Bourges, en la faveur et con-
« tempiacion de très excelentprince monseigneur Loys, fdz
« ainsné de Phelippe le Bel, roy de France, lequel livre en
>i soy est divisé en quatre parties Cy commence le
" prologue du livre de l'Informacion des princes : Rccjnabit
K vcx » Il y a encore ici la confusion que nous avons
signalée à propos du manuscrit i 26.
Français 58 1. In-fol., sur parchemin, à deux colonnes.
Dans cette copie, qui est du commencement du xv'' siècle,
le nom de Louis, fils de Philippe le Bel, a disparu du pro-
logue, pour être remplacé par celui de «monseigneur
«Charles, ainsné de Jehan, par la grâce de Dieu roy <les
« François très puissant. »
Français 1 jog. Iii-fol., sur ])apier. Ecriture du xv' siècle.
« Cy commence le livre de l'InJormacion des princes, trans-
« laté de latin en françoys, du commandement du roy de
«France Charles le quint, par frère Jehan Golein, [de
« l'ordre de] iNoslre Dame du Carme, maistre en théologie. . .
« Explicit l'Informacion des princes. »
Français 1210. In-fol., sur parchemin, à deux colonnes.
Exemplaire du commencement du xv" siècle, qui a appar-
tenu à Jean, duc de Berri, et dont les rubriques ont été
citées un peu plus haut.
Français 1211. In-Zj", sur parchemin, à deux colonnes.
Belle copie de la hn du xiv" siècle, dépourvue de toute ru-
brique au commencement et à la fin.
Français 1 2 i3. In-fol., sur parchemin, à deux colonnes.
Belle copie de la fin du xiv" siècle ou du commencement
du xv"; elle paraît avoir été exécutée pour Louis, duc
d'Orléans, et a été possédée par Charles, duc d'Orléans,
qui a mis sa signature à la fin. Il n'y a de titre ni au com-
mencement ni à la fin.
Français 9629. In-fol., sur parchemin, à deux colonnes.
Copie du XV* sièclç, dont la rubrique initiale a été citée un
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATIONE PRINCIPUM. /i5
peu plus haut. Cet exemplaire est depuis longtemps fort in-
complet.
Français i-îsS^. In-fol., sur parchemin, à deux colonnes.
Copie (le l'année i 439, intitulée : « Ci commence le livre du
« Gouvernement des princes. » Ce bel exemplaire a été
exécuté pour le prince qui devint duc de Bretagne en
i4/l2 sous le nom de François l" : Explicit per inaniim Jo-
liannis Mercatons, illnstns principis donuni coinitis de Monte
Forli, (hicis lintanm piinuuiciuli , secrctani, die seciinda viensis
famiaru, anno Doiniiu mdlesiino (^uadruujenlesimo tricesirno
octavo.
Vers la fin du xv" siècle, un écrivain, dont nous ne con-
naissons pas le nom, mit de nouveau en français le livre de
rinformation des princes. 11 travailla sur le premier texte
latin, tel cpie nous l'avons dans le manuscrit de l'université
de Leyde. On en peut juger par les premières lignes du
|)rologue :
Le livre qui enseigne comment les roys se doivent gouverner.
Regnabil re.t, cl sapiens crit, cl faciet jadiciuin et jasticiani in terra.
« Le roy régnera et sera sage, et fera justice et jugement en terre. » En
ces paroles proposées, Dieu nostre créateur, parle prophète prédisant
l'advenement de Jesu Ciist, et descripvant moult compendieusement la
haultesse de sa royale magesté, en l'exemple dessus dit, informe touz
roys et princes, et leur demonstre en paroles brefves quelz ilz doivent
çstre, et comment ilz doivent gouverner le peuple a eulx subget. Car,
combien que nostre Sauveur Jesu Crist de tous les saulvez soit le chief
et exemple a tous de toute saincteté et perfection , si est il par grant espe-
ciaulté proposé au devant de tous princes et roys comme ung mirouer
très cler a regarder, pour estre ensuivy comme exemple très évident,
comme une belle forme a laquelle ilz se doivent conformer, et comme
une très droicte règle selon laquelle ilz se doyvent gouverner. Oyent
donques et entendent songneusement tous roys et princes que Dieu,
nostre créateur, par le prophète, es parolles dessus dictes, touche quatre
choses qui doivent estre ou prince qui a le gouvernement de la chose
publique, c'est assavoir Testât de l'excellence du prince, le fait de sa
présidence, le chemin qu'il doit tenir et la fin complective. Il touche
le premier point quant il dit « Le roy »; il touche le second, quant il dit
« Régnera » ; il touche le tiers , quant il dit « Et sera sage " , et monstre le
quart point, quant il conclut et dit « Et fera just[ic]e et jugement ». Ces
quatre choses sont nécessaires, ne l'une sans l'autre ne suffîst.
XIV SIECI.K.
XIV* SIÈCLE.
46 ANONYME.
Le traducteur suivait un manuscrit tout à fait semblable
à celui qu'a possédé Isaac Vossius. Il a compris dans son
travail un petit appendice que précède cette rubrique : « Le
« XXXI* chappitre est adjousté ad ce livre, et traicte des choses
«qui appartiennent a tout bon prince, lesquelles ont esté
« escriptes par Gyprien, ou livre des xii abusions du siècle. »
Cet appendice , qui ne fait point corps avec l'ouvrage, et qui
n'existe point dans les manuscrits de la seconde rédaction,
se trouve dans le manuscrit de Vossius, précédé de la ru-
brique : Quœ pertineant ad bonuni principcm ostendit Cyprianus ,
in libro de duodeciin abusionibus scculi, hiis verbis.
La nouvelle traduction fut offerte au roi de France,
Charles VIII, selon toute apparence.
L'exemplaire de présentation, orné d'un très riche fron-
tispice , forme à la Bibliothèque nationale le n° 1212 du
fonds français.
Cette traduction ne fit pas tomber dans l'oubli l'œuvre
de Jean Golein, qui eut les honneurs de l'impression au
commencement du règne de François I". C'est elle que
nous avons dans le volume intitulé : « Le Mirouer exem-
« plaire et très fructueuse instruction selon la compillation
M de Gilles de Romme, très excellent docteur, du régime et
« gouvernement des roys, princes et grandz seigneurs, qui
« sont chef colomne et vraiz pilliers de la chose publicque et
M de toutes monarchies, ensemble des presidens, conseilliers,
«seneschaulx, baillifz, juges, prevostz et autres officiers
«qui, pour leurs grandes expériences et littératures, sont
« commis par les dictz roys et princes pour administrer
«justice. Et avec ce est comprinsle Secret d'Aristote appelle
« le Secret des secretz, envoyé au roy Alexandre. Et le nom
« des roys de France, et combien de temps ilz ont régné
« — Cy linistle Mirouer exemplaire du régime et gouverne-
« ment des princes, selon la compillacion faicte par Gilles
«de Romme, très excellent docteur, imprimé a Paris pour
«Guillaume Eustace, libraire du roy nostre sire, demou-
« rant en la rue neufve Nostre Dame, a l'enseigne de l'Agnus
« Dei, et fut achevé de imprimer le dernier jour de juillet,
AUTEUR DU LIBER DE INFORMATIONE PRINCIPVM. 47 ,„.„kc^^.
«l'an mil cinq cens et dix sept.» (In-4° de i4i feuillets,
plus 8 feuillets préliminaires.)
L'imprimeur a omis dans la préface tout ce qui avait
trait à la personne du prince Louis, fils de Philippe le Bel.
L. D.
ANONYMES,
AUTEURS DE DIVERS RECUEILS D'EXEMPLES.
I
Un recueil d'exemples, copié, au xiv* siècle, sur les fo-
lios 77-111 d'un volume en parchemin qui, du couvent des
Célestins d'Amiens, est arrivé à la bibliothèque d'Arras
(ms. n" 1019, jadis n" 426), est ainsi désigné par les ru-
briques du commencement et de la fin : Ad honorent Dei et
beatœ Virginis et saluteni pariter animamni, incipiunt Familiaria
exempla, cjuœ discretus et bonus relator référât locis et tempo-
ribus Expleta sunt exempla ad honorent Deiet beatœ Mariœ,
Virginis gloriosœ, et ad utilitaleni omnium Jidelium. Il com-
mence, sans aucun préambule, par une anecdote dont les
premiers mots sont : Audivi (fuemdam cardinalem dicentem auod
quidam erant in maris periculo constituti Ce qui en fait le
principal mérite, c'est qu'il est facile d'en déterminer la
date et le lieu d'origine.
L'auteur appartenait à l'ordre des frères de la Pénitence'
* Les textes relatifs au couvent des marque les noms du prieur et de trois
frère» de la Pénitence de Marseille sont religieux , qu'il importe d'insérer ici ,
assez rares. Le plus important nous a été parce que l'un de ces frères pourrait
communiqué par M. Louis Blancard, bien être l'auteur du recueil dont nous
d'après une pièce originale des Archives nous occupons : frater Guido de So-
des Bouches-du-Rhône (charte 191 du Unis, prior domus fratrum Pœnitentiœ
fondJT de la Major). C'est un accord con- Jesa Ckrirti in civitate Matsiliœ , frater
clu, le 17 juillet ia6o, entre le prévôt Hugo Richardus et frater Barlholonueus .
du chapitre de Marseille et le couvent el frater Bertrandus de Auriaco, ejusdem
des frères de la Pénitence. On v re- ordinis.
XIV* SIÈCLE.
fi8 ANONYMES,
duClirlsl,qui, à l'instigation d'Iiniocent IV, fui établi à Mar-
seille en 1 vf) 1 . Cela résulte de trois passages. Le premier est
Fol. 87 ï". l'histoire d'un «frère de notre ordre» (^quidam fraler noslii
ordinis), qui, étant en oraison, fui lrans])orté dans une ca-
thédrale où il lui fui donné de voir la gravité des faules ré-
sultanl de la négligence des clercs à psalmodier décemménl
IV.1. «I v" les offices. Le second a Irait à une distribulion miraculeuse
de pains que la sainte Vierge fit, à une fête de l'Assomption,
dans la maison des frères de la Pénitence du Christ à Mar-
seille; l'auteur dit en avoir été le témoin oculaire : Accidit
Massiliœ, in doino fratrum Pœnitcntiœ Jhcsu Christi, sicut vi-
Foi. 07 v". dimus et testainur Dans le troisième nous voyons mis
en scène les frères de la Pénitence du Christ du couvent de
Brignoles, qui sont désignés par les mots : fraircs nostros de
Pœnitcntia Jesu Christi de Ihiiwnia.
L'ordre des frères de la Pénitence, ou des Sachets, n'a eu
qu'une existence éphémère. Institué en 1261, il a été
supprimé en 1274 par une décision du concile de Lyon;
mais il n'a pas dû s'éteindre avant la fin du xiii" siècle,
Rcc. dcMr.iv, puisqu'il avait encore en 1288 et 1289 des maisons dans
édition Langiois, Jes viUcs dc Montpellier, de Poitiers et de Brignoles. La
n°' av's^.' Kj)" éî composition du recueil dont nous nous occupons peut donc
'"■''9 être fixée à la fin du xiii" siècle, et l'auteur à qui nous la
devons pouvait bien encore vivre au commencement du
.siècle suivant.
Il n'est pas plus difficile de déterminer la région à laquelle
il appartenait. Beaucoup des historiettes dont le recueil se
compose ont pour théâtre dilférenles localités de la Pro-
vence ou des pays avoisinants.
Un simple relevé alphabétique ne laisse à cet égard au-
cune espèce de doute.
Fol. f).^ »". Abbaye de Bonnevaux, au diocèse de Vienne. — L'abbé
Hugues, mort, en odeur de sainteté, le 1" avril 11 83,
invité à un festin par des chevaliers de sa famille, ne voulut
Ï)as y prendre part avant d'avoir reçu l'assurance que toutes
es provisions avaient été loyalement achetées. Mais quand, J
par surcroît de précaution, il eut prononcé ces paroles : « Si m
AUTEURS DE RECUEILS DEXEMI'LES. 49
\IV SIECI.S.
« len y a rie tort, diables lo port, » le diable enleva tout à
coup la table elles plats dont elle était couverte.
Ville de Brignoles (Var). — Un habitant de cette ville se
croit, dans un rêve, pourchassé par le diable : Audivi
xjuemdain hoininein in villa tiriiwiuœ — Les religieux
de l'abbaye de la Celle, au diocèse d'Aix, se plaignaient de
voir passer le produit du temporel de l'église paroissiale
chez les frères de la Pénitence du Christ, établis à Brignoles.
Ceux-ci répondaient qu'ils se préoccupaient avant tout des
besoins spirituels des paroissiens et qu'ils avaient unique-
ment en vue le salut des âmes. Sur ce terrain, les moines
ne s'inquiétaient pas de rencontrer des rivaux; l'un d'eux
tint ce propos : « Che deables aven nos a far de aniiiKibas
* ipsorum , dummodo pussiinms liabere temporalia ? »
Château de Dragnignan. — Comme exemple de charmes
superstitieux, on cite les paroles que, dans une épidémie de
Draguignan, une femme prétendait avoir la vertu de pré-
server de la mort. Nous reproduisons textuellement l'anec-
dote dans laquelle la mystérieuse formule est rapportée en
provençal :
Audivi quod in Castro Draguiniani multi nioriebantur, el dixit qua^daiii Fol. 91.
mulier vicinœ suae ciijus niaritus graviter inlinuabatur : « Bona com-
« mater, docebo vos quomodo nuiius in domo \estra morietur. » At illa
ait : «Die, domina, micbi. » Et tune dixit : « Quando videbitis sacer-
« dotem ad domum vestram venientem pro vire vestro communicando , • •
« dieetis ei sic : Dam preiie, clauses la boca e lias lo pe, de sains non traires
« mai ren. » Et contra taies divinationes seriptum est (Levit. xxvii) :
« Vir sive mulier in quibus pithonicus vel divinationis spiritus fuerit,
• morte moriatur. »
Forcalquier. — Deux Lombards très riches, poussés par la Foi. 10&
curiosité, vinrent à la cour du comte de Forcalquier pour en
voir les merveilles. Le comte, informé de leur désir, leur
fit'un bon accueil; puis il ordonna de les mettre à la broche,
parce qu'il voulait avoir sur sa table toute espèce de viandes
rôties. Les Lombards ne s'attendaient sans doute pas à
une aussi étrange merveille, et, pour avoir la permission
de se retirer, ils promirent de donner une grosse somme
d'arerent.
TOME \X\l, J
%\\' Sllci.E.
50
ANONYMES.
Fol. 108.
Salimbene ,
Chron., p. ni.
Château d'Hyères. — L'auteur y avait vu une dame qui
balayait sa maison d'une manière assez étrange : Vidi quam-
dam dominam in Castro Arearum, (juœ pur(jabat domuin incipiens
ah hostio domus Il est à remarquer que le château
d'Hyères avait été le berceau de l'ordre des Sachets; sur ce
point, le témoignage de frère Salimbene est formel : castrum
Hi»«. liu, de la Arearum, ubi Saccati sumpserant initium. La Vie de sainte
p. 5"*^. Douceline, analysée dans un de nos précédents volumes,
nous fait assister à l'origine de ces congrégations qui eurent
surtout des adhérents dans nos provinces méridionales.
Ville de Marseille. — Outre la distribution miraculeuse
des pains aux religieux de la Pénitence de Marseille, dont
il a été question un peu plus haut, le conteur parle des
mauvais traitements qu'un Marseillais faisait endurer à sa
femme.
Ville de Montpellier. — Deux bourgeois de Montpellier
sont mis en scène : le premier, après s'être ruiné, ne fut
point secouru par sa femme; le second s'opposa à la voca-
tion religieuse de son fils. — Dans un autre chapitre figure
une dame de Montpellier, qui se fit enterrer à Maguelone.
— C'est à Montpellier que notre auteur place le petit drame
du savetier et du financier. Le récit en est assez bien conduit
et mérite d'être rapporté textuellement :
FoL 93. Dicitur quod apud Montera Pesullanum fuit cerdo quidam pauper-
rimiu, nomine Robinus, qui morabatur sub scaiis cujusdam ditissimi
viri et avarissimi. Iste vero pauper habebat viellam, et, cum labore fati-
gatus esset , eam tangebat et cantabat aiacriter cantilenas ; et cum de suo
lucro habebat v denarios vel ti , emebat cames , faciebat salsas et sic
tempus suum aiacriter deducebat. Dives vero avarus nunquam bonam
diem habuit, sed semper cogitabat de peccunia. Cui semel ait mulier
uxor sua : «Domine, videte; iste Robinus nichil possidet, et melius
« tempus habet quam vos. Gaudet enim et leetatur; cantat et jocundatur. »
Cui vir : • Domina , ego bene ei «ufiferun hanc lœticiara ; s[c]i«tis. • Do-
mina dixit : « Non possetis nisi ei faoeretis aliquod iaipedimentura. • —
«Imo, eum non Ixdam, et bene auQeram iaeticiam. » Et semel per
quoddam foramen saculum plénum denariorum projecit in domum
ejus. Robinus vero man& surgens peccuniam invenit et optime guber-
navit, et tota die quid de peccunia faceret cogitavit, et non cantavit sicut
heri et nudiustercius. Hoc vero fecit multis diebus. Dixit ergo miles
Fol. 108.
Foi. io5 V*.
Fol. 106.
Fol. 107 t'.
J
AUTEURS DE RECUEILS D'EXEMPLES. 51
XIV SIECLE.
domina; : « Videtis quod Robinus non cantat. » — « Per Deum, dixit
« domina, non cantavit diu est. » Dixit miles : « Ego reddam ei cantum. »
Et descendit, et petiit peccuniam. Qui non fuit ausus negare. Deinde,
cum fatigatus esset, vieHabat et cantabat, ut solebat. Et ait miles do-
minée : « Ecce Robinus cantat. » — « Per Deum , dixit domina , verum
• est. Quid posset esse .•' » — Dixit miles : « Ego dicam vobis. » Et narravit
ei rem gestam. Unde bene dicitur (Job), de divite : « Sonitus terroris Job, w, 2
• semper in auribus ejus; cum sit pax, semper insidias suspicatur. »
Ville d'Orange, — Histoire d'un habitant de cette ville, ^''' '"< »
nommé Raimond, dont la charité était inépuisable et qui,
pour ce motif, était en butte aux reproches de sa femme.
Abbaye de Saint-Gilles. — Les sources de richesse se ta- f»'- lo-.
rirent pour ce monastère sous l'administration d'un abbé
avare, qui voulait y supprimer à peu près complètement
l'hospitalité et les aumônes. Un vieux moine expliquait l'ap-
pauvrissement de la maison en disant que l'expulsion du
frère Date avait entraîné la retraite immédiate du frère
DabitarK
Château de Tarascon. — Une jeune fille de Tarascon, Foi. 104.
très fière de ses beaux cheveux, devint chauve dans l'espace
d'une nuit.
Ville de Toulon. — Punition d'un jeune homme qui. Foi. «oo.
pendant un voyage en Sardaigne, se moquait de son père,
citoyen de Toulon. — Fin tragique d'un chanoine de
Toulon , nommé Bertrandiis Ageraciis , qui passait le dimanche Foi. 97 v*.
à jouer aux échecs dans son château d'OUioules.
Sans crainte de nous tromper, nous pouvons donc affirmer
que le recueil d'exemples qui remplit les trente-cinq derniers
feuillets du manuscrit 1019 d'Arras a été composé en Pro-
vence, dans la seconde moitié du xiii* siècle, par un reli-
gieux de l'ordre de la Pénitence du Christ.
La principale source à laquelle l'auteur a puisé est
l'histoire ecclésiastique dans l'acception la plus large du
' Pour l'histoire de» frères Date et scrit harléien 3a44 (Th. Wright, Latin
Dabitur, comparez le récit d'Etienne de stories, p. iia). Voyez aussi le manu-
Bourbon (édit Lecoy de la Marche, scrit latin 16971 delà Bibliothèque na-
p. i3i) et celui qui est dans le manu- tionale, au folio 5i. nij ., 'iflflITl '^ .
XIT* MÈ4XR.
52 ANONYMKS,
mot: Ancien Testament, Vies des Saints, Vies des Pèreset
Miracles de Notre-Dame.
A cette dernière catégorie de récils appartient une lé-
gende relative aux origines du monastère de la Cliarité-sur-
'■'"•• 8«- Loire. La maison avait été fondée par trois frères, dont l'un
dit un jour : « Allons dans un endroit où nous puissions re-
«cevoir les pauvres et les pèlerins, et faisons-les jouir de
« nos biens. » Le second frère ajouta : « Ce n'est pas seule-
« ment nos biens, mais encore nos personnes qu'il faut con-
« sacrer au service des pauvres. » Le troisième ne s'en tint
pas là : « 11 ne suffit pas, dit-il, d'offrir au Christ nos biens
«et nos personnes; il faut priver nos corps du nécessaire,
« pour en faire profiter les pauvres. » De là le nom de Cha-
rité, imposé au monastère qu'ils fondèrent sur le bord de
la Loire. Telle fut la générosité des moines qu'ils ne tar-
dèrent pas à être plongés dans une véritable détresse; mais
la sainte Vierge vint à leur secours; elle apparut dans l'église
et y laissa une quantité d'or suffisante pour amortir les
dettes sous le poids desquelles l'abbaye était menacée de
succomber. Ce récit des origines du monastère de la Cha-
Roiioiiii-.si.isi. rite est assez différent de celui qu'on trouve dans un
'p^^,|^"._\o, c' manuscrit des Fleurs des Chroniques de Bernard Gui,
"'■■•,:;•"* ""' récit que l'abbé Lebeuf voulait attribuer à Richard de
I. XXMI.pavl, 11. ^„ . 1 • , , 1 I- , 1
i>. 100. (iluni et qui a ete publie comme anonyme par dom
Brial.
F«i. M ^^ (jn autre miracle de Notre-Dame a pour objet la guérison
d'un chevalier de la Pouille, que l'empereur Frédéric II
avait injustement condamné à perdre la vue : Occasione
autemj'aha ah imperatore Frederico capitur et imbacinatur
Le mot imhacinare est évidemment synonyme du mot aba-
cinarc, qui est longuement expliqué dans le Glossaire de
Du Cange.
loi. toi. Un exemple d'humilité est tiré de la vie de saint Guil-
laume, qui, après avoir conquis le pays d'Orange, celui de
Nîmes et beaucoup d'autres terres, vécut en simple moine
dans l'abbaye dont il fut depuis choisi comme patron. —
De même, un autre baron, non moins puissant, Guillaume
AUTEURS DE RECUEILS D'EXEMPLES. 53 .^.^.i^,.
le Grand, comte de Poitou', mort à Maillezais en io3o, se
plaisait à accomplir les corvées les plus répugnantes dans le " ' '"^
monastère où il s'était retiré.
Nous ne nous arrêterons pas à de nombreux emprunts
faits aux bestiaires et à divers recueils de fables et de contes.
Mentionnons cependant une assez curieuse version de la
vengeance que la femme d'Alexandre aurait tirée du philo-
sophe Arislote :
I^egitur quod Alexander, quidam imperator, nimis uxorem suam diti- Fol. loov'.
gebat, et cum ea frequentius esse volebat quain reipubiicae expediret, et
reprehensus est ab Aristoteie , magistro suo. Quod audiens uxor impera-
loris valdefuit mœsta, quia virum suum quasi erteminatum esse dicebat,
et cogitavit ista nmlier quoinodo posset decipere Aristotelem , et fmxit
sediiigere eum, adeo quod captus amore ejus fuit, et de adulterio inter-
pellavit eandom. Cui assensit mulieristo peccato, si per viridarium suum
veliet portare eandem, ita quod iste Aristoteles reperet super terram
pedibus et manibus, et ipsa imperatrix sederet super eum. Qui, iliectus
ejus amore, placitis^acquievit. Quo facto, dicta imperatrix abscondi fecit
in viridario cum multis militibus virum suum, et venit usque ad eos sic
super Aristotelem sedcndo. Quod admirans imperator, arguit eum
dicens : « De cetero non reprehendas me quia nimis diligam uxorem
• meam, qviia sic te sapientem illusit. » Et Aristoteles respondit : « Si ergo
• me sapientem decepit, multo fortius tu debes ejus calliditates timere, »
et ideo bene scriptum est , Ecclesiastici ix : > Ne des mulieri potestatem i:cclcsia&ticu« ,
■ animae tuac, ne ingrediatur in virtute tua et confundaris. » '<• '•
Dans beaucoup d'historiettes, l'auteur fait jouer un rôle
à différents personnages du xii* et du xiii* siècle, qu'il désigne
quelquefois parleur nom, et plus souvent par leur titre ou
par leur patrie. Nous en avons indiqué un certain nombre
pour prouver qu'il écrivait au milieu des populations de la
Provence. Nous devons encore en signaler plusieurs autres
dont le théâtre est placé dans d'autres régions de la France
Tels sont des détails sur la conversion de Folquet de foi- 99
Marseille, qui devint évêque de Toulouse, après avoir fait
profession dans l'ordre de Cîteaux. — Telle est encore
Le manuscrit porte de tfuodam comité Piraviense, ce qui doit être une corruption
du mot Pictavieiue.
' Placii'a dans le manuscrit.
^ . 54 ANONYMES,
l'histoire d'Artaud de Nogent, que le récit du sire de Join-
ville a rendue célèbre et qui se retrouve avec de notables
variantes dans le manuscrit d'Arras :
Kol. loi. Audivi quod quidam comes Gampaniae erat valde largus, et omnibus
petentibus quicquid poterat tribuebat. Accidit ut duo paupcres milites
ad eum venirent, postulantes bénéficia. Audiens hoc ejus bajulus coepit
eum excusare : « Dominus meus est multum pauper, quia iecit multas
> expensas , et non modo [ habet] quid det vobis. > Quo audito , dixit comes :
« Rustice , tu mihi dicis injurias, quia dicis me [pauperem] esse , et non ha-
« berequid dem militibus; ymo habeo te, quia tu es meus villanus. » Et
dixit militibus : « Ego do vobis istum rusticum , et exigatis ab eo quic-
• quid poteritis extorquere. » Et ita factum est. Unde fuerunt isti pauperes
milites a sua inopia liberati , quia iste rusticus pluribus divitii.s abundabat.
Propter quod dicit Dominus : « Gbi Dominus ' largus , ibi dispensator non
« débet esse avarus. »
Fo». 8iï"et85. Paris ne figure que dans un chapitre. Il y est question
d'un maître, très fier de sa science, qui se vantait de com-
prendre les épîtres de saint Paul mieux que saint Paul lui-
même. Une telle présomption fut immédiatement punie.
Le malheureux oublia subitement tout ce qu'il savait. On
le plaça dans le monastère de Sainte-Geneviève, et c'est à
peine si une fille réussit à lui apprendre les sept psaumes
pénitentiaux : Et tandem positus est in monasterio Sanctœ
Genovefœ, et data fuit ei puella (fuee vix potuit eum docere
septem psalmos.
La légende normande qui s'était greffée sur le nom d'une
localité appelée le Saut-Gautier est racontée pour prouver
le peu de confiance qu'il faut attacher aux protestations des
Fol. 99. femmes. Ce nom, disait-on en Normandie, rappelait le sou-
venir d'un certain Gautier, qui s'était tué en sautant dans
la mer du haut d'un rocher, sans être imité par unç maî-
tresse qui, à l'entendre, voulait mourir plutôt que d'être
séparée dé son amant*.
Nous devons à ce propos déterminer l'emplacement d'une
' Le manuscrit porte Deut. de )a Marche, p. do8) et celui du ma-
' Coœparei le récit de Jacques de nuscrit harléien n* 463 au Musée bri-
Vilri (ms. latin i-jboa, fol. i33 v'), tannique (Th. Wright, Latin ttoriet,
celui d'Etiennede Bourbon (édit. Lecoy p. ij).
AUTEURS DE RECUEILS D'EXEMPLES. 55
localité dont le nom revient souvent dans les recueils de
contes du xiii* siècle. On a appelé et on appelle encore le
Saut-Gautier une plate-forme qui domine les rochers les
plus sauvages et les plus escarpés du Mont-Saint-Michel.
Mais, dès le xiii* siècle, nous voyons ce nom porté par
une falaise située au nord-est de Fécamp. Hue Arche-
vesque, au commencement du Dit « De la mort Larguece » ,
raconte que, dans un voyage à Fécamp, il voulut faire un
pèlerinage à « Bauduin es Bours » et qu'après y avoir en-
tendu la messe il alla se promener sur la falaise du côté du
Saut-Gautier :
Alai a Bauduin es Bours
XIT* SIÈCLE.
Le Héricber,
Avranchin , 11
3ii.
Sus la faloise pris ma voie ,
Vers le Saut Wautier tant musai
Que grant pose du jour usai.
« Bauduin es Bours » désigne certainement le prieuré de
Notre-Dame du Bourg-Baudoin, situé près d'un ancien fort,
sur le territoire de Saint-Nicolas de Fécamp. Il semble donc
qu'au xiii' siècle la tradition populaire de la haute Nor- oupiessis.Des-
mandie plaçait aux environs de Fécamp la scène de folie "'p' ''*,'* J!*""
* , .| . ,, /~< • Normandie , liaux ,
amoureuse qu on attribuait au malheureux Gautier. p. 98.
Entre les usages populaires qui sont rapportés par le reli-
gieux provençal, nous avons remarqué celui qui consistait à
jeter du froment sur la tête des nouvelles mariées quand
elles faisaient leur entrée dans la maison conjugale. Par celte
pratique on s'imaginait assurer la richesse du ménage, qui
parfois ne tardait pas à être plongé dans la misère. Exemple
frappant de l'inanité des croyances superstitieuses des
femmes' [Exemplum defaccinationibus muliemm).
Une coutume très curieuse est citée comme étant en vi-
gueur à la cour du marquis de Montferrat. On s'y serait
amusé à faire combattre des taureaux par des aveugles :
Est consuetudo in curia marchionis Montis Ferrati quod, in quodam Fol. 83.
' Ce même usage est rapporté en termes différents dan* le manuscrit har-
léien 463, dont le texte • été publié par M. Wright (iirtiii tk>net, p. 1 1 1).
56 ANONYMES,
yt\' »iKCi.r.
festo, conveniunt orbi qui oculos amiserunt, et daliir eis taiirus iiido-
mitus, et includuntur in quadani curia cuiii tauro, et unicuiquc. datur
massa vel bnculiis iti manu, et dicitur eis quod occidant taurum et sit
eorum, et singuli[s] dantur xii denarii ultra. Et duni nituntur taurum
percutere, percutiunt seipsos et vuhierant graviter, et p'Tcussus crédit
percutere qui eum percussit et percutit alium, et sic ad invicem.
Nous aimons à croire qu'il y a de l'exagération dans un
tel récit et que la cour du marquis de Montferrat n'a jamais
encouragé des divertissements si barbares. Il est vrai que
Jacques de Vitri parle d'un jeu analogue, moins dangereux,
mais encore assez cruel. Il consistait à livrer un porc à des
aveugles qui devaient le tuer au risque de se blesser eux-
mêmes plus ou moins grièvement :
Piiia. ■rll^^lll., Est autem in quibusdam locis consuetudo quod, in festis diebus, caocis
p. i4'J. "^of. •. conceditur porcus ut ipsum occidant et partes suas oumes accipiant.
Dum autem caecus porcum vult occidere, sœpeaccidil quod ipsum vul-
nerat, vei socium percutit et occidit.
Terminons par un dernier trait emprunté au recueil du
religieux de la Pénitence du Christ. Il se rapporte à l'in-
dustrie des marchands de chansons :
•■ol'oi. Dicitur quod quidam Homo simplex, in quadam villa Francia?, vidit
quendam cantantem canciones multas, et inde multa acquirentem, et
rogavit istum secrète ut sibi venderet de cantilenis. Iste, volens illudere
sua) simplicitati , dixit quod bene venderet ei si aportaret unum saccum,
et venderet ei plénum saccum de cantilenis. Et veniens ad quendam
vesparium, posuit multas apes silvaticas in sacco, et cum, quadam die
dominica, rustici essent in foro congregati, iste habens saccum cum
vespibus, audiens eas interius murmurantes, credcbat se cantilenas
émisse. Et convocatis omnibus rusticis de villa, saccum excussit et vespes
famelicse exiverunt, et rusticos qui ad gaudium vénérant graviter pupu-
Prov., XIV, i3. gerunt. Propter hoc bene dicit Salomon : • Risus dolori miscebitur, et
« extrema gaudii luctus occupai. >
Tous les exemples de la compilation qui vient d'être ana-
lysée, au nombre d'environ 260, finissent, à peu près sans
exception, par une citation biblique.
Le manuscrit d'Arras, n° 1019 (jadis n" 435), qui nous
M'TKLRS DK RECUEII.S DEXEMIM.ES. 51
XIT SlhXLE.
a coiiserv»'* le recueil du religieux de la Pénitence du Chris! ,
renferme deux autres collections d'exemples, ciu'il est bon •^""•i «l's i"->
..... , , .' . ' , y„ (l'Arras, y. 5oo
(le signaler ici parce (|ue les catalogues impi-imes en i noo _ Catai. ^m. d.-
et ïH-j-j. ne permettent pas d'en sou|)çouner la nature. "'Vv'ritT"
L'une, cpii occupe les 34 premiers feuillets du volume,
est simplement un extrait de l'ouvrage d'Ktiennede Bourbon. Ki.(i,iioiiii)OM
(r<'st un exemplaire (pi'il faudra joindre à ceux qui ont été ^""^''"'"P """'
indicjués par M. Lecoy de la Marche.
L'autre, qui est copiée sur les folios 35-75, et intitulée :
Incipiunl c.rcmpla citracta a sermomhus uuujisUi Alani, n'est
point, comme on pourrait le croire, tirée des sermons de
maître Alain de Lille. Nous nous .sommes assurés qu'elle
consiste en anecdotes empruntées au recueil des sermons
de Jacques de Vitri, tel qu'il existe dans le manuscrit latin
I 7509 de la Bibliothèque nationale.
S'il a suffi d'indi(|uer par un mot l'existence de ces deux
petites collections, il n'est peut-t^'lre pas inutile de donner
ici des renseignements un peu moins sommaires sur deux
autres recueils d'exemples que nous avons eu l'occasion
d'examiner également dans la bibliothèque d'Arras.
II
•
A la seconde moitié du xiii* siècle parait appartenir le
recueil alphabétique d'exemples, intitulé : Incipit tractatus
v.ivinplorwn secunduni ordiiiein alphabeti, qui nous a été con-
servé dans un petit manuscrit de la fin du xiii' siècle, jadis
possédé par les Célestins de Saint-Antoine d'Amiens, et
formant aujourd'hui le n° 537 ^^ ^^ bibliothèque d'Arras.
Dans ce recueil, qui commence par les mots : Accidia,
Nota, accidwsus est sicut canis Jainelicus, l'auteur, qui cite
plusieurs fois Pierre Alphonse, a entassé beaucoup d'anec-
dotes, de fables, de traits empruntés aux bestiaires et aux
vies des saints, de pensées pieuses et surtout de compa-
raisons plus ou moins étranges. Le tout est groupé pêle-
mêle sous i5i rubriques, dont les premières sont : Accidia,
Advocatiis, Amov, Ambulare, Angélus, Anima, Avaritia, Au-
TOME XXXI. 8
Ilf»ftl«KIUI lATIOlALI.
. . 58 anonymf:s,
(Ui'e, Ballivus, Bellunt, Jieatitudo Le traité occupait' pri-
mitivement 207 pages, dont i83 seulement subsistent
depuis qu'une jnain coupahl»; a arraclié le cahier qui conte-
nait les vingt-quatre rubriques comprises entre les mots
Prœdicalor et Tribulatio.
Heureusement la lacune peut être comblée à l'aide de
plusieurs autres copies du même recueil qui nous sont par-
venues, notamment le n" 1 1 19 de la Mazarine (n" 101 u du
catalogue de M. Molinier), le n" 857 de l'Arsenal, le n" 35
d'Auxerre, le n" i36 de Cliarleville et le n" 19 du collège de
Toutes-les-Ames, à Oxford.
L'ouvrage a certainenienl été composé en France. H n'est
pas rare d'y rencontrer deS mois français: Ilcin mulli faciunl
garde cors, sed pauci vet nulli garde ame (fol. H). — l'aiipercs
hommes, antecjmun sotulares sui sint disrupti,j)oniinl ihipiclacia,
vulfjariter takons (fol. i3 v°). — Stultiis esl qui plus carat de
sarpillis (juam de mercibas : Caro est la sarpeliere, anima veto
merces , Chrisli saïKjuine comparata (fol. 1 4 )• — Item, diaholus
est sicut J'raudulentus lusor, un hokeler : in principio pcrmitlil
socium suuni lucrari, ut inflamme t eum ad ludum, sed in fine lot uni
hcratiir (fol. 66).
Çà et là sont des proverbes ou des dictons, par exemple
au folio 10 :Item, vulgo dicitur; Cujns capilli cadunt siijnum est
quod amatur Et au folio 65 v° : Item, solet dici vulijaliter;
Cum alicjuis. ati(fuod malum dicit velj'acit alteri, dicitur ei diri-
(fendo : Pone hoc ad capul tuum.
Sous le mot Sortileyium , l'auteur rap[)orte une croyance
populaire, relative au chant du coucou entendu le i"^^' mai :
Ms. Il 19 du la Quaedain vetiila, prima die niaii, cum audissct avem quœ dicitur
\laiaiiiie, fol. 6i. cucu dicentem quinquies caca, credidit quod tôt annis esset victiira , et,
cum statim post infirmaretur ad mortem et filia sua eam ad confessionem
moneret, dicebat : « Non oportet, quia adhuc vivam per quinque aiinos. »
Et cum jam vix posset ioqui, elevans quinque digitos, nundum an-
nuen», çxpiravit.
Plus d'une fois les jongleurs et les ménestrels sont mis en
scène. Dans un passage (fol. 79) les mauvais prédicateurs
\IV* SitCl.K
l'i V-.
AUTEURS DE RECUEILS DKXEMIM.ES. 59
sont compaW'S aux jongleurs {jocnlalores) , qui racontent les
prouesses des chevaliers sans jamais accomplir de pareils
(îxploils. — Ailleurs (fol. 69 v") il esl fait allusion à l'hislo-
rielle d'une jeune lllle (fiuc dicchal (juodnulebat de Domino Ja-
cere sunin viellatorem sive meneslrai.
Les coules plaisants ne sont pas rares. En voici deux que
l'auteur a insérés sous la rubrique Crux. L'un a pour sujet
une chienne savante et l'autre une» femme entêtée. Tous
deux pouvaient se placer dans les sermons qu'on prononçait
pour engager les fidèles à prendre la croix :
Cioricus quidam liabuit quaiidani caniculain, quani luultum dili-
gebat, et notncii ei imposuit Rosam, et ununi opus sibi didicit, scilicet Ms. clAnas
ambulare super pedes anteriores. Tandem aller clericus furatus est ,°'Î'V. ~' '
' » ,,.... (le la Mazaniii' ,
dictam caniculam, et, quia non noverat nonien lUius, imposuit ei nomen r„|.
aliud, et vocavit eam Violam, et didicit ei opus aliud, scilicet ambulare
super pedes posteriores. Processu vero temporis, invenit primus clericus
dictam caniculam, et repetiit oamcoram ipso episcopo Parisicnsi ab alio
clerico. Alius vero alTirmabat esse suam. Dixit primus : « Ego sibi opus
" didici et nomen imposui. » Dixit alius : « Ego sibi opus didici et nomen
« imposui. » Tune judicavit episcopus quod ad cujus invocalionem ve-
nirol canicula et [qui] lacerel eam servire de suo mesticr, eam ha-
bcrel. Primus eam iiomine Rosam vocavit, et noluit venire ad eum nec
senire de suo opère. Tune secundus nominavit eam nomine Violam, et
dédit sibi ictum suh gula , et statim cœpit ire super pedes posteriores.
Tune episcopus adjudicavit illi clerico ultiino. Nolebat autem venire ad
primum clericum, quia secundus eam delicatius nutrierat. Sic Christus
nominavit nomine suo nos cbristianos, et opus pœnitentix nos docuit;
diabolus autem postea nominavit nos nomine ribaldos , et opus volup-
tatis nos docuit. Modo ad pedem crucis stant Deus et diabolus : Deus
vocat chi'istianum nomine suo , diccns : • Servias de opère tuo , veni ad
• crucem. » Diabolus e contrario vocat et clamât : « Sedeas, ribalde, et
« maneas in delitiis tuis; servias de opère peccati. » Modo apparebunt
qui sunt christiani et servi Dei, qui ribaldi et servi diaboli, in assump-
tione crucis.
Fuit quidam vir in una congregatione cuiii aliis viris, et locutus est
de uxore sua, quod ipsa eum multum diligebat. Tune alius dixit ei :
«Tu dicis quod uxor tua te multum diligit, et ego pono tecum quod
« pro te festucam non saltaret. » Posuerunt, reversusque ad domum
cœpit aniplexari uxorem suam et congaudere, et quaesivit ab ea si eum
multum diligeret. Respondit quod sic. Quaesivit iterum : « Nonne faceres
« quicquid ego vellem P » Respondit quod sic. Tune ipse projecit fes-
8.
XU'.Mr.CLB.
60
ANONYMES.
Cmil.. Il, 8.
tucain in inetlio, et dixit : « Amore niei salta islam festucam, et quia
«prxcipio et volo. » Ipsa autem, respiciens festucam, ait : «Ad quid
« eain saltareni?» Respondit vir : «Quia volo.» Respondit : «Quid in-
« teiligitis in hoc;' Non pertinet saltare nisi ad meretrices. » Tune \ir
primo saltavit. «Modo, inquit, potes salfare. » uCerte, di\it ipsii,
« vultis me incantare. Non saltabo. Quid inteliigilis in hoci* » Res-
pondit vir : « Posait uruis mecum quod tu non saitarcs festucam pro
• me, et amitto multa nisi tu saltaveris; si vero saitaveris, lucrabor. »
Respondit mulicr : « Modo video quod istud est mokerie. » Et perdidil
vir quod posueriil, quia non saltavit. Vir, Christus; uxor, ciiristiarms , qui
semper fatetur Christum diligerc. Christus fecit salfum par les mavoys,
scilicet pro cmenda matorum saltavit in cruce; unde in Cantico : « Ecce
« iste venit salicns in montihus. » Rogat te ut similem saltuu) pro ipso
facias, et tu respondes : «Vos, praîdicatores, vultis nos incantare. Quid
« intelligitis in hoc !' » Rcspondeo : « Amittit Christus multa ultra mare,
«nisi tu feceris hune snitum ad crucem. Igitur salta, ut Christus lu-
« cretur. »
\h. de la Maza-
iiiir, fol. 58 V*.
La compilation renferme un très petit nombre de noms
propres qu'il y ait intérêt à relever.
A l'article Resurrectio, un trait de l'histoire fabuleuse de
Charlemagne attribuée à Turpin est invoqué pour justifier
la croyance au dogme de la résurrection des morts :
item in historia karoli legitur, dum milites ejus contra infidèles pu-
gnaturi lixissent hasias in terra, oraverunt ut eis ostenderetur qui eraul
niorituri in crastino in bello. Faclum est autem in crastino quod om-
nium illorum qui morituri erant hastae fronduerunt, et, cum ampu-
tassent eas, de eo quod infixum erat in terra creverunt de residuo arbores
magnac in signiun quod adhuc rosurgerent morientes.
Kol. 1 1 V
ms. d'Arras.
du
La célébrité de Renouart au tinel, le héros de la chanson
d'Aliscans, est attestée par les premiers mots de l'article
Belluin : Dicitur quod RainoaUus omnes pusillanimes et Ju<ji~
tivos sibi daii petiit , et elevatn tynello fu(jientes , ad hélium com-
pellens, victores effecit. — Une historiette relative à un usurier
est attribuée à Eudes de Paris, sans doute l'évêque Eudes
de Sulli : Narrât Odo Parisiensis quod quidam usurariusj'mt in
Ms. deUMaia- Frajicia — Un propos de Guillaume [d'Auvergne],
évêque de Paris, est rapporté comme exemple de la man-
suétude qui convient aux prélats : Unde dicebat Guillehnus,
Kol. 3
rinp, Toi. 55.
AUTEURS DK RECUEILS D'EXEMPLES.
61
\IV SIKCI.E.
eniscopus Parisiensis , tanquam bonus prœlatiis et plus: « PIusvolo
« subditos mittere cuin paira pœnitentia ad pnrgatorium (juam ciim
« miupm ad injenmm. » Miilti eiiiin desperant (jiiando vident prœ-
latos nimis severos in pœnitentiis injumjendis. — L'auteur met
daus la bouche du pape Alexandre III, à Montpellier, l'apo-
logue des membres révoltés contre l'estomac : Itcni, Alexander
papa apud Montent Pessulanum ait : « Pedes et manus simnl
«I inmrrexeinnt contra stomacnm » — Une anecdote se
rattachant au séjour d'Alain de Lille dans la même ville
de Montpellier mérite de trouver place ici, quoiqu'elle ait
déjà été publiée sous une autre forme d'après l'ouvrage
d'Etienne de Bourbon :
Item cum Alanus, auctor Reguiarum iheologiœ, veniret apud Montem
Pessulanum , congregati surit ad eum milites patrie , quterentes ab eo
qua> esset major ciirialitas quae posset reperiri. Ait eis : «Dicam, si
" postea alteri quœslioni mihi vultis respondere. » Qui concesserunt.
Dixit ille : « Dare est maxima curialitas. Quilto quae sit maxima rusti-
« citas. » IHi autem nescierunt respoiidere quaestioni ejus. Ait ille : « So-
• lutio quaestionis vestrae docet respondere meae quaestioni : .si enim
» dare est maxima curialitas, etaufene est maxima rusticitas. »
Le roi Philippe Auguste est mis deux fois en scène. Un
jongleur lui ayant un jour demandé ce qu'il pensait : «Je
« pense, lui dit le roi, qu'il n'y a plus des chevaliers tels que
« Roland et Olivier. » — « Mais, repartit le jongleur, avons-
« nous un Charlemagne ?» — Une autre fois c'est le fou
de Philippe Auguste qui montre à son maître comment les
courtisans s'enrichissent en faisant valoir le crédit qu'ils s'at-
tribuent :
Rex Phiiippus habuit quemdam stultum pauperem, et dixit stultus
ad regem : « Facias me divitem usque ad annum. » Et dixit rex : « Quo-
« modo.^ » Respondit stultus : « Quando eris in congregatione baronum et
« episcoporum , si voco te, surgas et venias ad me, et loquare mecum
« in privato. • Concessit rex , et fecit quod prbmisit. Videntes autem ve-
nientes ad curiam quod ita famiiiariter loqueretur quando volebat,
dabant Hli stulto multa exenia. Ipse autem recipiebat omnia, et sic con-
gregavit magnum thesaurum , et in fine duxit regem ad domum suam et
ostendit ei illum thesaurum et dixit : « .\ccipe quod tuum et de tuo est. »
Tune quaesivit rexquomodo thesaurum illum acquisivisset; respondit sic
7
Ms. <le la Vlaza-
riiic. fol. 'l'y v°.
Kl. (le Boiirliim ,
Anerdolps, p. ■• \('>
et .^70.
Ms. (rArias,
loi.
Ms. de la Mai.-
rine, fol. 5.>.
lbid.,ful. .îGi"
(IV MRCi.e.
62 ANONYMES,
et sic. « Vide, nex, si stultus in tam brevi temporc tanta acquis! visset unus
« in servicio et famiiiaritate tua , quanta acquirunt sapientos qui diu ste-
« terunt in curia tua ! »
Finissons par deux trails de la vie do saint Louis. L'un
trouve en français dans le texte de l'ouvra
««7. iTxxx'"^ Joinville jadis possédé par M. Brissart-Binet
joiiiviiie. édit. se trouve en français dans le texte de l'ouvraee du sire de
lie N. de Wailly, ,. .n -i. ,i, »*t^. .t». .
Narratur de rege t^odowico quod nunquam timebat ire super pontem
malum. Requisitus autem quare , dixit hoc verbum : « Dico quod Ghristus
«surrexit de sepulcro, qui pro nobis pependit iii ligne. Unde si ponsest
« de lapide, tune non timeo, quia Ghristus surrexit de sepulcro lapideo;
tsi de ligno, non timeo, quia Ghristus pependit in ligno. » Mentioria
etiam passionis Ghristi et resurrectionis reddit nos ubiquc securos.
(Fol. 2 4).
Item rex Lodowicus cum semel aegrotaret, visitaverunt eum très filii
«ani , satis pulcri , et ait rex astantibus : « Videtis istos pueros : sciatis
« quod qui eos strangularet ante me graviter me ofienderet; sciatis quod
« qui eos ad peccandum mortaliter induceret , gravius me ofTenderet. »
(Fol. 65 v°.)
D'après les premiers mots de ces deux anecdotes, il
semble bien qu'elles ont été rédigées avant la canonisation
de saint Louis.
Par suite d'une confusion avec le Manipulas florum, la
compilation dont il s'agit ici a été attribuée à Jean de'
Galles par le ms. i36 de Charleville.
î
III
Le dernier recueil d'exemples dont il nous reste à dire
uelques mots d'après un manuscrit de la bibliothèque
'Arras (n" 296, jadis n° 8^2 ) est intitulé Manipulas exem-
plorum. Comme dans le précédent, les textes y sont rangés
suivant l'ordre alphabétique des noms de matières : Abbas,
Abraham, Absolutio. . . '. . Le but et le plan de l'ouvrage sont
indiqués dans les premières lignes de la préface :
Quoniam, ut ait Gregorius in Dialogo, libro primo, cap. i, sunt
nonnuHi quos ad amorem patriae cœlestis plus exempta quam prsedica-
menta succendunt, facilius quippe capiunttrr intellectu, mémorise fir-
AUTEURS DE RECUEILS D'EXEMPLES. 63
mius imprimuntur et a inultis libentius audiuntur, eapropter, ut ab
hiis quorum interest in prœdicationibus et doctrinis alios ad virtutes in-
ducere et a nialo retrahere absque taediosa Ubrorum muititudine magis
prœ manibus habeantur, de libris infra nominatis, in quibus quam plu-
rium antiquorum vitœ referuntur et actus , notabiliora , prout mibi vide-
batur, exempla recitando coHegi et in unum redcgi manipuium, voca-
buia sub quibus exempla praetacta iocavi ponens in marginibus secundum
ordinem alpbabcti
Le recuei! n'a rien d'original. L'auteur s'est contenté de
juxtaposer des notes prises dans de vastes lectures. Il n'a
cependant pas vu tous les auteurs qu'il a mis à contribution
et dont il a reproduit des passages plus ou moins textuelle-
ment. H avoue en effet qu'il cite parfois de seconde main :
Tertio praemitto quod non omnia infra scripta de libris in quibus ori-
ginaliter inscribuntur extraxi, sed aliqua, pauca tamen, de libris aliis in
quibus recitative scribuntur, et specialiter de prœfato hystoriali Speculo.
L'écrivain le plus récent dont il nous ait paru invoquer
le témoignage est Thomas le Gallois : Thomas Angticus, in
exposîtione Ubri de Civitate Dei, libro 3 cap. i4 (ms. 2^6
d'Arras, fol. 29, col. 2). La compilation doit donc avoir
été faite au xiv* siècle.
L'auteur avait rédigé une collection des fleurs des livres
de saint Augustin sur la Cité de Dieu. Il y fait allusion dans
la préface du Manipulas exemplonim :
Quarto praemitto quod in hoc opère, allegando Augustinum in libris
de Civitate Dei, sequtus sum quotacionem capitulorum eorunodem
librorum quam pneposui cuidam collectioni florum dictoruœ Ubrorum
Augustin!, ubi sigillatim omnium dictorum capitulorum expressi prin-
cipia.
Cette collection est assurément celle dont nous avons
deux exemplaires à la Bibliothèque natiionaile sous les
n*" 2074 et 2076 du fonds latin : 1« premier, ven», seloa
toute apparence, de la librairie des papes d'Avignon^; le se-
' Il y avait deux exemplaires de cette d'Avignan, t. I, p. loo et ici). Ni l'un
collection dans la bibliotlièque d'Ur- ni l'autre ne peut être identifié avec
baia V, n°' 76 et 85 du catalogue pubKé notre roonoscnt aoy^. — Le «itaiogue
par M. Faucon {La librairie des papes de Li bibliothèqvcde P«ni»cola (n°' 390-
Xtv' SICCLC.
\IX' SIÈCLE.
64 ANONYMKS,
cond, ayant fait partie de la librairie des ducs d«' Milan.
Cette collection a la forme d'une table alphabétique, avec
des renvois à un système de division des livres de la Cité de
Dieu que l'auteur avait imaginé, comme il l'indique dans
une préface dont voici les premiers et les derniers mots :
Ul (le iiifra scripla tabula noticiam lial)cro plciiiorcin valoas, Hcbes
scire quod quodiibct capitiiluiii libi'i «lo Ci\ila(o D<'i super (juo fada est
in seplcii) tlistinguilur parles sccundum soplcn» primas lilteras alpliaboli.
Signatur orgo in talniia ips<i non soluni IIIkt cl caj)itului>i, seti ipsapars,
ut ipsa iacilius inveniatur quîc describilui' Signatitur autom capi-
tula in fine tabulaE< secundum ([ua* oporlel signari libriiin in (juo qu;r
sciibunlur in prœsenti tabula vultaliquis iiivcnirc. ne variela.s capilulonuu
legenteni impediat quominus in iibro suo quod legil inveniat.
Dans ce système le livre 1 est divisé en 36 chapitres, le
livre 11 en 29, le livre 111 en 3i, le livre IV en 34, etc. lin
tableau indiquant les premiers mots de chaque chajjitre est
placé à la fin de la collection.
Dans le Mainjmius cxemploi uni , les renvois à la Cité de
Dieu sont bien disposés suivant le système adopté dans la
table que nous offrent les manuscrits latins ioy^ et ioyS.
Ainsi pour un article relatif aux prodiges que l'Antéchrist
accomplira avec l'aide du démon , l'auteur du Manipulas
cxemploruni (fol. 6 v", col. 1 ) renvoie à Amjustinus de Civilatc
Dei , lihro 20, cap. 19. Or, dans la table, l'un des pre-
miers paragraphes de l'article Antichristns (ms. latin 2074,
fol. 6, et ms. latin 2076, fol. 8 v°) est ainsi conçu : Quod
per Antichristwn dyaholus solutus in omni sna viiiule mirabilitcr
qaideni, sed mendaciter, operabitur, libru -«o, ig,f- — On
peut faire la même observation sur un autre passage du
Manipulas cxemploruni (fol. 65 v°) :
Inferre auteni bella finitiinis et in cetera inde procedere, ac populos
sibi non molestos sola regni cupiditate conterere et subdere, quid aliud
quani grande latrocinium nominandum est , sicut fuit de utroque regno ,
scilicet Assyriorum et Roinanorum, quantum ad eorum initia, ut patel
in lioc capitulo et eliam in praîcedenti. Augnstinus Iibro Ix de Civitate
Dei, c. 6. Idem quasi, sub aliis tamen verbis, dicit in cap. 1 li.
39a j mentionne sans aucun détail trois librairie des papes d'Avignon, t. II,
ropies du même ouvrage (Faucon, La {*• 7o).
I
AUTEURS DE RECUEILS D'EXEMPLES. 65 ,„.„èc,..
Ce qui est en parfaite harmonie avec l'article suivant
de la table (nis. latin 'J074, fol. 8 v°, et ms. latin ioyô,
fol. 12):
Infcrrc liclla finilimis et iiicle in cetera procctlere, ac populos sibi non
moteslos sola rcgni cupidilate conterere et subdere, qiiicl aliud quam
grande latrocinium noniinanduni est P Libro tx , cap. 6 , g.
11 faut donc attribuera un seul et même auteur, qui vivait
apparemment dans la première moitié du xiv" siècle, le
recueil intitulé Manipulas c.remploram dont un exemplaire
mutilé se trouve dans le manuscrit 296 d'Arras, et la
Table de la Cité de Dieu que nous avons dans les manu-
scrits latins 2074 et 2075 de la Bibliothèque nationale.
L. D.
CLÉMENT,
AUTEUR D'UNE VIE DU BIE.MIEUREUX TIIQMAS HÉLIE DE BIVILLE.
Biville est un village de l'ancien diocèse de Coutances, à
quatre lieues de Cherboarg, où était né et avait vécu
Thomas Hélie, un de ces hommes qui, dans leur pieuse
exaltation, estimaient que le plus sûr moyen de sauver
leur âme était de torturer leur corps et de lutter contre tous
les appétits naturels. Quand il mourut, en 1257, de nom-
breux pèlerins coururent à son tombeau, dans l'espoir d'ob-
tenir par son intercession la fin ou l'adoucissement de
leurs maux. 11 paraît que cet espoir ne fut pas toujours
trompé, et le bruit des miracles qu'on attribuait aux mé-
rites de Thomas fut assez grand pour décider la cour de
Rome à procéder à une enquête sur la canonisation qu'on
lui demandait de prononcer. Cette enquête fut conduite, en ^ Deii»ie(L.), vie
l'<Aj/-> T tt-1 • 1 • du bienh. Thoim»»
1 200, par 1 eveque de Coutances, Jean d Esseï, et le prieur deBivUie, p. 38.
TOME XXXI. 9
7 # IWUMlUt lATlOIAll.
XIT* .SIRCLE.
Loc. rit.
,68.
Hist. litl. de la
France, I. XX VIII,
|>. 167.
Bil)l. nationale,
MIS. lalin ioo5i,
Inl. in-].
66 CLÉMENT.
des dominicains de la même ville, Raoul des Jardins. On
envoya à Rome le procès-verbal de tous les témoignages
recueillis; mais, les preuves ne paraissant pas encore suffi-
santes, le Saint-Siège exigea une enquête supplémentaire,
à laquelle s'emjjressa de procéder le même évêque Jean
d'Essei. Ce prélat allait envoyer à Rome les nouveaux té-
moignages recueillis, quand sa mort survint. Son suc-
cesseur ne prit pas autant à cœur la canonisation, et le pieux
prêtre de Biyille dut se contenter du titre de Bienheureux,
que personne ne songea à lui contester. C'est ce titre de
Bienheureux que lui donne GeolTroi de Grimouville, qui
parle de lui dans son Spéculum sacerdotum.
La vie de Thomas Hélie a été deux fois écrite, la pre-
mière fois en prose latine, la seconde en vers français.
Nous parlerons d'abord de la plus ancienne de ces biogra-
phies : Vita et mimcula beati Thomœ Heliœ. L'auteur était un
clerc, nommé Clément dans l'intitulé de l'ouvrage; c'est à
peu près tout ce que nous savons de lui. Il n'avait pas connu
par lui-même le prêtre de Biville; mais il avait pris une
part plus ou moins directe à l'enquête pour la canonisation.
Il paraît même n'avoir voulu que mettre en ordre les ré-
sultats de cette enquête. Il écrivit sur l'invitation d'un rec-
teur ou desservant de l'église de Saint-Pierre de Biville,
nommé Alain, qui vivait encore en 1817 et faisait partie
d'une confrérie mentionnée par le P. Arthur du Monstier
dans sa Neustria pia. Clément cite l' évêque Jean d'Essei,
mort en 1276, comme ayant cessé de vivre, et Robert des
Jardins comme n'étant plus prieur des dominicains. Ces
rapprochements autorisent à conclure que la biographie de
Thomas Hélie a été écrite quelques années après 1275,
mais sans doute encore avant la fin du xiii' siècle, et nous
aurions dû en donner la notice dans un de nos précédents
volumes. La date de i3i7, oîi Alain est attesté comme vi-
vant, ne saurait avoir ici aucune importance. Quoi qu'il en
soit, voici comme Clément entre en matière :
« Cher frère Alain, vous voulez que je raconte la vie, les
« bonnes œuvres et les miracles du bienheureux Thomas
>
CLÉMENT. 67 „^.^,.^^^
« Hélie, pour être agréable aux pèlerins qui accourent de di-
« verses contrées à son tombeau ... Je le ferai, malgré la peti-
« tesse de mon esprit et l'aridité de ma langue [prout ariditas
« miserœ lingace siifficit et ingenioU mei parvitas patitur). Je dirai
«ce que j'ai vu, ce que mes mains ont touché, ce que les
« plus graves témoins ont constaté, dans l'enquête à laquelle
«j'ai moi-même assisté [cjuorum e.vaininalioni inlerjui) avec feu
«de bonne mémoire Jean, évêque de Coutances, et Raoul
« des Jardins, alors prieur de la maison des frères Prêcheurs
« de la même ville . . . J'ai par-devers moi le rouleau [volumen)
«original de cette enquête, et je le joins à ce que je vais
« écrire, pour mieux prouver que je n'ai rien ajouté ni
« changé à ce qu'il contient. »
On ne s'attend pas à trouver dans un ouvrage de ce
genre un intérêt de premier ordre. L'auteur, assez bon la-
tiniste, se contente de rapporter les faits sans y joindre ses
réflexions, aimant mieux d'ailleurs répéter deux fois ce qu'il
.sait que d'en oublier la moindre chose. Né dans une humble
condition, simplicibus ex parentibus, Thomas nous offre un
rare modèle de vertus ascétiques. La pauvreté de sa famille
ne l'avait pas empêché d'étudier. Il avait pu se rendre à Paris
pour y suivre, durant quatre années, des études de théologie
et y entendre notamment les leçons du célèbre dominicain
Hugues de Saint-Cher, depuis cardinal, auquel une notice a Histoire im. de
été consacrée dans un de nos précédents volumes. Il avait p. 38-49.
fait aussi le voyage de Rome et celui de Compostelle, et à
son retour, bien jeune encore, il avait régenté successi-
vement plusieurs écoles [rexit enim scholas in grammaticalibus
multis in locis). Mais c'est à tort, comme l'ont remarqué nos Hist. des Gaules
savants confrères chargés de la continuation des Historiens
des Gaules, que divers biographes, depuis le xvi' siècle, l'ont
compté au nombre des aumôniers du roi saint Louis.
Il professait dans les écoles de Cherbourg, quand il fut
atteint d'une fièvre qui parut mettre ses jours en danger.
Dès qu'il eut recouvré la santé, il changea entièrement sa
façon de vivre, évitant les conversations purement agréables,
renonçant aux vêtements de couleur, et ne portant que des
9'
et de la France,
t. XXIll.p. 5.S7.
XIV' SIÉCI.B.
68 CLÉMENT.
lit., p. .■57
robes du drap le plu.s grossier, sous lesquelles était un rude
cilice qu'il gardait nuit et jour. Il laissa ses cheveux flotter
en désordre, et ne prit même plus aucun .souci de la propreté,
afin de mieux témoigner de son profond mépris des vanités
et des approbations mondaines: Incultus el deformis crinibus,
restiinento dcspicabihs , miindi conteniplnm habita prœdicabat el
(jcstn. Aux aiguillons de la chair il opposait les veilles, les
jeûnes et les coups de discipline. On devine aisément qu'il
ne manquait aucun des offices religieux; mais, après les avoir
suivis, il restait dans l'église, ou .se hâtait d'y rentrer dès
que les écoles ne le retenaient plus. Alors, dans la solitude
de la maison de Dieu, il aimait à procéder aux plus rudes
Dcii»ie(L.),ioc. flagellations : 0 (iiiol, qiumli, quolicns in conlicinio pcr prœ-
dictœ ecclesiœ cœinelerium transeuntcs ciiin Icmporibus illis audie-
runt in ecclcsia sœpe (jcmentcni, snspirantcm , sesecjue disciplinis
acerrimis ajjliijcntcm ! Le biographe ajoute : prout narrât an-
ti(juitas, ces premières austérités appartenant encore à la
jeunes.se du saint homme. En ce temps-là, Thomas jeûnait
trois jours de chaque semaine au pain et à l'eau; les autres
jours il se contentait de joindre au pain d'orge quelque purée
ou bouillie cuite à l'eau, sans sel, modiciini pnlmentiun; et
c'était toujours avec répugnance qu'il cédait aux instances
(pi'on lui faisait de toucher à la moindre parcelle de viande
ou de poisson. La boucle qui retenait sa ceinture avait une
broche plus longue et plus aiguë que ce n'était l'usage,
qu'il enfonçait de temps en temps dans ses chairs : Ciim
aculeo annuli suœ corrujiœ, (jncmcjc industria fieri fccerat lomjio-
rem , fréquenter se punçjcbat; exindccjae socii ejus aangiiincm vi-
dchanl ad ipsias pedcs us(jue manantem. Tout cela nous
donne bien le droit de pen.ser que jamais anachorète de
l'Inde ou de la Thébaïde ne poussa plus loin la passion
de tourmenter son corps. Il y a grande apparence que le
bienheureux Thomas n'aurait pu résister longtemps aux
effets de cette vie d'abstinence et de macération , si l'évêque
deCoutances, en lui conférant la dignité de prêtre, ne lui
eût fait comprendre que l'oubli de la propreté du corps et
les exagérations d'abstinence pouvaient dénoter un fond
CLÉMENT. 69
d'orgueil et déplaire à Dieu presque autant que les excès
précisément contraires.
Il avait abandonné l'enseignement scolastique à compter
du jour où il était devenu prêtre, afin de se vouer plus en-
tièrement à la vie contemplative et à la prédication. 11 prê-
chait sans aucune recherche, mais avec une grande facilité:
HO» snbtililcr sed faciliter prn capaatate aiulientium. Et il ne se
contentait pas de parler dans l'église de Biville : chaque
année il visitait plusieurs paroisses du diocèse, et dans cha-
cune il prêchait plusieurs fois. Quand on savait qu'il allait
arriver, la foule accourait à sa rencontre, en criant : « Voilà
<i le bon homme; voilà l'homme de Dieu! » Eccc bonus homu,
eccc vir Dci !
Biville resta son séjour habituel; il avait abandonné sa
part d'héritage à son frère, qui subvenait à ses besoins bien
restreints. Toutes les nuits, il les passait dans l'église, ayant
eu soin de faire dresser à l'entrée un lit pour le clerc ou
enfant de chœur dont il se faisait accompagner. Quand il
le croyait endormi, il saisissait des verges ou sa ceinture de
cuir et .s'en frappait avec violence : Cumque suum clericum
crederet obdorniissc, ciini vir(jis aut propria corri(jia semetipsum
asperrime discipi inabat. Le sommeil pourtant finissait par
réclamer ses droits; mais Thomas était toujours debout
avant le commencement des premières laudes, et jamais
les clercs ne l'avaient surpris endormi : Nullus indit eum,
cum sanus esset, cnbantem vel de lecto surgcntem. Tant de
pratiques pénibles altérèrent sa santé: au moins, dans les
dernières années de sa vie, fut-il accablé de tous les genres
d'infirmités ; mais c'est avec joie qu'il voyait arriver le
terme de ses épreuves, dont la récompense ne lui paraissait
pas douteuse. Quand il sentit qu'il n'avait plus que quel-
ques jours à l'attendre, il écrivit à sa pieuse amie, dame
Ahce de Tancarville, femme de messire Robert Bertrand :
«Je vous fais savoir que je m'en vais en cour de paradis;
«j'y serai votre procureur autant qu'il me sera permis. »
Ego vos faciam scire quod vado ad ciiriam paradisi, ubi pro-
curator vester ero (juantuni mihi permissiim fuerit . 11 est rare
XIV* SIÈCLE.
\lï SIECLE.
70
CLEMENT.
Du Caille, Gloss.
med. et iiif. latin.
V. Quidcdu'.l
liolUnd (E.).
Faillie popul. de
la France, t. III,
p. ,3o3.
de voir dans les âmes le plus constamment préoccupées de
leur salut une telle confiance dans la réconij)ense finale.
Thomas Hélie mourut le 19 octobre i iôy, non pas à Biville,
mais près de là, à Vauville, dans la maison de messire Gau-
vain, seigneur du lieu.
Nous nous arrêterons peu sur les miracles dont les clercs
chargés de l'enquête avaient reçu la déclaration. Ils com-
prennent ici soixante-six numéros, les derniers recueillis
dans la seconde enquête. La plupart ne doivent pas éveiller
de grands doutes, attendu qu'ils pouvaient, même en cour
de Rome, mériter à peine le nom de miracles. Ainsi, sous
les numéros viii à x, Gauvain, chevalier, seigneur de Vau-
ville, dépose que, dans sa dernière maladie, Thomas ayant
permis qu'on lui sei-vît une perdrix, on avait aussitôt en-
voyé un chasseur dans la campagne, avec chiens et fau-
cons, pour prendre la perdrix, et, vers la nuit, un pêcheur
avec un de ces fdets nommés « quideaux » ^(juidellos) , pour
rapporter, à défaut de gibier, quelque bon poisson. Le
chasseur revint les mains vides; mais quand le pêcheur
releva son (ilet, il y trouva, non pas un poisson, mais une
perdrix. Tout le monde cria au miracle, attendu, dit le
biographe, qu'on n'avait jamais vu auparavant prendre les
perdrix au fdet. Le nom de ce hlet, quidel ou (juideau, avait
été déjà retrouvé dans une ordonnance de Philippe le
Bel, et ailleurs. D'autres expressions usitées autrefois dans
le Cotentin nous ont été conservées par le biographe de
notre bienheureux. C'est ainsi qu'il nous parle (n°'xxxviii
et Lxv) de deux petites filles tombées in fontem vase lifjneo
circuindatum qui vulgariter dicitar «buchot». et (n" XLViii)
d'un ver qui vulfjariter dicitur « oreilliere » ; c'est l'insecte
qu'on nomme aujourd'hui communément perce-oreille; le
nom d'« oreillère « est encore usité en, Normandie. Les nu-
méros XVI et XVIII constatent la foi qu'on attachait alors à
certaines pierres précieuses pour la guérison des cataractes.
Une jeune fille avait eu vainement recours à ce remède,
3uand elle fut guérie en s'agenouillant devant le tombeau
e Thomas : Ruborem quamdamque telam tenueni habuit super
CLÉMENT.
71
XIV' SlàcLE.
biiiiiiiii iic'gis-
truni visilat. ar-
chiepisc. Itotoni..
p. 5.J5.
oculos habuilcjue annnlos cum lapidibus pretiosis, sed nec
per medicamenta nec per lapides carari potuit Une autre
femme avait passé par la même épreuve : (juœsivit annulas
ciini lapidibus pretiosis et herbas multas, (juœ nihil profuerunt;
mais la vue des souliers de Thomas, déposés sur son tom-
beau, eut plus de vertu que toutes les herbes et tous les
anneaux du monde.
Quel que soit le degré de foi qu'on accorde aux déposi-
tions réunies dans l'enquête sur les miracles dus à l'inter-
cession de Thomas Hélie, on ne peut mettre en doute la
vénération dont ce bon prêtre fut de bonne heure l'objet,
puisqu'elle décida l'archevêque de Rouen, Eudes Rigaud,
à s'arrêter devant son tombeau. «Le 3 septembre (1260),
« lisons-nous dans le célèbre Registre de ses visites, nous ar-
« rivâmes au tombeau du bienheureux Thomas de Riville,
« par les mérites duquel le seigneur Dieu faisait chaque
«jour diverses manifestations miraculeuses.» Cette véné-
ration, loin de s'effacer avec le temps, n'a fait que grandir.
En i533, elle était consacrée par l'érection, dans l'église
de Biville, d'un tombeau, malheureusement détruit aujour-
d'hui, qu'ornaient des tableaux représentant plusieurs des
miracles racontés dans la biographie. Des vies nombreuses
du bienheureux Thomas, rédigées le plus souvent sans cri-
tique et mêlées de fables, ont été imprimées dans les deux
derniers siècles et s'impriment encore. L'intercession du
saint prêtre de Biville est encore souvent invoquée par les
populations du Cotentin, parmi lesquelles des cantiques et
des images entretiennent son souvenir. En 1869, la con-
grégation des rites a autorisé le culte rendu à sa mémoire,
et plus d'un bas Normand conserve l'espoir de faire encore
prononcer la canonisation officielle qui faillit être obtenue
au XIII* siècle.
La Vita beati Thomœ Heliœ est écrite , ainsi qu'on a pu déjà
le voir par nos courtes citations, sans aucun autre mérite
que celui d'une facilité claire et naturelle. Elle fut imprimée
pour la première fois en i853 dans la continuation des
Acta Sanctorum, d'après trois copies faites au xvii* siècle sur ^•-' viii.p.eoc
OcJisIe
cit., p. •!•
U.lt
Ibid.
p. I.).
Acta Sanctorum ,
. , 72 CLKMENT.
MV SIETJ.K.
une copie, aujourd'hui perdue, qui élait insérée dans le
registre paroissial de l'église deBiville. Une quatrième copie
est conservée dans notre Bibliothèque nationale, parmi les
recueils formés par le P. Arthur du Monstier et relatifs à
l'histoire ecclésiastique de la Normandie. M. Léopold De-
lisle, qui avait découvert cette copie en 1847, l'a publiée
en 1860 dans les Mémoires de lu Société académique de Cher-
bourg, et un antiquaire normand, M. de Pontaumont, a re-
produit cette édition en 1 868. Nos savants confrères chargés
iii>i. (les Gaules de la coutinuatiou des Historiens des Gaules et de la France
t.' \xiii . (). Ts*^ ont admis dans leur grand ouvrage des fragments étendus
"''''* de la biographie du bienheureux Thomas Hélie.
Venons maintenant au poème français. Il avait été tran-
scrit, ainsi que la vie latine, dans le registre de l'église de
Biville. C'est là que René Toustain de Billy, curé du Mesnil-
Opac, le copia, à la fin du xvii* siècle, et l'inséra dans un
Bii>i liât., 1115 recueil qui est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque na-
56 '^'" *"' '' tionale. Toustain de Billy fait suivre sa copie de cette re-
marque : «• Ces vers sont tirez d'un ancien registre en par-
ti chemin appartenant à l'église de Buiville, trouvé chez
« M. Lallier, officiai et curé de Vallongne. La première partie
« de ce registre contient les vers cy dessus; fautre, qui est
«en latin, la vie et les miracles du mesme bienheureux
« Thomas. L'un et l'autre furent composez peu de temps
« après sa mort par un escrivain qui exprime son nom par
« le dyslique suivant. H y a auparavant: In istis duobas ver-
ni sibus est nomen actoris.
« Nomen Baptistœ, cognomen nominis iste
« Gessit qui dudum vestivit frigore nudum.
« On estime que ce nom et surnom enigmatique est Jean
M de Saint Martin; ainsy le sens est: vestivit nudum contra
ufrigus, ce que fist S. Martin. Quelques-uns ont pensé que le
« surnom de cest autheur estoit Desneges, parce que la nege
« qui tombe sur un corps peu ou point couvert le couvre
« véritablement de froit. » Voilà assurément ce qu'on peut
appeler chercher midi à quatorze heures : le nom du poète
MX SIIXI.K.
CLEMENT. 73
rfail Jean Marliii, et les vers le disent claireineni. Quant à
l'idée (ratlribuer au niènie auleui' la vie latine et le poènie
français, elhî est d'autant moins soutenahle (|ue ce même
registre de Bi\ille, à en juger par les quatre copies cpi'on (>n
possède;, donnait expressément au hiograj)he latin le nom de
Clément. Il est d'ailleurs impossible de regarder, comme on
l'a fait, lesdeuv ouvrages comme contemporains. Le style du
poème Irançais accuse; une date sensiblement postérieure à
relie de la vie latine, et le .soin cpie le rimeur affecte de
lermer, avec plus ou moins d'à-propos, cliacun <le ses alinéas
par une sentence [)roverl)iale nous indique as.sez clairement
ré|)0([U(; (1(; Cbarles V ou de Charles VI; au moins est-ce
vers ce tenqxs-là que nous voyons pour la première lois les
versilicateurs user et abuser de cette chute systématicjue,
que les poètes de la Renais.sance firent heureusement aban-
donner. Nous n'aurions donc pas dit un seul mot de la vie
française du bienheureux Thomas Hélie, si ce petit poème
n'offrait |)as une intime liaison avec la vie latine, et s'il n'en
était |)as la traduction exacte. Jean Martin avait sous les yeux
fœuxre de Clément, et le seul mérite qu'on puisse lui re-
(•onnaître est d'avoir suivi son original avec une grande fidé-
lité. Seulement il s'est contenté de mettre en langue vul-
gaire la vie du bienheureux, et s'est abstenu de traduire
les miracles, dont le récit forme la seconde partie du livre
de Clément.
L'œuvre de Jean Martin offre cependant quelque intérêt,
mais uniquement au point de vue de la langue. L'auteur
s'exprime ainsi dans la seconde strophe :
Or escoutez donque la vie Ms. (r. 'i()oi,
Du seint homme Thomas Helie, '"'• 9^ ^°-
Et je la direy sanz mentir
Comment que ma langue set rude ;
J'é tous jours apris sen usage
A parler en Haguu language.
En effet, son poème porte en maint endroit les marques
caractéristiques du parler bas normand, bien que l'auteur
TOME XWI.
lO
\I»'SIKIXK.
Vi
CLKMENT.
l)ellsl.-(L.).lor.
il., p. II.
ait mêlé à ce qu'il appelle assez étrangement le • Hague lan-
« guage » bien des formes empruntées au français général.
.Malheureusement la copie de Toustain de Billy ne paraît
pas faite avec beaucoup de soin. 11 serait à désirer qu'on
retrouvât le registre sur lequel il l'avait prise. Ce registre
était en parchemin, et le poème, d'après un témoignage du
wiii'^ siècle, était écrit « en lettres gothiques »; ce qui a.ssigne
à la transcription une date assez reculée; cependant elle
\iciii..i.HaSor. j)ré.sentait sans doute déjà de graves altérations. Pliiquel a
i''v.T .'' ^°rîie ^''^ "" morceau du poème de Jean Martin, qu'il ])araît bien
!•• ^•'. avoir tiré d'une autre copie du registre'. Son édition ne
diflère que sur quelques points de détail de la copie de
Toustain de Billy; mais ces divergences sulTisent pour per-
mettre de restituer à peu près sûrement le texte du registre,
et l'on voit qu'il n'est pas partout satisfaisant. Nous donnons
ici cette restitution, en notant en marge les leçons qui
paraissent fautives dans Pluquet (P) et dans Toustain (T);
on aura ainsi un échantillon du style de Jean Martin. Ce
.sont les vers 5 7-80 :
Eln la (luchey de Norinendie
Fu ney le bon Thomas Helie,
Ou il n'ut bol)ans ny \ antanches ,
Eu diocèse de Coutanches,
En une asez petite ville ,
A Saint-Pierre de Buyville.
Sen père Ilelie fut nomey
Qui fut homme bien renomey,
Si ut surnom du nom sen père;
El Mahaut avet nom sa mère.
T. NormindiR
T. fut, Elie
T. boban , P. ni
T. asseï
P. Buinville
T. Elie, nomniey
T. reiiommey
T. surnom s. p.
T. Maliault, P. aveit
' Pluquet s'exprime ainsi : ■ La vie
«du bienheureux Thomas Hélie ,
«morl en laSy, fiit écrite en vers quel-
• ques années après par un poète du pays ,
■ qui s'est désigné par ces deux vers énig-
• ma tiques :
• Nomen Baptitix , cognomen nominij ùte
«Getsilqui duduin vesttvit nuflum contra frigas. »
Et en note: «Ce dernier ver» est eslro-
• pié; mais il est ainsi dans le manuscrit
• original. > Si l'on rapproche cette cita-
tion du passage, donné plus haut, de Tous-
tain , où frigore est interprété par contra
frigus (à tort, car frigore est pour in
frigore) , et du fait que , dans la copie de
Toustain , frigore est écrit en place d'un
mot raturé, on conclura que dans le
registre contra frigus était une glose
écrite au-dessus de frigore et qui en
avait pris la place dans la copie dont
s'est servi Pl\iquet. < ' ' ■ ■ n. i ' • '
GUILLAUME LE MAIRE.
Qui estet moult très prude faîne
Et servet Dcx et nostre dame.
Ney fut en leal mariage ;
Et tiint vint, quant il fut en aage
D'eflanclie , Ai mis a aprendre ,
Et il y ouït l'engin si tendre
Qu'il devint si fort chrestiert
Tantost, très bon gramarien
Et très bon clerc (et) bien prolatif,
Tant qu'il fu le superlatif
Et du tout le plus de clergie ,
Et print a douctriner mesnie
Par exemples et par paroles,
Puiz tint en meins leus les escholes.
75
HIV" SIÈLLC.
T. femme, P.esleil, très manque, pre.li
T. Ce s., noire, P. servit
T. Ceiicy f. un , P. Si ro f. un
T. vins, âge
T. fui, apprendre, P. D'enlianihi', mijr
P. oui
P. grammairien
T. fui
T. de l.
T. doctriner mesmie, P. presl
P. exemple
T. Puis, m. leurs e. T. maini les e.
M. de Pontauniont a publié en 1868, d'après la copie de
Toustain de Billy, les io83 vers qu'elle contient. Avant
cette édition, un autre antiquaire normand, M. Couppey,
avait lu, dans une séance de la Société académique de Cher-
bourg, une notice sur le même poème, qui fut imprimée
dans un des volumes (i843) de cette société, et qui contient
({uelques bonnes corrections. P. P.
GUILLAUME LE MAIRE,
EVEQUE D'ANGERS.
SA VIE.
Le 3o janvier 1291, on apprend à Angers que l'évêque
de cette ville, Nicolas Gèlent ouGellant, est mourant en son
manoir d'Eventard. Ayant reçu cette nouvelle, quelques di-
gnitaires du chapitre vont rendre les derniers devoirs au
pasteur vénéré. Il meurt aussitôt après leur arrivée. Les
chanoines rasent sa barbe, lavent son corps, l'embaument,
le parent des vêtements et des ornements épiscopaux. Le
10.
Mort te i3 mai
1317.
D'Acbery.Spicil. ,
ëditioa de 172.'^,
t. II, p. 160.
,,,.„„,,. 76 GUILLAUME LE MAIRE.
lendemain a lieu la cérémonie de l'exposition. Mnsuilf
vingt chapelains d'Angers, choisis parmi les pins ro])nstes,
viennent chercher le corps et le transportent dans la ville
épiscopale, où il est solennellement enseveli.
Sur toul ce cpii regarde l'élection, la conlirmalion et
l'installation du nouvel évêcpie nous avons une narration
suivie, à laquelle ne manque aiicun détail. Il nous paraît
utile d'en extrain; ce qui doit faire connaître les loi.s, les
coutumes et les mœurs du temps.
Lor. rii.. |). ifii. Les funérailles de Nicolas (îelent achevées, les chanoines
d'Angers s'assemhlent dans le chœur de l'église calhédrale,
l'église Saint-Maurice, et, ])rostfirnés à terre, chantent les
sept psaumes, avec les litanies; puis ils entrent dans la salle
capitulaire pour y délihérer. A la suite de cette délihération,
quelques chanoines sont envoyés au roi et au chapitre
métropolitain de Tours (le siège de Tours étant aussi va-
cant), porteurs du même message. Ils vont demander la
ii)i(i . (.. ifi.. permission d'élire un nouvel évêque. Celte permission ac-
cordée, les chanoines décident que l'élection se fera dans
l'église Saint-Maurice, le mardi qui suivra le dimanche des
Rameaux (17 avril 1291), et convoquent par lettres tous
leurs collègues absents.
Au jour fixé l'élection n'a pas lieu. Un second scrutin
est ouvert le lendemain, mais sans plus de résultat. Dix
chanoines sont chargés de faire un choix et de le faire con-
naître. S'étant donc immédiatement retirés dans la crypte
pratiquée sous la châsse de saint Maurille, les dix chanoines
s'accordent bientôt à présenter Guillaume Le Maire, leur
confrère. La présentation faite, Guillaume Le Maire refuse
pour la forme, comme le prescrit l'usage, une aussi haute
dignité. Mais aussitôt on chante en chœur, tumultueusement,
l'hymne Te Denin laudaimis, et l'on entraîne au grand autel
l'élu résistant encore. Enfin les cloches sont mises en
branle, les portes de l'église sont ouvertes, et à la foule qui
de toutes parts accourt et se précipite les chanoines crient
l'oii ((;.), Livre le nom de l'évêque nouveau.
Noii.". |). 8. "' Guillaume Le Maire, en latin Major, né à Daumerai,
GUILLAUME LE MAIRE. 77
\IV' SIÈCLE.
Gallia christ,
nova , t. XIV,
au diocèse d'Angers, avait passé dans son pays natal toutes
les années de sa première jeunesse. Il nous l'apprend lui-
même : In Aiulecjavensi diœcesi nnti et imtriti. Plus tard il
avait été professeur de droit canonique aux écoles d'Angers, <■. ig
et, son mérite reconnu l'ayant fait nommer chanoine de
l'église cathédrale, il était, depuis .sept ans révolus, chapelain
et pénitencier perpétuel de l'évêque défunt. On n'avait pu
donner à Nicolas Gèlent un successeur mieux informé de
l'état et des besoins du diocèse.
L'élection sera sur-le-champ notifiée au chapitre métro-
politain. Quelques chanoines partent d'Angers, allant faire
cette notification. L'élu les suit lui-même, voulant sans
doute prévenir par cette démarche respectueuse une oppo-
sition qui devait toujours être redoutée. Il n'y avait guères,
en ce temps-là, d'élection confirmée .sans débat, sans procè*.
Guillaume Le Maire se dirige donc vers Tours, par Brion,
par Bourgueil, couche le dimanche de Pâques à Langeais et,
le lundi, il se rend chez le doyen de Tours, auquel il vient
demander l'hospitalité.
Ayant fait subir à l'élu l'examen canonique, le chapitre DAcrieiy. i.k
métropolitain le confirme, et mande aux évêques de la pro- "'"P '^ '
vince qu'ils devront assister à sa consécration le dimanche
avant la Pentecôte, en l'abbaye de Saint-Aubin, les évêques
d'Angers devant être, par privilège, consacrés en leur ville
épiscopale. Cependant l'Eglise ne peut consacrer un évêque
qui ne s'est pas encore fait agréer par le roi. Ayant donc
reçu la confirmation des chanoines de Tours,, les chanoines '••"'•• p- 'O''-
d'Angers s'adressent au roi, le priant de faire cesser la per-
ception des droits régaliens dans le domaine de leur évêque.
Pendant que ces formalités se remplissent, Guillaume Le
Maire, qui ne peut encore entrer dans sa ville, visite les
églises, les abbayes d'alentour, admoneste des curés et des
moines oublieux de leurs devoirs, règle des comptes et
nomme son futur officiai , Etienne de Bourgueil. Le 28 avril,
le roi donne main-levée des droits régaliens. Aussitôt Guil-
laume Le Maire quitte son manoir de Villévêque, et se
rend à la cour du roi, où il va prêter serment. Son équipage iwd., p. 169.
\l\' MKCLK.
78 GUILLAUME LE MAIRE.
se compose de vingt-cinq chevaux, sans compter les bêtes
de somme. Des chanoines et des seigneurs angevins l'accom-
pagnent, avec une escorte nombreuse d'écuyers et de gens
de service. Tel était alors le faste de l'Eglise. Guillaume Le
Maire, bien accueilli par le roi, lui prête son serment, le
16 mai, au château de Vincennes.
Nous le voyons ensuite arriver à Paris, y demeurer trois
jours et y faire emplette de mitres, d'habits, d'ornements,
de harnais. On ne pouvait dès lors passer par cette ville opu-
lente sans en visiter les marchands renommés. De là Guil-
laume retourne à Villévêque, sur le Loir, à quelques lieues
d'Angers; dans cette fraîche résidence, où il vient coucher
le 28 mai, il attendra le jour fixé pour sa consécration. La
Loc. rii.p. 171. veille de ce jour, le samedi 2 juin, il part de grand matin
et se dirige vers les faubourgs d'Angers, allant à l'abbaye de
Saint-Serge, où il doit, suivant l'usage, passer la nuit, avec
les gens de sa suite, aux frais des moines.
Le lendemain, il se rend à cheval au lieu désigné pour
la cérémonie. Autour de lui se presse un peuple ému,
bruyant, de bourgeois et de clercs. Quand il arrive à la
porte de l'abbaye de Saint-Aubin, Briant de Montejan,
sire de Briançon, vient à sa rencontre. C'est le privilège
envié de ce vassal d'aller le premier au-devant de l'évêque,
f)Our lui faire un passage à travers la foule. L'évêque doit
ui donner, pour récompense , son palefroi. La foule écartée,
Guillaume Le Maire entre à Saint-Aubin, où dès l'abord se
présentent à lui quelques chanoines de Tours. Ce sont des
envoyés de l'archevêque nouvellement élu, qui réclament
de lui le serment qu'il doit à son supérieur spirituel. Il le
prête à la hâte, et, sans autre délai, va dans une chapelle,
où le suivent les évêques de Dol et de Quimper, revêtir les
habits sous lesquels il sera consacré. 11 ne lui appartient pas
encore de porter la mitre, l'anneau, le bâton pastoral et les
gants. Ces ornements lui seront offerts plus tard. De même
n'a-t-il pas droit encore aux vêtements brodés d'or et de soie :
avant la consécration, sa robe est de toile blanche, de bou-
gran. En sortant de la chapelle, Guillaume Le Maire est
GUILLAUME LE MAIRE. 79
MV SIKCI.K.
r
conduit à l'église principale de l'abbaye, où il est consacré
devant le grand autel par Guillaume, évéque de Rennes.
L'antique abbaye de Saint-Aubin, si souvent nommée
dans les fastes ecclésiastiques ou civils de l'Anjou, n'était
pas encore, à cette époque, comprise dans les murs de la cité.
Maintenant paré des insignes de l'évêque consacré, Guil-
laume Le Maire va faire son entrée solennelle dans sa ville
épiscopale. Les principaux seigneurs de la province, les
barons de Chemillé, de Blou, de Gratecuisse et de Briolai,
celui-ci représenté par son fils aîné, âgé de onze ans, l'élè-
vent alors sur leurs épaules et se dirigent avec ce fardeau
vers une des portes, appelée la Porte Angevine. Mais ils la
trouvent fermée par les ordres du chapitre. Le cortège
ayant déjà fait une longue station devant cette porte close,
le guichet s'ouvre enfin, et un des archidiacres se présente,
au nom du chapitre, venant exiger de l'évêque un nouveau
sernïent. H faut qu'il jure, avant d'entrer dans la ville,
d'observer toujours fidèlement les droits, les coutumes de
son église. 11 jure donc, et, la porte ouverte, il est conduit
à l'église cathédrale, où il entend la messe du jour, installé,
dit-il, dans une sorte de cuve close, où il s'est prudemment
soustrait aux hommages trop vifs de la foule bruyante.
Enfin, la messe dite, il se rend à son palais épiscopal,
s'habille d'un rochet neuf et va se mettre à table. Nous
devons raconter quelques détails vraiment curieux de ce
festin. L'évêque qu'on vient de consacrer a pour commen- 1.0.. rit., p. 17/,.
saux les évêques qui sont venus prendre part à la cérémo-
nie, et pour serviteurs ces premiers seigneurs de la province
qui l'ont porté sur leurs épaules. Mais ce n'est pas de
leur part, qu'on le remarque, un service désintéressé. En
effet, après le repas, le baron de Blou, sire de Beaucé,
réclame pour salaire et obtient sans contestation les quatre
écuelles d'argent sur lesquelles il a présenté les premiers
mets à l'évêque. Jean de Beaumont, seigneur de Gratecuisse ,
le sire de Montejan et le sire de Chemillé reçoivent ensuite,
sans avoir besoin de faire valoir leurs droits, les bassins
d'argent, les serviettes et quelque monnaie. Mais aussitôt
\I¥ MECI.t.
80 GUILLAUME LE MAIRE.
après il s'élève de tumultueuses contestations. Ainsi le sire
de Beaucé veut, en outre, s'attribuer toutes les chaudières,
tous les vases dans lesquels on a préparé le festin; mais sa
requête n'est pas favorablement accueillie. De même, le
seigneur Gui de Chemillé demande, pour sa part, le résidu
des pains fabriqués pour la cérémonie; mais cela lui est
obstinément contesté. Il y eut même, en plein repas, une
sorte de rixe entre l'évêque et l'impétueux Amauri deCraon,
fds du sire de Briolai. Ce jeune homme, s'étant introduit
de vive force dans la salle du festin, prétend, en l'absence
de son père, servir d'échanson à l'évêque. Celui-ci l'écarté
de la main, disant que tout devoir féodal est personnel et ne
peut être rempli par un vicaire; mais, ne l'entendant pas
ou ne l'écoutant pas, Amauri se précipite, saisit sur la table
la coupe dorée de l'évêque et l'emporte comme prix d'un
service indûment refusé. Acte est sur-le-champ dressé de
cet effronté larcin.
Le lendemain de sa consécration, Guillaume Le Maire
sortit d'Angers, se rendit à Tours et, bientôt après, rentré
dans son diocèse, en commença la visite. C'était se hâter de
prouver sa vigilance, son zèle pour la discipline. Les baillis,
les sénéchaux du roi, ainsi que les divers officiers du comte
d'Anjou, ne tarderont pas non plus à savoir que les chanoines
* de Saint-Maurice ont mis à leur tête un intrépide défenseur
des anciens droits de leur église. Autrefois les préposés du
pouvoir civil se contentaient de violer ces droits ; ils n'hésitent
plus maintenant à les appeler des abus et prétendent les
abolir. La puissance temporelle de 1 Eglise est mise partout
en question. C'est contre les évêques que cette question sera
finalement résolue, mais après de longs et vifs débats, et
quand Guillaume Le Maire vient s'engager dans cette lutte,
personne n'en peut encore prédire l'issue. 11 a donc toute
l'ardeur, toute l'audace d'un homme qui combat pour la loi.
i,of.ni.. p. 178. Le 29 août 1291, Nicolas IV convoque un concile pro-
vincial dans la ville d'Angers. Ce concile, qui a pour objet
une levée de subsides en vue d'une croisade nouvelle, se
réunit le 26 janvier 1292. On n'en connaît pas les actes.
(ÎUIIJ.AIIME LE MNIRK. 81 ,„.„,,,,
(ini n'ont pas (•((' publiés dans lo rociioil (\o Jean Maan ; mais
on sait (iiic (luillanmc Le Maire prononça le discours d'ou-
verture el traita niagniliqueiuent, après la dernière sèanre
flu concile, les liuil évè(pies et les autres dignitaires fjiii en
avaient fait partie.
Dès la niènu» année, il entreprend une enquête sur toutes If <:^' •r-''^'
les usurjialions n^prorliées aux louclionnaires civils de son
diocèse, vl prépare contre eux l'acte daccusalion qu'il doit
faire parvenir plus tard au roi IMiilippe. Ils lui disputent le
droit de chasse dans ses liois; ils s'arrogent la connaissance
des crimes commis sur ses terres, arrêtent, condamnent
el enqirisonnent tous les délinquants, sans mènie distin-
guer les clercs des laïqiuîs; enfin, sons tous les prétextes,
au mépris de toutes les immunités légales, ils exigent des tri-
huls, saisissent etcon(is(juent des Inens (pii sont du domaine
de l'Église. Les preuves de ces outrages enfin réunies, Guil-
laume Le Maire écrit au roi. Son langage est très vif; pour-
tant, dit-il, il n;' raconte que la moindre j)art des méfaits
commis; pour tout décrire avec des paroles il faudrait,
ajoule-t-il, l'art et rélo(juence d'un Démosthène.
Le roi, (jui parai! avoir en souci de lui complaire, en- ibiii. p. iS",
voie le même jour, le lo novembre 1294, plusieurs lettres
aux baillis de Tours > I d'Angers, leur enjoignant de lui
lémoignei' plus de resj)ect. De .son côté, le comte d'An- ibùi., j.. 187
jou répond avec douceur aux remontrances qui lui sont
également adressées par fiuillaume, rejette sur ses offi-
ciers la responsabilité de tous les torts et promet de les ré-
parer. Cependant ce furent, paraît-il, des injonctions et des
promesses vaines. Nous avons, en effet, une série de lettres
écrites par le roi, durant les années 1 296 et 1 '«96, au bailli
de Tours, où nous lisons (jue l'évêque d'Angers se plaint
encore et que le roi trouve ses plaintes fondées. Enfin, en "''<•■ p >«
l'année 1 '^98, le jeudi après la fête de saintLuc, Guillaume
Le Maire, las d'attendre la réparation de ses dommages, ex-
communie David de Sesmaisons, bailli d'Angers, et Darien
Bidoin, son vicaire. En d'autres temps cet acte de vigueur
aurait tout terminé; il ne produit plus maintenant qu'un
TOME XXXI. 11
0 A l'iPBiwriiit «f*Tir>xiiit,
XIV SIF.CI.K.
82 GUILLAUME LE MAIRE.
faible effet. Dans l'Anjou, comme en d'autres provinces Au
centre de la France, l'autorité des évoques s'est amoindrie
et celle des officiers civils s'est accrue. Contre la loi vieillie
dont Guillaume Le Maire rappelle le texte on argumente
au nom d'intérêts nouveaux; pour l'ancien régime, si légal
qu'il soit, on n'a plus qu'un douteux respect, et les foudres
de l'Eglise n'inspirent plus à des baillis une terreur suffi-
sante. David de Sesmaisons, même excommunié, n'offre
pas à l'évêque les satisfactions qu'il exige, et la querelle
continue.
En l'année 1299, Guillaume Le Maire est chargé par
tous les évoques de sa province de rédiger un mémoire où
seront exposés les griefs qu'ils ont tous contre les baillis et
lesautres officiers du roi, des comtes, des simples seigneurs.
Ce mémoire, que Guillaume nous a conservé, est plein
d'intérêt. H offre à l'histoire générale la relation d'une série
d'entreprises violentes, qui montrent combien grande était,
vers la fin du xiii* siècle, l'animosité réciproque des laïques
et des clercs; à l'histoire particulière de la province, beau-
coup de curieux détails sur les dommages causés par leurs
conflits.
A ce mémoire Guillaume joignit une épître, qu'on pour-
rait appeler un traité dogmatique sur les droib particu-
liers de chacune des deux puissances. La rédaction en est
fière et hautaine. L'évêque marque très rigoureusement les
limites de la puissance royale, et, citant l'Écriture et les
Pères, il rappelle que Dieu lui-même a pris l'engagement
de ruiner les empires où ses ministres seraient maltraités.
i-o.. rii., p. igi. De nouveau le roi mande aux baillis de Tours et du Mans
de laisser en paix les évêques, et, voulant cette fois que ses
ordres soient exécutés, il envoie dans la province de Tours
maître Raoul Rousselot, un de ses clercs, etGeoffroid'Anisi,
vicomte de Bayeux, qu'il charge de veiller au règlement
définitif de toutes les contestations encore pendantes. Il
fallait donc céder ou se mettre en révolte contre la volonté
du roi; les atermoiements n'étaient plus praticables. On doit
supposer que les baillis cédèrent, car on ne trouve pas, après
GUILLAUME LE MAIRE. 83 .„..,.„„
l'année i 299 , d'autres plaintes portées contre eux à la cour
(lu roi par le ferme et vaillant évèque d'Angers.
Philippe le Bel respectait peu, comme on le sait, les
choses d'autrefois; mais il était grand politique, et, sur le
point de s'engager avec le pape dans un différend où il de-
vait avoir hesoin du concours des évêques, il jugeait op-
portun de se les concilier par (juelques concessions. Or on
le voit, à celle époque, dur avec ceux dont il ne peut rien
allendre, mais avec les autres facile et bienveillant. Guil-
laume Le Maire fut reconnaissant au roi d'avoir soumis ses
haillis. En effet nous le voyons à Paris, en i3oi, dans l'as- 'j»"'» fi»'»' ,
.semblée des trois élats qui se déclara pour Philippe le Bel c. 576.
contre Boniface VIII, et nous ne le trouvons pas au nombre
des évêques français qui se rendirent ensuite à Rome pour
obéir aux ordres du pape. Cependant son archevêque, qui
ht ce voyage, l'invita sans doute à l'accompagner.
(iuillaume Le Maire eut encore quelques démêlés avec le
comte d'Anjou en 1 Soy ; mais les dernières années de sa vie
paraissent avoir été tranquilles. On a lieu de croire que, dès
l'année i3o2, il fut plus souvent à la cour que dans son
diocèse. En des sermons composés, de l'année 1297 à
l'année i3o4, par Guillaume de Sauqueville, nous lisons :
Quoinodo est hoc possibile quod carras hene incedat, quod cara Bibi. nat., ma
I I II I • • f • À 1 nuscr. lat. iGjln.'),
oene vadat quant habet curatas vel episcopas in diocesi Anaega- foi. 42v°.
vensi, quando per tntam annuni, vel majorem partem anni, iste
est separatas a cara , stat Parisias in caria régis , intendens vanis
et sœcalaribus negotiis? Ce témoignage si précis ne peut ne
pas inspirer une entière confiance. On remarque, d'ailleurs,
qu'entre les années 1802 et i3i2 une seule pièce nous
atteste la présence de Guillaume Le Maire en la ville d'An-
gers. Siégea-t-il, comme on l'a dit, au concile de Vienne,
en l'année i3i 1? C'est là un fait que son plus récent bio- Port (C), Livre
graphe révoque en doute, (^uoi qu il en soit, Guillaume prit Notice, p. i5.
part aux travaux de cette grande assemblée en rédigeant un
long mémoire sur toutes les questions qu'elle avait à ré-
soudre. Il mourut le i3 mai, selon les obituaires; en l'arinée
i3i4, selon tous les historiens. Tous les historiens ont ici
li.
\t\ »I&CI.IU
84 GUILLAUME LK MAIRE.
p. aoO et 107.
reproduit l'asserlion des frères Sainl(!-Marlhe, qui loiil élire
au mois d'octobre i3i4 le successeur de (luillaïune Le
Maire, Hugues Oudard. Mais celle élection mal datée e;it
DAchery. spicii., Heu bcaucouj) j)lus lard. On l'a déjà prouvé. On a rappelé
'• '• I' 7i<- (jue nous avons ::onservé les actes d'un synode présidé pai-
(luillaunie Le Maire le j8 octobre i3 1 4; et l'on a, en outre,
cité d'autres pièces (|ui le monîrcMit e.\er(;anl encoïc son
ii)i(i., I. II. iiiinislère épiscopal en i3i,) et juscpi'auv pr(;niiers jours de,
mai i3i6; ce cpii autorisait à supposer qu'il n'^ivait pu
mourir avant le i3 mai i3i6. Nous apprenons aujourd'luii
qu'il mourut plus vieux d'une année. Des pièces récemment
produites nous le font voir continuant à siéger dans les
rornc.).oiivi. derniers mois de i3i6, et enfin, le 19 avril i3i7, en son
.ii.-,|). .■5<9. manoir de Villévêque, prêtant serment au nouveau roi Pbi-
Meiiaec (G.), l'ppe, représenté par AmauH ds Craou. 11 mourut le i3 mai
Keiiiarqiicssuria 1 3 1 7, (laus uu autre Hiauoir épiscopal, à Bauné. La tia-
uà^.o, p. .oi. dition veut qu'il ait été enseveli dans le grand cimetière de
Morannes.
SES OEtJVRES.
Nous avons raconté la vie de Guillaume Le Maire sur des
mémoires qu'il a rédigés lui-même et qui ont été publiés,
ivArhcry, Spi- pour la première fois, par Luc D'Acbery, d'après un volume
',''V;5 ui'TiSq! manuscrit de l'église d'Angers, sous le titre de : Gesta (îiiil-
o;. lelini Majoiis , Andegavensis cpiscopi. Mais cette édition offrait
de nombreuses lacunes, depuis longtemps signalées par
Ménage (G.), Gilles Ménage. Notre confrère, M. Célestin Port, arcbivist(;
TZT '"^ ^1^ Maine-et-Loire, s'est chargé de les combler. Une édi-
tion complète de ces mémoires, avec toutes les notes et
les tables nécessaires, nous a été par lui donnée dans le
deuxième volume du nouveau recueil de Mélanges publié
par le Comité des travaux historiques. Le titre est Liber
Guillelini Majoris. C'est le titre ancien, auquel le précédent
éditeur avait mal à propos substitué de son chef celui de Ge^ta.
Quelques parties de ces mémoires nous offrent un récit;
le reste se compose de pièces officielles. Le récit a la sér
GUILLAUME LE MAIRE. 85
\IT SlW.l.f..
cheresse d'un procès-verbal, mais il en a l'exactitude; il
n'existe pas un autre document de la même époque qui nous
fasse aussi bien connaîlre toute la procédure d'une élection
éj)iscopale. H est donc d'un grand intérêt; mais nous es-
limons (|ue Guillaume Le Maire aurait pu, sans manquer
aux convenances, écrire avec plus d'abandon, et consé-
(juemmenl avec |)lus d'agrément, l'histoire anecdotique de
son administration très tourmentée. 11 avait certainement
de l'esprit; il l'a prouvé plus d'une fois, même dans ses
statuts synodaux, où il y a plus d'un trait satirique. C'est
donc à dessein qu'il a rédigé ses fastes dans le style des
notaires. Ainsi l'on ne jugera sur ce style ni l'homme ni
l'écrivain.
L'écrivain se montre beaucoup mieux dans quelques
f)ièces. Ces pièces sont très variées. Les unes, libellées par
es scribes de l'évêché, du chapitre ou de l'officialité, sont de
simples chartes, des mandements, des accords, etc. Elles
importent beaucoup à l'histoire du diocèse d'Angers, et
Guillaume a sagement fait de les recueillir. On en a même
extrait quelques-unes pour les imprimer ailleurs, comme
pouvant fournir des renseignements utiles à d'autres his-
toriens qu'à ceux de l'Anjou. Ainsi Jean Petit a publié, Theod. Pœi.t..
dans ses annexes au Pénitentiel de Théodore, la lettre qui '' '''' '^
concerne le serment dû par les évêques d'Angers au roi de
France. D'autres sont des lettres adressées à Guillaume
par le pape, par le roi. Plusieurs de ces lettres, et notam-
ment celles qui concernent les templiers, ont été de même
publiées par Rinaldi, par Dupuy, par M. Michelet. Mais
le recueil de Guillaume contient encore un certain nombre
de pièces plus littéraires, dont il est l'auteur certain, et
d'après lesquelles nous pouvons apprécier, d'une part, quelles
études il avait préférées; d'autre part, quelles étaient ses
opinions, ses doctrines; enfin quel était le ton naturel de
son esprit. Chacune de ces dernières pièces doit donc être
particulièrement mentionnée.
C'est d'abord une lettre du mois d'octobre 1294, dont Pou (C), ou-
l'objet est d'informer le roi des abus commis par ses officiers ^,^7^ "''' ^ '''''
\IV «lECI.E.
86 CUILLAUME LE MAIRE.
dans le diocèse d'Angers. Quoique Guillaume n'ait pas cm
devoir insérer dans son recueil la préface de cette remon-
trance et se soit même contenté, comme il semble, d'en
résumer quelques parties, elle est néanmoins considérable.
Ce n'est ])as, en effet, un simple exposé d'actes abusifs;
c'est de plus une dissertation canonique sur les droits tra-
ditionnels de l'Église et un .sermon sur les devoirs des
princes chrétiens envers elle. L'Eglise a ses propres biens,
ses propres revenus, ses propres sujets, .sa propre justice.
Les olîiciers du roi feignent de l'ignorer; le roi, à qui
.s'adressent les plaintes des évêques, feint de ne pas les en-
tendre. Il faut donc rappeler à la mémoire du roi d'abord
les textes légaux qui garantissent l'indépendanc*! de l'Église,
ensuite les pas.sages des saints livres qui menacent ses op-
pre.sseurs d'inévitables peines. Tout cela est dit très ferme-
ment, et même très durement. On sait, il est vrai, ([ue les
évêques de ce temps-là ne ménageaient guère, dans leurs
discours, dans leurs écrits, les représentants de la puissance
royale; il ne leur était pas toutefois habituel de les traiter
de si haut. Guillaume ne se contente même pas de repro-
cher à Philippe le Bel sa conduite envers l'Eglise; il va plus
loin : il ose lui défendre d'être plus longtemps en guerre
avec Edouard d'Angleterre, un prince chrétien. Pour ex-
cuser toutes ces entreprises belliqueuses, on a coutume
d'alléguer l'intérêt, l'honneur, la vengeance. Motifs con-
damnables! Il n'y a de guerres légitimes que les guerres
vraiment nécessaires. Avantde prendre les armes, attendez,
ô rois, que la justice ait, par l'ordre de Dieu, sonné le
clairon. Tel est le fond de cette lettre. Quant à la forme, elle
ne manque ni d'ampleur ni de mouvement; mais le latin de
Guillaume est celui des juristes, un très mauvais latin où
les néologismes abondent. Une seconde lettre touchant les
Ouvragr ni.-, luêmes gHcfs SB Ut quelqucs pages plus loin, sous ce titre,
qui n'est pas sans doute de Guillaume : Bona littera contra
malos judices, baillivos et eorum satellites. Il y a, dans cette
seconde lettre, de longs passages empruntés à la première.
Ce ne sont pas toutefois deux rédactions de la même lettre.
p. i5i-i57.
GUILLAUME LE MAIRE. 87
M\' SIÈCLE.
'79-
car on ne trouve pas dans la première toute la fin de la
seconde, où sont relatés des faits postérieurs au mois d'oc-
tobre 1294. Il faut dope croire que Guillaume, ayant tou-
jours à se plaindre et se plaignant toujours, aura reproduit
dans une nouvelle lettre contre les mêmes personnes, le
comte d'Anjou, ses baillis et leurs sergents, les morceaux
de style qui f avaient le plus satisfait dans la première. Nous Omugc cué,
avons enlln une troisième lettre, datée par l'éditeur de
l'année 1299, où nous lisons encore les mêmes passages
I)lacés à la suite d'une autre requête sur d'autres faits. Ainsi
es baillis du comte d'Anjou, fréquemment admonestés par
le roi, ne faisaient pas grand état de ces réprimandes et se
rendaientcbaque jour coupables de nouveaux empiétements
sur les droits de l'évêque; mais l'évêque ne croyait pas devoir,
pour les dénoncer, faire cbaque fois de nouveaux frais
d'éloquence. La plus intéressante de ces trois pièces est la
première. Les arguments y sont présentés dans un ordre
plus logique et les conclusions, mieux déduites, sont plus
impératives.
Vient ensuite le mémoire envoyé par Gxiillaunoe au concile 'bid., y. 287
de Vienne. Rinaldi fa publié presque tout entier, sans en
nommer l'auteur. Les frères Sainte-Marthe et Louis Bail
l'ont cru de Guillaume Duranli, évêque de Mende. Mais il
est pour nous évident, comme pour M. Célestin Port, que
c'est là une fausse conjecture. Voici le contenu de ce mé-
moire important.
Clément V avait dit, le 16 octobre i3 1 1, qu'il avait con-
voqué le concile avec le dessein de l'interroger sur trois
graves affaires : f enquête ouverte depuis plus de quatre ans
sur les doctrines et les mœurs des templiers, le projet d'une
nouvelle croisade et la réforme de l'Église. En ce qui re-
garde les templiers, Guillaume est pour les mesures les
plus promptes et les plus rigoureuses. Cet ordre scandaleux
a déjà, dit-il, trop compromis le nom chrétien. Plus de
deux mille témoins ont été entendus; la vérité tout entière
est connue. Un débat contradictoire serait inutile «t aurait
l'inconvénient de beaucoup différer la sentence. Il faut tout
3od.
XIV SIRCtK.
88 fîUfiJ.MJMi: LE m\ii;e.
(le suite, sans aucun délai, sujiprimer l'ordre el confisquer
ses grands biens.
Cette confiscation générale sera décrétée en vue de la
future libération des lieux saints. L'Kglise, mise en posses-
sion des terres et domaines d(; l'orrlre, les fera prudemment
administrer par des clercs, sans permettre aux gens du roi
de prendre une part quelconrpieàcelte gestion, el les rentes
desdits biens seront accumulées j)endantdi\ ou douze ans,
pour être employées, ce temps écoulé, aux frais de la croi-
sade. Aux produits de cette régie seront ajoutées les aumônes
obtenues par les distributeurs épiscopauv des influlgences
papales. Kn outre, durant ces douze années, un demi-divième
sera prélevé sur les revenus de l'Eglise et mis en réserve
pour le même objet par les évoques, sans aucune interven-
tion des olficiers royaux; mais il faudra que le pape s'en-
gage, comme le roi, à ne rien demander de plus à l'Mglise
durant ces douze années. Les quêtes arbitraires de subsides
ont, dans le temps passé, servi de prétexte à trop de mau-
vaises pratiques. Credo, dit ingénieusement notre évéque,
qnod tninnr qnaulitas, data (jrata cl hilari vninntate, ina<ji$ pru-
dent et cjficaciur crit ad dictuni opus qiiani major cxacta a no-
lenlibus, tristibus et invitis.
Sur le troisième article, la réforme de fllglise, (îuillaume
Le Maire a des idées non moins arrêtées. C'est une matière
qu'il a, dit-il, particulièrement traitée dans un écrit qu'il
fera connaître en tenq)s opportun. Il ne ])araît pas qu'il ait
tenu cette promesse. Nous avons, du moins, dans le mé-
moire, le résumé de l'écrit maintenant perdu. Voici donc les
réformes qui lui semblent les plus urgentes. Et d'abord il
sera décrété que, dans toutes les paroisses de France, les
foires, les marcbés, les audiences judiciaires ne se tiendront
plus les dimanches et les jours de fête. Dans ces jours autre-
lois consacrés à Dieu, c'est maintenant le diable qu'on
honore; les églises sont partout désertes, mais les tavernes,
les boutiques de toute sorte regorgent de monde; on ne voit
que batailles et tumultes; on n'entend que parjures et blas-
phèmes. C'est là ce qu'il faut d'abord réformer. Ensuite on
GUILLAUME LE MAIRE. 89
s'occupera d'apporter un prompt remède à l'abus des ex-
communications. « C'est un déluge qui va, dit Guillaume,
« nous engloutir. J'ai vu quelquefois de mes yeux, dans une
«seule paroisse, trois cents, quatre cents, peut-être sept
«cents fidèles excommuniés pour des causes diverses, par
« des sentences le plus souvent iniques. » Mais quels sont les
auteurs de telles sentences? Ce ne sont pas des archidiacres
ruraux, des arcliiprêtres ou des doyens, canoniquement in-
vestis de la juridiction ecclésiastique; ce sont des substituts,
des subalternes de ces dignitaires, des gens de rien, viles,
des ignorants, inscios et icjnaros, qui font un indigne abus
de leur mandat. Voilà dans quelles mains sont tombées par
délégation les clefs du royaume célestel Aussi qu'est devenue
l'autorité de f Eglise ? Partout elle est raillée, conspuée. C'est
la conséquence naturelle de l'abus signalé. Cette autre vient
après : les juges entraînent avec eux leurs justiciables, par
bandes, innumerabiles populos, catervatim, au goufifre de
l'enfer. 11 n'y a qu'un moyen de corriger ce lamentable état
des choses; c'est de ne plus admettre aux ordres sacrés et
parrticulièrement au sacerdoce, comme cela se fait à l'or-
dinaire, un tas de personnes aussi peu recommandables sous
le rapport de la science que sous le rapport des mœurs :
Innumerœ personœ contemptibiles et ahjectœ, vita, scientia et
monbus omnino indignée. Il faut s'occuper aussi de la réforme
des moines. Qu'est-ce qu'un moine P Le nom le dit assez;
c'est un solitaire , un clerc cloîtré. Un moine mis hors du
cloître est un poisson mis hors de l'eau. Cependant que
voyons-nous? Une multitude d'individus, moines par l'habit,
vivant sans aucune discipline en des maisons rurales , y fai-
sant tous les commerces et mêlés dans toutes les foires aux
marchands séculiers. De là de grands désordres , de grands
scandales. Il faut, pour y remédier, diminuer le nombre des
prieurés, en supprimant ceux qui ne renferment que deux
ou trois de ces prétendus moines. Ainsi l'on mettra un à leur
vagabondage. Réunis au nombre de dix ou douze, sous la
main d'un chef commun , ils reprendront par contrainte les
mœurs de leur état. Ce mépris de la règle professionneiie
TOME ZXXI. 13
nv* «làcLB.
■reivitic «tiijitkt.
XIV sncLS.
90 GUILLAUME LE MAIRE.
n'est pas, d'ailleurs, le seul délit que les évêques sont en
droit de reprocher aux nioines et aux religieux. Sous le cou-
vert de leurs exemptions, ils empiètent, avec une arrogance
chaque jour croissante, sur la juridiction de l'ordinaire,
consacrent des mariages illicites, usurpent les dîmes des
pauvres curés et refusent même ouvertement aux évêques
les procurations qu'ils leur doivent : Prœlatis ad prioratus
suos accedenlihus , juxta morem, vi armata et armati cum suis
complicibus resistentcs , cisdem prœlatis et suis se(juacibus, ausu
temerario , iinoj'arioso , mortem inferre conantur. Cela se peut-il
plus longtemps supporter? D'ailleurs les évêques français ne
reprochent pas seulement à la cour de Rome le trop facile
octroi de ces exemptions abusives. Ils se plaignent encore de
la voir disposer à l'avance de tous les bénéfices qui doivent
vaquer dans leurs églises, pour les attribuer à des clercs
étrangers, chassés de leur pays natal j)our leur mauvais
renom. Les choses en sont venues à ce point que les prélats
jaloux de bien administrer leurs diocèses ne peuvent plus
s'entourer de personnes capables , instruites et dignes de leur
confiance; ils n'ont plus, dans leurs chanoines, des ser-
viteurs; leurs chapitres sont composés de gens inconnus,
qui ne résident pas, ou qui, s'ils résident, ne parlent pas la
langue du pays. On cite une église cathédrale où, dans
l'espace de vingt années, ont eu lieu vingt-cinq vacances,
♦*t dont l'évêque n'a pu disposer lui-même que de deux
prébendes; encore les a-t-il données à des gens qui les
attendent encore, et adhuc sunt in dicta ecclesia expectantes.
On voit tous les jours des clercs instruits se marier en re-
venant des écoles, ou, quittant l'Eglise pour aller chercher
lin emploi dans les cours séculières, la traiter en ennemie
jwrce qu'elle les a, disent-ils, dédaignés. Faut-il s'en étonner
f^uand toutes les dignités ecclésiastiques sont réservées aux
favoris des cardinaux et des papes, à des gens qui, pour la
fïJuparl, n'ont jamais vu les églises dont ils touchent les re-
venus.!* Un autre abus est le cumul des bénéfices. Partout,
aujourd'hui, deux, trois et même quatre fonctions se trou-
vent réunies sur une seule tête. Et ce sont, hélas! les plus
GUILLAUME LE MAIRE. 91
!lLiv' SIÉCI.K.
fructueuses; si bien qu'un seul arrive à posséder tant de per-
sonnais et de bénéfices qu'on pourrait sulfisaininenl pourvoir,
avec le total de ses renies, cinquante ou soixante personnes
lettrées. Les personnes lettrées, nous l'admettons volontiers,
devaient déjà savoir vivre de peu; il est possible, toutefois,
qu'ici Guillaume exagère. Il proteste enfin avec beaucoup
d'énergie contre les brigues qui pervertissent les élections
épiscopales, contre fachat public des suffrages, et, pour
conclure, contre les mœurs des chanoines, leur cynique
mépris de toutes les bienséances, de toutes les règles.
(luillaume Le Maire était, comme on le voit, un réfor-
mateur très résolu. Nous avons d'autres écrits que le siei!
qui signalent les mêmes désordres et pro|)Osent d'y remédier
à peu près de la même manière; nous n'en avons pas un
autre d'une vigueur aussi soutenue. Il faut, d'ailleurs,
remarquer que, malgré son ardeur pour la réforme, Guil-
laume ne juge pas bons tous les moyens de l'obtenir. Son
premier point est que l'Eglise doit traiter seule ses propres
affaires, sans aucune intervention du pouvoir civil. Il veut
d'abord la liberté de l'Eglise. D'autres évéques, également
affligés de l'état des choses, n'attendaient plus ni des con-
ciles ni du pape aucune mesure elficace, et s'adressaient,
dans leur désespoir, au roi Philippe, le priant de les aider.
Guillaume repousse fièrement la main qu'ils sollicitent. La
besogne est, il l'avoue, difficile; mais il pense que les conciles
y suffiront. On se demande donc pourquoi, n'ayant rien
d'un évêque courtisan , il a vécu tant à la cour. Peut-être le
roi, par politique, le retenait-il près de lui.
Un passage du Livre que nous venons d'analyser nous UAcheiy,.s,.ini.
apprend que Guillaume Le Maire considérait lui-même '" p
comme important à l'histoire un registre où était consignée
la relation de ses visites dans les églises et les maisons reli-
gieuses de son diocèse; c'était un registre à part, qu'il
appelle Refjistrum visitationum nostrarum. On regrette de ne
pas le connaître. On désirerait étudier le détail des choses
sur ce procès-verbal authentique , rédigé par un réformateur
si zélé, et particulièrement apprendre ce qu'il croyait devoir
la.
171
92 GUILLAUME LE MAIRE.
U\ MF£1JS.
blâmer dans les mœurs d'un clergé riche et nombreux
comme l'était celui d'Angers à la fin du xiii* siècle. Ce n'est
pas, toutefois, que ces mœurs soient complètement ignorées:
on possède, en effet, un grand nombre de statuts publiés
par Nicolas Gèlent et par Guillaume Le Maire, qui con-
tiennent des renseignements déjà mis à profit par les his-
toriens; cependant ces statuts, ayant simplement pour objet
de réprimer des écarts, sont loin de nous apprendre toute la
vérité.
spicii.édit.de Les statuts réunis de Nicolas Gèlent et de Guillaume Le
■ 723, p. 735- jyjgjpg Q^j ^j^ publiés par Luc d'Achery. Guillaume Le Maire
est l'auteur de ce recueil officiel, comme il nous l'apprend
dans une préface. Considérant, dit-il, la honteuse igno-
rance de ses clercs, crassa et sufnna ignorantia, il fait une
nouvelle édition des règlements édictés par son prédécesseur
et par lui-même, et, pour que tout le monde puisse les
copier, il annonce qu'un exemplaire de cette édition nou-
velle sera déposé chez un libraire d'Angers, nommé Jean
Benchies.
On a confondu quelquefois les statuts de Nicolas Gèlent
et ceux de Guillaume Le Maire. Le docte Mabillon a lui-
même commis cette erreur, qui lui a été signalée par un de
MabiHon. OEu ses coufrèrcs, Guillaume Fillastre, de l'abbaye de Fécamp.
'"'jP""'' • ' "' Cependant Luc d'Achery avait exactement distingué les uns
des autres. Nous ne parlerons plus ici de ceux de Nicolas
Hi.i. liitér. de Gèlent, qui ont été précédemment l'objet d'une studieuse
p -î^îx ' ^ " analyse; il ne reste à faire connaître que la dernière partie
de la collection.
Le premier synode présidé par Guillaume Le Maire fut
assemblé le 18 octobre 1291. Des deux statuts promulgués
D'Achery, Spicii. . daus ce syuode le second concerne les délits charnels des
' ''^ curés et des desservants. La même peine ne leur est pas
appliquée : les curés sont suspendus de leur ministère
durant six mois; les desservants sont chassés de la paroisse,
et, durant trois ans, il leur est interdit d'officier dans le
même archidiaconé. L'année suivante, au synode de la Pen-
tecôte, il est dit que les abbés des monastères fourniront
GUILLAUME LE MAIRE. 93 „^.„^ct..
eux-mêmes à leurs moines des vêtements et des chaus-
sures, et ne devront plus leur donner, sous la forme d'une
subvention annuelle, l'argent nécessaire pour les acheter.
Les moines, ayant fait vœu de ne rien posséder en propre,
ne peuvent jamais être autorisés à disposer librement d'une
somme quelconque. Au synode de la Saint-Luc, la même
année, Guillaume Le Maire interdit rigoureusement le
travail du dimanche, même aux meuniers et aux barbiers :
il entend que les barbiers ne pourront ni raser, ni saigner
ce jour-là, si ce n'est, en ce qui regarde la saignée, quand
il y aura péril de mort. Le statut suivant, qui est de l'année
1 «qS, nous montre clairement quelle était alors l'ignorance
de certains clercs exerçant les fonctions sacerdotales. H est
décrété C[u'on ne sera plus ordonné prêtre si l'on n'est pas
assez instruit en grammaire pour savoir ce que c'est qu'un
nom , nisi saltem in (jrammaticalihiis sufficienter instructus nt sciât
et intellicfat (jiiid dicnt per nomen. Ce n'était pas assurément
beaucoup exiger. Nous avons lieu de croire que tous les
prêtres séculiers avaient au moins étudié le premier chapitre
de la grammaire et savaient définir le nom selon Priscien ou
Donat; mais ce décret, comme on le voit ensuite, concerne
les moines. Guillaume Le Maire avertit, en effet, les abbés
qu'ils doivent faire donner quelque instruction à leurs
moines avant de les présenter au sacerdoce. Voici un statut
spécial, de l'année 1294, sur les sorciers et les sorcières.
Leurs incantations magiques effrayaient les curés, qui
n'osaient en conséquence les chasser de leurs paroisses.
L'évêque, moins craintif, demande qu'on lui dénonce ces
familiers de Satan, et prend l'engagement de les expulser
lui-même. Nous remarquons, dans un statut de i3o3, la
condamnation de quelques mauvaises pratiques imputées '
aux procureurs et aux notaires. Ils excitaient les gens à
plaider; ou bien ils accordaient les parties au moyen de
compensations pécuniaires, quand il appartenait aux juges
de connaître de leurs différends; ou bien encore ils traitaient
de leurs honoraires avant de s'engager dans une cause.
L'évêque les avertit que ces pratiques les feront excom-
M\' SlicLR.
94 GUILLAUME LE MAIRE.
munier. Un autre statut de la même année a pour objet les
rapines commises par les prêtres à l'occasion des funérailles.
A chacun des prêtres qui figuraient dans une cérémonie
funèbre étaient alloués quatorze deniers. Quand donc étail
annoncée la mort de quelque riche, arrivaient de toutes
parts au lieu des funérailles, sicut corvi vel vultares de longe
cadavera sentientes, de cinq lieues, de six lieues à la ronde,
des prêtres avides de ces quatorze deniers; lesquels souvent,
au grand scandale du peuple, se disputaient entre eux le
droit de participer à la cérémonie, et s'arrachaient les uns
aux autres les ornements consacrés. Ce honteux abus était
devenu, dit l'évêque, un usage. Pour le faire cesser, il dé-
crète qu'à l'avenir les prêtres étrangers ne seront admis aux
funérailles qu'après avoir été désignés par les parents du
défunt. Un des derniers statuts de Guillaume Le Maire con-
cerne les curés qui, pour acheter ou pour vendre, allaient
aux foires, aux marchés, et fréquentaient les cabarets. Les
conciles provinciaux ont eu souvent à s'occuper de ces curés
commerçants. Vainement on les menaçait, on les pour-
suivait, on les condamnait partout; la passion du trahc ou
du lucre était partout plus forte que la crainte des peines.
Tels sont les articles que nous avons le plus remarqués dans
les statuts de notre évêque.
Quant aux simples lettres, ou chartes, émanées de Guil-
laume Le Maire, il nous suffira d'indiquer ici deux pièces
de cette nature qui n'ont pas été imprimées par d'Achery.
ciiiacbrisiiana Eu l'année 1 3 1 4 1 If mercrefji après l'octave de l'F.piphanie,
nïtr c\6^^^ Guillaume Le Maire écrit au roi pour lui faire connaître
l'élection de (îislebert, abbé de Bourgueil. Cette pièce a été
publiée dans la Nouvelle Gaule chrétienne d'après l'original
ibid. qui est aux Archives nationales. — La même année, le
dimanche après la fête de sainte Marie-Madeleine, Guil-
laume Le Maire déclare par écrit que les évêques d'Angers
n'ont jamais joui du droit de gîte dans les abbayes de leur
diocèse. Le tome XIV de la Nouvelle Gaule chrétienne con-
tient aussi cette pièce, tirée du cartulaire de Saint-Serge;
on y trouve l'indication précise du pays natal de Guillaume
Le Maire. B. H.
NICOLAS DHACQUEVILLE.
95
(IV* SlLCLE.
NICOLAS D'HACQUEVILLE,
FRERE MINEUR.
b
'Nicolas d'Hacqueville, en \aiin de Aqueevilla , deHakevilla,
de Hau(jiievilla , est né, selon Casimir Oudin, en France,
dans le diocèse de Lyon. Si nous ne trouvons dans le diocèse
de Lyon aucun lieu du nom d'Hacqueville, nous en con-
naissons un dans le diocèse d'Evreux, non loin des Andelys,
ol un aulre dans le diocèse de Coutances. Dans ïindex des
catalogues d'Oxford, rédigé par M. Goxe, Hacqueville est
n;ndu par Waterton. Cette traduction suppose une mau-
vaise étymologie; il ne faudrait pas qu'elle lit douter de
la patrie de Nicolas; il est né certainement en France,
comme l'attestent, d'après la tradition, Oudin et Sbara-
glia. H était en religion frère Mineur. Personne ne con-
tredit sur ce point les annalistes de l'ordre; mais il faut
remarquer que, s'ils s'accordent à le iîaire vivre en l'année
i3i7, ils n'ont aucune preuve de cette date. C'est Jean
Garetqui, le premier, l'a supposée, et, en matière de conjec-
tures chronologiques, ce compilateur ne mérite aucune con-
fiance. Les manuscrits qui contiennent les œuvres de Nicolas
d'Hacqueville sont, dit-on, du xiii' ou du xiv* siècle; il est
donc possible qu'il ait vécu vers l'année 1 3 1 7 ; cependant
on ne peut rien affirmer à cet égard. Nous voyons, en
l'année i49'J, un Nicole d'Hacqueville, chanoine de Paris et
conseiller du roi, parmi les exécuteurs testamentaires de
l'évêque Louis de Beaumonl. Quelque lien de parenté loin-
taine l'unissait peut-être à notre frère Mineur.
Ainsi les renseignements que nous avons pu recueillir
sur la vie de Nicolas d'Hacqueville sont peu nombreux et
offrent peu d'intérêt. Nous avons plus à dire sur ses ouvrages.
11 est auteur de divers recueils de sermons qui n'ont pas été
correctement désignés par Casimir Oudin, par Sbaraglia et
Oudin, Comm.,
de script., t. Ill,
col. -jii. — Sba-
ralea , Siipplem. . ,
p. 55o.
Goérard, Cart.
de N.D., t. IV,
p. 101.
XI»* SlàCLE.
Calai. (1rs mss.
de Troyps, p. 667.
(îoii', Catalog.
mail. Oioii., coll.
(^orp. Clii'., p. 64.
Le Giay, Catai.
des mss. de Lille.
n° 97. — A CaUl.
of the baii. mss. ,
t. I. p. 3i; t. II,
p. 167; t. 111,
p. 186.
Histoire litt. de
la France, t. XXV,
1'- 77-
96 NICOLAS D'HACQUEVILLE.
par les autres bibliographes. Notre premier soin sera de les
discerner les uns des autres.
Le plus estimé de ces recueils a pour titre Sennones domi-
nicales in Eminqelia pcr anni circiiluni. Il commence, dans les
numéros iSgôy et 18198 de la Bibliothèque nationale,
A 5:^7 de Rouen, 96 de Metz, 60 de l'Université d'Oxford
et 80 du collège Lincoln, par ces mots : Dicite, filiœ Sion
Verba ista assumpta sunt a Zacharia. C'est bien ainsi qu'il
doit commencer. Le début d'un autre manu.scrit, conservé
dans le numéro i549 de la bibliothèque de Troyes, est
Benedicile , filiœ Sion; mais cette leçon est fautive. Un autre
exemplaire des mêmes sermons, au collège Corpus Christi,
à Oxford, sous le numéro i56, commençant par Hora est
jam nos de somno surfjere , nous avons à rendre raison de cette
différence. Cela nous oblige à dire d'abord que ce texte
de saint Paul, Hora est jam nos de somno surgere, pour avoir
été très souvent commenté par les anciens prédicateurs,
peut donner lieu à de graves méprises. Dans le sermon cité
par M. Coxe sous le nom de Nicolas, les mots qui suivent le
texte sont : In ista totali epistola monet Paulus apostolus; et
c'est le seul dont l'exorde commence par ces mots. Ajoutons
que, si, dans le volume du collège Corpus Christi, les ser-
mons dominicaux de frère Nicolas ne débutent pas comme
dans les autres manuscrits cités, c'est que le premier sermon
de la collection manque dans ce volume. D'autres exem-
plaires du même recueil sont indiqués dans les catalogues
d'Angleterre et de France. Qu'il nous suffise de mentionner
encore ceux qui se trouvent dans le numéro 97 de Lille,
les numéros 102, 1660 et 466 1 de la bibliothèque Har-
léienne et le manuscrit A 5i 1 de Rouen, où le nom de
l'auteur ne se lit pas.
Une autre remarque est à faire sur ce recueil. Quand
nous avons cité les premiers mots d'après les manuscrits
complets, nous avons en même temps cité ceux du manuel si
souvent imprimé sous le titre de Dormi secure. C'est que le
premier sermon de ce manuel est un emprunt fait à Nicolas
d'Hacqueville. Si les franciscains avaient constaté cet em-
XIV SIECI.K.
t\C> 1I1S.>
de MvU, |i. 3X.
NICOLAS D'I1A(:QUFA'II>LE. Ô7
prunt, cela sans doute les aurait rendus moins sévères à
l'égard d'un compilateur dont l'obligeance méritait plutôt
d'être louée que blâmée.
Le nombre des manuscrits atteste combien les sermons
dominicaux de Nicolas d'Hacqueville lurent goûtés au xiii"
et au XIV* siècle; on ne peut donc s'étonner de voir un
copiste les honorer de cette qualification : valde boni. Vers <;atui
la fin du xv' siècle fout le monde, il est vrai, n'en faisait pas
un si grand cas. On lit à la (in du manuscrit de Troyes : Caïai. .i«» ms».
«Ce livre m'a été donné, à moi frère Pierre, abbé de * '"y^.p- •>/•
« Cbaalis, par dom Guillaume, abbédeBeaubec, professeur
« de théologie, l'an du Seigneur 1470, et en récompense je
• lui ai fait présent d'une pièce de belle serge noire, propre
«à faire une cucuUe. » Si belle que pût être la serge, le
livre était évidemment acquis à vil prix. Cependant ce livre
avait alors encore un assez grand nombre d'approbateurs,
puisque, vers le même temps, un d'entre eux le jugeait
digne d'être imprimé. C'est, en effet, bien à tort que les
sermons dominicaux de Nicolas d'Hacqueville passent pour
inédits. Ils ne le sont pas; ils ont même été plusieurs fois
imprimés sous un nom qui diffère beaucoup de celui de
l'auteur véritable. Nous aurons à raconter l'histoire de cette
attribution frauduleuse; montrons d'abord qu'elle n'est au-
cunement imputable aux premiers éditeurs.
Au XV* siècle, un certain Jean Quintin, théologien très
obscur, avait conçu de l'estime pour ce recueil des sermojjs
de Nicolas d'Hacqueville, et en avait préparé, d'après
quelque ancien texte, une édition plus ou moins correcte. Il
ne l'avait pas toutefois publiée, et, après sa mort, l'édition
préparée se trouva dans ses papiers. C'est alors qu'un autre
théologien , nommé Louis Vasseur, ou Levasseur, entreprit de
la mettre au jour. Elle parut chez Durand Gerlier, in-S",
goth., sans date, peut-être, comme le suppose Louis Hain, Haia. iiepcit,
dans les dernières années du xv* siècle, sous ce titre : Ser- *' p '"
mones dominicales moralissimi et nd populum instruendum exqai-
sitissimi , jam pridein a venerabili magistro Johanne Quintini visi
et ordinati, nuper vero a magistro Lvdovico Vassoris, doctore
TOMB \XXl. l3
9 *
IMPKIMCBtt '«irr><>ALK,
dv' siàci.R.
98 NICOLAS DHACQUEVILLE.
theologiee, recogniti. Ainsi le litre ne contient pas le nom <le
l'auteur; mais ce nom est à la fin du volume, où on lit :
Sermones juxta Evangelia dominicarum totius anni, cum addi-
tionibus aliguarum Epistolarum , utfertur a venerabili doctore de
Haqueville conditi et a magistro Johanne Quintini jam pridem
visi et ordinati, etc. Un bel exemplaire de cette édition esta
la bibliothèque Mazarine; celui que possède la Bibliothèque
nationale est incomplet. D'autres éditions du même recueil
nous sont signalées : chez Etienne Anfray, in-4°, sans date
ni nom de lieu; i5i3, in- 4°, "i Bello visu; Paris, i52i,
in-8°, chez Regnault; Paris, 1626, in-8°, chez Chaudière;
Lyon, 1027, in-8°, chez Du Ry; i53o, in-8°, in Bellovisu;
Paris, 1 54o, in-i 2, chez Maurice de la Porte.
Voici maintenant la fraude que nous avons à signaler.
Vers le temps où Louis Vasseur publiait fédition préparée
par Jean Quintin, naissait dans la ville d'Autun un autre
Jean Quintin qui devait être un jour un des plus savants,
un des plus laborieux canonistes de son siècle. Le dernier
Jean Quintin étant mort en l'année i56i, ses livres, qui
avaient fourni la matière de plus d'une controverse, conser-
vèrent l'estime des érudits, et on les réimprimait encore en
France et en Allemagne dans les premières années du
xvii' siècle. En ces circonstances, un libraire de Cologne
crut opportun de publier sous le nom de Jean Quintin,
comme un ouvrage de ses doctes veilles, le recueil autrefois
ordonné par son homonyme. C'est ainsi qu'une nouvelle édi-
tion des sermons dominicaux de Nicolas d'Hacqueville parut
sous ce titre en l'année 161 1 : D. Joannis Quintini, theologi
Parisien sis, viri eruditissimi , Sennones morales super totius anni
evangelia dominicalia, ad populum instruendum exquisitiisimi ;
Cologne, Jean Crith, 161 1, in-8''. Comment cette fraude
n'a-t-ellepasété sur-ie-champ découverte.^ Comment des ser-
mons qui portent si visiblement le cacliet de leur temps ont-
ils pu se répandre dans le public sous le nom supposé (fun
grave canoniste du xvi* siècle, qui n'avait peut-être jamais
&it de sermcMis et ne' passait pas, du moins, pour en avoir
laissée C'est là ce qu'on ne s'explique pas. L« fraude réussit,
XIV SUXI.K.
r
NICOLAS DilACQUE VILLE. 99
toutefois, à ce point qu'une seconde édition de ces prétendus
sermons de Jean Quintin lut publiée par le même Jean Crith ,
à (Pologne, en l'année i63o, in-8".
Un autre recueil, composé de cent six sermons, existe
encore, dans les manuscrits, sous le nom de Nicolas d'Hac-
queville, avec ce titre particulier : Sermones de Sanctis. Dans
les numéros iSgSy de la Bibliothèque nationale, 48q de
Tours, 1 594 de Troyes, A 4 • o de Rouen et 1 660 de la bi-
bliothèque Harléienne,ce recueil commence par: Prœparate
corda vestra Domino Duo sunt ibi consideranda. Le nom de
l'auteur est indiqué dans ces volumes. Voici d'autres copies
où il ne l'est pas : n"' A 5 -î 4 de Rouen et 94 des Cod. Laud.
mise, à la Bodléienne.Il y a enfin un exemplaire incomplet
des mêmes sermons dans le numéro 545 de l'Arsenal.
Nous n'apprenons pas que ce recueil ait été jamais imprimé.
Ridoln et Luc Wadding distinguent des deux recueils pré- uoduipi.., nisi.
cédents un troisième volume de sermons, qu'ils inscrivent »«■ f"' ■ p •'2'
après les autres au nom de Nicolas d'Hacqueville, et qu'ils in-
titulent : De ISativitate sermones. Sbaraglia croit que ces ser-
mons sur la Nativité font partie de la collection sur les fêtes
des saints. C'est là certainement une fausse conjecture; il n'y
a dans cette collection qu'un sermon sur la Nativité. Quoi
qu'il en soit, aucun des catalogues par nous consultés ne dé-
signe une suite de sermons composés par Nicolas d'Hacque-
ville sous ce titre particulier : De ISativitate. On peut attri-
buer avec plus de sûreté au recueil qui concerne les fêtes des
saints le sermon sur l'Assomption de la Vierge que cite Vin- BandeHis(v.(Je).
centBandella dans son traité de l'Immaculée Conception. De.mguianpunt..
Les sermons de Nicolas d'Hacqueville ne sont pas tout à
fait dignes de la renommée qu'ils ont obtenue. 11 y a beau-
coup de citations de l'Écriture et des Pères; mais les para-
phrases qui les accompagnent sont généralement courtes,
sans être toujours graves. On ne saurait, toutefois, y signaler
aucune de ces facéties burlesques qui paraissent avoir fait le
succès de tant d'autres sermons du même temps. Nicolas
d'Hacqueville ne mêle à son latin aucun mot français et il
ne raconte pas d'anecdotes; sa prétention est d'instruire ses,
i3.
XIV* SIRCLB.
100 GUILLAUME BERNARD.
col. ?,.
„.,, auditeurs, non de les éeaver ou de les terrifier. Il a même
Bibl. nat., ms. i • i i i i
laiin II* 18193, cru devoir blâmer, dans les sermons des autres, ces narra-
.i.ro.î. tJQjjs fabuleuses, ces contes auxquels personne ne peut
croire, trnfas cl fabulas. Il est d'ailleurs, quoique régulier,
assez rarement vif contre les séculiei's. Ce n'est pas qu'il leur
pardonne ce dont .ses confrères les accusent. Oui, sans doute,
ihid.. fol. 63, ils .sont gravement répréhensibles quand ils achètent, argent
comptant, les cures que les collateurs laïques .sont toujours
prêtsà leur vendre. La convoitise des ])rébendes, des dignités,
leur est, en outre, à bon droit reprochée, et quand on les ap-
ibid., fol. iis, pelle des hypocrites, des papelards, on ne les calomnie pas
beaucoup. Mais pour que frère Nicolas parle d'eux, il faul
que foccasion s'offre de h; faire; il ne la cherche pas.
sbaraica..s«ippi., Selou d'aucieus historiens de son ordre, Nicolas d'Hac-
P ■^''" queville aurait le premier réduit en abrégé le corps du droit
canonique. Ce renseignement est certainement inexact, car
le premier abréviateur de Gratien vécut longtemps avant
la lin du xiii" .siècle. On ne trouve, d'ailleurs, dans aucun
catalogue cet ouvrage, que Pierre d'Alva mentionne sous le
nom de Nicolas d'Hacqueville. B. H.
GUILLAUME BERNARD,
FRRRE PRÊCHEUR.
Guillaume Bernard, né à Gaillac, sur le Tarn, lit profes-
sion d'observer la règle de Saint-Dominique au couvent
Douai», Lc.fr. d'Albi. On le voit ensuite, en 1274, étudiant au couvent
prteh^ i>n Gttc., ^^ Carcas.sonne. La première charge qui lui fut confiée paraît
avoir été celle de lecteur en philosophie naturelle dans ce
Bibl. n»i., m», couvent. Nous sommes en Tannée 1277, L'année suivante,
Rèt"i"*,t!^LXXv! il fut envoyé faire le même cours, avec le même titre, à
p. ï48. — Douais. Montpellier. Mais, comme on fa déjà pu remarquer, les
oiivr. cité. ■*
GUILLAUME BERNARD. 101
XIV MLCI.E.
chapitres de son ordre ne laissaient pas longtemps les pro-
fesseurs ou lecteurs dans le même lieu. On s'explique
d'ailleurs aisément cpie des religieux, qui n'avaient plus de
palrimoine, plus de famille, eussent le goût des voyages.
Guillaume Bernard quittait Montpellier en i 281, se rendant
au couvent de Nice; on le trouve ensuite, en 1 a 84, à Per-
pignan, occupant la chaire de théologie; en ii85, à Tou- an. laim bib-,
iouse; en 1'j86, à Montaubau; en i'j88, à Cahors, où il "''■>"' '^ ■
était remplacé, l'année suivante, par Guillaume de Saint- ilkI. 101.599.
(îeniès. Il obtenait une autre fonction , celle de prédicateur
général, en même temps que Guillaume-Pierre de Godin et
Guillaume Aimeri de Toulouse. Les prédicateurs généraux
élus pour cette année étaient au nombre de quinze. Mais,
l'année suivante, la plupart d'entre eux redevenaient lec-
teurs : (îuillaume-Pierre de (îodin à Condom, Guillaume ib»i.,fo!. 30".
Bernard à Perpignan. Guillaume Bernard fut alors nommé,
dit Echard, prieur du couvent de Montauban; mais, le
1 5 août 1291, remplacé dans cet emploi par Guillaume de
Monclar, il fut pourvu de la chaire d'Ecriture sainte dans le
couvent de Toulouse. Cela porterait à croire qu'il désira
lui-même être déchargé de son priorat par goût pour l'en-
seignement ou par dégoût des tracas administratifs; mais il
ne faut faire peut-être ni l'une ni l'autre de ces conjectures,
puisque, après avoir été de nouveau lecteur, il fut de nou-
veau prieur, et prieur d'une maison plus importante que
celle de Montauban, dans un pays plus agité, à Albi. C'est
en l'année 1292, comme le prou-ve bien M. C. Molinier, que r.».» huior.,
Guillaume Bernard était élu prieur du couvent d'Albi, et '•'^''^' i'-'^"
Bernard Gui, qui remplissait alors dans ce couvent la fonction Rer.iesiiisi..!.:
de lecteur, nous donne quelques détails sur l'acte le plus lafranre, i xxi,
important de son administration : ce fut la construction de
l'église conventuelle, dont la première pierre fut posée, le
1 2 juillet 1 293, par l'évêque Bernard de Castenet. Mais nous
sommes encore bien loin d'avoir mentionné tous les dépla-
cements de Guillaume Bernard. Le 28 juillet 1 2 9 4, il quittait
la charge de prieur d'Albi, qu'on s'empressait de confier à
son lecteur, Bernard Gui, partait pour Agen, où il allait
XIV SIKCI.R.
102 GUII.LAUME BERNARD.
occuper une chaire de théologie, redevenait prieur à Rodez
en 1296, puis lecteur au couvent de Béziers en l'JQy, au
couvent d'Arles en 1298.
Échard, citant un passage d'un écrit de Bernard Gui, la
Pratique de l'Inquisition, dit qu'on y trouve, vers l'année
1 390, un Guillaume Bernard exerçant l'olFice d'inquisiteur
dans le diocèse de Toulouse avec Jean de Saint-Benoît.
Vainement nous avons recherché la mention de ces deux
inquisiteurs dans l'édition de la Pratique récemment donnée
par M. le chanoine Douais. Mais si le passage cité par
Échard concerne Guillaume Bernard de Gaillac, le fait
doit être postérieur à l'année 1 296. Quoi qu'il en soit, notre
Guillaume Bernard était à Toulouse en 1298, quand,
plein de grands desseins, il partit pour Rome vers la Saint-
Michel, et de là fit voile pour la Grèce au cours de l'année
suivante. Son premier soin, dès qu'il eut touché le sol de la
Grèce, fut d'apprendre la langue du pays. L'ayant apprise,
il gagna Constantinople et se fit concéder, dans le faubourg
de Péra, une maison où il s'établit avec douze de ses con-
frères, venus avec lui de Toulouse ou de Rome. Ils s'étaient
donné la mission de prêcher les Grecs et de les ramener au
giron de l'Eglise romaine; mais leur entreprise téméraire eut
peu de succès.
Guillaume Bernard ne séjourna guère que deux ans à
Constantinople. Le 22 juillet i3oi, de retour en France, il
Kcvue.itco, est élu lecteur au couvent d'Arles; le 4 août i3oa, lecteur
au couvent de Sisteron; le 22 juillet i3o6, lecteur au cou-
vent de Saint-Pardoux ; enfin, le 29 juin iSiy, lecteur au
couvent de Bergerac. Mais il n'est plus ensuite nommé dans
les registres de son ordre, et il paraît certain qu'il était
mort en i32 1 quand Bernard Gui rédigeait sa Pratique.
Le même Bernard Gui rapporte que Guillaume Bernard
traduisit en grec les livres de saint Thomas : Projecitque in
lingua grœca ita (fuod eam plene scivit et libros ladnos Jr.
Thomœ in grœcum transtulit. Il ne veut pas dire sans doute
qu'il mit en grec saint Thomas tout entier; selon toutes les
vraisemblances, il ne s'agit ici que de quelques œuvres.
!'• •'3<)
GUILLAUME BERNARD.
103
XIV' SlàcLK.
I
Mais desquelles ? Nous l'ignorons. Une telle entreprise, au
xiii'siècle, est assurément un faitdigne de remarque, et, ajuste
litre, il a été l'objet d'une mention particulière dans le dis-
cours que nos prédécesseurs ont mis en tête du XVI' volume
de cette histoire. Il ne faudrait pourtant pas s'en exagérer
l'importance. On lit, à la page 248 de notre tome XIX, que
Bernard lit ses traductions par l'ordre d'Urbain IV, du
vivant de saint Thomas. Voilà ce qu'il nous est impossible
d'admettre. Urbain IV étant mort en l'année i a 64 1 Guillaume
Bernard aurait donc eu dès sa jeunesse, longtemps avant
d'aller en Orient, une assez grande connaissance de la
langue grecque pour traduire en cette langue des livres
latins. Mais cela serait bien surprenant. Quel aurait été son
maître en cette di.sciplinePNous ne connaissons en Occident,
durant le xiii' siècle, qu'un seul homme capable d'enseigner
le grec, l'ayant appris en Grèce; c'est Guillaume de
Meerbecke, que Guillaume Bernard n'a certes jamais vu.
Où d'ailleurs a-t-on rencontré cette mention d'un mandat
donné par Urbain IV ? On ne le dit pas et nous l'ignorons.
11 y a dans cette assertion, pensons-nous, quelque méprise.
Ainsi nous ne croyons pas que Guillaume Bernard ait quitté
Toulouse sachant le grec; mais nous trouvons tout naturel
qu'ayant appris, d'abord en Grèce, puisa Péra, le grec vul-
gaire, il se soit fait un devoir de traduire en cette langue
quelques livres du docteur réputé, dans son ordre, l'arbitre
de la foi.
Ces traductions de Guillaume Bernard ne nous sont point
parvenues. Il ne paraît même pas qu'on les ait jamais
fait passer en Occident. Ce que l'on a conservé de Guillaume
Bernard nous semble, d'ailleurs, offrir plus d'intérêt. Dans le
numéro 3o3 des manuscrits de Bordeaux sont réunis sous
son nom des sermons sur les fêtes des saints et des Colla-
tions, Collatinnes, au nombre de cent dix. Ces C.oUationes
sont aussi dans le numéro 3o de la même bibliothèque. Les
sermons pour les fêtes des saints commencent par ces mots;
Ascendain in palmam. . . Secumlum hubruin, fmtma est arbor
qiiœ prodacil daloimmum friuium, lumen nuiufuani fractijicat
Histoire litl. <le
la France, t. \VI .
p. I Vi-
CaUi. (les mss.
(le Bordeaux, t. I,
p. 17 et 1 it.
MV SIECI.K.
104 GUILLAUME GUIART.
extra radium solis. Tel est le début d'un sermon sur saint
André, auquel en succèdent d'autres sur saint Nicolas,
sainte Lucie, saint Thomas, apôtre, saint Etienne, etc., etc.
Les Collations sont des sermons dominicaux, dont le ])re-
mier, pour le premier dimanche de l'Avent, commence par:
Rex tuus venit libi mansuclus, Matth. xxi;et est de Zachariaas-
sumptum. L'auteur se nomme lui-même frère (juiilaume
dans l'exorde de celte collation. Cela nous fait connaître
que nous avons ici non des sermons prononcés, mais une
œuvre littéraire. B. H.
GUILLAUME GUIART.
Moriapr^j i3i6. Il v avait autrefois dans la ville d'Orléans, comme dans la
ville d'Angers, une rue de l'Aguillerie, habitée sans doute par
les agailliers ou fabricants d'aiguilles. C'est dans cette rue,
située non loin des remparts, que naquit le poète dont nous
allons parler : lui-même a pris le soin de nous en instruire,
quand, au début de son grand ouvrage, il se défend de
vouloir répéter des récits controuvés, comme font les nom-
breux conteurs d'Alexandre, d'Arthur ou de Charlemagne.
Tous ceux qui répètent ces contes ont cessé d'être bien
accueillis :
\jL Braiirhe des
royaui lignages;
Rer. des Histor. de
France, l. XXII
p. 173 - 3oo. —
V. JÔ.
Et seulcnt avoir por tiex iobes
Des granz seigneurs deniers et robes,
Qui or leur font oreilles sourdes
Et tout homme qui dist ces bourde»
Tiennent por fol et por niart;
Par quoy je, Guillaume Guiart,
D'Orliens né, de l'Aguillerie,
Qui voi que leur painne est perie ,
.\i ci en cest mien romans mise
IVTentente a trouver de tel guise
Et en si plaisant ordenance
Que des faiz des quiex je roiunance
H
GUILLAUME GUIART. 105 „,.„èc„.
Quiex qu'il soient, granz ou nienuz,
Ainz noz aages aveniiz,
Sont ordenees mes répliques
Selonc les certaines croniques,
C'est a dire paroles voiras
Dont j'ai transcrites les mémoires
A Saint Dcnys soir et matin,
A l'exemplaire du latin ,
Et a droit François ramenées ,
Et puis en rime[s] ordenees.
Guillaume Guiart était donc d'Orléans, et il habitait la
rue de l'Aguillerie, encore aujourd'hui conservée dans cette
noble ville, moins possédée que d'autres, à ce qu'il paraît,
du besoin de cacher sous de nouveaux alignements et de
blanches constructions ce qui peut rappeler les anciens
souvenirs de son histoire.
Comme la plupart de nos trouvères, Guillaume Guiart a
peu parlé de lui, et cependant nous ne connaissons guère
sa vie que par ce qu'il lui a plu de nous en dire. Nous con-
jecturons qu'il naquit dans le dernier tiers du xiii' siècle,
sous le règne de Philippe le Hardi ; car il devait encore être
jeune quand il partit, en i3o4, avec quatre cent vingt ser-
gents de la ville d'Orléans, pour répondre à la convocation
du roi Philippe le Bel.
L'armée française se rendait en Flandre pour venger, sinon
effacer, la honte de la journée de Courtray (7 juillet 1802).
La qualité de sergent nous semble indiquer un citoyen de
la classe bourgeoise, supérieur aux « bidauts » qui formaient
le contingent des provinces basques et navarraises, et qui
surtout n'avait rien de commun avec cette foule de volon-
taires et de ribauds qu'on souffrait dans les armées plutôt
qu'on ne les y appelait, et qui le plus souvent échappaient
à la commune discipline. Les sergents étaient inférieurs aux
écuyers, tirés, en général, de l'ordre de la noblesse, et qui
pouvaient devenir chevaliers. Ils approchaient cependant
des écuyers par le costume militaire. Ils avaient la tête
défendue par un chapeau de fer, portaient la cotte de mailles,
irappaient de l'épée, de la lance, de la hache et de la masse
TOUS XXXI. l4
IvrtlStBIl UTMSAU.
\n nnciM.
106 GUILLAUME GUIART.
d'armes. Une fois rendus au point de réunion indiqué par
le roi ou le connétable, sous la conduite d'un chef ordinai-
rement désigné parles magistrats delà ville dont ces hommes
d'armes formaient le contingent, avec tons les gens de pied,
ils se réunissaient sous la bannière du grand maître (hvs
arbalétriers.
Guiart parle de lui trop rarement pour ne pas en être
cru dans ce qu'il nous fait discrètement connaître. Vu
commencement de cette année i3o4, il assistait à la prise
de Gravelines, dont seul il nous a conservé la mémoire,
et dont il a raconté toutes les circonstances dans le plus cu-
rieux détail :
V. 11)759. Guillaume Guiiirt nous tesmoigne
Qui vit In lin de la besoingnu
Et le preuïier commencement.
Et, si l'on veut une preuve de sa candeur comme histo-
rien, on la trouvera dans le récit de la reprise du Pont-à-
Wendin, par les Flamands, environ un mois avant la victoire
de Mons-en-Pevèle. La garde de ce passage, emporté d'abord
par les Français, avait été confiée aux sergents d'Orléans:
ils devaient y passer la nuit et attendre qu'on vînt le matin
les relever. Les sergents, au nombre desquels était, comme
on l'a vu, notre poète, firent bonne garde toute la nuit et
même une partie de la journée suivante; car on avait, par
malheur, oublié de les relever. Mais, après avoir attendu
beaucoup plus longtemps qu'ils n'avaient cru avoir à le
faire, ils prirent le parti daller se coucher, persuadés que
les Flamands ne songeaient pas à reprendre le pont. Ils
se trompaient : à peine avaient-ils vidé les lieux que l'en-
nemi s'en emparait une seconde fois. Mais les sergents
d'Orléans prirent une large part aux combats des jours sui-
vants, et plus de vingt-cinq d'entre eux payèrent de leur
vie la négligence précédente :
V. i79()o. Cil d'Orliens adoncques veillierent
Au pas d'aval , que n'i passassent
Flamens , se la se dévalassent. . , •
'i'J JIKOT
GUILLAUME GUIART. 107
Cil s'i tindrent et le gardèrent;
Jusqu'en demain s'i retardèrent ,
Et tant i furent la journée
Qu'eure de tierce fut passée ,
Sans ce qu'aucun sentrcmeïst
Qu'autres gardes la asseïsl.
Quant virent que nus ne vendroit ,
Et que dormir les convendroit ,
Touz ensemble le pas guerpirent,
Aus tentes \'indrent, la dormirent.
Flamens qui assés tost le surent
A grauz genz au moulin aplurent,
Sanz contredit le pas conquistrent
Li soiidoier ans cotes noires
Et pluseurs autres qui la ierent
Outre le fossé se lancierent
Des serjanz aus noires gonneles
Ot la, ce croi, celé semaine,
Navrez une vint e cinquaine
Nous retrouvons encore Guiart, dans cette campagne de
Flandre, peu de jours avant la journée de Mons-en-Pevèle.
Mais ce qu'il dit nous fait penser qu'il ne prit aucune part
à cette grande affaire. Il avait en effet reçu deux graves bles-
sures, à l'attaque d'une maison forte qui semblait devoir
être de bonne prise. Il est vrai que, dans le récit qu'il fait
de la prise de cette maison, il évite de se nommer; mais ce
qu'il avait dit dans son prologue des motifs de son séjour à
Arras ne permettait plus de le méconnaître :
En l'an mil et trois cens et quatre
El mois d'aoust me sejoumoie
A Arras, car navrez estoie
D'un fer d'un quarrel çl pié destre.
Et d'une espee el bras seneslre.
En Flandres a la Haingnerie,
Qu'on ot arse a grant crierie ,
Le mois ci descrit en ma page ,
Avoie eu ce! avantage.
Après avoir peint d'assez bonnes couleurs les suites ordi-
naires de la guerre et raconté comment en Flandre, chaque
i4.
\IV' SlàCLfc.
V. .7932.
V. 17958.
108 GUILLAUMF, GUIART.
XIT SISCI.R.
jour, sergents el « bidauts » battaient la campagne d'Orchies
à Tournai et revenaient au camp chargés de la dépouille
des fermes et des maisons incendiées, il décrit ainsi cette
prise de la Haignerie :
V- "9876. Lors fu prise la Haignerie,
Une maison enclose d'eve ,
Qui la value d'une fève
Ne doutoit de l'ost la puissance ,
Par assaut d'escu ne de lance.
Lors vi je, qui fis ceste liystoirc.
Un serjant né d'Orliens sur Loire
Qui se mist en tele aventure
(Corne s'il n'eûst de soi cure.
Tout l'en alast aucun loant)
Qu'au travers d'un fossé noant,
Qui bien iert quarante piez large ,
Sanz avoir bacinet ne targe ,
Entra enz a bardie cbiere ,
En ses mains d'Orliens la baniere.
Bidauz, dont mainz sevenl noer
Et cou doit en tiex faiz loer,
Quant le virent outre endroit eus,
De li socourre convoiteus,
El parfont fossé se lancierent :
Tant firent et tant s'avancierent
En noant au miex que il purent
Que la dedanz aveuc li furent ,
Par un palez qui clooit l'estre.
Mais ja iert navrez el pié destre
Cil qui s'iere aventuré si.
Et el braz senestre autresi.
Nonpourquant la maison fu prise,
Et la gent comme toute ocise.
Grant meuble fu leanz ravi ,
Selonc ce que je lors la vi.
Il est assurément impossible de ne pas reconnaître dans
ce brave sergent Guillaume Guiart lui-même, en rappro-
chant le récit qu'on vient de lire des raisons qui l'avaient
fait « séjourner » dans Arras.
C'est à cette double blessure que nous devons la com-
GUILLAUME GUIART.
109
position (lu précieux poème de la Branche des royaux
lignages :
Adonqiies, por moy déporter
Et por mes inaus reconforter ,
Me siii de rimer entremis,
Et a cest livre faire mis,
Ou mainte liystoire est recontee.
On vient de voir que Guiarl avait été chargépar ses com-
pagnons d'armes de porter leur bannière, et cette circons-
tance doit nous induire à penser qu'il tenait un bon rang
parmi les bourgeois de la ville. La charge de porte-bannière
suppose en effet un nom honorable et une valeur person-
nelle généralement reconnue.
11 était arrivé en Flandre dès le printemps de l'année
i3o4. Les Français, d'abord rassemblés à Arras, s'étaient
portés sur Douai, puis sur Lens, qu'ils quittèrent pour
tenter de franchir, à Wendin, le grand canal qui, de ce côté,
défendait l'entrée des Flandres. Alors l'armée se divisa en
deux échelles ou batailles, conduites l'une par le connétable
Gaucher de Chàtillon, l'autre par le grand maître des arba-
létriers, Thibaud de Cepor, dont nous aurons à parler à
l'occasion du Vénitien Marco Polo. Le sire de Cepoi avait
avec lui les arbalétriers et le contingent des villes, et parmi
ceux-ci :
De la cité d'Orliens sus Loire
Rot ileuc, le jour dont je dis,
Soudoiei's quatre vins et dis ,
Armez de cotes a leur tailles ,
Et de bons hauberjons a mailles,
De forz ganz , de coifes serrées ,
De gorgeretes et d'espees ;
Et chascun ot a sa séance
L'un arbaleste, l'autre lance,
Et touz vestuz, en ces riotes.
Sus leur atours de noires cotes ,
Dont en l'ost n'ot nule si faite ;
Car en chascune ot contrefaite
De deus escuz la fourme entière ,
1 0
XIV' SIÈCLE.
V.
V. 17556.
m-..ki.«. "0 GUILLAUME GUIART.
Ij une devant 1 autre derrière :
Li escu (lo gueules estoienl,
Troi chaillo/. d'argent i seoient.
J'ai entendu par genz seiires,
Que porter seult tiex amieiires,
Quant en fait de guerre venoit,
Li dus qui Orlenois tenoit.
Ainsi la ville d'Orléans fournissait à l'armée du roi quatre
cent dix soudoyers, tous munis d'un chapeau de fer, d'un
écu et de gantelets, tous couverts sur une première tunique
d'un petit haubert ou haubergeon en mailles, et, sur lehau-
bergeon, d'une seconde cotte ou tunique noire chargée
d'un double écu auv armes de la ville d'Orléans. La date de
notre j)oème est à remarquer pour ce qui touche à l'an-
cienneté de ces armoiries communales. Si Guillaume Guiart,
en i3o6, ne savait déjà plus au juste qu'elle en était l'ori-
gine, c'est qu'apparemment elles étaient dès lors assez an-
L«Maire,Anti- cicnncs. Plus tard, en les maintenant, on a pris ces trois
a oriéau! *! i"^ cailloux pour des « cœurs de lis » , et l'on a dit que Charles Vil
Veisiiaud-Roma- reconnaissant les avait accordées à la ville d'Orléans. Notre
iSn'-.'. 1. 1! p. 388' lexte rend cette attribution tout à fait insoutenable.
Wendin fut emporté par les Français, bientôt après
obligés de revenir sur leurs pas. Les sergents d'Orléans, dont
nous connaissons le ])orte-étendard, avaient été les premiers
à franchir le fossé, et n'avaient pas eu dans le butin la plus
mauvaise part :
V. 17673. Sanz deschaucier solei"s ne botes,
Ja i sont ceus aus noires cotes,
Alournez de leur armeùres,
Jusques par desus les ceintures;
Pour passer se sont démêliez :
0 ceus de Braine entremêliez
S'en vont, car nul ne leur devee,
Tous serrez, baniere levée
^- '769^- A lances, a armes taillanz
Sont assaillit les plus vaillanz
V- 17700. Cil de France dont nous deismes,
Les ocient tous la meismes
GUILLAUME GUIART. 1 1 1
Prennent robes et huches brisent
Ou aucunes richesses gisent,
Ou H denier aus vilains qiievent :
Tout est saisi quanqu'il y Ireuvent,
Puis fichent le feu es maisons.
Dans tous ces récits de coups rués et de proies conquises,
on retrouve les souvenirs palpitants du soudard du xiv* siècle,
capable de tout braver dans l'espoir du succès et des profits
qui doivent en être la récompense. La victoire était alors le
pillage, et notre brave Orléanais ne se fait aucun reproche
d'avoir pris sa part du gain comme du danger.
Voilà tout ce qu'on peut recueillir sur notre trouvère
dans le grand ]X)ème qu'il nous a laissé et qu'il acheva en
l'année iSoy.Mais, grâce aux heureuses recherches de notre
savant confrère M. Natalis de Wailly, nous pouvons ajouter
quelques nouveaux renseignements sur sa personne. Soit que
le roi Philippe le Bel, auquel il avait présenté le premier
exemplaire de son poème, ne feût pas convenablement ré-
compensé de ses veilles, soit qu'à l'exemple de la plupart
des trouvères il eût toujours fait peu de cas de la prévoyance
et de f économie, nous voyons que, à six années de là, Guil-
laume se trouvait dans un assez fâcheux état de fortune.
H s'était établi à Paris, et s'y était marié à une certaine
Perronnelle, qui, le 4 février i3i3, se présentait avec lui
devant le garde de la prévôté de Paris, pour ratifier la
cession d'une rente de quarante sous parisis (somme qui
vaudrait aujourd'hui environ cent cinquante francs), assise
sur une maison, une masure et un quartier de vigne qu'ils
possédaient « en Montfetart », sur la paroisse Saint-Médard,
fief de l'abbaye de Sainte-Geneviève. La cession était faite
à Philippe l'Espicier, bourgeois de Paris, pour le prix de
douze livres parisis (environ mille francs d'aujourd'hui).
On a dit que cette convention présentait un exemple de ré-
voltante usure, et que c'était un emprunt sur hypothèque
au taux énorme de 16 pour 100. Mais il ne s'agit pas en
réalité d'un emprunt, puisque le payement des quarante
sous annuels éteignait la dette. En outre, il ne faut pas ou-
XIV SIECLE.
V. 17703.
Bibl. de l'Ecole
deschartC5, s'sér.,
t. III. p. 11.
XIV SIECLE.
112 GUILLAUME GUIART.
blier que les trois immeubles étaient déjà grevés d'une autre
redevance de trente sous (environ cent francs d'aujourd'hui),
et Philippe l'Espicier ne l'ignorait pas. A trois mois de là,
Guillaume cédait à Raoul le Vanier, moyennant une autre
somme de cent sous, vingt sous de rente sur ce qui devait
rester des revenus de la maison. Ainsi, l'immeuble se trou-
vait grevé d'une rente de quatre-vingt-dix sous (environ
trois cent quarante francs de notre valeur monétaire).
Deux ans après, les droits de Philippe l'Espicier sur la
maison de Guiart s'accroissent de dix sous de rente, et notre
savant confrère pense que l'augmentation devait provenir
du défaut de payement de l'arriéré. 11 nous semble que la
rente, étant assise sur le bien, ne pouvait croître dans le
cas où le bien n'aurait plus suffi au payement; nous sup-
poserions donc plutôt que Philippe avait désintéressé Raoul
le Vanier, afin de pouvoir demander en justice la mise en
possession de l'immeuble que Guiart semblait délaisser, et
qu'il avait négligé de mettre en état de location. Le 28 fé-
vrier i3i6, Philippe l'Espicier obtint du chambrier de
Sainte-Geneviève un jugement aux termes duquel, attendu
que Guillaume Guiart avait laissé, depuis longtemps, sa
maison vide et non garnie, en sorte que le requérant et
autres n'avaient rien trouvé à y prendre pour le cens et
pour les arrérages dus, attendu que la maison, d'abord
louée par autorité de justice, ne rapportait pas de quoi
indemniser les censierset les rentiers, la jouissance de l'hé-
ritage était adjugée à Philipjie l'Espicier, la question de
propriété réservée. En se rendant bien compte de la situa-
tion respective des parties, ce jugement semble fort équi-
table. Guillaume Guiart perd la jouissance de sa maison,
non parce que le revenu en est inférieur à la rente trans-
portée, mais parce qu'il la tient depuis longtemps « vuide,
«vague et non garnie»; ce sont les termes du jugement.
On l'avait sommé quatre fois, « par quatre quatorzaines »; il
avait fait quatre fois défaut; et c'est après un cinquième
défaut que le chambrier de Sainte-Geneviève ne croit
plus pouvoir refuser au créancier le bénéfice de sa de-
GUILLAUME GUIART. 113
mande. Encore Guillaume Guiart conservait-il la propriété
de sa maison et pouvait-il en reprendre la jouissance dès
qu'il aurait acquitté le montant de l'arriéré dû à celui qui
s'en était fait mettre en possession.
Dans les trois actes judiciaires indiqués par M. N. de
Wailly, Guillaume Guiart est qualifié : « menesterel de
«bouche», c'est-à-dire chanteur de gestes ou diseur de
contes et romans en vers. Ainsi Guillaume Guiart avait
déposé le haubergeon et le glaive à son retour de la guerre
de Flandre, et il était devenu propriétaire d'un petit bien
situé à la sortie des murs de Paris, dans ce quartier Mouffe-
tard ou Montfetard, dont la rue principale garde encore
son ancien nom.
Nous n'avons rien trouvé au delà de celte année i3i6
sur l'auteur de la Branche des royaux lignages, et nous igno-
rons entièrement l'époque de sa mort. Mais de son procès
avec Guillaume l'Espicier et de l'abandon qu'il fit de sa
maison du quartier Mouffetard il ne faudrait pas abso-
lument conclure qu'il ait vécu misérablement dans la der-
nière partie de sa vie. Cette maison, il ne paraît pas f avoir
{'amais habitée; c'est un bien qu'il délaissa dès qu'il n'eut plus
'espoir d'en tirer quelque revenu; rien ne prouve qu'il ait
pour cela vécu sans feu ni lieu, et qu'il n'ait pas trouvé dans
son talent pour la composition, ou même dans son patri-
moine, les moyens de subsister avec plus ou moins d'aisance.
Venons maintenant à l'ouvrage qui a valu à l'ancien ser-
gent d'Orléans fhonneur de figurer dans l'Histoire littéraire
de la France, la Branche des royaux lignages.
Guillaume Guiart en avait, comme on a vu plus haut,
conçu la première pensée et fait la première rédaction pen-
dant qu'il se trouvait retenu dans Arras par deux graves
blessures. Ce qui l'avait surtout incité, nous dit-il, à chanter
dans un poème la gloire de la France et particulièrement les
victoires des Français en Flandre, c'était la lecture d'un a ro-
mans » composé en rimes par les partisans des Flamands, et
dans lequel, d'après lui, la vérité était absolument défigurée
au détriment de la France et au profit de ses ennemis. Pour
TOME XXXI. l5
4 Q ^ UUftlXllll RiTieiltC,
M\ SIFXI.K.
XIÏ* SièCLK.
114 GUILLAUME GUIART.
répondre à ce poème, que nous n'avons malheureusement
plus, il en écrivit un autre, dans lequel il opposait aux men-
songes des Flamands un récit véridique, remontant jusqu'à
l'origine de la monarchie française et arrivant jusqu'aux
faits dont il avait été le témoin. Après quelques mois de
repos, il put reprendre la route de Paris, où sans doute il
comptait tirer un parti avantageux de son poème. Mais de
judicieux amis n'eurent pas de peine à lui en faire toucher
au doigt le plus grand défaut : pour les temps éloignés, il
s'en était rapporté à des récits fabuleux ou tout au moins
inexacts. Son intention avait été d'écrire l'histoire, et il
n'avait consulté que des traditions orales , souvent très in-
certaines. Ce n'était qu'à Saint-Denys, dans la réunion de
chroniques formée depuis longtemps par les moines de cette
abbaye, qu'il pouvait espérer de retrouver la trace des évé-
nements passés. Guillaume reconnut la justesse decesobser-
valions, et sur-le-champ, dit-il, il jeta son poème au feu et
se mit à le reconstruire sur un fondement plus solide. Il
faut ici lui laisser raconter les motifs qui l'engagèrent à
commencer son poème, puis à le refaire entièrement :
Un jour fu en trop grant pensée
D'un romans que veû avoie
Que Flamens orent ordené ,
Et ou le roy que point n amoient
Et ceus de France difiamoient
Du mescliief de Courtray jangloient
Selon leur vueil et leur commans;
Mais en celui propre romans
lert de Furnes le voir tolu ;
Du Dan ', du juesdi absolu.
De Gravelingues se céssoient ,
Zeiande aussi entrelessoient :
A brief parler toutes leurs pertes
Estoient aussi bien couvertes
Que l'en pourrait couvrir espiz ,
' I.a prise du Dan (cf. v. '14639 et i.V>3. Les éditeurs du poème de (juiari
suiv.) et la défaite des Flamands près ont imprimé à tort : uu dan du jeudi
de Saint-Omer, le jeudi saint, ^1 avril nhfoh.
GUILLAUME GUIART.
Et li roys de France despiz
Et abaissiee sa noblesce :
Si en fui en trop grant destresce
Et me prist au cuer volenté
Que, se Diex me donoit santé,
Contre celui un en feroie
Ou leurs bobes adreceroie
Lequel roumans je commençai
La meimes, tant m'avançai.
Lonc tems en fui en grant riote.
Maint ver en fis et mainte note
Ou je mis entente a l'escrire;
Et ouvroie par oïr dire
Es faiz desquiex petit savoient
Cil qui racontez les m'avoient ;
Dont un bon clerc se merveilla ,
Qu'il dist, quant il me conseilla,
Que trop obscurément savoie
Les faiz que je ramentevoie;
Et que s'a Saint Denys alasse
Le voir des gestes i trouvasse.
Non pas mençonges ne favoles.
115
XIV SIECLE.
La rédaction primitive de Guiart remontait à la fin de
l'année i3o4; la seconde fut commencée au printemps de
i3o6 et terminée l'année suivante, après le i3 juillet iSoy,
date de la mort du roi d'Angleterre Edouard I", mentionnée
dans les derniers vers.
Ce poème, à part le résumé rapide qu'il fait des premières
annales françaises, commence avec le règne de Philippe
Auguste et s'arrête au temps où l'auteur écrivait lui-
même. Son Intention, dit-Il, est de « ramener en françois el
« mètre en rimes » ce qu'il aura lu dans les boniirs chroniques
conservées à Saint-Denys,pource qui tient aux âges passés,
et ce que, pour les événements contemporains, il aura en-
quis avec certitude, su de plusieurs, ou proprement vu à
l'oeil. Afin d« donner à ses récits plus de netteté, 11 s'engage
à marquer toujours le lieu précis, le jour, la semaine et
l'année auxquels se rapporteront les événements. Surtout il
se gardera des descriptions imaginaires et des exagérations
13.
116 GUILLAUME GUIART.
Xl« 1IECLK.
auxquelles se comjilaisent la plupart des conteurs popu-
laires :
V. 7». Ne veuil les trufeours ensivre
Qui pour estie plus delilabici>
Ont leurs romans empliz de fables
Et tesmoignent qu'en maintes terres
Ou jadis avenoient guerres
Chevalier qui se combaloient
Jusqu'es braiers s'enlrefendoient
V. 88. Bien sont de mentir a meisnies
Cil qui vont contant tiex noces,
Si sont eles souvent louées,
Car Gautier, Bcbot et dan Gile
Guident que ce soit euvangile.
Mais je truis moût poi d'acordance
Es liystoires des rois de France
\ ce qu'il en content et flabent.
Voilà certainement l'indice d'un certain sentiment critique
dans un écrivain des premières années du xiv' siècle. Ainsi
déjà l'on savait réduire à leur juste valeur historique la
plupart des chansons de geste, et l'on allait demander les
meilleures sources de nos annales aux chroniques de
l'abhaye de Saint-Denys. Toutefois il ne faudrait pas con-
clure de là que, dans cette illustre abbaye, on ne trouvât
(jue des compilations sincères, et que plusieurs auteurs de
chansons de geste fabuleuses n'aient pu prendre à témoin
de leurs récits mensongers les livres qu'ils y auraient con*
suites. Mais il est au moins certain que, dès le milieu du
XII* siècle, les religieux de Saint-Denys, sous les auspices
de leur grand abbé Suger, avaient formé une réunion de
chroniques sérieuses pour en faire la base de la véritable
histoire de France. Et l'on n'aurait que des louanges à donner
à l'exécution de leur plan, si ces premiers compilateurs
avaient eu le courage ou le discernement de fermer l'entrée
(\o leur recueil au fabuleux récit de l'expédition de Charle-
magne en Espagne, attribué à l'archevêque Turpin, et à la
légende, plus mensongère encore, du prétendu voyage de
XIV' SIÈCLE.
GUILLAUME GUIART. 117
Charlemagne en Orient. Revenons au plan et à l'exposi-
tion de Guillaume Guiart.
Cest, dit-il, une chose reconnue de toutes les nations du
monde, chrétiens, juifs ou Sarrasins, qu'il n'y a pas sous le
ciel un prince comparable au roi de France. On le voit
par le rare privilège que Dieu lui a donné de guérir les
écrouelles :
Tant seulement par le touschier, V. 2o5.
Sans emplastre dessus couchier,
Ce qu'autres roys ne pueent faire.
Il a de plus le privilège de la magnanimité. Jamais il ne
refuse le pardon et l'oubli des injures à ceux qui viennent
faire acte de soumission et de repentir. Il est le défenseur
né des droits de la foi chrétienne :
Que toutes fois que sainte Yglise, V. a 16
C'on a souvent a tort haïe,
Estoit besoigneuse d'aye ,
Et menée vilainement,
Les roys de France proprement '
Et-il leur aide i bailloient,
La ou tous autres li failloient.
Les Francs doivent leur nom à la liberté qu'ils ont con-
quise : les premiers, ils s'affranchirent du joug des Romains;
et on les a vus, dans la suite des temps, maîtres par droit de
conquête de l'Espagne, de la Frise, du Danemark, de la
Saxe, de la Hongrie, de l'Allemagne et d'une partie de
l'Esclavonie. Ils ont fondé des royaumes outre-mer. Faut-il
donc s'étonner que Guillaume Guiart ait songé à composer,
en l'honneur du roi de France, un petit volume qu'il appel-
lera « la Branche des royaux lignages » ?
Ce que Guiart entend désigner par ces « royaux lignages »,
ce sont les six rois issus du mariage de Philippe Auguste
avec une princesse du sang de Charlemagne. Dans son opi-
nion nettement exprimée, cette union du roi de France
Il doit manquer ici , dans le manuscrit , deux vers , marquant que l'Eglise appelait
à son secours les rois de France. Au vers suivant le manuscrit porte li au lieu de i7.
^IV SIKCI.K.
118 GUILLAt'>ÎE GUI ART.
avec Isabeau de Hainaut avait pu seule mettre fin au scan-
dale de l'usurpation de Hugues Gapet. Peut-être nos histo-
riens modernes n'ont-ils pas assez tenu compte de l'impor-
tance que l'opinion publique attachait, au temps de notre
poète, à ce mariage de Philippe Auguste. Cette importance
était telle que les Grandes Chroniques de France, compilées
sous les yeux et avec l'approbation de nos rois, n'avaient
pas craint de donner le nom d'usurpateur à Hugues Capet :
(:iii-oiiiques(Les « Eu iccl roy , disent les Grandes Chroniques en racontant
t7v!'p.''/i2. ^' «l'avènement de Louis VIII, retourna la ligniee du grant
«roy Charlemaine, qui estoit faillie par sept generacions;
<i car il fu extrait de la ligniee Charlemaine de par sa mère. »
Rigord, Guillaume le Breton et leur traducteur français,
sur lesquels se réglera Guillaume Guiart, exposent comment
les rois de France de la première race descendaient des rois
de Troie; comment Pépin le Bref, petit-fils par sa mère
Blitilde du roi Clolaire, n'avait pas interrompu l'ordre de
succession royale; puis arrivant à Hugues Capet : « Cil conte
«de Paris, dit le traducteur, envaï et prist le royaume
(I de France a soy, et ainsi fu transportée la seigneurie de la
« ligniee Charlemaine a la ligniee des contes de Paris, qui
« esloient descendus de la ligniee des Saisnes. » Suivant les
anciennes traditions, saint Valeri et saint Riquier de Pontieu
avaient prédit à Hugues Capet que ses successeurs régne-
raient jusqu'à la septième génération; la prophétie s'arrêtait
par conséquent à Philippe Auguste, le sixième roi de la race
capétienne. « Le roi Loys, disent les Grandes Chroniques,
«fut engendré en noble dame Isabiau, fille de Baudouin
« jadis conte de Heynaut. Le conte Baudouin descend! de
« noble dame Ermengart jadis contesse de Namur, laquelle
« fu fille Charles le duc de Loheraine, oncle le roy Loys de
« France qui mourut le dernier de la ligniee Charles le grant,
M sans hoir, et auquel Charles de Loheraine Hues Cappet
« tolli le droit du royaume de France et le prist par force...
« Et combien que cil Loys (VIII) dont nous parlons eust la
« seigneurie du royaume après son père, il appert que Testât
« du royaume est retourné a la ligniee Charlemaine. »
GUILLAUME GUIART. 119 ,„.„èc,^.
Il est aisé de voir ici que, sous le règne de Philippe le Bel,
le droit de primogéniture était encore établi d'une manière
assez confuse, et que la fameuse exclusion des femmes de
la couronne, exclusion fondée sur un excellent principe de
politique nationale, n'avait pas encore été trouvée dans le
texte de la loi salique. Aussi les Anglais, trente ans plus
tard, ne manquèrent-ils pas de se prévaloir hautement de
ces passages des Chroniques de Saint-D«!nys pour soutenir
le droit des femmes et surtout des représentants masculins
des femmes; et il faut convenir que la thèse qui donna
gain de cause à Philippe de Valois avait pour elle l'intérêt
bien entendu de la France plutôt que l'appui des lois précé-
dentes et des usages reconnus.
C'est donc là ce qui explique le titre choisi par Guillaume
Guiart: la Branche des royaux lignages, c'est le rameau d'où
sortaitia lignée véritaUemenl royale. Et, chose remarquable,
un poète pouvait dire alors, sans craindre de blesser l'orgueil
ou la conscience des fds de Hugues Capet, ce que nos der-
niers rois n'auraient assurément permis à aucun de leurs
historiographes, à savoir que Hugues Capet avait usurpé
la couronne, et que le droit de ses successeurs ne datait
que du mariage d'une héritière puînée des Carlovingiens
avec l'héritier des CapHiens.
Guillaume le Breton, l'auteur de la Philippide et d'une
chronique en ])rose souvent confondue avec celle de Rigord,
est ordinairement le guide de Guiart pour le règne de
Philippe Auguste. «Philippe, dit-il, eut un clerc subtil qui
« d'abord raconta l'histoire de ce prince en vers, puis remit
« ses vers en prose. Je n'ai vu que l'un de ces dcmx ouvrages
« latins; mais frère Jean de Prunai les avait l'un et l'autre
« sous les yeux, quand il composa le beau roman qu'il en a
• fait. . . ; or, ce roman est peu répandu; les clercs et les
«laïques le connaissent à peine, et voilà pourquoi je me
« suis décidé à tenter de le reproduire, en l'abrégeant toute-
• fois :
Cils roys qui tant crut son royîjume V- 333.
Ot un clerc qui ot nom (îiiiliaume
120 GUILLAUME GUIART.
xn' sicnLR-
Qui d'engin ne fu pas desfaiz ,
Car il vcrsefia les faiz
Du roy qu'il vit saintement vivre,
Et les mist par vers en un livre ,
Et de celé meismes chose
En refist il un autre en prose ,
Desquiex fors l'un seul veù n'ai.
Mes fieres Jehans de Prunai
Les ot touz deus a exemplaire , •
Ce dit il , por son romans faire ,
Qui gracieus est a devise
Mais n'est mie moul publié ,
Ainz est comme touz oublié.
Petit en set lai , clerc ne moinne ;
Par acheson de ceste cssoinne
Que je hé et que je desprise ,
Ai je la matière reprise
Grossetement, solonc la letre,
Et la veuil en ce romans mètre
Trop plus abregiee d'assez i
Ce nom de « romans » que Guiart applique à la traduction
française de la double chronique de Guillaume le Breton
ne nous apprend pas si cette traduction était en vers ou
en prose. Il est dès lors possible que l'ouvrage de Jean de
Romania.i.vi, Pruuai soit, OU «le livre du roi Philippe le Conquérant,
i'- ''9^ « rimé », dont la bibliothèque de Charles V contenait deux
exemplaires, ou la vie en prose de Philippe II, dédiée vers
1 228 à Gilles de Flagi, dont nous ne connaissons pas l'au-
Komaiiia, 1. VI, teur, et dont il ne s'est conservé que le prologue rimé. Quoi
p. '.93-498. qjj'-| g|^ g^-j jg jgj^jj jg Prunai, Guillaume Guiart ne s'est
pas borné à mettre en français les deux ouvrages de Guil-
laume le Breton ; il ne s'était pas interdit la liberté de puiser
à d'autres sources. M. de Wailly a déjà reconnu que plu-
sieurs passages du poème de Guiart remontent à Rigord;
V. 2755J758 B. ï^ ^^^ï* *^*^* ^^ ^^ mémorable relation de Geoffroi de Villehar-
douin, dont on ne voit aucune trace dans Rigord, dans
Guillaume le Breton ni dans la traduction française des
Chroniques de Saint-Denys. Au reste, on ne trouve dans son
récit rien que nous ne connaissions d'ailleurs, et l'abrégé
GUILLAUME GUIART. 121 ^,^.^,,^^^
de Guiart, malgré sa longueur, est visiblement bien som-
maire. Les réflexions qu'on y rencontre ont parfois un cer-
tain intérêt. Par exemple, après avoir remarqué, avec
Guillaume le Breton, à l'occasion d'un siège en i i84, que
l'usage de l'arbalète n'était pas encore connu en France, il
ajoute plus loin que ce lut le roi Richard qui l'introduisit,
au temps de la croisade de 1190:
Venuz estoit novdlement V. 1 U3B.
Des arhalestes li usages;
Ricliarz qui de tiex fais iert sages
Lot poi ainz en France aporté.
Ce qu'il répète encore en racontant la mort de ce prince :
Ainsi fina par le quarrel V. j646B.
Li rois Richarz, qui d'arbaleste
Aporta premiers lus en France :
De son art ot maie chevance.
On a souvent allégué la description qu'il fait de l'ori-
flamme, en racontant que Philippe Auguste vint la prendre
en 1 190 à Saint-Denys. Cette description précise en efliet
le tissu, la couleur et la forme de la fameuse bannière. Mais
peut-être aurait-on dû mieux remarquer la distinction que
le ])oète avait pris soin d'établir dans l'usage qu'on en fai-
sait. On ne prenait, dit-il, le véritable étendard de Saint-
Denys que pour combattre les infidèles; dans les autres
cas, on se contentait d'une bannière imitée de l'autre :
Oriflambe est une baniere y. ,,5, ij.
Aucun poi plus forte que guimple ,
De cendal roujoiant et simple ,
, Sanz portraiture d'autre afaire.
Li roy Dagobert la fist faire
Li moinne en leur trésor l'asistrent , V. 1 1 78 B.
Si successeur après li pristrent
Toutes fois qu'a ce s'otroierent
Que Turcs ou paiens guerroierent :
S'a autres vousissent mesfaire.
Il la vousissent contrefaire,
D'eu\Te semblable et ausi plaine.
TOME xxxi. ig
IMrtlHIUt ■«TMIAU
..v...èr.. '22 GUILLAUME GUIART.
Ces derniers vers expliquent comment l'oriflamme put
•'•tre prise ou mise en pièces à Courtrai, à Rosebecque et
ailleurs sans compromettre l'autorité et le respect dont le
véritable étendard de Saint-Denys était l'objet. Guiart, cette
réserve faite, ajoute :
"i*'^ ■ Et comment que l'en l'ait portée
Par nacions blanches et mores,
Ele est a Saint Denys encores :
La l'ai je n'a gueres veûe.
Notre ])oète ajoute encore heureusement aux textes qu'il
avait sous les yeux lorsqu'il en vient à raconter comment
Philippe Auguste, sur le bruit d'un marché fait par le roi
Richard avec les sicaires du Vieux de la Montagne, avait
pris occasion de créer un corps de sergents à masse, chargés
de l'accompagner le jour et de le garder la nuit. Philippe,
disaient les chroniques latines, ne tarda pas à reconnaître
la fausseté de ces rumeurs; d'où l'on pourrait conclure
qu'il doima congé à ces premiers gardes du corps. Deux
vers de Guiart prouvent qu'ils furent conservés, et son récit
du siège et de la prise de Verneuil permet de penser que
cette innovation fut loin de plaire à tout le monde. Le
roi, djt-il, se fit
V. iS77fj. Eschaugaitier, en toutes places.
Nuit et jour de serjanz a maces ,
Et par chaleur et par froidure.
Geste coustume encore dure.
Et durra, si com je pourpose;
En despit de laquelle chose
Orent cil de Verneuil fait peindre
En la porte de leur chaste!
Une imaige, tout en bas, tel
Et d'autel guise par semblanee
Gom la faiture au roi de France ,
Une grant mace au col troussée.
Gelé image iert souvent poussée,
Gouverte de boe et despite.
Ces insultes amenèrent la destruction des murailles et
b
GUILLAUME GUIART. 123
IIV .IIKCLB.
des portes de la ville. Le roi, en ayant reçu les clefs de la
main des habitants, leur dit :
« Or ça! Diex niau gré vous en sache! V. i8à5B.
» Droiz est que je les vous esrache ,
« Et que de voz mains les estorte ,
« Quant je sui portiers de la porte,
« Ou l'en m'a souvent cuidié batrc. »
Lors fist li rois les murs abatre ,
Et craventer la mestre tour.
La belle description du Château Gaillard, construit par
Richard Cœur de lion près du Petit Andeli, appartient
encore en propre à notre auteur. Après avoir parlé de la
petite île formée dans la Seine en vue d' Andeli , et que le
roi Richard avait fortifiée, il ajoute :
Un poi au desus de l'ilete V.3i86B
Dont j'ai devisee l'ouvraigne
A une très haute montangne
Qui n'est pas el sommet estroite
El sommet de celé hauteur,
Près duquel pié Sainne se serre ,
Ot Richarz, H rois d'Angleterre,
Fait faire comme a la reonde
Un des plus biaus chastiaus du monde.
Tuit cil qui le voient le loent.
Trois paires de forz murs le cloent,
Et sont environ adossez
De trois paires de granz fossez
Ainz que li lieus fust entailliez
En fu maint biau deniers bailliez.
Ne croi ne n'ai oï retraire
Que nus homs feïst fossez faire
Puis le tens au sage Mellin
Qui coustassent tant estellin.
Gliastiau Gaillart qui siet sus Sainne
¥st parfait d'euvre souverainne
Poi ont doute d'omme mortal.
Et si a a chascun portai
Pont leveïz d'euvre faitice.
Et porte a barre coleïce.
Dont chascune est fort et entière.
Bêle est la closture première
16.
r,A
. , 124 GUILLAUME GUIART.
\IV siàci.E.
Que j'ai ci devisee tele ;
Mes l'autre est quatre tanz plus bêle :
Trop sont plus bêles les entrées ,
Et les granz tours, dont les ventrées
Enz el fonz du fossé s'espandent,
Trop plus haut vers le ciel s'estendent
Tout a mont corne en reondece
Resiet la mestre forterece,
Qui rest noblement façonnée,
D'autres fossez environnée
Des murs resont hautes leseles.
Très bien garnies de toureles
A esgardcr resl droiz miracles
Les maisons et les habitacles
De celé tierce forterece;
Enz el milieu par grant noblece
Siet la mestre tour, si très gente,
Sanz despeceiire et sanz fente ,
Qu'il n'est nul homme qui la voie.
Qui pour ce loer ne la doie.
El pais a poi de pareilles :
• Gaillart est trop biaus a merveilles;
Au faire ot maint sage maçon.
Pour quoy seroit plus sa façon
Par moy loee ne blandie?
C'est le plus fort de Normandie.
On voit par cette description, malheureusement trop
longue et encombrée de détails superflus, que Guiart n'était
pas entièrement dépourvu de talent descriptif; et nous lui
savons d'autant plus gré de s'en être servi pour nous faire
connaître d'anciens monuments d'architecture civile que
ces descriptions sont fort rares chez les autres chroniqueurs,
et qu'il reste à peine quelques ruines informes de toutes
ces constructions gigantesques.
Ecoutons-le maintenant décrire la ville de Rouen au
XIII* siècle. Philippe Auguste l'avait assiégée et conquise
en i3o4; les habitants avaient fait bonne défense. Les
Français, dit Guiart,
V. '|641B. Sainne passent, la ville assieent.
Qui lors esloit bel atermee
\IV" SIÈCLE.
GUILLAUME GUIART. 125
De cleus paires de murs fermée ,
Tout soient il ore esgossez,
Et (le tleus paires de fossez
Soufisamment parfonz et lez.
Environ les murs crénelez
Des deus clostures desus dites
Ot tours et toureles petites
Trop grant nombre, haut estendiies.
En la cité parmi les rues
En ravoit lors si grant foison
Que n'en sai conte ne moison.
Au bout du pont en seoit une,
Maçonnée d'euvre commune,
Si forte et si riche et si bêle
Qu'a grant painne trouvast on tele
Ne qui si haut alast montant
Leanz ot, sanz cens a couronnes'.
Bien soixante mille personnes,
Qui chascun jour se deflendirent.
Philippe Auguste, à peine en possession de la ville. Ht
tomber ces doubles murailles, combler les fossés et ren-
verser les tours. Une fois maître de la province, le roi de
France demanda aux Normands redevenus Français s'ils
voulaient suivre la loi de France ou garder leurs anciennes
coutumes. Ils donnèrent la préférence à celles-ci, et notre
poète va nous apprendre à cette occasion que le fouage, ou
taxe mise sur les feux, familles ou maisons, n'était ])as
encore établi de son temps en France, comme il l'était en
Angleterre et en Normandie :
Par les citez a fait enquerre, V '178 ! lî.
Pour ce que il vouloit savoir
Quel usage il veulent avoir.
Ou de France ou de Normandie.
Li peuples ensemble s'alie
Et respondent entre eus qu'il veulent
Tel usage com avoir seulent.
Li rois letres leur en deli\Te.
Bien le firent a guise d'yvre :
' Les clercs , prêtres et moine».
1 1
. , I2fi GUILLAUME (iUL\RT.
Car s'il eussent esté sago ,
Il fussent qiiite du fouage
Dont ii roys chasciui an les plume.
On ne peut dire ici combien de renseignements Guiart
nous fournit sur la stratégie, la castramétation et l'art mili-
taire des deux siècles dont il résume l'histoire. Le P. Da-
niel, dans son beau livre de la Milice Françoise, a trouvé
de grandes lumières pour le sujet qu'il avait à traiter dans
les extraits de Guiart que Du Gange avait joints à son édi-
tion des mémoires de Joinville. En sa qualité d'ancien ser-
gent d'armes , placé sous les ordres du maître des arbalétriers ,
notre poète aime ce genre de descriptions. Nous apprenons
de lui que les grosses pierres lancées par les mangonneaux
produisaient en fendant l'air un bruit comparable à celui
que font nos obus :
9' Ça et la , avant et arriéres ,
Gietent mangoniaus etperrieres;
La grosse pierre arreondie
Demainne a l'aler grant bondie ;
Tuit cil qui le bruit en escoutent
Et sont el chastel s'en redoutent.
Et plus loin :
■ °' Pierres que de deus pars destachent
Font en l'air tel bruit et tel feste
Que ce semble foudre et tempeste.
Il parle ailleurs d'une autre machine à lancer des pierres
nommée «perdreau», dont le nom se rencontre d'ailleurs
plus anciennement' :
^- îoôSC. Près du roy, devant sa baniere,
Metent François trois perdriaus
Getanz pierres aus enviaus *
Entre Flamens , grosses et maies.
' Voyez le dictionnaire de M. Gode- ceta). Les deux éditions de Guiart jx>r-
froy, et ajoutez la traduction de Guil- tent aus enuiaut, et dans ia dernière
laume de Tyr, 1. VIII , chap. xni (éd. celte locution est traduite à tort par
P.Paris). ' «aux gens importuns, incommodes •.
* C'est ainsi qu'il faut lire, comme Aut enviaus ou «i enviaus signifie «à
avait déjà fait Du Gange (au mot Perdi- l'envi •.
XIV SIECLE.
GUILLAUME GWART. 127
Guiart nous dit en un autre endroit ce que nous devons
entendre par le mot « artillerie » :
Artillerie est le charroi V. -o: '7.
Qui par duc, par conte ou par roi,
Ou par aucun seigneur de terre
Est charchié de quarriaus en guerre,
D'arbalestes , de dars, de lances,
Et de targes d'unes seniblances ;
De liex bernois la prendre seulent
Li desgami qui prendre en veulent
Piétons de targes se garnissent,
Aucuns d'entr'eus lances saisissent,
Qu'il paumoient legierement
La langue de Guillaume Guiart est riche en expressions
intéressantes pour le lexicographe. DuCange,qui possédaitle
manuscrit de notre chronique, en avait déjà relevé un grand
nombre; ses continuateurs en ont ajouté d'autres, et l'auteur
du grand Dictionnaire de l'ancienne langue française en
cours de publication a encore trouvé à glaner largement
après eux. Ce riche fonds n'est pourtant pas épuisé, et plus
fl'un mot employé par notre auteur n'a pas été relevé, bien
qu'il méritât de l'être. Ainsi gambe, au sens de «courbe,
« ])lié » , ne se trouve que chez lui :
Mes de retourner s'aprestoient V.6727 11.
A esploit li droit et li gambe;
0 eus retoumoil l'oriflambe.
Un exemple de guersoi aurait pu avec profit être ajouté
à ceux qui ont été recueillis :
Englois qui de boire a guersoi
A grans henas pleins de godale
Sevent la guise bone et maie . . .
Nous pourrions alléguer beaucoup d'autres preuves de la
richesse du vocabulaire de Guillaume Guiart; il suffit d'in-
diquer un des côtés par lesquels son œuvre mérite l'intérêt
et l'étude'.
' La langue de notre auteur a été ré- von Georg Meerholz (Breslau, i88a).
cemment l'objet d'une étude spéciale : L'auteur de cet essai n'a connu que l'édi-
UeberdieSprachedet Guillaume Guiart... tion Buchon.
.\IV* SIÈCLB.
128 GUILLAUME GUI ART.
Quand, après le règne de Philippe Auguste, Guillaume le
Breton et Rigord lui ont fait défaut, Guiart paraît s'être
appuyé sur la traduction plutôt que sur l'original des Gesta
régis Ludovui , conservés tous les deux dans l'abbaye de
Saint-Denys, et d(^à réunis sans doute au corjis des Grandes
Chroniques. On croit aujourd'hui que la relation du règne de
saint Louis fut jointe au texte français des Grandes Chro-
niques en l'année 1274, époque de la présentation de l'ou-
vrage au roi PhiUppe le Hardi. Guillaume Guiart s'est le
])lus souvent contenté de suivre cette première rédaction
française; cependant il lui est arrivé parfois d'éclairciret de
compléter le modèle qu'il avait adopté. Dans le récit des
troubles d'Angleterre, Guillaume de Nangis s'était contenté
de (lire que le roi, les barons et les prélats s'étaient accordés
à faire une constitution fondée, disaient-ils, surfintérèt pu-
blic, « quamdam constitutionem ad utilitatem reipublicae, ut
« dicebant. » Et, dans sa traduction française de cette vie de
saint Louis , le même historien avait indiqué quelle était cette
constitution : « Si parlèrent de Testât du roiaume etdescous-
« tûmes du pais. Si parla un chevalier et dist que le royaume
«de France cstoit bon, fort et vertueus des gens d'Angle-
M terre, pour ce qu'ils y aloient demourer. . ., pour la cous-
« lume du païs qui est tele que le premier des enfans a tout
« et les autres sont povres, et convient que il voisent querre
« leur soiistenance en France . . . Mais se il partoient ainsi
«corne il font en France, il entendroient a labourer les
« terres cl les boscaigcs, et le peuple se monteplieroit. —
« Par la pilié Dieu! dist le roi, je m'accorde que ainsi soit il
« fait et que cesle mauvaise couslume soit abatue. » Elle le
fut en effet, mais pour peu de temps, le roi ayant bientôt
rétabli l'ancienne loi anglaise qui donnait tout à l'aîné
au détriment des autres enfants. On voit par ce passage,
comme l'ont d'ailleurs remarqué les plus récents historiens
du droit, qu'en France, au xiii* siècle, la coutume n'ad-
mettait pas le droit d'aînesse, au moins aussi absolument
qu'en Angleterre.
Voici comment Guillaume Guiart a rendu ces lignes de
GUILLAUME GULART.
120
Nangis. L'an 1268, dit-il, le roi d'Angleterre réunit tous
ses barons,
Lesquiex ensemble, a parlement.
Il pria debonnairement
Que communément s'acordassent
A ce c'une coustume estassent,
Et vous dirai quele en lisant.
S'uns homs, gentis ou paisant,
Fust la morz, et enfanz eiist,
Pleùst li ou H despleùst,
L'estatut a ce s'aportoit
Que l'ainzné le tout emportoit,
Li autre riens ne rescouissent ,
Alassent quel part qu'il vousissent :
Leur droiz iert ainsi devisez.
Li baron du lait avisez ,
Qu'il connurent a deshonneste,
Obéirent a sa requeste ,
Et voudront, tant furent menez.
Que les enfanz d'un père nez,
S'engendrez fussent loiaument.
Partissent le leur ygaument
Et selonc l'ordre qu'il dévoient,
Comme cil de France faisoient.
XIV StF.CLK.
V. 10^79.
Guillaume Guiart indique mieux que le traducteur de
Saint-Denys l'endroit où fut d'abord découverte la dé-
pouille mortelle de Mainfroi : «Onques ne peut l'on savoir,
«dit le traducteur, qui l'avoit ocis, pour ce que il avoit
• vestu autres armeures que les seues; le roy Charles com-
« manda qu'il fust dessevré des autres et enterré, que les oi-
« siaus ne devoura.ssent sa charoigne; si fut enterré en une
« voie commune près de Bonnivent. » Les vers de Guiart se
rapprochent plus des admirables tercets que Dante a con-
sacrés à Mainfroi dans le troisième chant du Purgatoire :
Mes onc nus homs ne sot a dire
Pour certain qui le pot ocire.
Car le jour de celés nuisances
Porta estranges connoissances.
L'endèmain , si com j'ai seù ,
TOME xsxi.
1 1 ♦
17
tHrtlHEIKC IITIOXAIC.
V. .0989.
m-NÈcLE. *30 GUILLAUME GUIART.
Fu entre les morz conneû ,
Et près du grant chemin ferré ,
Dehors Bonivant , enterré.
Mais, à tout prendre, Guiart semble pressé d'en finir avec
le texte des Grandes Chroniques : il les abrège de plus en
plus pour arriver plus vite aux dernières guerres, dont il
pourra parler en témoin oculaire et sans le secours des pré-
cédentes relations écrites. C'est à compter de l'année 1296
qu'il ne rime plus sous les auspices de l'abbaye de Saint-
Denys. Pour les premiers événements du xiv' siècle, son
témoignage offre donc un grand intérêt; même, pour les
opérations de guerre, il est véritablement incomparable.
C'est lui qu'il faut interroger, avant Villani et le continua-
teur de Nangis, sur toutes les circonstances de la défaite
de Courtrai; c'est par lui surtout que nous savons com-
ment les sergents et les arbalétriers, qui formaient notre pre-
mière infanterie, après avoir franchi le pont de Courtrai,
avaient repoussé les Flamands, et n'auraient pas laissé la
victoire un instant incertaine, si la jalousie de la chevalerie,
indignée de voir les vilains triompher sans partager avec
elle la gloire de la journée, n'avait changé la face du com-
bat : « Les arbalétriers de France se baissent, tendent leurs
« cordes et décochent leurs flèches. Elles tombent plus
«dru que grêle sur l'ennemi, dont elles brisent les targes
« et percent les chairs. » Les Flamands ne soutiennent pas
cette attaque; ils reculent de plusieurs centaines de pas, et
les piétons, encouragés par ce premier succès, jettent leurs
arbalètes, et, la coiffe lacée, i'écu d'une main, l'épée de
l'autre, courent sur les Flamands, avec lesquels ils sont
bientôt aux prises :
V. i5io/i. Une partie en desconHsent,
Qui l'uians se desatropele.
Quant messire Valepaiele
Voit Flamens comoie en aventure
De reçoivre honte et iaidure ,
Ainz qu'il partent de la endroit.
Et il aperçoit qu'a endroit
GUILLAUME GUIÂRT. 131
Ont cil du roi bone partie.
Au comte d'Artois haut escrie :
« Sire, cil vilain tant feront
« Que l'oneur en emporteront ;
« Et s'il metent a fin la guerre,
« Que sont li noble venu querre?
■ En vain les i a l'en lassez.
« Poignons , car tens en est passez.
— Mouvez ! » dit li quens , et cil broche.
Tout le renc adoncques descoche ;
D'aler isnelement chevissent :
Parmi les piétons se flatissent,
Qu'a force des destriers entreuvrent,
Des leurs meismes le champ queuvrent
Et merveilleus nombre en estaingnent.
De celé venue se plaingnent
Piétons françois greigneurs et mandres . . .
Et qu'en résulta-t-il? Une horrible confusion, puis une
défaite complète. Les Flamands, d'abord effrayés, reforment
les rangs, puis leurs arbalétriers prennent leur revanche.
Les chevaux glissent sur un terrain mouvant et maré-
cageux, et toute défense devient inutile. Le comte d'Ar-
tois périt un des premiers, et avec lui le chevalier qui lui
avait donné le funeste conseil. Toute la fleur de la noblesse
française est égorgée par les vilains, qu'elle n'avait pas voulu
laisser vaincre par d'autres vilains. Ainsi l'on aurait pu,
dès ce temps, voir la nécessité de grands changements dans
la théorie militaire; on pouvait comprendre tout le parti
qu'il y avait à tirer de l'infanterie française. Mais l'expé-
rience devait être perdue; la noblesse devait défendre pied
à pied le terrain de la cavalerie, et c'est pour avoir tardé
trop longtemps à admettre les piétons au partage de la gloire
militaire que la France devait encore subir de plus grands
désastres à Créci, à Poitiers. Sous Philippe le Bel au moins
on tira plusieurs revanches de Courtrai. Peu après la ba-
taille, Gravelines fut attaquée, puis emportée. Guiart assis-
tait à la plus meurtrière de ces entreprises, et tel est le
plaisir qu'il prend, le feu dont ses yeux semblent allumés
en racontant la belle résistance des Flamands et le triomphe
17-
UV ilIBCLK.
XIV KIKCLR.
132 GUILLAUME GUL\RT.
définitif des Français, qu'on lui pardonne de consacrer près
de onze cents vers à ce récit d'un coup de main (fune im-
portance fort secondaire, mais dont les historiens de France
et de Flandre auraient dû pourtant dire quelques mots.
Il faut aussi tenir grand compte du récit, plus long en-
core, de la bataille navale de Ziericzee, dont les Chroniques
de Saint- Denys semblent n'avoir dit quelques mots que
pour justifier fimportance et la fidélité des souvenirs de Guil-
laume Guiarl. Ce beau fait d'armes, que les chroniqueurs
flamands avaient, comme notre rimeur le leur reproche,
« entrelessié » , et dont la plupart de nos modernes historiens
ont eu le tort de rapporter tout fhonneur aux Génois, mé-
rite assurément d'occuper une grande place dans les fasies
de la marine française. L'amiral de France Renier Grimaldi
et le Calaisien Pédogre, voulant obliger le fils du comte de
Flandre, Gui de Namur, à lever le siège de la ville mari-
time de Ziericzee en Zélande, avaient conduit devant cette
ville onze galères et trente-huit vaisseaux de premier ordre :
V. i«o().i. Ce ne furent mie naceles,
Mes trente et huit nés granz et bêles,
Riches et plaisanz et entières,
A chastiaus devant et derrières ,
Selonc raison longues et lees,
Va de touz costez crénelées ,
Pour miex deffendre qu'on nés praingne.
Les huit en estoient d'Espaingne
Pour marcheandise venues ;
A gages furent retenues
De par le roi , o le navie
De Calais et de Normendie ,
Dont el port furent la les trente;
Onze galies, a m'entente
Rot , la l'amiraut a séjour.
Cette flotte, qui transportait dix mille hommes d'armes,
était donc bien française; à f exception des huit bâtiments
marchands d'Espagne et des onze galères génoises, elle
était fournie par les marins de Calais et de Normandie. Il
GUILLAUME GUIART.
133
MV* .SIKCLE.
laul tenir compte, avec Le Grand d'Aussy, de ces détails, car
Irenle-six années séparent la victoire de Ziericzee de la dé-
faite de L'Ecluse, par laquelle on a trop longtemps eu cou-
tume de commencer l'histoire de notre marine militaire.
Notre savant confrère, M. Charles Jourdain, a d'ailleurs
récemment montré quelle inqjortance cette marine avail
déjà sous Philippe le Bel, et quels soins particuliers le roi
en prenait; il n'a pas omis d'invoquer le témoignage de
Guiart.
Aux quarante-neuf bâtiments du roi de Franceil faut ajou-
ter cinq grands vaisseaux hollandais que Pédogre put réunir
aux siens. Les forces de Gui de Namur étaient quatre fois
plus considérables. Il n'avait pas moins de quatre-vingt mille
hommes, distribués sur nefs, chalands, coques et bâtiments
de toutes grandeurs. La flotte française se forma d'abord sur
quatre rangs, les ([uinze grands vaisseaux, commandés par
Pédogre, en avant, les autres à la suite jusqu'aux galères de
Grimaldi, qui ne devaient prendre part au combat qu'à toute
extrémité :
Les vessiaus sont si bel menez
Que je croi que miex ordenez
Ne vit homs nus en un tas tei.
Au bout des mas sont li chastei
Bien crénelez à quatre quierres
Garniz de quarriaus et de pierres,
Que on la endroit aûna.
Trois bons serjanz en chascun a . . .
En pluseiirs lieus ra batelez
Qui emmi les mas ont leur gistes ,
Ou il ra bons serjanz et vistes,
En chascun sis ou cinc ou quatre ,
Touz armez comme pour combatre . . .
En chascune nef bone et maie
Ra il au mains une espringale . . .
Pédogre, sentant qu'il ne pouvait retenir l'impatience
des siens, s'était approché du rivage jusqu'à la portée d'une
arbalète avec ses quatre plus fortes nefs; mais, contrarié
par le reflux, il dut s'amarrer dans le sable jusqu'au mo-
Jourdaiii (Cli. j ,
Evcui'sions histor..
V. 18355.
«If' SIÈCLE.
134 GUILLAUME GUIART.
ment où le retour des eaux lui permit de se mouvoir en
même temps qu'il laissait à l'ennemi la liberté d'approcher.
Voyant alors le danger que Pédogre courait, tout le reste
de la flotte française changea son ordre de bataille et s'éten-
dit sur une seule ligne, en prenant soin de lier les bâti-
ments les uns aux autres.
Le combat commença vers trois heures et ne finit qu'à
l'approche de minuit. Trois des vaisseaux espagnols tom-
bèrent au pouvoir des ennemis; mais leur équipage eut le
temps de passer sur les bâtiments voisins, tandis que la
« Jeannette de Rouen » avait abordé la plus grande des nefs
flamandes, appelée « l'Orgueilleuse de Bruges », et avait fait
main basse sur tous ceux qui la montaient; car de prison-
niers on ne parlait d'un côté ni de l'autre.
Grimaldi sortit de son repos à la fin de ce premier com-
bat. Dès que le silence eut succédé au bruit des « espringales »
et aux cris des combattants, il désancra une de ses galères et
alla lui-même examiner l'état de la flotte ennemie. Les Fla-
mands, soit par l'absence de signaux, soit parce qu'ils ne
craignaient plus d'être attaqués, n'avaient pas réuni leurs
bâtiments, qui erraient çà et là à certaine distance du port.
Revenant aussitôt à ses galères, l'amiral en fait lever les ancres
et les- dirige lui-même en avant des nefs de Pédogre. Alors
il entoure et capture aisément trois des nefs ennemies, et
il menaçait déjà du même sort une quatrième, quand Gui de
Namur, rassemblant à la hâte ses plus grands vaisseaux, sé-
pare les galères de Grimaldi des bâtiments de Pédogre,
prend à son tour l'avantage; et Grimaldi sans doute eût payé
cher son hardi coup de main, si Pédogre, par une habile
manœuvre, n'était parvenu à diriger toutes ses forces sur le
point où l'ennemi resserrait les galères de l'amiral. Ainsi
pris de l'arrière et de l'avant par une flotte mieux ordonnée
et sans doute mieux commandée que la leur, les Flamands
opposèrent une résistance héroïque, mais inutile. Ils furent
tous massacrés, à l'exception d'un petit nombre de che-
valiers et de bourgeois, épargnés dans l'espoir des rançons
qu'on en pouvait attendre. H y a dans tout ce récit de
MV SIËCLK.
GUILLAUME GUIART. 135
Guillaume Guiart une chaleur et même un talent de versifi-
cation qu'on ne saurait méconnaître:
Cliascun i liert, chascun i fautre : V. 19337.
Un seul (l'eus n'a pitié de l'autre,
Pour uieschiel qu'avenir li doie.
La Dissiez crier : « Monjoie! »
Es rens de la prise plus jurande,
«Calais! Nonnendie! Hollande! »
A voiz si hautes et si clercs,
Espouventables et ameres.
Que Flamens qui les granz ces sentent
De touz costcz s'en espotivcnlent. . .
Enini leur nés, siuis eus delFendre,
Les vont li scrjant le roi prendre,
Dont il perl que le floz tressaille ,
Quant il pensent a la bataille
De Courtrai , ou la fleur de France
Fu ocisc a si grant viitance
Et a tel ineschief , c'onques n'urent
Merci nul de cens qui la furent
Pour chose que il requeïssent ,
Que Flamcnz touz nés océissent :
De reancon n'avoienl cure:
Pour celé grant desconfiture
Ont cil du roi en tel manière
Toute pitié getec ariere . . .
Cette bataille navale rendit la Zélande, que venait de con-
(juérir Gui de Namur, au comte de Hainaut, ami du roi de
France. Elle fut glorieuse pour les braves gens qui la ga-
gnèrent et qu'on avait surtout recrutés à Calais, à Dieppe,
à Rouen; elle le fut pour Jean Pédogre, qui seul avait com-
battu le premier jour et avait le lendemain décidé la victoire.
On ne rend donc pas justice au\ véritables vainqueurs en
reportant sur les Génois tout l'honneur de la victoire navale
<le Ziericzee. « Philippe le Bel, dit sèchement un célèbre Michdei, Hist.
« historien moderne, loua des Génois, et avec leurs galères ,86^i'!t.in'!p"89*
« il gagna une bataille navale devant Ziericzee. » Jugement
étrange et inexcusable après le beau travail que Le Grand
d'Aussy avait déjà fait sur cette partie de la chronique de
Guillaume Guiart.
«v.,Èct.. '36 GUILLAUME GUIART.
C'est par la campagne de Flandre et la victoire de Mons-
en-Pevèle que Guiart a terminé son poème. Nous ne prélen-
dons pas le suivre dans tous les curieux détails qu'il nous
donne et dont les historiens modernes nous semblent avoir
tiré trop peu de parti; mais nous nous arrêterons sur la
description animée du fabloau qu'offrait alors une armée en
campagne. On aime à lire le dénombrement des provinces et
des villes qui avaient envoyé leur contingent de noblesse et
de bourgeoisie; à voir, pour ainsi dire, défder les ims après
les autres Picards, Bourguignons, Champenois, Normands,
Angevins, Chartrains, Manceaux, Toulousains; on aime à
les voir faire, dans la ville où ils se sont amassés, tous leurs
préparatifs de guerre ou se livrer à leurs bruyants ébats :
V. io.'>oo. De Navarre, et devers Espaingne
Revienent bidaus a granz routes
Desquiex les compaignies toutes
En guerre, par acoustumance ,
Portent deus darz et une lance,
Et un coutel a la ceinture :
D'autres armeùres n'ont cure.
Tant i vient gent et si grant nombre
Que ii peuples la vile encombre . . .
A peine si peut l'en tourner.
Par la vile font ratourner
Li soudoier leur armeùres :
Les uns font faire enheudeûres '
Es espees toutes nouveles,
Et font fourbir les alcmeles;
Aucuns encordent arbalestes
Pour estre en bataille plus prestes;
Li autres cousent leur banieres
En lances roides et entières ,
C'on ne les puist tost aterrer ;
Aucuns refont leurs darz ferrer
Et apointier les fers des lances '
Pour miex entrer es connoissances.
Garçons resont en trop grant paine
De pourcbacier fain et avaine
A leurs chevaus que garder doivent.
' C'est ainsi qu'il faut lire, et non enhendeires.
GUILLAUME GUIART. 137
Ribauz d'autre partie boivent,
Sans demander chambre ne sale,
Parmi les rues la godaie.
Tel noise font et tel plait tiennent
Li soudoier qui vont et viennent
Et les uns aus autres sermonent
Que toutes les rues en sonnent.
On aime à le voir ensuite essayer de peindre l'intérieur
du camp de cette grande armée, répandue sur le terrain
inégal qui séparait Arras de Fampoux. Nous assistons au dé-
partd'Arras, tambours battant, trompes» bondonnant », ban-
nières déployées; d'abord les chevaliers et les écuyers, les
coursiers que les garçons mènent en dextre; puis les clercs
chantant mélodieux motets, les « bidauds «dansant, les char-
retiers jurant, les folles femmes riant à pleine gorge, enfin
les sergents, les hérauts et les goujats. On dresse les pavillons,
les seigneurs s'abritent sous de riches tentures, les sergents
sous le feuillage des arbres qu'ils taillent dans la campagne.
Cependant les gens qui veulent gagner circulent autour des
tentes. Les uns établissent leurs fourneaux sur les fossés d'en-
ceinte pour y cuire « tartes et pastez ». Les autres voiturent
leurs tonneaux par les allées, et vendent aux soudoyers leur
vin aigri ou leur • godaie » trouble, qu'ils prétendent faite
à Arras. Les vieilles crient les fromages et le pain blanc, les
cuisiniers écument leurs pots, les brelandiers étalent leurs
dés auxquels maint sergent se laisse prendre. On joue, on
jure, on querelle :
Lors les veïssiez entrebatre
Et donner meriaus et poignies
Et muselées et groignies . . .
Le sa ne leur saut plenierement ,
Mes paiz font si legierement
Qu'il ne convient que de leur dete
Prévost ne ballif s'entremete.
Sans se faire le champion exclusif des roturiers, des arba-
létriers, sergents et « bidauds » qui eurent la part principale à
la victoire, Guiart, qui se trouvait dans leurs rangs, se plaît
TOME .\X\I. ig
\IV SIKCI.K.
19701.
IW*ft>1U»« IMIMXAiC.
138 GUILLAUME GUIART.
XIV :«IF.CI.E.
ù leur rendre une justice chaleureuse. On en jugera par le
passage suivant, embarrassé malheureusement d'une longue
parenthèse, que nous ne citerons pas , sur les quatre humeurs
ou complexions de l'homme :
V. jogo.i. Qui lors fust la veoir peûst
Et connoistre certainement
Que li drap ne li garnement,
Les biaus atours ne la richece ,
La force ne la genlilece . . .
Ne font femme viste ne preti/. . . .
Car si corne li auteur dient
Tous hommes se diversefient ,
Jiiïs , paiens et crestiens ,
Et, selon les naturiens,
L'omme est sanguin ou colérique,
Fleumalique ou mélancolique :
Gestes quatre complessions '
Queurent par toutes régions . . .
Dont l'on peut veoir clerement
Que tel est veslu povrement . . .
Qui plus a largece et bonté
Que tel qui maintient un conté.
Nel di pour nul homme despire ,
Mais, cele-journee, au voir dire.
Se souz Monz en Pevle fussiez ,
Pluseurs veoir en peûssiez
Qui par defautes de deniers ,
Dont il n'orent pas pleins greniers ,
Furent en armes si déroutes
C'on pourroit bien veoir leur coûtes :
Nonpourquant si forment se prisent
Que li renc pas ne leur souffîsent,
Ainz en issent, el champ se fièrent
Gom cil qui demandent et quiercnt
Bataille pour eus esprouver.
En peu de mots, voici la relation que notre riuieur doime
de cette bataille de Mons-en-Pevèle, à laquelle ses récentes
blessures l'empêchèrent, il est vrai, de prendre part, mais
dont il dut bien connaître les principales circonstances par
le récit de tous ceux qui, plus heureux, en revenaient. Les
GUILLAUME GUIART. 139
deux armées se trouvèrent en présence, le 18 août i3o4,
depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. Les Flamands,
descendus des hauteurs de Mons-en-Pevèle, avaient laissé
sur les versants de la montagne leurs vivres, leurs che-
vaux, leurs vêtements, leurs provisions. Ils s'étaient assez
avancés pour n'être plus séparés des Français que par un
large fossé, creusé quelques années auparavant. Ils s'étaient
adossés à un formidable retranchement, formé de trois rangs
de chariots, dont les brancards s'enchevêtraient les uns dans
les autres. L'honneur d'avoir été les premiers à s'ébranler
appartint aux sergents et arbalétriers français, que com-
mandait messire Thibaud de Cepoi. Ils allèrent traverser
le fossé à l'une de ses extrémités; puis, fondant sur l'aile
droite des ennemis, ils refoulèrent en désordre ceux qui
la composaient sur le centre. A l'exemple des piétons, les
chevaliers passèrent du côté opposé; mais au lieu de re-
venir sur le centre ennemi, entre les chariots et le fossé,
ils prirent position derrière les chariots, et de là tentèrent
de s'ouvrir un passage jusqu'au gros de l'armée flamande.
La lutte fut longue et acharnée; mais les Flamands, ainsi
pressés des deux côtés, auraient apparemment fini par
rendre les armes, si les piétons, cédant à leur soif de butin,
n'eussent tout-à-coup laissé leurs adversaires pour se porter
tumultueusement vers la montagne où se trouvaient les
tentes, les chevaux, les tonneaux de l'ennemi. Ce fut un
pillage merveilleux, que Guillaume Guiart nous raconte de
sa meilleure verve. Au moment où la voix de Thibaud de
Cepoi ne pouvait plus être entendue, Philippe le Bel en-
voya l'ordre à ceux qui faisaient le siège des chariots fla-
mands de repasser le fossé et de revenir à lui. L'ordre fut
exécuté, non sans que les Flamands, délivrés de cette double
attaque, fissent éprouver d'assez grandes pertes à ceux qui
semblaient leur abandonner la place. Puis, remarquant le
désordre qui régnait devant eux dans le camp français, ils
prennent une résolution hardie et généreuse : c'est de fran-
chir le large fossé , et de s'avancer d'un pas résolu vers les
pavillons au milieu desquels flottait la bannière fleurdelisée.
i8.
XIV SIECLK.
140 (ÎUILLAUME GLIART.
XIV 5IKCI.P.
Ils arrivent, massacrant les sergents qui défendaient la pre-
mière barrière, et, pénétrant à l'improviste au milieu d'une
Il bataille » assez nombreuse de cbevaliers à moitié désar-
més, ils tuent les premiers et jettent parmi les autres une
véritable panique. Tout fuit, tout se disperse; à peine cin-
quante hommes d'armes, résolus à mourir, se hâtent de
reprendre leurs heaumes pour former autour du roi un
rempart de leurs corps. Le sire de Chevreuse, chargé de
porter l'oriflamme, est tué des premiers à l'entrée du pavillon
royal : deux fidèles Parisiens,
V. ?i?l(). Jaques et Pierres Geiician,
Deus hourjois de courtois lingiiage,
De Paris nez , qui leur cage
En mainte place servi Turent ,
ni
restent à l'étrier de Philippe le Bel, qu'ils portent avec assez
de peine sur les arçons :
V. 2 1253. A la première fois failli
Li bons rois, qui trop se coita;
Mais a l'autre si esploita
Que par grant force et par isnele
Fu, le chief sans tieaume, en la sele.
Tous les écrivains contemporains, Nangis , Villani , Gode-
froi de Paris, s'accordent à rendre hommage au courage,
au sang-froid, à la résolution que Philippe le Bel aurait
montrés dans cet instant critique. Nous devons pourtant
remarquer que (luiart, dont l'intention était d'offrir son
i)oème au roi, garde sur ce point un silence complet, dont
il faut de toute nécessité tenir quelque compte. Quoi qu'il
en soit, les deux fidèles bourgeois tombèrent étendus morts
aux pieds de Philippe. Plusieurs autres braves guerriers
furent frappés autour de lui, jusqu'à ce qu'enfin reparurent,
couverts de leurs armes, les chevaliers qui d'abord avaient
pris la fuite : les Flamands reculèrent, et leur retraite préci-
pitée fut une véritable déroute. Tandis qu'ils fuyaient }X>ur
ne s'arrêter qu'à Marquette, au delà de Lille, le roi couchait
GUILLAUME GUfART. 141
sur le champ de bataille et faisait entonner par les clercs
(le l'armée un Te Deam. de réjouissance. Deux jours après,
son armée triomphante arrivait aux portes de Lille, qui reçut
les conditions du vainqueur. Telle fut la journée de Mons-en-
Pevèle, que les deux plus récents historiens de la Flandre ne
craignent pas de représenter, l'un comme un succès que pou-
vaient également réclamer les deux armées, l'autre comme
une victoire des Flamands sur les Français. C'est ainsi que
l'on a trop souvent écrit l'histoire de France, même en
France. Quand nous examinerons la chronique de Godefroi
de Paris, nous verrons un autre récit de cette journée, qui
devait mettre fin à la guerre. Mais ce deuxième historien
ne mettra pas en doute plus que Guiart, Nangis et tous les
autres contemporains la complète défaite de l'armée fla-
mande.
H y a beaucoup d'apparence que les vingt-six vers qui
suivent le récit de la bataille de Mons-en-Pevèle et qui ter-
minent le poème de la Branche des royaux lignages sont
d'une autre main, ou bien ont été ajoutés rapidement par
Guiart, quand il renonça à sa première pensée de suivre les
événements postérieurs à mesure qu'ils arriveraient. Nous ne
savons si l'on doitbeaucoup regretter cette détermination , car
il ne voulait en tout cas raconter que les faits de guerre, comme
il s'était contenté de le faire dès les premières pages. Aussi
ne touche-t-il pas aux grandes querelles de Philippe le Bel
avec Boniface VIII, avec la noblesse, avec le tiers état. Il ne
semble pas savoir un mot de la funeste altération des mon-
naies, du grand crédit d'Enguerrand de Marigni, des con-
structions, des établissements dus à l'activité de Philippe le
Bel. S'il eût poursuivi sa chronique rimée, il eût peut-être
omis de parler du procès et de la suppression de l'ordre
des Templiers, qui remplirent les trois années suivantes.
Mais, à le prendre tel qu'il est, ce poème de la Branche des
royaux lignages tient une place importante parmi les docu-
ments de notre histoire. Guiart aimait les récits de guerre,
il avait lui-même été soldat; ses descriptions doivent con-
server aux yeux de l'antiquaire une grande valeur. Nul,
1 2
MX' tiÈULI.
142 GUILLAUME GUIART.
parmi nos vieux annalistes , n*a parié aussi clairement et
d'une façon aussi détaillée de tout ce qui tient à l'ancienne
stratégie, aux différents corps dont une armée se composait,
à la discipline, au costume^ aux armes, aux machines de
siège et de campagne. Sur tous ces points il est pour ainsi
dire intarissable. Et puis on reconnaît dans tous ses récits
de combats un homme du métier, qui, avant de raconter
une action, en comprend lui-même parfaitement tous les
incidents, toutes les circonstances; ce mérite est assez rare,
même parmi nos historiens les plus autorisés, pour qu'on
lui en tienne un grand compte. D'ailleurs il parait sincère
et d'une parfaite candeur; et le touchant intérêt qu'il
porte à la gloire de la France en général et des sergents
d'Orléans en particulier ne l'entraîne à aucune exagération
des succès du roi et des hauts faits de ses compatriotes. On
lui a reproché à bon droit les chevilles de ses vers et Iffe lon-
gueurs de son poème. Les chevilles de versification étaient
inévitables du moment qu'il tenait, comme il le dit lui-
même, à donner à ses vers des rimes «lionimes», c'est-à-
dire portant toujours sur deux syllabes; il en résulte, il est
vrai, des remplissages souvent presque intolérables pour
nous, mais qui ne choquaient pas alors; leur insignifiance
même garantit du moins la bonne foi de l'auteur, qui n'a
recours, pour obtenir ses rimes, qu'à des formules à peu
près vides de sens, et ne sacrifie jamais la rectitude de son
jugement ou l'exactitude de son récit à la consonance. Ainsi,
comme on l'a fort bien remarqué, « les droit pariant et les
« baubes », « les luxurieux et les chastes », « les velus et les
« chauves », « les megres et les gras ■ n'interviennent que pour
les besoins de la rime; mais ces méchantes façons de l'obtenir
étaient alors un procédé permis; si Guiart en a poussé l'usage
jusqu'à un abus presque sans exemple, c'est qu'il tenait
avant tout, et qu'il arrivait par cet artifice à ne rien omettre
de ce qu'il se croyait obligé de raconter. 11 faut «Tailieurs
reconnaître que ce défaut, auquel on s'accoutume, est
souvent compensé par la vivacité du récit, l'originalité de
la tournure et le pittoresque de l'expression , et que paHbis
YVES, MOINE DE SAINT- DENYS.
143
XIV* SIÈCLE.
Guiart sait trouver sans efiFort apparent ses rimes toujours
d'une surprenante richesse.
La Branche des royaux lignages a été imprimée en entier
par J.-A. Buchon, dès 1 828, d'après le seul manuscrit qu'on
en possède. En i865, l'Académie des Inscriptions et belles-
lettres l'a insérée dans le tome XXII des Historiens des Gaules
et de la France; les éditeurs ont apporté h la revision du texte
un soin minutieux, et se sont efforcés, dans des notes très
multipliées, d'éclaircir les obscurités, souvent fort grandes,
de la langue et du style de l'auteur. On doit regretter que
le système suivi dans cette grande publication les ait obligés
de laisser de côté les vers 497-^^964, relatifs aux règnes de
Philippe Auguste et de Louis VIII, en sorte que l'édition de
Buchon reste indispensable à qui veut connaître l'œuvre
entière du brave sergent Orléanais'.
Borel et après lui La Monnoye ont identifié Guillaume
Guiart avec Guiart, auteur d'un « Art d'amours « dont nous
avons parlé ailleurs; mais cette identification n'a aucune
vraisemblance : Guiart est le prénom de l'auteur de l'Art
d'amours et le nom de famille de l'auteur de la Branche
des royaux lignages. P. P.
La Croix Jii
Maine , Bibl. fran-
(oise, t. I, p. 337.
Ilist. litt. <le la
France, t. XXIII,
p. tgi.et t. XXIX,
p. hTt.
YVES,
MOINE DS SAINT-DRNVS.
Yves, moine de Saint-Denys, près Paris, est l'auteur
maintenant reconnu d'une compilation sur la vie et les
* Il est résulté de cet état de choses
une certaine difficulté pour nos citations.
Buchon a trois numérotages difléreats ,
le premier pour le prologue , le second
pour la partie du poème qui concerne
Philippe Auguste et Louis VIII , le troi-
sième pour la suite , remplissant aoa se-
cond volume. Les éditeurs du tome XXII
des Historiens de France ,. tu contraire ,
n'ont qu'un chilTrage depuis le com-
mencement jusqu'à la Pm. Quand nous
avons cité les vers 497-896/!. numé-
rotés dans Buchon 1-8 1 30 , nous avons 1
indiqué le chiffre qu'ils ont dans l'édi-
tion de Buchon (en faisant suivre ce
chiffre d'un B. ) , sans rectiGer les nom-
breuses erreurs qui se sont glissées dans
la numérotation de cette édition.
tIV .IIF.CI.R.
144 YVES, MOINE DE SAINT-DENYS.
miracles posthumes du patron de son abbaye, compilation
d'un assez fort volume, dont le texte le plus complet nous
est oITert par le numéro 5:<86 des manuscrits latins de la
liibliotlièque nationale.
L'ouvrage se divise en trois parties. Dans la première est
1res minutieusement racontée la vie légendaire du notable
citoyen d'Athènes, Denysde l'Aréopage, depuis sa naissance
jusqu'à la prédication de saint Paul. La deuxième contient
un récit non moins détaillé de tout ce qui advint au même
personnage après sa conversion au christianisme : d'abord
évêque d'Athènes, puis apôtre dans les Gaules, il fonde
l'église de Paris, et meurt enfin de la mort des martyrs sous
les murs de cette ville. De ces deux ])arlies il n'y a vraiment
rien à tirer pour l'histoire. La troisième est plus intéressante.
Elle commence, il est vrai, par d'autres fables. L'an 1 15'^
avant Jésus-Christ, quelques Troyens, échappés aux mains
des Grecs, arrivent, conduits par Anténor, sur les rivages
déserts du Palus Méotide, et s'établissent en ce lieu qu'ils
trouvent à leur gré. Peu de temps après, ils ont construit en
cette solitude une grande ville, la ville de Sicambrie, dont
la constante prospérité nous est attestée par un accroisse-
ment merveilleux de population. Il est, en effet, si merveil-
leux que, quatre siècles écoulés, l'an 698 avant Jésus-Christ,
vingt-trois mille Sicambres, tous de race troyenne, traver-
sent l'Allemagne et l'Autriche, et viennent, sur les bords de
la Seine, fonder une autre ville, non moins considérable,
non moins célèbre, la ville de Paris. Mais ce qu'on lit à la
suite de ce préambule n'est pas uniquement fabuleux; il y
a quelques narrations rédigées sur des documents que l'au-
leur a pu croire sincères, ou d'après les chroniques peut-
être véridiques auxquelles il a fait, pour les temps modernes,
d'intéressantes additions. C'est au règne de Dagobert que
commencent les épisodes qu'il est permis d'appeler histo-
riques. Dagobert étant un des principaux bienfaiteurs de
l'abbaye de Saint-Denys, l'auteur raconte son règne avec
quelques détails. Sur Charlemagne il ne reproduit guère
que les inventions du faux Turpin. Il le fait voyager à Con-
YVES, MOINE DE SAINT-DENYS. 145 „..„.,..
slantinople et de Constantinople à Jérusalem, suivi par un
corps crarniée qui dépossède les Musulmans de la Terre
Sainte. Reconnaissant d'un tel service, l'empereur d'Orient
lui donne un des clous de la vraie croix. Suit l'histoire de
ce clou fameux. Charleniagne le dépose à son retour dans le
trésor de Saint-Denys. Or combien ce don gratuit lui sera
profitable! Charlemagiu' n'ayant pas vécu, comme on le
sait, très chastement, son àme, à fheure de sa mort, allait
être ravie par les démons; mais survinrent aussitôt saint
Denys et saint Jacques, qui donnèrent la chasse aux démons
et transportèrenl au paradis l'àme sauvée. On retrouve dans
le même chaj)ilre le récit bien connu du moine de Saint-
Gall sur les deux clercs hiberniens qui, déposés sur la rive
gauloise, font |)rorlamer qu'ils sont marchands de science,
et que Charlemagne appelle à sa cour pour les combler de
faveurs. Mais le moine de Saint-Gall ne dit pas où Charle-
niagne établit leur école. Il l'établit à Paris, dit avec assu-
l'ance le moine de Saint-Denys : Construcds Parisius habila-
culis opportunis , ibidem eos docere instituit. Ainsi Charlemagne
était déjà communément réputé le fondateur de l'Université
de Paris.
Après le règne de Charlemagne la chronique est plus
brève; mais avec l(;s règnes de Philippe Auguste, de saint
Louis, elle prend de nouveaux développements. Ce n'est
pas, à la vérité, (ju'elle soit plus originale en cette partie,
car on y signale de nombreux emprunts faits aux Gesta de
Rigord. Mais elle devient plus instructive quand commence
le règne de Philippe le Bel. On y peut voir, en effet, l'opi-
nion de l'auteur sur quelques faits contemporains. Cette
opinion n'est pas toujours clairement exprimée, l'auteur
ayant écrit son livre pour complaire à Philippe le Bel et
l'offrant, après la mort de Philippe le Bel, à son fds Philippe
le Long; mais alors ses réticences le trahissent, on devine
qu'il blâme tout ce (pi'il ne loue pas. Ainsi la révolte des Fla-
mands a dû lui paraître juste; on le comprend quand on le
voit s'associer aux plaintes portées contre le gouverneur fran-
çais, Jacques de Saint-Paul. De même, quand il rejette sur les
/
TOME XX\I. 19
I il ^ IMPItlMEKI t K.A.TtCXIia.
m SIECLE.
146 YVES, MOINE DE SAINT- DENYS.
conseillers du roi les fréquentes altérations de la monnaie,
on peut être assuré qu'il condamne ces mesures funestes. On
remarque, en outre, dans l'image qu'il nous a tracée de
Philippe le Bel, plusieurs traits qui surprennent. Ce prince
est ordinairement représenté comme très volontaire, très
ferme en ses desseins, et même, dans l'occasion, très dur
envers ses ennemis. Le témoignage de notre chroniqueur est
sur ce point tout à fait contraire. Il va même jusqu'à lui
reprocher sa trop grande douceur, nimia mansuctudo, dont
il signale plusieurs suites fâcheuses. Chaque fois qu'il parle
de lui, tout d'abord il emploie ces termes mansuetudo , man-
suctus; l'humilité et la mansuétude, voilà, dit-il, ce qui le
distinguait particulièrement : humdiiate ac mansuetudme prœ-
cipiius. Il le vante aussi de sa piété, dont il don ne des preuves.
Cependant ces preuves ne semblent pas toutes dignes de la
même confiance. On n'admet pas volontiers que Philippe
le Bêlait été, non seulement pieux, mais encore puérilement
superstitieux.
Cette relation de la vie et des miracles de saint Denys
occupe tout le volume inscrit sous le numéro 52 86 du
fonds latin, à la Bibliothèque nationale. C'est un beau volume
du xrv" siècle, enrichi de dessins à la plume qui sont de
plusieurs mains. Il y en a de très remarquables. Un autre
exemplaire, bien plus précieux encore, se trouve dans les
numéros 2090, 2091 et 2092 du fonds français, à la même
Noiires ei cxii. bibliothèquc. Notre confrère, M. L. Delisle, qui l'a minu-
s-Mri" p'j/h^' tieusement décrit, suppose que c'est l'exemplaire offert en
hommage à Philippe le Long. Les nombreuses miniatures
qui décorent ces trois volumes sont d'une exécution très
soignée, et, pour l'histoire de l'art, elles offrent des rensei-
gnements très précieux. On y trouve aussi d'utiles informa-
tions sur plusieurs édifices de Paris au xiv* siècle, sur les
costumes variés des habitants de cette ville, officiers de police
ou de justice, artisans ou marchands. La plupart des mé-
Magas. piiior., tiers de Paris y sont figurés. Quelques-unes de ces images
.8i6,p.5i7:iJj. ^^^ ^j^ reproduites par la gravure. Malheureusement ce
bel exemplaire est, depuis longtemps, incomplet; il l'était
ï
YVES, MOINE DE SAINT- DENYS. 147
XIV SIECLE.
nii
srrits, t.in,p. iâ(i,
déjà quand Gilles Mallet dressait lé catalogue des livres y)^.ii^[^n
transportés dans la tour du Louvre par les ordres du roi '>i'>ci ''es manu
Charles V ; et ce qui manque , c est la dernière partie , l tiistoire
des miracles, ou, pour mieux dire, la chronique des rois.
Un troisième exemplaire, moins complet encore, est dans
le numéro i3836 du fonds latin, à la même bibliothèque
(ancien 1082 des manuscrits latins de Saint-Germain).
Nous n'avons dans ce volume, exécuté par un copiste nommé
Guillaume l'Escot, que les derniers chapitres de l'ouvrage,
à partir du roi Dagoberl, et les enluminures y sont rares.
On signale enfin cleux autres manuscrits de cette compi-
lation dans les numéros 53 de Berlin et 696 de la reine
de Suède, au Vatican. Ce dernier exemplaire contient la
troisième partie tout entière, mais uniquement cette troi-
sième partie.
Ayant rencontré, dans la bibliothèque d'Alexandre Petau,
l'exemplaire que possède aujourd'hui le Vatican, André
Duchesne avait reconnu l'intérêt de cette troisième partie,
et en avait tiré quatre fragments qui ont été insérés, après
sa mort, dans le tome V de sa grande collection, Histonœ
Francorum scriptorcs, p. 267, 288, Sgô, 549- Le troi-
sième et le quatrième de ces fragments ont été de nouveau
publiés, par MM. Daunou et Naudet, dans le tome XX du
Recueil des historiens des Gaules et de la France, p. 45,
54o. Ils concernent la vie de Louis IX et celle de Philippe
le Hardi. Un. cinquième fragment, qui se rapporte à Phi-
lippe le Bel, a été pour la première fois imprimé par M. de
Wailly, dans le tome XXI, p. 201, du même recueil. On
en lit enfin deux morceaux de quelque étendue dans le
tome VIII du Neues Archiv,ip. 184-187. Ils ont été tirés par
M. Holder-Egger du n° 53 de Berlin.
Cette compilation avait été d'abord attribuée à Gilles,
abbé de Saint-Denys. On la trouve inscrite à son nom dans
le Catalogue des manuscrits latins de la Bibliothèque na-
tionale, t. IV, p. 69, et dans le Catalogue des manuscrits
français, t. I, p. 356. Elle commence, en effet, par une
lettre de cet abbé Gilles, présentant l'ouvrage à Philippe
»9-
]liS YVES, MOINE DE SAINT-DENYS.
lo Long, et la première enluminure esl la mise en scène de
cette présentation. Un abbé, s'inclinant devant un roi ma-
jestueusement immobile, lui fait TonVe d'un volume, elle
roi tend la main pour recevoir le présent de l'abbé. L'attri-
bution des catalogues semblait, en outre, confirmée par
divers passages du livre. Racontant quelques incidents de
la bataille de Mons-en-Pevèle, l'auteur dit tenir ces détails
de la bouche du roi Philippe le Bel : Fuit rex Philippiis, iil
(ibeodeni postniochiin cognovimus , [per inminuin (emporis spatiuin ']
ita sohis ut cum ipso non essent de suis honnnibus nisi duo. Ces!
évidemment à un personnage que Philippe le Bel a fait
l'honneur de cet entretien familier. Nous apprenons plus
loin que ce personnage appartenait à l'Eglise. Il assiste aux
derniers moments de Philippe le Bel, lui lisant, pour l'en-
courager à bien mourir, l'évangile de la Passion : Illo teni-
pore ^, ipso audienle et intelligente, recitavimus historiam dominicw
passionis, circa guani inlcrdum, ad ejus consolationem, (dicjua
notabilia dicebantur. Enfin, à la page suivante, cet ecclésias-
tique joue le rôle de l'abbé de Saint-Denys, faisant une
enquête sur un miracle qui avait eu lieu, disait-on, dans
son abbaye en faveur d'un nommé Laurent, serviteur d'un
scolastique suédois. Ainsi Ton avait eu de bonnes raisons
pour attribuer l'ouvrage à fabbé Gilles, signataire de l'épître
dédicatoire, contemporain des rois Philippe le Bel et Phi-
lippe le Long. Cependant M. L. Delisle a facilement dé-
montré la fausseté de cette attribution. En effet, vers la fin
de l'épître, l'auteur est désigné par l'abbé Gilles lui-même.
C'est un de ses moines, qu'il nomme Yves : Ut ercjo majes-
tatis regiœ piis votis justisguc et devolis dcsidenis gua possuni
soUicitudine ejjicaciter acguiescam, libellum prœsentem de hujns
antigui prœcellentissimigue patris machani Areopagitœ Dionysii
ortu et dccnrsu, libris, documentis, prœdicationibus et doctrinis,
de ejusgne singulari in Galliis aposlolatu, inartyrio et agone,
' Ces mots sont ajoutés par nous au de M. Elie Berger, ancien membre de
texte public par M. de Wailly d'après l'Ecole française, à Rome,
l'exemplaire conservé au Vatican. Nous ' H.ins le texte du Vatican : Tune
i\e\on* cette variante à l'obligc^mce eliam.
I
^VES, MOINE DE SAINT- DENYS. 149
sùjnis et niiracuUs, sed cl de recjnm Francorum (jcslis ah(juibiis ,
ex antiauoriim anthenticomin(jae ciiris scn/HoruiiKjue diclis,
brevi auodam compendio per dilectnin fratrein ac venerabilem
commonachnm nostruiii ^vonem, an et hoc ipsiim conimisimns ,
tamnuim perhumilem et devolum obedientiœ filiiim, stiidiose ac
vcniciter élaborât uni, tam beatissimi patiis et patroni nostri in-
tmtu et honore, quam etiam recfiœ dominatumis consideratione
pariler et aiiwre, vestrœ rcqiœ majestati hnmihler ojferre decrein.
Ainsi, dans les derniers chapitres de l'ouvrage, c'est bien
l'abbé Gilles qui parle, racontant ce qu'il a vu, ce qu'il a
fait; mais c'est le moine Yves qui, ])ar ses ordres, a rédigé
ces derniers chapitres comme le reste de l'ouvrage. Dans la
miniature que nous avons décrite, on voit ce moine derrière
son abbé. H est probable que la présentation officielle du
volume a eu lieu comme elle est ici figurée.
On avait fait encore une autre conjecture sur le nom
de l'auteur. A la fin des numéros 209'i du fonds français et
i3836 du fonds latin, qui sont de la même main, se lisent
ces vers assez obscurs, qui manquent aussi bien dans le
manuscrit du Vatican que dans notre numéro 52 86 ;
O genus insigne, rex, qui prœciara bénigne
Régna , Pliiiippe , régis Francomm tramite legis ,
Regalis voli Guillermi penniila Scoti
Librum scripsit ita de patroni tibi vita
El regum gestis, quibiis est historia testis,
Et de regali successu; nobile quali
Régnai honore Dei niinc usque gentis Clodovei,
Et Karoli Magni vesligia penilus agni
In te praeclare sequitur, rex , percipe gnare
Hanc per scripturam , cui debes tradere curam.
Per C ter I) bis X septem teinpus habebis
D'où l'on avait été conduit à supposer que l'auteur se nom-
mait en latin Guillermus Scotus, en français Guillaume
L'Escot ou Lescot. C'est la conjecture d'abord émise par
M.Guérard, qui l'avait fait accepter par M.Letronne. Elle a
depuis été reproduite par M. de Wailly, ensuite par M. Le
Clerc. Evidemment elle doit être rejetée. L'attestation de
\l\ MECLK.
\l» .MFX:i.K.
150 YVES, MOINE DE SAINI-DENYS.
l'abbé Gilles est d'une telle précision qu'elle ne laisse sub-
sister aucun doute. Comme l'a très judicieusement démontré
M. Delisle, Guillaume l'Escot est le copiste du livre, il n'eu
est pas l'auteur.
Doublet, Félibien, Lebeuf, Lelong et d'autres avaient
déjà fait mention du moine Yves, le désignant comme ayant
écrit une Vie de saint Denys, mais paraissant ignorer que
cette Vie nous eût été conservée. Jacques du Breul, au
contraire, l'avait citée, mais sans en connaître l'auteur.
C'est à M. Delisle que nous devons l'indication des manu-
scrits qui la contiennent et le nom du religieux qui l'a
composée pour obéir aux ordres de son abbé.
On n'a pas d'autres renseignements sur ce religieux.
Puisqu'il s'appelait Yves, il y a lieu de croire qu'il était
Breton. Il semble d'ailleurs certain qu'il vivait encore en
l'année iSiy, quand fut présenté l'exemplaire royal, puis-
qu'il figure dans la scène peinte au frontispice. Mais il ne
devait plus être à cette date un jeune moine, car son abbé
l'appelle «vénérable».
L'ouvrage fut entrepris, comme nous l'avons dit, à la
demande de Philippe le Bel. Or, ce prince étant plus instruit
que les princes ne l'étaient communément en ce temps-là,
Yves put le rédiger dans la langue des clercs, en latin.
On y a joint une traduction française pour l'usage de Phi-
lippe le Long. Celte traduction, qui manque dans notre
numéro 5286, se rencontre dans les numéros logo-'iog-i
du fonds français et i3836 du fonds latin. Suivant
M. DeUsle, le surnom du traducteur est contenu dans ces
vers, qu'il cite d'après le numéro 2092 :
Ici fenist ce second livre.
Si deprions que nous délivre
Denis, de qui non il est fait.
De l'outrage et du forfait
De l'anemi et de ses laz ,
Et du feu d'enfer, ou les laz
Iront, se Diex n'en a merci.
Or nous gart qu'il ne soit ainci ' ■
Celle qui lassus 0 lui maint, ♦
GIRARD D'AMIENS. 151
Mes qu'an son paradiz nous maint
Quant nous partirons de ce monde.
Et que de nos pecliiés nous monde.
Si que Denis en sonjerarche
Ovecques lui nous tous ensarche
Et qu'il nous départ de son bien !
Ici fenit ces verz Boitbicii.
Ce Boitbien était sans floiile un laïque. On suppose
qu'un moine n'aurait pu mériter un tel surnom.
R. H.
Xl\ 5IKCI.E.
GIRARD D'AMIENS.
Le nom de GinARO d'Amiens nous arrive entouré d'une
réputation peu avantageuse. Des trois ouvrages auxquels
ce nom est attaché, l'un a été jugé aussi sévèrement que
|X)ssible par les deux seuls critiques qui en aient pris une
connaissance complète; le second a été considéré comme
un effronté plagiat; le troisième seul, tout récemment im-
primé, a été apprécié avec une certaine bienveillance au
moins par son éditeur. Nous ne réclamerons pas, et pour plus
d'une raison, contre le verdict rendu à propos du Cliarle-
magne; mais nous montrerons que l'imputation de mal-
honnêteté adressée à Girard au sujet de Méliacin n'est pas
fondée, et nous nous associerons volontiers à l'indulgence de
l'éditeur d'Escanor. Girard d'Amiens a tous les défauts du
temps de décadence où il a vécu; il ne les rachète que ra-
rement par des qualités personnelles; ses œuvres ne sont
cependant pas dénuées d'intérêt, et l'étendue de ces œuvres,
ainsi que les sujets qui y sont traités, leur donne une cer-
taine importance pour l'histoire littéraire.
Nous parlons du temps où il a vécu. Ce temps n'a pas
encore été fort bien déterminé. Le président Fauchet, le
152 GIRARD D'AMIENS.
XtV MECLK.
lauchct (Du premier qui ait imprimé, en i584, le liln; et (jucKjuts
MTs.i.ii, |>. .")8;t. vers de Mrliacin (qu'il appelle par erreur « Meliadius »),
Hiiii. fi'lnr.'^'i.'iv. n'assigne point de date à «Girardin d'Amiens», non plus
i) .:.. — i.a(.ron q^i Du Vei'dier, qui a copié Faucliel. La Croix du Maine
finr.r.,t.i.|i. MjS. place notre poète, sans donner ses raisons, « vers 1 an i :<()(),
iW|upfoii,(;ios- « ou environ ». Roquefort fait conq^oser le roman de Char-
«MtMiriai.roni.. |(.niagne par «Girardin d'Amiens» peu après 1261, et
iii.i. lui. de II l'Histoire littéraire de la France a recneilli cette notice;
Kr.t.Mii.i). i.'.v j^ilJ,.m.s^ cependant, elle attribue Girard au xiv* siècle, et
c'est à ce siècle qu'elle a renvoyé la notice à laquelle il
avait droit. 11 est possible à coup sûr que Girard ait vécu
jusqu'à la fin du règne de Pbilippe b; Bel, et meuje qu'il
ait survécu de quelques années à ce prince. Toutefois,
comme nous allons le voir, cola n'esl |)as fort probable, et
il est, en tout cas, vraisend)lable que toutes ses œuvres ont
été conq)osées avant la fin du miT siècle. C'est ce qui res-
sort des dates cpi'elles indiquent elles-mêmes.
La plus considérable de ces œuvres, le Cbarlemagne, est
sans doute aussi la plus récente. Girard nous dit qu'il l'a
écrite par le commandement du comte de Valois, frère du
roi de France, ])ar conséquent de i'i85 à i3i4» cai" il
s'agit évidemment de Cbarles de Valois; Charles étant né
(«uiicr, L<v en 1270, il est probable, comme on l'a remarqué, qu'on
t^i'i '^'o^'" *" ne peut guère lui attribuer avant 1 ^90 ou 1 296 le désir de
lire un ouvrage aussi long et, ajouterons-nous, aussi en-
nuyeux; mais c'est aller trop loin que de descendre, à cause
de cela, jusqu'aux «premières années du xiv" siècle»; les
autres ouvrages de Girard, qui avaient dû lui valoir sa
réputation et lui attirer la commande du comte de Valois,
se trouveraient rejetés trop en arrière. Escanor, que nous
regardons comme le plus ancien, a été écrit en tout cas
avant 1290; Méliacin doit l'avoir été entre i285 et 1291.
En plaçant respectivement les trois poèmes de Girard en
1280, 1286 et 1290, nous avons beaucoup de chances de
ne pas nous écarter sensiblement de la vérité.
L'auteur se donne indifféremment le nom de « Girart »
(ou « Gerart ») et celui de « Girardin » (ou « Gerardin »), qui
»
GIRARD D'AMIENS. 153 ,„.„fcc,K.
en est le diminutif. Il était natif ou au moins originaire
d'Amiens. 11 fut, comme nous le verrons, protégé par de
très hauts personnages, ce qui prouve qu'on lui trouvait
de son temps plus de talent que nous ne sommes disposés
à lui en reconnaître aujourd'hui. Trois ouvrages consi-
dérables nous sont arrivés avec son nom; nous allons les
examiner successivement.
Le roman d'Escanor, par une singulière mésaventure, Kwavoi..
nous a échappé quand nous avons dressé, pour notre pré-
cédent volume, la liste des romans en vers de la Table
Ronde. Il aurait cependant eu plus que tout autre le droit
de figurer dans notre notice collective, car il est sans doute
le dernier en date des poèmes du cycle breton : il est pos-
térieur d'une quinzaine d'années à celui de Claris et Laris,
écrit vers 1268, auquel nous avions cru pouvoir assigner
ce rang. Girard d'Amiens, en effet, a dédié son œuvre à
Aliénor de (lastille, qui épousa tout enfant, en 1264, le
prince Edouard , fils de Henri III d'Angleterre, et mourut en
1 290. Comme il la traite de reine, il n'a pu écrire qu'après
1272, année où Edouard I" succéda à son père. Il n'a sans
doute pas écrit beaucoup plus lard, car on doit croire que
la reine Aliénor, pour s'intéresser à des contes de ce genre,
devait encore être relativement jeune. C'est ce qui nous en-
gage à placer vers 1 280 la composition d'Escanor.
Ce poème était jusqu'à ces derniers temps inédit et à
peu près inconnu '.Il a été imprimé en 1886, à Tubingue,
par M. H. Michelant pour le Cercle littéraire de Stuttgart,
qui avait déjà, peu auparavant, accueilli Claris et Laris.
L'édition, faite d'après le seul manuscrit connu, n'est pas
irréprochable. Le texte a été l'objet d'un jugement auquel Zeiisciirifi (ûr
il suffit de renvoyer de la part d'un critique très compétent, J;°xi .r*/,'!"''^'*'
M. A. Tobler, qui a joint à son appréciation un grand
nombre de corrections excellentes. L'introduction et les
' l/Histoire littéraire de la France par M. Michelant dans sa pnCace
(t.XXIV, p. 1G7J a mentionné ce poème (p. xxiv), a fait imprimer • Kanori au
en passant; mais une distraction, relevée lieu d'tEscanor».
TOME xx\i. ao
XIT* «liCLI.
154 GIRARD D'AMIENS.
notes demanderaient aussi plus d'une rectification'. L'ana-
lyse contient des inexactitudes qui en rendent l'usage plus
gênant qu'utile : ainsi Giflet, bien connu dans les romans
comme fils de Do, est donné tout le temps, par suite d'une
méprise sur les expressions dont se sert le poète, pour frère
de Gauvain, et l'on attribue à ce même Giflet une tentative
de meurtre dont il n'est pas coupable. Nous donnerons du
long roman de Girard un bref résumé, dans lequel nous
nous bornerons à mettre en relief les traits essentiels.
Le récit, comme le remarque l'éditeur, est double, et l'on
ne sait sur quelle partie l'auteur a entendu faire porter
l'intérêt principal ; il a même à peine relié l'un à l'autre les
deux sujets qu'il a traités, et nous pouvons facilement les
séparer. Le premier est l'histoire des amours du sénéchal
Keu avec la princesse Andrivette (ou Andriuete) de Nor-
homberlande. Le roi Cador, père d'Andrivette, avait fait
annoncer un grand tournoi, avec l'intention de donner sa
fille à celui qui emporterait le prix. Les chevaliers de la
Table Ronde se rendent à Baubourc (Bamborough en Nor-
thumberland, d'après l'éditeur) pour y prendre part; Keu,
le sénéchal d'Arthur, ayant eu à ce sujet, à cause de ses
mauvais propos ordinaires, un difi'érend avec ses compa-
gnons, y va seul de son côté; il voit Andrivette et en de-
vient amoureux; aussi prend-il place parmi les chevaliers
qui tiennent le côté du roi Cador et contre la Table
Ronde. Il se couvre d'une armure rouge le premier jour,
blanche le second, sans autre marque distinctive, comme
c'était alors, dit le poète, l'usage pour les nouveaux cheva-
liers; mais il est reconnu, pendant le tournoi même, par
Andrivette, qui lui donne son cœur en le voyant faire tant de
prouesses, et aussi par Honerette, l'amie du « Beau Mauvais »,
qui, ayant surpris le secret d'Andrivette, s'amuse à la railler
' Le» note» »urU>ut sont remplies litl. delà France, t. XXX, p. 36; on
d'assertions vraiment surprenantes. confond (p. 688) Mélian de Lis avec
Ain»i (p. 691) on assure que le • fameux Méléaganl; on commet de» erreurs de
• Gringalet! est fie cheval de Pcrceval tout genre a propos de Lanceiot, de
• dans les autres roman» •; vojei Hist. Merlin, du • Laid Hardi •. d'Ider, etc.
GIRARD D'AMIENS. 155
XIV* siÈci.a.
\.63j3.
et s'attire de vertes reparties ; il est dénoncé plus lard à ses
compagnons, qui cependant ne lui en veulent pas trop de
les avoir abandonnés. Vers la fin du second jour, il est blessé
assez grièvement par Gaheriet, frère de Gauvain, et obligé
de se retirer et de se faire soigner. On discute pour savoir à
qui doit appartenir le prix du tournoi : beaucoup l'assi-
gnent à Keu, mais d'autres le donnent à son ami Briant
des îles, à Ivain ou à Gaheriet; si bien qu'on ne le décerne
pas et qu'on remet à plus tard le mariage d'Andrivette :
elle en est affligée, mais elle se garde de le laisser voir.
Keu, cependant, reste une quinzaine malade de sa blessure;
Andrivette, accompagnée de ses «puceles», vient souvent
le visiter, et leur amour mutuel croît tous les jours; mais
Keu, qui est, ce qu'on n'attendait guère de son caractère
bien connu, « vergondeus et lionteus », n'ose pas avouer ses v. ci5i.
sentiments à Andrivette, et celle-ci, de son côté, est trop
bien apprise pour lui révéler les siens. Le roi Cador se
doute nien de la vérité, et il offrirait volontiers sa fille au
sénéchal; mais il en est dissuadé par son frère Aiglin, qui
a, comme on le verra, de mauvais desseins sur son héri-
tage, en sorte que, Briant des îles n'étant plus là, personne
ne parle d'un mariage qui n'aurait pas rencontré d'obstacles
si on l'avait proposé. Keu, une fois guéri, reste encore
un peu à Baubourc; mais Arthur, qui s'apprête à tenir une
grande cour à Cardeuil, le rappelle auprès de lui pour
remplir ses devoirs de sénéchal. Keu prend congé d'Andri-
vette sans oser lui faire l'aveu qu'elle attend; et elle est si
troublée de ce départ qu'elle le laisse partir sans lui dire
un mot.
Au bout de quelque temps, Keu, ne pouvant vivre loin v. ««go.
de sa belle, prend congë d'Arthur pour quinze jours et
se dirige vers le royaume de Norhomberlande. Chemin
faisant, il apprend' que le roi Cador est mort, qu'Aiglin
s'est mis en possession du royaume et de la tutelle de sa
Cest ce que racontait ie roman entre les ven^aoS et 9106, mau qui est
dans un passage qui nous manque par facile i suppléer, grâce aux aUuaian»
snite d'une lacune de deux feuillets que l'on rencontre phu loin.
XIV' MKCLE.
156 GIRARD DAMIENS.
nièce, et qu'on craint qu'il ne veuille la dépouiller. Keu
V. 9373. arrive à Baubourc, et descend chez lonet Alain, loyal che-
valier et châtelain de Baubourc, tout dévoué à sa dame, et
dont il avait déjà été l'hôte, lonet lui apprend que le plan
d'Aiglin est de faire épouser à Andrivettc un homme de
pauvre lignage, qui n'ait par conséquent aucune puissance
pour lui résister; elle s'y refuse, alléguant d'abord la mort
trop récente de son père. Le bon châtelain, avec la compli-
cité de sa femme, trouve moyen de ménager dans son jar-
din à Keu et à Andrivette une entrevue, dans laquelle ces
deux amants timides finissent enfin par s'avouer leurs senti-
ments réciproques : ils se promettent de s'épouser dès qu'ils
le pourront. Keu retourne auprès d'Arthur, lui expose la
félonie d'Aif^lin, qui retient sa nièce captive et l'empèchc
de venir faire au roi de Bretagne hommage du royaume
dont elle est l'héritière légitime ; Arthur et tous les cheva-
liers de la Table Ronde promettent au sénéchal de l'aider
à faire triompher le bon droit d'Andrivetto. Il ne leur parle
pas d'ailleurs de son engagement avec elle, et ne se montre
animé dans cette affaire que par le sentiment de la jus-
lice et par la reconnaissance qu'il doit au bon accueil qu'il
V. 10673. a reçu jadis d'Andrivette et de son père.
Cependant Aiglin poursuit l'exécution de ses mauvais
desseins. Il persuade aux amis d'Andrivette qu'elle a pour
Keu, ennemi juré de son oncle, un caprice pervers, qui
v. 10808. l'a ujême amenée à se livrer à lui; toutefois, il est disposé,
dil-il, à lui pardonner et à la marier honorablement,
comme il l'a promis à son père. Il l'emmène dans un châ-
teau voisin, et fait avertir l'époux qu'il lui destine. Mais
la jeune fille trouve moyen de s'échapper et de se réfugiera
Baubourc, où le châtelain lonet refuse de la rendre à Aiglin.
Celui-ci vient assiéger la ville; désespérant de s'en rendre
maître, et apprenant qu'Arthur, solUcité par Keu, va venir la
secourir, il a recours à une basse ruse : il fait écrire au nom
du châtelain une lettre qu'il munit d'un sceau contrefait
v. ii:)G6. et dans laquelle celui-ci est censé annoncer à Keu qu'An-
drivette, indigne de ce qu'on fait pour elle et infidèle à
XIV SIKCI.E
V. I lOoli.
GIRARD D- AMIENS. 157
ses promesses, a quitté la ville pour épouser le « chetil »
dont elle s'est amourachée, qui n'est ni preux, ni hon-
nête, ni noble, et qui n'a d'autre mérite qu'une mine
agréable : ce n'est qu'une malheureuse, à laquelle il ne
faut plus penser. Keu est consterné; il maudit toutes les
femmes, et cependant il ne peut ôter son cœur de celle qui
i'a si cruellement trompé. Pour avoir des nouvelles plus
précises, il envoie un messager sûr à Baubourc. Mais pen-
dant ce temps Andrivette s'était réellement enfuie de la ville
assiégée et était partie pour la Bretagne, pensant trouver
le sénéchal à la cour d'Arthur. Elle assiste avec étonne-
ment et indignation à un entretien entre Espinogre et Di-
nadan, où celui-ci, chevalier d'un caractère badin, qui
s'amusait à parler et à agir au rebours des autres, déclare
nettement qu'il ne tient pas du tout à se battre avec tout
venant pour le plaisir de recevoir des coups, et que les
femmes, pour lesquelles on court d'ordinaire ces aventures
périlleuses, n'en valent pas, toutes tant qu'elles sont, la
peine. « Vous parlez, s'écrie-t-elle, comme un vilain et non v. iig'iO.
« comme un chevalier; on devrait vous couper sur un fu-
« mier les éperons que vous portez à tort. — Ma foi ! répond
« Dinadan, vous avez la langue trop mordante, demoiselle;
M vous feriez bien la paire avec le sénéchal Keu, le médi-
« sant. Justement il vient de perdre son amie, et il a eu un
«bel échantillon de la loyauté des femmes.» Andrivette
surprise se fait raconter toute l'histoire, à laquelle elle ne
comprend rien, de sa prétendue inconstance. Pendant
qu'elle dément ces calomnies, en se donnant pour la cou-
sine d'Andrivette , survient Hector des Mares, qui provoque
et renverse d'abord Espinogre, puis Dinadan. La jeune fille v. i-!«35.
raille ce dernier; mais elle est si troublée par ce qu'elle
vient d'apprendre qu'elle en tombe malade et reste pen-
dant quinze jours chez un forestier qui l'a courtoisement
accueillie.
Cependant le messager de Keu, qui s'était informé secrè-
tement de tout à Baubourc, était revenu, et avait raconté
à son maître comment on l'avait odieusement trompé. Le
1 3
11V SIECLE.
158 GIRARD D'AMIENS.
sénéchal en avait reçu une grande consolation; mais d'autre
part il était fort inquiet de n'avoir aucune nouvelle d'An-
V. lîSor.. drivette, partie de Baubourc depuis environ trois semaines.
Celle-ci, une fois guérie, s'était mise à errer, n'osant plus
se présenter à Keu , de peur que ce qu'on avait dit d'elle ne
lui eût aliéné son cœur. Le hasard voulut qu'elle rencontrât
Giflet, que l'on conduisait prisonnier chez la reine des
V. iM59 Traverses : c'est ici le seul point de contact entre les deux
récits dont se compose le roman. Andrivette, pensant par
là gagner la bienveillance de Gauvain, qui pourra plus tard
lui être utile, vient le trouver sans se faire connaître, lui
dit que Giflet son ami est en vie, et s'engage à lui en
donner bientôt des nouvelles plus complètes : en effet,
V. i456i. elle se rend chez la reine des Traverses, qui est sa cousine
germaine, et elle constate que le prisonnier est parfaitement
V. i65irt. traité. Elle revient l'annoncer à Gauvain, et retourne ensuite
chez sa cousine. Le châtelain, qui est toujours assiégé dans
Baubourc, et Keu s'envoient et se renvoient des messages à
V. 18680 son sujet, sans deviner ce qu'elle peut être devenue. Ce n'est
qu'après la terminaison, étrangère au sujet présent, de la
guerre entre Arthur et la reine des Traverses, qu'Andrivette
se découvre enfin à Gauvain ; elle se cache toujours de Keu,
ne sachant quels sont ses sentiments envers elle. Gauvain
lui promet d'arranger tout pour le mieux. En effet, il ap-
prend à Arthur qui est la belle inconnue à laquelle on a
eu l'obligation de la délivrance de Giflet, et lui raconte
V. naSo. toute SOU histoire. Le roi, tout heureux de ces nouvelles,
s'amuse d'abord à exaspérer Keu en lui reprochant la mau-
vaise garde qu'il a faite de sa belle (ce à quoi le sénéchal
V. «537. répond fort ])eu courtoisement) , et finit par lui apprendre
({u'Andrivette est retrouvée, qu'elle n'est pas loin, qu'il va
la voir, et que bientôt il possédera et sa personne et son
royaume. En effet, le lendemain, Gauvain amène au sé-
néchal
V. aiSSi. • • • pv I3 tn<iin blanche et polie
La douce sadete jolie ,
Qui un potit se vergonda
GIRARD D'AMIENS. 159
Quant vers son ami regîirda ,
Et jeta vers terre ses ieus,
Et nonpourquant, quant il ert lieus,
L'esgardoit un poi d'en travers
D'uns ieus moût sadement overs.
Elle fait hommage à Arthur, qui lui promet d'avoir bien-
tôt mis Aiglin à la raison, et quinze jours après elle épouse
le sénéchal, qui devient ainsi roi de Norhomberlande.
Bientôt on se met en marche pour Baubourc, et Andri-
vette fait prévenir le châtelain du secours qui lui arrive.
Il était temps : les habitants étaient découragés par l'igno-
rance où l'on était du sort de la reine, et lonet allait se voir
abandonné de tous ses partisans. Contre Arthur, Aiglin
sent que toute résistance est impossible : il se rend au roi
de Bretagne, qui, sur l'intervention du généreux lonet, lui
fait grâce du châtiment mérité et se borne à lui faire large-
ment réparer tous les dommages qu'il a causés à sa nièce.
Après de grandes fêtes que Keu et sa femme donnent à
leur suzerain dans leur ville de Baubourc, ils laissent le
royaume à la garde d'Ionet, et ils suivent Arthur, dont la
cour ne peut se passer de son sénéchal. Keu montre tant
de courtoisie et de libéralité que tout le monde s'accorde à
dire qu'il n'aurait pas son pareil au monde sans sa mauvaise
langue, qu'il ne sut jamais refréner.
Telle est, moins quelques épisodes sans intérêt, la fable
qui remplit un tiers environ du long poème de Girard. On
voit qu'elle est pauvre et vide. L'idée de rendre le séné-
chal Keu amoureux, tout en lui conservant son humeur
brusque et sa langue mordante, pouvait être heureuse :
notre rimeur n'en a tiré aucun parti ; il n'a su ni opposer ni
concilier les deux faces du caractère de son héros; il nous
le montre à quelques pages de distance comme un sénéchal
accompli dans toutes les matières de «courtoisie», comme
un personnage grossier en paroles et brutal en actions
(il noie à moitié dans une fontaine un nain qui lui re-
proche de n'avoir pas salué la demoiselle qu'il accompagne) ,
et comme un amoureux ridiculement transi. Du moins
IIV* SlàCLR.
V. î351î.
V, ii^^.
V. 845 it.
M\ SIKCI.K.
1790.
100 GIRARD D'AMIENS.
Girard n'a-t-il pas suivi dans leurs exag<^ratioiis les auteurs
(le plusieurs romans antérieurs, qui font de Keu un lâche et
un scélérat; il ne lui attribue même pas les vanteries dont il
est ailleurs coutumier; il le présente comme courageux,
bon combattant et large donneur. 11 paraît avoir pris sur-
tout le type du sénéchal dans les romans de Chrétien, où,
comme ici, sa mauvaise langue est le ])lus grave de ses dé-
lauts. D'Andrivette, d'Aiglin, d'ionot, il n'y a rien à dire: ce
sontles figures banales de la jeune fille amoureuse, du traître
et du loyal vassal, qu'on retrouve dans vingt autres romans;
nous noterons seulement que la princesse de Norhomber-
lande s'exprime en maint endroit avec une liberté de lan-
gage qui ne semble pas précisément «courtoise», et qui
reparaît souvent dans ce roman, écrit pourtant pour une
reine et destiné à la plus haute société du temps. Le seul
personnage qui se détache un peu vivement est tout à fait
épisodique : c'est Dinadan, qui apparaît un instant au début,
puis, comme nous favons vu, vers la fin du récit. Ce joyeux
compagnon, qui se plaît à railler le double idéal du monde
factice où il vit, le combat aventureux et l'amour courtois,
repose un peu de la convention continuelle qui l'entoure.
Voici comment notre poète parle de ce chevalier, qui, au
rebours de ses pareils, affecte de n'être ni héroïque ni galant,
et comment il le fait parler, quand Espinogre l'a défié à
une joute :
« Biaus douz sire, ne sui engranz,
« Dist li autres, d'estre si preuz , . .
« Mais entre vous , vassal de pris ,
1 De ces bêles dames espris,
0 Devez maintenir si faiz geuz ;
« Mais je, qui ne sui corageuz
« Ne tez qu'il me seroit mestiers ,
« Ne me combat pas volontiers;
• Et ce n'est mie de merveille ,
• Car se la terre estoit vermeille
« De mon sanc , il me desplairoit ...
« Je ne quier qu'Amors s'entremete ' ' ' "
« De moi, ne de rienz c'a moi tiegne : '"'
GIRARD D' AMIENS. 161
" Amors pri qu'ele ' vouz mainfiengne ,
« Si aimerez en lieu de moy,
« Car, par la foi qiie je vouz doi ,
« Pour dame ne pour damoisele ,
« Tant soit savereuse ni bêle ,
« Ne me quier mètre en aventure. . .
« Je sui de les amer si las
• Que quite lor claim lor solas,
« Lor déduit et lor cortoisie ;
« Car en vie mesaaisie ^
« Et en dolor vit qui les croit ;
« Et ril qui de ce me mescroit
« Puist estre pris en lor dangier !
« Mius ne m'en savroie vengier ...»
Cil chevaliers estoit sanz faille
Bien connoissanz et preuz et sages,
Et moût estoit ses vasselages
Plus granz que souvent ne contoit;
Mais a nul homme n'acontoit
Qui se vantast de son hien fait,
Ainz le tenoit a grant meffait,
A genglerie et a viufance.
Et lor en disoit en oiance
Tel chose dont les faisoit taire . . .
Dynadan par non l'apeloient,
Qui tant ert de granz esbanois.
Ce personnage de Dinadan paraît emprunté au roman
de Tristan en prose ^, où son caractère plaisant et ses opi-
nions paradoxales sont, en maint endroit, présentés avec
plus d'agrément qu'ici; aussi l'Arioste a-t-il pris là plus
d'un des traits dont il a composé la figure de son Astolfe
Comme le prince d'Angleterre, Dinadan est prédestiné à
subir des mésaventures dont le ridicule n'est pas absent.
C'est ce qui lui arrive dans notre poème aussitôt après cette
belle déclaration de principes, et Andrivette ne manque pas
de s'égayer à ses dépens.
' Ed. qae le. [Histoire littéraire de la France, t. XXX,
' Ed. Car enuie , mesaaisie. p. 1 3 1 ], quoiqu'il soit en même temps
' On peut aussi rapprocher de notre plus gaiement et plus réellement en-
Dinidan le Dodinel de Claris et Laris nemi des coups.
MV' SikcLK.
'< 3 *
TOMF. IX.XI. 2 1
IVPBIMF.RIE NATIOnALe.
XIV' Slfcci.K.
162 GIRARD D'AMIENS.
~ L'autre histoire racontée dans Escanor est celle à laquelle
l'éditeur a emprunté le titre qu'il a donné au roman; avec
raison, car elle en occupe la plus grande partie et elle en
remplit seule le dénouement. Elle est assez bizarre, mais
en somme peu compliquée. En l'absence de Gauvain ', un
chevalier inconnu se présente à la cour d'Arthur et accuse
V. r.g^G. Gauvain d'avoir tué son cousin germain en trahison. Les
compagnons de la Table Ronde prennent la défense de leur
ami; enfin on convient que, dans quarante jours, l'étranger
se présentera pour soutenir son accusation dans un combat
en champ clos contre le neveu d'Arthur. Gauvain revient;
on lui raconte ce qui s'est passé et le terme qu'on a fixé
pour la bataille. Seulement tout le monde a oublié de de-
mander le nom du provocateur. Cette ignorance met Gau-
vain dans une grande irritation contre eux et le jette dans
un trouble inexplicable et puéril : lui, le preux par ex-
cellence, il s'effraye d'un combat singulier, et désespère
presque d'avance; il ne rit plus, il ne parle plus :
Tiestouz deschauz par les mostiers
Aloit et souvent et menu.
Cependant, quand son compagnon le plus intime, Giflet,
hii offre de se battre à .sa place, il refuse, et se déclare prêt à
recevoir vaillamment un accusateur qui est sûrement dans
son tort; mais Giflet craint tout d'un combat que Gauvain
.soutiendrait dans d'aussi mauvaises dispositions. H fait part
de son anxiété à son frère, Galantinet, jeune écuyer élevé
par Gauvain, qui, par un dévouement mal inspiré, se résout
à éviter cette épreuve à son maître au moyen d'une tra-
hison. Le jour même fixé pour le combat, tandis que Gau-
vain s'y prépare, Galantinet s'embusque sur le chemin par
où doit venir l'adversaire de Gauvain : il voit en effet ar-
river des troupes successives de demoiselles et de cheva-
liers richement vêtus et chantant tout le long de leur che-
vauchée; enfin arrive celui à qui tous font cortège, le bel
' Cette absence est motivée par une expédition en Petite-Bretagne , dont le récit ,
dénué d'intérêt i>l étranger au reste du poème, remplit les vers i6.'i5-3oi7.
GIRARD D'AMIENS. 163
\lï SIKC.Mi.
Escanor de la Blanche Montagne, avec son amie : ils s'avan-
çaient en chantant, aussi merveilleusement beaux l'un que
l'autre, protégés contre le soleil par un drap d'or que quatre
jeunes fdles soutenaient avec des lances au-dessus de leurs
têtes. Ici une lacune de 960 vers (entre les vers 8485 et
8486) nous prive de connaître exactement comment Ga-
lantinet mit son criminel projet à exécution : il ressort de
la suite qu'il frappa Escanor de sa lance et le laissa pour
mort. Comme Arthur et Gauvain sortaient de la messe, ar-
rivent les deux « puceles » envoyées à la cour pour se plaindre
de cette odieuse trahison. Arthur est indigné et promet de
tirer du coupable une vengeance éclatante; mais il est im-
possible de le trouver. Giflet seul avait deviné que c'était
son frère, et naturellement il ne le dénonça pas. Quant à
Gauvain, on juge de son désespoir : tout le monde, pense-
t-il, croira maintenant qu'il est coupable de cette trahison
et de celle que lui iuiputait Escanor. La cour tout entière v. ««70.
prend le deuil à la suite de ce triste incident.
Cependant, à la Pentecôte, le roi, ayant appris la guéri- v. issgi.
son du bel Escanor, tient sa cour avec l'éclat accoutumé. v. 1390,}.
Gauvain et Giflet s'en vont chercher aventure à la fon-
taine du Perron de Merlin. A peine y sont-ils arrivés que
six chevaliers se jettent sur eux. Ils s'en débarrassent, mais
il en arrive quinze autres, qui font enfin Giflet prisonnier
et l'emmènent. Gauvain, désolé, se met à la poursuite des
inconnus, mais il est arrêté par une rivière qu'il ne peut
passer. Ceux qui emmenaient Giflet n'avaient exécuté qu'à
demi les ordres que leur avait donnés leur maître, car ils de-
vaient s'emparer aussi de Gauvain. Ce maître était Escanor v. i3<8o.
le Grand, roi de la Grande Montagne, et oncle d'Escanor
le Beau (cette identité de noms n'ajoute pas à la clarté de
l'exposition). Il était fils d'un géant appelé Nabon et d'une
enchanteresse, et était né au même moment que Gauvain:
sa mère avait vu « par astronomie » que Gauvain serait le
plus preux des deux. Devenu homme, Escanor avait traité de
« fanlosmerie » ce pronostic, et avait résolu de se mesurer
avec le neveu d'Arthur. Il le combattit en effet, mais il
31
XIV s:GCLr..
16 4 GIRARD D AMIENS.
V. i.lfiî.î.
fut vaincu et ne dut la vie qu'à la « franchise » de Gauvain ;
il en fut un an malade de dépit, et aurait bien voulu se
venger; mais la générosité dont Gauvain avait usé envers
lui le réduisait à l'impuissance. Cependant son neveu,
Escanor « le Prophès » ou le Beau, fds de sa sœur Aliénor et
de Brun le « Prophès » , était devenu le chevalier le plus
accompli du monde; il avait épousé une femme qui lui
avait apporté en dot le royaume de la Blanche Montagne.
Il résolut d'aller en Bretagne provoquer le meilleur cheva-
lier de la Table Ronde ; son oncle voulut lui faire promettre
de ne pas s'attaquer au moins à (îauvain; mais cela ne fit
que l'eKciler davantage, et, pour être sûr de se mesurer
avec Gauvain, il vint lancer contre lui, comme on l'a vu,
une accusation qui n'avait pas le moindre fondement.
L'aventure avail eu une suite qu'on ne pouvait guère pré-
voir; mais le bel Escanor avait guéri de la blessure faite par
Galantinet. Escanor le Grand, ayant maintenant une bonne
raison de satisfaire sa haine contre Gauvain, l'avait fait
épier et n'avait réussi, comme nous l'avons vu , qu'à prendre
Giflet. On envoya celui-ci tenir prison chez la reine des
Traverses, non qu'on eût de la malveillance contre lui,
mais parce qu'on espérait que sa disparition donnerait lieu
V. ,;„-,;. à une « queste», et que par là on aurait l'occasion de re-
mettre la main sur Gauvain.
En effet, à peine guéri des blessures qu'il avait reçues,
celui-ci déclare qu'il va se mettre à la recherche de son ami :
V x!,i7i. Gaheriet, Keu, Agravain, Hector, Lancelot, le Laid Hardi,
Méraugis, enfin le roi lui-même se joignent à lui. On a
vu plus haut comment, à peine en route, ils avaient eu
par Andrivette des nouvelles rassurantes de Giflet. Les
compagnons n'en continuent pas moins leur marche :
Brianl des îles (ou des Aiguës), qui les reçoit dans son
château, accuse à son tour Gauvain de lui avoir tué un
parent en trahison; mais cette fois le combat qui doit en
décider a lieu, et Briant est vaincu, blessé, content d'ail-
leurs de savoir que ses soupçons étaient injustes.
Arthur s'avance avec une armée vers le royaume des
GIRARD D'AMIENS. 165
\1\* SIÈCLE.
Traverses pour délivrer Giflel; les ('eux Escanor marchenl
à sa rencontre. Ivain, envoyé par le roi en ambassade,
arrange un combat singulier entre Gauvain et le bel Escanor;
mais les hommes de celui-ci ne lui permettent pas de s'ex-
poser ainsi. Le roi de Bretagne se prépare donc à assiéger
la ville des Traverses, où Giflet avait trouvé une captivité
Tort douce. En effet la reine, sœur' du bel Escanor, qui
jusque-là s'était obstinément refusée à prendre un mari, s'est
éprise pour lui d'un amour qu'elle n'ose avouer, mais qu'elle
espère pouvoir déclarer après la paix faite; Giflet l'aime
de son côté el n'ose pas davantage le lui dire : partagé entre
les discours contradictoires (jue lui tiennent Désir et Peur,
il languit d'amour, et non du désir de quitter sa prison,
comme le croient ceux qui voient sa pâleur et entendent ses
soupirs. Andrivette seule a tout deviné, et elle commu-
nique à Gauvain ces nouvelles fort tranquillisantes. v. i85ic.
Dans la grande bataille qui a lieu entre les deux armées,
Escanor le Grand combat de nouveau Gauvain; de nou-
veau il est désarçonné, et il perd le merveilleux cheval de
son neveu , le Gringalet. Gauvain est dans l'admiration de
sa capture, mais, à son grand regret, le cheval refuse toute
nourriture pendant quatre jours; Gauvain se désole, quand
une « pucele » lui propose de défaire le charme qui empêche
le (Jringalet de se nourrir, s'il lui promet de la suivre i
quelque moment qu'elle l'y invite. Il s'y engage, et ellf
retire de l'oreille du cheval un sachet dont la vertu l'eni-
pèchait de manger; c'était Escanor qui avait arrangé ce soi -
tilège pour que son cheval n'appartînt pas à un autre qu ii
lui. Cette «pucele» était la belle Félinette, nièce d'Escaiior
de la Blanche Montagne et de la reine des Traverses. \ -oigh.
Elle n'avait pas sans motifexigé de Gauvain la promesse de
tout quitter pour la suivre quand elle le lui demanderait.
En effet le lendemain a enfin lieu le combat si longtemps
remis entre Gauvain et le bel Escanor; celui-ci semble d'a-
bord triompher, mais l'heure de midi étant passée, Gauvain, v. 1H87.
' Voyez les vers 18076, 18176 [Wsezfreres pour pères), 18237, 'Saâo, elc.
^1»' Mkl.l.K.
166 GIRARD D AMIENS.
suivant le don que lui avait fait une fée, sentait ses forces
se doubler : il presse tant son adversaire qu'il va le mettre
à mort, quand Félinette s'élance entre les deux, réclame
son « don », et fait si bien ])ar ses prières et ses raisons que
les deux ennemis se réconcilient et qu'on jure une paix défi-
nitive, Escanor rétracte son injuste imputation à l'iionneur
de Gauvain et fait hommage à Arthur du royaume de la
Blanche Montagne. Giflel, mis en liberté, ne cache plus son
amour pour sa belle geôlière, et, au bout de quelques jours,
leurs noces se célèbrent en même temps que celles de keu
et de la reine de Norhomberlande.
A celte histoire banale et toute mondaine et qui semble
bien finie d'après les règles du genre, Girard s'est avisé de
joindre une conclusion pieuse. Le bel Escanor avait suivi
Arthur dans l'expédition contre Aiglin, laissant sa femme
malade; la paix faite aussi de ce côté, il se hâte de revenir;
mais quand il revient dans son royaume, il apprend que sa
femme est morte depuis dix jours. Il tombe sans connais-
sance. Quand il est revenu à lui, il ne pense qu'à ce qu'il peut
faire pour son àme et pour celle de la défunte. Il se retire dans
une forêt et y trouve un saint ermite dont il partage les austé-
rités; bientôt il meurt, et l'ermite reçoit miraculeusement un
cercueil tout neuf pour y enfermer le corps de celui qu'il ne
connaît pas. On croit dans son royaume qu'il s'est tué de
désespoir; Escanor le Grand cherche partout ses traces. Un
jour il arrive dans l'abbaye où était enterrée la reiae; l'abbé
apprend par révélation la sainte mort du roi de la Blanche
Montagne etl'endroitoù se trouve son corps. Le vieil Escanor
s'y rend, non sans peine, car la forêt est immense et n'est
peuplée que de bêtes féroces, qu'il détruit toutes; il trouve
enfin la tombe de son neveu, dont le nom et l'histoire ont
été gravés sur la pierre par une main céleste, et lui sont
lus par l'abbé qui l'accompagne, et qui s'installe dans l'er-
mitage.
Giflet et sa femme vont prendre le corps de la reine et
le réunissent à celui de son époux dans la chapelle de la
forêt :
GIRARD D'AMIENS. 167
La feme Giflet remanoir
Vaut laieus toute la saison ,
Et i fit moût noble maison
Ou ele puis son tans fina.
Escanors puis redemena,
Tant qu'il vesqui, meut bone vie.
Girardins d'Amiens, qui envie
N'a d'ajouster el conte fables
Ne mot qui ne soit véritables,
Ne vous en set avant retraire ,
Fors que Gilles se prist a traire,
Si tost qu'il perdi sa compaingne,
En la corl au roi de Bretaigne,
Ou il fu puis tout son nage;
Mais lonc tans ot au cuer grant rage
De la mort de sa douce amie.
Mais je, Girars, qui n'apris mie
Sa mort, ne la quier mètre en conte;
Ainz pri Dieu qu'il gart ceus de honte
Qui ce roman escouteront
Et qui escrire le feront.
Et gart la roïne d'anui
D'Engletere; car s'ainz connui
Tresnoble dame bone et sage ,
Large ne de gentil corage ,
On le puet bien tele nomer,
Por coi chascuns le doit amer.
Et prier Dieu qu'il le maintiegne ,
Et le roi et ses enfans tiegne
En bone vie et en seûre . . .
Cette partie du roman de Girard, si on ia prend en
elle-même et si on fait abstraction de ce dénouement
postiche, peut être considérée comme un de ces poèmes
épisodiques dont Gauvain est le héros el que nous avons
étudiés dans notre précédent volume. Elle se rattache même
directement à l'un d'entre eux, le Cimetière périlleux, et en
est en quelque sorte la continuation. C'est là en elïel qu'on
voit Escanor de la Montagne provoquer insolemment Gau-
vain et lui livrer un combat dans lequel il a le dessous.
Mais si Girard a voulu relier son récit à celui de l'« Atre
« perilleiis », ii faut reconnaître qu'il n'avait de ce poème
XIV* MÈCLi:.
V. îSSgi.
Histoire lil(. ilr
la Kraiirc I. \\\.
p. 80.
Xlï .«ilECLK.
168 GIRARD DAMIENS.
qu'un souvenir assez vague : en effet, dans ce roman, c'est
Escanor dont la force est liée par une association merveil-
leuse au cours du soleil, tandis que Girard, d'accord avec
plusieurs autres romanciers, attribue à Gauvain lui-même
ce trait d'origine évidemment mythologique; en outre,
dans r« Atre perilleus », Escanor est non seulement vaincu-,
mais tué. En général, l'érudition de Girard, en ce qui con-
cerne le cycle breton, auquel il a ajouté son dernier épisode,
lie paraît pas avoir été fort étendue. Il ne mentionne qu'un
nombre restreint de héros, dont la plupart sont empruntés
aux poèmes de Chrétien de Troies : Briant des Iles semble
provenir du Chevalier aux deux épées; Brun «sans pitié»
et Dinadan sont des personnages du Tristan on prose; Per-
ceval et Perlesvaus, qui ne sont que les noms différents
d'un même héros, sont donnés (p. 879, 497) comme deux
chevaliers différents ; il en est de même d'Hector (ou
1'i.iis [(,.] cl de Tor) fils d'Ares, et d'Hector des Mares, dont le nom
|,i'''j'V/,, uiv,,',; paraît n'avoir élé à l'origine qu'une altération du premier.
11 est à remarquer que Girard ne semble pas avoir connu
les divers romans en vers et en prose de Lancelot; du moins,
en parlant de ce personnage, il ne le présente nullement
comme épris de la reine, et il dit expressément (v. 7344) que
Gauvain était l'homme que Guenièvre, modèle de toutes les
vertus, aimait le plus au monde après le roi. Malgré le peu
d'étendue que semblent avoir eu ses lectures romanesques,
on ne saurait douter que Girard n'ait inventé son double récit
d'après les formules que ces lectures lui avaient fournies :
il leur a emprunté, outre le motif de la plupart des incidents,
les caractères traditionnels des personnages qu'il met en
scène; il s'est seulement amusé à marquer son invention
en imaginant, assez peu heureusement comme on l'a vu, de
présenter Keu comme amoureux, et de nous montrer Gau-
vain en proie, devant un adversaire inconnu, à une défail-
lance passagère. 11 a donné en outre à son roman les orne-
ments accessoires qui lui avaient plu dans ceux qu'il imitait :
on y rencontre les peintures habituelles de personnages, de
vêtements, de chevaux, d'armures, de fêtes, de tournois, de
GIRARD D'AMIENS. 169
batailles, de villes (notez la longue description de la ville
des Traverses). Toutefois nous ne ])Ouvons trouver avec
l'éditeur (p. xxiii) que l'œuvre de Girard nous transporte
au milieu d'une société reproduite fidèlement avec ses
mœurs et ses usages : la reproduction est vague, sans détail
et sans couleur. On hors-d'œuvre curieux , dont on trouve-
rait la source moins dans les romans delà Table Ronde ([ue
dans certains romans d'aventure d'origine byzantine, est la
description du lit merveilleux que la fée Esclarmonde avait
fait pour Brianl des Iles, son ami (v. i5834). Ce lit était posé
sur quatre lions jetant feu et flamme ])ar la gueule, qui
semblaient menacer ceux qui entraient dans la ciiambre et
ne s'apaisaient qu'au son d'une « vielle » pendue à la porte. Le
bord de devant était d'ébène incrusté d'or, et encadrait une
peinture représentant les amours de Junon et d'Acbille'. Le
bord de derrière, qui couvrait le mur, était d'or et semé de
pierres précieuses qui faisaient dans la nuit la lumière du
plein jour; mais il présentait de bien autres merveilles, qui
égalaient celles que fit jadis Virgile (v. 1691 3). Sur un
arbre qui semblait prêt à fleurir on voyait des oiseaux
qui cbantaient délicieusement, alternant avec un ange qui
sonnait de la trompe. La couche était de plumes d'« alphaïs » ,
oiseaux d'Arménie; ces plumes ont la v(Mtu de rendre
joyeux et de guérir de toute maladie. Les draps, les cou-
vertures, les oreillers n'étaient pas moins dignes d'admira-
tion et sont décrits par Girard avec sa prolixité ordinaire. A
d'autres romans qu'aux romans bretons il a aussi emprunté
un genre d'ornement dont il n'a fait ici que peu d'usage,
mais qu'il a plus largement employé dans Méliacin : l'in-
tercalation de fragments de chansons à la mode, mis dans la
bouche de ses personnages; c'est ici le cortège du bel Es-
canor, quand il vient pour combattre Gauvain , qui charme
la route par des refrains dont quelques-uns nous sont com-
muniqués. Mais c'est bien aux romans de la Table Ronde,
et surtout à ceux de Chrétien, que Girard a pris l'usage des
' Dans une autre chambre de Briant (p. 4i3) était repri-sentée toute l'iiisloire
de Troie.
TOME XXXI. 22
\lï* HKCI.E.
larKivEBii aiTiomii
iiv* sikci.E.
170 GIRARD D'AMIENS.
longs monologues dans lesquels ses héros expriment leurs
sentiments; ils sont chez lui interminables, et si l'on y ajoute
les entretiens encore plus prolixes que tous les personnages
ont les uns avec les autres, ils remplissent certainement
beaucoup plus de la moitié du poème. Ces monologues et
ces entretiens sont d'ailleurs marqués à peu près constam-
ment au coin de la simplicité, mais aussi de la banalité; les
pensées en sont peu recherchées, quoique parfois un peu
pédantes, et elles sont délayées dans un verbiage intaris-
sable. Avec tout cela, sans 'qu'on puisse bien dire pourquoi,
l'éditeur du roman d'Escanor a raison de dire que cette œuvre,
malgré sa longueur, n'est pas ennuyeuse, et même qu'elle
« se lit avec plaisir ». Cela tient sans doute en grande partie
à la facilité du style, où rien ne retient, mais où rien n'ar-
rête, et qui est aussi exempt de bizarrerie que d'originalité.
Dans son prologue, Girard semble dire que la reine
Aliénor lui avait elle-même raconté l'histoire qu'il a rimée ;
i
Dieu gart ceuz et celé de honte
C'uimais entenderont le conte
Que la gentieus dame m'a dit.
Mais il allègue lui-même une autre source, quelques vers
plus Ibin :
En escrit truis ci en ceste oevre, ^
Si con li contes le descuevre,
Qu'en Norhomberlande ot un roi . . .
Il ne faut attacher d'importance ni à l'une ni à l'autre de
ces données. Assurément la reine Aliénor de Castille n'a
pas inventé un conte d'une factifre aussi pauvre et aussi
visiblement littéraire que le double récit qui forme le sujet
d'Escanor : il faut entendre simplement qu'elle a demandé
à Girard d'Amiens, venu sans doute à la cour de son mari,
de lui faire un nouveau roman dans le goût des romans
bretons qu'elle avait dû lire, en sa qualité de reine d'An-
gleterre, avec un intérêt particulier. Quant à une source
écrite pour ce roman, qui porte d'une manière si évidente
XIV .1IF.CLE.
GIRARD D'AMIENS. 171
le caractère de l'époque où ii a été composé, il ne faut pas
l'admettre davantage. C'est à Girard d'Amiens que revient
en entier le mince honneur de l'invention comme de la ré-
daction d'Escanor.
Il n'en est pas de même pour son second poème, le roman méimci!».
de Méliacin. Girard n'en a sûrement pas inventé la fable,
et on l'a même accusé d'avoir tout simplement copié, en se
l'attribuant, l'œuvre d'un autre. Avant d'examiner la ques-
tion d'histoire littéraire assez curieuse que soulève cette ac-
cusation, il est nécessaire de donner une analyse du roman
de Girard, qui est encore inédit. Ce roman est contenu, à
notre connaissance, dans quatre manuscrits, les n°' iA55,
1 58g et 1 633 du fonds français de la Bibliothèque nationale
et le n° 2767 de la bibliothèque Riccardienne à Florence '.
Nous parlerons plus tard de la singulière condition du ma-
nuscrit i455. Nous nous servons, pour le résumé qui suit,
du manuscrit i633, en comblant, à l'aide du manuscrit
1689, une lacune qu'il présente^.
Nubien, roi de la « Grande Ermenie » , du temps où l'uni-
vers était encore païen, a trois fdles d'une rare beauté,
Mélide, Ide et Gloriande, et un fils également accompli,
Méliacin. Dans une fête que le roi donne à l'occasion du
jour de sa naissance, se présente un «clerc» qui, comme
beaucoup d'autres alors, était en même temps un peu
sorcier, car
En icel Uns en augoriez Mf. i633. fol. 3 c.
Creoit on et en sorcheriez ,
En avisions et en songes.
Et en I ruiez et on menroiiges;
Et Ii rierr haut home lestoient,
Ki (te cez ars s'entnineloient ;
' D'après ce manusciii. Ad. KoUer ' Le premier feuillet du manatcrit
{Romvari, p. 99) a impriiué le com- 1 689 , comme le fait remarquer le Cata-
mencement du roman et M. Stengel les logue des manuscrits français, avait été
3 16 derniers vers [Zeiisehrijï Jar iv- arraclié fort anciennement, il a été rem-
manitche Philologie , i. X , p. 460-476), placé au xiv* siècle d'après un manu-
aiiLsi que toutes les cliansOiis insérées scrit qui parait avoir été autre que ceux
dans le récit. que nflus possédons.
23.
XI \ MECLE.
172 GIRARD D AMIENS.
Et quant il cstoieiil trouvé ,{
Bon clerc et sage et esproiiv»'- , j
Pliiiosoft'z les apeloicnt
Cil qui leur granz oevrcs looicnt , • ,
Dont ii>oicnt auctorité ''
Et par tout si grant pocsté
K'on creoit plus en ans deiis tans
K'es autres diex a celui tans. ji
il.M
Malgré cet apparent scepticisme, Girard nous décrit de
vraies merveilles qne faisaient ces « philosophes ». Le pre-
mier qu'il introduit présente au roi une poule d'or accon)-
pagnée de ses six poussins, qui tous, à un signal , marchent,
crient et même chantent mélodieusement. Un second clerc
arrivf* presque aussitôt et offre à Nubien une « iaiagete » de
cuivre, ayant à la bouche une trompe d'argent. Si l'on place
celte figurine sur la porte d'une ville ou (fun château, nul
n'y entrera sans (pi'immédiatement elle sonne sa trompe.
Enfin survient un troisième philosophe; mais si les deux pre-
miers étaient bicMi faits et courtois autant ({ue .sages, celui-
là est laid et puant comme Lucifer lui-même : le poète en
fait une de ces peintures hideuses et répugnantes oii se com-
plaisait l'art du moyen âge. H dit être Clamazart de Nulles,
marquis de Lorente, le plus savant de tous les clercs du
monde, et la merveille dont il fait hommage au roi laisse les
deux autres loin derrière elle; c'est un cheval de « benus »
(ébène) : il s'y j)lace, et aussitôt le cheval s'élève dans les
airs, où Clamazart le dirige avec la plus grande facilité au
moyen de quatre chevilles qui le font aller, suivant qu'on
les tourne, en haut, en bas, à droite et à gauche. Le roi est
charmé de si beaux présents et promet de donner à ceux
qui les lui ont faits tout ce qu'ils lui demanderont; sur quoi
le premier sage, Cléomalan, fils du soudan de Damas,
demande la main de Mélide, et le second. Flore le beau,
prince de Salenique, celle d'Ide. Nubien et sa famille
accueillent très volontiers ces demandes; mais il n'en est
pas de même quand l'horrible Clamazart déclare qu'il veut
avoir Gloriande. Le roi essaye en vain de le dissuader : lié
GIRARD D'AMIENS. 173
\IV* SIÈCLE.
par sa promesse, il est obligé de lui accorder sa fdle. Glo-
riande, qui a entendu ce pacte odieux, se livre au désespoir;
son frère Méliacin la console et lui promet de la secourir.
Il parle vivement à son père, et révoque en doute la réa-
lité de l'art de Clamazart; son cheval n'est peut-être qu'une
vaine apparence : un autre que lui pourrait-il s'en servir?
Pour l'éprouver, il se met en selle, et le cheval no bouge pas,
parce que Méliacin ne connaît pas le secret des chevilles,
il traite alors Clamazart de trompeur; celui-ci survient, et,
furieux contre le jeune homme, tourne secrètement la che-
ville qui fait enlever le cheval : Méliacin est emporté en
un clin d'oeil hors de la vue de tous les siens. Nubien, au ^"ul iSo.
désespoir, jette Clamazart en prison.
Méliacin, qui monte comme une flèche vers les hauteurs
du ciel, se croit perdu; mais sa bonne fortune place sous sa
main la cheville qui fait descendre le cheval; bientôt il
cherche et trouve les autres et apprend à diriger la merveil-
leuse monture. La nuit est venue : il veut prendre pied, et,
voyant au-dessous de lui la plate-forme d'une haute tour,
qui domine un château dans une grande ville, il y arrête son
cheval et par les degrés de la tour descend dans une cour
intérieure. Là, une lumière qui le frappe par une porte Foi. i4<(.
entrouverte l'attire dans une chambre, où il voit étendu
sur un lit un géant, qui était tout noir et en outre châtré. Il
passe dans une chambre voisine, qui est jonchée de fleurs et
dont les murs sont ornés de peintures d'amour. Trois lits y Foi. iW.
sont dressés, où sont endormies trois jeunes filles; dans le
plus magnifique, éclairé comme en plein jour par la lumière '
de huit cierges, dort celle qui est évidemment la maîtresse
des autres. Méliacin admire son incomparable beauté, que
le poète décrit ici, ainsi que celle du jeune homme, avec la
minutie et les formules invariables de ces portraits en pied
dans les romans des xii* et xiii"" siècles : il s'éprend d'elle
indiciblement, et ne peut s'empêcher de la baiser sur sa KoI. lOc.
bouche vermeille. Elle s'éveille, et est saisie à la fois de
peur en apercevant un homme devant son lit et d'admira-
tion en le voyant si beau. «Il faut, lui dit-elle, pour que
1 «
\IV !ilKCl.K
174 GIRARD D AMIENS.
<i vous ayez pénétré jusqu'ici sans être tué par le géant Mau-
« cuidart, que vous soyez Sabei, ie fils du roi de Serre, qui
« doit m'épouser. — Oui, répond Méliacin pour se laconci-
« lier, rester près d'elle et sauver sa vie, je suis Sabel, et je
Hoi.i;./ « me suis introduit près de vous pour vous voir plus tôt. »
Or la jeune fdle était Célinde, fdle du roi de Perse Alsimus,
qui la tenait cachée à tous les yeux pour la garder à l'époux
qu'il lui destinait. Elle éveille ses deux «puceles», Saville
et Oriande, et leur montre son fiancé qui est venu la sur-
prendre. Le géant chargé de la garde du gynécée entre au
bruit des voix, et Célinde lui répète son récit; malheureu-
sement Maucuidart connaissait le vrai Sabel, et il veut tuer
celui qu'il dénonce comme un imposteur; sur l'ordre de
Célinde, toutefois, il se contente de le lier, et, quand le jour
Fol 19.;. est venu, il le livre au roi Alsimus. Méliacin montre encore
ici de la présence d'esprit: il propose de se justifier en com-
battant seul contre cinq chevaliers; seulement il lui faut
avoir son cheval qui est resté sur la plate-forme de la tour.
On le croit doublement fou de vouloir soutenir un combat
dans de telles conditions et sur un cheval de bois; on lui
descend pourtant son cheval : il y monte, et, tournant aus-
sitôt la cheville, il s'élance en fair, fait au roi des adieux
moqueurs et retourne dans son pays en laissant au cœur
Fol. îot. de Célinde un souvenir ineffaçable.
Son retour en Ermenie y cause une grande joie. Méliacin
fait délivrer Clamazartde prison, mais il n'est plus naturel-
lement question de lui donner Gloriande. Ici se place un
long épisode qui allonge inutilement le récit : deux rois
voisins de Nubien , Sy macus et Antiocus , lui font la guerre , et
s'empareraient, sans favertissement de f image à la trompe,
de Savarnon, sa capitale. Naturellement Méliacin se couvre
de gloire dans cette guerre, qui se termine par la mort de
Fol. 580. Symacus et ia capture d'Anliocus. Cependant il pense tou-
jours à Célinde, qui, de son côté, se consume pour lui. H
annonce à son père qu'il veut retourner en Perse, la revoir
et la ramener s'il peut. Nubien essaye en vain de le détour-
ner de ce dangereux projet. Il part sur son cheval magique.
GIRAKD D'AMIENS. 175
\lï* SICCLK.
et s'abat, un matin, sur la tour où il était déjà descendu. Il
entend Célinde qui chante, dans le jardin, au-dessous, une
chanson d'amour, et il en conçoit de la jalousie; mais c'esl Foi. ;ii-.
bien à tort : c'est à lui qu'elle songeait en chantant avec
tristesse : son fiancé doit venir le lendemain l'épouser
et elle ne veut pas être à lui. Méliacin descend avec son
cheval dans le jardin; il chante à son tour, elle l'entend et
le reconnaît. 11 s'approche d'elle pendant qu'elle fait un
« chapel » de fleurs :
El la pucele fisl samblant ••"<>l- 30 i>.
Ke point ne le veist venir,
E k'ele son csgart tenir
Vousist (lesus son chapelet ,
Car ronput avoit le lilet,
Dont moût sambloit que l'en pesoit ,
Mais samblant du noer fai-oit.
Ils se retrouvent enfin, se parlent, et conviennent de par-
tir ensemble par les airs. Elle rentre dans sa chambre, se met
sur son lit en feignant d'être lasse, et revient bientôt avec
des « guimples » et des « cuevrechiés » , dont il se sert pour
la lier solidement, sur la croupe du cheval d'ébène, à l'arçon
de la selle; après quoi il monte, et ils s'enlèvent tous deux.
Ils s'arrêtent un instant pour dire du haut des airs adieu h'oI. 38</.
au roi Alsimus, qui venait voir sa fille : «Je suis fils du
«roi d'Ermenie, dit Méliacin, et j'emmène Célinde pour
» l'épouser; dites à Sabel de Serre qu'il l'a perdue. Pour
«vous, quand vous viendrez la visiter, vous serez reçu de
«bon cœur.» Ils arrivent à Savarnon en grande joie; ils
descendent non loin du palais dans un grand verger : Mé-
liacin y laisse Célinde pour aller l'annoncer aux. siens et
venir ensuite la reprendre avec les honneurs qui lui sont
dus. Mais c'est là que le malheur les attendait. Clamazart,
qui gardait toujours rancune au frère de Gloriande, vient
par hasard dans le verger : il voit d'abord le cheval de
bois, puis Célinde, et conçoit une perfide vengeance. Il per-
suade à la jeune fille qu'il est envoyé par Méliacin pour la
\IV 1>IECLE.
70 GIRARD D'AMIENS.
conduire au palais; il la fait monter sur la croupe du cheval,
l'y attache, se place lui-même en selle et l'enlève dans les
airs : là il lui déclare la vérité et lui offre son amour et sa
Fol. 'i3</ terre. Célinde se livre au désespoir et le supplie en vain
de la ramener à Savarnon : il déclare qu'il ne lâchera pas la
proie dont il s'est emparé. Cependant la fatigue l'oblige à
toucher terre; ils descendent dans une vallée (qui, comme
on l'apprend plus tard, se trouve être en Syrie) ; là Célinde,
à bout de forces et de larmes, s'endort sur le gazon, et Cla-
mazart n'a pas honte, pour en faire autant, de mettre sa tête
hideuse dans le giron de la princesse de Perse. Le duc de
Fol. '|5'' Galice, neveu du roi d'Acre Linorois', les trouve dans cette
attitude en revenant de la chasse : lui et ses hommes ne
peuvent as.sez s'étonner de voir ce monstre aussi familière-
ment voisin de ce miracle de beauté, et soupçonnent qu'il a
dû l'enlever par un crime. On les réveille, on les interroge,
mais on n'entend pas leur langage : toutefois le duc con-
duit Célinde dans son palais en grand honneur et, sans plus
Fol. '16 A. ample informé, fait mettre Clamazart en prison. Bientôt il
trouve des interprètes et fait à Célinde les déclarations à la
fois les plus pressantes et les plus respectueuses : il lui offre
de l'épouser. Elle ne voit qu'un moyen d'échapper au dan-
ger qui la menace : elle contrefait la folle, « l'esragie », bat,
mord el déchire tous ceux qui l'approchent : on est obligé
Fol. '17 (f de la lier.
Cependant Méliacin était revenu avec un cortège con-
venable à fendroit où il avait laissé son amie : on juge de
sa stupeur, puis de son désespoir, quand il ne trouve ni
elle ni le cheval merveilleux; la disparition de Clamazart lui
fait bientôt comprendre ce qui s'est passé. Il la fait en vain
chercher partout; au bout de quelque temps il part lui-
même avec vingt chevaliers el vingt «meschins», résolu
à parcourir le monde jusqu'à ce qu'il fait retrouvée. Les
voyages dans ce temps-là, remarque le poète, n'étaient pas
' Ces (lélails sur te duc ne sont don- fût étalili en Syrie, c'est bien de Ga-
nés que iieaucoup plus lard, au fol. 122. lice en Espagne que ce personnage était
On voit au même endroit que , bien qu'il duc.
GIRARD D'AMIENS.
177
XIV SIKCLK.
toujours commodes, et ce qu'il dit sur la sauvagerie de
l'ancien temps prouve que du sien on trouvait plus de
commodité et de sécurité :
. . . Adont n'esloit nus hom (luis
De manoir hors de fermeté;
Hors de chaste! et de chifé
Ne voloit nus ki fust manoir,
Ne faire recct ne manoir,
Si ke dcus jors bien aiissiés
Avant ke vile trovissiés
Ou vos pcûssiés herbegier
Ne trouver viande a mengier,
Se vos on fussiës desgarnis . , .
Tant du siècle n'ert pas adonques
Ne de gent si grande conmune :
Por ce ert coustumc k'en chascune
Bone vile se herhegoient
Les gens adonques et lojoient,
Kar defors demeurer n'osassent,
Ke \\ larron nés desrobassent ;
Car n'i avoit terre ni plain
Ki de larrons ne fussent plain ;
Et les guerres adonc estoient,
Ki tout le pais degastoient :
N'i osoit nus hom demorer.
Ne en son gaaing labourer.
Méliacin rencontre naturellement, en traversant une
lorêt, une aventure dont 11 sort avec éclat : il combat et
(init par pendre le géant Roberon avec ses trente compa-
gnons. Il est reçu comme un libérateur dans la ville voisine;
il apprend là qu'on va brûler, dans la capitale de la Perse,
où il se trouve, deux « puceles » qui sont accusées de com-
plicité dans l'enlèvement de la fille du roi. Sabel de Serre,
qui devait épouser cette princesse, a envahi les Etats d'Al-
simus', et n'a fait de trêve qu'à condition qu'on punirait les
deux jeunes fdles qui auraient dû garder Célinde. On va
donc les brûler, à moins qu'elles ne rencontrent un cham-
' Le manuscrit i633 présente ici, entre les folios 56 et 67, une lacune de deux
cahiers que nous comblons à l'aide du manuscrit ibSg. ' '
Vol. 5i J
Fol. 55 h.
TOME XXXI.
a3
1 4 *
mr-r-tiituiE siTi-ï-
\|V MKCI.E.
178 GIRARD D'AMIENS.
pion qui ose combatiro le terrible géant Maucuidart. On
devine que Méliacin, sans se faire connaître, se proposa
pour être ce champion, II se rend à la cour, escorté de
son hôte Henri et du comte Hardouin de Montesclaire,
Fol. 57 /. qui aime Oriande, une des « puceles », et il tue Maucuidart.
Il rentre dans la ville accompagné des deux jeunes filles
qu'il a délivrées et qui lui ont voué un entier dévouement,
et il leur confie toute son histoire. Cependant Sabel, irrité
du succès de l'inconnu qui avait triomphé du géant, avait
disposé une embuscade sur le chemin du château de Mon-
tesclaire, où se rendaient Méliacin, les jeunes filles, Har-
douin et Henri; mais il est vaincu et fait prisonnier. Son
Fol. 68 a. père Natalus, roi de Serre, vient assiéger le château de
Montesclaire, aidé du roi de Perse, qu'il a sommé de ne pas
laisser en prison son fils, qui était à sa cour avec un sauf-
conduit. Nous passons rapidement sur le fastidieux récit de
cette guerre, épisode étranger au sujet principal et qui oc-
cupe plusieurs milliers de vers. Bornons-nous à dire que Mé-
liacin trouve un adversaire digne de lui dans Pirabel, neveu
du roi de Serre : ils se blessent grièvement l'un l'autre dans
une première rencontre; enfin on convient qu'un combat
singulier entre eux' décidera le sort de la guerre : Méliacin a
le dessus, mais Natalus, à l'insu de son neveu, a aposté toute
une armée qui s'empare de Méliacin et le conduit comme
Fol. I II o. prisonnier au châtelain de Clautre. Natalus veut absolument
le faire périr pour venger la mort de Sabel , bien que
celui-ci se soit tué dans sa prison par un simple accident,
et que le roi de Serre et le roi de Perse aient fait solennel-
lement la paix avec Hardouin et les siens, sauf l'issue du
combat entre Pirabel et Méliacin. Le généreux Pirabel
dissimule l'indignation que lui cause la conduite de son
oncle, et réussit à faire surseoir à l'exécution. Mais enfin
le jour en est fixé au lendemain : il faut délivrer Méliacin.
Notons (foi. ç)b a) la description type idéal du cheval «u moyen âge,
li*t)|> lonj^'ue, mais assez curieuse, du type aussi constant et aussi conven-
clicvul que munto Mcliacia : nous avons (ionnei que ceux de l'houuue et de la
I» une expression fort complète du femme.
I
I
GIRARD D'AMIENS. l79 , .
Le châtelain de Claulre traite fort bien son prisonnier,
mais, loyal serviteur du roi son seigneur, il ne se prê-
terait pas à une évasion. Heureusement sa femme, cou-
sine de Pirahel, a moins de scrupules. Elle procure à Mé-
liacin les moyens de descendre la nuit de la tour où U est
enfermé : en bas il trouve un cheval et un « vallet » qui lui
fait passer le bois; mais il ne saurait aller plus loin : pour
sortir du royaume de Serre, il faut traverser des gorges
occupées par de redoutables brigands; Méliacin, s'il veuf
leur échapper, doit se déguiser en vilain :
. . . Bien s'atourna l-ol. 1 1 1 , .
Meliacins d'une manicn*
D'iino grosse robe pleniere
Ke il don chastci aporla . . .
Et fu suscliains d'une cordele,
Chau'iés d'uns niaii\ais eslivaus.
Malgré ce costume, un vilain qu'il rencontre n'a pas de
peine à reconnaître que ce n'est pas un homme de même
race que lui :
. . .Li vilains s'arestut '''° "^<^-
Une pièce, et o lui estut,
Et le regarda de travers :
Il vit ses biaus iex vairs ouvers,
Clers et rians et bien assis.
Adont fu li vilains pensais,
Kant si bel cors vit en tel point,
Et dist croire ne porroit point
K'il ne fust haus bons et gentieus ,
Si dist comme vilains soutieus :
« Ki estes vous, sire vassaus? »
Méliacin lui dît qu'il a perdu ses compagnons et lui pro-
met de le récompenser s'il le guide à travers les défilés. Le
vilain, qui connaît tous les chemins, y consent, mais à con-
dition qu'une fois en sûreté finconnu lui dira qui il est et
pourquoi il s'est ainsi déguisé; car, dit-il,
..." Pour la robe vostre estre Fol. 1 1 0 A.
«Ne cbangerés ne vo nature. . .
33.
„,,„,,,, 180 GUUllD D'AMIENS.
n El fait trop mauves maintenir
' Le mcslicr con ne puct aprendre;
'< Pour quoi nul bien ne vous puel prendra
« En vilain quidicr ressamhlf r.
« Kar vous ne ponùés emhler
« Vostre nature ne changier ... (
" Aprenés autre chose a faire ,
« Kar vous ne porriés contrefaire
« Le vilain pour chose du monde ;
11 Kar vos cors en biaulé hahonde ,
11 Et vos icx espris de plaisance
11 Ne porroient sivir l'usance. »
Méliacin, arrivé en lieu sûr, ])aye bien son guide et l'en-
voie annoncer à Pirabel Tlieureuse issue de son aventure.
Celui-ci devient peu après roi de Serre, Natalus ayant été
tué eu guerroyant contre le roi de Perse qui avait envahi
son l'oyaume pour venger la trahison commise sur Méliacin.
Pirah(îl, bien (entendu, fait la paix avec Alsimus et Har-
douin, el tous rentrent chez eux, ignorants du sort de
Célinde et de celui du chevalier qu'ils ne savent pas être
Méliacin.
Celui-ci, ce])eudanl, va longtemps de pays en pays. Bien-
tôt il n'a plus ni cheval ni argent, et il erre misérable-
ment par des contrées inconnues dont il ne sait même pas
la langue. Enfin, au moment même où la fortune semble
le plus l'accabler, elle s'apprête à mettre fin à ses malheurs.
Il arrive dans la ville de Beaurepaire, séjour du duc de
Galice, qui, depuis quatre ans, y retient Célinde, toujours
folle en apparence. On traite Méliacin en vagabond et on
le met en prison. Le hasard veut qu'il se trouve juste
au-dessous du cachot où était enfermé Clamazart, et il
entend celui-ci, dans ses lamentations, raconter en mono-
logue toute son histoire et celle de Célinde jusqu'au mo-
Foi. i!3r. ment de leur séparation. Méliacin lie, sous un faux nom,
conversation avec lui, et apprend en outre que Célinde
est folle, que le duc l'aime, qu'il a en vain appelé tous
les médecins auprès d'elle, et qu'on a transporté le cheval
merveilleux dans le château du duc; Clamazart, par haine
GIRARD D'AMIENS. 181
xiv' MKr.l.E.
h
ix)ur celui qui l'a emprisonné, s'est gardé d'en révéler
ie secret : il faut avouer que, pour un si profond « philo-
« soplie », il avait peu d'invention. Méliacin, plus avisé, voit
tout de suite le parti qu'il peut tirer de ces révélations inat-
tendues. Quand on vient l'interroger dans sa prison , il se
donne pour le plus savant médecin de Salerne, dépouillé et
abandonné par ses gens, et demande qu'on mette sa science
à l'épreuve. Le duc, auquel on ra])porte ces paroles, le lait k.>i 137./
aussitôt venir et le conduit chez Célinde. Du premier regard
elle le reconnaît et le lui fait voir, mais, pour ne pas être
découverte, elle feint une folie plus furieuse que jamais.
11 promet cependant de la guérir, et lui prépare un « ongne-
• ment »> qui semble en effet peu à peu la calmer. De longs
jours se passent ainsi, pendant lesquels les amants ont sou-
vent l'occasion de s'entretenir sans témoins. Un jour Mé-
liacin, quia gagné toute la confiance du duc, lui demande
ce que c'est que ce cheval de bois qu'il a remarqué en
i passant dans une cour. Le duc lui dit qu'on l'a trouvé avec
a belle inconnue et son affreux compagnon, et qu'on ne
sait à quoi il peut servir. Méliacin suggère l'idée que la
vue de ce cheval pourrait réveiller des souvenirs dans
l'âme de la malade et peut-être faire un bon eflét : on l'ap-
pox'te dans le jardin sur lequel donne sa chambre. Célinde,
qui s'est concertée avec Méliacin, montre en effet grand
plaisir à voir le cheval : elle monte souvent dessus en faisant
mille folies, et, feignant d'être prête à tomber, se fait atta-
cher avec les « guimples et cuevrechiés » qu'elle a encore.
Enfin, un jour qu'elle est dans le jardin, ainsi solidement
liée sur la croupe du cheval, pendant que le duc et ses amis
sont un peu à l'écart, MéHacin, resté seul près d'elle, monte
en selle, tourne la cheville et s'élève rapidement en l'air. k.i ,M,d.
Avant de disparaître, il révèle toute la vérité au duc de
Galice, qui reste plein d'étonnement et de douleur. H est f,i. 1.^70
tiré de ses réflexions par un message du roi de Perse. Celui-
ci eu effet avait reçu la visite des deux philosophes, Cléoma-
tan et Flore, qui lui avaient appris l'arrivée de sa fille en
Ermenie et son rapt par Glamazart, et qui avaient vu dans
XIV* SIÈCLE.
182 GIRARD D'AMIENS.
les étoiles qu elle et Méliacin étaient en Syrie au château de
Koi. 1 1 < rf. Beaurcpaire. Alsimus y arrive après le départ des amants, et
le récit qu'il fait au duc a pour conséquence de faire ex-
Koi. ii3<.. traire de sa prison et «trainer» Clamazart. Puis le roi de
Perse, Hardouin avccSaville et Oriande, Cléomatan, Flore,
et le duc de Galice lui-même partent pour Savarnon.
Méliacin y était arrivé depuis quelque temps. Il était des-
cendu avec Célinde dans le même verger où il l'avait laissée
Fol. i;i8n. jadis; mais cette fois il ne s'éloigne pas d'elle. 11 rencontre
un « vallet » et l'envoie annoncer .son retour à ses trois .sœurs.
Elles accourent, lui font fête ainsi qu'à Célinde, et emmè-
Foi. i.ig". nent celle-ci dans leur appartement. Pour lui, il va trouver
son père, malade de chagrin depuis (ju'on était .sans nou-
velles de lui, et .s'agenouille auprès de .son lit. Le vieux roi
recouvre la .sanlé avec le bonheur; mais c'est son (Ils qui
rétablit l'ordre et la paix dans le royaume, tombé, dej)uis la
maladie; de Nubien, dans la plus désastreuse anarchie, e(
Fol. 1^5 i. c[ui bientôt retrouve une prospérité .sans pareille. Pirabel,
(|ui est venu visiter son ami, s'éprend de Gloriande, qui,
de .son côte, lui donne en secret son cœur. Bientôt arrivent
le roi de Perse et ceux qui l'accompagnent, et tout finit par
des fêtes comme on n'en vit jamais et par un sextuple ma-
riage: Méliacin épouse Célinde; Cléomatan, Mélide; Flore,
Ide; Pirabel, Gloriande; le duc de Galice, Oriande, et Har-
douin, Saville. Les pères de tous ceux des nouveaux époux
qui n'étaient qu'héritiers présomptifs meurent peu après
ou abdiquent en leur faveur, et le poème se termine par
Fol. i56(i. quelques mots sur l'heureux et long règne de Méliacin.
Tous ceux qui ont lu Cléomadès ont reconnu dans cette
analyse la fable du roman d'Adenet le Roi. Les ressem-
blances s'étendent parfois à des détails minimes : ainsi dans
les deux romans il s'agit d'un roi qui a un fils et trois filles;
dans les deux, le premier sage offre une poule et ses poussins,
le second, une statue qui sonne de la trompe en certaines
occasions; dans les deux, le géant qui garde l'héroïne est
eunuque; dans les deux, elle est attachée avec des linges à
l'arçon dé la selle du cheval magique ; dans les deux, le ravis-
GIRARD D'AMIENS. 183
seur de la princesse, qui est un monstre hideux et contre-
lait, s'endort en mettant sa tête dans ie giron de sa com-
pagne; dans les deux, l'héroïne fait la folle pour échapper
aux sollicitations du prince au pouvoir de qui elle se trouve;
dans les deux, le héros déliv|"e les suivantes de son amie en
tuant le géant qui soutient l'accusation dont elles sont l'ob-
iel; dans les deux, le héros, arrivé par hasard dans l'endroit
où sa belle est retenue, se donne pour médecin et l'enlève
au moyen du cheval merveilleux qu'il a fait porter près
d'elle et avec lequel elle feint de jouer; dans les deux enhn,
le mariage des deux personnages principaux est accompagné
de celui des trois sœurs du héros et des suivantes de l'hé-
roïne. Ce sont là des similitudes qui vont jusqu'à l'identité
en plusieurs points, et telles ([u il n'en existe pas de pareilles,
à notre connaissance, entre deux romans du moyen âge trai-
tant une même donnée fondamentale. Avant de voir com-
ment on peut les expliquer de la façon la plus vraisemblable,
il est bon de signaler aussi les différences qui existent
entre le roman d'Adenet et celui de Girard.
D'abord tous les noms sont différents. Pour ne citer que
les principaux, voici sur une double colonne les person-
nages qui se correspondent dans les deux poèmes :
Cléoraadès. Méli.icin.
Clannondine. Céliiide.
Marcadigas. Nul)ioii.
Éliador. Mclidc.
Féniadisse. Id(>.
Marine. (îloriande.
Méiocandis. Cit-oinatan.
Raldigan. Flore.
Croinparl. Clainazart.
Carmant. AImiiuis.
Blëopatris. Sabef.
Méniadus. Le duc de Galice.
Les divers lieux où se passent les épisodes successifs ne
.sont pas moins différents : disons seulement qu'à l'Espagne
et à la Toscane, patries de Cléomadès et de Clarmondine,
MV' S1^.CLE.
Xl\ SIRCI.K.
184 GIRMD D'AMIENS.
correspondent rEimcnie et la Perse, patries de Méliacin ef
de Célinde; f|iie Bléopatris est roi d'Arcage et Sal)el roi de
Serre', et que la feinte folie de l'héroïne et sa délivrance
sont placées par Adenet en Fouille, par Girard en Syrie. En
somme, le roman d'Adenet a pour théâtre l'Europe (sauf que
les trois «sages» sont des rois d'Afrique), celui de Girard
l'Asie. Mais, dans l'un comme dans l'autre, les personnages
sont païens, les deux poètes ont soin de leur faire sou-
vent invoquer « les dieux », et on doit remarquer qu'aucun
des deux ne fait, contrairement à l'habitude trop fréquente
de leur temps, figurer Mahomet parmi les divinités de l'an-
cien paganisme.
Dans le récit lui-même, les divergences secondaires sont
nombreuses. La manière dont Cléomadès, lors de sa pre-
mière visite chez celle qu'il doit aimçr, arrive à rentrer en
possession de son cheval et à s'échapper n'est pas la même
?[ue celle qu'emploie Méliacin dans la même occurrence ; sa
uite avec Clarmondine présente des circonstances autres
que la fuite de Méliacin avec Célinde; Crompart, l'inventeur
(lu cheval merveilleux, meurt dans sa prison avant l'arrivée
de Cléomadès dans le pays où Clarmondine passe pour folle,
et Cléomadès apprend par des conversations tenues chez son
hôte la présence et la maladie de sa belle, tandis que Mélia-
cin en est informé par Clamazart, qui est mis à mort plus
tard; les suivantes de Clarmondine sont au nombre de trois,
au lieu que Célinde n'en a que deux , et les circonstances
du combat judiciaire que Cléomadès livre pour les arracher
au supplice sont assez différentes de celles où Méliacin ac-
complit le même exploit; la mère de Cléomadès et celle de
Clarmondine sont en vie dans le roman d'Adenet, celles de
Méliacin et de Célinde sont mortes quand s'ouvre le roman
de Girard; le personnage de Pirabel est inconnu à Adenet,
chez qui la troisième sœur du héros épouse le prince qui
avait recueilli l'héroïne et avait voulu en faire sa femme;
en revanche, la figure du ménestrel Pinchonnet, dans lequel
' Ce rovàume de Serre, qui paraît tout fantastique (il est donné ici comme limi-
trophe de la Perse), se retrouve dans Escanor. '
GIRARD DAMIENS.
ISS
XIV SIECLC.
on a pensé non sans vraisemblance que le ménestrel Adenet
avait voulu se peindre lui-même, est absente du poème de
Girard. Nous neparlonspasdes récits épisodiques, étrangers
au thème essentiel, par lesquels les deux auteurs ont déme-
surément et bien inutilement allongé leur narration (Adenet
a ainsi rimé près de 19000 vers, Girard près de 20000),
qui sont complètement difiTérents dans chacun des poèmes
et y occupent d'autres places. Une comparaison exacte et
suivie des deux poèmes, qui permettrait de déterminer
avec précision ce qu'ils ont de commun et ce qui est propre
à chacun d'eux, pourrait faire l'objet d'une monographie;
nous ne pouvons songer à la donner ici; nous nous bor-
nons à en indiquer les traits essentiels.
11 résulte avec évidence de ce rapprochement, même
sommaire, que les deux romans ou dérivent l'un de l'autre
ou ont une même source. Le roman d' Adenet paraissant
plus ancien que celui de Girard, on a pensé, au premier
examen , que celui-ci avait copié son devancier, d'autant plus
qu'on savait que, dans son Charlemagne, il avait continué et
imité la Berte d'Adenet. L'éditeur d'Escanor, qu'on aurait pu
croire disposé à plus de bienveillance pour l'auteur dont il
imprimait l'ouvrage, n'a pas hésité à l'accuser de plagiat :
« Dans Charlemagne, dit-il, l'auteur se nomme Gyrards et Gy-
« rardins, qui en est le diminutif; mais ce qui est plus curieux,
« c'est qu'il les répète dans une troisième œuvre qu'il intitule
« Méliacin et Célinde , qui n'est autre que le roman de Cléo-
« madès, d'Adenet le Roi, et qu'il s'attribue sans la moindre
I vergogne dans les vers suivants qui terminent le poème :
• Gerardins d'Amiens , qui plus n'a
« Oï de cest conte retraire ,
« N'i veult pas mençonges atraire
« Ne chose dont il fust repris :
<; . « Ainsi qu'il a le conte apris
« L'a rimé , au mieus qu'il savoit ,
« Et s'amender riens i avoit ,
• Il n'i faut que le commander,
« Que peu est chose ou amender
« Ne puist on.
Esranor, p. xiit.
TOME XIXI.
24
UV* MKCI.t.
186
GIRARD DAMIENS.
XeiUrlii'in fur
rom. Philol, t.\I.
p. \ii.
« H faut convenir que Girard ou Girardin était doué d'une
■ dose d'effronterie peu commune; il ne se gênait pas pour
<• meaçonges atraire, et il y a où amender pour rétablir la vé-
« rite. » Ce jugement sévère n'a pas été porté en pleine con-
naissance de cause, et déjà M. Tobler, sans avoir à sa dispo-
sition toutes les pièces du procès, l'a réformé d'après un
uste sentiment de vraisemblance : «Ce reproche, dit-il,
parait tout à fait mal fondé; car ce qu'on connaît jusqu'à
présent du « Conte du cheval de fust » montre que cet
ouvrage n'est nullement identique au Gléomadès, mais
est une mise en œuvre particulière, sinon tout à fait
du même sujet, au moins d'un sujet très voisin, en tout
cas assez différent pour qu'on ne puisse imputer à Girar-
din de s'être approprié le bien d'autrui. Il est certaine-
ment singulier que le poète qui, dans son Charlemagne,
a accepté les innovations qu'Adenet avait introduites dans
Berte et qui distinguent cette chanson de geste de toutes
lefl autres; qui, dans cet ouvrage considérable, est aussi,
pour ie sujet, le continuateur d'Adenet; qui, comme lui,
mêle, dans Kscanor et Méliacin, des morceaux lyriques à la
na/'ration, se rencontre encore de si près avec Adenet dans
le sujet de ce dernier poème. » Cette rencontre, comme on
a vu, ne peut avoir été purement fortuite; elle ne s'ex-
plique pas par un plagiat, ni d'Adenet (on ne l'a jamais
soupçonné), ni de Girard. Ce qui a donné lieu d'en accuser
ce dernier, c'est très probablement la curieuse composition
de l'un des manuscrits qui contiennent Méliacin, le n' 1 455
du fonds français de la Bibliothèque nationale. Ce manuscrit
en effetcontient le poème de Girard d'Amiens, dansia rédac-
tion authentique, à partir du vers 1 5o i environ, maisjusque-
là il donne le texte de Cléomadès, en substituant seulement
aux noms des personnages d'Adenet ceux des personnages
de Girard. Arrivé au vers 291 :) de Cléomadès, le copiste a
fasse au texte de Méliacin, en ajoutant, pour rajuster l'un à
autre, quelques vers de sa composition. La soudure a lieu
dans le récit de la merveilleuse arrivée du héros chez son
amie, qu'il ne connaît pas encore. Cléomadès trouve d'abord,
GIRARD D'AMIENS.
W
dans une première chambre, une table richement servie , où
il mange à sa faim :
Assez rnenja tant com lui plot.
Et, quant mengië et beû ot,
Sî s'est de ia table levez :
Vers l'uis d'une chambre est alei
Qu'il vit un petit entrouvert. . .
Dans cette chambre dçrt le géant qui garde Clarmondine;
Cléomadès se garde de l'éveiller et passe sans faire de
bruit. Chez Girard le récit n'est pas tout à fait pareil. Mé-
liacin ne trouve pas de table et ne mange pas. 11 est des-
cendu dans une cour sombre : une lumière l'attire dans une
chambre; il y trouve un lit magnifique, dans lequel dort le
géant; il s'arrête un instant à le considérer. C'est à ce moment
que le copiste du manuscrit 1 455 prend le texte de Méliacin ;
mais, comme le lit du géant n'est pas décrit dans Cléoma-
dès, il a dû faire quelques vers de raccord pour amener les
premiers vers de Méliacin qu'il insérait, et il s'est assez
plaisamment trompé, en croyant que ces vers devaient se
rapporter à des léopards, tandis qu'il ne s'y agissait que
de cierges. Nous mettons en regard les deux textes, en mar-
quant par des italiques ce qui est de la fabrique du co-
piste du manuscrit i455 :
Mss. iS8g (fol. l^ i). i633 (M. li b).
Mais n'i eut gaires demouré
Qu'il i vit un beau lit paré
Et aourné de grant richece.
Comment qa'il en eûst leece ,
Il vit deus ciei^c.^ qui ardoienl ,
Et au veoir laiens aidoimt :
L'uns Tu as piex , et l'autre au chief.
Meliacins fu a meschief
De ce qu'il n'osoit mot parler.
Ne home ne femme apeler :
C'est ce qui plus li anuia ;
Et d'autre part roout l'esmaia
Uns jaians qui ei lit gesoit , etc.
Ml. il55 (fol. lid).
[Dont s'est de la table levet]
El «*( en «ne alee entrez ,
La ou il aperçut un lit.
Ou il ne voit pas son délit :
Dtus liepars vit d'or et d'argent
Défaut le lit en traversant;
L'un fuau piex et l'autre au chef.
Meliachin fii a meschef
De cbou qu'il n'osoit mot parler.
Ne homme ne femme apeler :
Cli'est chou qui {dus U anuia :
Et d'antre part moût l'esmaia
Uns gaians qui ou lit gesoit, etc.
A partir de là, le manuscrit 1 455 présente sans variante
remarquable le roman de Girard, dans un texte qui se râp-
ai.
Xl%' SlicLK.
Cléomadès .
\. 1911.
xiv* SliCLB.
188 GIRARD D" AMIENS.
proche surtout de celui du manuscrit i633. H paraît évi-
dent que le copiste de ce manuscrit (ou celui du manuscrit
qu'il suivait) avait à sa disposition un manuscrit de Mélia-
cin auquel manquaient environ les treize premiers feuillets.
11 avait remarqué l'étroite ressemblance de ce roman avec le
Cléomadès, et il a eu l'idée, pour combler cette lacune, de
prendre le commencement du poème d'Adenet, en l'abré-
geant (car il ne donne que 2 4oo vers au lieu de 291 2), et
en remplaçant tous les noms par ceux qui paraissent plus
tard dans le récit de Girard d'Amiens. La façon dont il a
procédé à ce travail serait assez curieuse à étudier de près;
malgré la similitude fondamentale des deux romans, il y a
dès le début quelques données contradictoires qu'il n'était
pas toujours très aisé de concilier; d'autre part, la mesure
ou les rimes opposaient souvent des difficultés à l'échange
des noms propres. Nous nous bornons à signaler cette petite
curiosité littéraire, et à constater que, s'il y a ici quelque
chose qui ressemble à un plagiat, le plagiaire, qui a d'ail-
leurs approprié le bien d'autrui non à lui-même, mais à un
tiers, ne saurait évidemment être Girard.
Nous voilà donc ramenés à la question du rapport du
roman de celui-ci avec le roman d'Adenet. Certaines données
externes viennent à la fois compliquer et peut-être éclaircir
cette question. Dans les premiers vers de son poème, Girard
nous dit : •"
. . .Li contes est deduisans,
Et a oïr biaus et plaisans ,
Et s'en avons la ramenbrance
Par bêle dame d'ounourance,
Pour coi li contes doit miex plaire ,
Car chose ne poroit desplaire
Ke si bêle dame fesist
Ne dont ele s'entremesist ;
Car ele est franche et debonaire
M Et atraite de si bon aire
Ke ce qu'ele fait plaist a tous;
Kar ses gens cors est d'oneur tous ,
Tant est et bêle et bone et sage,
Et si est de si fait lignage ">' ' "^"^
GIRARD DAMIENS. 189 ,.^. „,^^,
Come fille de poissant roi . . .
Et pour ce voel je garde prendre
Ke je ne faille a mon emprise,
Et pour la dame bien aprise
Et pour ce qu'il m'est commandé
D'un chevalier qui amendé
A de son cors tout son lignage . . .
De son estre plus ne vous di.
Car de bouche me desfendi
Que j'a tant de lui me souffrisse
Et plus menlion n'en feïsse.
Ainsi le poète déclare rimer, par l'ordre d'un chevalier
de haut rang, un conte qui vient d'une noble dame fille de
roi. Qui étaient cette dame et ce chevalier, il ne nous le dit
pas, mais on peut avec une grande vraisemblance identifier
au moins la première. Le manuscrit 1 633 présente à sa pre-
mière page une miniature intéressante , non par l'exécution,
mais par le sujet; elle se trouve à peu près exactement repro-
duite en tête du manuscrit 1689, dont la première page,
arrachée anciennement, a été refaite au xiv* siècle. Nous
empruntons à des notes manuscrites de M. Paulin Paris la
description et l'explication de cette peinture historique : « Un
« personnage couronné et couvert d'une robe d'azur fleur-
11 delisée repose sa tête sur les genoux d'une femme dont la
« robe est partie de France et de Flandre. A droite sont quatre
«et à gauche trois femmes. La première de droite a la robe
« de France partie de Châtillon, la seconde de France-Cler-
« mont (depuis Bourbon), la troisième de France-Artois,
« la quatrième de Bar; la première de gauche, qui est cou-
ci ronnée, de France et de Hainaut; la seconde, également
« couronnée, de France et de Navarre; la troisième de Châ-
M tillon (au chef d'or chargé à droite d'une merlette). Voici
« comment on peut expliquer cette miniature. Nous sommes
«en 1285, époque de l'avènement de Philippe le Bel, ou
«peu après. Marguerite de France, fille aînée de Marie de
Il Brabant, reçoit affectueusement sur ses genoux la tête
<i de son jeune frère consanguin, le roi Philippe. Le lion de
<i Flandre dont la robe de Marguerite est partie indique que
1 s
\lt' SIECtB.
190 GIRARD D' AMIENS.
« la princesse n'est pas du même lit que le roi son frère . . .
« A gauche, les assistantes sont d'abord la reine mère, Marie
«deBrabant, puis la reine régnante, Jeanne de Navarre,
« mariée le 16 août 1 284, à l'âge de treize ans, et morte en
« i3o4;puis, assise ou plutôt agenouillée, la connétable,
« Isabel de Dreux, femme de Gaucher de Châtiilon, conné-
« table de France, mariée en 1 281, morte le 29 avril i^oo.
« A droite : 1° la comtesse d'Alençon, Jeanne de Châtiilon,
«mariée en 1272 à Pierre d'Alençon, fds de saint Louis,
» veuve en 1 284, morte le 19 janvier 1291 à trente-huit ans;
« 2° la comtesse de Clermont, Béalrix de Bourgogne, mariée
«en 1272 à Robert de France, comte de Clermont, morte
«le 1" octobre iSio; 3° Blanche d'Artois, belle-mère de
« Philippe le Bel, veuve depuis 1274 de Henri 1", roi de Na-
«varre et comte de Champagne, remariée l'année suivante
« à Edmond d'Angleterre, duc de Lancastre, dont elle était
«veuve avant 1288; 4° enfin Jeanne de Tori, seconde
«femme de Thibaud II, comte de Bar. Ainsi, la comtesse
« d'Alençon étant morte en 1291, c'est entre 1286 et 1291
« que cette miniature et probablement le poème furent exé-
« cutés. Girard d'Amiens l'écrivit à la demande ou pour
« le plaisir de ces princesses. Ce qui est fort singulier,
« c'est que le même sujet avait été donné à Adenet le Roi,
« qui l'avait traité à sa manière, par Marie de Brabant,
« jdors reine régnante, et Blanche de France, fille de saint
• Louis, veuve en 1276 de l'infant deCastille, Ferdinand
«de la Cerda. » Voici donc les faits assurés : avant i2 85
(Marie de Brabant étant reine), Adenet le Roi écrit le
Cléomadès, dont il dit tenir le sujet de Marie de Brabant et
de Blanche de France; entre i285 et 1291, Girard rime
dansMéliacin la même histoire, qu'il dit tenir d'une haute
dame, fille de roi; cette princesse doit être cherchée parmi
les dames figurées sur la miniature des manuscrits iSSg
et i633 : ce ne peut être que Marguerite de France, car
en parlant de Jeanne de Navarre, reine de France, Girard
ne se serait pas borné à dire qu'elle était « fille de roi ». Le
poète ne dit pas d'ailleurs que Marguerite lui eût donné le
GIRARD D'AMIENS. 101
sujet de son poème avec l'ordre de le mettre en vers; il dit
seulement que c'est par elle que « nous en avons la re-
« membrance ». On peut croire dès lors que Marguerite,
ayant entendu raconter la merveilleuse histoire du cheval
magifjue à sa tante Blanche de Fiance ou à sa belle-mère
Marie de Brabant, l'axait à son lour racontée au chevalier
qui, trouvant le sujet de som goût, invita Girard d'Amiens
à le versifier. Ce chevalier, comme l'a conjecturé M. Paulin
Paris, pourrait bien être le connétable Gaucher de Châ-
tillon, dont la femme figure parmi les dames groupées,
dans la miniature, autour de Marguerite. Gaucher, ou le pro-
tecteur de Girard, quel qu'il soit, fit sans doute exécuter du
roman qu'il avait demandé à celui-ci un exemplaire de luxe
avec une peinture semblable à celle de nos deux manu-
scrits, mais qui devait être plus grande et remplir entière-
ment la première page. Il l'envoya à Marguerite de France,
en souvenir de l'histoire qu'elle lui avait racontée ou
donnée par écrit et qu'il avait transmise à Girard. Ce qui
reste bien étrange, c'est que ni Marguerite ni Girard n'aient
su que le « conte du cheva! de fust » avait déjà été traité par
le célèbre Adenet le Roi. Aussi peut-on faire encore sur ce
point d'histoire littéraire bien des conjectures, dont l'une ou
l'autre semblera peut-être plus plausible que celle que nous
émettons. En tout cas, personne ne supposera que Girard,
s'il avait connu le poème d'Adenet et voulu le plagier, eût
précisément adressé sa contrefaçon au cercle royal dans le-
quel l'œuvre d'Adenet était née et sous le patronage duquel
celui-ci l'avait expressément placée.
Les ressemblances étroites qui se trouvent, jusque dans
des détails secondaires, entre les deux romans paraissent
prouver que les auteurs ont eu sous les yeux un même thème
rédigé par écrit, que chacun d'eux a amplifié à sa guise.
L'essentiel dans ce thème commun (qu'on pourrait, nous
l'avons indiqué, restituer assez exactement), c'était le cheval
magique et les péripéties dont il est l'instrument. Un prince
se trouve, par le mauvais vouloir de l'inventeur de cette
merveille, transporté dans les airs sur cette monture ex-
ïl»* HÈO.LG.
x.VMt,x.. »92 GIRARD DAMIENS.
traordinaire, sans avoir appris l'art de la diriger; il le dé-
couvre heureusement, descend par hasard dans l'asile, fermé
à tous, d'une jeune et belle fdle de roi; surpris par le père,
il échappe grâce à son cheval, revient près de celle dont il
s'est épris et dont il s'est fait aimer, l'enlève par les airs, et
la transporte dans son pays. Mais il a l'imprudence d'aban-
donner un instant son cheval et sa belle : le constructeur,
son ennemi, en profite pour enlever l'une au moyen de
l'autre. Le scélérat ne jouit pas de son crime : il tombe avec
sa compagne au pouvoir d'un roi étranger, qui le met en
prison, et qui à son tour veut posséder la princesse. Celle-
ci, pour se conserver à son ami, feint la folie pendant un
temps plus ou n^oins long. Enfin un jour le hasard amène
dans le pays où elle est retenue le héros qui la cherche par
le monde : il se donne pour médecin afin de pénétrer auprès
d'elle, retrouve le merveilleux cheval dont nul ne soup-
çonnait les vertus, et s'en sert pour enlever une seconde fois
sa belle et la ramener enfin heureusement dans son pays,
où il l'épouse. 11 y a longtemps qu'on a conjecturé que le
fond de ce récit était un conte oriental, et il est facile de
se représenter ce qu'il a dû être : c'est bien dans un harem ,
impénétrable à tout autre, que le héros s'introduit par la
voie du ciel; le gardien de ce harem (nos deux romans
ont gardé ce trait originaire) est un eunuque noir, et le
méchant « philosophe » des romans français devait être un
magicien tout semblable à celui qui fait la fortune et le
malheur d'Aladin. Toutefois on n'a retrouvé jusqu'à présent,
dans la masse des fictions orientales, aucun récit qui con-
Beiifey(Th.). tienne les traits essentiels du nôtre. Le cheval magique lui-
même a certainement pour ancêtre le garouda de bois, mû
également par quatre chevilles, au moyen duquel, dans le
plus ancien recueil de contes indiens que nous connaissions,
un jeune homme reprend sa femme légitime à un roi qui la
lui avait ravie. Cette donnée fondamentale a probablement
reçu dans une version arabe la forme particulière qu'elle offre
dans nos deux romans, et ce n'est pas sans vraisemblance
qu'on a conjecturé que Blanche de France, épouse pendant
Paiiisrhatantra
I. 1, p. i58
GIRARD D'AMIENS.
193
làci.K.
quelques années de l'infant de Castille, avait rapporté d'Es-
pagne, où les Arabes l'auraient introduit, le conte qui a
servi de thème aussi bien à Girard qu'à Adenet. Le cheval
merveilleux se retrouve, mais employé à des aventures
différentes, dans d'autres romans du moyen âge : c'est, par
exemple , le fameux cheval de Pacolet dans Valentin et Orson ;
c'est le cheval de bronze qui figure au début du conte in-
achevé de l'écuyer dans les Canterbary Taies. Dans ce dernier
récit, il peut bien y avoir une imitation lointaine de (^léo-
madès; c'est beaucoup plus douteux pour Valentin et Orson ,
et rien n'est plus inexact, en tout cas, que de dire, comme
on l'a fait, que ce roman est « une contrefaçon grossière » de
celui d'Adenet, avec lequel, sauf la fiction du cheval ma-
gique, il n'a aucune ressemblance. On sait que Cervantes a
tiré parti du fameux cheval de bois dirigé en l'air à l'aide de
chevilles pour une des plus gaies des mystifications faites au
pauvre Don Quichotte. Il est singulier qu'à deux reprises il
présente ce cheval magique comme ayant été la monture de
Pierre de Provence et de son amie la oelle Maguelone; c'est
une de ces confusions de mémoire qui ne sont pas très rares
dans son incomparable livre : le roman français de Pierre de
Provence ne contient rien de pareil, non plus que la tra-
duction espagnole maintes fois imprimée.
L'œuvre de Girard d'Amiens est, comme on peut s'y
attendre, bien inférieure à celle d'Adenet. La prolixité, la
banalité des détails, la recherche puérile ou la platitude de
l'expression, toutes faiblesses dont le roman du ménestrel
brabançon n'est pas exempt, sont constantes dans celui du
rimeur picard. H pourrait y avoir quelque intérêt à mettre
en regard la façon dont les deux poètes ont traité les mêmes
situations, raconté les mêmes incidents, décrit les mêmes
sentiments; mais cette comparaison , comme celle des faits
eux-mêmes, ne serait à sa place que dans une étude spé-
ciale. Bornons-nous à dire qu'ici comme dans Escanor
Girard allonge surtout son récit au moyen d'interminables
discours. Les monologues, notamment, devenus depuis Be-
noit de Sainte-More et Chrétien de Troies un ingrédient
TOME XX\I.
■2 b
\anllasselt (A.),
C.léoniadès, t. I,
Don QiiichoUc,
pari. I , rhiip. XLix ;
pnrt. Il , rhap. xi,.
1 5 *
\ll' SIÈCLE.
/citsi'linll lûr
194 GIRARD D'AMIENS.
indispensable des romans « courtois », prennent chez notre
auteur des dimensions hors de toute proportion avec l'im-
portance dû thème et l'intérêt du contenu. Ni dans les dis-
cours, ni dans le récit proprement dit, Girard ne trouve l'ex-
pression juste et vive, la note par moment émue, la tournure
gracieuse, qui ne font pas défaut à son rival. La vie manque
complètement à sa froide et monotone composition, qui ne se
laisse lire sans trop d'ennui, nous l'avons déjà indiqué, que
grâce à une rédaction généralement claire, facile et coulante.
Pour orner sa narration, Girard d'Amiens y a inséré un
assez grand nombre de morceaux lyriques, suivant en cela
l'exemple de plusieurs poètes antérieurs (Adenet, dans son
Cléomadès, n'a employé ce procédé que très sobrement). Il
n'en a pas inséré moins de vingt-quatre, qui ont été publiés
à part, d'après le manuscrit de Florence, par M. Stengel.
t. \, |). i(io i75. ^6 ces morceaux, les uns sont les premiers couplets de chan-
sons connues de Gace Brûlé, de Thibaud de Champagne et
d'autres célèbres trouveurs; les autres paraissent être em-
pruntés à des chansons alors populaires; d'autres encore sont
sans doute l'œuvre de Girard et semblent être donnés par
lui comme composés par les personnages qui les chantent,
notamment par Méliacin. On ne peut dire que ces inter-
mèdes lyriques soient toujours introduits dans le roman
avec beaucoup d'à-propos.
Outre ces couplets, M. Stengel a imprimé, d'après le ma-
nuscrit de Florence, divers morceaux et les 216 derniers
k.ii., (,v,i. , vers de Méliacin. M. Keller, il y a cinquante ans, avait
imprime, a après le même manuscrit, environ 600 vers
du début. M. Tobler a exprimé le vœu qu'il fût donné du
poème une édition complète; nous n'y contredisons pas,
surtout à cause de l'intérêt que peut offrir une comparaison
détaillée entre ce poème et celui d'Adenet.
«iMAniEMAONE. Eu tcrmiuaut l'histoire de Méliacin , Girard annonce qu'un
autre travail réclame son temps :
kar pensser a un autre afairo
M'estuet, que je ne puis desdire.
GIRARD D'AMIENS. 195
Il s'agit probablement du Charlemagne, qu'il avait entre-
pris à la demande de Charles de Valois, et qui en elFet était
de taille à l'absorber pendant des mois, si ce n'est pendant
des années. Cette œuvre considérable est celle qui jusqu'à
présent a surtout fait connaître le nom de Girard d'Amiens;
elle est cependant, au point de vue poétique, encore infé-
rieure aux deux précédentes; mais elle offre un autre genre
d'intérêt, qui s'attache, sinon à la forme, du moins à la
matière. Girard a prétendu donner une histoire complète
de Charlemagne, empruntée tant aux chroniques qu'aux
chansons de geste. Il n'y a aucun profit à rapprocher son
exposition prolixe et vague des sources historiques qu'il a
consultées, et qui ne sont autres que les chroniques fran-
çaises de Saint-Denys; mais il est intéressant, pour l'étude
critique de notre épopée, de rechercher quels poèmes sur
Charlemagne il a connus et utilisés, d'autant plus ([ue,
comme nous le verrons, il s'en trouve dans le nombre {|ui
ne nous sont pas parvenus. Le Charlemagne de Girard
d'Amiens ne nous est pas lui-même arrivé entier. Nous en
possédons trois manuscrits, dont le plus complet est le
manuscrit fr. 778 de la Bibliothèque nationale. Le roman
de Girard, divisé en trois livres, s'y lit tlepuis le commen-
cement jusqu'à la fin; seulement le livre II est tronqué au
folio 124 r°, vers la fin du récit, fait d'après une légende
latine bien connue, du fabuleux voyage de Charlemagne en
Orient; le scribe s'arrête au milieu de la seconde colonne
après ces deux vers :
Par Je consseil Naimon , qui en tel fel ert sages ,
Fu grant merriens copez et trel hors des bosquages.
Le reste de la colonne est en blanc, ainsi que le verso du
feuillet, et le livre III commence en tête du folio 1 25 par
ces vers :
Quant Charlemaine fu en France repériez
D'Aspremont , ou il ot inout esté travelliez ,
Estre s'i cuida bien un grant temps aiesjiez ;
d'où il résulte que l'expédition d'Aspremont, bien connue
25.
\IV' SlàcLK.
x.v-s.kc... '^6 (iïRARD D AMIENS.
par la chanson qui porte ce nom, était racontée dans la
partie manquante, et que le copiste s'est aperçu qu'il y avait
une lacune dans son original. La Bibliothèque nationale a
récemment acquis à la vente des livres et manuscrits prove-
nant du comte de Hopetoun un manuscrit qui aurait pu
combler la lacune de celui qu'elle possédait déjà. Malheu-
reusement il n'en est rien. Ce manuscrit, qui porte aujour-
d'hui le n" 6234 des Nouvelles acquisitions, contient,
comme le précédent, la Berte d'Adenet le Roi avant le
Charlemagne de Girard', et termine également le livre II
par ce vers (fol. i i5 v") :
Fu granz mairiens coupés et trais hors des boscages.
Seulement le scribe ne paraît pas avoir remarqué la lacune,
car il a bravement écrit au bas ce vers latin défigur." :
Iste liber est scriptus; qui scripsit sit beiiedictus,
et a ensuite entamé le livre III; le premier feuillet de ce
livre a été arraché du volume à cause de la miniature qui
l'ornait: le livre III ne commence, avec le folio 116, qu'au
vers i45. Un lecteur du xv" siècle, plus attentif et mieux
informé, a écrit au-dessous du vers latin ^ : « Cy aprez doit
« commencier le tiers livre de ce volume en ung quoyer
« qui contient l'istoire du voyage que fist ledit empereur
'« en Aspremont, qui est en Calabre lez le far de Mecine,
«ou il desconfist Angoulant, empereur d'Auffrique, et
« Eaumont son fdz avec pluseurs roys paiens et vin' milliers
«de Sarrasins, comme dit l'istoire; mais ledit quoyer est
«perdu.» Cet annotateur se trompe en supposant que la
guerre d' Aspremont était racontée au commencement du
troisième livre; elle terminait le deuxième, comme nous
Mais les feuillets i, 2, 4, 5 sont poème était placée, comme dans le ina-
gravement mutilés; après le folio 17, nuscrit 778 du fonds français, une mi-
terminé par le vers 3456 de Berte niature.
(éd. Schefer), un feuillet, qui contenait ' Ou plutôt au dessous de cette note,
les laC derniers ver» de Berte et les également du xv* siècle, mais d'une
1 5 premiers de Charlemagne , a été arra- autre écriture : Ce livre cy est a Andrieu
ché , Miu doute parce qu au début de ce de Henaut. '
GIRARD DAMIENS.
du
1«7
tIV* SliCLE.
le montrent les premiers vers du troisième livre con-
servés dans le manuscrit 778; il résulte de là qu'au
XV' siècle le feuillet qui manque dans le manuscrit Nouv.
acq. 6234 y manquait déjà; il en résulte également que
l'annotateur avait vu, sans en conserver un souvenir tout à
fait précis, un manuscrit du Charlemagne complet, car sans
cela, le début du livre 111 manquant dans le manuscrit qu'il
annotait, il n'aurait ])u savoir que la guerre d'Aspremont
devait se trouver dans la lacune. Mais C2 manuscrit com-
plet n'a pas jusqu'à présent été retrouvé. Nos deux manu-
scrits proviennent d'un même original, auquel il manquait
un ou sans doute plusieurs cahiers, racontant la fin du
voyage à Jérusalem et toute la guerre contre Agolant.
Un troisième manuscrit de l'œuvre de Girard d'Amiens
a été récemment signalé par l'éditeur d'Escanor : il se trouve,
sous le n" 676, à Leide, dans la bibliothèque de la Société de
littérature néerlandaise, qui, sur notre demande, a bien voulu
l'envoyerà la Bibliothèque nationale, où nous avons pu l'étu-
dier. Ce manuscrit ne permet pas non plus de combler la
lacune des deux autres : il ne contient, et encore incomplète-
ment, que le troisième livre du Charlemagne, et il est copié,
sinon sur le manuscrit 778 , au moins sur le même original
que ce manuscrit et le manuscrit 6284 des Nouvelles acqui-
sitions : il présente, en effet, au même endroit du livre III
une coupure, marquée dans tous trois par une grande ini-
tiale peinte et dorée'. Mais l'histoire de ce manuscrit mérite
que nous en disions quelques mots, d'autant plus qu'elle
présente un épisode qui intéresse l'histoire littéraire. Le
manuscrit de Leide appartenait, au xv' siècle, à un grand
seigneur de la cour de Bourgogne, comme l'atteste cette
note du dernier feuillet : « Chiz romans est monsingneur
«Jehan de Flandrez, singneur de Crievecœur, que Dieuz
« garde. » A la fin du xvii' siècle, il passa dans la riche col-
lection de l'intendant Nicolas Foucault, et il fut l'un des
manuscrits de cette collection dont parla Galland dans son
' Ms. 778, fol. i43; ins. N. acq. 6a34. fol. i3a (l'initiale a été coupée); ms. &7G
de Leide, fol. 47.
Deli9le(L.), Le
Cabinet des niaii.,
t. I,p. .•57.^.
MV'flÉCLI.
198 GIRARD D AMIENS.
M Discours sur quelques anciens poètes et sur quelques
M romans gaulois peu connus», inséré au tome II des Mé-
moires de l'Académie des inscriptions. Mais il l'a examiné
fort légèrement, comme tous ceux dont il a parlé, et il a
commis une erreur qu'un peu d'attenlicm lui aurait fait
éviter. Le manuscrit de Leide, nous l'avons dit, n'est pas
complet : il s'arrête un peu moins de 600 vers avant la lin,
omettant toute la dernière partie, qui raconte la mort de
Charlemagne d'après Turpin. Comme celte lin du manu-
scrit de Leide suit de près le récit complet de l'expédition
de Roncevaux, le copiste a mis au-dessous du dernier vers,
après un blanc (fol. 107 r°) : « (]i fine la bataille de Rences-
« vaus ou Rollans et Olivier et leurs compaignons morurent,
« et Guenelon les vendi au roi Marsile et en lu pendus et de-
« trais acbevaus. » Cependant, après le récit de Roncevaux,
ce copiste avait encore écrit 80 vers qui se rapportent à autre
chose : Girard y fait une mention rapide de la révolte des
Saxons contre Charlemagne sous Guitequin le jeune, lils du
premier Guitequin, et déclare ne pas vouloir écrire l'his-
toire de cette guerre, parce qu'il ne pourrait qu'abréger et
«enlaidir» (il se rend justice) celle qu'en a composée Jean
Bodel, «a la langue polie' ». Ces vers, qui sont donc les
derniers du manuscrit que Galland avait sous les yeux,
mal compris par lui à cause de ['expluit, lui ont inspiré
ces remarques : « Fauchet attribue seulement à Jean Bodel
« d'Arras une petite œuvre, en forme d'adieu. Mais M. Fou-
« cault a un roman de la bataille de Roncevaux en vers
« alexandrins d'un auteur inconnu^, qui marque que Jean
"Bodiaux, c'est le mesme que Jean Bodel, a traité aussi
«la mesme bataille en roman.» Et après avoir imprimé,
avec des fautes sans nombre"*, les vers relatifs à Jean Bo-
siij. lin
' Ce passogc intéressant a été im- p/ici( et de i'rx /(&m. Le second des vers
prioié d'après le ms. 778 dans l'Histoire cités par Galland se termine par le mot
fioétique de Cliarleinagne , p. -i^o. incomplet ast...; en effel le copiste
' S'il avait iu le manuscrit , il aurait du manuscrit de Leide n'a écrit que les
trouvé le nom de l'auteur au fui. 46 v". trois premières lettres du mot ««siei'ie ou
' On n'en trouve guère moins dans astevie t|ue donnent les deux autres ma-
la reproduction, donnée ensuite, dcl'ex- nuscrits.
ll<-
GIRARD DAMIENS. 199 . .
\IV SIECLE.
del, Galland conclut : « Voilà en mesme temps une éloge
« (le Jean Bodiaux et un témoignage qui asseûre qu'il
« avoit traité auparavant le mesme sujet. » 11 est bon de
signaler celte double erreur, qui pourrait encore tromper
quelque lecteur du mémoire de Galland et faire croire
que nous av(ms perdu deux poèmes consacrés à l'hé-
roïque épisode célébré dans la Chanson de Roland. On sait ix-isicii, .).!,(
que les collections de Foucault furent dispersées, sans ['"['""'V-q '"'"
doute de son vivant, vers 1719, et que plusieurs de ses
manuscrits ont passé à l'étranger, notamment en Hollande.
Celui qui nous occupe a été légué à la Société qui le pos-
sède par un Hollandais, qui le tenait d'un Hollandais :
une note inscrite à la lin prouve qu'il était à La Haie
en 1761 .
Le Charlemagne de Girard d'Amiens a été analysé deux l'aisii;. ,His-
fois très complètement, avec plus ou moins de détail, dans ("haHe*!!!"') 4-I
deux ouvrages publiés en i865. 11 nous parait donc inutile — <iauiifi (l.)
eretaire ici une analyse qui ne pourrait se composer que va'»»»^!. 1
de redites. D'ailleurs, l'intérêt de cette immense composi-
tion n'est pas en elle-même; il est tout entier dans la com-
paraison à laquelle elle peut donner lieu avec les sources que
l'auteur a utilisées, et cette comparaison nous entraînerait
beaucoup ])lus loin que ne le comporte le plan de IHistoire
littéraire de la France. Bornons-nous à rappeler quelques
points essentiels.
Le premier livre est composé avec la chanson de Mai-
net : c'est le nom qu'aurait pris, d'après les romans, le
jeune Charles pour se dérob(îr en Espagne à la haine de
ses frères bâtards; de cette chanson, qui existait dès la
première moitié du xii' siècle, nous ne pos^t'dons que
quelques Iragments d'une rédaction remaniée (sans parler
de diverses imitations en langues étrangères;. Cette cir-
constance donne une certaine importance à l'insipide et
interminable récit dans lequel Girard a délayé la matière
de l'ancien poème, qu'il connaissait sans doute dans la ver-
sion même dont quelques fragments nous sont parvenus.
On lit dans un de ces fragments, par un de ces appels
xiv' SI^I.C.
Romaiiia, t. IV,
p. 3i'i.
200
GIRARD D'AMIENS.
Uomaiiii. l.\l\ ,
historiques , si fré-
plus ou moins sincères aux sources
quents chez nos vieux rapsodes :
FI est pscrit es livres de l'ancieno geste
Et el grciiit apolice a Ais a le Capele . . .
Girard a fait son profil de cette allégation et d'autres
semblables, etaprétendu puiser dans lesu chroniquesd'Aix »
la matière de son fabuleux premier livre. 11 dit en le ter-
minant que, pour connaître la vie de Charlemagiie, il faut
lire lesChroniquesdeSainl-Denys, mais qu'il a pris ailleurs,
à Aix, l'histoire de son enfance :
Mes l'enfance Clialloti fuen autre lieu quise,
A \is tout droilemenl dedanz la mesire eglyse.
Pendant environ 7000 vers, dans le second livre, Girard
se borne en effet à peu près à rimer fastidieusement les récils
des Chroniques de Saint-Denys, en y ajoutant des orne-
ments de son goût, et en faisant çà et là quelque brève allu-
sion aux chansons de geste. Enlin il introduit un épisode
qu'il leur emprunte tout entier et qui n'est pas sans inté-
rêt, car la source en est perdue. Il s'agit des prouesses de
Roland enfant, qui, couvert de vêtements grossiers, pénètre
au milieu d'une fête que donne fempereur son oncle, et le
brave sans être connu de lui. D'après Girard, qui tâche
toujours d'accommoder les contes qu'il délaye aux vraisem-
blances et aux convenances, ce n'est là qu'une espièglerie :
Roland s'est déguisé pour la circonstance, et si Charles ne
connaissait pas encore le fds de sa sœur, c'est que l'enfant,
longtemps malade, n'avait pu être envoyé à la cour de son
oncle. Mais la gaucherie et l'incohérence du récit trahissent
ici l'arrangeur, et tout s'explique si l'on admet que dans la
chanson française perdue, comme dans un poème franco-ita-
lien récemment publié et dans un poème italien bien connu ,
Roland, né des amours furtives de la sœur de Charlemagne
avec Milon d'Anglant, avait grandi dans l'exil et la rusticité,
et arrivait, par sa hardiesse brutale et déjà héroïque, à
réconcilier son oncle avec les amants qu'il avait jadis chassés.
\l\ SIKCI.K.
GIRARD D AMIENS. 201
Cette chanson, si elle a existé, n'a laissé d'ailleurs dans notn*
ancienne liltéralure aucune trace qu'on ait jusqu'à préseni
relevée, mais on en a peut-être une imitation dans ce que Koinaïu. i
I 1 1 • 1 > I . , ', |>. .>0i.
les canlaresae fjesla espagnols racontaient, des le xin'siecJe,
sur l'enfance de Bernard de! Carpio, émule de Roland, dont
on fit plus tard son vainqueur, et qu'on donnait, comnu'
lui, pour neveu à Charlemagne, avant de le faire naître, pai-
une tendance de plus en plus nationale, de la sœur du roi
espagnol Alphonse le Chaste.
Une fois entré dans le domaine des chansons de geste,
(îirard n'en sort plus pendant environ trois mille vers; il es-
saye assez maladroiteuuMit de comhiner les récits contradic-
toires qu'elles lui présentaient sur les « enfances » de Naimon
de Bavière, et se tire d'affaire en traitant de « hourde » tout
ce qui contredit la chronologie qu'il s'efforce d'introduire
dans une matière (jui n'en est pas susceptible. Là comme
pour Mainet il préfend s'appuyer sur «l'histoire d'Aix»,
qui devient pour lui synonyme de récits épiques, en oppo-
sition aux récits historiques de Saint-Denys. Il analyse ainsi
brièvement la guerre contre le premier Guitequin et l'expé-
dition de Rome qui fait le sujet des « Enfances Ogier ». Vient
ensuite, d'après la légende latine, le voyage de Charlemagne
en Orient. Le livre 11 se terminait, comme nous l'avons vu,
par un résumé de la chanson d'Aspremont qui ne nous a
pas été conservé.
Le livre III, sauf la courte allusion, relevée plus haut, à
la chanson des Saxons de Jean Bodel, n'est qu'une version
rimée de la chronique de Turpin. En terminant, Girard
s'en réfère encore aux chroniques d'Aix; mais ici il faut sans
doute entendre la Vie de Charlemagne rédigée à Aix en 1 1 65 ,
dans laquelle ont été intercalées la légende du voyage en
Orient et la fabuleuse relation de Turpin. Voici les derniers
vers, où l'auteur se nomme et nomme son patron (il l'a déjà
fait plus haut), et donne un échantillon, qui suffira cer-
tainement, de son style épique :
Et moi Gyrart d'Amiens , qui toute l'ordenance
Ai es croniques pris qui en font ramembrance,
TOME \s.xi. 76
iiv* nàci.c.
202 GIRARD D'AMIENS
Par le commandement le frère au roy de France ,
Le conte de Valois, ai pris ciier et plesance
De recorder les fez Challoii, que coniioissance
Donnent as nobles ciiers qui en Dieu ont fiance
Dp .venir a lionor et d'avoir avisance
Comment on conquiert Dieu par noble pourveance : "*
C'est d'avoir cuer en lui et .si jurant abondance
De foy en Jesu Crist qu'il ni truist défaillance
En nul qui face ja de lui amer st-niblanco.
Par quoi je pri cilui que Longis de la lance
Feri sus en la croiz par sa niesconnoissanco,
Et qui mort volt soulrir pour nostre délivrance,
Qu'autressi vraiemenl que sa digne puissance
Cueurt en terre et en ciel et sa grant benignance,
Veulle garder touz ceus qui en lui ont créance
Des mains as anemis et de leur acointance,
Si que fere ne puist a nului destourbance
De ceuls qui ont en lui créance et espérance.
Le Charlemagne de Girard, tel que nous l'avons, com-
prend environ 28000 vers de ia même force que ceux
qu'on vient de lire; il peut en manquer, à la fin du second
livre, environ 2000. Nous avons peine à comprendre le goût
qui a fait préférer par Charles de Valois la lecture de cette
fastidieuse compilation à celle des chansons de geste plus
anciennes ou des chroniques en prose qu'il avait à sa dis-
position; au reste, nous ne savons s'il fut content de l'oeuvre
qu'il avait commandée. Ce qui est certain , c'est que Girard
d'Amiens y avait mis tous ses soins, et qu'il ne faut pas attri-
buer à sa négligence l'incomparable faiblesse de l'exécution.
C'est ce que prouve la peine qu'il s'est donnée pour en mettre
la forme extérieure à la dernière mode de son temps. Son
Charlemagne, il le dit expressément au début, est une suite
de la Berte d'Adenet le I\oi, et l'on peut croire que c'est pré-
cisément une continuation de cet agréable poème que le
comte de Valois avait demandée à Girard. Or Adenet, dans
Berte d'abord, puis dans Bovon de Comarcis, avait inventé
(il semble bien du moins que ce soit lui) un raffinement
assez puéril de la forme épique. Ce raffinement consiste
exactement en ceci : quand à une désineoce masculine ré-
GIRARD D'AMIENS. 203
pond une désinence féminine qui n'en diffère que par l'ad-
dition de Ve féminin, une laisse monorime terminée par la
première de ces désinences appelle nécessairement après
elle une laisse terminée par la seconde : ainsi après j vient
ie, après er ère, après is ise, après ai aie, après eut ente, après
œr iere, après ir ire, etc. Toutefois ce n'est pas, comme on l'a
pensé, l'extension d'un principe d'après lequel les laisses
masculines et féminines devraient en général alterner : ce
f)rincipe, ainsi que celui du nombre égal de vers dans chaque
aisse, avait été introduit par Adam de la Halle dans son
poème, resté incomplet, sur Charles d'Anjou; mais Adenet,
en dehors de la règle ci-dessus formulée, ne s'y astreint pas.
Quand une rime masculine n'a pas de rime féminine cor-
respondante, quand elle est par exemple en a, en ons, en
i«, etc., il fait suivre la laisse où elle figure, non d'une laisse
féminine quelconque, mais d'une autre rime masculine;
généralement il groupe par deux, trois ou quatre ces laisses
isolées'; il fait de même, mais beaucoup plus rarement,
pour les rimes féminines auxquelles il ne trouverait pas de
correspondants masculins assez nombreux pour fournir à
des laisses entières, comme âge et aine^. Une conséquence
bizarre du système d'Adenet, c'est qu'il n'admet comme
rimes féminines que celles qui se terminent en e nu; les
terminaisons es et ent ne figurent jamais au bout de ses vers.
Girard d'Amiens a voulu suivre l'exemple de celui dont
il se faisait le continuateur, après en avoir été, sans doute
inconsciemment, le concurrent dans Méliacin ; mais d'une
part il a élargi les règles posées par Adenet, d'autre part il
s'est bientôt lassé de s'y soumettre. Dès le début, il renonce
à exiger pour la rime féminine qui suit une masculine
qu'elle n'en diffère que par l'addition de Ye final : il se con-
tente de l'identité ou même de l'analogie de la voyelle, ce
' Telles sont dans Berte les laisses a i • suivie d'une autre de même ordre :8a,
a5, 66-67, 106-107, iao-ia3,i3i-i3a ; 109.
dans Dovon les laissFS aS-ag, 4ad5, 5a , ' Ce» deux rime» »c suivent une fois
53,68-71 ,85-8q, io4-io6, lai , ia4; dans chacun de» deux poème* : Berte,
dans Bovon seulement on trouve deux 68-69; Bovon , iiq-iao; ici âge pI
fois une laisse masculine dépareillée non aire sont en outre précédés de unie.
a6.
\IV' SlèU-K.
v.,.Mi..c..K. 204 (ÎIRARD DXmENS.
qui lui permet de donner des correspondances à plus d'une
laisse masculine qu'Adenel aurait laissée isolée ; ainsi il fait
suivre us de usse, a de âge, ans de ance ou de afje, et même
int de endre. Bientôt il va plus loin, et, quand la recherche
d'une rime féminine répondant à la masculine lui donne-
rait trop de peine, il se borne à faire alterner, comme Adam
de la Halle, les rimes masculines et féminines [âge ou aire,
])ar exemple, succède à icz ou à ez). En outre, il ne s'interdit
pas les rimes en es. Tel est le système suivi dans le premier
livre. Dans le second, notre rimeur s'affranchit de toutes ces
•Mitraves,etlait en général se succédera l'aventure ses longues
laisses masculines ou plus rarement féminines ; çà et là ce-
pendant, quand la chose est facile, il se donne le plaisir de
laire de nouveau succéder une laisse en ise ou en iere à une
laisse en is ou en ier. Dans le troisième, il revient à peu près
à l'observance du premier : peut-être son patron lui avait-il
reproché sa négligence. Ces détails, que nous abordons aussi
sommairement que possible, ne sont pas sans offrir quelque
intérêt pour l'histoire de la versification.
On a déjà remarqué avec raison que le Girard d'Amiens
qui échange ses idées sur l'amour avec Thibaud de Cham-
riajiMud ,i;.i, pagne dans un jeu parti que nous a conservé un seul ma-
v.'iuiTcr's, n'.'.qo" ""scrit uc peut être notre auteur, qui aurait été beaucoup
trop jeune, si même il était né, à l'époque où chantait le roi
de Navarre. Nous avons là un des cas, si fréquents au moyen
âge, d'identité de nom et d'origine où il faut se garder de
voir trop facilement la preuve d'une identité de personne.
A plus forte raison le nom tout seul n'y suffit-il pas, et l'on
n'est pas autorisé à attribuer à Girard d'Amiens un petit
ornania, t. vil, poème assez curieux, dont l'auteur se nomme simplement
'** Girard, et qui, sous le titre peu exact de «lai d'amours»,
nous fait assister aux péripéties, encore non achevées an
moment où l'auteur pose la plume, de l'intrigue amoureuse
d'un « haut homme » de France avec une dame étrangère.
Le style de cette pièce est meilleur que celui de Girard
d'Amiens et paraît plus ancien; le nom de Girard que se
^
Ko
V
ARNAUD NOVFXLI. 205
donne l'auteur nous fournit seulement l'occasion de la men-
tionner et de réparer ainsi l'omission qui en a été laite dans
les volumes de cette histoire consacrés au xm" siècle.
G. P.
\IT* SIÈCLE.
ARNAUD NOYELLI,
CARDINAL.
On n'a jamais douté que ce cardinal fiit Français; mais
on l'a fait naître, par conjecture, en diverses provinces de
France. Les Annales de Cîteaux, Frizon et les frères de
Sainte-Marthe, dans la première édition de la Gaule chré-
lienne, l'avaient dit A(|uitain. D'où l'on pouvait conclure,
observe Baluze, qu'un certain Arnaud Novelli, mentionné
par Pierre de Marca, dans son Histoire de Béarn, comme
professeur à Toulouse en i -^86, et probablement parent du
cardinal, était Aquitain comme lui. Cependant Baluze n'a
pas facilement admis que l'Aquitaine fût la véritable patrie
de l'un et de l'autre, une donation du cardinal, datée de
l'année i^QÔ, l'ayant conduit à supposer qu'il était né dans
le comté de Foix. Dom Valssète est ensuite venu savamment
démontrer, non seulement que le cardinal était, en effet,
né dans ce comté, mais que le professeur et le cardinal ne
devaient pas être distingués l'un de l'autre.
Oncle de Jacques Novelli, qui fut plus tard pape sous
le nom de Benoît Xll, Arnaud Novelli figure pour la pre-
mière fois, dans un acte authentique, le 7 janvier 1286,
comme ayant été, mais n'étant plus officiai de Toulouse.
Bertrand de Ferrières l'avait alors remplacé dans cet em-
ploi. La pièce où cela se lit est un mandement d'Hono-
rius IV à l'abbé de Moissac. Nous voyons ensuite Arnaud
désigné comme témoin, avec le titre de proj'essor legum, la
même année 1286, dans une charte de Gaston, vicomte de
1 6
Mort le I i aoi 1 1
Kaluze, Vila-
pap. Aven., t. I .
|>. 660.
Vaissète, Hist.
(le Laiig., I. IV,
p. 56o.
Registre d'Hono-
rius IV, col. 21/1.
xn'MMOM.
206
ARNAUD NOVELLI.
Beg- Clement.V,
anno iT. p. i3.
Vaissète, Hist.
lie Lang. , I. IV ,
pr. , p. I lo.
IbiJ.
iifii.
Reg. Clement.V,
anno i, p. }3i,
i45, i46.
Friion , Gall.
purp.. p. 3 79 —
Caavet(£.), Etude
butor, iur Fonl-
froida. p. ^70.
Béarn, émancipant sa fille Marguerite. H devait être né de
parents riches ou s'être enrichi. Nous le voyons, en eflFet,
vers ce temps, érigeant de ses deniers, de bonis propriis, dans
l'abbaye cistercienne de Boulbonne, une chapelle en l'hon-
neur de saint Nicolas et de sainte Catherine. C'est ce que
nous apprend une bulle de Clément V, accordant une in-
dulgence d'un an et de quarante jours aux personnes qui
viendront visiter cette chapelle dans un dessein pieux.
Quand Arnaud fit les frais de cette fondation, il avait sans
doute déjà résolu de quitter le siècle et de solliciter son
admission dans l'abbaye de Boulbonne. Peut-être même y
était-il entré déjà comme frère novice. Mais, quelle qu'ait
été la date de sa profession, il nous est, du moins, prouvé
qu'elle précéda fannée 1^97, puisque en cette année, au
mois de septembre, signant comme témoin une déclaration
de l'inquisiteur Bertrand de Clermont, il est ainsi qualifié
dans cet acte, publié par Vaissète : Arnaldns Novelti, cister-
ciensis ordinis, ulriusque juris professor. Il était donc alors
simple moine dans fabbaye de Boulbonne. Mais très peu
de temps après, son mérite reconnu l'avait fait élire abbé
de Fontfroide, au diocèse de Narbonne. Ce titre d'abbé de
Fontfroide lui est donné, le 7 novembre i 297, à la fin d'une
sentence arbitrale de Gui de Levis. C'est aussi sous ce titre
que Boger Bernard, comte de Foix, le désigna, deux ans
après, comme devant être un de ses exécuteurs testa-
mentaires. .4
Arnaud fut en grande faveur auprès du pape Clément V.
Deux lettres de ce pape, du 20 avril i3o6, lui donnent le
droit de promouvoir ses moines à tous les ordres mineurs
et de les absoudre s'ils ont été par hasard excommuniés pour
avoir battu des clercs séculiers. Une troisième fautorise à
nommer un tabeUion. Mais Frizon, Baluze et M. Cauvet
se trompent lorsqu'ils disent que le pape le nomma vice-
chancelier de l'Eglise romaine en cette année i3o6. Voici
la preuve de cette erreur. Clément avait fait, depuis son
avènement, un nombre vraiment incommensurable de libé-
ralités, ne s'informant pas toujours avec assez de précaution
ARNAUD NOVELLI.
207
XIV* SitCLB.
si tous les bénéfices qu'il conférait étaient disponibles, ou s'il
n'en avait pas déjà disposé lui-même, sous la forme d'une
grâce expectative, en cas de future vacance. H était, d'autre
part, souvent arrivé que les pasteurs diocésains, ignorant ou
feignant d'ignorer ces réserves , ces expectatives , s'étaient em-
pressés d'attribuer à leurs propres familiers telles ou telles
prébendes vacantes dans leurs chapitres, mais dont un bref
papal avait déjà fait largesse. De là des débats, des procès
devant des juges différents et conséquemment des sentences
contradictoires. Pour mettre lin à ce désordre. Clément
ordonne, le 18 janvier 1807, que toutes les causes pen-
dantes seront désormais portées d'abord devant un seul juge,
et que telle sera la procédure des appels : en première in-
stance, devant le savant, le circonspect abbé de Fontfroide;
en seconde instance, devant le vice-chancelier de fEglise
romaine, ainsi désigné : Pierre, élu de Palencia. Il est donc
bien clair qu'Arnaud n'était pas vice-chancelier dès l'année
i3o6.
Ce Pierre, élu de Palencia, était encore vice-chancelier,
Arnaud était encore abbé de Fontfroide, quand ils furent
associés par Clément V à d'autres abbés, d'autres prélats
séculiers, pour opérer la réforme, devenue nécessaire, de
l'ordre de Grandmont. La grande bulle de Clément, qui
vint plus tard sanctionner leurs propositions de réforme,
est du io avril i3io. Elle ne nous apprend pas quand la
commission leur fut donnée et quand ils la remplirent.
Le 20 novembre de la même année iSoy, Clément V
charge Arnaud d'aller instruire, dans la ville d'Albi, le
procès de l'évêque Bernard de Castanet, accusé par deux
de ses chanoines et suspendu de ses fonctions épiscopales
par le cardinal Bérenger P^rédol. Il appellera tous les
témoins des faits dénoncés, recueillera leurs dépositions et
les enverra toutes au pape, qui se réserve le jugement de
fafTaire. 11 est encore simplement abbé de Fontfroide. Le
titre de vice-chancelier est, pour la première fois, joint à
son nom, dans le registre de Clément V, le 1 3 janvier i3o8.
Il lui fut plus facile et sans doute plus agréable de rem-
Reg. Clément. V
anno ii, p. 161.
Ibid. , anno t.
p. 81.
Ibitt. , anno m .
p. 2.
Uid.
18.
lliiH
x,v-s.to,r.. 208 ARNAUD NOVKFJJ.
plir cet autre mandat, dat(^ du 3o octobre i3o8. Le pape
Kes ci.mPMi.v, exposait qu'étant venu visiter, lorsqu'il était encore arche-
'' " vêque de Bordeaux, le prieuré de Senac, au diocèse de
Périgueux, ii avait été brutalement empêché de faire sa
visite par une bande de clercs et de laïques armés, et les
avait tous excommuniés. Mais comme ces mutins s'étaient
ensuite, disait le pape, montrés soumis et pénitents, il char-
geait son vice-chancelier de les absoudre.
Arnaud était un des plus occupés parmi les officiers de
la cour romaine. Il l'était à ce point qu'on ne s'étonne pas
ani.ov. de le voir un jour déclarer au pape qu'il ne peut suffire à
tant de besogne, et le prier de confier à quelque autre le
jugement en appel d'un procès pendant entre un curé de
village et ses paroissiens. A la vérité, le point en litige n'était
pas une question de droit; c'était un cas particulier qui de-
mandait une enquête sur place. Le curé réclamait les vête-
ments de tous ses paroissiens après leur décès, s'en disant
fhéritier suivant la coutume de sa paroisse; mais on lui
contestait cela. Voilà le procès. Combien de semblables con-
testations étaient chaque jour portées devant Arnaud!
Jamais on n'a tant plaidé qu'en ce temps-là; jamais, dit-on,
tant de plaideurs n'ont assiégé la cour romaine que sous
le pontificat des papes français. De là ce dicton poétique
«aiiiciiiioi. que cite Catherinot :
\\i<)ni(s lin
Il fr.ii.rois. Le sj^,gg d'Avignon nous apprit la cliicane.
Pour expédier toutes les pièces de ces innombrables
affaires, Arnaud avait eu besoin d'appeler à son aide toute
une légion d'écrivains. On en comptait cent dix environ,
quand, le 27 octobre 1 3 1 o, le pape lui prescrivit d'abord de
n'en plus nommer d'autres et d'aviser ensuite à réduire ce
nombre. La bulle nous apprend que ces écrivains n'avaient
pas un salaire fixe, mais qu'ils étaient rétribués suivant
leur travail quotidien. La surabondance de la besogne ayant
rendu le métier très lucratif, il n'y eut presque pas un clerc
qui ne s'offrît pour l'exercer, et, les admissions faciles de
nouveaux scribes ayant diminué les profits des ancjens,
iîi'::.(^l<>iiient.\ ,
.timo \. II. StS.
ARNAUD NOVELLI. 209 ... . ,
XIT SIECLE.
ceux-ci s'étaient plaints au pape, qui avait jugé leur plainte
bien fondée.
Arnaud, disent les auteurs de la Nouvelle Gaule chré- Gaii. < hr. nova ,
tienne, fut nommé chancelier de l'Eglise romaine le 1 6 mars ' *^° ' ^°^'
i3io. Nous pouvons assurer que cette nomination n'eut pas
lieu. Arnaud était encore vice-chancelier de l'Eglise ro-
maine quand, le 19 décembre de cette année, le pape le fit
cardinal-prêtre de Sainle-Prisque, et il conserva longtemps
encore, étant cardinal, peut-être jusqu'à la fin de sa vie,
<-ette fonction de vice-chancelier. Sa nouvelle dignité ne lui
lit abandonner qu'un seul titre, celui d'abbé de Fontfroide.
Mais le pape l'autorisa, i)ar une faveur spéciale, à choisir "•=8- t^'»;™- ^'•
I • « 1 f . Il ' I .. 1 r «nnoTi.p. 396.
lui-même le tutur abbe de cette maison; ce qui donne lieu
de croire qu'il continua de l'administrer, sinon de sa per-
sonne, du moins par procureur.
On doit penser qu'Arnaud, si bien vu du pape, n'était pas
moins en faveur auprès du roi rhilipi)e le Bel. Celui-ci lui b^J"", Vit*
, 1 . . ' , . . 1 I • 11 • • p«p. Ayen. , t. I ,
concédait, au mois de juin i3i 1, le droit d'acquérir cin- p. 661.
quanfe livres tournois de rente annuelle sur les fiefs, cen-
sives, alleux royaux et de les transférer ensuite à qui bon
lui semblerait. Mais, comme étant un des principaux digni-
taires de l'Eglise, Arnaud ne pouvait disposer cfe rien sans
l'aveu du pape. C'est pourquoi, le 37 août, le pape l'autori- ««g- t**"". v,
•»A I « 1' 4 K- J 1 » annovi, p.3o8.
sait a donner, a léguer tous ses biens, de quelque nature
qu'ils fussent, ecclésiastiques ou civils, à telles ou telles
personnes, à telles ou telles communautés, en lui recom-
mandant de se montrer libéral envers les religieux de
Cîteaux, ses anciens confrères. C'est avec cette double au- Baïuie. loc. cit.
torisation que, le 3 juin de l'année suivante, il donnait à
l'abbaye de Fontfroide quelques possessions situées près de
Narbonne, dont il s'était rendu récemment acquéreur.
Arnaud était à Montreuil-sur-Mer, au mois d'août i3i 2,
intervenant, avec le titre d'envoyé du pape, entre l'évêque
et le chapitre de Beauvais, que personne n'avait pu réussir
à mettre d'accord. Les chanoines, dont quelques maisons
avaient été dévastées, incendiées, durant un tumulte civile
par les gens de l'évêque, lui demandaient quinze cents livres
TOMB XXXI. 27
xit'mAcu.
Loavet, Hist. et
ant. de Beaavai»,
I. U.p. 5ii.
210
ARNAUD NOVELLI.
Reg. Oeni. V,
«nno Tlii, p. 389,
397, 398,399.
Biovius , Anii.
ecd., I. XIV.
roi. 160.
Ciaconius, Vite
et res gestae pont ,
1. 1. coi. 842.
parisis d'indemnité, plus treize livres de cens annuel.
L'évêque refusait tout. Arnaud le fit consentir à donner
six cents livres, non per modam condemnationis , sed pro bono
pacis. Ainsi la dignité de l'évêque demeura sauve. )
Il fut envoyé la même année, dit Baluze, en Angleterre,
avec le titre de légat. Les registres du pape Clément nous
offrent un grand nombre de petites pièces qui sont relatives
à sa mission; mais elles sont toutes datées des mois de jan-
vier, février et mars i3i3. Ces pièces n'ont, d'ailleurs, au-
cun rapport avec l'objet même de la mission; mais elles lui
donnent toutes sortes de facilités pour la remplir. Il s'agis-
sait de faire la paix entre Edouard II et ses barons. Arnaud
eut un incontestable succès dans cette entreprise difficile.
Nous ne savons quand il revint en France. Au mois de juillet
de l'année i3i5 il est dans la ville d'Orange, habitant le
palais de l'évêque. C'est là ce que nous apprend le texte
d'une autre donation à l'abbaye de Fontfroide. Rentré plus
tard dans la ville d'Avignon, il y mourut le i4 août 1817.
Arnaud est ici l'objet d'une notice comme auteur supposé
d'un discours ou mémoire où sont traitées en bon ordre,
avec une sincérité très digne de remarque, toutes les ques-
tions soumises au concile de Vienne. Cette pièce, intitulée
Libellas de rébus in concilio definiendis, a été conjecturale-
ment publiée par Bzovius sous le nom de Guillaume Duranti ,
évêque de Mende, le neveu du Spéculateur. Il l'avait tirée,
disait-il, d'un manuscrit anonyme, le n° 4177 du Vatican;
niais il estimait qu'on pouvait l'attribuer à Guillaume Du-
ranti. Bzovius exprimait cette opinion en l'année 1618;
Chacon l'admettait sans hésitation en l'année i63o; Henri
de Sponde la confirmait en 1689 par un argument nouveau,
ayant, disait-il, rencontré dans un manuscrit du collège de
Poix, sous ce nom de Guillaume Duranti, l'opuscule édité
par Bzovius d'après le manuscrit du Vatican. Elle devati
être contredite en 1710 par l'auteur de la Purpura docta,
George Eggs. Selon cet historien, la pièce dont il va, dit-il,
donner des extraits est un mémoire rédigé, sur l'ordre du
pape, par le cardinal de Sainte- P risque. En a-t-il la preuve?
ARNAUD NOVELLI. 211
inr siRCLE.
Il ne l'a pas. Il reconnaît même, après avoir donné ses ex-
traits, que l'auteur rie ce mémoire pourrait être un autre
évêque : Quisquis dcmnm is patrnm nul episcoporum fuit. Eggs, Pui|..
Rinaldi avait reproduit la pièce presque entière, en ignorant »<^* 'p- '9''
l'auteur et disant l'ignorer. Mais plus tard, en 17491 son
annotateur, Jean-Dominique Mansi, croit en savoir da-
vantage. Il existe, dit-il, un écrit de Guillaume Duranti sur
la même matière, intitulé De modo celebrandi generalis con-
cilii. Or il y a d'évidentes ressemblances entre cet écrit et
l'œuvre anonyme; les textes des Pères cités dans l'un et dans
l'autre sont les mêmes. C'est pourquoi l'annotateur propose
de voir dans l'opuscule de l'évêque de Mende un mémoire
par lui fait avant le concile, et dans l'opuscule anonyme
un discours par lui prononcé dans le concile. Mansi ne
sera-t-il pas à son tour réfuté? Il le .sera très vivement.
Et par qui.^ Par lui-même. Nous sommes maintenant en
l'année 1764 et Jean-Dominique Mansi corrige Fabricius
après avoir annoté Rinaldi. Fabricius ayant donc attribué Fabricius, Biw.
les deux ouvrages à Guillaume Duranti, sur la foi de Bzovius t.ii. p. 69.
et de Sponde, Mansi le redresse en ces termes : «Je ne
« puis me persuader que l'écrit De rébus in concilio Viennensi
« dejiniendis soit du môme auteur que celui dont le titre
« est De modo celebrandi generalis concilii; car, bien que la
«même matière soit traitée dans l'un et dansTautre, ils
« ne se ressemblent pourtant en rien ... En ce qui regarde
«le relâchement de la discipline, sur toute chose l'un al-
« lègue des exemples différents de ceux qu'on trouve dans
« l'autre. Et je crois que les mêmes exemples auraient tou-
« jours été présents à l'esprit d'un seul et même auteur, s'il
«n'y en avait qu'un. Pourquoi, d'ailleurs, Durand aurait-
« il entrepris de faire un second écrit sur des questions
«par lui déjà discutées?. . . » Quant au manuscrit ducol-
lège de Foix, il contient, à n'en pas douter, ajoute Mansi,
le traité vraiment composé par l'évêque de Mende, que
Sponde, l'ayant mal vu, n'aura pas distingué de l'écrit
publié par Bzovius. Nous avons donc le niéme cntïoue
soutenant deux opinions contraires à cinq ans d'ifntervaile.
27.
„v's.*c« 212 ARNAUD NOVELLI.
Evidemment ce critique, d'ailleurs très recommandable,
avait la mémoire courte. Quoi qu'il en soit, c'est la dernière
de ces deux opinions qui nous semble la mieux motivée. Si
pourtant nous ne croyons pas volontiers que Guillaume
Duranti soit l'auteur du mémoire ou discours De rebas in
concilio definiendis , nous avouons n'avoir aucun droit de le
revendiquer pour Arnaud. Fleury l'analyse, d'après les ex-
traits de liinaldi, comme étant d'un évêque inconnu. Les
chapitres que Bzovius a seul publiés ne le lui auraient pas
fait mieux connaître.
Il est du moins très probable que l'auteur de ce véhé-
ment réquisitoire était un prélat français. Quand il dénonce
les mœurs profanes des laïques, qui, le dimanche, passent
leur temps sur les places ou dans les tavernes, dédaigneux
d'assister aux saints offices, c'est en France qu'il a, dit-il,
eu le spectacle de ces dérèglements. Quand il représente les
archidiacres, les archiprêtres , les doyens ruraux faisant
exercer par de viles personnes les offices dont ils perçoi-
vent les revenus, il parle d'archidiacres, d'archiprêtres, de
doyens français. Ce mémoire ou discours, à bon droit jugé
si digne d'intérêt, appartient donc à notre histoire littéraire,
et, quel qu'en soit l'auteur, nous avions à le mentionner.
L'évêque traite d'abord la question des templiers. Les
mœurs des templiers et le cynisme de leur irréligion les
ont, depuis longtemps, rendus odieux au monde chrétien.
Il faut sans délai supprimer cet ordre infâme : ordinem dijfa-
matissimum, qui, ut itaJicam, odorem nominis christiani , quan-
tum in se fuit, apud incrédules el infidèles fœtere jam fecit . . .
Sur ce point il n'y a plus à délibérer; il faut agir. Mais il ne
suffira pas d'extirper cette lèpre; la réformation de l'Église,
reconnue partout nécessaire, réclame beaucoup d'autres
mesures. Ici l'auteur s'élève avec force contre les élections
des chapitres , contre la distribution quotidienne des béné-
fices par la cour de Rome, contre les dispenses de toute
sorte, les cumuls, les exemptions, et finalement contre la
vie déréglée des clercs.
Il ne nous est permis d'attribuer sûrement au cardinal
LIVRES D IMAGES. 213
Arnaud Novell! que six pièces sans importance littéraire.
Deux (le ces pièces ont été publiées. L'une est une lettre
à Gautier, évêcpie d'Exeter, dont l'objet est d'inviter cet
évêque à traiter favorablement une abbaye cistercienne de
son diocèse. Elle est datée du xv des calendes de décembre,
mais sans indication d'année. François Du Chesne l'a donnée
dans son Histoire des cardinaux français, t. Il, p. 269.
L'autre est la sentence qu'Arnaud a rendue, comme légat
et comme arbitre, entre l'évêque et les clianoines de Beau-
vais. On la peut lire dans l'Histoire de Beauvais de Louvet,
t, II, p. 52 1. Les quatre pièces inédites sont quatre dona-
tions à l'abbaye de Fontiroide, des ilx septembre i3io,
a juin i3i2, 17 et 18 juillet i3i5. Le texte de ces dona-
tions est à la Bibliotlièque nationale, au tome LIX de la
collection Doat, fol. 867, 871, 876, 879. B. H.
LIVRES D'IMAGES
DESTINÉS
À L'INSTRUCTION RELIGIEUSE ET AUX EXERCICES DE PIETÉ DES LAÏQUES.
XIV SIECLE.
Les livres à peintures du xiii* et du commencement du
XIV* siècle forment un groupe considérable qui devra être
un jour l'objet d'un examen approfondi, ne fût-ce que pour
apprécier comparativement l'origine, le caractère et la va-
leur de ces œuvres d'art, d'un style jusqu'alors inconnu,
que la France produisit en si grand nombre sous le règne
et l'influence des rois et des princes de la branche des Va-
lois, et dont l'apparition fut, à vrai dire, l'aurore de la Re-
naissance.
Ce n'est pas l'ensemble de ces ouvrages que nous nous
f)roposons d'étudier, et nous laisserons à peu près de côté
es questions se rattachant à l'histoire des arts. Nous voulons
simplement faire connaître des livres dont les peintures
forment une partie essentielle et qui ont servi à l'instruction
\t\ SIKl'LE.
214 LIVRES D IMAGES.
religieuse, à l'édification et aux exercices de dévotion de la
société laïque du moyen âge.
Il ne s'agira à peu près que de livres d'images qui ont eu
plus ou moins de vogue au xiii' siècle et au commencement
du XIV", et qui rentrent tous dans la catégorie des peintures
jourii. des .sav.. sï justement définies par Albert le Grand : Picturœ quœ sunt
•^«''•P-7o3. lihri laicorwn.
La même expression picturœ tanquani libri laicorum se re-
trouve dans un opuscule composé, selon toute apparence,
au xiii° siècle, pour servir d'instruction aux peintres chargés
de décorer les murs des églises. Le programme tracé dans
cet opuscule est exactement celui qu'ont suivi les auteurs
de plusieurs des livres dont nous allons nous occuper. A ce
titre il mérite d'être connu :
Dclisle, Mël. de Désolé, dit lauteur, de voir faire dans le sanctuaire de Dieu des pein-
l>a . p. no6,da- ju^es ineptcs, qui sont des monstruosités plutôt gue des ornements,
près le ms. I ioSq ., . , ^ ^ i- • i i />i,i .
de (.lioltenliam. j «n voulu montrer comment 1 esprit et les yeux des lidèles pourraient
être utilement fixés sur des objets plus convenables. Notre époque aime
trop les peintures pour qu'on puisse les bannir des églises cathédrales ou
paroissiales, et personne ne saurait trouver mauvais qu'on les fit servir
de livres pour les laïques; les simples gens y puiseraient la notion des
mystères divins, et les lettrés le goût des saintes Ecritures. Au lieu de
voir près des saints autels des aigles à deux têtes , des lions à quatre corps ,
des centaures richement harnachés , des monstres acéphales , des chi-
mères , des scènes de la vie de Renard et des concerts de singes , ne vaut-
il pas mieux contempler les gestes des Patriarches , les cérémonies de la
Loi, les exploits des Juges et des Rois, les combats des Prophètes, les
triomphes des Macchabées , et les miracles du Sauveur ? Le champ de
l'Ancien et du Nouveau Testament est-il si resserré qu'il soit nécessaire
d'inventer de honteuses bouffonneries? L'imagination désordonnée des
peintres a peu à peu introduit ces ornements capricieux que l'auto-
rité ecclésiastique n'aurait pas dû accepter, car elle semble accepter ce
qu'elle supporte par un excès de tolérance. C'est pour mettre un frein
à la licence des peintres et pour les guider dans la décoration des églises où
la peinture est admise , qu'on a composé une série de distiques indiquant
brièvement le sujet des scènes de l'Ancien Testament et la concordance
allégorique de ces sujets avec différents détails du Nouveau Testament.
De telles inscriptions ne seront pas nécessaires pour les scènes évangé-
liques, qui sont familières à tous les fidèles; sur les tableaux de ce dernier
genre il suiBra d'inscrire les noms des personnages. ^ lij.ui.
I.rVRES DIMAGES, 215
\IV NeCLK;
Ces prescriptions ont été soigneusement observées dans
plusieurs des compilations bibliques par l'examen desquelles
nous devons commencer cette étude.
L'usage d'orner de peintures certains exemplaires de la
Bible a été pratiqué dans tous les temps; il est attesté par
beaucoup de témoignages contemporains, et nos biblio-
thèques renferment de nombreux volumes qui prouvent
avec quel luxe on fit servir la peinture à la décoration des
copies de l'Écriture sainte. S'il fallait en donner des exem-
ples pour la période antérieure au xi* siècle, il suffirait de
rappeler la bible dont a fait partie le célèbre Pentateuque
de Saint-Gatien de Tours (Bibl. nat., nouv. acq. lat. 2 33/j);
la bible que le comte Vivien offrit à Charles le Chauve
(Bibl. nat., lat. i) et qui est bien connue, grâce aux repro-
ductions de M. le comte de Bastard; les deux imitations
de cette dernière bible, conservées l'une au Musée britan-
nique (ms. add. io546), l'autre à Bamberg; la bible de
Saint-Paul-hors-les-Murs, et la bible, aujourd'hui coupée
en quatre volumes (Bibl. nat., lat. 6), que le maréchal de
Noailles avait tirée du nord de l'Espagne, A partir du
XI' siècle, les exemples sont trop nombreux pour qu'il y ait
lieu d'en citer un seul.
Mais il ne doit s'agir ici ni des bibles latines, qui ne sor-
taient guère des mains du clergé, ni même des bibles fran-
çaises, dont l'usage fut toujours assez restreint pendant la
durée du moyen âge. Nous n'avons à nous occuper que
d'abrégés ou d'arrangements dont les peintures servaient à
graver dans la mémoire les principaux faits de l'histoire
sainte, les points essentiels du dogme, les règles de la mo-
rale chrétienne et les exemples des saints personnages de
l'ancienne et de la nouvelle loi.
Un des plus anciens recueils entrepris pour représenter Rbcueh
en images l'Ancien et le Nouveau Testament et fhistoire
des premiers siècles du christianisme est un livre achevé
en 1 197, que Sanche le Fort, roi de Navarre, lit composer
par un certain Ferrandus Pétri de Fanes, comme on l'apprend
FAIT POUR SaNCHK
HOI DE NaVAHRK
216 LIVRES D'IMAGES.
Tlï 5IKCLE.
par la souscription de l'exemplaire conservé à la biblio-
thèque d'Amiens (ms. n" 108) :
Explicit hic liber (Doo gratias), qiicm [iljliistris.simiis Sancius, rex Na-
varrae, filins Sancii nohiiissiini régis Navarrorum, fi-cit fieri a Ferrando
Pétri de Futios; et F'errandiis Pétri composiiit hiinc librum ad honorem
domini régis et ad preces ipsiiis, prout melius potuit, pr.xcipue ut om-
nipotentis l)ei ainurcin acquirat et cjiisdeni régis Suncii pussit gratiani
invenire. Fuit aiitem coiisiimntus hune librum [sic] cra mcc wxv, anno
ab incarnations Dumini mclwxxvh.
Le recueil de Ferrand Pierre de Prunes ne se compose à
peu près que de petits tableaux, grossièrement exécutés, au
Mcm. (le la Sof. HOinbre d'en virou ■jooo, suivant le docteur Rigollot, qui en a
aie'. Tm'p' 36^0- ^^'^ connaître plusieurs dans son Essai sur les arts du des-
:i(i3, |)i. i3 01 1.">. sin. Chaque tableau es! accompagné d'une courte légende
dont le texte est tiré de l'Écriture sainte. Dans le manuscrit
d'Amiens, dont les premiers feuillets ont disparu depuis
longtemps, la série commence à la fin de la vie de Noé; elle
embrasse tout l'Ancien Testament, qui forme une première
partie bien distincte de la seconde. La transition est nette-
ment indiquée par cette phrase : Hue us(iiie Iractavimus de Ve-
teri Testamentn. Nunc dicamus de miraculis Domini nostri Jhesu
Christi, et de miraculis sanctorum patrum Novi Testamenti, et de
vita et passioinbus eoruindem (fol. 166 v°). La seconde partie
comprend la vie de Jésus-Christ, celle de la sainte Vierge et
un catalogue illustré des apôtres, des martyrs, des confes-
seurs et des vierges. La vie de Notre-Dame se termine par
une mention du tombeau que la tradition lui attribuait et
que les pèlerins allaient visiter dans la vallée de Josaphat :
Monstralur autem sepulcrum beatœ Mariœ cementibus nobis us-
(jue ad prœsens in valle Josaphat, média, quia vallis inter mon-
tcm Syon et montem Oliveti posita est (fol. 201 v°). La liste
des martyrs trahit l'origine espagnole du livre; nous y de-
vons relever les noms suivants : Zoilus Cordubensis , Cucujas
Barchinonensis, Fructuosus episcopi Terrachonœ (fol. 216 v°).
Ferrand Pierre de Funes a consacré les dernières pages de
son recueil à l'Antéchrist et à la fin du monde.
Nous avons dit que les légendes des tableaux de l'Ancien
i
UVRES D'IM-^GES. 217
xiï siF.r.i.i
Testament se réduisent à quelques mots copiés dans la Bible.
H y a cependant çà et là de courtes explications allégoriques,
analogues à celles que nous signalerons bientôt comme te-
nant une si grande place dans les Bibles moralisées. Ainsi,
à propos des deux ours de l'épisode d'Elisée (IV Reg., ii,
•j4), il est dit que ces deux bêtes féroces sont la figure de
Vespasien et de Titus : Figura csl adveniens (juod fuit Vespa-
sianus et Titus (fol. 132 v"). Nous trouvons le même rap-
prochement dans la Bible moralisée (ms.fr. 167 de la Bi-
bliothèque nationale, fol. 88) : Ursi dévorantes parvulos Heliseo
illudentes significanl Tilumet Vespasianum , (jui Judeos ,derisores
Donnai Salvatons, post ejus passionem destruxeruiU.
Un autre résumé de l'histoire sainte et de l'histoire ecclé- Kïcuïh. fait
siastique se présente aussi sous la lorme d images dans le p^,^ l"abb\ïk
ms. 69 de la Bibliothèque royale de La Haie. 11 paraît dater "e Smmt Bkrtiv
de la première moitié du xiii* siècle, et doit avoir été fait
dans le nord de la France, peut-être à l'abbaye de Saint-
Bertin. On y remarque, en effet, des peintures consacrées à
saint Omer, à saint Josse, à saint Winnoc et à saint Bertin,
aux pieds duquel est représenté un moine à genoux et les
mains jointes. La collection se compose d'environ 170 ta-
bleaux, relatifs les uns à diverses scènes de l'Ancien et du
Nouveau Testament, les autres à la vie des saints ou des
saintes les plus célèbres. A la plupart des tableaux corres- Uiiisie.iviéi. .1
pondent des inscriptions explicatives en vers léonins. Nous ''''■' '' '"'
prendrons pour exemples celles qui se rapportent à l'his-
toire de Joseph :
Hic narrât patri Joseph , hic sua sompnia matri.
Joseph iegatur ut fratribus esca feratur.
Escam partitur qua fratrum turba potitur.
Fratres accitis vendunt Joseph Hismaelitis.
Ecce necis testis deplangitur a pâtre vestis.
Deceptus lacrimis Putiphar Joseph abdit in imis.
Somnia monstrantur que tempora cara minantur.
Spem Putiphar vite capto reddit Jacobite.
Hic cyphus extrahitur, fraus fratribus hic aperitur.
Hic patris more blanditur Benjamin ore.
TOME XXXI. a8
I«»fl1llllll ll4tt*l4U.
mohài.iske
218 LIVRES D'IMAGES.
XI T SIECLE.
On avait laissé en blanc le revers des feuillets qui avaient
reçu des peintures; mais, de bonne heure, on a utilisé la
plupart des pages blanches pour y copier diverses prières
en latin ou en français.
Bible La Compilation qui mérite d'occuper la place d'honneur
dans le groupe d'ouvrages que nous passons en revue est un
abrégé de l'Ancien et du Nouveau Testament qui servit de
cadre à une suite de plusieurs milliers de petits tableaux,
en même temps que de thème à des développements allégo-
riques et à des enseignements moraux. On l'a désignée par-
fois sous le titre de Emblèmes hibli(fncs, parfois sous celui
de Bible historiée, de Bible (tllègorisée ou de Bible mnralisée.
Cette dernière dénomination nous a paru devoir être re-
tenue; elle convient parfaitement à un ouvrage dans lequel
l'auteur s'est avant tout proposé de faire servir l'histoire
sainte, à un enseignement moral. Nous allons l'étudier
d'après le ms. français 167 de la Bibliothèque nationale,
qui nous l'a transmis en entier sous la double forme du texte
latin original et d'une ancienne traduction française. Les
livres .s'y succèdent dans l'ordre suivant :
■ !
]ja Genèse, fol. 1. — L'Exode, 18. — LeLévitique, 28 v°. — Les
Nombres, 33. — Le Deutéronome , /ja. — Josué, 46 v*. — Les Juges,
5a. — Ruth, 6a. — Les Rois, 63 v°. — Tobie, 9 4. — Judith, 98 v°.
— Estlier, 100 v°. — Job, 10a v°. — Le Psautier, 1 1 4. — Les Para-
boles, i32 v°. — l^'Ecclésiaste , itii v°. — Le Cantique des cantiques,
i45 v°. — La Sagesse, 1.^9 v°. — L'Ecclésiastique, 160 v*. — Isaïe,
161 v°. — Jérémie, i-j-j \°. — Ezéchiel, ao4- — Daniel, 2i4 v°. —
Les petits Prophètes, 2 1 9 v°. — Les Machabées, a 24 v". — Les Évan-
giles, 24 I . — Les Actes des Apôtres, 273. — Les Epitres de saint Paul,
291. — L'Apocalypse, 3o2.
Le fond de la Bible moralisée ne se compose guère que
de versets littéralement empruntés à l'Ancien et au Nouveau
Testament. L'auteur s'est rarement donné la peine de les
relier les uns aux autres.
Voici comment il présente l'histoire de Samson en
LIVRES D'IMAGES. 219
vingt et un versets, tirés à peu près mot pour mot des cha-
pitres xiii-xvi des Juges :
Apparuit aiigelus Domini uxori Maiiue , qui erat de stirpe Dan , et
(iùjt ad eam : « Steriiis es et absque iiberis, sed concipies et paries
« fiiium, et ipse liberabit Israël de mami Phiiistinorum. » (Jud. , xiii, 3
et 5.)
Tulit igitur Manue cum uxore sua hedum de capris, et obtulit super
allare holocaustum Domino; cumque ascenderet fumus et flamma holo-
causti in ceiuoi, angélus Domini pariter in flamma ascendit. (xiii, 19
et 20.)
Uxor igitur Manue peperit fdium et imposuit ei nomen Samson,
crcvitque puer et benedixit ei Doniinus et fuit spiritus Domini cum eo.
(xiii, 'ih et j5.)
Descendit Samson precepto Domini in terram Phiiistinorum ut ibi
uxorem acciperet, et dum iret occurrit ei leo, el venit spiritus Dei in
Samsunem et dilaceravil leonem. (xiv, 1 , 5 et 6.)
El post aliquot dies reversus Samsun declinavit ut viderel cadaver
ieonis, et ecce i-xanien apum erat in ore Iconis ac favus meliis, queni
assumens comedebat in via, deditque biis qui cum eo erant. (xiv, 8
Samson proposuit sociis suis problema et dixil : « De comedente exiit
«cibus.et de forti ejjrcssa est diilc<'du. • (xiv, 12 et ili.)
Post aliquantum vero tempoiis vonit Samson visitare uxorem suam,
cui prius iratus fuit, et attutit ei bedum de rapris. (xv, 1.)
Cimique cidiiculuin cjus soiito vellet intrare, prohibuit pater uxoris
sue ne intraret. (xv, 1.)
Samson, iratus pro uxore sua, cepit %ulpes plurimas, et iigavit per
caudas, et apposuit ignem caudis, et dimisit eas currere per segeles
Phiiistinorum, et cremate sunt. (xv, 4 et 5.)
Samson iigari se permittit ab inimicis pecies et manus. (xv, i3.)
Samson , inter inimicos iigatus , vincuia rupit , et inventa maxiUa asini
liostes suos prpstravit. ( xv, 1 4 et 1 5. )
Sitiensque Samson vaide ciamavit ad Dominum et respexit , et vidit
aquas de mandibuia asini quam projecerat mananles ; quibus haustis re-
cepit vires, (xv, 18 et 19.)
Samson abiit in Gazam civitatem, et inveniens ibi muiierem mere-
Iricem, adamavit eam, et usque «d médium noctis dormivit cum ea.
(xvi, 1 et 3.)
Quod cum audissent Phiiistei, firmaverunt portas civitatis et posue-
nint custodes tota nocte, Samsonem expectantes ut eum occiderent.
(xvi, a.)
Consurgens SaioMin tulit ambas porte fores cum postibus suis et sera ,
impositasque humeris portavit ad verticem montis. (xvi, 3.)
28.
.IIV' SliCLI.
m- «to... 220 LIVRES D'IMAGES.
Postea adamavit Dalidam , et ilia ad petitionem Philistinonim decepit
eum. (xvi, U.)
Ter ligavit Dalida Samsonem , primo septem funibus , secundo novem ,
tertio davo et licio per capiilos, et semper evasit. (\vi, 7-1 3.)
Ultimo rasit Dalida caput Samsonis, et abscidit septem crines, et tra-
didit inimicis suis, (xvi, 19.)
Samson, tonsis crinibus, cxcecatur et ad moiam ponitur. (xvi, ai.)
Convenerunt Pbilistini in unum , gaudentes quia adversarius eorum
Samson traditus est in manibus eorum, letantesque et convivium cele-
bi-antes vocaverunt Samsonem, quem excecaverant, ut ante eos luderet,
et iudebat coram eis, et lusum aspicientes illudebant ei. (xvi, aS-aô.)
Et Samson, ductusapuero interduas principales columnas, concussit
eas, et cecidit domus, et interfecit omnes qui ibi erant circiter tria
milia; sic quod plures interfecit moriens quam vivens fecerat. (xvi,
26-31.)
Pour le psautier, le compilateur s'est borné à prendre le
premier verset de chacun des psaumes.
Arrivé aux Evangiles, il a combiné des phrases détachées
des quatre évangélistes pour en former un récit dont les
parties ne sont pas toujours bien soudées les unes aux
autres. Prenons pour exemple la prédication de saint Jean-
Bapliste :
In diebus illis venit Johannes Baptista in déserte Judée predicans et
dicens : « Penitentiam agite. » (Matth., m, i.)
Tune exibat ad eum Jerosolima et omnis Judée regio circa Jorda-
nem , et baptisabantur ab eo in Jordane , confitentes peccata sua. (Matth. ,
III, 5 et 6.)
Videns autem multos Phariseorum et Saduceorum venientes ad se,
dixit eis : « Progenies viperarum, quis vos docebit f'ugere a ventura iraP
« Facite ergo dignos fructus penitentie , et ne velitis dicere intra vos :
« Patrem habemus Abraham. Potens est enim Deus de iapidibus istis
« suscitare filios Abrahae. » (Matth. , m, 7-9.)
« Jam securis ad radicem arboris posita est. Omnis arbor que non facit
- fructumbonum succidçtur et in ignem mittetur. » (Matth., m. 10.)
Et interrogabant eum turbe dicenles : « Quid ergo faciemus ? • Res-
pondit : « Qui habet duas tunicas det unam non habenti , et qui habet
« escas similiter faciat. » (Luc, m, 10 et 11.)
Venerunt autem publicani dicentes : « Quid faciemus P » At ille dixit :
• Nichil amplius quam constitutum est vobis faciatis. » (Luc, m, la
eti3.)
IJVRKS D IMAGES. 221 ^.^.,.^,.
Interrogabant eiim et milites dicentes : « Quid iaciemus et nos ? » Et
ait illis : « Neminem concutiatis, neque calumniam faciatis, et content!
« estote stipendiis vestris. » (Luc, m, i^.)
Tune Hiiserunt Jiidei ab Jerosolimis sacerdotes et levitas ad Johanneni
ut interrogarent eum : «Tu quis es?» (Jo.,i, 19.) Existimabant enim
euni esse Christum.
Et interrogaverunt euni Pliarisei : « Quid ergo baptizas , si tu non es
• Cbristus, neque Helyas, necpie proplieta? » Qui respondit : « Ego bap-
« tizo vos in aqua. » (Jo., i, 26.) « Venit fortior me post me cujus non
«sumdignus solvere c<ilciamenta; ipse baptizabit vos igné et Spiritu
« sancto. » (Matth. , m , 1 1 ; Marc. , i , 7 et 8. )
« Cujus ventilabrum in manuejus, et purgabit aream suam, et congre-
" gabit trificum in horreum suum ; paleas autem comburet igné inextin-
> guibili. » ( Mattb. , in , 12.)
Tune erat Jésus incipiens quasi annorum triginta (Luc, ni, -iH), et
venit a Galilea in Jordanem ad Johannem ut baptizaretur ab eo. Et pro-
liibebat eum Joliannes dicens : « Ego a te debeo baptizari , et tu venis ad
« me. » Et respondit Jliesus : « Sine modo ; sic enim decet nos implere
" omnem justitiam. x (Matth., m, i3-i5.)
Tune dimisit eum, et baptizavit Jliesum, et apertum est celum, et
descendit Spiritus sanctus corporali specie sicut columba in ipsum, et
vox de celo facta est : « Hic est (ilius meus dilectus in quo complacui
« michi. » (Matth., ni, 1 5-i 7.)
Il serait superflu de faire remarquer le décousu d'un
récit dans lequel des parties essentielles sont supprimées.
Par exemple, les Pharisiens ont demandé à saint Jean qui
il est. Sans avoir fait la moindre allusion à la réponse de
saint Jean, sans avoir parlé ni d'Élie ni des prophètes, le
rédacteur met brusquement cette nouvelle question dans la
bouche des Pharisiens : « Pourquoi donc baptises-tu , si
« tu n'es ni le Christ, ni Elie, ni un prophète? »
L'absence de coordination est surtout frappante dans
les quatre-vingt-six petits paragraphes consacrés aux épîtres
de saint Paul. Le compilateur a découpé comme au hasard ms r,. .67.
les versets dont il a fait choix, et les a disposés pêle-mêle, '"' jgi-So».
sans même respecter l'ordre des épîtres, comme le montre
le tableau suivant qui indique de quelle façon se succèdent
. les découpures :
II Cor., VI, ii-i6; y, ao, 21 ; ix, 6, 8, 9; 1, 1, 2, 20, 22; iv, 3,
Zi, 10. i3, là. — Gai., 1, 6, 7. — Éph., i, i3; 11, 4, 5. — IIThess.,
1 7
XIV* SIBCLI.
222 UVRES D'IMAGES.
Il, I, 3, 4, 8; III, 6. — Gai., i, i8, aa; ii, i ; i, i3; iii, i, 3; iv, aa;
V, 7, 10. — Eph., T, 5, 6, a5, a6. — Philipp. , i, 1,8,9, 28; 11, 1,
5-7, 19. — I Tljess., IV, i3, i5; 1, 1, 3. — Gai., i, i-3, 6, 7, 9,
II, la. — I Cor., XVI, 10. — II Cor., viii, 9; xii, a. — Gai.,
III, a6, 37. — Eph., II, ii-i3, 8, 9; m, 8, 10; 11, 17, 18; iv, i,
a, 7,8, II, i4, i5, 16, aa-3 4; v, 3, 4. — I Tim., i, 1 , a, i5,
18; II, 8-10; III, I ; IV, 8; V, ao, 3, 11, 17, a3; vi, 17. — II Tim.,
(, I, a, 8, la; 11, 3, 6, 16; m, 8, la ; iv, 6. — Tit. , i, i-5, 7; 11.
7 ; III , 10, 11. — Philem. , 1 -3. — Tit. ,1, io,i6;u,i.
Chacun des passages empruntés à l'Ecriture est suivi
d'une courte réflexion qui a pour objet soit d'en rapprocher
un autre détail de l'histoire sainte ou de l'histoire évangé-
lique, soit d'en tirer une règle de la morale chrétienne. Les
rapprochements, parfois très subtils, ont été inspirés par la
vogue dont les explications allégoriques jouirent pendant
tout le moyen âge et par la prétention de voir à chaque
ligne de l'Ancien Testament une figure applicable à tel ou
tel verset du Nouveau. En voici quelques exemples. La lu-
mière dégagée des ténèbres, c'est la séparation des bons
anges et des mauvais (fol. 1). Au soleil et à la lune corres-,
pondent les prélats; aux étoiles, le clergé; aux oiseaux, les
gens de religion voués à la vie contemplative; aux difl'é-
lentes espèces d'animaux, les fidèles de toutes les condi-
tions (foi. 2). Dans les quatre fleuves du paradis, il faut voir
les quatre vertus cardinales (fol. j v°); dans le sommeil
d'Adam, la mort du Christ (fol. 3); dans la prédilection
d'Adam pour Abei, la préférence accordée aux chrétiens
par le Seigneur (fol. 3 v"); dans le crime de Caïn, la tra-
hison de Judas (fol. 4); Noé, sa femme et sa famille ne sau-
raient être que Jésus-Christ, la vierge Marie et les apôtres
(fol. 4 v°). L'épisode des anges reçus et nourris par Abra-
ham rappelle le bonheur des fidèles à qui Jésus-Christ
donne le fruit de la grâce et qu'il conduit à la gloire des
anges (fol. 7). Dans Abraham envoyant son serviteur avec
de riches présents pour chercher la femme destinée à son
fils, comment ne pas reconnaître le Père éternel livrant ,
l'Evangile aux apôtres, pour préparer l'union de son fils avec
l'Éghse (fol. 8)? La substitution du nom d'Israël à celui de
LIVRES D'IMAGES, 223
Jacob symbolise le changement qui s'opère au moment du
passage de la vie active à la vie contemplative, distinction
bien accusée par l'usage de changer le nom du pape quand
il prend en mains le gouvernement de l'Eglise (fol. lo).
Il n'est point ici question des noms des religieux; ce qui
permet de supposer que l'habitude de prendre des noms
nouveaux lors de l'entrée dans certains ordres n'était pas
encore répandue.
Nous terminerons cette énumération par deux exemples
empruntés aux livres des Rois. L'étonnement des émissaires
de Saùl, lorsqu'ils voient un mannequin dans le lit de Da-
vid, figure la surprise des soldats de Pilate ne trouvant que
la pierre du sépulcre de Jésus-Christ ffol. 69). Quant aux
cent hommes qui furent rassasiés avec les pains d'Elisée, ce
sont évidemment les foules que Jésus-Christ nourrit avec
cinq pains d'orge (fol. 90).
Ces rapprochements allégoriques n'ont guère d'origina-
lité; le principal mérite qu'on peut y signaler, c'est que les
peintures dont les textes sont accompagnés peuvent aider les
archéologues à interpréter beaucoup de monuments figurés
du moyen âge; elles sont d'ailleurs fort utiles pour étudier
l'histoire des mœurs et pour connaître les costumes, les
armes, les ustensiles et le mobilier du xiii' et du xiv' siècle.
Les applications morales des versets de la Bible sont un
peu plus instructives que les développements allégoriques;
mais le compilateur qui les a rassemblées s'est presque
toujours tenu à des généralités un peu vagues et à des
lieux communs; il n'est jamais entré dans ces détails fa-
miliers qui donnent tant d'intérêt à certains sermons du
XIII* siècle. Le cadre dans lequel il s'est renfermé montre
que le livre était surtout destiné aux hautes classes de la
société civile et religieuse. Il y est souvent question des de-
voirs des prélats :
Hoc significat quod preiatus , quanto prefertur aiiis in dignitate , tanto
alios débet excellere vite sanctitate. (Fol. a5ov°.)
Hoc significat quod prelati ecdesie semper debent esse parati sati»-
facere cuilibet poscenti de hiis que pertinent ad salutem animarum ; et
XIT* SliCLB.
Ml 9IFXIJ:.
224 LIVRES D'IMAGES.
si infirmus mittat pro sacerdote, omnem contemplationem et omne stu-
dium dimittat et vadat ad eum. (Fol. .iyô v°.)
Per hoc significantiir boni prelati qui inanus suas excutierunt ab
omni munere. ne, habito respecta ad niunera, contra legem divinam
cogantur aliquid judicare inter iHos quibns tenentur justitiam exhibere.
(Fol. 286.)
Hoc significat quod prelatus débet se talem exhibere coram subditis
suis ut nichil sit in eo quod de jure valeat reprehendi. Tune enim fa-
cilins crédent ei cum viderint eum docenteni verbo pariter et exeniplo.
(Fol. 290 v°.)
La chaire chrétienne doit être interdite aux faux prédi-
cateurs, surtout à ceux qui prêchent en vue d'un gain :
Hoc significat quod prelati ecciesie debent prohibere falsos predica-
tores, et maxime eos qui pro questu predicant, quia potius corrum-
punt alios pravo exemple quam edificent per doctrinam. (Fol. 280 v°.)
Les conseils relatifs à la prédication sont très nombreux,
et nous avons remarqué sur un assez grand nombre de
peintures des évêques ou des religieux occupés à prêcher
(fol. 278 v°, 279, 280, 282, 283, 287, 291, 296, 299V'',
3 00, etc.). — Sur le folio 284, nous voyons un évêque pré-
sider un synode et donner des instructions à son clergé.
L'exemple de saint Paul est proposé aux professeurs de
théologie, pour leur rappeler qu'ils doivent enseigner sans
aucune préoccupation de gloire ou de gain :
Hoc significat quod magistri théologie debent cum sollicitudine et
diligentia docere fidem catliolicam , non causa lucri vel inanis glorie , di-
cente Domino : « Gratis accepistis, gratis date » , sed ea intentione ut sint
plures qui .sciant in vinea Domini operari, et ut habeat ecclesia quibus
possit resistere ascendentibus ex adverso. (Fol. 291.)
Le compilateur condamne sévèrement le mauvais emploi
des revenus ecclésiastiques et la corruption des chanoines
qui vendaient leurs votes quand il s'agissait de pourvoir à
certaines dignités :
Mense nummulariorum eos significant qui bona ecciesie pauperibus
eroganda per avaritiam retinent. Per cathedras vendentium columbas
prelati symoniaci signantur. (Fol. 260.)
Hoc significat quod pravi canonici seculares eligunt ad dignitates
LIVRES D IMAGES. 225
ecclesiasticas clericos carnaies per symoniam, et sunt homicide ani-
marum. . . (Fol. 269.)
Il reproche même au pape d'écouter de mauvais conseils
et de confirmer souvent de déplorables élections d'évêques:
Hoc si(jnijicat quod dominus papa multoties militas iinifiios clec-
tos, de consilio malonim, in episcopos promovet ; jiistos vcro rcjutat
et condemnat (fol. 289 v").
Des allusions à des conflits de juridiction méritent d'être
signalées :
Hoc significat judices seculaies, qui volunt cognoscere de factis cle-
ricorum, iicet ipsi de jure de hoc non debeant judicare. (Foi. 285 v°. )
Hoc significat quod , si ahquis judex secularis vult cognoscere de
causa clerici, clericus non débet corann eo respondere, sed ad suuin ju-
dicem appeiiare. (Fol. 287.)
A plusieurs reprises, on se plaint de f entente qui s'éta-
blit entre les princes et le clergé pour opprimer le menu
peuple :
Hoc significat quod iniqui principes et falsi prelati veniunt ad coii-
stituendas novas leges et consuetudines iniquas, ut opprimant in judicio
minores et bona eorum diripiant , et sic Jhesum occidunt , incmbra sua
scandalizantes. (Fol. 2 64 v°. )
Hoc significat quod prelati et principes quandoque in malum sub-
ditonim et spoliationem et destructionem per mala opéra confederantur,
et, ut eorum opéra minus mala appareant, unus in malum sustentât
alium et confortât. (Fol. 267 v°.)
Amicilia inter Herodem et Pilatum significat fedus quod est inter
malos prelatos et principes, quo Christus illuditur et morti adjudicatur in
membris suis. (Fol. 269.)
En parcourant fouvrage on est frappé de l'insistance avec
laquelle fauteur revient sur le fait des hérétiques et sur les
dangers qu'ils font courir à fEglise.
Le verset des Proverbes : Expedit macjis urse occurrere
raptis fetibus quanifatuo confidenti in stultitia sua (xvii, 12)
lui suggère cette réflexion que le diable est moins dange-
reux que fhérétique : Hoc significat quod melius est trium-
phare de diabolo et eum evadere cum aujeruntur ab eo sui per
baptismum vel aliud, sacramentum , quam de heretico confidente
TOME XUI. 29
XIV' 5IKCI.B.
xu- ,.tc.E. 226 LIVRES D'IMAGES.
•
in malitia et in suis erroribus indurato (fol. 187 v"). H trouve
encore une figure de l'hérétique dans la femme adultère
qui , après avoir mangé , s'essuie la bouche en disant : « Je n'ai
«point fait le mal» (Prov., xxx, ao) : Per mulierem aduhe-
rain desujnaturhcreticus , qui, (juando arguitiir pivjaha doctrina,
dicit (juod lion peccat et assuinit teslimoniiim Scripturarum ad de-
fendendum pravitatem siiam (fol. i4ov''). Les petits renards
qu'il faut détruire pour sauver les vignes en fleur (Canl.,
II, i5), sont les hérétiques dont les ruses peuvent tromper
les fidèles : Recte precepit Dominas quod protegamus infirmos
qui sunt in Ecclesia ah heredcorum insidiis, qui valant separarc
Ecclesiam a Deo, qui bene dicuntur vulpes propter latentem versu-
tiam (fol. 1 5o v"). Les hérétiques doivent être châtiés comme
les habitants de Jaffa le furent par Judas Macchabée : Hoc
significat quod secreto explorandum est qui sunt infidèles heretici
quialios perverterunt , et ad jidem per predicationem sunt revo-
candi. Qui vero perversi sunt , excommunicandi et laice potestati
tradendi et igné comburendi [(o\. 2 4o v°). \
Tous les passages qui viennent d'être rapportés ou ana-
lysés conviennent parfaitement au xiii* siècle, et nous
sommes convaincus que l'ouvrage a été composé à cette
époque, et qu'il a pour auteur un religieux appartenant à
l'im des ordres nouveaux.
Le texte de la Bible moralisée a subi d'assez notables
nïodifications. L'examen des manuscrits que nous avons pu
comparer nous a conduits à en distinguer deux rédactions
qu'il est impossible de confondre.
Les deux rédactions paraissent être identiques quant au
choix des passages de l'Lcriture sainte et quant à l'arran-
geinenl des textes; mais elles diffèrent souvent beaucoup
pour les comnjcnlaires. Ainsi toute* les deux s'accordent
pour présenter sous cette forme les versets 7 et 8 du cha-
pitre XLii de Job :
Dixit auleiii Duminus ad Job amicos : « Suinite vobis scjitom tauros
« et septem arietes, et ite ad ser>um mciim Job et oflerte pro vobis holo-
" caustum. Ipsf autem onibit pro vobis, ut non imputetur vobis quod
• contra euin iocuti eslia. • (Lat. 1 i56o, fol. 1 \'; fr. 167. fol. i 13 v*.)
LIVRES D'IMAGES. 227
Mais la moralité à tirer de ce texte est absolument diffé-
rente dans les deux rédactions. Pour l'auteur de la pre-
mière, les amis de Job sont les hérétiques, qui sont invités
à se convertir à l'Eglise, sans quoi leurs sacrifices ne seraient
pas agréés; leurs fautes .sont bien expiées par sept offrandes,
parce qu'en revenant à l'Église ils reçoivent les sept dons du
Saint-Esprit; l'offrande consiste en taureaux et en béliers :
le taureau symbolise l'orgueil, et le bélier la conduite du
troupeau; ils en font le sacrifice en se réconciliant avec
l'Eglise. (Lat. ii56o, fol. i v".) Dans l'autre rédaction il
n'est question ni des hérétiques, ni des sept dons du Saint-
Esprit, mais tout simplement des fidèles qui ont péché par
faiblesse ou par ignorance et des sept jours et des sept nuits
qui représentent toute la vie des mêmes fidèles. C'est ce
que la version française exprime en ces termes : « Par ces
« amis Job sont segnefiez ceus qui pèchent contre Jhesu
« Crist par enfermeté ou par ignorance, et doivent offrir
« VII toriaus [et vu moutons], c'est a dire toute leur vie qui
« est comprise par vu jours et vu nuis, a ce que Jhesu Crist
« leur soit advocat vers Dieu le père, que les péchez ne leur
• soient emputez. » (Fr. 167, fol. 1 1 1 v°.)
Souvent la seconde rédaction est moins développée que
la première.
Entre beaucoup d'exemples, nous en citerons trois, dont
le premier se rapporte au verset 4 du chapitre i de la Ge-
nèse. Dans la rédaction la plus développée, la séparation de
la lumière et des ténèbres est présentée comme une figure
de la séparation des bons anges et des mauvais, ou bien en-
core comme une figure de la séparation du vice et de la
vertu : Divisio lucis a tenebris divisionem angelorum bonorum
a malis signijicat, vel divisionem virtatis a vicio per discretio-
nem et declinationem (ms. de la Bodléienne, Auct. B. 4 i,
fol. 2). Dans la seconde rédaction, il n'est nullement ques-
tion de la séparation du vice et de la vertu (ms. fr. 167,
fol. i).
Le Cantique des cantiques nous fournira les deux autres
exemples. L'un porte sur les mots Vox (urturis audita est in
29-
SIV' MKC.I.Ii.
XIV'SIÈCI.K.
228 LIVRES D'IMAGES.
lerranostra (Gant., ii, 12), qui sont ainsi commentés dans
la première rédaction :
Vox turtiiris est vox apostolorum et predicatorum , que auditur in
terra quando incipil esse in cordibus nosfris. [\'el aliter vox turturis,
que significat recessum liyemis et advenlum veris, désignât eos qui
sciunt docere, quia nox, id est umbra legis, recessit, et dies, id est Ve-
ritas Evangelii, accessit.] Vox turturis, que pro cantu promit gemitus,
pcilinet ad iilos qui gemunt pro desiderio celestis patrie vel pro peccatis
suis. (Lai. 1 iSGo, fol. 7^.)
De ces trois phrases, la deuxième, celle que nous avons
enfermée entre crochets, a complètement disparu de la se-
conde rédaction (ms. fr. 167, fol. i5o).
Le dernier exemple n'est pas moins significatif. Nous
l'empruntons au commentaire du verset : Capile nobis viilpes
parvulas que dcmoliunlur vineas (Gant, 11, i5). Ge verset in-
.spire au commentateur la réflexion suivante :
, [Vox sponsi sodalibus suis : Quia non sufTicit proponere aiiis vitani
nostram in exemplum et predicare nisi etiani corrigamus errantes, ideo]
recte precipit Dominus quod protegamus infirmos qui sunt in Ecclesia
ab bereticorum insidiis qui volunt separare Ecclesiani a Deo, qui bene
dicuntur vulpes propter latentem versutiam. (Lat. 1 i56o, fol. 76 v'.)
L'auteur de la seconde rédaction a supprimé le com-
mencement de la phrase; il n'en a conservé que la fin, à
partir des mots Recte precipit (fr. 167, fol. i5o v").
La première rédaction de la Bible moralisée nous a été
conservée par un des plus splendides manuscrits que l'art
du xiii' siècle ait produits. Malheureusement les trois par-
ties dont il se compose sont depuis longtemps dispersées,
circonstance qui en a rendu l'étude assez difficile et qui n'a
pas permis jusqu'ici de s'en donner un compte exact.
La première partie, contenant le commencement de la
Bible, depuis la Genèse jusqu'au livre de Job inclusivement,
forme à l'université d'Oxford le ms. 3706 du fonds bodléien
(n» 2987 du catalogue de Bernard; Arch. bodl. A. i54;
Auct. B. 4 b). Ge manuscrit, dont nous devons des extraits
IJVRES DIMAGES.
229
à la complaisance de M. F. Madan, vient d'une libéralité
faite en i6o4 à la bibliothèque Bodléienne par sir Christo-
pher Heydon. 11 consiste en 224 feuillets, écrits seulement
d'un côté. Le frontispice placé en tête du volume repré-
sente le Seigneur tenant un globe dans la main gauche, et
un compas dans la droite. Les feuillets sont disposés de telle
façon qu'à deux pages couvertes de texte et de peintures
succèdent toujours deux pages entièrement blanches. Sur
chaque page employée sont copiés quatre petits articles ex-
traits de la Bible et dont chacun est suivi d'un commentaire;
souvent le conimentaire n'est guère plus long que le pas-
sage commenté. En regard de tous les articles du texte et du
commentaire sont peintes, dans des médaillons circulaires,
des scènes répondant plus ou moins exactement au texte ou
au commentaire. I^es petits tableaux, au nombre d'envi-
ron 1780, dont les personnages se détachent sur un fond
d'or, ont conservé toute leur fraîcheur et tout leur éclat. Ils
méritent d'être comptés parmi les meilleurs morceaux de la
peinture française du xiii' siècle.
Le manuscrit de la Bodléienne se termine par une note sur
le Behemoth du livTe de Job (xl, 1 0-28) : Pcr Beheinot signi-
Jicatur Antichristus, (jui in fine temponim venturas est
Le ms. français 1 67 de la Bibliothèque nationale (fol. 1 1 2 v°)
nous apprend que, dans la Bible moralisée, cette note sur
le Behemoth doit être suivie de six articles de texte et de
six articles d'explication, qui forment la fin du livre de Job.
Le premier de ces articles commence par les mots Corpus
Beheinot (juasi scutafusilia. .. Or dans le ms. latin 1 i56o de
la Bibliothèque nationale, qui a appartenu au chancelier
Séguier, puis à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, nous
avons un morceau de la Bible moralisée qui commence par
les mots Corpus Bekemot (juasi scutafusilia, et par les sixder-
niers articles de texte et d'explication dont nous venons de
parler, et, comme ce ms. 1 i56o présente la même justifica-
tion que le manuscrit de la Bodléienne, qu'il est exactement
de la même taille et qu'il paraît avoir été exécuté par les
mêmes copistes et les mêmes enlumineurs, il nous semble
XIV' SIÎXLK-
Macray, \niial~
ortlir BodI. liltra-
ry, p. 3 2 '1 .
\l(' MKCI.E.
230 UVRES D'IMAGES.
certain que les deux volumes, celui de la Bodléienne et celui
de Saint-Germain, formaient à l'origine les deux premières
parties d'un même exemplaire de la Bible moralisée.
Le manuscrit de Saint-Germain, aujourd'hui n" ii56o
du fonds latin , qu'on a souvent désigné sous le titre de Kin-
hlemata biblica, se compose de -î 2 2 feuillets et contient la fin
du livre de Job, le psautier (fol. 2), les Proverbes (fol. 4o),
l'Ecclésiaste (fol. 62), le Cantique des cantiques (fol. 66),
la Sagesse (fol. 93 v°), l'Ecclésiastique (foi. 96), Isaïe
(fol. 97 v"), Jérémie (fol. i3o), Ézéchiel (fol. i83 v"), Da-
niel (fol. 2o4) et les Petits Prophètes (fol. 2i4)i à la fin
desquels parait manquer une page de texte. Ce volume est
orné d'environ 1800 petits tableaux à fond d'or comme
ceux du manuscrit de la Bodléienne. Une page (fol. 4) en
a été reproduite en héliogravure dans l'Album paléogra-
phique de la Société de l'Ecole des chartes (pi. 37).
Pour montrer de quelle façon l'enlumineur a compris sa
tâche, nous essayerons de définir le sujet des peintures qui
se rapportent aux dix premiers psaumes. Le texte corres-
pondant se réduit aux premières lignes de chaque psaume
et à un commentaire abrégé qui indique comment le sens
mystique du psaume trouve son application soit dans le
Nouveau Testament, soit dans la morale chrétienne. L'ana-
lyse de ce commentaire est indispensable pour faire com-
])rendre le sujet de la plupart des tableaux,
I. Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum et in via
peccatorum non stetit, et in cathedra pestilentie non sedil. —
Ce psaume, qui n'a point de titre, est, pour ainsi dire, la
préiace du psautier tout entier. La matière en est le Christ
complet, c'est-à-dire l'époux et l'épouse. 11 a pour but de
relever les hommes, dégradés dans la personne d'Adam,
et de les faire ressembler au nouvel homme, au Christ, et
cela par la prédication de la parole de Dieu. — Les deux
peintures correspondantes nous montrent Adam et Eve
chassés du paradis terrestre et Jésus-Christ enseignant le
peuple.
f
LIVRES D'IMAGES. 231
II. Quare J remue nuit (jentes, et popnli nieditali sunt inania?
Astiterunt reges terre et principes conveneriint in unum advenus
Dominum, etc. — David, figurant le Christ, adresse des re-
proches aux rois et aux princes, c'est-à-dire à Hérode et à
Pilate, aux gentils, c'est-à-dire aux soldats romains, aux
peuples, c'est-à-dire aux Juifs, qui ont formé de vains pro-
jets, c'est-à-dire qui s'imaginaient se débarrasser du Christ
par la mort; vaine tentative, puisqu'ils n'ont pas réussi à
anéantir le Christ. — Dans le premier médaillon on voit
un complot de rois; dans le second, le Christ est attaché à
la croix.
III. Domine, quid mnlliplicati sunt qui tribulant me, etc. —
Il est ici question de la fuite de David lors de la révolte
d'Absalon. Il y faut voir une allusion à la passion et à la ré-
surrection du Christ. — Le peintre a représenté la fuite
de David et la résurrection du Christ.
IV. Cum invocarem, cxaadivit me Deusjmlitie mee , etc. —
l^e prophète reproche aux infidèles leur idolâtrie; il nous
avorlit de nous sacrifier nous-mêmes à Dieu, comme saint
Laurent nous en a donné l'exemple. — Dans un premier mé-
daillon, deux groupes de fidèles adressent leurs adorations
au Seigneur, dont le husle apparaît au milieu des nuages.
Dans le second médaillon, le prophète montre les païens
adorant une idole, et saint Laurent étendu sur son gril.
V. Verha inca auribiis pcrripe , Domine; intellifje clamorem
menm , elc. — I )ans ce psaume le prophète demande d'abord
larestilnliondc son héritag»*, c'est-à-dire la liberté de TEglise,
et l'exclusion de f envieux, c'est-à-dire de la Synagogue; il ré-
clame ensuite des secoui-s contre les maux que la Synagogue
fait à la sainte Lglise; en deinier lieu, il fait luire à nos
yeux le sort des élus céle.stes. — Sujet des deux peintures :
d'une part, David agenouillé prie le Seigneur; d'autre part,
le Christ et les saints, sup|>ortés par un nuage au-dessous
duquel fÉglise et la Synagogue se tiennent debout, pendant
que deux rois et un pontil'e lèvent les mains au ciel.
XIV° SIKCI.E.
fl> SIKCI.E,
232 LIVRES D'IMAGES.
VI. Domine, ne infurore tuo arguas me, etc. — Dans ce
psaume David nous exhorte à la pénitence; il décrit ensuite
les lournients des pénitents; puis il expose comment les
bons sont séparés des mauvais; il finit par prier le Seigneur
de le faire triompher de ses ennemis. — Dans le premier
médaillon, David, sur son lit de souffrance, invoque le
Seigneur; dans le second, l'absolution est donnée à un
pénitent, et un roi reçoit la soumission d'un ennemi.
VII. Domine, Dciis meus, in le speravi; salvum me fac ex
omnibns pcrseauentibus me et libéra me. — Achitophel est la
figure de Judas, et Absalon celle du peuple juif; de même
que David a souffert du fait de son fils, ainsi le Christ a
enduré les derniers tourments pour le peuple qu'il avait
nourri. — Sujet du premier médaillon: la prière de David
et le supplice d' Achitophel; sujet du second : la pendaison
de Judas et la comparution de Jésus devant Ponce Pilate.
VIII. Domine, Dominus nosler, (juam admirabile est nomen
tuum, etc. — Ce psaume, composé à l'occasion des ven-
danges [pro torcnlaribus) , se rapporte à l'institution de l'Eglise ,
qu'on a pu comparer à un pressoir, parce que, si le pressoir
sépare le vin du marc, les bons sont écartés des mauvais
par fexcommunication. — Le sujet de la première peinture
est un pressoir fonctionnant sous les yeux de David et la
protection de Dieu; dans la seconde, un évêque chasse les
excommuniés de l'Eglise.
IX. Confitebor tiki, Domine, in loto corde meo; narrabo omnia
mirabilia tua. — Ce psaume parle du premier avènement
du Christ, que la Synagogue a méconnu et dont l'Eglise a
profité. — Dans le premier médaillon, la Nativité de Notre-
Séignéur; dans le second, la sainte Vierge tenant l'enfant
Jésus, entre deux femmes qui symbolisent l'Eglise et la
Synagogue.
X. In Domino conjido. Qaomodo dicitis anime mee : Trans-
LIVRES D'IMAGES. 233
\IV MKCI.F..
migra in montem sicut passer? — Dans ce psaume, David
nous met en garde contre les mécréants, qui tentent de
pervertir les fidèles en se vantant d'avoir Jésus-Christ avec
eux. — Sujet du premier médaillon ; David montrant au
j)euple un passereau qui vole sur une montagne; sujet du
second : les mécréants essayant d'endoctriner les fidèles.
l'armi les innombrables miniatures de la Bible mora-
lisée du xiii' siècle, nous avons choisi celles qui décorent les
premières pages du psautier pour qu'on puisse les rap-
procher des tableaux similaires qui se rencontrent dans
plusieurs autres psautiers du moyen âge.
Examinons maintenant la dernière partie de l'exemplaire
de la Bible moralisée que nous avons entrepris de faire
connaître. Nous avons retrouvé les deux premières dans le
nis. 270 i de la Bodiéienne et dans le ms. latin 1 i56o de la
Bibliothèque nationale venu de Saint-Germain-des-Prés. La
troisième et dernière partie, comme le montre le ms. fran-
çais 167 de la Bibliothèque nationale, doit renfermer le livre
des Macchabées, les Pjvangiles, les Epîtres de saint Paul et
fApocalypse. Tel est exactement le contenu d'un manu-
scrit du fonds harléien, dont l'âge, le style et la disposition
matérielle sont identiques à fâge, au style et à la dispo-
sition des deux manuscrits de la Bodiéienne et de Saint-^îer-
main-de.s-Prés. Le rapport du volume de Harley avec celui
d'Oxford a d'ailleurs été reconnu depuis longtemps, comme
l'atteste le catalogue des manuscrits du fonds harléien pu- a Caui. oi ihe
W. / O o llarl. niss. . l. Il,
leen 1000.
La troisième partie de la Bible moralisée, dont il nous
reste à parler, formait jadis un volume de 1 84 feuillets, que
Robert Harley, comte d'Oxford, acquit en 1711, et qui est
aujourd'hui coupé en deux tomes, classés sous les n" i526
et i52 7 dans le fonds harléien au Musée Britannique.
Les 3 1 feuillets du n" 1626 sont consacrés au livre des
Macchabées; le n° 1627 renferme les Evangiles, les Actes
des apôtres (fol. 60 v"), les Épîtres de saint Paul (fol. 96 v")
et l'Apocalypse (fol. 116 v°). Trois pages des Évangiles et
de l'Apocalypse ont disparu à la suite des feuillets qui sont
TOME XX.\I. .3o
p. 117.
tMrBlltERII W«TIO<l«tl.
. . 234 LIVRES D'IMAGES.
maintenant numérotés 44, 49 et i47'- Le manuscrit, tel
qu'il existe aujourd'hui, nous offre 178 pages peintes, c'est-
à-dire i4'^4 petits tableaux traités dans le même goût que
ceux des deux premières parties de l'ouvrage.
L'origine française de ce magnifique manuscrit, dont les
différentes parties réunies ne contiennent pas moins de
r)ooo peintures, est indiscutable. L'aspect général des trois
volumes le démontrerait suffisamment, lors même que le
dernier ne renfermerait pas des notules en français se rap-
portant au travail des artistes. Dans un endroit nous lisons :
« Des besles faites deniers, et la femme doit offrir dons
«poucins» (ms. harléien iSay, fol. Sg), et dans un autre :
« Fêtes a Jhesu robe blanche ici » [ibid., fol. 56).
11 a été exécuté un second exemplaire de la Bible mora-
lisée, tout à fait semblable à celui qui vient d'être décrit;
mais il n'en subsiste plus, du moins à notre connaissance,
(jue les huit derniers feuillets, renfermés, avec des inter-
versions', dans une reliure de cuir estampé du xv' ou du
commencement du xvi* siècle; ce qui prouve que le dé-
pècement de cet exemplaire remonte à une époque déjà fort
ancienne. Tel qu'il est aujourd'hui, il appartenait, dans le
cours du XVI" siècle, à un «sieur Des Granges et de La
-iMaiorie». 11 fut envoyé en i88:î par M. le vicomte de
Hillerin à une exposition rétrospective organisée au Palais de
l'Industrie '. C'est là que nous pûmes l'étudier et constater
combien il ressemble à l'exemplaire dont la seconde partie,
jadis conservée à Saiiit-Cermain-des-Prés, forme le ms. la-
tin I iSGo de la Bibliothèque nationale. On peut du resl*'
\i.h..(ici,is<)c. apprécier cette ressemblance en examinant le fac-similé de
'.'«8'.',>",?7"Ios q'ialre médaillons qui est joint à une notice de M. l'abbé
'* r'^" Auber intitulée: Notice sur un manuscrit latin du xiii* siècle
' I.'iquivalent des deux prcinii-rcs pages dans l'iirdre suivant : i, 3, 1 1, i^i.
pages se trouve dans l'exenipluire d<^la i3, i4i 7, 8. 9, 10, 3, ù. 5. 6, i5
liible moraliséc qui est au Musée Bri- et 16.
taniiique, n* 18719 du fonds addition- ' Le même manuscrit a figuré en
nel, fol. a6a et 363 pour la première, 1889 à l'Exposition universelle: il est
et fol. 37a y" pour la seconde. indiqué <lan» le Catalogue général offi-
' Pour rétablir le rallier dans son ciel : Exposition rétrospective du travail,
état primitir, il faudrait en prendre los section II, Arts libéraux, p. 4o.
LIVRES DIMAGES. 235
et insérée en i838 dans les Mémoires de la Société des anti-
quaires de l'Ouest.
Le volume de M. le vicomte de Hillerin renferme, en
sept pages, les extraits des quatre derniers chapitres de
l'Apocalypse, à partir du verset 17 du chapitre xix, avec
les commentaires et les peintures se rapportant à ces quatre
chapitres. Nous n'avons là qu'un fragment fort peu étendu;
on en peut cependant tirer de très utiles renseignements.
Ainsi, le feuillet a du manuscrit de M. le vicomte de Hil-
lerin, commençant par les mots: Et viJi amjelum stantem in
imbe. . .,et finissant par la phrase : Angélus desceiulens de cela et
habeiis clavein abyssi significat Jtiesuin Christuin, (fiii in virtute
crucis etpassionis sue diabolum destniet et suos lihembit, contient
le morceau de la Bible moralisée relatif aux cinq derniers ver-
sets du chapitre xix de l'Apocalypse. Le feuillet qui contenait
ce morceau a disp>aru du manuscrit harléien, et les vérilica-
tions que nous avons faites pour constater cette lacune nous
ont amené à reconnaître que l'ordre de plusieurs feuillets du
même manuscrit consacrés au texte de l'Apocalypse a été
interverti. Les feuillets du manuscrit harléien aujourd'hui
numérotés 1 4o-i 48 nous présentent le texte de l'Apocalyse
dans un désordre dont le tableau suivant donnera une idée :
Foi. i4ov°. Apoc. ,xiv, 19 -XV, a. Fol. 1 ko r". Apoc. , \vi, 1 2 - 1 7.
Fol. i4 1 r°.Apo(!., XVII, i3-xviii, l\. Fol. 1 46 v°. Apoc, xvi, 4- 10.
Fol. 1 4a V*. Apoc, XVII, 1-7. Fol. 1471"". Apoc. , XIX, 7- 1 5.
Fol. i43r'. Apoc, xv, 8-xvi, 3. Ijacune.
Fol. 1 44 v*. Apoc, XVIII, 9 -XIX, 1. Fol. i48r". Apoc, xx, 4- 11.
Mais le texte se suit très régulièrement si l'on prend les
feuillets dans l'ordre suivant : i4o, i43, i46, i45, i42,
i4i, i44, 147, feuillet perdu, i48.
Cette lacune et ce désordre méritaient d'être signalés; car
ils nous donneront bientôt l'explication de la singulière ano-
malie que présente le seul exemplaire connu qui nous ait
conservé le texte complet de la Bible moralisée en français.
Le fragment de M. le vicomte de Hillerin ne nous a pas
seulement servi à rétablir l'état primitif de l'Apocalypse
3o.
MV' .SIKr.l.B.
. , 236 F.IVRES D'IMAGES.
X!V SIÈCLE.
flans la Bible inoralisée; il nous a mis sur la voie des cir-
constances flans lesquelles l'ouvrage a flû être entrepris.
Le flernier feuillet fie ce fragment, (jui est aussi le flernier
fie l'ouvrage, est occupé au recto par ime grande peinture
à fond d'or, divisf*e en quatre compartiments. Dans la partie
supérieure, à gauche, est représentée une reine, et à droite
un roi; en bas, à gauche, un religieu.x, assis flevant un pu-
j)itre, dicte le texte fl'un livre placé sur le pupitre; à droite,
au-flessous du roi, un autre religieux écrit ou peint la
Mcm.dc la Soc. Bible moraliséc. l'ne reproduction fie cette grande peinture
fçVs'.'ill'n""'' accompagne la notice de M. l'abbé Auber qui a été indi-
fjuée un peu plus haut.
Comme l'écriture et l'enluminure des quatre manuscrits
ou fragments de manuscrits que nous venons fie passer en
revue conviennent parfaitement au temps fie saint Louis, il
est tout naturel de penser que la composition fl'un ouvrage
aussi considérable que la Bible moralisée a flû être exécutée
sous les auspices fin roi saint Louis et peut-être de la reine
Blanche de Casiille ou de la reine Marguerite fie Provence.
Dans tous les cas, l'origine royale flu livre est mise hors de
toute contestation.
Une obligeante communication de M. Madan, l'un des
sous-bibliothécaires de la Bodiéienne, nous a révélé l'exis-
tence au xvii* siècle d'un exemplaire de la Bible moralisée,
analogue selon toute apparence à ceux qui viennent d'être
ikamc.ncinaris éuumérés. Le célèbre antiquaire Thomas Hearne s'exprime
o,,d.oii.ciions.i. ^^ j.gg tpr„,es à la date du i5 septembre 1705 : «On m'a
<i dit hier que le granfl incendie de Londres, en 1 666 , a flé-
« truit une Bible manuscrite, ornée de curieuses peintures
« [curiously illuminated) comme la partie historique de la
« Bible conservée à la Bibliothèque bodiéienne. On l'esti-
« mait i,5oo livres. »
Arrivons maintenant aux exemplaires du xiv* siècle.
Une copie à peu près complète de la Bible moralisée se
trouve dans un manuscrit qui est entré en i85i au Musée
britannique et qui porte le n° 18719 dans le fonds addi-
tionnel. Ce beau volume, du commencement du xiv' siècle,
LIVRES D'IMAGES. 237
XIV* SIÈCLE.
est orné d'environ 4976 dessins au trait. Le texte s'arrête
vers le milieu de l'Apocalypse, à l'antépénultième verset du
chapitre xii; il y manque une dizaine de feuillets, corres-
pondant aux folios 1 35-1 53 du ms. harléien 1527, et aux
folios 3i2-3ii du ms. français 167 de la Bibliothèque
nationale.
Le ms. additionnel 1 87 1 9 est celui qui a jadis appartenu
au docteur Démons et que M. le comte de Bastard appelle , Basu«i;A.cic;.
«Bible allégorisée en figures» dans ses Etudes de symbo- boî!! " 160, i^s,
lique chrétienne; il lui a consacré deux planches de son iSo.e'r-
grand ouvrage sur les Peintures et ornements des manu-
scrits : la première nous offre le fac-similé de deux pages,
répondant aux folios q5o v° et 2 43 v" de notre ms. fran-
çais 167; sur la seconde sont reproduits ving^ petits sujets
tirés des Evangiles.
Du commencement du xiv* siècle, date du ms. addi-
tionnel 18719, nous devons passer à la fin du même siècle,
ou aux premières années du suivant, époque à laquelle
il convient de rapporter l'exécution de la Bible moralisée
qui est conservée à la Bibliothèque nationale sous le n° 167
du fonds français. C'est ce manuscrit qui nous a paru re-
présenter une seconde rédaction, dans laquelle certains
passages sont moins développés que dans la première. Mais
ce qui distingue surtout le ms. 167, c'est que le texte latin
des extraits de l'Ecriture sainte et des commentaires y est
accompagné d'une version française, dont le style semble
dénoter la seconde moitié du xiv* siècle. On en jugera par
la parabole de l'Enfant prodigue, que nous avons choisie
pour qu'on puisse la rapprocher des anciennes versions de Berger (s), u
la même parabole rapportées par M. Samuel Berger : p.'"'. 38 Ii'"^^'."^
Un homme ot n fils, et le plusjosne dist a son père : « Donne moi ma
« part des biens que je doi avoir. » Et lors le père leur fist les parties et
bailla au joesne la sienne, et s'en ala ce foui par le pais en estrange
contrée.
Et illec dissipa ses biens en vivant luxurieusement et folement.
Et puis qu'il ot tout despendu, fu grant famine en la contrée, et
commença a estre en povreté, et se joint a i bourgois de celle contrée,
1 8
XIV SIICLE.
238 UVRES D'IMAGES.
qui l'envoia garder ses pourceaus, et vousist bien luenger et se saouler
de la viande aus pourceaus , mes nul ne li en donnoit.
Et ce jouvencel se retourne a soi et dist : • Ha ! que grant foison de
« sergens habundent de vivres chiés mon père, et je muir ici de fain ! »
Et lors il se leva et revint a son père et li dist : « Père, j'ai pechié devant
« Dieu et devant toi. » Et lors le père le baisa et le reçut a miséricorde.
Le père dist lors a ses sergens : « Or tost aportez une cote neuve et
« le vestez et li donnés i anel en son doit et chaussement en ses pies.
« Or amenés un cras veel et l'occiés.
« Si mangon et soion tout aise; quar mon fil qui estoit mort est re-
« suscité, et qui estoit péri il est trouve. » Et lors il commencèrent a
disner et esjouir et jouer de la cyfonie et del chevrete.
Presque toujours le traducteur suit d'assez près le texte
latin. Il s'en écarte cependant de temps en temps pour l'am-
plifier et le développer. Ainsi, à propos d'un des premiers
versets de la Sagesse (i, 2), l'auteur de la Bible moralisée
fait observer que le Seigneur donne sa grâce aux fidèles ,
mais non aux usuriers ni aux hérétiques : Dominus non dal
(fratiam snam feneratoribus neque hereticis, sed fidelibus. Cette
observation est ainsi amplifiée par le traducteur : « Dieu ne
« se monstre mie par grâce aus usuriers, qui se fient en
M» fiaiiî 167. « leur argent, non mie en Dieu, n'es hérétiques, qui se ex-
foi ■'"» ' „ pousent au feu pour Dieu tempter en leur erreur. »
La même tendance à l'amplification se fait remarquer
dans les pa.ssages suivants : •
Jadei qui contra Christum el discipulos ejus insanierant mente fariosa.
— Les Juïs, qui furent plain d'ire contre Jhesu Crist, et sont encore
contre les crcstiens forcenez s'il ousoient et pooient. (Fol. i38 v°.)
Senlentia ista est contra illos qui putant cognoscere sacras scripturas sine
labore et sine studio discendi. — Geste sentence est contre ceus qui cui-
dent entendre la sainte escripture a plein et sans grant labeur; car tant
plus i regarde leuil de l'entendement , et plus i treuve a expouser, et on
ne fait que le désir aviver. (Fol. i44.)
Dans un article relatif aux princes de fEglise qui s'aban-
donnent aux excès de table, le traducteur ajoute cette phrase:
« Comme les lechierres et gloutons qui ne pensent que du
« ventre dès qu'il sont levez. » (Fol. 1 45.)
LIVRES D'IMAGES.
239
Le traducteur avait sous les yeux un texte qui n'était pas
toujours correct. 11 rend par les mots : « Je donrai a l'escri-
« vain pour nient de la fontaine de l'eau vive » le verset de
l'Apocalypse : Ego sitienti dabo de fonte a(jiie vite gratis
(xx, 6); il se servait évidemment d'une copie dans laquelle
le mot scribenti avait été substitué à sitienti. L'un des der-
niers versets de l'Apocalypse (xxii, i6), Ego Jésus niisi an-
gelum meuin lestificari vobis hec in ecclesiis, est ainsi traduit :
« Je Jehan envoie mon angre tesmoingner ceci es églises. . . »
A coup sûr, l'exemplaire sur lequel la traduction était prépa-
rée portait : Ego Joliannes inisi, et non pas Ego Jésus. Or, à cet
endroit, le ms.harléien i52 7 (fol. 1 53 v°) nous offre la mau-
vaise leçon l'^qo Joliannes misi. . . Ce n'est pas la seule erreur
du manuscrit harléien qui soit passée dans la Bible mora-
lisée en français. La lacune et les interversions que nous
avons signalées au cours de l'Apocalypse dans le manuscrit
harléien se retrouvent exactement dans le ms. français 167
de la Bibliothèque nationale, sans qu'il soit possible cette
fois de les expliquer par l'enlèvement ou le déplacement
d'un ou de plusieurs feuillets. Il est donc certain que la tra-
duction française de l'Apocalypse, et probablement de plu-
sieurs autres livres de la Bible moralisée, dérive plus ou
moins directement du manuscrit harléien.
Nous n'osons proposer aucune conjecture ni sur l'auteur
de cette traduction, ni sur le prince qui dut accorder son
patronage à l'entreprise. Les anciens inventaires des librai-
ries royales et princières ne nous fournissent à cet égard
aucun renseignement.
Quant à l'origine de l'exemplaire coté j 67 dans le fonds
français, nous savons, par une note mise à la fin du volume,
que « ce livre de la Bible en latin et en francoys historiée »
appartint successivement à Philippe le Bon, duc de Bour-
gogne, et à Pierre II, duc de Bourbon.
Il est très exactement décrit dans un inventaire qui fut
dressé à Dijon au mois de juillet i420 : « Item ung autre
« livre nommé la Bible historiée , escripte en parchemin , de
« lettre de forme, en françois et en latin, a quatre colonnes.
XI»' SIÈCI-R.
Ms. franc. 16^,
fol. .319.
\ls. I ï -J des Cinq
cents (le Colberl,
fol. i,")o, art. 10.
XIV SIECLK.
240
LIVRES DIMAGES.
Barrou, liibl.
prolyp. , p. 12^,
Le Kout <Ic
Lincy, Bibl. des
ducs de Bourbon,
p. 36. n* 35.
Pcignol . Bibl.
des durs de Bour-
gogne, p. 3o, 3i
et 33.
Notices et extr.
des man., VI, log.
— Paris (P.), Les
mai), fi-anrnis, II,
33.
Il historiée de blanc et de noir et enluminée d'or et d'asur,
« en chascun fueillelxvi histoires, commençant au ii* fueillet
u Et protnht , et ou derrenier Foris canes, couverte de cuir
«rouge, marqueté, a quatre fermouers d'argent dorez lia-
« chiez. » Il est pareillement désigné par les mots « La belle
« Bible historiée » sur l'inventaire des livres conservés dans
le château de Bruges lors de l'avènement de Charles le Té-
méraire. Il ligure sous le litre de « La belle Bible du duc de
«Bourgogne» dans l'inventaire de la librairie du château
de Moulins qui fut dressé au commencement du xvi' siècle.
Il*y a tout lieu de supposer que c'est la Bible en latin et
en français que Philippe le îfardi, duc de Bourgogne,
avait fait commencer vers l'année i4oi, et dont il avait
confié la décoration aux deux enlumineurs Polequin et Ja-
uequin Manuel, Bible à laquelle Jean .sans Peur faisait en-
core travailler en i4o6, avec l'intention de l'offrir à Jean,
duc de Berri. Quoi qu'il en soit, les petits tableaux en gri-
saille qui ornent le ms. 167, au nombre d'environ 5 100,
en font une œuvre d'art infiniment précieuse, dont le mé-
rite a été signalé par Camus en 1 800 et par M. Paulin Paris
en i838. Une page, le folio ii4 v°, en a été reproduite
dans l'Album paléographique de la Société de l'École des
chartes.
Il a peut-être existé dans la librairie des ducs de Bour-
gogne un exemplaire de la Bible moralisée qui renfermait
seulement la version française de l'ouvrage. On lit en effet
dans un ancien inventaire :
Ung autre livre en parchemin, couvert dais noirs a grans cloutz, inti-
tulé au dehors : « Cy comance le premier livre de la Bible moraliset ,
« translatée de latin en François , » comançant au second feuillet naturiens
et au dernier le temps si est. — Ung autre grant livre en parchemin ,
couvert de satin figuré noir, a grans clous , intitulé au dehors : « C'est
« le second volume de la Bible » , comançant au second feuillet après la
table nous trouverons, et au dernier qui est en soulleares.
Ce qui nous fait douter que l'ouvrage ainsi désigné soit
la Bible moralisée dont nous avons le texte complet dans le
ms. français 167 de la Bibliothèque nationale, c'est que les
I
ï
LIVRES D'IMAGES. 241
premières pages de ce texte ne renferment pas le mot natii-
riens par lequel commençait le second feuillet du manuscrit
mentionné dans le précédent article d'inventaire.
Nous avons à la Bibliothèque nationale, sous le n° 1 66 du
fonds français, un second exemplaire de la Bible moralisée,
dont la copie, comme celle du précédent, doit remonter aux
premières années du xv* siècle. La même disposition a été
adoptée pour le texte et pour les peintures dans les deux
exemplaires, et chaque page du ms. 166 nous offre exacte-
mentles mêmes versets et les mêmes explications que la page
correspondante du ms. 167. Malheureusement le ms. 166
s'arrête au folio 169, au milieu du livre d'isaïe, aux mots
(juia excidisti seimicrain (Is. , xxii, 16); il ne renferme donc
que la portion de l'ouvrage' contenue dans les 1 69 premiers
feuillets du ms. 167, c'est-à-dire un peu plus de la moitié.
Il nous offre en outre un superbe frontispice, représentant
saint Jérôme, inspiré par l'Esprit Saint, travaillant devant
un lutrin, à côté d'un lion accroupi , dans un somptueux édi-
fice gothique, où des livres sont rangés sur un pupitre et
sur une tablette. Ce dessin, haut de 3o centimètres et large
de 23, dans la partie supérieure duquel on remarque des
statues de prophètes, d'évangélistes et de musiciens célestes,
est assurément un des plus beaux qui nous soient parvenus
des artistes français du temps de Charles VI; il a été gravé
par Saint-Aubin , dans le tome VI des Notices et extraits des
manuscrits (en regard de la page 124)-
L'état dans lequel nous est parvenu le ms. 166 prouve
que les artistes chargés de le décorer ne poussèrent pas très
loin leur travail. C'est au folio 48 que s'arrête une pre-
mière série de tableaux, exécutés avec une rare habileté et un
goût exquis, dans un style qui rappelle plusieurs des meil-
leures compositions dues aux artistes de Jean , duc de Berri ;
^ Un examen superficiel pourrait faire sition de feuillets dans le caliier cor-
croire que le ms. français 1 66 présente respondant aux folios 57-64. Le texte se
des lacunes au cours du livre des Juges suit sans interruption si on lit ces feuil-
et au commencement du livre de Ruth; lets dans l'ordre suivant : 67, 69, 58,
mais il n'y a en réalité qu'une transpo- 60, 61, 63, 6a et 64.
TOME xxxi. 3i
1 8 *
XIV* SIÈCLB.
vf.ng <ivTint.\iic.
«ifecl.K.
242 LIVRES D'IMAGES.
malgré le silence des inventaires, nous inclinerions même
à penser que la Bible moralisée n" 166 était destinée au
duc de Berri et que l'exécution en fut interrompue, comme
celle des Heures de Chantilli, par la mort du prince sur-
venue en i4i6.
Les peintures de la seconde partie du volume, beau-
coup moins belles que les premières, ne sont pas antérieures
au milieu du xv" siècle; elles sont l'œuvre d'enlumineurs
assez médiocres, parmi lesquels il convient de distinguer
celui qui a peint, ébauché ou esquissé les tableaux des fo-
lios 1 14-'69. Il travaillait pour un membre de la famille
de Poitiers, dont les armes (d'azur à six besants d'argent,
au chef d'or) sont semées à profusion sur les marges du
folio 1 1 4 et dans le cadre même des miniatures des cent
dernières pages du manuscrit. C'est à cette famille que doit
appartenir la devise sans nombre répétée une dizaine de fois
sur les folios 99 v°, 100, ii4i m 5, ii5v% 117, 120 et
1 20 v". Les mêmes armes et la même devise se voient sur le
beau livre d'heures, fait primitivement pour le maréchal
Boucicaut, qui appartient aujourdhui à M. de Villeneuve, et
Berger (S.). La sur un manuscrit français de lApocalypse, qui est passé de
pît^o/™"'"''* * la bibliothèque de Gaignat dans le musée Hunter à Glasgow.
La plupart des sujets représentés dans le ms. 16G, aussi
bien par les peintres des premiers cahiers que par les conti-
nuateurs, présentent de notables différences avec les ta-
bleaux correspondants du ms. 167. Une grande liberté
d'interprétation était laissée aux artistes, qui ne devaient
pas travailler d'après les mêmes modèles.
11 est évident que la décoration du ms. 1 66 n'a pas été
terminée; mais nous pouvons affirmer que le texte en avait
été copié tout entier : en effet nous avons retrouvé cinq
feuillets', plus ou moins mutilés, qui ont fait partie de la
seconde moitié du volume et qui correspondent exactement
' Ces cinq feuillets sont reliés avec Lat. 17177. fol.34;fr. 167, fol. 177;
différents fragments d'unciens manu- Lat. 17 177, fol. 35; fr. 167, fol. 30a ;
scrits dans les volumes 17177 et 1039g ^'''' io3g9,fol. 19: fr. 1G7, fol. 367;
du fonds latin. En voici la concordance Lat. loSgg, fol. 17; fr. 167, fol. 3oi :
avec If ms. fran^uL* 167 : Lat. 10399, fol. '^' '*'' '^7> foi-^oa.
LIVRES D'IMAGES. • 243 ,.,.„^„,
aux folios 177, 202, 267, 3oi et 3o2 du n" 167; ils con-
tiennent (les morceaux d'Isaïe, de Jérémie, des Evangiles,
des Épîtres de saint Paul et de l'Apocalypse; d'où l'on peut
conclure que le copiste ne s'était pas arrêté avant d'avoir
atteint la lin de la Bible. L'écriture est identique à celle du
ms. 166; mais la place des grandes initiales et des tableaux
est absolument l'estée en blanc.
La plus ancienne mention que nous ayons rencontrée de
la Bible moralisée n° 1 66 nous a été fournie par le Catalogue
des livres du roi François I", dressé à Blois en 1 5 1 8 et con-
servé en original à la bibliothèque impériale de Vienne.
Nous y lisons :
Une Bible en parchemin, en latin et françoys, bien et richement
historié des figures du Vieil Testament avec le Nouveau, et est couverte
a bendes de veloux cramoisi et de drap d'or, avec camaieulx de pource-
linnes. — Item le résidu de la Bible dessus dict, en parchemin, lequel
n'est point historié, avec deux cayés de papier ou sont contenus la forme
de faire les dictz histoires.
Ainsi la Bible moralisée que François I*' possédait au
commencement de son règne était coupée en deux volumes:
le premier, orné de peintures, est le volume qui porte au-
jourd'hui le n" 1 66 dans le fonds français; le second se com-
posait de cahiers non enluminés, dont il nous est parvenu
quelques feuillets recueillis dans de vieilles reliures. A ce
second volume étaient joints deux cahiers de papier rem-
f)lis d'instructions pour les peintres chargés du travail d'en-
uminure, cahiers dont la perte est infiniment regrettable.
Un arrangement de la Bible moralisée nous a été con-
servé dans un manuscrit de la bibliothèque impériale de Tab. cod. Vin-
Vienne, aujourd'hui coté 1 1 79 , jadis n° 2 du fonds du prince
Eugène, remontant au xiii" siècle et dont l'exécution maté-
rielle offre beaucoup d'analogie avec l'exemplaire dont les
trois volumes sont partagés entre la bibliothèque Bodléienne,
la Bibliothèque nationale de Paris et le Musée britannique.
Ce manuscrit, que nous connaissons par une notice de
Michel Denis et surtout par des extraits dus à l'obligeance de
M. le docteur Nagl, se compose de 246 feuillets, écrits d'un
3i.
dob. , I, aoi.
Denis, (io<l. ms.
leol.'
1 . 336
244 LIVRES D'IMAGES.
seul côté, avec huit médaillons à fond d'or sur chacune des
nieofTinàX.T pages, sauf la première, ce qui donne un total de 1,964 pe-
^^'^ tits tableaux ou environ. L'ouvrage est incomplet : il ne
contient que le Pentateuque, Josué, les Juges, Rutli, les
Rois, Job, Daniel, Tobie, Judith, Esther, les Macchabées
et l'Apocalypse.
Il existe de très notables différences entre le texte du ma-
nuscrit de Vienne et celui des manuscrits qui ont été jus-
qu'ici passés en revue. On en jugera par la comparaison
de la première page du volume de Vienne avec les passages
correspondants du manuscrit d'Oxford et du manuscrit
français 1G7 de Paris, qui représentent la première et la
seconde rédaction de la Bible moralisée.
Manuscrit de Vienne.
[Le premier article du manu-
scrit (l'Oxford manque dans le ma-
nuscrit de Viemie.]
Hic dividit Dominus dicm a
nocte, id est lucem a tenebris.
Ciaritas diei significat claritatem
angelorum et sanctœ Ecclesi;e. Nox
significat tenel)ras mundi, cupidi-
tatem , luxuriam , invidiam , super-
biam et alia peccata.
Hic facit Deus firmamentum,
terram in medio et mare circumvol-
vens terram.
Terra in medio firma significat
sanctam Ecclesiam firmam. Mare
circumvolvens terram significat
amaritudinem mundi, id est falsos
fratres qui flagellant eam.
Manuscrit d'Oxford.
I. In principio creavit Deus ce-
lum et terrain. Dixitque Deus :
« Fiat lux , et facta est lux. »
Creatio lucis angelorum creatio-
nem significat.
II. Et vidit Deus lucem quod
esset bona , et divisit lucem a te-
nebris, et appellavit lucem diem et
tenebras noclem , factumque est
vespere et mane dies unus.
Divisio lucis a tenebris divisio-
nem angelorum bonorum a malis
significat, vel divisionem virtutisa
vitio per discretionem et declina-
tionem'.
III. Dixit quoque Deus : • Fiat fir-
mamentum in medio aquarura. *
Firmamentum in medio aqua-
rum , et terra in medio maris , signi-
ficat sanctam Ecclesiam firmam.
Mare circumdans , amaritudines
mundi, quibus firma Eccle.sia as-
sidue flagellatur.
' La seconde partie de cette plirase , depuis le» mots vel divisionem , n'est pas dans
U rédaction représentée par le ms. français 167 de la Bibliothèque nationale.
I
LIVRES D'IMA(;ES. 245
Hic dividit Dominus terram a IV-IX. [Articles se rapportant
mari et ornât terram arboribus. aux versets 9-12 du cli.ipitre 1 de
Terra significat sanctam Fxcle- la (Jenèse. Il serait trop long de
siani. Arbores significant bonos reproduire ces articles, auxquels
predicatores, qui ornant sanctam correspond seulement dans le ma-
Ecclesiam bonis operibus et pi"aedi- nuscrit de Vienne l'article transcrit
cationibus. ci-contre.]
Ilic facit Deus solem et lunam X. Hic facit Deus solem et lu-
cl stellas. Sol illuminât lunam et nam et stellas. Sol illuminai lunam
stellas. et stellas.
Sol significat divinitatem; luna Luminare majus, sicutsol, ma-
significat sanctam Ecclesiam ; stelle jores in Ecclesia significat. Lumi-
significant clerum et omnes bonos nare minus, sive luna, minores,
quos divinitas illuminât. Stelle significant totum clerum et
omnes illos qui , sicut luna recipit
a sole siuun lumen, sic a doctrina
sacre Scripture animarum reci-
piunt claritatem.
Entre lès deux textes il y a de telles diflerences qu'on est
autorisé à considérer le manuscrit de Vienne comme ren-
fermant une rédaction parfaitement distincte, mais qui, au
moins dans certaines parties, semble se rapprocher de la
version contenue dans le manuscrit du xm* siècle dont les
trois volumes sont conservés à Oxford, à Paris et à Londres.
Ainsi, dans le manuscrit de Vienne, la moralisation des ver-
sets 7 et 8 du chapitre xlii de Job s'applique, non pas aux
fidèles qui ont péché par faiblesse ou par ignorance, comme
dans les mss. 1 66 et 1 67 de notre fonds français (seconde ré-
daction de la Bible moralisée) , mais bien aux hérétiques, qui
doivent se convertir pour voir agréer leurs sacrifices, absolu-
ment comme dans le ms. latin 1 1 5 60. Il serait difficile de citer
un exemple plus probant du rapport qui existe entre le ma-
nuscrit de Vienne et la première rédaction de la Bible mora-
lisée. Nous mettons en regard le texte des deux rédactions :
Manuscrit 1 179 de Vienne (fol. 161 v*) Manuscrits français 166 et 167 de Paris
et manuscrit iatin 1 i56o de Paris (fol. lia v*).
(fol. 1 V').
Per amicos Job beretici signî- PerhosamicosJobsignificantur
ficantur, qui ad Job ire jubentur, illi qui peccaverunt non ex certa
XIV SIECi.K.
246 LIVRES D'IMAGES.
Sl«' SICCIP.-
id est ad fidem Ecclesie converti ; malitia, sed fragiiitate vel igno-
alilcr non sunt accepta eorum sa- rantia contra Ghristum, qui debent
crificia. Et bene septcni oblalio- septem dies, id est totam vitam
nibus expiantur, quia, cum ad oifeiTc Deo et conFiteri in merito
Kcclesiam redeunt, spiritum septi- Christi, qui est advocatus apud
loiniem accipiunt. Tauii etaricles patrem pio peccatis nostris.
pro eis ubiali sunt : ])ei' taurum
suporbia, pei'arielem ducalusgre-
gis, qiiod in eis occiditur duni ad
Ecclosiain redeiuit.
BiBi E iiisToiiiKF. A côté fie la Bible moralisée doit se placer un autre abrégé
ToiTK nnunKK. ^j^ j^^ Bible (laus lequel les versets empruntés à l'Écriture
sont également accompagnés (re\|)licalions allégori(pu's et
morales. Nous croyons pouvoir l'intituler Bible bisloriée
toute figurée en adoptant les expressions des anciens inven-
taires de la librairie du Louvre. C'est une compilation
dont les peinltires forment la partie principale et dont les
légendes sont toutes en français. La rédaction doit en être
rapportée au commencement du xw*" siècle, ou peut-être à
la lin du xlIl^ Nous n'(;n connaissons aucun manuscrit
complet.
' Charles V en possédait un exemplaire qui avait appartenu
à la reine Jeanne d'Evreux, veuve de Charles le Bel. H est
Van Prait, In- alnsl désigné dans l'inventaire de Gilles Malet : « La Bible
iL"l<Iuïi('' |!*'5 «historiée toute en y mages, qui fu de la royne Jehanne
«d'Evreux, historiée toute a ymages et toute figurée;» et
dans les inventaires plus récents : «Item, une bible histo-
« riee et toute figurée a images, qui fut de la royne Jehanne
«d'Evreux, commançant ou ii" foeillet Cy départ Dieux, et
«ou derrenier Cy vient Booz, couvert de soye, a deux fer-
« mouers d'argent. » Le volume auquel répond cette descrip-
tion ne devait contenir que les premiers livres de la Bible,
depuis la Genèse jusqu'au livre de Ruth, puisque le der-
nier feuillet était occupé par l'histoire de Booz.
Nous avons pu étudier la Bible historiée toute figurée
dans le ms. français 9661 de la Bibliothèque nationale, qui
contient le commencement et la fin de l'ouvrage, c'est-à-
dire, en premier lieu, les extraits de la Genèse (fol. i), de
I
11" 1 '1.
LIVRES D'IMAGES. 247
l'Exode (fol. l\k v°), du Lévitlque (fol. 77), des Nombres
(fol. 87), du Deutéronome (fol. 99), de Josué (fol. 101),
et des Juges (fol. 1 1 1), et en second lieu la Vie de Jésus-
Christ (fol. 11 3).
Les premiers articles de la Genèse donneront une idée du
mode de rédaction :
Ici crie Dc\ ciel et terre et soleil et toc' les clcmens ensemble. (Ge-
nesis primo caj)itulo.)
Ici dej)art l)ex le jor de \a nuit. (Genesis primo capitulo.) — La
clarté dil jor scnefie la clarté des angcles et de sainte église.
Ici fct Dex le firmamanl, la terre en mi et la mer entor. (Genesis
primo capitido.) — La terre en mi ferme senelie sainte église ferme; la
mer qui corl entor senefie la mer del monde (jni llaele sainte église.
Ici départ Dex la terre de la mer, et garnisl la terre d'arbres et d'oi-
siaus, et la mer de poisons, de gros el de menus. (Genesis primo capi-
tulo.) — La terre senefie sainte Eglise; les oiseus senelient les diverses
genz del munde qui acroclient sjiinte Kglise; les granz poissons senefient
les granz usuriers qui manjuent les petit, ce sunt la povre gent.
Le plan adopté pour l'Ancien Testament est à peu près
celui de la Bible nioralisée; mais il y a de grandes diffé-
rences dans le choix des textes et encore plus dans les ex-
plications.
On jugera des ressemblances et des divergences par un
petit nombre d'exemples, sur lesquels la comparaison est
facile à établir.
D'après la Bible moralisée, le corbeau et les colombes
de l'arche représentent l'âme toute noire de péchés et les
Pécheurs qui ne rentrent dans le sein de l'Église qu'après
accomplissement de la pénitence (ms. fr. 167, fol. 4 v"
el 5). — Suivant la Bible historiée toute figurée, ces mêmes
oiseaux rappellent les moines chargés de prêcher la parole
divine et dont plusieurs manquent à leur mission : u Le
« corbias qui [sic) envoia fors et s'aresta sor la charoigne
« senefie le mauves moine qui s'arreste sor la charoigne del
« monde et manjue les mauves morsiaus et guerpist la parole
«Deu dire» (ms. fr. 9661, fol. i3).
' Ce mot est ainsi écrit avec un p très bien foriné, comme on en trouve souvent
dans tes manuscrits d'origine italienne.
XIV* SI^.CLE.
fiv* «làcuE.
248 LIVRES D'IMAGES.
Dans la Bible moralisée, les trois corbeilles que le pane-
tier de Pharaon vit en songe (Gen., xl) signifient trois pé-
chés, comme l'auteur l'explique par une très courte phrase:
u Ce panetier segnefie cens qui pecchent par ces trois pe-
« chiez ci, avarice, orgueil, luxure, qui sont figuré par
.< paste, par farine, par chars » (ms. fr. 167, fol. i3). — La
Bible historiée toute figurée donne la même explication,
mais avec des détails plus circonstanciés :
Ce que H panctiers sonja qu'il portoit trois corbeilles de paste et de
farine et de char : pasic , qui est glueuse , senefie convoitise ; la farine , qui
est chose vaine, senefie orguoil; la char, luxure. Cil qui [portent] les trois
corbeilles et les oisiauz qui bêchent la char senefient cels qui donnent en
ce/, trois péchiez que nos avons devant dit, et deables les enchaoinent et
traient en enfer. (Ms. fr. gôGi, fol. a8 v". )
La huppe dont il est question au chapitre xi du Lévitique
représente le luxurieux dans la Bible moralisée, le mau-
vais prélat dans la Bible toute figurée en images :
La huppe, les luxurieus, qui es ordures font leur lit conmie la huppe
son ni. (Ms. fr. 167, fol. 3o.)
La hupe, qui fet sun ni en sa merde, senefie li mauves evesques
qui douent les provendes a leur neveuz, as garçons qui rien ne seivenl.
(Ms. fr. 9561, fol. 83.) , ,
Les auteurs fies deux compilations sont d'accord pour
avertir les princes que la punition infligée par Moïse aux
blasphémateurs (Lévit., xxiv, 16) indique aux princes la
conduite à tenir vis-à-vis des hérétiques :
Ceci segnefie que tel heretige qui la foy Nostre Seigneur blasme doit
premièrement estre mis hors de sainte église et baillé a la justice laie et
puis estre condempné a mort. (Ms. fr. 167, fol. 3a v°.)
Ce que Moyses comende que cil soit lapidés qui se gaba de Dieu ,
senefie les bons princes qui font découper toz celz qui se gabent
de Jhesu et de sainte Eglise, ausi come li aubijois et li mescreant.
(Ms.fr. 9561, fol. 86 v°.)
La Vie de Jésus-Christ se réduit à une série de courtes
légendes qui indiquent le sujet de chaque tableau, sans au-
cune explication allégorique ou morale, par exemple :
C'est l'histoire coment la vierge Marie enfanta Nostre Seignour Jhesu
r
LIVRES D'IMAGES. 249
Crist, et puis l'envoloupa en dras et le posa en la mangeoire, ensl que
saint Luc le dist en son évangile, u secunt capitle. (Fol. 1 33 v°.)
C'est l'ystoire cornent Nostre Seigneur Jhesu Crist fu portei au
tample pur circumcirre , ensi que saint Luc le dist en son évangile,
u secunt capitle. (Fol. i 34.)
C'est l'ystoire cornent les trois rois vindrent en Jérusalem et deman-
dèrent : « Ou est cil qui est ney roy des Juis ? » Et quant Herodes out ce
oy, fut moût troublé , et pueple de Jérusalem avec lui. Lors assembla
Herodes tous les princes des prestres des Juis et les scribas du pueple ,
e demandoit ou Nostre Seignour Jhesu Crist devoit naistre, ensi que
saint Mathieu le dist en son évangile, u secunt capitle. (Fol. i 35 v°.)
Les premières pages de la Vie de Notre-Seigneur sont
des tableaux de l'histoire de la sainte Vierge, dont le sujet
a été inspiré par les écrits apocryphes. Voici les légendes
de ces tableaux :
C'est l'ystoire cornent Joachim ala au temple pur faire son offerte, et
le prestres dou temple ne vout recevoir son oflerte , ains le chassa hors du
tample pour ce que il n'avoit eu onques enfans de sa famé. (Fol. i i3.)
C'est l'ystoire coment Joachim se parti de sainte Anne sa moulhier
et ala veoir ses pastours. (Fol. i i ^ v°.)
C'est l'ystoyre coment sainte Anne se mist en orisons depuis que Joa-
chim son mari fu parti de li , et lors li apparut li angles qui li annuncia
qu'ele devoit concevoir la viei^e Marie. (Fol. i i5.)
C'est l'ystoire coment li angles aparut a Joachim, et li annuncia que
sainte Anne sa moulhier devoit concevoir, et li comanda que il deust
retourner a li a tiel seignal qu'il la trouvera a la porte de la cité.
(Fol. iiev*.)
C'est l'ystoire coment Joachim revint de ses pastours et ala a sainte
Anne sa moulhier et l'a embracie, et lors fii conceue Nostre Dame.
(Fol. 117.)
C'est l'ystoire coment sainte Anne enfanta Nostre Dame, selonc que li
angles li avoit anuncié quant il la trouva faisant ses orisons. (Fol. 1 1 8 v°.)
C'est l'ystoire coment la vierge Marie fu amenée au temple et monta
les degrés du temple. (Fol. 119.)
C'est l'ystoire coment Nostre Dame , en orant , les angles la soustenoient.
(FoL lao V.)
C'est l'ystoire coment la vierge Marie demouroit u temple avec les
vierges, et li angles li apparissoit. (Fol. 1 a 1 .)
C'est l'istoyre (iic) coment li angles portoit le pain et le vin a la vierge
Marie. (Fol. i aa v".)
C'est l'ystoire coment Nostre Dame donnoit pour Dieu le pain as
povres. (FoL ia3.)
TOME SXII. 33
XIV' SIÈCLE.
tBFIIMIBtt ««Tl«l«fl.
xn* siàci.K.
250 LIVRES D'IMAGES.
C'est i'ystoire cornent le grant prestre des Juis pfSirioit au pueple du
mariage de la vierge Marie. (Fol. ia4 v'.)
C'est I'ystoire cornent le grant prestre des Juis niisl sur l'autel les
verges pour veoir qui devoit espouser la vierge Marie. (Fol. i a5.)
C'est I'ystoire cornent le grant prestre de[s] Juis dona la verge a
Joseph, et lors la columbe descendi sus la verge de Joseph. (Fol. i a 6 v*.)
Le ms. 9661 doit avoir été exécuté vers le commence-
ment du XIV* siècle, soit en Italie, soit dans le midi de la
France. Les caractères de l'écriture dénotent cette origine,
attestée d'ailleurs par le style des peintures dont il nous
reste à parler.
Les peintures ont été exécutées sur des feuilles de par-
chemin dont un seul côté a été employé. Elles sont disposées
de telle façon que deux pages blanches alternent avec deux
pages peintes.
Des 206 pages peintes qui sont aujourd'hui dans le vo-
lume , les 1 3o premières se rapportent à l'histoire de l'Ancien
Testament. La première est entièrement remplie par une
grande figure en pied du Créateur. Les 129 autres pages
(fol. 2 \°-H2 v") sont toutes partagées horizontalement
par le milieu, de manière à présenter dans la moitié supé-
rieure une scène empruntée à l'Ancien Testament, et, dans
l'autre moitié, tantôt une scène correspondante du Nouveau
Testament, tantôt une allégorie mystique ou morale. Du
folio 2 v" au folio 26 v° il n'y a qu'une paire de sujets sur
chaque page; mais à partir du folio 27 on trouve à peu près
sans exception trois paires de sujets par page, soit six ta-
bleaux, dont chacun est renfermé sous une arcade gothique.
Les 76 dernières pages peintes dums. 9661 représentent
des scènes de la vie de la sainte Vierge et de la vie de Jésus-
Christ. Chacun des tableaux, au nombre de 76, occupe un
cadre haut de 17 ou 18 centimètres et large de 21 ou 22.
Ces tableaux, à fond d'or, sont très incorrectement des-
sinés; mais beaucoup de figures ne manquent pas d'expres-
sion ; parfois les personnages sont assez haoilement groupés,
et la distribution des couleurs produit presque partout un
ensemble très harmonieux. M. le comte de Bastard, qui
LIVRES D'IMAGES.
251
XIV' UÈULK.
Deliile, Les Col-
lections de Bastard
d'Estang, p. 263.
Tab. Cod. Vin-
dob. , II, 1)7. —
ms«.
croyait pouvoir rattacher cette œuvre d'art à l'école de
Sienne, avait fait reproduire les tableaux des folios i64 et
i65 v°, représentant l'institution de l'Eucharistie et le lave-
ment des pieds; mais il n'en a été tiré d'épreuves que pour
un petit nombre d'exemplaires du grand ouvrage sur les
Peintures et ornements des manuscrits.
Le ms. français 9661 de la Bibliothèque nationale nous
a conservé, comme on l'a vu, deux parties de la Bible his-
toriée toute figurée : les premiers livres, de la Genèse au
commencement des Juges, et la vie de Jésus-Christ. Un autre
manuscrit du même ouvrage doit contenir toute l'histoire
de l'Ancien Testament. C'est le volume qui porte, à la biblio-
thèque impériale de Vienne, le n° 2554 et dont Michel Denis
a donné la description sous le n° ccxxvi. H paraît dater du "i>^i.s, ôxi!
XIV* siècle, peut-être même du xiii% et contient 66 doubles |i'«o'^Vindob..ii.
pages couvertes en grande partie de peintures à fond d'or.
11 y a sur chaque page huit grands médaillons, entre les-
3uels on a peint, sur des cartouches carrés, des bustes
'anges. Dans les grands médaillons on voit les scènes bi-
bliques mises en rapport soit avec des épisodes du Nouveau
Testament, soit avec les dogmes ou la morale du christia-
nisme. Une bande étroite, ménagée à droite et à gauche des
peintures, contient le texte explicatif. C'est une tout autre
disposition que celle du manuscrit de Paris.
Michel Denis a cité deux passages du texte du manuscrit
devienne. L'un, relatif à la Création, est conforme à ce que
nous lisons sur les folios a v° et 4 V de celui de Paris. La se-
conde citation de Denis porte sur le chapitre xix des Juges,
c'est-à-dire sur une parue de la Bible qui manque dans le
ms. 9561 de la Bibliothèque nationale. Nous la reprodui-
sons, en regrettant de ne pouvoir mettre sous les yeux du
lecteur un plus long exemple du manuscrit de Vienne :
Ici vient li dyakenes, et fet de sa famé xii parties, et les envoe per
XII messages as xii lignies. — Ce que li dyakenes depieça sa famé en
XII parties et les envoa par xii messages a xii lignies, ce senefie Jereume
et Augustin qui baillèrent a xn patriarches les xii volumes por porter les
as XII apostres.
3a.
XIV* SliCLI.
252 LIVRES D'IMAGES.
Cette dernière figure est un peu autrement expliquée
dans la Bible moralisée, ms. français 167 de la Bibliothèque
nationale, où nous lisons (fol. 60 v°) que la femme du lé-
vite, dont les morceaux furent envoyés aux douze tribus,
représente la sainte Ecriture, dont les morceaux furent par-
tagés entre les apôtres quand ils allèrent prêcher la foi
nouvelle aux nations.
Le ms. 2 054 de la bibliothèque de Vienne est indiqué,
suivant la notice de Michel Denis, dans les catalogues de
ce grand dépôt sous le titre de Biblia hislorico-allegorico-
iconologica Veteris Testamcnti. Au milieu du dernier feuillet,
on a ajouté les armes de Mercy et de Luxembourg, et, dans
les angles, celles de Beaupart, Beauvau-Craon, Lenoncourt
et La Mark.
Nous avons trwivé dans un troisième manuscrit la partie
de la Bible historiée toute figurée qui correspond au Pen-
tateuque. C'est le ms. latin 9471 de la Bibliothèque natio-
nale (jadis de la maison professe des Jésuites de Paris),
admirable livre d'heures de la première moitié du xv' siècle,
qui a été exécuté pour un membre de la famille de Rohan.
Sur les marges des 289 feuillets dont il se compose, le
peintre a figuré les scènes de l'histoire sainte depuis la Créa-
tion jusqu'à la mort de Moïse. Les sujets et les légendes sont
les mêmes que les sujets et les légendes des cent premiers
feuillets du ms. français 966 1, et la comparaison des deux
exemplaires permet de constater les lacunes ou les interver-
sions qui sont dans l'un et dans l'autre. Citons-en seulement
deux exemples. Les tableaux des folios 49, 02, 58, 61, 6a,
64, 66, 67 et 69 du livre d'heures de la famille de Rohan
n'ont point leur équivalent dans le ms. français 9661, et
l'examen des folios 73 et suiv. de ce même ms. français 966 1
prouve que la série de peintures qui orne les folios 2 7*44 de
l'autre manuscrit aurait dû prendre place entre les folios 209
et 210, de façon que la légende du folio 27 V'' vînt immé-
diatement après celle du folio 209 v°, et la légende du
folio 44 v° immédiatement avant celle du folio 210, comme
le fait voir la simple lecture des textes :
LIVRES D'IM.\GES. 253 . .
XIÏ SIECLE.
Fol. a 09 v°. Icy parle Moyse a Dieu en la niontaigne dedens la de-
meure que Moyse y fit. Sy vint li peuples et prindrent leurs aniaux et
leurs aficlies. et le fondirent ensemble. Icelle fondure devint ung torel.
— F'ol. 2 y v". Ce que Moyse parle a Dieu en la niontaigne, senefie que
saint Pierre parle a Dieu des secrés du ciel. Ce que ly peuples formèrent
le torel , senefie ceuLx qui par leurs amassemens de leurs avoirs forment
le dyable.
Fol. !i 4 v°. Ici vient le peuple , sy oflrent le vcel que nous avons devant
dit. — Fol. 210. Ce que ilz offrent le veel, senefie ceulx qui sont lavez
de tous péchés et font offrande a Jhesu Crist et il les reçoit.
L'ordre que nous venons d'indiquer est celui qui est ob-
servé dans le nis. français 9561, aux folios yS et suiv.
Les peintures du livre d'heures de la maison de Rohan
dérivent de celles du nis. français 9661, ou d'un type ana-
logue. Pour s'en convaincre, il suffît de comparer le folio 6
du premier de ces livres avec le folio 5 v° du second. Le
peintre avait à représenter les diverses conditions de la so-
ciété, symbolisées par les différentes espèces de poissons
dont le Créateur a peuplé les mers : « Ce que Dieux garnist
« la mer de diverses manières de poyssons, senefie Jhesu
« Crist qui garnist le monde de diverses manières de gens. »
Le tableau qui correspond à ce texte dans les deux manu-
scrits est partagé en trois registres. En haut, à gauche, deux
cavaliers; à droite, un entretien dans une salle de château.
Le compartiment du milieu est rempli par un morceau de
mer sur lequel voguent trois bateaux. Dans le comparti-
ment inférieur, en allant de gauche à droite, nous voyons
un homme et une femme s'embrassant à l'entrée d'une mai-
son, puis deux joueurs d'échecs, et enfin deux marchands
occupés à peser de l'or. 11 est évident que les deux peintres,
livrés à leurs propres inspirations, n'auraient pas, chacun
de leur côté, trouvé ces six scènes, pour caractériser les di-
verses conditions de la vie humaine.
Nous ignorons dans quelles circonstances et pour quel '"*«s*
1 " * . , . , , * . 1 1 DE Ll BiBI.E.
grand personnage on a peint, au xiii* siècle, une suite de
tableaux bibliques dont quatre pages ont été recueillies par
1 9
x.*'..icL.. 254 LIVRES IXIMAGES.
la Bibliothèque nationale (Nouv. acq, lat. 2294). Ce recueil
devait former un livre de très grand luxe. Chaque tableau,
divisé en plusieurs compartiments, ne mesure pas moins
de 265 millimètres de hauteur sur 260 de largeur, ou en-
viron. La composition, le dessin et le coloris sont très remar-
quables. Des légendes explicatives en latin sont disposées
sur la marge supérieure et la marge inférieure de chaque
page. Le fragment conservé à la Bibliothèque nationale
nous offre différentes scènes de la vie d'Absalon. Voici,
à titre d'exemple, les inscriptions qui accompagnent les
derniers tableaux :
Qualiter, cum Absalon duobus annis patris faciem non vidisset , et bis
misisset pro Joab ut eum ad patrem suum mitteret, Hlo non veniente,
ad se misit servos suos qui messem ejus incenderent. Quo damno motus ,
Joab venitad Absalon, et ille eum mittit ad regem.
Qualiter. interveniente Joab, Davit rex Absalon filium suum recon-
ciliatum osculatur.
Qualiter Absalon, animum ad regnandum habens, stabat in porta
domus régie, et omnes venientes ad judicium blandis sibi sermonibus
copulabat, quasi eis compateretur quia justitiam non invenirent in au*
ditorio régis ; omnes quoque ad se venientes osculabatur, et cum boc
quadriennio fecisset , tandem petiit a rege iicentiam eundi in Hebron ad
solvendum votum.
Qualiter rex dat Iicentiam Absalon, et ille, cum curru et cum ducentis
viris de Jérusalem ab eo vocatis et ad quid ducerentur ignorantibus ,
vadit in Ebron , proposito rebellandi.
Les marges de chaque page portent aussi des légendes
explicatives en persan, relativement modernes, dont
M. Schefer a donné la traduction sur un feuillet de garde,
et dont l'origine ne saurait prêter au moindre doute.
BiU. de l'Kcoie En effet, M. Paul Durrieu a remarqué dans la biblio-
P*'386'' '**'' thèque de sir Thomas Phillipps, à Cheltenham, sous le
n° 8026 [bis], un volume de 43 feuillets, lesquels sont cou-
verts, au recto et au verso, de tableaux bibliques, du même
style et des mêmes dimensions que ceux du fragment de la
Bibliothèque nationale, et, comme ces derniers, accompa-
gnés d'une ancienne explication latine et de légendes en
LIVRES D'IMAGES.
255
xit* sikcti.
persan. Une note jointe au manuscrit de Cheltenham nous
apprend que ces tableaux furent ofTerts à Schah Abbas le
Grand, roi de Perse, par le cardinal Bernard Maciejowski,
évêque de Cracovie, mort en 1608.
Les feuillets possédés par sir Thomas Phillipps devaient
former le commencement du volume ; ils conduisent l'his-
toire sainte jusqu'au milieu du règne de David.
Au groupe des compositions que nous étudions doivent
se rattacher des rouleaux, ornés de peintures sur lesquels
on a disposé synoptiquement la succession des événe-
ments de l'histoire sainte et parfois aussi ceux de l'his-
toire profane. L'usage en devint très général à la fin du
xiv' siècle et surtout au xv°. Il y en avait un exemplaire
dans la librairie de Charles V, au Louvre : « Les ans de la na-
« tivité Nostre Seigneur Jésus Crist puis Adam, de l'aage du
« monde, et aussi des papes, empereurs et rois de France,
«paint, historié et escript selon un arbre, en parchemin
«ployé par manière d'unes tables, et c'est pour mettre en
« roole. » La vogue de ces rouleaux subsista même après
l'invention de l'imprimerie, comme l'atteste le succès de
plusieurs éditions que des libraires parisiens en firent im-
primer, sur vélin et sur papier, du temps de François I",
avec le titre de « Cronica cronicorum abbregé et mis par
« figures, descentes et rondeaux». L'origine en remonte as-
surément au xiii* siècle. L'un des plus anciens exemples que
nous en puissions citer a figuré dans les galeries de l'His-
toire du travail à l'Exposition de 1889, où M. Gélis-Didot
avait bien voulu l'envoyer. L'exemplaire dont nous parlons
parait dater de la seconde moitié du xiii* siècle. 11 consiste
en bandes de parchemin assez étroites, sur lesquelles un
texte plus ou moins développé encadre les médaillons ou
« rondeaux » , dont le champ est occupé par la représentation
des scènes les plus remarquables de fAncien et du Nouveau
Testament. En tête, le peintre a figuré ii Majesté divine,
dans un nimbe que soutiennent deux anges et sous lequel
se dresse un grand chandelier à sept branches.
RisVMK
DE
l'HiSIOIHK S*lSTt
EN ROULEAUX.
Delisle, Le Ca-
bine! des man. .
III, i55,n'888.
Brunet, Man.,
I, 1861 et 186a.
XIV* SIÈCLE.
256 LIVRES D'IMAGES.
L'auteur explique ainsi cette double figure, et donne
ensuite les raisons qui l'ont déterminé à entreprendre un
travail ^ dont il vante les nombreux avantages :
In principio hujus intellectus figura Majostatis candclabro siiperpo-
nitur, ut per hoc designetur septiformis Spiritus sancti gratis , veï intel-
ligaiitur sepleni spiritus quos Johannes in Apocalipsi antc tlironum Dei
assistentes se vidisse describit; in quo etiam sepfiformi candélabre si-
mileni filio hominis ambulanteni, liabcntein septem stellas in dextera,
vidit, in quibus stcllis desigiiantur angeli septi-ni niissi septem ecclesiis
Asie, que significantur per candelabra. Est autem ipse similis filio ho-
minis, alpha et oméga, primus et novissimus, initium et finis, qui erat
et qui venturus est.
Gansa hujus compilationis. Facta est ut illi qui ad plenamTestamenti
doctrinam non possunt perlingere noticiam saltem rerum gestariim per
hystoricam successionem habeant.
Considerans hystorie sacre prolixitatem , necnon et difficultatem sco-
larium circa studium sacre lectionis, et maxime illius que in hystorie
fundamento \ersatur, negligenciam quoque quorumdam ex libroruni
inopia impcritie sue solatia querentium volentiumque quasi in quodam
sacculo memoriter tenere narraciones hystoriarum, temptavi seriem
sanctorum patrum, a quibus per leviticam et regaicm tribum Ghristus
originem duxit, cum eorum operibus, in unum opuscuium redigere,
quod et fastidientibus prolixitatem propter subjectam oculis formam
animi sit oblectatio, et a studiosis possit pre oculis habita facile me-
morie commendari, et legentibus utilitas conferri; in quo quidem labo-
rem non facilem, immo negocium plénum vigiliarum, assumpsi, cum
brevitati secundum datam formam ila studui ut nichil de veritate hys-
torie detruncarem, sed, ab Adam inchoans, per Patriarchas, Judices,
Reges, Prophetas, et Sacerdotes eis conteniporaneos, per reges quo-
que aliarum nationum qui infestaverunt terram israeliticam , usque ad
Christum, finem scilicet nostrum, ordinem, nomina singulorum et ge-
nerationes describens, compendiose perduxi.
Volentes igitur in intellectu hujus compilacionis doceri qui nondum
in plena librorum série studuerunt , qui vero etiam de hiis que de Ve-
teri Testamento in ecclesia Dei fréquenter leguntur noticiam habent au-
diant saltem narrationem hystoriarum , vel breviler que in bac forma
subiciuntur, ac per hoc poterunt patres Veteris Testamenti et eorum
generationes et tempora scire, et multa dubitacionis scrupula minus in-
telligentibus , in predictis occurrentia, amputari.
' Ce travail offre beaucoup d'anale- (t. XVI, p. /I87), qui, dans le va». !•-
gie avec l'opuscule de Pierre de Poitiers lin lii^b , fol. 1 36, est intitulé : Com-
mentionné dans l'Histoire littéraire pendium historié in genealogia Chmti.
LIVRES D'IMAGES. 257 . ,
\IV' SIÈCLE.
Après avoir passé en revue une assez longue séries de ma- ~^
nuscrits à peintures qui embrassent toutes les parties de la
Bil)le,il convient de parler de compositions moins étendues,
qui se rapportent à certains livres de la Bible en particu-
lier. Tels sont, pour l'Ancien Testament, le livre de Job el
le p.saiitier.
L'histoire de Job était facile à représenter en images. Au iiisTomEDKJoi..
xn' siècle, un artiste du nord de la France l'a traitée dans
une suite de vingt-huit tableaux, les uns simplement l racés
à la plume, les autres plus ou moins grossièrement enlu-
minés. Ces tableaux servent d'introduction à une copie des
huit derniers livres des Morales de saint Grégoire, (pii vient
d'une église du Cand)résis et qui, reliée aux armes du car-
dinal de Richelieu, est arrivée à la Bibliothèque nationale
(fonds latin, u° 16675) avec les manuscrits de la Sor-
bonne. Chaque sujet est expliqué par une inscription en
vers latins; en outre, beaucoup de personnages tiennent de
petits rouleaux de parchemin sur lesquels sont écrites les
paroles (pi'ils sont censés prononcer. Quelques mots sur les
premiers tableaux feront comprendre le plan du travail.
Premier tableau. Job et sa femme sont assis au miliiMi d«'
leurs .sept fils et de leurs trois filles :
Iriter lionoratos Dominus Job magnificavit,
Qui seplem natos et très natas generavit.
Le saint homme recommande à ses enfants de .servir
fidèlement le Seigneur :
IHi servite qui dat spiracuia vite,
Qui vos plasmavit, animavit, sensificavit.
Deuxième tableau. Job bénit ses filles et leur permet de
prendre part aux festins de leurs frères:
Prandia fraterna benedictio fada paterna
Cum natis natas concessit adiré vocatas.
TOME \X\l. '33
t 9 ♦
ivfaivtnic ?iATio^tt.r .
x.v'MicLs. 25^ LIVRES DIMAfiES.
Les filles s'adressent à leur père en ces termes :
Ad fratrum mensas sine nos, paler, ire rogalas.
Job accède à leur prière :
Felices ite, felicius inde redite.
Troisième tableau. Festin des enfants de Job :•
Hos coadunatos pax et pietas sociavit ,
Qiios convivatos patris hostia sanctificavit.
Quatrième tableau. Dialogue entre le Seigneur et Salaii
au sujet de Job. Le Seigneur interpelle Satan :
Tu, Satan, undevenis? An Job tibi subderequeris;^
Satan répond :
Non queo temptare quem te cogiiosco jiivare.
La cour céleste chante les louanges du Seigneur :
Ter resonat sanctum te vox pia vociferantum.
Gloria, piasmator, tibi sit; tibi iaus, reparator.
L'inscription mise en tète du tableau rappelle un autre
détail de cette scène :
Admixtus sanctis ex pcrmissu Dominantis,
Que Job possedit Satan hec sil)i cuncta subegit.
CiiKjuième tableau. Les Sabéens massacrent les serviteurs
de Job et emmènent ses troupeaux :
(jcns inimica Dei simui advencre Sabçi,
Servos straverunt asinosquc bovesque tulerunt.
Sixième tableau. Un serviteur vient annoncer à Job les
malheurs qui l'ont frappé :
Rébus sublatis fugio puerisquc nccatis.
A cette nouvelle, Job bénit le Seigneur :
Qui (ledit ablata, sit ei benedictio grata.
LIVRES D'IMAGES. 259 ^,^.^,,^^,
L'inscription du tableau mentionne simplement rarrivéo
du serviteur qui avait échappé au désastre :
Unus servoium, mortcm fugiens sociorum,
Accurrit llcndo , quod conligerat referendo.
D'après ces exemples, qu'il serait inutile de multiplier,
il est évident que les vers ont été composés pour expliquer
le sujet des tableaux et que, s'ils en élaienl séparés, ils de-
viendraient inintelligibles.
M. Louandre a fait quelques emprunts au ms. latin 1 5675
pour orner l'ouvragc! intitulé Les Arts somptuaires, et M. le
comte de Bastard en a fait lilhographier deux pages (fol. !\
et 7 v°) sur une planche dont une; épreuve est insérée dans
plusieurs exemplaires des Peintures et ornements des ma-
nuscrits (n" 2 48 ter).
De toutes les parties de l'Écriture sainte, le psautier est le Ps^utikks.
livre dont les clercs et les lais firent le plus fréquent usage
au moyen âge. Dans la plupart des monastères, la récitation
des psaumes était le principal exercice de piété imposé aux
religieux non engagés dans les ordres. C'était aussi la pra-
tique de presque tous les couvents de femmes. Le psautier
était à peu près le seul livre de prières qui fût mis entre les
mains des fidèles jusqu'au xiv* siècle, époque à laquelle
commença la vogue des livres d'heures proprement dits.
L'emploi du psautier comme l'un des premiers livres de
lecture dans les écoles' dura plus longtemps encore, et des
vestiges de cet emploi se sont perpétués jusqu'au xix* siècle.
Aussi rien n'est plus varié que les formes sous lesquelles nous
sont parvenus les psautiers du moyen âge. En dehors des
textes destinés à l'enseignement des professeurs et aux études
des théologiens, il faut distinguer, d'une part, ceux qui ser-
' A l'époque carlovingienne on se la récitation sur des exemplaires écrits
servait du psautier pour rendre l'usage en notes. Telle est , selon toute appa-
des notes tironiennes familier aux reli- rence, l'origine des psautiers tironiens
gieux. Comme ceux-ci savaient par cœur du ix* et du x* siècle, qui sont assez nom-
le texte des psaumes , ils en suivaient breux dans les bibliotnëques.
33.
ilV' SitCtK.
260 LIVRES D'IMAGES.
valent au clergé pour la célébration des offices et qui ont un
caractèn; essentiellement liturgique; d'autre part, ceux qui
étaient jirincipalement destinés aux fidèles, soit pour leur
ap])ren(lre à lire, soit pour leur expliquer les mystères de
la religion, soit pour leur tenir lieu de livres d'heures.
Nous n'avons à nous occuper ici que des psautiers do cette
(hîrnière catégorie, qui comprend, à la fois, des volumes
de la |)lus modeste condition, et des volumesdu plus grand
luxe, qu'on trouvait seulement dans les monastères les plus
o|)u lents et dans les châteaux les plus fastueux.
H serait hors de propos de remontera l'époque carlovin-
giennc pour examiner ces admirables psautiers qui font
tant d'bonneur aux calligraphes et aux peintres du ix'^et du
\' siècle; il suffit d'en rappeler d'un mot les types les plus
célèbres : le psautier de l'empereur Lothaire, jadis conservé
à l'abbave de Saint-Hubert, celui de Charles le Chauve,
longlcMups gardé au trésor de la cathédrale de Metz, et les
deu\ psautiers du monastère de Saint-Gall. Mais nous ne
pouvons |)as nous dispenser de parler d'un grouj)e de psau-
tiers dont l'origine doit être incontestablement rap])ortée au
ix*^ siècle et dont les peintures servaient encore, au xui* et
au XI v' siècle, à l'instruction religieuse des classes les plus
élevées de la société. Ce sont de grands livres, dans lesquels
chaque psaume est accompagné d'un tableau inspiré par
le sens lilléral ou figuré d'un ou de plusieurs versets.
Le j)lus ancien manuscrit de ce groupe est le célèbre
psautier de l'université d'Utrecht, qui paraît avoir été fait
au IX' siècle et dont l'élude est devenue singulièrement facile
depuis que la Société paléographique de Londres en a pu-
blié une reproduction autolypique, et que M. le docteur An-
S|.n.i^cr ( Aiii.>, toi ne Springer en a expliqué les sujets, en les rapprochant des
tableaux correspondants d'un manuscrit grec du x" siècle,
cons(;rvé à Moscou. Deux autres psautiers, dont les peintures
se rattachent évidemment au même type que celles du ma-
nuscrit d'Utrecht, sont conservés en Angleterre, l'un au
Musée britannique, n" 6o3 du fonds Harléien, l'autre au
collège d«î la Trinité de Cambridge. Le premier, datant du
DiePsalter-llliistr.
p. 107
LIVRES D'IMAGES. 261 ,.^. ,,,,,
XI* siècle, ne contient, comme le manuscrit d'Ulroclit, que
la version du psautier désignée sous le titre de lioinana; le
second nous offre, en regard les unes des autres, les trois
versions latines appelées Hebrœa, lioinana et Gallicana; il
contient, en outre, deux colonnes de gloses, et le copiste
a inséré une traduction française et une traduction anglo-
saxonne dans les interlignes des deux premières versions la-
tines. Ce psautier polyglotte, dont la partie française a été
publiée en 1876 par M. Francisque Michel, dans la Collec-
tion de documents inédits sur riiistoire de France, est
l'œuvre d'un moine anglais nommé lùidwina.'i , qui a fait
connaître son nom par six vers placés à la fin du livre. Le
manuscrit du collège de la Trinité de (>aml)ridgo nous ])a-
raît devoir être rapporté à la fin du xii'' siècle. Il offre une
grande analogie avec le Psautier (pii porte, à la I^ihliollièque
nationale, le n" 884() du fonds latin, et (jui renferme les
trois anciennes versions latines, deux colonnes de gloses et,
dans les interlignes de la première version latine, la même
traduction française que le manuscrit de Cambridge. Ce
n° 8846 semble avoir été exécuté vers le commencement du
xiii" siècle; c'est assurément un travail anglais : au début des
psaumes lix, lxiv, lxxvii et lxxxvii (fol. io3 v", 109 v°,
i35 et i54 v°), le copiste a tracé quelques mots de la tra-
duction anglo-saxonne au-dessus des mots correspondants
de la version romaine. Dans ce manuscrit, dont une page
a été reproduite en fac-similé dans la PabJographie univer-
selle (pi. 184), le texte s'arrête au verset 7 du psaume xcviii,
par suite de la perte des derniers cahiers du volume.
Que les manuscrits d'Utrecht, de Londres, de Cambridge
et de Paris qui viennent d'être indiqués forment une seule
et même famille, comme l'ont déjà annoncé M. Westwood, . \Veawuo<i, i a<
M. Walter de Gray Birch, M. le docteur A. Springer et Lrii (wde (;.),
M. Samuel Berger, c'est ce nue prouve surabondamment J^^ Uireci.t psai
O ■ _ l r ter, p. 1 1] et sniv.
l'examen comparatif des peintures dont ils sont ornés. Pre- — springer, Dit
11, \l • i*ii 1 Psalter -Illustrât.,
nons pour exemple le tableau mis en tête du psaume xi . p. „,. _ Berge.
(S.), La Bible Ir.,
' Le tableau du psaume xi a été tableau tel qu'il existe dans les ma^- p. i-g.
clioisi parce que la reproduction de ce nuscrits d'Utreclit, de Londres et de
>t\' siici.E.
262
IJVRES DIMAGES.
L'arlisle chargé flexprimpr par le dessin ou ia peinture
quelques-unes des idées du psalmisle a représenté dans un
même cadre sept groupes de personnages : 1° des malheu-
reux qui invoquent le Seigneur : Salvum me fac, Domine
(verset i); 1° des hommes conversant entre eux : Vana lo-
ciili suiit iinus(jms(jue ad proximnm suum (verset 3); 3" le Sei-
gnour chargeant un ange de défendre It's malheureux (jui
l'ont invoqué : Proptcr miseriam inopnm cl (fcmilum panperum
mute e.rutfiam, dicit Dominas (verset G); 4° deux ouvriers
traitant de l'argent dans une forg*' : Anjcntwn ifjnc cxaminalam
(versol 7); 5° et fi" des Jiommes faisant pénihlement tourner
les uns' une meule gigantesque, les autres un énorme ca-
heslan :In circtiila impii (inibnlant (verset 9); 7" la multitude
des fds des hommes : Mulliplicasti films lionnnum (verset 9).
On reirouve ces sept groupes disposés d'une façon iden-
tique dans les quatre manuscrits d IJfrechl, de Londres, de
Cand)ridge et de Paris : preuve évidente que ces quatre
])sautiers ont tous une origine commune.
Il importe de distinguer deux suites de peintures dans le
ms. latin 8846. La première se compose de tableaux repré-
sentant les mêmes scènes que les tableaux correspondants
des trois autres psautiers; mais, à partir du psaume lui,
les sujets traités dans les peintures du ms. 8846 sont tout
à fait indépendants. Cette seconde suite de tableaux a été
ajoutée après coup; elle ne date, selon toute apparence, que
de la fin du xiii'^ siècle ou du commencement du xiv*,
époque à laquelle le volume avait déjà été apporté en
France'. L'artiste qui l'a exécutée appartenait peut-être à
(^mhridgc se trouve au commencement
du volume intitulé The historj', art and
paJœo'jiapliy oj the manuscript styled ihe
Utreclit /).«n/(er, l)y WallcrdeCîrav Birch ;
London, 1876, in-S".
' On ignore al>solument par quelles
moins a |)assp le Psautier n' 88iG.
M. le comte de Bnstard, qui en a foit
entrer une pape, le fol. à r°, dans plu-
sieuis exemplaires des Peintures et orne-
ments des manuscrits fn" a/i8 his), pré-
tend, à divers endroits de ses Etudes
de symbolique chrétienne (p. ag, 3o et
190], que ce magnifique volume a ap-
partenu à Jean , duc de Berri. Non»
avons vainement cherché les preuves
de cette attribution. Nous ignorons de
m6mc quelle raison a pu faire supposer
au même auteur que les peintures du
psautier ont été exécutées dans l'ab-
baye de Saint -Vaast d'Arras [ihid.,
p. i63).
LIVRES D'IMAGES. 263
une école d'Italie; il n'avait certainement pas sous les yeux
les modèles ([u'avait servilement copiés le peintre à qui
nous devons les premiers tableaux du volume.
Il reste une remarque à faire sur le ms. 88/(6. C'est
((u'on y a représenté, sur quatre feuillets préliminaires,
les principales scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Une page entière (fol. 4) est remplie par dix-huit médail-
lons renfermant les bustes des prophètes. Septaulnvs pages,
divisées chacune en douze compartiments, nous offrent
qualre-vingl-quatre petits tableaux de l'histoire sainte, depuis
la Création jusqu'à la Passion de Notre-Seigneur. Il manque
peut-être une ou deux pages consacrées à la dernière pé-
riode de la vie de Jésus-Christ et aux Actes des apôtres. Le
sujet de chaque tableau est expliqué par une inscription
tracée au-dessus de chaque cadre; par exemple pour l'his-
toire de Joseph : Ubi Joseph positus fuit in cisternain a fratiibus
suis; — Ubi vcndiderunt eumfrativs sui Ysniaelitis; — Joseph;
Horrea Pharaonis ; — Ubi venit Jacobus, clfilii sui, in lùjypluni
ad Joseph filiuni suum; — Ubi Joseph adduxit patrem suuni unie
Pharaonem.
Dans le manuscrit de Cambridge et dans celui de la Bi-
bliothèque nationale dont il vient d'être question, la tra-
duction française du psautier est juxtaposée au texte latin
connu sous la dénomination d'hébraïque. Une autre tra-
duction française accompagne le texte gallican dans un
assez grand nombre d'exemplaires du psautier, dont les plus
importants sont : le manuscrit de l'abbaye de Montebourg,
aujourd'hui n" 3 Qo du fonds Douce à la Bodléienne, d'après
lequel M. Fr. Michel en a publié une édition en 1 86o ; le ms.
latin 768 de la Bibliothèque nationale, qu'on a sans motif
bien plausible attribué à l'abbaye de Corbie; trois manuscrits
du Musée Britannique, le n" 5io3 du fonds Harléien, le
n" 2 3o du fonds Arundel et Nero. C. iv du fonds Cottonien;
enfin un manuscrit de la bibliothèque royale de Munich
(franc. 16), qu'on suppose avoir été fait pour Isabelle de
France, fille de Philippe le Bel et femme d'Edouard II, roi
d'Angleterre. Tous ces manuscrits, sauf peut-être le premier.
XIV SIECLE.
\IV MECLÏ.
26'i LIVRES DIM\C]ES.
sont (rorigine anglaise, à on juger par les noms des saints
qui figurent dans les calendriers et dans les litanies.
La provenance du ms. 768 de la Bibliothèque nationale
pouvait au premier abord inspirer quelques doutes; mais
toute incertitude se dissipe, quand un examen minutieux
du calendrier permet de constater qu'on en a fait dispa-
raître par d'habiles grattages les noms de saint Culhbert, au
•20 mars; de saint Dunstan, au ig mai; de saint Augustin,
archevêque de Cantorbéry, au >.G mai; de saint Alban, au
22 juin; de sainte Mildrède, au i3 juillet, etc.
L'usage de mettre au commencement du psautier un ré-
sunu' de l'histoire sainte en images devint assez général à la
fin (In xii'^el pendant le xiii" siècle. Userait fastidieux d'énu-
mérer tous les jrsautiers portatifs qu'on fit alors précéder
d'une introduction de ce genre. Il suffira d'en indiquer
plusieurs, qui se recommandent à la fois comme œuvres
d'art et plus souvent encore par les souvenirs historiques
qui y sont restés attachés. Tels sont ceux qui passent, avec
plus ou moins de raison, pour avoir servi à des membres
de la famille royale pendant le xiii* siècle et au commence-
ment du xiv", jusqu'à l'avènement des princes de la maison
de Valois.
11 faut attribuer à la reine Ingeburge, femme de Philippe
Auguste, un très beau psautier du commencement du
xiii" siècle, qui appartient aujourd'hui à la famille de Puy-
Ségur, après avoir été possédé pendant les deux derniers
siècles par la famille de Mesmes. Il s'ouvre par un calen-
drier, dans lequel on a marqué, d'abord, au 5 et au 1 3 mai,
la mort de Solie, reine de Danemark, et celle de Waldemar,
roi des Danois; puis, au 27 juillet, la victoire de Bouvines :
«Sexto halendas Augusti, anno Domini M ce quarto decimo,
« vainqui Phelippe, li rois de France, en bataille, le roi
« Othon et le conte de Flandres et le conte de Boloigne et
M plusors autres barons. »
Après le calendrier vient une série de tableaux consacrés
à différentes scènes de l'Ancien Testament, des Évangiles,
de la vie et des miracles de la sainte Vierge, série que l'en-
\i\ sir.fir..
Mcin.
lii> à la
Soiboiiiic
. Alrl,..
.S6.->, p.
1721-1
i7i. n
ii'li'llii (II'
la So< i II-
■iitIk'oI.
lie TiMii . ,
V. liô.
I
l-l\RES D'IMAGES. 265
levemeiil (1*1111 on de |)liisieur.s feuillets a rendue inconiplèlc
et (lui comporte aujourd'hui une cinc|uantaine de sujets
(lispos('\s sur ■>.-; pages. Dans l'f'tat actuel, la suite des
tableaux dehute par l'Iiisloire d'Ai)raliain et se termine par
la h^gende de Tliéopliih;. \oici, d'après l'édition (pieu a
donn('>e M. Cli. de Sourdeval, les inscriptions qui accom-
pagnent les premiers et les derniers tableaux :
.Si coino Abraiiam vit trois angelcs, et un on aora. — Si conu- il loin-
(lona a maingior. — Si conio At>raliain enmainc son fill pur sacn-licr. .
— Si corne Teophiius fait omniaigc au deabte. — Si conie Too-
pliilus se repenl, et il prie merci, et madame sainte Marie s'aparul a
lui. — Si conie madame sainte Marie tout le deahie la riiarte. — Si
rome madame sainte Marie raporte la cliarte.
Suivant une tradition fort ancienne, ce psautier aurait
ai)partenu au roi .saint Louis : une note ("critc à la (in du
calendrier, en caractères du xiv" .siècle, porte : « Cepsaullier
« lu saint Loys », et c'est incontestablement à ce livre que se
rapporte l'article suivant de l'inventaire du mobilier de M'-'
Charles v dre.ssé en i3oo : «Item ung gros psauilier,
« nommé le psauilier .saint Loys, très richement enlumvné
« d'or et yslorié d'anciens ymages, et se commance le se-
« cond fueillet cnm cxarscril. »
Autant il faut respecter la tradition qui attribue à .saint
Louis la possession du psautier fait pour la reine Inge-
burge, autant nous devons rejeter l'emploi qui a été fait
de ce manuscrit, au xvii' sit>cle, pour appuyer les préten-
tions généalogiques de la famille de Mesmes.
Une note, datée du \lx juillet i38i, qu'on lit en tète du
volume et qui commence par les mots : « Ce livre fu au roy
« sanct Loys, qui, en la nn de ses jours, le donna a mes-
« sireGuillammede Mesme, son premier chappellain, lequel
« messire Guillamme le donna au jour de son trespas a
« messire Regnaut de Mesme, son nepveu. . .,» ne mé-
rite pas la moindre confiance; c'est une des pièces justifica- .BiWioihèque <i
tives qui furent fabriquées pour étayer une généalogie dont ,86°,^ 509. ^
la fausseté n'a échappé ni à d'Hozier ni au duc de Saint-
Simon.
TOME xxti. 34
i.i (,:i
b.iielili'siii.iii. III .
n C|t'i.
nirlilICklK ««TIOIALK.
MV' SIKCLC.
266 LIVUES D'IMAGES.
Vue tradition (jue le clergé de la Sainte-Chapelle s'est
transmise pendant plusieurs siècles, et qui est déjà con-
statée par un inventaire de l'année 1377, attribue au roi
Deiisie, i.r Ca saiut Louis le psautier n° 1 186 des manuscrits de la biblio-
"^ôT-Ma lii'i'iil'! dièquede l'Arsenal, mais elle ne semble pas reposer sur une
Vlan, (le rvrsciiai, basB bicH soHde. En efi'el, le livre a été certainement coijié
11,33-.. f. . . , ., •• . I
pour une lemme, puisqu une des prières qui suivent les
litanies des saints (fol. 1 90) renferme ces mots : Domine Jesii
Christe, Creator et redemplor inuiuli , (jm me miserrimam peccatri-
ccm permittis liuic consecrutioni corporis et san(juinis tiii prêter
mérita mca interesse. . . On n'y avait sans doute pas fait atten-
tion (juand on traça, au xiv'' siècle, sur le folio 191, la note :
«C'est le psaiillier monseigneur saint Loys de France»;
mais on ne tarda pas à .s'apercevoir que le livre avait primi-
tivement ap|)artenu à une dame, et, en même temps qu'on
ellaçail dans la note les mots «de France», on y ajoutait
les mots II lequcd fu a sa mère ». La richesse de la décoration
du volume et la présence des Heurs de lis sur le frontisjiice
du psautier (fol. 3ov") justifiaient jusqu'à un certain point
l'origine royale qu'on assignait au volume, et il ne fut pas
difficile de la faire accepter par le roi Charles VI, aux frais
duquel le [).sauli(îr fut enveloy)pé d'un drap d'or fleurdelisé
et garni de fermaux d'or, également fleurdelisés. La signa-
ture CiLARLES, qui a été tracée sur lavant-dernier feuillet, et
qui est identique à une signature apposée à la fin d'un exem-
plaire des Grandes chroniques (ms. français ioi35 de la
Barbet de Jouy. Bibliolbèquc uatiouale) , doit être de la main de Charles VI,
viusee des souv.. gj ^^j pgg (J^y jg maiu dc Cliarlcs V, comme l'annonçait le
catalogue des objets exposés au Musée des souverains.
Quelle que soit la valeur de la tradition, le psautier
n* 1186 de l'Arsenal est un remarquable volume, dont
l'exécution doit être rapportée à la première moitié du
xiii*^ siècle, H pourrait bien être venu de l'Angleterre; car
le calendrier mentionne plusieurs saints anglais : saint
Edouard, au 18 mars; saint Cuthbert, au 20 mars; saint
Alban, au 22 juin; saint Oswald, au 5 août, et saint Ed-
mond, au 20 novembre. Aucun de ces noms ne figure dans
LIVRES D'IMAGES. 267 . .
\1V SIKIXE.
le calendrier du psautier que nous savons de source certaine
avoir été copié pour saint Louis (ms. latin 1063 5 de la Bi-
bliothèque nationale), et dont nous aurons bientôt à parler.
Le volume est de moyen format ('j8o millimètres sur
Qoo), et 2 5 pages sont toutes couvertes de grandes pein-
tures, à fond d'or, la plupart divisées en deux comparti-
ments circulaires, qui font successivement passer sous nos
yeux les principaux événements de l'Ancien et du Nouveau
Testament, depuis la chute des mauvais anges jusqu'aux
scènes du jugement dernier (fol. 9 v'-2() v°et 168-171 v').
Outre ces grands tableaux, il faut encore remarquer, dans
le volume qui nous occupe, une dizaine de peintures dont
les sujets se rapportent, soit à l'histoire de David, soit au
texte de différents psaumes (fol. 3o v°, 5i v", 65, 77, 77 v",
89, io5 v", lao v°, 122 v° et i36 v"). De ])lus, le peintre
a représenté, en regard de la première page du calendrier
(fol. 1 v"), un astronome tenant un astrolabe, un compu-
tiste et un scribe. M. Barbet de Jouy a reconnu là Sosigène BaïUt d. jony.
d'il !• 1 *II/^' PI If I I MlISPI' (ll'S SO(H.,
Alexandrie, a qui Jules Lesar conlia la relorme du caien- p /,<,
drier, et Dcnys le Petit.
C'est avec beaucouj) de vraisemblance qu'on cite comme
ayant été à l'usage de saint Louis un psautier conservé h
l'université de Leide sous le n°3i8 de la série supplémen-
tairedesmanuscrits. L'attribution repose sur une tradition re-
montant au commencement du xiv" siècle. On peut, en ellel .
rap])orter à cette date l'écriture d'une inscription qui a été tra-
cée deux fois dans le volume, au folio 3o v" et au folio 1 85 :
« Cist psaultiers fu monseigneur saint Loovs, (pii fu roys
«de France, auquel il apri.st en s'enfance. » Dans la suite, r si <ic ci.nriie
comme nous l'apprend le testament de la reine Blanche de î'i'fie^oo'' °'
Navarre, le livre appartint à Agnès, fille de saint Louis, et
à la reine Jeanne de Bourgogne, sa petite-fille, puis à la reine
Blanche de Navarre, qui le légua, le 30 mars 1396, à son
petit-fils le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi. 11 fut con-
servé pendant tout le xv' siècle dans la librairie des ducs de
Bourgogne, et il figure sous le titre de Psautier de saint £^1;,,^ Méi. .i.-
Louis dans un inventaire qui fut dressé à Dijon au mois de p»iéogr..r. 171
34.
208 LIVRES DIMAGES.
juillcl i4-^o, fl dans un autre inventaire (|iii lut rédigé à
Jiriiges peu a|)rès ravènement de Charles le Téméraire.
Line circonstance vient à l'appui de la tradition cpii ral-
laclie le souvenir de saint Louis au psautier de Leide :
c'est (ju'on y a ajouté, dans le calendrier, en regnrd du
(1 octobre, la mention de la mort du grand-père nialernel
de saint Louis : Obiil Alilefonsus, rcv Caslellc et Toictt. Nous
aNouons (|ue l'absence de toute autre ujenlion néci'ologiqn»'
relative à la maison de France peut laisser (pK'Kpie doute
sur le bien fondé de la tradition.
(^e(|ui est certain, c'est que ItMnanuscrit date de la lin du
\il' siècle et (pi'il est d'origine anglaise : siu- ce point, beaii-
couj) d'articles du calendrier ne peruKîttent pas de cou^cr-
\er le moindre doute, et les in\ocations sui\niites des lita-
nies des saints sont encore plus signilicatives : AïKjiisliin',
(iiillilacc , IfiljiiJe, Sicillnine, Duiistane, .lolianitcs, BnlulpliP.
Auldiic . . ., lùhcidrula, Ethi-lhiirqu , Svxbunin, H' civhnnjd . . .
Il est assez probable (pie ce |)sautier a été fait, sinon
pour (ieolfroi, Ills de Henri II, archevè(pie d'York de i kji
à 1 -i I i , au nioins j)our un ami de ce prélat. Car on lit
dans le calendrier, en regard du 7 juillet : Ohiliis lleniici,
rcr/js AïKflormn , palrif^ doniini (]., Eboiacensis nichiepiscopi. ■■;
Les 2 3 feuillets ([ui suivent le calendrier sont couverts
k.riMi .1. 1. d'uiH; (piaranlaine de tableaux dont les sujets sont pris dans
-ami L<ui! '. |.. c' l'Ancien et surtout dans le Nouveau Testament. La liste v.w
a été publiée par \L le baron Kervyn de Lettenlio\e. 1
Le psautier n° loô^f) du fonds latin est connu de temps
ihiivif. !.<• (... immémorial sous le titre de Psautier de saint Louis. C'est
liinrt •l<'-> iiiiiii ,111 • • '"Il I ' I 1" i ■ I I "l* I
,,g „ ,. au)si (juii est appelé dans Innentaire du mol)dier de
Charles V, dans une note ajoutée en tète du volunie du
temps de Charles VI et dans un inventaire (|ui fut dressé
••n i4H4, lors du décès de Charlotte de Savoie, femme de
11.1(1.1 .,1 Louis Xi. La royale origine du livre est encore attestée
dune façon plus authentique par le soin que le copiste a
pris d'inscrire dans le calendrier l'anniversaire de la mort
du grand-père, du père, de la mère et du frère de saint
Louis :
269
2 0
LIVRES D'IMAGES.
vu idus fehruarii. Obitus Roberti, coinitis Attreubateiisis.
Il idus julii. Obittis Pbilippi, régis Francorum.
M idus novembris. Obitus Ludowici, régis Francorum.
V kal. docembris. Obitus Blachie, regine Francorum.
Ce sont les seules mentions nécrologiques que renferme
le calendrier. Elles nous autorisent à placer l'exécution du
livre après l'année i25a, date de la mort de la reine
Blanche, et avant l'année 1^70, date de la mort de saint
Louis.
Ce psautier s'ouvre par une suite de 78 tableaux |)eints
avec beaucoup d'élégance , de finesse et d'éclat, sur des fonds
d'or. Chacun d'eux affecte la forme d'une double arcade
gothique et est enfermé dans un riche encadrement. On y a
représenté des scènes de l'histoire sainte, qui se déroulent
chronologiquement depuis l'offrande de Caïn et d'Abel
jusqu'au couronnement de Saûl et au sacrifice de Samuel.
Il doit manquer en tète un cahier consacré à la création et à
la vie des premiers parents. Les revers des feuillets occupés
par les peintures n'ont servi qu'à recevoir de courtes lé-
gendes en français, qui expliquent le sujet des tableaux.
Voici les légendes des premiers tableaux qui nous ont été
conservés :
En ceste page est coniuent Caym et Abel offrent leur disme a Dieu.
En ceste page est conment Caym ocit son frère, et conment Dieiis li
dimande qu'il a fait de son frère Abel.
En ceste page est conment Noei est en l'arche au duluge.
En ceste page est conment Noei fu yvres et s'endormi descovers, et
cuiunent si enfant le covrirent.
En ceste page est conment Abrahan> C3 conbati encontre ses enemis,
et conment il ocist les trois rois et gaaingnai leur despuelles.
En ceste page l'st conment Abraham offre et présente ses prisons et
sa proie et son gaaing a Melchicedech le roi et esveque, et conment
Melchicedech li présente le pain et le vin.
Le texte complet des 78 légendes a été imprimé en 1 866
par les soins de M. Barbet de Jouy. Les tableaux qui repré-
sentent l'entrevue d'Abraham et de Melchisédech (fol. 7),
le sacrifice des parents de Sainson (fol. 55 v") et l'accueil
Xlï SIECI.K
Bai'bc't Je Joiiv,
Musée de» souv.
p. V^-5o.
XIV' SIÈCLE.
270 LIVRES D'IMAGES.
lait à Saûl par le peuple d'Israël (fol. 74) ont été gravés
pour servir de frontispice au tome XX du Recueil des his-
toriens de la France. Un fac-similé des deux premières
pages du psautier proprement dit (fol. 85 v° et 86) a été
publié dans l'Album paléographique de la Société de l'École
des chartes.
Nous ne sommes pas en mesure de contrôler l'attribution
faite au roi saint Louis d'un beau psautier conservé en An-
gleterre. M. Westwood, qui a bien voulu nous en signaler
l'existence en i884 dans la bibliothèque de M. Ruskin,
a remarqué sur le calendrier de ce volume la mention
de beaucoup d'obifs de membres de la maison royale de
F'rance.
Les fleurs de lis inscrites dans des losanges sur les tranches
du psautier qui porte à la Bibliothèque nationale le n" 1 o434
du fonds latin peuvent faire supposer que ce livre apparte-
nait, au xiii'^ ou au xiv* siècle, à un membre de la maison
royale de France. Nous ne présentons cependant cette hypo-
thèse que sous toutes réserves. Ce qui est certain, c'est
que le psautier 1 o434 a été exécuté au xiii' siècle avec beau-
coup de luxe.
Les huit tableaux qui sont en tête et qui représentent
seize sujets tirés de l'histoire sainte, depuis la séparation
des bons et des mauvais anges jusqu'à la descente de Jésus-
Christ aux enfers, ont conservé un merveilleux éclat.
L'origine du volume est d'ailleurs assez diflîcile à détermi-
ner. Si les litanies ont un caractère anglais bien accusé (elles
mentionnent saint Alban , saint Edmond, saint Oswald , saint
Kenelme, saint Dunstan, saint Cuthbert, saint Guthlac,
saint Néot, saint Botulfe et sainte Etheldrède), le calendrier
ne renferme aucun nom de saint propre à la liturgie an-
glaise , tandis qu'on y a soigneusement enregistré des saints
dont le culte ne s'est guère étendu hors de l'Ile-de-France
et de la Picardie : au 1" septembre, saint Firmin, évêque;
au :2 5 du même mois, saint Firmin, évêque et martyr; au
1 1 octobre, saint Saintin, évêque. D'autre part, il est établi
que le psautier était en Angleterre au xv* siècle; une note
LIVRES DliMAGES. 271
ajoutée sur le dernier feuillet nous apprend qu'il fut em-
prunté le 1 8 juillet 1 436 par un religieux de la chartreuse de
Londres, nommé William Bernham. Mais il n'y a pas lieu
de s'étonner que les hasards des guerres ou du commerce
aient porté en Angleterre un livre qui avait servi à des
princes français au cours du xiii'^ ou du xiv" siècle.
Nous comprendrons aussi parmi les anciens psautiers
royaux ou princiers celui qui a reçu à la bibliothèque de
Sainte-Geneviève la cote BB. /. 2 3. Tel qu'il est aujourd'hui
constitué, il ne présente pas un tout parfaitement homo-
gène. Il y faut distinguer le calendrier (fol. 1-7), puis
(fol. 8-1 83) le psautier, précédé de douze grandes peintures
et suivi des cantiques et des litanies, enfin (fol. i84-20o)
un appendice comprenant l'ofTice des morts et divers mor-
ceaux relatifs aux sentiments de haute piété dans lesquels
saint Louis et son fils, Pierre, comte d'Àlençon, rendirent
leurs âmes à Dieu. Chacune de ces trois parties mérite
d'être examinée séparément.
Le calendrier, qui paraît dater du milieu du xiii' siècle,
ne peut guère avoir été fait qu'à Saint-Omer, et très pro-
bablement dans l'abbaye de Saint-Bertin. Pour s'en con-
vaincre, il suffît de remarquer les mentions suivantes : au
12 avril, Arcliembodenis episcopi; au 18 avril, Ursmari epi-
scopi; au 19 avril, Bemardi penitentis ; au 1" mai, Dedicalio
ecclesie sancli Bertini; au 7 juin, Translatio sancd Folquini;
au 8 juin, Translatio sancti Amlomari; au i3 juin, Octave
sancti Folc^mni; au 8 juillet, Grimbaldi confessons ; an 16 juil-
let, Translatio sancti Bertini; au 5 septembre, Bertini abbatis;
au 9 septembre, Audomari episcopi; au 12 septembre. Oc-
tave sancti Bertini; au i6 septembre. Octave sancti Audo-
mari; au 6 novembre, Sancti Winnoci; au 1 2 novembre, Oc-
tave sancti Winnoci; au i3 novembre, Translatio sancti
Folqaini prima ; au 1 4 décembre, Volcjnini episcopi.
Le corps du volume, du folio 8 au folio 1 83, nous semble
remonter à la première moitié du xiii' siècle et dénote une
origine anglaise. Les litanies (fol. 179) mentionnent saint
Elphège, saint Alban et saint Edmond parmi les martyrs;
XIT SIE(:l.E.
\IV SIECI.F.
272 LIVRES D'IMAGES.
saint Augustin [de Cantorbéry], saint Paulin [d'York],
saint Emar, saint Dunstan, saint Swithin, saint Culhhert,
parmi les confesseurs, sainte Etheldrède et sainte Mil-
drède, parmi les vierges. Nous croyons qu'on peut aussi re-
connaître comme un ouvrage anglais les douze tableaux qui
sont en tête du psautier, et sur lesquels le peintre a figuré
l'Adoration des mages, la Présentation de Jésus au Temple,
le Haptême de Jésus, l'Entrée à Jérusalem, la Cène, la Fla-
gellation, le Crucifiement, la Descente aux enfers, la Résur-
rection, l'Ascension, la Pentecôte et le Jugement dernier.
Les dix-liuit derniers feuillets du volume sont une addi-
tion de la fin du xiii'^ siècle ou des premières années du xiv'.
Après l'office des morts, nous y lisons (fol. 198 v°) une re-
lation très édifiante des derniers moments de Pierre, comte
d'Alençon, fils de saint Louis, qui mourut à Salerne le
6 avril i'.!84 (n. st.). L'auteur de cette relation, écrite en
français, est probablement frère Gilles, confesseur du
prince, dont le nom se voit aux premières lignes du do-
cument :
C est ci la forme et ia manière comment monseigneur le conte de
Ijt'nçon reçut le corps Jhcsu Crist la dercniero foiz. Quant frère Gilles,
son confessor, entra en la chambre atout le cors Jliesu Crist, monsei-
gneur le conte cstoit ja lové de son lit sus ses piez, et avoit demandé
une corde que il mist a son coi, et la tenoit a une de ses mains . .
Vient ensuite (fol. 19^ v°) un texte abrégé des Enseigne-
ments de saint Louis à son fils, et enfin (fol. 1 98) « la lettre
« que li rois Thiebaut de Navarre envoia a l'esvesque de
«Thunes», c'est-à-dire la lettre par laquelle Thibaud, roi
de Navarre, donne à Eudes, évêque deTusculum, des détails
très circonstanciés sur les derniers moments et sur la mort
BiuiioiiiJ-que cl.' de saint Louis. M. Letronne, quand il a disserté sur ce mor-
i^ionJ^^ininTs'. ^cau , a luontré que c'était l'extrait d'une lettre beaucoup plus
p- 'o" développée, dont il avait trouvé une copie dans les papiers
de Lenain de Tillemont; nous pouvons faire observer, en
passant, que le manuscrit consulté par Lenain de Tillemont,
dont M. Letronne regrettait la perte, est celui qui porte au-
LIVRES D'IMAGES. 273
jourd'hui le n° 9376 dans le fonds latin de la Bibliothèque
nationale et qui nous offre, au folio 64, la lettre du roi de
Navarre.
Le psautier de Sainte-Geneviève se termine par un long
cantique, moitié latin, moitié français, dont il suffit de
transcrire ici les deux premiers couplets :
De chanter m'est pris envie
De regina celorum,
Qui porta le fruit de vie,
Cibaria justoram ;
Panis , laus angelorum ,
Qui sur touz a seignorie
In aula bealorum.
Seinte virge, nete et pure.
Sine viri macula {vel copala),
Flor de toute créature ,
Popaloram gloria,
Domini puerpera ,
Porta le Dieu de nature
Abscfue violencia.
L'élégance du psautier dont la composition vient d'être
analysée nous autorise à supposer qu'il a dû servir à des
personnages d'un rang élevé. Une main très ancienne a
ajouté dans le calendrier, en regard du 5 septembre, une
mention ainsi conçue : Obiit hone memorie domina Marguareta,
Jherusalem et Sicilie regina, comitissa Tornodori, anno Domini
M'ccCvm". Cette note n'avait-elle pas été tracée dans un
établissement religieux qui aurait recueilli le psautier de
Marguerite de Bourgogne, veuve de Charles I*', roi de
Naples, morte dans l'hôpital de Tonnerre le 5 septembre
i3o8? Cette princesse, dont les contemporains admirèrent
la piété et la charité, était la belle-sœur de saint Louis et la
tante de Pierre, comte d'Alençon. On s'explique aisément
l'intérêt qu'elle aurait attaché à faire consigner à la fin de
son psautier le souvenir des morts édifiantes de son beau-
frère et de son neveu.
Nous terminerons cette revue rapide des psautiers royaux
TOME \\\l. 35
2 0 *
\I\ SIECLE.
wrr.rucnir. ^irio^iLB.
XIV «lECI.K.
274 UVRES D'IMAGES.
ou princiers par quelques mots sur un volume du xiii' siècle
qui faisait partie du mobilier de la couronne au temps de
Charles V et qui est aujourd'hui conservé à la bibliothèque
royale de Bruxelles sous le n" 9961. Outre les psaumes,
il contient beaucoup d'oraisons, dont plusieurs en vers
rythmiques. L'écriture et l'enluminure en sont également
soignées. Tout le texte est en lettres d'or, d'azur ou de ver-
millon, et une trentaine de pages sont couvertes de petits
tableaux, au nombre de 109, représentant diverses scènes
de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ces tableaux, géné-
ralement au nombre de quatre par page, sont entourés de
légendes en vers. Ils se rattachent aux mêmes inspirations
que les peintures des Bibles moralisées et sont une preuve
nouvelle de la vogue dont les allégories religieuses jouis-
saient au moyen âge. Bornons-nous à appeler l'attention
sur la première page peinte (fol. 10), où l'on voit quatre
sujets : l'Annonciation, en regard du Buisson ardent, et la
Visite de la sainte Vierge à sainte Elisabeth, en regard des
ligures de la Loi ancienne et de la Loi nouvelle, avec la
Paix embrassant la Justice.
Voici, à titre d'exemple, les légendes qui accompagnent
les tableaux de celte page :
F'emina sancta virum circuni<lat, ait Jereinias.
Circumdal Dominuni virgo Maria siium.
Vm pariet et concipiot, sic fert Isaias,
Virgo Deum , seruper inviolata nianens.
Non ardens ardere ruhus, non tacta \idetur
Virginitas tangi, dum parit absque pari.
Virginitas vellus, verbum ros, arida tellus
Est caro virginea. Conca qiiidPEccIesia.
Plaude puerperio, virgo, vetulae, quia vero
Obviât hic pietas, veteri dat lex nova nietas.
Oscula Justitie dat Pax , cognata Marie ;
Applaudet régi precursor, gratia legi.
L'origine anglaise de ce beau volume est attestée par les
invocations des litanies et par différents articles du calendrier,
notamment par la mention Dedicatio ecclesie Burgi , qui est
\
LIVRES D'IMAGES. 275 ^^.^^^^^
inscrite au q8 septembre et qui se rapporte à la dédicace de
l'abbaye de Peterborough , célébrée, selon Mathieu de Paris,
le 38 septembre 1 '2 38. Tout porte à croire que le livre a été
exécuté dans le monastère de Peterborough vers le milieu
du XIII* siècle. C'est de la même maison qu'est sorti un autre
beau psautier, orné de dix-neuf tableaux de la Vie de Notre- Ma.iay. Amuis
Seigneur et de la Vie de la sainte Vierge, qui est expose ,,.3,8.
dans une vitrine de la bibliothèque Bodléienne à Oxford.
Après avoir signalé des psautiers d'un luxe exceptionnel,
qui ont dû servir plus ou moins longtemps à la cour de
France, il faut consacrer (juelques lignes à des psautiers
dont l'histoire est plus modeste, mais qui doivent être cités
comme exemples des livres destinés pendant le moyen âge
à l'instruction et aux prati(|ues religieuses de différentes
classes de la société. Nous en indiquerons seulement une
douzaine, sans jamais sortir des limites chronologiques que
nous nous sommes imposées.
Psautier n" 770 du fonds latin de la Bibliothèque na-
tionale.— Certainsdétails du frontispice (fol. 1 1 v") permet-
tent de le rattacher à la même école d'enluminure que le
ms. 8846 dont il a été question plus haut. Il renferme un
calendrier et différentes prières qui en font un véritable
livre d'offices. L'écriture dénote la fin du xii* ou le com-
mencement du XIII* siècle. Le calendrier et les litanies
des saints sont remplis de noms anglais, et c'est une main
anglaise du xiv* siècle qui a marqué sur le folio 6 v°, au
1 1 octobre, l'anniversaire d'Edmond d'Estouteville.
Que ce livre ait été à l'usage des laïques, c'est ce qu'on
doit supposer d'après plusieurs indices et surtout d'après
l'avertissement en français que le copiste a mis sur la pre-
mière page pour signaler les jours périlleux et que M. Paul Ebtn.iafirbnrh,
Meyer a publié en 1 886 :
Les mestres ky cest art cumtrouverent i anumbrerent les mauves
jours et les perilous qui sunt en l'an ; et qui unkes en nul de ces jours
en enfermeté cherra ja ne resourdra , et qui veage emprendra ja ne re-
tournera, et qui besogne emprendra ja bien ne chevira, et qui femme
espousera, hastivement departinint et ensemble en doulour vivrunt;
35.
VII, dg.
Xl« SIECLE.
276 LIVRES D'IMAGES.
c'est a savoir xliiii jours par an, c'est a savoir en genvier sunt vu, le pre-
mier, le secund, le quart, le quint, le dime, lesesime, le disenouvisme;
en février, le tiers, le sesime, le dis e utime; en mars le tiers, le quin-
sime, le sesime, le dis e utinie, etc. ... De ces jours se gart chacun sage
homme, si fera que sage.
Chacun des jours ainsi désignés est marqué d'une croix
dans le calendrier.
Psautier ms. latin 17961 de la Bibliothèque nationale,
copié à la fin du xii* siècle. — Il renferme six grands tableaux
de la Vie de Notre-Seigneur, intercalés dans le courant du
psautier (fol. 82 v°, 47 v", 61 v°, 97, 1 i3 v" et i3i), et une
imago du prophète Isaïe placée en tête du cantique Confi-
U'bor lihi Domine (fol. 1 68). Le calendrier contient beaucoup
de noms propres à la liturgie allemande, et le livre était
en i53o entre les mains d'un religieux de Thionville.
Psautier n° io433 du fonds latin de la Bibliothèque na-
tionale.— Des grandes peintures dont ce beau volume, de la
fin du XII' ou du commencement du xiii* siècle, était pri-
mitivement orné, il ne reste plus qu'un tableau du Juge-
ment dernier, dont le style dénote une origine anglaise; ce
qui est parfaitement d'accord avec la composition du calen-
drier el avec celle des litanies, où nous voyons invoquer
.saint Edmond, saint Alban, saint Kenelme, saint Oswald,
saint Dunstan, saint Cuthberl, sainte Mildrède, sainte
Etheldrède, sainte Frideswide. Mais, à une époque an-
cienne, le volume fut porté en France, et le calendrier en fut
approprié à l'usage de l'église de Sens. Les psaumes y sont
suivis de différentes oraisons et des heures de Notre-Dame;
au milieu des oraisons se trouve une pièce de quatorze vers
dont le premier est ainsi conçu :
Te, Chrisli pretiosa caro, reverenter adoro.
Psautier ms. latin 1 3 1 5 de la Bibliothèque nationale. —
Ce psautier, qu'on peut rapporter au commencement du
xiii^ siècle, a été écrit en Angleterre, comme l'indiquent
surabondamment, au folio 124, les invocations de plusieurs
LIVRES DIMAGES. 277
AIV* Sltci.B.
I
saints ou saintes, à peu près inconnus en France : Sancte
Albanc, s. Oswalde, s. Eadmunde, s. Cutberte, s. Dunstane ,
s Swithune , s. Anselme, sancta Etheldrida, s. Sexburga. . .
Dans l'étal actuel, il est dépourvu de peintures, et nous l'au-
rions passé sous silence s'il ne nous offrait pas, au folio i aS,
le texte latin du symbole des apôtres et de l'oraison domi-
nicale, accompagnés d'une version interlinéaire française,
morceaux dont M. Paul iVIeyer a donné une édition en 1 866.
Ces traductions interlinéaires, dont les grands psautiers Ebert.Jaiirbmii
nous ont fourni des exemples, devaient servir à familia-
riser les laïques avec l'usage du latin. Voici comment le
symbole est rendu dans le ms. 1 3 1 5 :
Je crei en Deu le père tut puissant, crîere de ciel e de tere, e en
Jesu Criste sun fiz uniel Nostre Seignur, qui est conceu del Saint Espirit,
ned de Marie la virgine, penez desuz Ponce Pilate, crucifiez, morz e
enseveliz, descendit a enferne, tierz jur resuscitat de mort; muntolt ad
ciels, siel a la destre Deu sun père tut puissant. D'ilec vendra jugier
vis e morz. Jo crei en Saint Espirit e en sainte Eglise fetliele, as saintz
coniunion, pardun de péchiez, de la car resuscitement , vie pardurable.
Fetlieilment.
Ce psautier était à l'usage d'une femme; car une des der-
nières prières renferme la formule : Deprecorut me,famulain
tuam peccatricem, tibi fideliler servire concédas ... — Il se
terminait par une exposition de l'oraison dominicale en
français, dont il ne subsiste plus que les premiers articles.
Psautier ms. latin 1892 du fonds des Nouvelles acquisi-
tions à la Bibliothèque nationale. — Ce volume, copié en
France dans la première moitié du xiii' siècle, s'ouvre par
une suite de peintures, à fond d'or, représentant la Vie de
Jésus-Christ. H y a sur chaque page deux grands médaillons,
reliés l'un à l'autre dans un cadre haut de 182 millimètres
et large de 1 1 8. Un seul côté du parchemin a été employé :
particularité qui caractérise ordinairement les manuscrits
dont l'exécution a été particulièrement soignée.
Psautier n° 1078 A du fonds latin à la Bibliothèque na-
tionale.— Ce volume, écrit au xiii'' siècle, en gros caractères
d'une régularité parfaite, s'ouvre par une Vie de Notre-
xn-MÈ... 278 LIVRES D'IMAGES.
Seigneur en seize grands tableaux à fond d'or; il se ter-
mine, sans compter les morceaux ajoutés après coup, par
les heures du Saint-Flsprit et par celles de la sainte Vierge.
Les rubriques sont en français, et l'une d'elles (fol. i65)
semble indiquer que le livre a été écrit pour une religieuse:
« Es matines nos doit il sovenir que a celé bore baisa Judas
« Jhesu Crist fausement et en traïson . . . Adunc li devés
«vous prier que il le pais que vous li eûstes en covent,
M quant vous feïstes le veu et vous preistes l'abit de religion,
« que il le vous doinst si saintement et si vraiement garder et
M tenir qu'il ne vous puist agrever de fauserie ne de trai-
« son . . . » Plus tard, le même psautier servit à une dame
du monde, comme on le voit par la miniature placée en
tête de la partie additionnelle, au folio 2 2 3.
Psautier ms. latin 1075 de la Bibliothèque nationale. —
Ce volume, copié en gros caractères du xiii" siècle et orné
de plusieurs tableaux de la Vie de Jésus-Christ, a dû être
fait dans le Poitou, ou du moins il était destiné à servir dans
ce pays. Les litanies qui sont à la fin placent saint Hilaire
au premier rang sur la liste des confesseurs; elles men-
tionnent saint Savin, saint Eutrope, saint Fortunat, saint
Maixent, saint Géraud et saint Révèrent.
Psautier ms. latin 1627 1 de la Bibliothèque nationale. —
Ce modeste volume, dans lequel les psaumes sont suivis de
l'ofTice des morts, a été écrit au xiii* siècle en Angleterre,
comme l'atteste la rédaction du calendrier. 11 fut apporté
en France, au plus tard, dans la première moitié du siècle
suivant, époque à laquelle Lflric Keller de Constance le
donna au collège de Sorbonne.
Psautier ms. n" 280 de la bibliothèque de l'Arsenal. — Ce
petit volume, écrit en gros caractères de la seconde moitié
du XIII* siècle, contient, à la suite du calendrier, une série
de miniatures à fond d'or, représentant l'Adoration des
mages, la Trahison de Judas, Jésus crucifié, Jésus ressuscité,
l'Ascension et trois scènes de la Vie de saint François. On
y trouve, après les p.saumes, l'ofFice des morts et celui du
Saint-Esprit; ce qui est un acheminement bien marqué vers
MV MKCLK.
LIVRES DIMAGES. 279
la constitution du livre d'heures tel qu'il fut généralement
adopté dans la seconde moitié du xiv* siècle.
Psautier ms. latin 1077 de la Bibliothèque nationale. — Ce
livre, copié au xiii* siècle, vient du pays de Liège, comme
on le voit par le nom de plusieurs des saints inscrits au
calendrier. Il débute par une table de comput, dont les in-
dications sont en rapport avec les syllabes tracées dans le
calendrier en regard des différents jours où Pâques peut
tondier, syllabes dont l'assemblage forme les vers :
Lambertum , lalem <|ui nol)i;> ingerit arlem .
Ad pnradisiaci perducat lumiria regni
Magniis celonim factor.
Le scribe a joint au ])sautier les heures de Notre-Dame et
les offices des Morts, de la Purification, de l'Annonciation
et de l'Assomption. A la suite du calendrier sont des tableaux
de la Vie de Notre-Seigneur, en regard desquels se lisent
huit petites pièces de vers français, dont la première com-
mence par les mots : « 0 verge de droiture ki de Jessé
« eissis. » Notre savant confrère M. Paul Meyer en a signalé Uevuc .les sor.
deux autres copies anciennes, conservées dans des collections p^'^ij '*'" '" '
particulières, et il en a publié le texte en 1874-
Psautier n" i o435 des manuscrits latins de la Bibliothèque
nationale. — Ce livre, qui doit avoir étéfait en Artois dans la
seconde moitié du xiii* siècle, nous offre un type tout à fait
particulier. On y trouve un grand nombre de petites minia-
tures, dont le sujet est indiqué, en bas ou en haut des pages,
par de petites rubriques françaises .Voici quelques exemples
«le ces rubriques :
David tue (îolie. — Fdates et Herodes sont fait ami en le prise Jhesu
Crisl. — Absalon pent a un abre par les caveus ; deus lanclies en son
cors. — : Uns rois se dort en un lit. — Abrahans déboute l'anchele et son
fil. — David est malade et prie Diu. — Uns bons Vi giete le piere du
mont et val. — Uns prestres est revestus et se confesse devant l'autel.
— Uns bons regarde un corbel. — Uns angles buisine et li mort re-
lievent. . .
siàci.K
280 LIVRES D'IMAGES.
Outre ces petits tableaux, qui se rapportent presque tous
assez directement au texte des psaumes, l'enlumineur s'est
amusé à peindre sur les marges et à rextrémité des lignes
un grand nombre de blasons, beaucoup d'animaux, de
grotesques et surtout de personnages, dont il a donné les
noms en toutes lettres. Ce sont généralement des noms de
femmes. Nous avons relevé les suivants sur les premières
pages du volume, à partir du folio i 2 v" :
Madeniiscle de Hiencourt. — Marote Kaspete. — La dfinisele dAties.
— Mademisele de Ijongeval. — Madeinisele de Fouencamp. — Agnès
de Ilaiiin. — Dame Maroie le Bêle. — Medaine de Moruel. — Mede-
miseie de Chuingiiole.s et Agnès se suer. — Medame de Franchinecourt.
— Medemisele de Maigrement. — Marote de Ilaniel. — Medemisele
de Biaumès. — Agnès de Monteigni. — Medame de Basincourt . . .
Psautier ms. latin 1 3 28 de la Bibliothèque nationale. — Ce
petit volume, qui ne renferme plus que trois des peintures
consacrées à des scènes de la Vie de Notre-Seigneur, paraît
avoir été fait pour une dame du nord de la France, au com-
mencement du XIV* siècle. Cette dame est représentée à ge-
noux aux pieds de la Vierge, dans l'initiale de la prière
0 intemerata (fol. 222), et nous supposons qu'elle apparte-
nait au nord de la France, parce que le calendrier, rédigé
en français, contient les noms de plusieurs saints particuliè-
rement honorés dans cette région. Outre le psautier, le vo-
lume contient les heures de Notre-Dame et celles de la
Passion, dont les rubriques sont en français, et plusieurs
prières, dont une « Orison pour le tonnoile » (fol. 280).
Psautier ms. latin 765 de la Bibliothèque nationale. — A
la suite du calendrier, qui renferme beaucoup de noms de
saints anglo-saxons, viennent seize grandes peintures, dont
la première paraît représenter la dame à laquelle le volume
était destiné, et dont les quinze autres sont consacrées à di-
verses scènes de la Vie de Notre-Seigneur. Au bas de la pre-
mière page du psautier proprement dit, sont peintes les
armes des Fitz Warine, du comté de Devon, et celles des
Clivedoh. On a ajouté dans le calendrier, en regard du
LIVRES D IMAGES. 281
\iv* siloiA.
2 2 juin, la mention de la mort de Jean Cokayn, justicier
du roi, décédé en 1429. L'exécution de ce beau volume
ne doit pas être antérieure au commencement du xiv' siècle.
Le lecteur a dû remarquer que beaucoup des psautiers
qui viennent d'être énumérés, et notamment plusieurs de
ceux dont les princes français se servaient au xiii* siècle , sont
d'origine anglaise. 11 est donc démontré que, sous le règne
des premiers Plantagenets, il existait en Grande-Bretagne
des ateliers de copistes et d'enlumineurs, d'où sortaient des
psautiers qui se plaçaient avantageusement en France. Nous
.savons d'ailleurs, par un texte du xn* siècle, qu'il y avait
des monastères anglais dont les religieux travaillaient à co-
pier des livres qu'on expédiait en France. L'auteur d'une
chronique encore inédite, rédigée au xii* siècle dans le Mao. de s»inie-
prieuré de Sainle-Barbe-en-Auge, nous apprend que, de m*"*^!. 61. '^
.son temps, cette maison avait en Angleterre une succursale
où se copiaient des livres destinés aux églises normandes :
Quia autem apud Bequefort victualium copia erat, scriptores
etium ibi habebantur, quorum opéra ad nos in Normanniam mitte-
bantur.
Mais la concurrence anglaise n'empêchait pas les artistes
français de s'adonner avec un entier succès à l'exécution de
livres à peintures. Rien ne saurait être comparé, comme
régularité, comme finesse de touche et comme harmonie de
couleurs, au psautier que saint Louis se fit faire, très cer-
tainement par des mains françaises, après son retour de la
croisade, et qui est légitimement placé, avec les évangé-
liaires de la Sainte-Chapelle, parmi les chefs-d'œuvre de
l'art'français au xiii* siècle.
On s'imagine difficilement le nombre de psautiers que
l'industrie des librairies devait alors fournir au public. Sans
parler de ceux que réclamait le service des églises, des
monastères et des couvents, il en fallait des quantités consi-
dérables pour répondre aux demandes de la cour, de la no-
blesse et de la bourgeoisie. Dans un .seul quartier d'année,
un compte de l'hôtel de la reine Blanche de Castille, rendu
au terme de la Chandeleur 124^ (n. st.), mentionne des
TOME XXXI. 3(i
IVrillliEIIII KATIO^^ILr,
11V SIEOI.I.
282 UVRES D'IMAGES.
Deiis^i^ cab. sommcs payées au fils de Gui le Queux, d'Orléans, auquel
(les man.. tome I. qd avait fait copier trois psautiers.
** '■ "° ' Des psautiers latins ou français se trouvaient dans le mo-
bilier de très humbles ménages. Il n'y en avait pas seule-
ment chez les bourgeois des villes, comme on le voit à
Original à la Toumai par le testament de Marie Payenne, veuve de Ber-
Bibliothèqiienatio- li/^l •!• ■■■! r>
iiaie. pièce cotée uard de Laionne, qui dispose amsi, au mois de mars 1287
vo7?83'd.'ucoi- ("• st.), de sa petito bibliothèque : « A Jakemin, men fil, unes
irciioMdeKianJie « Decretalcs cu roumaus; Katherine, me fille, le livre de
M Nostre Dame; Hanekin, le sautier en roumans et le livre
« des estoiles; Gontelet, le livre des Pères; Biernart, le rou-
« mant dou Chevalier au cisne. » 11 devait parfois s'en ren-
Thonias de Can coutrer chez de très pauvres gens. Thomas de Cantimpré
bus*? xxni élii •"^^oute qu'uue petite paysanne mourait d'envie d'apprendre
deiôa;, p. 93. à lire; malheureusement, ses parents étaient trop pauvres
pour lui acheter un psautier. La sainte Vierge vint à son se-
cours; elle lui apparut en songe et lui conseilla d'aller, les
dimanches et les fêtes, près de la maîtresse qui montrait à
lire auv demoiselles de la paroisse. La pauvre enfant suivit
ce conseil, et son zèle frappa les riches écolières, qui se co-
tisèrent et lui achetèrent le livre objet de ses vœux. Evidem-
ment ce ne devait pas être un de ces riches psautiers dont
tant d'exemples ont été indiqués dans les pages qui pré-
cèdent.
Les livres du Nouveau Testament qui se prêtaient le plus
naturellement à des explications en images étaient les Evan-
giles et l'Apocalypse.
Kvxwii.Es. A toutes les époques du moyen âge et dans tous les pays
de la chrétienté, on déploya le plus grand luxe pour doter
les églises de somptueux textes des Evangiles. Quand il
s'agissait de les faire exécuter, on s'adressait aux plus habiles
calligraphes, on choisissait les peaux de meilleure qualité,
on semait à profusion, dans les encadrements et dans les
initiales, l'or, l'argent et les couleurs les plus fines et les
plus brillantes; on décorait les couvertures de plaques
d'ivoire et d'ornements d'orfèvrerie ou d'émaillerie; mais
3
LIVRES D IMAGES. 283 ,„.,,.^,^
l'usage ne s'établit guère de joindre au texte la représenta-
tion des principales scènes évangéliques. Les seuls tableaux
u'on demandait aux peintres d'y ajouter se réduisaient
'ordinaire à l'image du Roi de gloire et aux figures ou
aux emblèmes des quatre évangélistes. La justesse de cette
observation peut se vérifier sur les innombrables livres
d'Évangiles, du ix' au xii" siècle, qui sont disséminés dans
toutes les bibliothèques de l'Europe.
Un autre système prévalut pour l'exécution des évangé-
liaires, c'e.st-à-dire des volumes dans lesquels nous trouvons,
disposés suivant l'ordre de l'année liturgique, les évangiles
des différentes messes du propre du temps, du propre des
saints et du commun.
Dans les livres de ce genre, les évangiles des fêles prin-
cipales sont souvent accompagnés de tableaux représentant
la Nativité de Notre-Seigneur, fAdoration des mages, la
Cène, la Résurrection, l'Ascension, la Descente du Saint-
Ksprit, l'Assomption de la sainte Vierge, etc. Parfois même
on est allé beaucoup plus loin. Plusieurs évangéliaires de
la Sainte-Chapelle de Paris, dus, selon toute apparence, à
la munificence de saint Louis, sont ornés à chaque page de
très élégantes miniatures, qui font suivre, jusque dans les
moindres détails, toutes les scènes des récits évangéliques.
Les manuscrits latins 8892 et 178 2 6 de la Bibliothèque na-
tionale, qui ont cette origine, sont les plus beaux exemples
qu'on puisse citer de tableaux du xiii* siècle consacrés à la
vie de Notre-Seigneur.
Les évangéliaires ne furent pas, au xiii* siècle, les seuls
livres qui fournirent aux peintres foccasion de traiter les
scènes évangéliques. Dès cette époque on exécuta des Vies du
Christ qui ne consistaient qu'en suites de tableaux dépourvus
de texte. Tel est un volume qui, sans motif bien plausible,
a été attribué à l'église de Saint-Martial de Limoges et qui a
fait partie du cabinet de M. Firmin Didot. L'étude en est
très facile aujourd'hui : les trente tableaux dont il se com-
pose ont été reproduits par M. le comte de Bastard dans
un fascicule intitulé : « Histoire de Jésus-Christ en figures,
36.
\IV* SIÈCI.K.
284
LIVRES DIMAGES.
ApOCAI.tPSK.
« gouaches du xii* au xiii* siècle conservées jadis à la col-
« légiale de Saint-Martial de Limoges » (Paris, i879,in-fol.).
De tous les livres de l'Écriture sainte, l'Apocalypse est à
coup sûr celui qui frappa le plus l'imagination des popula-
tions du moyen âge. Si les théologiens s'efforcèrent à l'envi
d'en expliquer les mystères, les artistes se complurent à re-
présenter en traits saisissants des scènes qui inspiraient le
plus vif intérêt aux fidèles, préoccupés alors de la venue rie
l'Antéchrist et de la fin du monde. On peut distinguer deux
groupes de manuscrits dans lesquels une très large part est
réservée à la représentation des scènes apocalyptiques.
Nous avons, d'un côté, les copies du commentaire de
saint Béat, qui se multiplièrent du ix' siècle au xiii*, et qui
viennent toutes de l'Espagne ou du midi de la France. L'une
des plus parfaites est celle qui porte à la Bibliothèque na-
tionale le n" 8878 du fonds latin; comme ce volume a été
peint vers le milieu du xi" siècle, dans l'abbaye de Saint-
Sever en Gascogne, il a pour nous une importance particu-
lière; mais il suffit d'en rappeler ici l'existence. ; !
L'autre groupe de manuscrits de l'Apocalypse ornés de
peintures appartient à l'Angleterre et au nord de la France.
Les plus remarquables de ceux que nous en possédons à
Paris sont les n°' 4o3 , 9674 et 1 8096 du fonds français de
la Bibliothèque nationale, et le n° 52i4 de la bibliothèque
de l'Arsenal. Il serait inutile de s'y arrêter ici, après l'examen
(ju'en a fait M. Samuel Berger et après la reproduction que
M. Coxe a publiée en 1876, pour le Roxburghe-Club, d'un
des plus anciens exemplaires, conservé à la bibliothèque
Bodléienne. L'étude de ces manuscrits, qui par certains
i)i<iot.Ue.iApo côtés se rattachent aux Apocalypses xylographiques, a été
^l'^KnmmeT'D'c 3"»»» abordée par M. Didot, et plus récemment par M. le
\|.ociiiyp«-. docteur Th. Frimmel. Celui-ci a donné des renseignements
abondants sur les dessins des Apocalypses de Trêves et de
Bamberg, qui ne paraissent pas rentrer dans les familles
des manuscrits ci-dessus indiqués et dont il faudra peut-être
rapprocher le ins. 364 de la bibliothèque de Cambrai.
'<*i
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES. 285
Ici nous arrêtons la revue des livres à images qui, de-
puis le XII' siècle jusqu'au commencement du xiv% ont été
exécutés soit pour initier les laïques à la connaissance de
l'Ancien et du Nouveau Testament, soit pour leur tenir lieu
des livres de prières dont l'usage devint si général à partir
de la fin du xiv" siècle. A la rigueur, nous aurions encore
pu faire porter notre examen sur quelques volumes dans les-
quels on a représenté des Vies de saints par des images ac-
compagnées de courtes légendes en prose ou en vers, en
latin ou en français; mais l'occasion d'en parler se présen-
tera plus naturellement quand nous aurons à apprécier des
morceaux plus importants de la littérature hagiographique
du XIV* siècle. L. D.
\i\' <n?ri.K.
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
\)V PHILOSOPHE SIDRACH.
Les bibliothèques princlères du xiv* et du xv* siècle
présentaient souvent, l'une à côté de l'autre, deux encyclo-
pédies par demandes et par réponses, en prose française,
qui offrent quelque ressemblance entre elles. Nous avons
traité, dans le volume précédent, du Dialogue philoso- iiui. ' ti. ii« lu
phique dont les deux interlocuteurs fictifs sont Placide et ,,.''"^)'. ; ...iv/'^
Timeo. Nous devons parler maintenant de fespèce de caté-
chisme de omni re scibili et de (^ud)asdnm aliis, attribué à un
prétendu Sidrach. Ces deux ouvrages étaient destinés à satis-
faire une curiosité bien naïve. Il y a pourtant entre eux une
très grande différence. Nous avons trouvé, dans Placide et
Timeo, le germe d'un véritable esprit scientifique. Sidrach
ne témoigne rien de semblable. La science que fauteur y
découpe avec minutie n'est que routine, tautologie, confu-
sion. On voit bien ce qui pouvait sortir un jour de Timeo;
rien assurément ne pouvait sortir de Sidrach. Un tel livre
répondait à un état de l'esprit humain tout à fait inférieur;
2 1
XIV' .HlKCLE.
286
I.A FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Delisie(L.).Le
Cab. des manuscr.,
l. III.p. i36, 137,
lio, i83; Van
Pract, Invent, de
G.MaHel,n°'347,
488. 5og. iii3;
I)ouôt d'Arcq, In-
vent, de la bibl. de
Charles VI, p. i4g.
189, 256, 3i6,
364, 376. 694,
710; Ward,Catal.
of romances in tbe
Rritisli Muséum ,
t. I, p. 903 et
.suiv.; Bru net, Ma-
nuel du libraire,
t. V, p. 6o5, 66G;
Rartoli, Il librodi
Sidrar,I.I, p. xvii;
Arrh. des Miss,
scient., j' série,
t.I(i873),p.264.
î84. 286.
Paris (P.), Les
Manuscrits franc. ,
I. Vl,p. 34-3i.
le progrès devait consister à le remplacer, nous dirions
presque à le supprimer, au moins en ce qui touche la lec-
ture courante et l'enseignement.
Le succès deSidrach, pendant plus de deux cents ans,
fut cependant extraordinaire dans le monde laïque. La
bibliothèque de Charles V, vers iSyS, en contenait quatre
exemplaires; toutes les bibliothèques princières de la fin du
XIV* siècle le possédaient. Les manuscrits qui nous en restent
sont nombreux. La Bibliothèque nationale en a plus de
dix exemplaires; le Musée britannique n'en a pas beau-
coup moins. Presque toutes les langues de l'Europe en
eurent des traductions. Vérard donna la première édition
française en i486; Paris, dans les années suivantes, en vit
paraître au moins six. V alence, Rouen en eurent également.
Presque ignoré des clercs, l'auteur est cité par les écri-
vains vulgaires sur le même pied qu'Aristote et les docteurs
les plus autorisés. L'oubli commença pour Sidrach, comme
pour Timeo, vers i535. Par une foule de raisons, il devait
déplaire aux protestants. La Renaissance,, d'un autre côté,
avait remplacé ces fatras du moyen âge par des aspirations
bien plus voisines de la bonne méthode et plus suscep-
tibles de mener à la vérité.
Parmi les manuscrits de la Bibliothèque nationale, les
n"' fr. 24395, que nous désignons par la lettre A, et
fr. 1160, que nous désignons par B, nous ont paru les
plus anciens et les plus propres à nous représenter l'ori-
ginal. Ils sont de la fin du xiii* siècle ou du commencement
du XIV^ M. Paulin Paris a décrit avec .soin le n" 763, qui
est de l'an 1 34o. M. Warda donné des manuscrits du Musée
britannique une notice très exacte. Pour le nombre des
questions traitées, les manuscrits et les imprimés s'éloignent
beaucoup les uns des autres; nous en expliquerons plus
loin la raison. Le plan de l'ouvrage, au contraire, est tou-
jours à peu près le même; les prologues et les épilogues ne
diffèrent entre eux que par les variantes que les copistes
et les premiers imprimeurs ont introduites dans les noms
propres.
I
DU PHILOSOPHE SIDRACH. 287 ,„. „i,^g.
L'ouvrage a, en quelque sorte, deux prologues. Le pre-
mier nous expose que Sidrach, un des descendants de Ja-
phet (847 ^^^ après la mort de Noé), reçut de Dieu le don
de toute science. Dieu lui révéla par avance le mystère de
la sainte Trinité ; à son tour, Sidrach enseigna ce mystère
à un roi mécréant, nommé Boctus. Boctus, converti, adressa
au philosophe une série de questions, auxquelles celui-ci
répondit admirablement. Le roi en fit faire un livre qu'il
appela la Fontaine de toutes sciences. Après la mort de Boc-
tus, le livre tomba entre les mains d'un « grand homme des
« Caldees », qui, par accord avec le diable, voulut le brûler;
mais Dieu sauva le précieux volume. Longtemps après, il
vint au pouvoir d'un roi nommé Madyan; des mains de
celui-ci, il tomba entre celles d'un « meseau », qui eut nom
Naaman, prince des chevaliers du roi de Syrie, lequel
guérit sa mésellerie au fleuve Jourdain.
De là aux temps postérieurs à Jésus-Christ, il n'en fut
plus question. Enfin il vint au pouvoir d'un «bon homme
« griffon », qui était archevêque de Sébaste, nommée en l'an-
cien temps Samarie. Ce « bon homme eut nom Ayos Vasileo,
« et si eut un clerc qui eut nom Demetre, qui fu cretien; si
« l'envoia en Espaigne prechier la foi Jesu Christ, et porta
«ce livre avec lui, et si fu a Tolette martirié». Le livre
demeura là longtemps, et, quand la « clergie » fut venue à
Tolède, « si trouvèrent le livre et le translatèrent de grieu
« en latin ». Le roi d'Espagne entendit parler de ce livre;
il le demanda pour lui et le tint en grande estime, à cause
des belles demandes qu'il y trouva. Emir el-Momenin, qui
en ce temps était seigneur de Tunis, entend parler du livre
et l'envoie demander au roi d'Espagne. Celui-ci le fait trans-
later de latin en sarrazinois et l'envoie à Emir el-Momenin,
« qui l'eut moût chier ».
Longtemps après, celui qui, au temps de l'empereur
Frédéric, fut seigneur de Tunis le posséda et se fit avec
lui une grande réputation, car il adressait des questions aux
gens et y répondait avec son livre, à la grande admiration
de tous. Les messagers de l'empereur s'émerveillaient de
\lt SUXI.K.
288 I.A FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
la grande science du seigneur de Tunis et se demandaient
d'où elle pouvait venir. On leur dit qu'il avait en son trésor
un livre que le roi d'Espagne avait envoyé à ses prédéces-
seurs, et d'où il tirait toute sa science. Les messagers con-
tèrent cela à l'empereur, qui voulut avoir le livre et pria
qu'on le lui envoyât, lie seigneur de Tunis demanda qu'on
lui adressât un clerc qui sût le latin et le sarrazinois.
L'empereur lui envoya un Irère mineur de « Palerne », qui
avait nom frère Roger. Celui-ci le translata; il apporta sa
translation à l'empereur, et l'empereur en eut grande joie.
Or, à la cour de l'empereur vivait un honmie d'Antioche,
qui avait nom Todre le philosophe. Quand il entendit
parler du livre, il n'eut qu'une idée, ce fut de le voir, et
il donna et promit tant aux deux chambellans qu'il eut
l'exemplaire, el il le lisait si secrètement que nul ne le sa-
vait. Todre le j)hilosophe envoya privément le livre en pré-
sent au patriarche Auberl d'Antioche, lequel en usa toute
sa vie, et il avait avec lui un clerc nommé Jehan Pierre de
Lyons :
Cil le contre escrist et l'aporta a l'cscole a Toulete. Ensi sont trans-
latez de lui |)luseurs bons livres en autrui nom ; de quoi chascun n'a
pas ce livre '. Et de ci en avant ne savons en quel pouoir il doit venir.
Mais nous prions le créateur que il puisse venir el pouoir de tele gent
qui puissent détenir et entendre ce que il dist et mettre a euvre au
sauvement du cors et de i'ame.
Bien avez oï la miséricorde Dieu nostre seigneur, pour qucle raison
ele fu espandue sus son serf Sydrach l'astronomien et le grant philo-
sophe, el entendu comment ce livre ala de l'un a l'autre. Or entendez
des choses qui sont contenues en ce livre briefment du serf Dieu Sy-
drach, de la terre de Tractabar, de la génération de Japhet, le fils de
Noé.
Suit une énuméralion sommaire des matières traitées
dans le livre.
' B : • De quoy cist livres chascuns p. 906 : « Et ala a l'escoile de Tolettes ,
«ne le pout avoir.» — Ms. Harléien, «et l'emporta o luy ; puis revint arier el
VVard , p. 906 , note : • Eissisunt translaté • fut translater de plusors bons iiuvres en
• plusur.s bons livcres en autre noun ; de • autrui nom , lesqués nus ne puet avoir. >
« quel liuvrc chascun ne pout aver sa vo- — Cette dernière leçon nous parait être
« iunté. • — Ms. du Musée Brit. , Ward, U plus rapprochée de celle de l'auteur.
DU PH[r>OSOPHE SIDRXCH.
L'auteur du prologue reprend ensuite :
289
XIT* SIÈCLE.
En l'an nostre seigneur Jesu Crist m et ce. et xliii furenl fait li pro-
logues et li argument de cest livre a Touictc par pluseurs ineslres clers,
dont il jiiierent que cil/. Ii\re est et sera profitable as âmes et as cors
des gens cl monde, lequel Diex deigna qu'il fust demonstré par le sage
Sydrach de prophelisier de la venue Jesu Crist, et pour ce que il fu
philosophe, ne lu il pas mis ci renc des prophètes. Donl il ne porent
acorder de mètre en ce livre les chapitres qui touchent a une raison
les uns après les aullres, mais il acorderent de lessier les uns après les
autres, ensi com il sont escrit en ce livre, tieus com li roys Boctus les
requist au sage philosophe Sidrach. Et si ont aucunes choses glosées
de ce livre par hi coniioissaiice des choses qui furent avant de nous et
par l'arl de philosophie. Or av(^s oi le prologue et l'argument de ce livre,
comment il lu fait a Toulete et en quele saison et en quel temps. Or
entendez les noms des questions et les chapitres et leur nombre escript
siu' eulz.
Au milieu de toutes ces énigmes, quelques points pa-
raissent clairs. Dabord le nom do Sifirach est sûrement
pris au livre de Daniel (i, 7). Comme son homonyme bi-
blique, notre Sidrach refuse d'adorer les idoles et maintient
ferme le culte du vrai Dieu parmi les infidèles. C'est à tort
qu'on a voulu rapprocher le nom de notre auteur prétendu
du nom de Jésus fils de Sirach, bien que la confusion soit
ancienne. L'histoire de Naaman se reconnaît sans peine dans
les fables qui suivent. Emir-el-Momcnin, altéré dans l'édition
de Vérard en Emery Clinomenu, est suffisamment clair et
désigne un maître arabe de l'Espagne. Puis éclatent, mêlées
à d'étranges chimères, deux vérités historiques, le rôle de
l'école arabo-chrétienne de Tolède dans les échanges fl'idées
entre latins et musulmans, et ce trait caractéristique des
correspondances philosophiques de l'empereur Frédéric II
avec les souverains et les savants musulmans. Nous possé-
dons en arabe le texte même de quelques-unes des ques-
tions que l'empereur adressait aux musulmans éclairés et
des réponses de ces derniers. Notre confrère, M. Huillard-
Bréholles, en réunissant les détails de ce curieux épisode
de l'histoire littéraire du moyen âge, n'a eu garde de né-
gliger le passage de Sidrach dont nous venons de parler, et
TOME XXXI. 37
Stcinsriinoidpi-,
dans II RiKiiiai rnti.
1 87a, p. :! '1 1 • (A-
Hisl. lia. (Il' la
France, I. XXVli,
p. 5o5.
Bartoli , op. cit. .
I . xïiil, note.
I[ Hoi.s, (II. V.
Jourdain . Irad.
d'Aristotc, p. 107
il suiv.
Amari, dans le
Journal asiati(|ue,
février-mars i853,
p. 2.4o et suiv.;
Renan, Avcrroès,
p. 287 et suiv.;
2 1 ♦
DH-KinKiiit >iArio:iiiLr.
\IV' SIÈCLS.
liuiUard - Brcliol-
]c!t, IIi9t.di|d. Fri-
iler. sec. , vol. prc-
litn., |>. Dxxix et
Miiv. ; Reinaud,
Eitr. relatifs aux
rroisade-i , p. 435,
'i36; Vaiani. VI.
i; WanI, op. cit.,
p. 9o5.
Steinscbneider,
loc. cit., p. 34/1 ,
note 3.
Quétil et KchanI ,
Script, ord. Pned.,
1. 1, p. 126, col. 3.
Le Quien.Oriens
cliristiaiius , t. III ,
col. 1 1 60, 1 1 6 1 ;
Hainaldi , Annal,
eccles. , aux an-
nées 123a, 1334 ,
1333, 1338, ia43,
ia45;Fleui7,IIi$t.
ceci. , liv. LXXX ,
n" 47 et 48.
290
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
a jeté sur deux ou trois do ces personnages, qui au premier
coup (l'œil paraissent fabuleux, un jour singulier. Thodre
ou Todre le philosophe est, à n'en i)as douter, ce Tlieo-
dorns philosophas, qui jouait auprès de Frédéric II le rôle
d'une sorte d'astrologue assermenté, Theodorus philosophus
noster. C'était un Sicilien, ou un Oriental, ou peut-être un
de ces nombreux juifs d'Espagne et de Provence qui por-
taient le nom de Todros. Il servait au roi d'astrologue, de
secrétaire arabe; il était chargé également de tout ce qui
concernait les sirops et les confitures, et paraît avoir traduit
des traités arabes de fauconnerie. Ailleurs nous le voyons
occupé de disputes philosophiques et de luttes par questions
et réponses qui rappellent tout à fait celles de Sidrach.
Aubert ou Albert, prélat gibelin, d'abord évêque de
Brescia, puis patriarche latin d'Antioche (1226-1246), est
aussi un personnage considérable. Il assista au premier con-
cile de Lyon, en 1 2^5, et joua, à diverses reprises, un rôle
actif dans les grandes luttes de l'Empire et de la papauté.
Nous sommes portés à croire que frère Roger de Palerme
et le clerc Jean Pierre [Johanncs Pétri) de Lyon furent aussi
des personnages réels. Comme certains indices permettent
de supposer que le livre fut fait à Lyon, nous admettrions
volontiers que ce Jean Pierre de Lyon a bien plus de droits
que Sidrach, petit-fils de Japhet, à être considéré comme
l'auteur du livre entier. La phrase « ainsi sont translatés de
« lui plusieurs bons livres en autrui nom » et les mots qui
suivent ont une tournure gauche qui porte à croire qu'il y a
là quelque sous-entendu.
La date 12^3, que l'auteur, pour garder quelque vrai-
semblance, n'attribue qu'au prologue et aux arguments,
peut-elle être prise pour la date de la composition même
du livre? C'est le cas d'appliquer le vieil axiome, que souvent
le menteur n'obtient pas créance quand il dit vrai. Est-ce
fictivement ou conformément à la vérité que l'auteur affirme
avoir écrit son ouvrage en « estrange terre », à Tolède? Ce
qui est bien probable, en tout cas, c'est que l'ouvrage en
question sortit du mouvement philosophique et scientifique
DU PHILOSOPHE SIDRACH.
291
XIV* SIKCLI.
dont Frédéric II fut le centre et auquel le patriarclie Albert
put avoir sa part. Les traités d'histoire naturelle, de source
arabe et juive, qu'on voit se produire en si grand nombre
autour de Frédéric, se retrouvent quant à la substance dans
Sidrach. Plusieurs des questions et réponses de Sidrach rap-
pelleraient, d'après M. Ward, celles qu'on trouve dans les
Prophéties de Merlin, ouvrage qui paraît avoir été composé
par ordre de Frédéric. Nous avouons ne pas être frappés de
cette similitude; tout au plus peut-on faire remarquer que
l'histoire de la tour qui s'écroule à mesure qu'on l'édifie
est fondée sur le récit de la tour de Worligern, reproduit
d'après Gaufrei de Monmouth dans le roman de Merlin.
M. Steinschneider a signalé d'autres analogies entre le cycle
des fables de Merlin et les fables du faux Sidrach. Enfin
M. Ward remarque avec justesse que les questions qui for-
ment le fond (hi livre sont bien ce qu'on attend d'un élève de
Todre. Toutefois il faut reconnaître que le livre, d'un bout
à l'autre, respire non seulement la plus parfaite orthodoxie,
mais la plus entière soumission à l'Eglise. Les ordres men-
diants y sont présentés comme redoutables par leur puis-
sance, mais seulement pour les méchants. Est-ce de l'hypo-
crisie? On a peine à le croire, et il faut plutôt se rappeler
qu'il est dangereux, quand on parle de l'état des esprits au
moyen âge, de se placer au point de vue moderne et de voir
les choses d'une manière trop tranchée. Il a pu y avoir dans
l'entourage de Frédéric des gens parfaitement orthodoxes,
tandis qu'après sa mort sa réputation devint si mauvaise
3u'un écrivain docile à l'Eglise établie ne se serait sans
oute point placé sous le patronage de son nom.
Il semble donc probable que l'ouvrage fut écrit vers
i2 5o. Ce n'est que vers i3oo qu'on en trouve des manu-
scrits. Ni Raimond Lulle, ni Pierre du Bois, ni Jean de
Meun ne le connaissent. Il faudrait ainsi admettre une pé-
riode d'une cinquantaine d'années où sa vogue fut limitée.
Cela n'a rien d'invraisemblable. Le goût qui s'éveilla vers
i3oo pour les livres de science en langue vulgaire put faire
remettre en lumière un livre qui allait à ce but, bien que
37.
Ward, p. goS.
SleinKliuciilur,
loc. cit. p. i\-.
\iv' Sikc.LI.
292 L \ FONTAINE DK TOUTES SCIENCES
France, I. XXIIl
p. 29'l.
ao:?.
la faveur des lettrés l'eût un peu délaissé. Nous verrons
d'ailleurs plus loin qu'il y a peut-êtni au peu de notoriété
qu'eut d'abord le livre une explication particulière.
Etait-ce la première fois qu'on se servait du nom de
Sidrach pour couvrir des compositions apocryphes d'un ca-
ractère scientifique ou prétendu tel? Non; les récits qu'on
vient de lire supposent d'autres compositions, surtout astro-
iiisi. lia. <ie lu logiques, attribuées à ce personnage. Dans des écrivains
bien antérieurs au milieu du xiii* siècle, on trouve, dit-on,
citée l'autorité de Sidrach. Des compositions astrologiques
figurent dans les manuscrits grecs sous le nom de "^ipày^,
Coxe, cataiogus qui paraît être ici une altération pourS<^pàj(^'.
• udJ. Bib). Bodl.,
i" pari., mss. gr., _ i !• • i i<
roi. 438; sieiii jl est teuips maintenant de passera la di.scussion de lou-
i>. a4i; Hisi. lin. vrage même, censé écrit par bidracli.
.ieiaFr.,t.xxvii, j^y j.q\ IJoctus, qui régnait dans une grande province
entre Inde et I^erse, qui est a|)pelée 13eclorienne ou Boc-
torie, voulut bâtir une ville à l'entrée des Indes, pour com-
battre un roi qui était .son ennemi et tenait une grande
partie des Indes, et était appelé (iaraab ou (îaarab. On
commença par édifier les fondements d'une tour. Mais,
chaque matin, on trouvait abattu le travail de la veille.
Boctus convoqua, pour sortir de peine, les devins et philo-
sophes de sa terre. Il en vint quatre-vingt-neuf, qui deman-
' Dans lin autre manuscrit de 'n tùv [sic]b &-eàf yvùxrlbv éalio ffoi, 6rt
liodléieiiiic,(ir. Mise, 56,fol.93 (Coxc, •arivra eûSiiXaxTa èirha^a [sic] airov,
toi. 65 1), on trouve, sous le nom «le èitoitjaoi airùv ^pàvtjfiov xii KXrjpôvofiov
ïiîpii;^, un seruion sur la cliariti-, sur la oùpavov xii yrjs . . . (Fol. loo v*.). . .
pénitence, la seconde parousie du Clirist. xai A^ei 6 'S,eipà)(_- xipie, xai ifrit
C'est, à ce (]u'il seniLile, une espèce vioiyjaet ^ttnayeo^lav toC loi/Xov ao\t;
(l"apocalvpse dont Sidratli est le héros. piant nvcàv, xùpie, ànb vivroi xoxoû.
En voici quelques extraits que je dois h Kai "kéyti à iovXos tov &eoO ïaSpàjj'
la complaisance de M. F. Madan : (Fol. ipri Xàêe Tr/v ^'^x/^v fiov, iétj-aora. )La.i
g.'i v°.). . . xai eîitsv Seîpà;^, ri xùpié piov, éXiëev airàv b Q-ebs , xti idrjxev aùrùv
xai elitev airoû [sic] r) (^awr/- éyù àiteali- èv tû vapalslao) (lerà tûv iylciiv iwi»-
Xrjv tupàs as, ïva âvaXàSo) oe wSe eis rav. M. Umont nous siji;nale, dans ie
ibv oiipoLvàv.Ùiè sÏTtev r)deXov\akiiaaii plus ancien catalogue du Vatican, im-
aTbp.a iinb </16(i3 toO Q-eoii- oOx eifxi ixa- primé en traduction abrégée par Mont-
l'ôï, xvpis, ToO àveXdeïv eis tous oipa- faucon (liibliotheca biblioth. niss., 1,5,
vovs. Kai èxtsivas raïs ■alépti^iv aOroO col. a , au bas) un article intitulé : Si-
b iyyeXos éXaëev axirbv eut rpitov où- ruch, Enarralio pia, qui peut être le
pavoO. . . (Fol. q4 v*.). . . Ai}'ei ai- sermon de la Bodléienne.
DU PHILOSOPHE SIDRACH. * 293
\I\ MKC.I.K.
dèrent quarante jours pour bâtir la tour. Leur travail fut
détruit couinie celui de leurs devanciers. Le roi courrouce'
les lit mettre en prison. « Et ce fut la première prison du
« monde », ajoute l'auteur.
Après divers incidents inutiles à raconter, un vieil homme
conseille à Boctus de faire demander au roi de Tractabar
de lui prêter un précieux livre qu'il possède: c'est le livre
d'astronomie que Noé écrivit pour Japhet, sous la dictée irmi. itMi.imr,
d'un ange, et qui est venu par divers intermédiaires au roi " "'"''" '
de Tractabar. Boctus prie en même temps ce roi de lui en-
voyer, avec le livre, son philosophe Sidrach, versé dans
l'art d'astronomie et savant universel. Le roi de Tractabar
consent à la demande de Boctus. Il lui envoie le livre par
les mains de Sidrach. Celui-ci a bientôt enseigné à Boctus
le moyen de bâtir sa tour. Le secret pour rompre le charme
qui a jusqu'ici démoli les assises des travailleurs est dans
une montagne « de la j)arlbnde Inde », qu'on appelle la mon-
tagne du corbeau. C'est la montagne où s'arrêta le corbeau
(le l'arche. Tout y est miracle; le roi s'en empare après des suiuscimeidoi,
efforts répétés, dont plusieurs détails ont avec le roman i; '**■''"'<: 'i^''-
r ■" r _ iiialiiir inilialr, du
d'Alexandre des analogies éloignées. «i-- a.
Boctus était mécréant; Sidrach adorait le vrai Dieu. Une
série de manifestations divines, qui rappellent les récits bi-
bliques sur Elie et les prêtres de Baal, ou mieux encore les
apocryphes qui flottent autour du livre de Daniel, amènent
la conversion de Boctus. Par un miracle qui n'est pas
beaucoup plus difficile à admettre que tant d'autres, c'est le
christianisme, surtout le dogme de la Trinité, que Sidrach
enseigne à Boctus. En possession d'un tel docteur, Boctus
donne un libre cours à sa curiosité. Il pose à Sidrach une
série de questions, auxquelles ce dernier répond avec une
assurance imperturbable. Avant d'entrer dans le détail de
ces questions, revenons sur l'exposé qui précède, pour en
examiner quelques points.
Le nom de Boctiis demande d'abord à être discuté. L'édi-
tion de Vérard présente la forme Boënis, qui n'est qu'une
faute de lecture ou d'impression; quelques manuscrits sans
XI» SIECLE.
294
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
SleiiiM-hneider,
lor. cit., p. 2^1;
llisl. lilt. de la
Kraiire, I. XXVll,
l>. 5o>.
Kenan, Histoire
des oiig. clu Chris-
tian., t. I, p. 336
et »u\\.
autorité ont Bocciis ou Bothus ; i'italien a Botozo; mais la
Ibrme attestée par l'accord de tous les bons manuscrits est
Boctus. Le nom du pays dont Boctus est roi prête à quelques
doutes. Il semble bien que, derrière toutes les variantes, se
cache le nom de la Bactriane. M. Steinschneider, égaré par
.son idée favorite d'une parenté entre la fable de notre livre
et celle de Ben-Sira, dérive Boctus de Bokt-nasar, forme arabe
de Nabuchodonosor. Cette hypothèse, selon nous, doit être
écartée. Sidrach appartient au cycle des fables groupées au-
tour de Daniel; or le roi païen auquel se rapporte ce cycle
de fables n'est jamais Nabuchodonosor; c'est Balthasar ou
Cyrus.
Si la forme Boëlus n'était si peu recommandée, ce serait
assurément celle qui prêterait à l'explication la plus com-
mode, surtout clans l'hypothèse où l'on admet aux origines
du livre une influence juive. Le mot cnr^a, Boëlhuslm,
est dans les écrits talraudiques à peu près synonyme d'épi-
curiens, mécréants; D'.n-ia, Boëthus, est le créateur censé de la
secte des matérialistes riches et mondains, des Sadducéens.
H serait très admissible qu'un auteur juif eût pris ce nom ,
devenu symbolique, pour désigner le roi qu'il s'agissait
d'amener à la bonne doctrine. Mais l'absence de la forme
Bo'élus clans les manuscrits empêche de s'arrêter à cette idée.
Le pays de Tiactabar ou Tratabar ne saurait être déter-
miné; on n'en peut dire autre chose, sinon que ce nom
paraît avoir traversé les transcriptions arabes ou hébraïques
(comparez Sendabar). Nous en dirons autant du nom du roi
Garaub ou Garaad.
Abordons maintenant le détail des questions que Boctus
pose à Sidrach, et que celui-ci est censé avoir résolues. Le
nombre de ces questions parait varier beaucoup selon les
manu.scrits et les éditions. Cela tient aux additions et retran-
chements auxquels ces sortes d'ouvrages se prêtent avec une
extrême facilité; cela tient surtout à ce que, dans la table
des questions qui est à la fin du premier prologue, les ques-
tions sont souvent chiffrées avec beaucoup d'inexactitude.
La coupe des questions est, en outre, très différente, plu-
DU PHILOSOPHE SIDRACH. 295
\iy SIKI.I.E.
sieurs questions étant souvent réunies sous une seule ru-
brique, pour former des espèces de traités à part. Dans le
manuscrit A, le nombre des questions est de iiSq. H est
de 1208 dans le manuscrit de Rennes; dans d'autres ma- Maiiiei. cami.
nuscrits, de 1122, iio5. Dans les éditions imprimées, il Rcnms, p i5o
flotte entre 1 07 3 et 1 o84 . Dans l'édition de la veuve feu Jehan ' ^'•■
Trepperel et Jehan Jehannot, ce nombre va jusqu'à 1904.
La première édition de Vérard étant très claire et très com-
mode, nous en adopterons les numéros, sans omettre de
mentionner la concordance avec les numéros des manu-
scrits A et B.
L'ordre des questions se présente d'abord comme assez
satisfaisant, selon les idées du temps; c'est l'ordre de toutes
les sommes et de toutes les encyclopédies renfermées dans
le cadre théologique : Dieu, les anges, les diables, l'homme,
le paradis, l'histoire biblique. Le christianisme, grâce aux
révélations particulières que possédait Sidrach, est pleine-
ment exposé. Les dogmes delà Trinité, de l'Incarnation, de
la virginité de Marie (n*" 27, 3 1), les signes de la naissance
<le Jésus-Christ (n*" 608, 609), l'histoire évangélique, la ré-
surrection, l'Eucharistie (n°'2 32, 619), l'Assomption de la
Vierge (n" 417), le purgatoire (n" 4 16, 417, 46 1), sont
enseignés ex professa. Les précautions que prend l'auteur
pour éviter ce qui ferait de trop forts anachronismes (n" 833)
sont bien faibles, puisque (n° 453) l'Evangile est cité. La
légende de la mort de saint Jean, confondue avec la légende
de l'Assomption de la Vierge, implique une doctrine parti-
culière sur le purgatoire qui paraît n'avoir pas été celle de
tous les bons docteurs (n" 417). Les idées sur l'Antéchrist
(n°' ioi8 et 1019) reproduisent celles qui avaient cours
à la fin du xiii* siècle.
A mesure qu'on avance, le désordre et les redites aug-
mentent. Les enfantillages, les devinettes, comme les affec-
tionne toute littérature populaire (n" 349, ^7* ^^ suiv.), se
mêlent aux plus importantes questions de la cosmographie et
de la physique générale. Aucune curiosité sérieuse n'anime
tout cela. A cette question impertinente du roi Boctus : *. iShu. 190.
xit suxr.K.
296 F. A FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Il Se ainsi estoit que mon père et ma mère n'eussent point
«esté nez, comment eusse je esté né?», Siflrach répond
sans hésiter : « Posé ores que ton père et ta mère n'eussent
«jamais esté nez, si eusses tu esté né d'aultre père et de
« auitre mère. »
Les contradictions de Sidrach sont perpétxielles. Il con-
naît la rotondité de la terre (n"' 71^ et suiv.); mais il croit
au firmament, à une voûte solide tournant sans cesse et en-
globant la terre (n°' 215,216,217, 24o). Les problèmes les
plus graves du système du monde passent devant lui, sans
qu'il donne le moindre signe d'intelligence. Les mystères de
la génération sont ceu\ qui le préoccupent le plus (n"' Sg/i
et suiv., 5i 1 et suiv.). Comme Timeo, il est sur ce sujet
plein de discours; il va souvent jusqu'à la grossièreté
(n" 5 10), jamais jusqu'à des notions véritablement scienti-
fiques. Sa doctrine sur les tempéraments et leurs rapports
avec les constellations, sur les vertus des pierres précieuses
et des herbes (n"' 877 et suiv.), est la répétition d'un vieux
fonds d'idées sans valeur, en grande partie d'origine arabe,
(|ue chacun s'appropriait, et qui se comprend parfaite-
ment dans le milieu particulier où il semble que le livre fut
composé.
Le moraliste, chez Sidrach, n'est pas supérieur au phy-
sicien. Ses sentiments sont, en général, d'une grande bana-
lité; quand il sort de la tautologie, il évite rarement la sot-
tise. Son portrait du galant homme a pourtant des traits
assez justes (n" 787 de Vérard, 11° 822 du ms. A). Le roi
demande «de quelle manière doit estre homme». Sidrach
répond :
L'ome doit estre de belle manière et courtoys et amiable a chascun et de
poi de paroHe et depoi de priz, et doit parler courtoisement et a trait, ne
trop bas ne trop haut, et entendre volenliers la raison de laultre gent quant
il parlent, ne blasmer nului ne soi déliter quant l'en blasme aultrui, et a
jugier avec la gent courtoisement et debonairement , selonc que il atiert
a chascun, et estre debonaires avec sa maisnie, et estre courtois et
larges en son mengier, et doner de sa viande, et seoir soi courtoisement
sans trop lever, se besoin n'en a, et tenir son cors net et aoumé, et en
pluseurs autres manières assés. ■);'?.'1'|j viî*)* / '^i
XIV SIKCI.K.
DU PHILOSOPHE vSIDRACH. 297
Les idées générales de Sidrach sur l'organisation de la
société méritent d'être citées (n° 32a, Vér.; 217 selon B).
Le roi demande « lesquelles gens sont ce qui maintiennent
« le monde ». Sidrach répond :
Quatre manières de gens sont qui le monde maintiennent. Priniiers
sont cil qui les sciences mostrent, et enseignent les biens as gens et la
créance de Dieu le père omnipotent , en tel manière comme il se doivent
maintenir en cest siècle. La seconde manière sont cil qui toute la gent font
vivre par lor trevail; ce sont cil qui erent et encultivent et painent de
gaignier le fruit de la terre por eaus et por les autres. La tierce si est la
seignorie, qui maintienent la gent d'armes et maintienent la terre et le
peuple , et govcrnent les povres et les riches et les font seurement aler.
La quarte manière sont les gens de mestier, cil qui les marcliiés font et
qui portent les choses besoigneuses de l'un pais a l'autre. Et se ces quatre
manières de gens ne fuissent, le monde ne se porroit maintenir.
Voici comment Sidrach répond à la question: « Pourquoi
« Dieu fit les uns pauvres et les autres riches » (n" 701, Vér.;
782 dans A) :
Diex fist aussi tout le monde comme il doit estre;car se Diex eûst fet
toutes les gens riches, nul ne feïst riens pour l'autre, ains fuissent tuil
communal, et nulle loyauté ne justice ne fust faite; et se il les eûst tous
fais povres, enseuient fust conmie des riches, et le monde alast en ape-
tirant, pour ce que il ne porroit estre maintenu. Car aussi le maintiennent
les povres comme les riches et les riches comme les povres. Car
les povres travaillent pour les choses besoigneuses au monde, et les
riches les achatent de eulz, et se les riches nés achatoient, ne vaudroit
mie tant le travail, ne il ne porroient mie vivre; et se les povres ne
fussent , les riches ne porroient avoir par leur richesse ce que mestier leur
seroit, et si ne porroient vivre. Et pour ce convient qu'il soient les uns
riches et les autres povres.
L'auteur est, en général, un conservateur dogmatique du iiisi. liu. <ic la
pouvoir. A rencontre de Timéo, qui croit que le gouverne- '^"s'^^tsi.i^^"
ment vient d'un brigandage très ancien, Sidrach pense, avec
.sairit Paul, que tonte seigneurie vient de Dieu (n" 452), et
qu'il faut maintenir le pouvoir existant; il veut une justice
rigoureuse allant jusqu'à la cruauté (n^So, 453, 454). Le
juge doit être sans pitié (n" 699). Si, dans le nombre des
victimes de la justice, il y a des innocents, le mal n'est pas
TOMB XXXI. 38
TIV* NÉCLI.
298
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Véraïa.
A, 819
78»;
grand : les tourments qu'ils ont soufferts leur seront comptés
en défalcation du purgatoire. Le roi a le droit de tuer un
fiers de ses sujets, de torturer un autre tiers, pour que le
troisième tiers vive tranquille (n" 743, Vér.; 776 dans A):
Le roy demande : Les roys ont il le pouoir de Dieu a deflaire tout
home qui meffait? Sydrach respont : Les loys et les seigneurs ont le
pouoir de Dieu en terre, et le peuple leur est doné en terre a garder
et a maintenir et a sauver, et l'un tiers leur est doné a deflaire du tout
en tout, et l'autre tiers a desmembrer loiaument pour chastier, et pour
^avre l'aultre tiers en pais.
L'auteur est extrêmement préoccupé des rapports des
deux sexes; il n'aime pas les femmes. La femme est pour
lui un être voluptueux, faible, timide, nerveux, incapable
de se maîtriser, sans courage, tremblant pour rien (n*" 893,
488), avec cela très rusé. Quoique moins instruite que
l'homme, elle le déçut au paradis terrestre (n" 8i'i), et
elle continue à le tromper dans la vie commune :
Le roi demande : Doit home croire la plainte de sa moillierP Sydrach
responl : Certes, qui croit la plainte de sa moillier il est aussi comme
cil qui a chascun veut noisier. Car femme est de legiere complexion et de
petit fera grant mençonge, et despit habite plus en famé que en home,
pour la foible complexioii dont elle est, et pour une parolle que l'en dira
ou fera, elle l'engreignera par le despit qui est en li en moût de foies
mençonges, et ne li chaut que de ce aviegne, mes que elle puisse
revengier son despit; et pour ce est cil fol qui croit la plainte de sa
moillier ou d'autre famé, s'il ne la voit ou s'il ne l'ot par d'autres.
La question suivante (Vér., 786; A, 820) est empreinte
du même sentiment de malveillance :
Le roy demande : Se doit home fier en femme? Sydrach respont :
Certes es bones l'en se doit fier, selonc la chaste de leurs cors; mes au-
cunefois elles se corrompent tost par convoitise, ou par soufiraite d'au-
cunes choses, ou par envie, quant elles voient que autres famés ont et
veuUent autresi avoir; si se corrompent par losangerie. et c'est pour la
foible coniplexion que elles ont; et pour ce gart home que il ne lait
avoir soufTraite a sa femme que il puist, et qu'il ne li lait avoir acointance
avec foie famé ne avec plus riche de li , car l'envie la porra corrompre
pour avoir autretel; et de leur secré elles se corrompent de legier, car
elles sont de si foible complexion que a paine se sevent elles garder, ne
ne peuent leur secré. t /
fjt.
DU PHILOSOPHE SIDRACH.
299
XIV' SIÈCLK.
La question de la préférence à donner aux brunes ou aux
blanches est tranchée par l'auteur selon les saisons : les brunes
valent mieux en hiver, les blanches valent mieux en été
(n^SôS; A, n" 368). Dans la question : « Lequel vautmieux,
« chez la belle femme, beau visage ou beau corps », Sidrach
a des idées très arrêtées :
Homes et famés qui sont acompli de leur membres et sont en-
tier, la belle chiere leur est plus belle que le biau cors ; car, se le cors
est blanc et net, si est il couvert de sa vesteure, et la chiere est tous jours
Hescouverle ; et le délit n'est que en la chiere , et qui regarde aultre
ciiose que la chiere, il pèche durement. Et pour ce disons nous que la
belle chiere est plus bel séant a la femme entière et acompUe que le biau
cors.
Sur la jalousie, les opinions de l'auteur sont singulières
et, on peut le dire, personnelles. Son indulgence ressemble
fort au mépris (n" i3g et i4o; B, n"' 89 et 90). L'homme
sage se garde d'un tel sentiment. Quand il trouve sa femme
en faute très grave, il se contente de la « chastoyer » douce-
ment, puis il oublie ou dissimule. La honte du scandale re-
tombe toujours sur l'homme. «Se tu craches vers le ciel,
« sur toy descendra ton crachat » (n" 397) :
Le roy demande : Fait il bon estre jalons de sa femme P Sydrach res-
pont : Tu ne dois pas estre jalons de ta moillier en nulle manière du
monde. Car se ta moillier est bonne famé et loyale, et tu la jalouses,
tu la fais devenir mauvaise famé. Et se elle est mauvaise famé , et tu la
jalouses, tu la fais devenir plus mauvaise que elle n'est. La bonne femme,
nulle chose du monde ne la peut comparer, ne or ne argent ne pierres
précieuses, et plus est a prisier et a amer et a honourer la bonne famé
que le bon liome; car la bonne famé n'a pas tant de sens comme l'ome,
et par sa grant bonté elle est botme, et pour ce elle est plus a prisier
que l'ome. Deus choses pueent venir a jalouser la bonne famé. Car se
tu es jalons , elle s'en porra tost courroucier, si que elle en porra avoir
une grant eiifermeté, ou la feras par ton despit estre mauvaise famé,
ou elle fera faire choses pour toi tuer, ou te fera tuer a un autre home;
car par ta jalousie elle perdni son sens et si devenra folle et fera tous
maulx. Et se tu es jalous de la mauvaise femme, elle fera pis, et pensera
tousjours de toi faire mal, et tousjours se pensera en sa folie, et pour ce
en nulle guise du monde l'en ne doit estre jalous de sa moillier, soit
bonne soit mauvaise.
38.
Véiard, liio;
, 4^9; B, ioi.
Conf. Ecili,
i\, I.
Vérard. 398;
A , 4o8 et 4 09 ;
B, 278.
tIV* SIÈCLE.
300 LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Le roy demande : Se doit on courroucier ou estre jalons quant sa
Vcrard. 3!)<(; femme paiolle a un autre homme? Sydracli respont : Se ta femme pa-
^- '""• roUe a ton ami ou a un autre homme, ou selle jeue, ou se elle rit, ou
se elle trufe et se elle regarde vers la porte ou vers l'uis, ja pour ce ne te
dois courroucier ne avoir jalousie. Telles jeucrit et rient et moquent de
leur bouches qui sont pures et neles sans nul malice du monde, et sont
connue le fm or. Et telles sont coies et débonnaires et paisibles et hon-
teuses dehors qui en leur cuers sont plaines de fausetc et de foUe, et ne
sont pas dedens comme elles samblent dehors, aussi connue la belle
pome, qui est belle et oudourant dehors, et dedens est pourrie et ver-
meneu.se. Et pour ceste raison l'en ne doit mie estre jalons de sa moillier,
se il n'est bien certain. Et aussi In famé de l'ome.
L'auteur discute un cas beaucoup plus grave avec une
crudité que nous sommes obligés d'atténuer (n" 53 i, Vér.;
55o dans A; 4oi dans B). Le roi demande : « Si un homme
« surprend sa femme en délit d'adultère, que doit-il faire? »
Sidracb répond :
Se un homme treuve un autre homme, . . . n'est mie merveille se
il se courrouce; mes il s'en doit passer paisiblement et debonnairement
et lessier l'orne aler; car se elle ne voulsist, il ne l'eiist pas fait; et se
la doit chastier courtoisement et amonester la humblement, car toute la
charche et le blasme n'est que en la femme , car nul homme du monde
ne la porroit efforcier se il ne la voloit tuer, et il ne li doit pas ce fait
reprochier, car elle en feroit pis; mes il doit oster la jalousie et le cour-
rons de son cuer, et se il pense a ce fait, il fera foUie; car se il a trouvée
sa fenmie avec un home, il n'est mie seul el monde. Et por cel péril que
semble a lui de sa femme, elle n'est pour ce morte ne apeticie, ne il
meismes mort, ne pour ce la terre ne pert mie a porter son fruit, ne les
yaues ne sont mie pour ce sèches, ne ja pour ce nostre signeur n'en
deffera le monde. Et se ce fait ii samble grief, ans autres gens sanible
neent, comme chose qui onques ne fu. Et pour ce se doit l'en passer
legierement et ne doit pas penser en ce, ne mètre [soi] en consumma-
tion pour celui qui estacostés a une charoigne, car tout home du monde
qui gist a autrui famé est samblable au chien et pire que chien qui
runge les charoignes, et toute famé qui se donne a autre home que a
son compaignon est samblable a la charoigne et pire que charoigne
pullente que li chien deveurent et menguent. Et pour celle orde chose
ne doit mie faire home telle chose que il soit destruit du tout en tout;
car après ce le repentir ni vaut nient; mes il se doit passer briemont
et celeement, et en ce fera son profit et son honneur a lame et au
cors, et fera au plaisir Dieu et doleur au dyable.
DU PHILOSOPHE SIDUAGH. 301
La question 33o (335 dans A, 2ii dans B) nous pré-
sente un tableau plus discret. Le roi demande : « Puet estre
• que Tome voit aucune fois la fanie et l'aime pour ce veoir
« sans plus, et aussi la famé l'omme? » Sidrach répond :
Quant Tome voit la famé et la famé l'orne et l'aime, ce avient de la
nature de leur cuers, et sont de foible cotnplexion, et par la vaineté
de leur cucrs si retiennent délit de celle veue, et de leur biauté ou de
l'un ou de l'autre, qui rellnmbe en leur cuers, et leur remue fole-
ment, et rent celle folie a la cervelle. La cervelle respont aus ieus de
rechief, cl les fait folement regarder a celle créature, et le cuer, qui
est fol et vain, pense souvent a celle créature, et par ce délit convient
que il l'aime, et tant coin plus use ce plus le veut. Mes le saige cuer
qui est fort et ferme, quant il voit une belle famé, il pense en soi
meismes et rent (grâces a Dieu le tout puissant et dit : « Benoit soit le.
« créateur qui si belle créature a fait ! » Ne jamais ne li souvenra de celle
créature ne tant ne quant, et se il l'en souvient, n'i fait il nulle force,
ne pour ce point ne s'en esmuet. Et ensement est de la famé a l'ome
comme de l'ome a la femme.
Les mêmes sentiments délicats se retrouvent dans le
n° 832 (selon A, n" 87 1). Le roi demande: « Se doit home
« tenir d'esgarder belle famé ? » Sidrach répond :
Ijes fols se doivent bien tenir d'esgarder belle famé; mes les sages non;
car (|uant les sages voient une belle famé, il regracient leur créateur
Dieu et dient : « Sire Diex , benoit le tien non et le tien pouoir, qui dai-
«gnas liiire si belle créature 1 », et ne pensent nule folie en leur cuer.
Mais les folz si tost que ilz voient une belle famé, incontinent ilz pen-
sent folie en leur cuer, et se esjouissent, et leur cervelle s'esmuet, et
adonc de leurs jolis ieus rouillent et regardent et s'avivent folement en
celle belle famé , et ne leur souvient de Dieu tant ne quant. Et ce fol
regardenient et celle folle pensée s'asiet en leur cuer, et souvent sont
temptés en la biauté de celle persone.
L'auteur se présente à nous comme un personnage très
Ï)ieux (n " 670, 8^7); il recommande l'attitude humble,
es yeux baissés (n" 678); son parfait médecin (n°'6o3,
853) n'est pas le médecin laïque, émancipé de l'Église, que
créa surtout l'université de Padoue. Les raisons qu'il donne
de la dévotion plus grande qu'on éprouve en hiver qu'en
été (n" 704, Vér.; en A, n" 735) sont d'un ascétisme subtil.
2 2
XIV SIECI.K.
M>* SIÈCLE.
302 LA FONTAINE DE TOUTES iJCIENCES
La grossièreté de son langage en certaines matières vient
d'un manque de goût, non d'un esprit libertin. Une sin-
gulière solution est celle du n° 683 (en A, n" 714) Le roi
demande : « Lequel vault miex que l'ome foloie de son
« cors ou la famé? » Sidrach répond :
Je ameroie miex que ma famé foloiast et feïst son pechié que je; car
se je fais le pechié, je serai dampné, non pas lui, et selle fait le pechié,
elle sera dampnee, non pas moi. Et se je avoie cent mille famés, et cent
mille filz , et cent mille filles , et cent mille pères , et cent mille mères , je
ameroie miex que il fussent trestout dampné que je; carie cors donroie
je pour euls, mais l'âme non.
Ce qui frappe, en général, c'est combien l'auteur est peu
patriote (n°' ôaô, 828) et peu militaire. Selon lui, nous
sommes tous étrangers en ce siècle; nous n'y avons ni pays
ni demeure. « La est son pais ou l'on puet vivre, et non pas
« la ou l'on est natif. . . Mieulx vaut le bien de l'estrangier
« que le mal du frère, et ceulx qui bien et plaisir te font,
« ceulx dois tu amer, quels qu'ils soyent. » Son antipathie
pour la guerre se trahit à diverses reprises. Le roi ne doit
pas se battre; le seigneur doit toujours rester dans l'arrière-
bataille; le doute sur la légitimité de la guerre et sur le sa-
lut de ceux qui meurent en bataille est plusieurs fois ex-
primé (n<»538, 687,874, 876).
Le règne de l'Église , dans le pays où vit l'auteur, est très
absolu. En tout testament, le tiers doit être légué au profit
de l'Eglise. Le roi demande (n° 298; en A, n" Soa) : « Font
« mal cil qui laissent après leur mort a leur enfans ? » Si-
drach répond :
Nenni pas; car en ta vie tu dois partir le tien en trois parties : l'une
partie dois tenir pour l'amour de toy, pour toi vivre; l'autre donner pour
l'ame de toi ; l'autre donner a tes enfans. Se tes enfans sont bonne gent ,
ilz gangneront comme tu as gangnié. Car tu ne dois mie dampner
t'ame pour tes enfans. Qui saroit bien en cest siècle quel chose est la
perte de l'ame, il ne la perdroit pas pour cent mille enfans, se il les avoit.
L'en puet bien perdre le cors pour ses enfans et pour ses amis et pour
sa loiauté , et ceus qui en celle manière perdent leur cors par ioiauté, il
le fait bon rachater; car il n'est nulle plus digne chose de l'ame fors Dieu.
DU PHILOSOPHE SIDRACH. 303
\lï' SIÈCLE.
A, 816.
. . . Quant le déluge vint" sus le monde, les gens si s'en fuioient
de ça et de la, et quant l'iaue les assailloit, il prenoient leur enfans, les
metoient sur leur testes que l'yaue ne les noiast, et quant l'yaue venoit
et acroissoit a leur geules , de la poor que il avoient , il prenoient leur
enfans et les metoient sous leur pies pour eus haucier de l'yaue. Quant l'en
doute de la perte du cors, qui neent ne vaut, plus devroit on douter la
perte de l'ame . qui est la plus digne chose du monde.
Le roy demande : La signourie qui prent l'avoir de ceus qui muèrent Véianl, 781
en leur terre et n'ont hoir, ce! avoir est il quitement leur? Sidrach res-
pont : Non pas. Se tu es seigneur et l'orne muert en ta terre et il n'a hoir,
son avoir doyt estre tien, mes non pas tout, car tu le dois partir en
deus parties : la première dois donner pour l'amour de Dieu pour
l'ame de luy, et l'autre doit estre teue, non pas que tu preignes son tra-
vail tout et que lame de lui n'ait part de cel meismes travail que le cors
qui le Soustient a gangnié ; mes a celle meismes ame doit aidier de cel
meismes avoir que son corps a gangnié en cest siècle.
Les idées historiques de Sidrach , censées le résultat d'une
vue prophétique, sont des plus incomplètes. Les premières
grandes nations du monde seront l'Inde et la Perse (n°' ôa o,
5a i). Ensuite viendront les Grecs, qui, dans l'esprit de
l'auteur, ne sont pas distincts des Romains. Le roi demande
(Vér. ,68; A, 68; B, 48) : « Après ce que le fds Dieu sera
« montés el ciel, ara il nul philozophe el monde pour en-
« seignier la gent ? » Sidrach répond :
Quant le fils Dieu montera el ciel, il lessera son pouoir aus douze
menistres , et ceuls estabiiront une sainte maison qui sera apelee la mai-
son Dieu. Après euls venront les autres greigneurs qui tout leur com-
manderont, et seront les premiers qui au fds Dieu auront creu , et seront
de grant pouoir et de grant richesce et de grans seignouries , et par leur
grant richesce et leur grans seignouries s'afoiblira la créance du fds
Dieu et de ses commandemens , les quiex auront establi ces douze me-
nistres, et ne se vodront amender, et Diex, pour leur orgueil et leur pe-
chié, les destruira par la plus orde gent [Sarrazins]' du monde. Ceus
Grégeois saront moult d'astronomie, car il seront moult sage gent et de
grant sapience, et par leurs orgueil perdront tout et seront vil entre
les autres peuples.
Les mots explicatif! que nous met- Dan» la plupart des manuscrits el dans
ton» entre crochet» sont écrit» en in- le» imprimé» , ces mots sont fondus dans
tprligne à l'encre rouge dans le ms. B. le texte. Voir B, fol. a/J, 87, 89, 91.
MV SIECLE.
304 LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Les manuscrits du type B et la version italienne ont ici
une question qui manque dans les manuscrits du type A :
15, 49; Baiioli, \À rois demande : La maison dou fil do Dieu a cui sera elle con-
''■9^"^'' mandée, et qui la gardera et governera? Sydrac respont : Le prince
des ministres dou fd de Dieu la commandera a un bon homme qui
sera apellc's i'ere des pères '. Et de l'un a l'autre ensi sera jusqucs a la
venue dou faus propliete qui tout le monde devourcra , et ce sera le fis
du deauble, et tousjours sera acroissement de bien et esliaucement
d'onor. Après la venue dou fil de Dieu, de .\i ans, croistra pecliies au
monde entre son piieplo; encontre la foi seront, et seront muci<^ entre
les bons connue l'ivraie entre le forment [Patalins]. Après un temps nais-
seront iigrans colonnes qui la foi dou fil d(^ Deu essauceront, et les mes-
creans qui entre les bons seront destruironl et consumeront. Celles u co-
lonnes, l'une sera apelli^e les maindres [Menors] et l'autre amonesteors
[Prescheors]. Et seront moult crains par le monde, et povres gens
seront. Les bons les ameront et les honourront et tenront en doutance
pour le bien que il feront, les mauvais les douteront et lionor et ré-
vérence lor porteront por la paor et doute que d'au» auront. Car les
gens par ces n colones lairont moult de luaus a faire por la paor que
les mauvais aront d'iaus. Car il seront l'espee et li champion de la foi
et de la maison dou fils de Dieu, et anemis et advei-saires au diauble.
Boctus désire savoir quelles seront, dans l'avenir, les na-
tions les plus riches et les plus puissantes :
Véiaid. 5îo; Les plus riclies gens du monde espirituelment sont cil qui a Dieu
A, s.'i;; n, 389. s'apuicnt et Diex est apuiez d'eulx par leur bonnes euvres, et corporel-
ment a ce temps présent si sont les Yndeus; mes il naistra une gent
[Grigois] qui premier se convertiront au vrai prophète : cil seront les
plus riches gens du monde; mes par leur mauvaistié et par leur cuidier
perdront tout , et seront mesprisiés entre les autres gens. Car il cuideront
estre milleur d'euls, et il ne le seront pas. Mais après eus la richesse
sera a une gent [Franchois] qui seront plus humbles a Dieu que nulle
gent du monde^.
Vérard. 5?! ; Le roy demande qui sont et seront les plus honourees gens du monde.
A, 538;B,,>9o. Sidrach respont : Les plus honourees gens du monde sont a i;e tens
ceus de Perse. Mes il sera un tens que cil de ponent [Frans] seront
les plus honourees gens du monde et les plus sages et les plus vaillans
et les plus prisies et les plus puissans et les plus hardies et les millcurs
' Les manuscrits ilaiiens ont Pielro ou Pielro padre de padri.
Ce passage se lit ainsi dans B : « Après eaus la richesse dou monde sera
• d'autres gens, li quel seront plus franc a Dieu que nulle autre gent dou monde. •
DU I>IIIL0S0I>IIE SIDRACII. 305
gens a Dieu et au monde, ot seront créant en la foi du fils Dieu, el sera
nn lens que il justiceront los trois parties du monde, et leur honeur
ira par tout le inonde, et si seront prisiés entre toute la j^ent du monde,
et leur seigneurie essauccra tousjours a leur pouoir; mes il ara souvent
rnir'euls gucire, et quant Die\ voudra, si mettra euircus pais, pour lis
nuircs naliuns du monde deslniire.
Au lieu (le « cil de ponent [Frans] », le manuscrit A porte :
« cil François d'occident ». Les éditions imprimées portent :
« gens François et gens Angloys, » expressions où l'on pour-
rait trouver une allusion aux rivalités des Français et des
Anglais. On voit que la mention des Anglais manque dans
l'ouvrage original.
Au n" 762 (79G de A), le roi demande à Sidracli : « Qui
M est plus forte bataille, celle de terre ou celle de mer? » La
réponse de Sidrach est trop vague pour qu'il soif permis
d'en tirer aucune conséquence historique.
La question sur la fleur de lis (n" (S3i, Vér.; 870, A)
semble également promettre plus qu'elle ne donne :
Le roy demande : Quelle est la plus gentil fleur qui soit? Sidrach res-
pont : La fleur de lis est la plus gentil fleur qui soit. Il y a fleurs
assez qui sont plus belles et plus profitables et plus odourans; mes la
fleur de lis est la plus gentil et la plus convenable en main de roy plus
que nulle autre fleur; et tout ensement comme le roy est seur le peuple,
la fleur de lis est sur autres fleurs de gentilesse. Fleur de lis a plus
biau non que nulle autre fleur qui soit, car la (leur de lis veuf dire :
lleur de joie'.
La règle de succession que Sidrach regarde comme la
meilleure pour les royautés et les seigneuries (n° 83g,
Vér.; 880, A) n'est pas celle qui, sous le nom de « loi sa-
«lique», fut tenue pour loi fondamentale du royaume de
France, à partir de Philippe de Valois :
Le roy demande : Se un roy ou un seigneur a deus enfans ou plus, et ses
enfans ont enfans , et l'aisné des enfans muert et il muert après , qui doit estre
seigneur? Sidrach respont : Se un home avoit vint enfans ou plus ou
moins, et tous eussent enfans, et tous morussent a sa vie, et de tout
ne demourast que le plus petit, et le père morust après, cil qui est en
' Preuve d'une complète ignorance du latin. Sidrach tire lis de liesse.
TOME x.\.\i. 3q
0 y ^ inri-miBir <ATir\»fr.
XlV'SIH.l.îî.
XIV* SIÈCLE.
306 LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
vie doit estre seigneur, non pas l'enfant (les enfans ainsnés; car pins près
est de lui son enfant que les enfans de ses enfans, et plus vaut le vif (pic
le mort. Et pour ce cil (jui est en vie doit estre iniex seigneur que les
enfans de celui qui est mort, et dont son père ne reçut neent en son
tens. Et se les enfans du père ont enfans, et il muèrent et il ne demeure
«infant en vie et le père mucrt après, l'enfant de l'aisné fds doit estre
soigneur. Et se le père n'a que filles et il muert , la seigneurie doit estre
partie eu elles autant comme elles sont, et doivent prendre barons, et
le baron de l'aisnee doit avoir le cliief de la seigneurie et l'enneur, et les
barons des autres filles doivent faire homage au baron de l'aisnee.
Un long passage (Vér., loi 3-1017; ^' 1086 et suiv. ;
B, 586 et suiv.) relatif aux croisades .soulève de nombreux
doutes, que nous ne nous engageons pas à résoudre tous :
Le roy demande: La cité du lllz Dieu, laquelle sera el nombril du
monde, a qui sera elle après sa mort? Sidrach respont : La cité du filz
Dieu, elle sera de pluseurs gens et de divers langaiges, et moult de roys
la convoiteront d'avoir pour sa digneté, et set foiz doit estre prise et
gastee, el moût de bonne gent seront la occis et lapidés. La première
genl qui la seignouricront après la mort du filz Dieu seront cil qui
l'ocirront, et la tendront un temps. Après la seignouricront le peuple
du filz Dieu, lesquiex seront premiers convertis a lui [Grigois], les-
quiex seignouricront la gregneur partie du siècle, et si seront en leur
tens la plus puissant gent du monde, et saront presque tout l'art
d'astronomie. Geste gent par leur seignourie s'enourguelliront , et Diex
destruira leur orgueil, et fera un homme naistre de berie [Mahom],
de la plus orde gent du monde, et leur toudra la terre toute et les bou-
tera en un canton du monde [Romanie], et n'aront en eulz pooir et
perdront leur sens.
Le roy demande : Quel homme sera cil qui naistra de berie, qui a
si grant genl comme sont les Grigois toudra la terre? Sydrach respont :
Il sera un homme povre, de laide façon, paslour de chameuls, et sera
amonnesté du dyable, et sera creûs, et n'ara que xl hommes de pooir,
et par l'atrait du dyable décevra moul de gent et les convertira a lui et
gaaigncra une grant partie du monde du grant peuple du filz Dieti
[Grigois], et establira sa gent une loi moul mauvaise et moût large,
par l'amnnnestement au dyable, et establira avant sa mort un chief
[calif] ', et par l'espee seront essaucid et gaaigneront la terre , et par l'espee
la perdront [Sarazinsl , et n'aront pooir sur terre que vu cens et xi, ans.
Et quant les xi, chief [calif] seront complis, il seront près de leur fin
' B porte, en encre rouge, à l'interligne : calif. A el l'imprimé ont akppe. Serait-ce
VAIeppe de Dante (/«/"., c. vu, i ) ? Dan» Vincent de Bcauvais , CtH^^a devient Adige.
I
DU PHILOSOPHE SIDR\CH. 307
et de leur sfignourie. Et au cotn])lisseiiieiit de vu ans, a ce temps,
aront perdu plus de troys pars de leur pooir [les Sarrasins], et seront
en servage au peuple du filz Dieu [Latins] autres nations que cil a qui
il toUirent la terre et autres gens plus inescreans d'eus [Tartiirins].
Quant il seront au commencenient de leur honeur, seignourieront
grant partie de ponent et Kspagne et plusieurs illes de mer, et toute la
terre en deçà le berquil de la nier de Turquie, Ernietiie, Surie, Troye
la grant, Ynde et la petite Babiloine; car ce seront ydolatres la gri-
gneur partie des gens.
liC roy demande : Geste orde gent [Sarasins] tendront il niout de tens
la terre qu'il scigneurieront en ponent!^ Sydrach respont : Un tens sera
qu il la tendront. iVIès après eulz ara un roiaunie en France d'une bonne
gent fermement créant en Dieu, et en ce roiaunte ara un roy [Charle-
maine], qui destruira ceste orde gent et leur toudra la terre' par la
volent»': Dieu, et oeirra et convertira moût de gent et moût de prou-
viiices et de roiaumes a la foy de Dieu. Adont si devendront celle orde
;;ent [Sarrazins] el servage au peuple dou (il de Dieu de ponent.
I^e roy demande : Que devendra il adonc? Sidracli respont : Après la
mort de ce roy, qui se nomera Charlemaine, vendront cil de ponent
du berquil de la mer [Latins], et tondront moût de terre a (^elle orde
gent [Sarrazins], et gaaigneront Rabata^ [Antbioche] et la cité du fil/.
Dieu [Jherusalent], et pluseurs d'euls retourneront en ponent, et li
autre demorront en la terre et la tendront un grant tens après. Et
après vendra un dou levant ' [Salahadins]*, et gaaignera moût de terres
au peuple du filz Dieu [Latins] et la digne cité [Jberusalem], et après
un temps istra une orde gent d'entre deus montaignes^ [les Tartarins],
et toudront tout le levant. Et après ce temps istra un roy de celle orde
gent de Trabas [Babiloine], qui fera moût de diversités au peuple du
fils Dieu, et si toudra ans crestiens moût de terres, et confondera Ra-
bata [Antbioche] et les metra en grant destrece.
Jusqu'à présent Sidrach a annoncé des événements réels,
au moins en gros, et dont les plus récents ne dépassent pas
le premier tiers du xiii" siècle. Ce qui suit, impliquant le
départ du pape et de l'empereur pour la croisade, et ne
s'arrètant qu'à l'Antéchrist, appartient évidemment à l'ordre
' An lieu de « la terre » , B : « Thunes ». ' B : f un roi dou levant ».
' Dans A , • Habraca > ; dans B , i l\a- ' B : « Salabadine •.
« biata • ; Vérard : « Trabata ». Sans doute ' C'est la célèbre légende des • portes
pour Kiblata, qui désigne parfois An- « de fer », derrière lesquelles Alexandre
tioclie dans la géographie pseudo-bi- avait enfermé, entre deux montagnes,
blique des croisés. Voy. Hist. occid. des les peuples de Gog el de Magog, et que
CVow., I, 169, note. les Tarfares auraient réussi à briser.
39.
\IV SIKCI.I.
MV bIRCI.E.
308 I.A FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
(les fables, sauf, au début, une réminiscence de la quatrième
croisade, et indique les aspirations du temps, non des événe-
ments accomplis :
Le roy demande : Que devendra il plus!' Sidrach respont : Cil de
ponenl [François], après un lens, passeront la nier a grant force, pour
gaaigner la cité de Jherusalem, et iront autre part', et riens ne feront,
et retourneront arrière, et a ceste gent [Sarrazins] ne sera demeurée
seignoiuie franche que Trabas [Babiloine], et ce sera lor derreain pooir,
lor fin; et après un poi, cil de ponent [Frans] passeront la mer et
gaaigneront la terre toute pai' force et par grant gent et toutes les for-
tresces, et le tendront un grant tens, et un d'eulz tendra la terre devers
cens qui istront d'entre deus montaignes; car entre celui et ceulz n'ara
que un llun [Aiguës froides]^, qui vient d'orient. Cel home demandera
une gentil dame de Trahas [Babiloine] ])our famé; cil qui sera seigneur
de la terre ne li voudra donner; celui ara grant despit et pensera de la
terre iraïr, et mandera a ceiilz des deus montagnes [Tartarins] que il
leur donra passage et sera en leiuaide, et qu'il ])assent a prendre la terre
de Ibrce et qu'il chaceront ceulz qui seront croiant en Dieu. Mes cil de
Babiloine istront hors contre ceulz des deui montaignes, et, par la force
de Dieu, les dcsconfuont et chaceront outre le llun [Aiguës froides],
et prendront celui qui les ara trais. \près im temps, cil des deus
montaignes s'acorderont avec autres gens , peuple du fil de Dieu [Crigois] ,
pour gaaignier la cité de Trabas [Babiloine], et venront a grant force et
gaaigneiont toute la terre dedens et defors Trabas [Babiloine], si que
il ne leur remaindra que une cité sur la mer [Alixandre] et une forte-
resse sur la terre [Craf de Montroial]', et tueront moût du peuple du
lilz de Dieu [Latins], et leur toudront toute la terre, et la tendront im
grant tens , et feront moût de richesce en la cité du fd de Dieu [Jhe-
rusalem]. Après un tens, cil de ponent [Latins] par grant vigueur et
par grant jalousie se assembleront mont grant gent, car la guerre sera
finee entr'euls, et de celle grant gent s'assambleront en deus parties, et
se partiront. L'une partie ira a ceulz [Crigoys] qui aideront ceulz des
' Allusion à la quatrième croisade. depuis longtemps leur place dans les lé-
' Pi'ob.iblemeiit l'Euplirate, par une gendcs que l'imagination populaire avait
sorte di' jeu de mois. Hift. ocrid. des groupées autour des Tnrlares. Le fleuve
Ovisudes, t. II, p. 638 : t Li Tartarin des .^iju«/roi(i;î est également présenté
«s'en l'ouuent, el ne sot l'en mie qu'il comme faisan) frontière entre les Tar-
• devindrent. Aucunes gens disoient que tares et les Sarrasins dans plusieurs pas-
« il s'en estoicnl foui jusques a un leu sages des Gestes des Ckiprots (p. aoy,
«bien loing que l'on apcle As Froides aïo, 296).
o/aaef. >Ils'agitlà de la victoire rempor- ' Ver. et A: • de l'Hospital » ; plus bas :
téeen 1360, en Galilée, sur le» Tarlares «Morialt. Il faut lire Crac. C'est Schau-
par le sultan d'Egypte Cotlioui; mais il bak, près de Pétra.
est clair que ces • Eaux froides > avaient
DU PHILOSOPHE SIDRÂCH. 309
*
deus montagnes [Tartarins], et leur todront une granl partie de leur terre
[Roinanie]. L'autre partie voudront avoir gens qui tenront la terre sur
mer [Alixandre], et il iront contre leur anemis et les desconfiront niale-
nient, et leur tondront la terre, et iront après eulz près de la terre des
XL ciliés [Raudat]', et la demorront en tout deus ans, et tousjours
venra aide a leur anemis, et par un jour de merquedi s'enconti*eront
l'un encontre l'autre. F^a première bataille gaaigneront le peuple du
fdz Dieu [F^atins], et de demi jour en avant leur anemis aront vigueur
sur eulz et les desconfiront malemunt, et les chaceront dedens leur
terre, et en tueront moût, et moût en seront noie au flun passer
[Aiguës froides], et se repaireront en leur terre en ponant. Cil passeront
outre le flun et leur tondront autre fois la terre au fil/, de Dieu [Jlieru-
salem] et Trabas, et ne leur demorra que celle cité [Alixandre] qui
est sur la mer et la forlerece qui est entre les deus montaignes [Craf
de Montroial]. Nouvelles iront autre fois en ponent, et il aroiit grant
duel et grant trislesce et s'adoberonl autre fois a tourné pour passer la mer.
Et, a l'acomplissement de m ans et v mois, passeront les gens o
moût grant force, et passeront avec eulz le père et la maison au fil de
Dieu [|)ape] et moût de roys et moût de seigneurs et le roy de lor roys
[empereur]-, et gaaigneront toute la terre, et gèleront leur anemys hors
et les chaceront jusquiï a celle nieïsme terre [liaudat] ou il Itncnt pre-
mier desconfit, et la demorront et s'enforceront tousjours et les autres
d'autre partie entour xn moys^. Et, par un jour de diemenche, s'en-
contreront, et le père [pape] de la maison du filz de Dieu istra a son
peuple et le commandera a ferir el non Dieu,' et il ferront sur eulz
et 1<!S desconfiront malement, et celle sera la plus aspre journée [bataille]
du monde, et en tueront moût, et les iront chaçant xxxvn jours",
tant que il venront a un arbre sec, et la demorront cinc mois, et vi-
taille leur vendra de toutes pars, car toute la terre seignourieront , et
le plus de la gent convertiront a la foy du filz Dieu, et cil qui convertir
ne se voudront a l'espee les ocirront. Et se les pierres et les herbe.s
eussent langues, elles deïssent : « Tués ces me.screans, qui el filz Dieu ne
« acroienl. » En cinc moys leur anemis s'assembleront et vendront contre
eulz, et autre fois seront desconfis, et en tueront tant que de dis n'en
eschapera que un, et les chaceront jusques au grant arbre sec. F.ies uns
prendront autre chemin, et se metront en la terre de leur nations [Got
et Magot] ' ; de quoi le plus d'eulz seront. Les autres iront en celle terre
dont il issirent, et les autres se perdront au désert [Tartars]. Quant le
peuple du fil Dieu , cil de ponent [ l^atins] , seront a l'arbre sec , si demor-
' Vér.:> Vindat>;B:iBnudrac>;plus ' B:>xxvn».
bas : « Baudac ». C'est Bagdad. ' A : • Gogaina ou Gogania ■ ; B : • Jo-
* Vér. et A : • li roy de la loy •. < rianie ou Jorianie •.
' B : • XIII •. Vér. : i vu moys ».
XIV' SIÈCLE.
\IV SIKrT.S.
310 I-A FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
ront la entour deus mois, et toiisjours la vitaille leur vendra de toiilcs
pars , et le salut de tout le peuple communal , pour la grant honte et la
grant doutance que eul/, arunt, si diront en leur langage : « Dieus vos
«saul! » En celui jour [pasque] que le FilzDieu ressuscitera de niorta vie,
le pères [pape] et lu maison du fdz de Dieu fera sacreflce de Dieu [messe]
il cel arbre sec, et a celle heure que il fera sacrefice, li arbres rexerdir.i
et jetera lueilles et lleurs. Adonc saront que la grâce Dieu est descen-
due sur euls. El c'est la seneliance que il aront revengié la honte
et l'injure que cil fesoient a Dieu de ceulz que il ocistrent. Adonc se
metront a aler après Icsur anemis, et iront de l'arbre sec \xv journées,
et puis s'en repaireront arrière. Il y ara deus arbres ses; il iront au plus
loing, lequel sera si gros que .set hommes ne le porront embracier, et
sera par dedcns cave, et si est près d'un désert ou le soleil ne demeure
que une heure, et est au chief du levant. Adonc establiront gent par
toute la terre pour elle garder, et repaireront arrière en la terre du fd
Dieu [Jberusalem] et 13id)iloine. Après istront Yndiens, et tondront
une partie de la terre d'une gent créant. en Dieu [Nubiens]; cil mande-
ront querre secours au seigneur deTrabas [liabiloine], et leur mandera
grant secours, pour ce (ju'il seront créant el fd Dieu, et les desconliront
et prendront moût des leur, et moult en convertiront en la l'oy du fdz
Dieu, et d('\endront sujès au seigneur de Trabas [liabiloine], pour le
secours que il leur fera. Après un temps, cil des deus montaignes [Tar-
tariiis] s'acoi deront avec ceulz du ponent [Latins] , et devendront bons amis
ensand)lc. Adonc seront les seigneurs de tout le monde en bonne pais,
et tuit seront subjès » ceulz de ponent [Latins], et ce durra un tens.
Après vendront unt;s gens gratis, muut desconoissans, et seront ydo-
la très, et feront moût de mal au peuple du fdz de Dieu [crestiens], et
gaaigneront la terre jusque cel meismes llun [.\igues froides]. Sur ce
s'assambleront trois nations du peuple du filz de Dieu [crestiens]; si
iront contre eulz, el les metront a neent, et ce qui demorra d'eulz il se
con\erliront a la foy du (il de Dieu. Adonc partiront la terre delà cel
meismes llun [Aiguës froides], et repaireront en la \ile du fils Dieu [Jbe-
rusalem], et aront bonne amour et bon acorl enlreuls, et par leur
grant loiauté cbascun voudra donner la .seignoiirie a l'autre, el nul
d'eulz ne la voudra retenir pour faire boneur a l'autie. Et sur cela ou il
seront, a un jour, a une grant assamblee pour ce fait, si lf;ur vendra
une vois et leur dira : « Que cbascun face sacrefice, et que il soit mis sur
«son siège [auter]. Cel sacrefice qui sera pour lui sacrés, il sera sei-
« gneur et régulier ' des autres. » Et il ainsi le feront. Le sacrefice de
ceuls de ponent [[«Uins] sera pour lui sacrés, et il seront adonques du
premier seigneur en la seignourie, et les autres aront joie, et .sera drois
et raison qu'il seront seigneurs des autres, car il seront devant seigneurs
' B : • regior ».
DU PHILOSOPHE SIDRACII. 311 ..v-sifecE.
et puissans, el pour leur humilité et loiaulté voudront donner leur pooir
aus autres, et noslre sire regardera que il seront plus dignes des autres,
si leur confermera leur seigneurie. Et cel tens nos créons que ce sera
après la naissance dou faus prophète [Antecrist] 111 au diauble. Après
ce tens, moût de cités s'ahismeront, et moût de montaignes se descoche-
ront, et mont de gens naislront, et moût de desloiautés et de fauselés
se feront, et moult de provinces s'ardront, et ce seront les entreseignes
de la venue du faus prophète.
Une autre question (n" 687; A, 7 1 8) suppose, comme les
précédentes, que les croisades durent encore :
Le roy demande : Qui seroit créant en Dieu et morroit pour lui en ba-
taille, .seroit il sauf!* Sidrach respont : Cil qui Dieu croient et meurent
pour lui, il sont sauf, et se il muèrent por lui en bataille ou pour sa créance
maintenir, il sont sauf, ja soit ce que il eCissent loier d'autrui ; car il por-
roit estre que il seroientpovres, et ne se porroient maintenir en ceste ba-
taille, se il navoient gaiges d'autrui. Mes cil qui vont en bataille por Dieu
et vuelent gaai^nicr honeur et valeur en celle bataille a leur cors, et se
metent en péril de leur cors pour honeur et pour avoir, cil ne muèrent
pas pour Dieu seul, ains muèrent pour Dieu et pour honeur de leur cors;
si sont sauf, mes il n'ont niie si grant mérite comme cil qui muèrent
pour Dieu tant seulement, et avec tout ce, il doivent bien estre repen-
tant de leur pechiés.
On le voit, les espérances chrétiennes, à l'époque où écrit
le faux Sidrach, sont encore dans toute leur force. On espère
que la concorde va se faire entre les princes chrétiens, que
le pape et l'empereur vont partir pour la Terre sainte.
Les grandes disgrâces des Hohenstaufen n'ont pas encore
eu lieu. L'émotion causée par les inva.sions des Tartares est
dans toute sa fraîcheur. Il paraît bien que saint Louis n'a pas
fait son apparition dans le monde religieux f 1 245). Kncore
moins Bibars semble-t-il avoir commencé la série de ses
foudroyants succès (1260). Tout cela cadre bien avec la
date de 1 2^3 , donnée comme celle de la rédaction du livre.
L'histoire naturelle et la pharmacopée de Sidrach mé-
riteraient une étude particulière (notez la réglisse, Vér. ,
n» 342; A, n" 347). Il connaît la boussole (n" 553; A, , '''"°'™ ""■ ^'
' '. , !• • la France, t. XXX,
n' 57 1; b, n" 422) . Wons avons vu, a diverses reprises, p. 577.
' A : « Pourquoi va le fer ver» l'estoile qui guie » (Vér. : « qui gnïde • ). B : « Por-
• quoi va le fer a l'estoille guioire, c'est la tramontiùne •.
\iv' siici.r.
312 LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
que sa géographie a traversé les transcriptions hébraïques
cl arabes. Aux exemples cités ajoutons : « l'île Arbaf en la
(I j)arfon(le Inde » (Vér., n" 702; A, 733); les noms des quatre
parties du monde (Vér., n" 1 /4; A, n" i4; B, n° 10), Saans
ou Scniaaf, Carboham, Gramast ou G rama/ on Tnamaf, Tro-
Inssannj on Throcliissamcf' ; la circonstance qu'Adam lut
créé, mourut et lut enterré à Hébron (n" 16). La manière
dont lurent faites les premières tenailles (n° 1 47; A, n° i48)
rappelle un |)assage du Talmud. La question sur les langues
(Vér., n" 76;); A, n° 799) mérite d'être citée :
Le roy tloinaiidc ; En qiu'l hmjçaige nomma Adam leschoso.s;'Sydracli
ri'spont : Diox (ist tontes choses , et Adam les nomma en son langaige,
et ce fu en ebrieii; mes, après Noé v cens et lv ans, ot un sage liomc,
qui ot non Ranaliom^, qui trouva par son sens cest langage que nous
parlons, en uni' contrée entre \nde et Perse qui est apelee Mogar, et
autre langaigc venront après nous au temps qui est a venir.
Après la dernière question, l'auteur abandonne un mo-
ment sa fiction et parle en son nom personnel :
Or avons nous assés seû et demandé des choses que nous ne savions
pas, les quelles sont au profit du cors et a la salvation de lame; et
si poons bien huimès penser de nostre fet lequel nous avons entrepris
de faire, et pour ce nous somes a ceste estrange terre. Or retournons au
fait du roy Boctus. *'
Boctus, avec l'aide de Sidrach, réussit à bâtir la tour,
(îaraab ou Garaad se soumet. Boctus lui pardonne, à con-
dition qu'il se convertisse au vrai Dieu. Garaab, avec l'aide
de Sidrach, devient un véritable apôtre; mais, après leur
mort, tout le monde retourne aux idoles.
On a siqiposé que le livre actuel de Sidrach eut un proto-
type hébreu ou arabe. Certes, pour expliquer certaines par-
ticularités, il serait commode d'admettre un original arabe
ou hébreu, composé en Espagne, dont un théologien chré-
tien aurait ensuite pris le cadre pour y verser toute une sé-
rie de questions purement chrétiennes. Le titre p^l y*«
' Ces/ (pour s), à la fin des mots, sible que dans CartoA/jm se cache le mot
sont une constante faute du manuscrit D. Vt^' Jf't « l'ouest «.
Lesiettre8...wjam«répondentsûrement ' L'édition de Vérard porte: iTana,
à /Mk<uJI , le soleil. Il n'est pas impos- « lequel homme •.
DU PHILOSOPHE SIDRACH. 313
XIV* SIÈCLE.
SleiiiscliriRidci
lor. cil., |). a'i').
est commun dans la bibliographie arabe. L'expression « le
« serf Dieu Sidrach », « son serf Sidrach », semble traduite de
l'arabe Jl;o^ »j>-(*. Comparez en grec à SovXos tov B-eov
IsSody^, ou Tov Sovlov aov 2e5paj(. La fable de livres se-
crets, exploités ])ar des gens qui en gardent le monopole,
est fréquente en Orient. On est aussi par moments tenté di-
se demander si les deux prologues sont de la même main,
si le christianisme de Sidrach, miraculeux à sa date, n'est
fias la conséquence d'un remaniement postérieur. Mais la
ittérature hébraïque du moyen âge, maintenant si bien
connue, n'ofl're aucun cadre de ce erenrc. Les fables de „ "■'*' '''V^f ,'■'
. ,, I T-w • T r • Hnincr, I. XXMI,
Ben-Sira sont d un tout autre ordre. Des juds purent iournir ,,. soi ci sui»
des matériaux à notre compilation, mais il n'y a jamais eu,
à ce qu'il semble, de Sidrach hébreu. Le cadre et les ques-
tions paraissent avoir été composés en même temps par un
clerc chrétien.
Nous avons exprimé plus haut l'idée que le livre de
Sidrach pourrait bien avoir été fait à Lyon. L'absence de
toute mention du roi de France, la conception de l'Empe-
reur comme chef de la chrétienté, fortifieraient ce soupçon.
Lyon n'appartint à la France qu'à partir de ] 3o6; jusque-
là elle fut terre d'Empire. Ce Jean Pierre de Lyon qui, vers
la fin du prologue, apparaît obliquement, si l'on peut s'ex-
primer ainsi, et semble nous dire avec un sourire : « C'est
«moi qui ai tout fait», peut fort bien, nous le répétons,
être l'auteur véritable de Sidrach. La précision des détails
qu'il nous donne sur les affaires d'Orient s'expliquerait par
la situation qu'il occupait auprès du patriarche d'Antioche,
lequel, il ne faut pas l'oublier, fut mêlé aux affaires du
concile de Lyon de i245. La conception de l'histoire qui
fait la base du livre, ces Grecs, non distincts des Romains,
qui sont le peuple chrétien antérieur à l'islam et dont les
débris ne se voient plus qu'en Romanie, sont bien une
idée orientale, fondée en bonne partie sur l'équivoque du
nom de « Romains », porté par les Grecs du Bas-Empire.
Cette origine lyonnaise de Sidrach se concilierait aussi
fort bien avec une autre conjecture, que nous nous bor-
TOME XZXI. 4o
;
IVMlIKtftlC RATIO!fAL(.
xiv' siicu.
314
LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
Bartsrli , Chrcs-
loni.piov..col.3i)()
h 3i ) ; le. inéoif,
firundr. iiirGesrli.
lier pi-ov. Litoral.,
Ms. ii,")8.
fol. ini I..
nons à proposer, sans prétendre l'appuyer sur une dé-
monstration qui demanderait trop de place et des recherches
trop spéciales. La Bibliothèque nationale possède, sous le
n" n58 des manuscrits français, une rédaction provençale
de notre livre, dont Raynouard a fait usage pour son
Lexique, et dont M. Bartsch a imprimé quelques chapitres.
M. Bartsch dit, à cet endroit, que le livre de Sidrach existe
« dans de nombreux manuscrits latins et français ». C'est là
une assertion faite à la légère : nous ne connaissons pas de
manuscrits latins de Sidrach, et le livre appartient visible-
ment à la littérature vulgaire, bien que l'auteur fût peut-
être un clerc. La rédaction du n" 1 1 58 a jusqu'à présent été
considérée comme une traduction du français; nous serions
|)ortés à croire qu'elle nous représente la rédaction origi-
nale. Certains passages semblent plus clairs et plus corrects
dans le provençal que dans aucun des manuscrits français,
et l'obscurité ou l'incohérence que ceux-ci s'accordent à pré-
senter peut fort bien remonter à un contresens du traduc-
teur. Donnons-en un exemple :
Lo rey demanda per que femna sy dona leu joja e leu doL Sydrac
respon : Femna en aquest segle si dona leu joja e dol per bona razo
plus que hom no fa; quar femna a lo sanc e la cervela plus leugieiramen
[mogutz?] que hom, e es ayssi coma la syma en l'arbre que s'enciina
pel ven ad aquela partida on sy vol ; e femna es tais que de petita cauza
que veja o auja ela trembla tota, per Jo sen ' que a [frevol]; quar la
frevoleza de so sen Ihi fai tost aver joja e tost dol ; e si fos savia coma
hom feiria ne hom baiiieus e senesquals e jutges e senhors; e per
aquesta razo quar non an gaire de sen ni fermetat en lor, ans so volatgas
de coratge, sy demora a far"^, quar mantenen descuebri so que aura vist
e auzit; e per so sy dona tost joja e leu dol, et enans serion desseubudas
cen femnas que us savis hom.
Ce morceau n'a rien de bien remarquable, mais il pré-
sente un sens suivi et satisfaisant. Dans les manuscrits
français (A 5o3, B Sôg, Vér. 488), la question est posée
beaucoup moins nettement : « Le roi demande pourquoi
' Le niaimscrit porte sanc.
' Bnrtscli, qui donne ce passage, imprime à tori afur.
À
.\.'Kr jy •■!
DU PHILOSOPHE SIDRACH. 315 ,„ „i,^,
« les femmes ont la joie et le deuil de ce siècle. » Plus loin,
le provençal dit très clairement que si les femmes étaient
aussi sensées que les hommes, on leur confierait des magis-
tratures comme aux hommes; mais, «parce qu'elles n'ont
« guère en elles de sens ni de fermeté, mais sont volages de
« caractère, cela demeure à faire », c'est-à-dire « cela ne se faij
« pas ». Cette phrase paraît n'avoir pas été comprise du tra-
ducteur français. La première rédaction, conservée dans le
manuscrit B, veut être littérale, mais n'a pas de sens : « Et
« por ce qu'elles n'ont gaire de sens et sont volaiges de cuer
« se laissent a faire. » La rédaction du manuscrit A et de l'édi-
tion Vérard a supprimé ce dernier membre de phrase de-
venu inintelligible, et porte simplement : «Et por ce que
« elles n'ont gaires de sens sont elles volages de cuer. »
Une comparaison semblable faite sur d'autres passages
donnerait plus d'une fois, croyons-nous, les mêmes résul-
tats. Malheureusement le manuscrit 1 158 est unique \ et,
outre qu'on n'y retrouve pas un grand nombre des ques-
tions des manuscrits français, le texte en est si déplorable-
ment altéré qu'il est souvent impossible d'en rien tirer
d'utile. A titre de spécimen, nous reproduisons ici le pro-
logue, où on pourrait espérer trouver quelques renseigne-
ments précieux, et qui est écourté de la plus étrange façon.
En rapprochant ce morceau du prologue donné plus haut,
on verra que le copiste du manuscrit 1 1 58 avait sans doute
sous les yeux un manuscrit endommagé du commence-
ment, et qu'il a recousu à sa manière quelques phrases
qui, telles qu'il les donne, font à peine un sens quelconque.
Auziretz las bêlas resposlas que fazia Sydracs a tôt so que hom Ihi
demanda va. Don las gens del emperador Frédéric sy meravilhavo mol
que tan gran syencia pogues esser en Ihuy; per que il lor fetz entendre
que el avia en son thesaur un Ihibre quel rey d'Espanha avia trames a
son ansesor, las quais gens o comtero a l'emperador. Aladonx l'empe-
raires fo molt euros d'aver lo Ihibre, e mandet un messatge al senhor
de Tonis en pregan que Ih'evie lo dih Ihybre, e mandet un messatge.
' Un aatre manuKrit, cité par M. Chabaiieau {Le Roman ttArlet. p. 3), est
traduit du {rançais.
&0.
\IT' MF.CI.E.
316 LA FONTAINE DE TOUTES SCIENCES
liO scnhor de Tonis Ihy mandel [lacune] que saubes escrieurc siii-iMzi e
liily. Adonx l'ernpcniircs Ihi trames un fraire niaior (51c) de l'alerna quel
traslalct en lati c l'aportct en lati el portet a l'emperador. E la cort de
rcnipcrador avia un clore d'Antiocha que avia [nom] Theudors lo fliilo-
sofhe que fo niolt auitz de l'emperador, que fetz tan que trasiatel aquest
libre 0 trames lo a la patriarcba d'Antiocha.
Le prologue ainsi défiguré ne peut nous donner aucun
renseignement utile; d'autre part, le morceau sur les croi-
sades, qui aurait été l'objet d'un rapprochement intéressant,
manque dans le manuscrit provençal, qui est gravement in-
complet de la fin. Nous ne pouvons donc rien affirmer sur
le rapport des deux versions; mais nous sommes portés à
croire qu'une comparaison attentive donnerait l'antériorité,
non au manuscrit 1 i58, mais à la rédaction qu'il représente
tort imparfaitement. 11 n'y a rien d'étonnant à ce qu'on
écrivît à Lyon, au xiii'' siècle, en provençal : entre les
deux langues littéraires du nord et du sud de la France,
les écrivains des régions intermédiaires s'orientaient di-
versement.
Une première rédaction de Sidrach en provençal ex-
pliquerait aussi, si le livre est de i243, qu'il n'apparaisse
que si tard dans la littérature comme dans les bibliothèques
de la France du Nord. Assurément Jean de Meun, qui re-
cherchait partout avec avidité, vers 1276, les éléments de
son encyclopédie satirique, n'aurait ])as négligé, s'il les avait
connues, les réponses du philosophe omniscient qui, entre
autres choses, débitait de si belles maximes sur les femmes.
Si au contraire on admet que le livre ne fut traduit en fran-
çais que vers la lin du xm'' siècle, on comprend le silence
gardé jusque-là, et qui autrement contrasterait d'une façon
singulière avec le grand succès attesté aussitôt après. On
comprend aussi que de l'original écrit en provençal, langue
qui sortait de l'usage littéraire, il ne se soit conservé qu'un
manuscrit, tandis que tant de manuscrits français attestent
la vogue du livre dans sa nouvelle forme.
Cette vogue ne se borna pas à la France. Au xiv* et au
XV' siècle, de nombreuses traductions attestèrent que l'on-
DU PHILOSOPHE SIDKACH.
317
XiV* SIÈCLE.
vrage répondait encore parfaitement à l'état d'esprit du
temps. Les versions italiennes furent nombreuses. Il est
remarquable que les premiers imprimeurs italiens ne les
reproduisirent pas; leur attrait exclusif pour l'antiquité ne
leur laissait aucun goût pour ces œuvres gothiques et bar-
bares. Une de ces traductions, en dialecte siennois ', a été
publiée à Bologne (1868) par M. Adolfo Bartoli, dans la
collection des Opcre inédite n rare dei prlmi tre secoli délia lin-
ffiia. M. Bartoli annonçait un second volume de bibliogra-
phie, de dissertations, de glossaires, qui malheureusen)ent
n'a pas vu le jour. Une version flamande ou hollandaise. Petit, BiWiogi
dont il existe plusieurs manuscrits, a été imprimée au moins u,|d"he'*Tra^u «
trois fois : Leide (i495), Deventer (1496), Anvers (iS/io). LetterLim.ie, nu
Au XV* siècle, il fut fait de Sidrach une version anglaise en ""
vers. L'auteur s'appelait Hughe de Campedene. Elle a été
imprimée en i5io, à Londres, par Thomas Godfrey. H en
existe un abrégé, également en vers.
C'était là un succès disproportionné avec la valeur réelle
du livre. Sidrach touche à toutes les questions des sciences
morales et des sciences naturelles; il n'en est pas une seule
sur laquelle il apporte quelque trace d'esprit ou d'origina-
lité. M. Sleinschneider remarque avec raison combien le
questionnaire du faux Sidrach est inférieur, par exemple,
aux questions naturelles d'Adélard de Bath, qui écrivait
pourtant cent cinquante ans plus tôt. La philosophie, pour
notre auteur, ne s'élève pas au-dessus d'un grossier cliar-
latanisme; il n'a pas même le soupçon de la science véri-
table, de son objet et de ses méthodes. Sur les nombreuses
questions auxquelles il répond, il n'en est peut-être pas une
que nous résoudrions comme lui ou, pour mieux dire, que
nous poserions comme lui. La chaîne des idées reçues em-
pêche chez lui toute pensée originale. Un manque absolu
de talent et de goût fait de son livre un des plus mal com-
posés d'une époque où l'art de bien faire un livre était assez
peu connu.
Un manuscrit italien appelle Sidrachyîfojo/ô eitrofojo A' S(ena( Bartoli, p. xxvi).
C'esl là probablement une faute pour S/n'a. , i. .■ '
' r .«-.«II»!.'! ' ;■ • r I '; "T
Ward , p. I) 1 5 l't
Ward. p. (J19;
Brunet , tomi- V .
p. 607.
2 3
flT* SikCLK.
318 JEHAN MAILLART.
Ces défauts, naturellement, ne détruisent pas l'intérêt
historique de l'ouvrage. Le « roumans de Sydrach », par ce
qui s'y trouve et par ce qui y manque, est un document
important pour l'histoire des idées et de la science. Une édi-
tion critique, dans laquelle on essayerait de le rapprocher
autant que possible de la forme oîi l'auteur l'écrivit, serait
un travail utile à plusieurs égards.
Ern. R. et G. P.
JEHAN MAILLART,
AUTEUR DU ROMAN DU COMTE D'ANJOU.
Le roman du Comte d'Anjou n'avait été connu jusqu'à
ces derniers temps que par un seul manuscrit, le n" 766
du fonds français de la Bibliothèque nationale (ancien
Colbert Soyô et français 7182**), manuscrit postérieur
de plus d'un siècle à l'ouvrage, présentant des formes de
langage rajeunies et des leçons souvent fautives (on en
verra tout à l'heure un exemple). Tout récemment, la Bi-
bliothèque nationale a acquis en Angleterre un autre manu-
scrit, celui-là du xiv' siècle, plus correct de toutes façons
et ne présentant pas diverses lacunes qui se remarquent
dans le manuscrit 766, entre autres une lacune de trente-
six vers au folio 20 v°. C'est d'après ce manuscrit, qui porte
le n" 453 1 des Nouvelles acquisitions du fonds français,
que nous ferons nos citations, sauf à le corriger çà et là par
quelque leçon préférable du manuscrit 765'. C'est d'ail-
leurs au manuscrit Nouv. acq. 453i que nous devons de
connaître le véritable nom de Jehan Maillart.
' Les deux manuscrits sont Apparentés de très près; mais il ne parait pas que le
pins récent dérive du plus ancien. Tons deux remontent k une même copie, qui
avait déjà des fautes.
JEHAN MAILLART.
319
MV' SIÈCLE.
A ce nom l'auteur du Comte d'Anjou a joint l'indication
précise de l'année où il a terminé son œuvre et la mention
des grands seigneurs auxquels il en a fait hommage et pour
lesquels il l'avait entreprise. Il a composé le roman que
nous allons essayer d'apprécier à la demande d'un baron
du Beauvoisis, Pierre de Chambli, seigneur de Wirmes,
aujourd'hui Viarmes (Seine-et-Oise); mais l'ouvrage ne fut
achevé qu'après la mort de celui qui devait en récompenser
l'auteur :
A la requestc et la prière
Du preudon a la liée chiere,
Le seigneur de Wirmes jadis,
Dont lame soit en paradis.
Qui volentiers ooit retraire
Tout biau dit et bon exemplaire ,
Et d'armes ot la connoissance
Autant com nul qui fust en France,
Ce dit a rimoier empris.
Se je n'en suys montez en pris.
Ne s'en doit ja nul merveiller,
Coment qu'assez m'ait fait veiller ;
S'encor fust li prodons en vie ,
IVTentente estoit que quant fornie
Eusse m'emprise et outrée
Je li eusse présentée.
A défaut du père, c'est au fds que l'auteur devait oll'rir ce
poétique hommage, qui, si nous en croyons son assertion
réitérée, avait exigé de longues veilles :
Pour ce a son filz , qui l'eritage
De Ghambly tient en seigneurage,
Qui touz biaus diz set bien entendre
Et connoist qui est a reprendre ,
Si luy pry com a mon seigneur
Qu'aussi come se un greigneur
Maistre et de plu» grant renommée
Que je ne suy l'eûst ditee,
n la veuille en gré recevoir. . .
Veillier m'a fait et labourer,
Tant qu'il ot sa perfection
Kol. 63 1
.„-ukc... "^20 JEHAN MAILLART.
En l'an de l'incarnation
.M. CGC. et .un. foiz quatre,
Sanz rienz adjouster ne rabatre.
Douêi d'Arai, Le protectcur de notre poète était un assez haut person-
Inv. de» scraui, xt l l i • ; l • o i
n°i69d;Boouric. nage. IMous le voyons désigné depuis 1^02 comme cham-
^^^":^^n"t"'" bellan du roi; en i3b3, il prend part à la bataille de Cour-
n° 7533; p. Pans, . . ' \ r i , i
Mail. franc.. I. VI, Irai, et 11 est un des seigneurs charges de poser les ba.ses
!îés''''roy""li.,'n.! ^l'"" traité de paix entre la France et l'Angleterre; en i3o4,
V. 20439. il combat bravement à Mons-en-Pevèle, et Guillaume (juiart,
en le mentionnant, remarque qu'il était très bien en cour.
Les vers de notre auteur nous prouvent que Pierre de
Chambli était mort avant 1 3 1 6 , et que c'est par conséquent
Boutaric. Acies après sa mort que Philippe V réunit à la couronne des
■ wj t e tic « •■ ■"■■■■
" ' " " ' ■ biens que ce seigneur s'était fait donner par Philippe le Bel.
ibid., n"5935. En i32o, uous vovous sa veuve, Jeanne de Machau, qua-
" • ^' ■ lifiée de dame deViarmes, tandis que la terre patrimoniale
de Chambli était restée, comme l'a dit notre poète, à Pierre,
l'aîné de ses nombreux enfants. C'est à lui, en 1 3 1 6, que le
roman du Comte d'Anjou fut envoyé par Jehan Maillart,
qui nous a donné son nom à deviner dans les vers suivants :
Pol. 6î »". Je qui a ce dit rimoier
Ai voulu mon dit emploier
Et lonc temps y ay mis m'estudc,
Conment que mon enging soit i-ude,
V uoil qu'en puist en ce meismes dit
Trouver mon non sans contredit.
Qui avoir en veult connoissance ,
Et mon seurnon sanz decevance.
Je n'ai pas moût hanté tel chose ,
Ainz pesche au mail l'art , qui enclose
N'est pas en moi , ne la science
Par quoi sache sy grant sentence
Si a droit en rime conprendre
Qu'il n'i ait assez a reprendre.
La besongne le sens descuevre ;
For ce pri tous ceulz qui cest uevre
Verront , quant en leur mains cherra ,
Qui maie fachon y verra ,
JEHAN MAIIXART.
Que ii ne vuoiHn ma rudesce
Roprendre par trop jurant aspresce,
Ainz nie déport courtoisement
Se j'ai parlé trop rudement,
Et se l'uiîuvrc est mal acoutree;
Car ainz (ju'ele ait esté outrée
Ne que la puisse avoir parfaicte
Mainte reposée y ay faicte,
Trois anz foui plainz, tel foiz avint.
Et bien des autres y avint,
li'iuic grcij^neur et l'autre mendrc.
Car ailleurs avoie a entendre;
Si faulte y a, n'est pas merveille.
Car a la Ibiz home sommeille . . .
321
\IV SlhXI.E.
Enfin, pour mieux donner les moyens de retrouver son
nom, il ajoute :
Qui voudra son senz esprouver
A mon non en ce dit trouver
ht mon seurnon prengnc avisancc
J'uis le vers ou est decevance
En deus versez ([ui après vieruient
Assez tost et sy s'entretiennent;
Car illec(|ues les trouvera
Qui soubtilment i j^ardera;
Si n'est pas la sout)tilleté
Moult grant. . .
Assurément la « soubtilleté » n'est pas împénrtrable; ce-
pendant elle n'avait pas été devinée jusqu'ici, le seul manu-
scrit que l'on connut ayant précisément défiguré le se-
cond vers de fénigme, en y supprimant le mot essentiel liomanb.t \i\.
« mail»; aussi avait-on appelé notre auteur Alart Peschottc '' '"'
ou Peschanté, Jean ou Jeanin Alart. Nous lui restituons
son vrai nom, qui d'ailleurs, isolé de toute circonstance
biographique, n'olFre pas un grand intérêt.
Il n'en est pas de même de celui de ses patrons. On est
bien aise de savoir que Pierre de Chambli, ce vaillant guer-
rier et ce serviteur dévoué de Philippe le Bel, avait, ainsi
que son fils, du goût pour les romans et pour la poésie.
TOME X\Xl.
2 3 *
4i
lumiiirHie «iTi»\*ir.
X.VS.ÈC,... 322 JEHAN MAILLART.
C'était lui-même qui avait raconté à Jean Maillart l'histoire
dont il le priait de faire un poème :
Poj , ^> Ceste aventure, c'est la somme,
Oy conter a un preudomnte
Digne de foy et de créance ,
Granf sires en la court de F'rance,
Sage , riche et de grant value ,
Qui me pria que tant feisse
Pour li qu'en rime la meïsse;
Et je, pour sa volenté faire,
Et que cil qui l'orront retraire
Pour la biauté et l'acordance
De la rime i truissent plesance ,
Me sui je volus entremetre
De l'aventure en rime mètre.
Jean Maillart s'est efforcé de redire fidèlement ce qu'on
lui avait conté; il a poussé le scrupule jusqu'à ne pas
donner de noms à ses principaux personnages, sans doute
parce qu'il n'en trouvait pas dans sa « matière ». L'intérêt
du récit en a souffert, et l'attention du lecteur en est quelque
j)eu déroutée. On se perd dans ces répétitions de comte et
de comtesse d'Anjou, de Chartres ou de Bourges. Le titre
même que l'auteur a donné à son œuvre n'est pas heureu-
sement choisi; il l'appelle « le dit du comte d'Anjou » :
|.„l fl^ ,.. Ci faut le dit du noble conte
D'Anjou.
Cependant, comme on le verra, le comte d'Anjou meurt
presque au début du poème, et c'est sa fille, appelée tout le
temps par le poète « comtesse d'Anjou », qui en est la véri-
table héroïne. Nous avons dû respecter la désignation choisie
par Jean Maillart; mais déjà le copiste du manuscrit 766 en
avait reconnu l'inexactitudie, et, tout en conservant les vers
ci-dessus, avait terminé par cette note : «Explicit le rom-
* mant de la contesse d'Anjo. » Quoi qu'il en soit, nous allons
donner de ce roman, qui compte environ huit mille vers,
une analyse que nous tâcherons de rendre aussi claire que
possible.
t
I
JEHAN MAII.LART. 323
\IV SIKCI.K.
Voici les vers par lesquels il débute :
Maint ont mis leur temps et leur cures
En fables dire et aventures :
Li uns dit bourdes, l'autre voir,
Si com il sevent concevoir.
lii uns de Gauvain nous raconte.
L'autre de Tristan fet son conte,
Li uns d'Yaumont et d'Agoulant,
L'autre d'Olivier, de Rollant,
De Perce val, de Lancelot,
De Robichon et d'Emmelot ;
lÀ auquant chantent pastourelles,
Iji autre (lient en vielles
Chançons royaus et estampies,
Dansses, notes et baleries,
En leùt, en psalterion,
Chascon selonc s'entencion ,
I^ais d'amours, descors et balades
Pour csbatre ces genz malades;
En tels trufes leur temps despendenf ,
Qu'a nule autre chose n'entendent;
Et nonpourquant sont apelez
Es grans liex et bien ostelés,
Conient qu'a l'ame rienz ne facent,
Fors que l'anui des cuers enchacent
Par leur contes et par leur fables.
Mes en doit choses pourfitables
Et qui les cuers des genz esmuevent
A bien faire quant ilz les truevent
Plus deligenment escouter
Pour soy en bonnes meurs monter ;
Car, avec le bon exemplaire
G'on i ot, doit aussi mieux plaire
Chose qui est vraie prouvée
C'une mençonge controuvee.
Pour notre poète, il entend nous raconter une histoire
véritable, qui, tout extraordinaire qu'elle doive paraître,
fortifiera la semence des bons sentiments dans f esprit de
ceux qui fécouteront. Nous allons la raconter après lui.
H y eut donc une fois un comte d'Anjou et du Maine,
dont la terre était estimée à cent mille livres tournois, et
\1V siEi:i.ii.
324 JEHAN MAILLART.
(loni la cour rtait le centre do toutes les fêtes clievale-
i(>.sc|ue.s. Ce comte, dont le Irènî était évêque d'Orléans,
avait une fdie, merveille de beauté, de grâces et de vertus.
Privée de sa mère dès ses premières années, on l'avait con-
liée aux soins d'une sage et discrète demoiselle, qui l'avait
éloignée de tous mauvais penchants :
Kol. 5 1 Kl sachiez que pas ne gcngloionl
tlnsaml)lo quant la messe ooienl.
Quaiil re\('uoieiil en nieson.
Dont s Vs))atoient par raison
lloneslenient et sans outrage.
lin pou raloient a Toux rage
De soie dont elles ouvroienl ;
Autre foiz aux tables jouoient,
Et aux esches le plus souvent . . .
Sovent son perc a li jouoil ,
Quant lesir avoir en pooit,
Mes en nulle fin n'ateinsist
Au mat, s'elle ne se fainsisl.
Ce jeu d'échecs devint fatal à la jeune fdle : un jour qu'elle
était sur le point de prendre les dernières pièces de la
M inaisnie » opposée, elle s'aperçut que son père, au lieu de
les défendre», élait tombé dans une profonde rêverie. Elle
essaie de le ramener au jeu ; mais tout à coup il lui déclare
la violent(î et criminelle passion qu'elle-même vient d'éveiller
en lui, passion qui demande à être promptement satisfaite.
Ell(î est sa lille; il a le droit d'être obéi sans réserve. A cette
déclaration inattendue, la pauvre llUe se signe, et sermonne
son coupable père du mieux qu'elle ])eut, mais en vain; il lui
ordonne de regagner sa chambre, où , dit-il, il ne tardera pas
à la suivre pour obtenir, exiger ce qu'elle ne peut s'obstiner
à lui refuser. Alors, d'après les conseils de sa « maistresse »
ou gouvernante, elle se décide à fuir la maison paternelle
par le jardin qui donne d'un côté sur ses appartements,
de fautre sur une grande et haute forêt. Pour dérouter les
soupçons, elle feint un malaise subit et fait dresser son lit
dans une chambrette éloignée de celle de ses dames de
compagnie : »
MV MK<:I.K.
l'nl. « '
JEHAN MAILLÂRT. 325
« En celle {»iiardc robe la,
« Fet elle, mon lil nio ferez,
CI Et crrannit'iit ni'i couclicrez;
« Car une trop forant frichon sent ,
« Et , se noslre sire consent
« Que je puisse un petit suer,
« Garie serai sjuiz muer,
" Q'"' j** "'^" serai os liiens
« Ne es mainz des fusiciens,
>■ Qui une granl clïosc di feroient ,
« Se ce lantet de mal savoient. »
Co n'est pas d'aujourd'hui, comme on le voil, que les mé-
decins sont accusés de multiplier leurs visites.
Les pucelles pas ne séjournent.
Que l)ien losl la chamhrc n'atonicnt;
Couvertures y ot moût Unes,
De vair et de gris et d'ermines ,
Riches orilliers, coustes pointes
Enlaillies, belles et cointes,
(lustodes et coissins et sarges,
El lapis ouvrez granz et larges
Si com il alïiert a contesse ...
(i'esl là qu'elle se retire avec sa maîtresse; j)our n'êlre pas
dérangées, elles ferment la porte, coulent la barre et les
verrous, emplissent deux « escrins » de diamants, de ])ierr(.'-
ries, de bracelets, de cercles et couronnes d'or, jusque-là
serrés dans une huche voisine. Ainsi ])Ourvues, couvertes de
légers vêlements convenables à des femmes (jui voidaient
voyager à pied, elles descendent dans le verger, et de là s'en-
gagent dans les profondeurs de la forêt :
Deus cours sercos ont endossez. Kol. ., i
Le pont passent et les fossez ,
A luis du jardin sont venues.
Puis la comtesse (c'est ainsi, nous l'avons dit, que le poète
désigne tout le temps son héroïne) laisse le champ libre à
ses larmes et à ses plaintes.
M,'suc.K ^26 JEHAN MAILLART.
Elle regrette tous ceux qu'elle a dû quitter, et même le
père qui l'y contraint :
Kol. 1) ï " Giant duel avi-és et grant pitié. . .
" Car je sai bien certainement
« Conques n'aina plus tendrement
« Pore enfant que vous moi (eïstes
« Jusques a tant que vous cheïstes
« En cesto pensée maudite;
« Je prie a Dieu que il vous quite
« Et vous pairdoint cestui melFait ... «
Les deux dames, ayant gagné à la hâte l'autre extrémité
(le la lorêt, se confient à la pitié d'une pauvre vieille femme,
qui les reçoit dans sa chaumière et s'empresse de leur
accorder ce qu'elles demandent, il y a de la grâce et un
certain sentiment poétique dans ces vers :
'■"'• ' • i" La bonne femme ont appelée
Et mouf doucement l'ont priée
Que de son pain leur vende ou doigne;
Car de mengier ont grant besoigne.
La preude femme les regarde.
Et dist : n Certes, folio musarde
« Pleine de dureté seroit
« Qui son pain vous reffiiseroil ;
« Car, bien sray, point ne truandés .
«Combien que mon pain demandés:
• Bien me semble a voslre viaire
« Qui tant est douz et débonnaire;
« tll vo sim|)le contenement
« Monstre certain enseignement
• Que de haut lieu estes estraite . . . »
Le poète, qui semble avoir en grande recommandation les
bons festins, prend de là l'occasion de faire rappeler à la
comtesse le contraste de l'eau claire et du pain noir qu'on
lui donne avec les mets qu'on lui servait auparavant. Ces
détails, qu'on a droit de regarder comme un hors-d'œuvre
dans la composition, nous intéressent par les lumières
qu'ils répandent sur la grande cuisine du xiv' siècle. Ce
que nous appelons aujourd'hui viande de boucherie ne tient
JEHAN MAILLART.
327
\i» siEcu:.
aucune place dans l'énumération qu'on va lire, dans la-
(juelle en revanche les poissons forment une troupe presque
aussi nombreuse que l'armée de Carême dans son fameux
combat contre Charnage :
« Tel vie pas apris n avoie
« Quant je chiei mon père meiinoie;
Mes viandes chieres et fines,
Chapons en rost, oisons, gelines,
Cinnes, paons, perdris, faisanz,
Hairons , butors qui sont plaisan/. ,
Et venoisons de maintes guises
A chiens courans par force prises,
Gers, dains, connins, senglers sjiuvages
Qui habitent en ces boschages,
Et toute bonne venoison.
Poissons ravoie j'a foison.
Des meilleurs de tout le pais :
Esturjons, saumons et plais.
Congres, gournars et grans morues,
Tumbes, rouges et grans barbues.
Maqueriaux gras et gros mêlions,
Kt liarens frès et espellens,
Sartres grasses, mullès et solles,
Brèmes et bcscues et molles ' ;
J'avoie de maintes menieres
Poissons d'estans et de rivières . . .
A poivre, a sausse kameline;
J'avoye lus en galentine,
Grosses lamproies a ce mesmes.
Bars et carpes, guardons et bresmes.
Appareilliez en autres guises;
Turtes ravoie en pastes mises.
Les dars, les vendoises rosties.
En veijus de grain tooillies.
Et grosses anguiHes en paste ,
Autre foiz rosties en haste ,
Et les gros bequès chaudumez.
Si com il sont acoustumez
K..I.
' Ms. 763 : > Bamues et becques et
• inoDe*!. Bantue et bticot nous sont
('{j'alement inconnus, oinsi que plusieurs
autres de ces noms de poissons, que
nos copistes ont évideninienl altérés.
En tout cas hremts, dans noire manu-
scrit, doit être fautif, puisqu'on retrouve
les tretnut un peu plus loin.
Vlï MH:l K.
328 JEHAN MAILLART.
« Dos Vous qui sevent les entantes
« De l'alourner; j'avoye tantes
« Qui! en appelle reversées;
n J'avoie ganlTres et niiblees,
« (îoiiieres, taries, llaonciaus,
« Pipefarses a grans nionriatis,
«Crespiries, bingnès et riiissoles,
Il Pommes d'espices, darioles;
Il Et hevoie vins precieus,
« Piment, clan; delicieus,
Il Citonandez, rose/., lloroz,
«Vins de Gascoingnc colorez,
« De Montpellier et de Hoclu-lle,
« \ in (le (iarnaclie et de Casielle,
« Vin de Bianne, de Saint Poursain,
«Que ricli(.' gent tienent poursain,
Il D'Auenerre, d'Anjo, dOrlenois,
« De (ïastinois, de Ix-onnois,
« De Biauvoisin, de Saint Joucn;
Il Touz cenlz narai je mais ouen . . • "
Après avoir pris congé de la pauvre femme, elles aper-
çoivent les tours d'Orléans, entrent dans la ville et
s'adressent à une prude veuve qui consent à les héberger,
a la condition qu'elles se contenteront pour leur coucher de
gros draps de chanvre, d'une seule « coule » et d'un seul tapis;
c'est là totit ce qu'elle possède. Leur dîner fut d'œufs et de
pois récliaulTés, Irisle viande pour d'aussi grandes dames.
Toutefois elles n(; demandent qu'à rester dans cet humble
logis : elles achètent canevas, fds d'or et fie soie, et se dis-
posent à travailler de leurs doigts pour éviter les ennuis et
les dangers de l'oisiveté.
Ici le poète nous ramène au comte d'Anjou, qui se laisse
aller au plus profond désespoir en ne retrouvant plus sa
chère fille, en songeant que c'est à lui que sa fuite, peut-
être sa mort, doit être attribuée. Le coupable père nous
louche par son repentir et par son désespoir. Il refuse, à
compter de ce moment, toute nourriture, et se laisse
mourir de faim. Après sa mort, le beau comté du Maine
et d'Anjou passe par droit d'héritage à son frère, l'évêque
JEHAN MAILLART. 329
XIV MKCI.I
(l'Orléans, qui partage honnêtement ses regrets entre le
comte, (ju'il a vu si misérablement finir, et sa nièce, dont
la triste! destinée lui demeure entièrement cachée, bien
f[n'elle séjourne dans sa pro])re ville.
Cependant les deux dames vivent dans la plus profonde
retraite, ce qui explique qu'elles n'apprennent rien des
événements qui se passent : jamais elles ne sortaient qu'au
point du jour, pour assister à l'olfice du matin; elle s'em-
pressaient de revenir à leur logis, qui touchait aux murs
de l'église. Un jour cependant elles ne purent éviter les
regards de quelques jouvenceaux, fils de bourgeois :
Un jour en esté troi ou quatre F.«l. if. \-.
Fiulz (le borjois, pour eulz esbatre.
Près (le losti'l ou elles ierent,
Le gieu (le bonde couniencierent :
L'un fiert resluef, l'autre rachacc,
Cbascou, pour faire bone cliace';
Assez jouèrent longuement.
Estes vous que l'un droitemenl
En la maison ou elles furent
Feri l'estuef : lors i coururent
Pour leur estuef" ravoir arriéres;
El (juant il virent cez ouvrières,
Dont l'une avoit biautt^ si grande ,
Li uns a la dame demande
Dont elle est et de quel gent née . . .
La réponse évasive de la « maîtresse » ne satisfait pas nos
jeunes libertins, qui pensent, en offrant une bonne somme
de deniers, vaincre des scrupules sans doute plus apparents
que réels. Pour échapper à leurs obsessions, les deux dames
se résignent à fuir Orléans et à chercher ailleurs un refuge
plus assuré, non sans avoir convenablement remercié
l'hôtesse qui les avait si bien accueillies. Elles prennent le
chemin de Lorris, et pénètrent dans la grande forêt qui
sépare encore aujourd'hui cette ville d'Orléans. Le jour
tombait, la frayeur commençait à s'emparer d'elles, quand
, î <
' Il semble ici manquer quelque chose dan» les deux manuscrits. Les deux vers
suivants manquent dans 765.
TOME XXXI. ^2
IwrtiaiBIB RaiioiAi.ii.
x.v-s.F..;,.E. 330 JEHAN MAILLART.
nti vieux chevalier, châtelain de Lorris, les aperçoit, les
ahorde et leur demande
Kol. is r'. Dont sont, qiii sont, ou vont, que quiercnt.
La maîtresse se contente de répondre qu'elles sont fort mal-
heureuses, qu'elles n'ont pas l'habituue de voyager par les
champs sans compagnie, et qu'elles prient Dieu de leur
enseigner une retraite qui puisse les cacher à tous les yeux.
Le bon châtelain les fait aussitôt conduire jusqu'à son
manoir par deux des sergents qui l'accompagnaient; mais la
dame, en voyant la beauté de la jeune aventurière, se mé-
prend sur les intentions de son baron :
^"l• >>• y ■ ■ La (laine la jone rcguarde.
Pensa que fust une musarde
Qui pour hommes leïst folie
De son corps ; lors mellencolie . . .
« Or, dist elle, est il donc ainsi?
« Bien voi mon seigneur que j'ain si
« M'a pour ceste famé enhaie.
« Bien sui morte , bien sui traie . . .
» Veez quel cors et quel viaire !
« Jamais de moi n'avroit que faire
« Mon seigneur, tant com la seûst
« Près de li, qu'avoir la peûst.
« Alez vous en , ma douce amie ,
« Quar ceenz ne demorre/, mie . . .
« Je n'ai cure de telle ostesse ,
• Quar vous seriez ma mestresse ,
« Et je corne une chamberiere ...»
La châtelaine entend pourtant à demi raison au retour
du mari, qui, après avoir patiemment écouté ses longues
plaintes, lui proteste qu'elles ne sont pas fondées. Ces
dames, ajoute-t-il, semblent de bon lieu; elles m'ont inspiré
une vive compassion, et, puisque vous refusez de les rece-
voir dans le château, au moins ne trouvez pas mauvais que
je les recommande à une pieuse hôtesse de la ville. l)n
varlet conduit donc les dames dans une humble maison.
JEHAN MAILLART. 331
MV'SICCI.F..
OÙ Ton dresse pour elles un frugal souper; mais le poète a
soin de remarquer que le châtelain, au lieu du pain noir et
des légumes réchauflés qu'on leur offrait, leur lit porter des
viandes savoureuses et de l'excellent vin; ce qui leur permit
de prendre en patience le petit lit de paille (|ui fut mis à
leur disposition.
Le lendemain, elles ouvrent leur écriu , en tirent canevas
et lils de soie, et continuent le travail délicat qu'elles avaient
commencé à Orléans. La châtelaine apprit combien leur
vie était édifiante et pure, et, tout à fait revenue de ses pré-
ventions, elle proposa à son époux de les prendre dans le
château pour enseigner à leurs deux filles l'art de travailler
la soie qu'elles entendaient si bien. Elles ne se firent pas
prier. « Belles dames, leur dit le châtelain,
• Nous avons ici di-us fiHetes Pol, 20 \'.
« Qui sont encore assez jonetes,
« Si voudriens qu'elles seûssent
« Mestier ou joer se peCissent
« A la ioh el esbanier ;
« Pour ce si vous voulons prier
• Que ceenz deniourer veigniez
» Et nos deus fiHcs enseigniez . . .
« Et tant corne cecnz serez
« Vostre gaaing espargiierez
« Ne riens ne vous convient despendre,
« Et de touz vous ferai deflendre,
« Que n'orrez parole vilaine ...»
Elles n'auraient eu qu'à se féliciter de leur nouvelle con-
dition de gouvernantes des fdles du châtelain de Lorris, sans
l'arrivée du comte de Bourges, duquel sans doute relevait
le château. Il venait avec une suite nombreuse, et, comme
c'était la première fois qu'il usait de son droit de gîte,
il entendait que lui et sa suite fussent bien et joyeusement
accueillis :
• Piech'a , dist il , que mes n'entrâmes K..1. 1 1 v ".
« En ce païs n'en ceste terre ;
« Une foiz avons eu guerre,
« Autre foiz chevauchié avons
«3.
xi%' %m:i.t:.
332 JEHAN MAILI.ART.
« l'oiir les tournoiz, quant les savons;
« Pour ce tons cl tontes vous prie
« Cliascon se gent et csbanio
■< Conrioiscment el soit en joie,
« Car pour ce vieing je cest(î \oye. »
Le châtelain, justement inquiet de l'effel que pourrait
produire sur cette brillante jeunesse la vue de la belle
étrangère, avait eu soin de disposer pour elle un ])etit
appartement à l'écart, où personne ne s'aviserait de venir
la troubler : précaution inutile! La châtelaine, pendant le
banquet solennel, appelle son écuyer et le charge d'aller
|)orter sa propre écuelle, reniplie d'un délicat manger, à la
jeune ouvrière dont il savait la retraite. Le varlet qui tran-
chait devant le comte de Bourges entend cette ])arole; cu-
rieux de savoir (pii peut être l'objet de cette attention de In
châtelaine, il suit les pas de son compagnon, passe après
lui la porte, et reste interdit d'admiration à la vue de la
jeune (ille; c'est au point qu'il oublie l'oifice qu'il renqjlis-
sait au banquet. Quand on y sert le « second mes », le comte
demande pourquoi l'on tarde à trancher. L'échanson sort et
appelle à haute voix l'écuyer tranchant, qui, revenu à lui-
même, descend, et, voyant l'échanson : « Ah 1 lui dit-il,
«comment ne pas tout oublier en présence de la merveil-
« leuse beauté que je viens de découvrir.^ Venez vous-même
« en juger. » Ils remontent alors tous deux vers la cham-
brette des deux dames, et l'échanson, non moins Irappé
d'admiration, oublie aussi que son service le rappelle. Le
comte, après avoir bien pesté contre eux, prend le parti
de charger deux autres écuyers de. leur office; ])our les
premiers, ils crurent que le meilleur parti qu'ils avaient
à prendre pour s'excuser était de parler au comte de la
cause de leur distraction, et de l'engager à faire la même
épretive. Le comte, avant de leur pardonner, charge son
chambellan d'aller voir s'ils disent la vérité; le cham-
bellan s'oublie à son tour, et c'est à grand' peine qu'enfin il
revient à son seigneur pour justifier l'écuyer tranchant et
l'échanson. 'oo'w ••lff^^I
JEHAN MAILLART. 338
« S'il en est ainsi, dit le comte,
«Je vueil que l'en oste les tables,
« Et si n'ai cure d'oïr fables
« Ne chanron , ne son de vielle ;
« Je vueil veoir celle pucelle
« Et que touz et toutes la voient,
« Et que trestouz tesmoins en soient
« Selle est si belle corne il dient. »
lii dui varlet niout l'en mercient ;
Les napes lievent, l'iaue donnent,
Et les fourriers point ne sermonnent.
Les tables ont mises par terre. . .
Ces détails nous indiquent que, chez les plus grands sei-
gneurs, au XFV* siècle, l'usage était encore de dresser les
tables au moment des repas et de les enlever ensuite, et
(|u'on n'avait d'autre salle de réception que celle dans la-
([uelle on mangeait.
On devine que la belle ouvrière, amenée devant la haute
assemblée, produisit sur le comte le même effet ([ue sin-
. tous les gens de la compagnie. Après l'avoir longtemps con-
templée et avoir appris d'elle que, née dans une humblr
condition, elle avait été chassée de sa terre par un mauvais
homme, il lui accorde la permission de remonter dans sa
chambrelte avec sa compagne,* et leur retraite est le signal
des danses et des ca rôles :
Et celles congié demandèrent
De râler fere leurs labours.
Estes vous qu'en fiert es tabours :
Tous eritrelessent leur paroUes ,
Et conmencierent les caroUes ;
Geuent et dancent a plenté
Ceulz qui en orent volenté.
Tant que temps fu d'aler gésir.
Cependant le comte de Bourges appelle le châtelain, lui
déclare qu'il veut absolument posséder la jeune fdle, et le
charge d'aller la lui chercher, à moins qu'il n'aime mieux
confier cette mission à la châtelaine. Si nous avons droit de
2 4
\IV SIECI.K.
l-ol.
.I..I
l-nl. i.i v"
XIV SIECI.K.
Kol iliy".
334 JEHAN MAILLART.
lui reprocher la brutalité d'une telle proposition, nous i\v-
vons aussi reconnaître que, dès les premières renionlrances
du châtelain, il se décide à demander la main de la jeune
lille. Nouvelle résistance du châtelain :
« Or ne dites vous pas savoir,
« Fait Vi preudons, et tort avez;
« Car qui elle est vous ne savez ,
« De quel lieu ne de quel lignage :
« Mes sanz faille tant par est sage ,
« Bonne , belle , courtoise et coie ,
« Que pour rienz croire ne pourroie
« Que de grant lieu ne soit estraite.
• Mrs ja, sire, ne sera faite,
« Se Dieu plest, par vous telle enfance :
« Cousins estes au roi de France ,
« Et niés au bon duc de Brctaigne;
« Ni a nul de ceus qui se faigne
« De vous hautement marier»
« Se vous les en voulez prier. . . »
Conseils inutiles;lecomte persiste, etlafausse « meschine »
accueille la proposition sans avouer que sa naissance lui
permet d'aspirer à un tel honneur. Les préparatifs des
noces et l'achat de ce qu'on pourrait appeler la corbeille
de mariage sont à noter ici. Le comte, s'adressant à .son
sénéchal :
' "' ■'* ■'• « Va tost, dist il, et si m'achate
« Drap de brunette et d'escarlate ,
« D'or et de soie et de tartaire ' ;
« Et fourreûres me fai faire
• De menu vair, de gris , d'ermines ,
• Et toutes fourreûres fines;
• Si me fai faire un car moût noble ,
« D*or et d'azur et de sinobic ,
« Garni de cinc si fors chevaux
« Que ne les tiengne nions ne vaux;
« Et si n'oublie pas a querre
• Biaux pallefrois gros d'Engleterre ,
' Les deux uianutcrits portent cartaire; mais voyez plus loin les châtions cm-
prunlrés aux folios 4 2 »" et .Si r*. Le tartaire est visiblement une étoffe de fabrication
lartare.
JEHAN MAILLART. 335 ^,,.^,,^,^
« D'Alemaigne et de Honguerie ,
« Portant souef comme galie ;
« Si fai faire sambues cointes ,
« Et orillers et coûtes pointes ,
« Lorains dorez et esmailliez . . .
« D'autre part renvoie messages
« Bien empariez, courtois et sages,
« Prier dames et damoiselles,
« Et mariées et pucelles ,
« Et chevaliers et escuiers . . .
« Que tous viegnent a l'assemblée
« Qui a Lorriz iert assemblée . . . •
Or sont venues les richeces,
Les apparaux et les nobleces :
Li quens fisl les robes taillier.
Et puis fist les joiaux baiilier
A la pucelle , biaus et riches :
Aumosnieres, aniaus, aficljes, '
Chaintures , chapiaus et coronnes ,
A vrais pelles, a pierres bonnes;
Et quant fu parce et vestue ,
Moût par fu sa biauté creùe . . .
Au sortir de la messe où leur est donnée la bénédiction
nuptiale, on sert le festin, et la nouvelle comtesse est placée
à la table d'honneur; on dresse une autre table, où se place le
comte pour mieux voir celle qu'il vient d'épouser. Quand
les convives ont pris des mets à leur volonté el bu les vins
« grans et fors», les mélodies commencent. On entend
sonneries trompes, bruire les « nacaires », les dames chanter
à qui mieux mieux
Par turbes et par compaignie. Kol. î5 r".
Les chevaliers s'ébattent de leur côté avec le chapel el ie
manteau fourré d'hermine qu'on avait donné le soir à
chacun d'eux. Il n'y eut pas un seul des nombreux hérauts
et ménestrels accourus à la fête qui ne reçût un beau pré-
sent. Puis on se mit à danser :
Les carolles ont commencîes : Fol. iS r°.
Ces dames qui ont voit séries
f> ' A chanter prennent hautement;
3.i(i JEHAN MAILF.ART.
Kl» SIM.IK.
CIliiscon les respont liciiKMit ;
Qui bien sot chanter si chanta.
Knfln sonne l'heure de la retraite : le comte charge la châte-
laine et l'ancienne maîtresse du soin de coucher la mariée
cl de lui apprendre la façon dont elle devra se tenir, (les
anciens usages ont été longtemps observés:
l'il •>■'> ' Lors en menèrent l'espousee
Dcdens la chanihre cncourlinee.
La truevent un lit bel (!t noble;
N'ot jusqiies en Costentinoblo
Si bel , si riche ne si coinlu ,
De couvertoirs, de coiistc pointe,
Et dorillers et de carpites,
Toutes pourtraites et escriples
D armes, doisiaux, de besteletes. . .
Les deux dames, ce est la somme.
Quant l'espousee ont desvcstue
Pour la concilier trestoute nue
En ce biau lit njout gcnlement,
Si l'enseignent courtoisement
Coment se devra maintenir
Quant avuec li voudra venir
Li quens qui espousee l'a ,
Quel ne se giete ça ne la ,
Ainz soit envers li deborniaire
Et sueffre quanqu'il voudra faire
Hunblement et sanz contredire.
Enhn, dans le récit de cette première nuit conjugale, le
poêle ne s'arrête que devant les délails qui auraient cessé
d'être naïvement gracieux pour tomber dans l'obscénité.
Mais les aventures de notre belle héroïne ne sont pas
Unies. Le comte de Bourges, bientôt contraint d'aller ré-
primer les entreprises d'un de ses vassaux, prend congé de
sa nouvelle épouse, lui recommandant de lui envoyer un
courrier dès qu'elle sera délivrée de l'enfant dont il la laisse
enceinte. La comtesse met au monde un fds, et le messager
Galopin est chargé des lettres qui apprendront au père cet
événement. Par malheur Galopin était ivrogne, comme le
sont en général dans nos romans ceux de sa profession. La
JEHAN MAILLART.
337
\1V SIKI'.I.K.
ville de Chartres se trouvant sur son chemin, il s'y arrête
pour apprendre à la comtesse de Chartres, tante du comte
de Bourges, l'heureuse d«''livrance de sa maîtresse. Or la
comtesse de Chartres avait voué une haine mortelle à la
femme inconnue que sou neveu avait fait entrer dans sa
famille : il lui vient donc en pensée de substituer des lettres
mensongères à celles dont Calopin était porteur; pour ac-
complir son dessein, elle confie le messager aux soins de
son sommelier :
« Alons, fct il, amis, alons,
• Errant en la roche avalons.
« Tu as uioslior do tost aler :
• Je te ferai jii avaler
• Tiex (Icus licnappoos de vin
« Que, si com je croi et devin,
« Trois lieues },nandes en iras,
« Et ja travail ne sentiras ...»
Li varlet s'en vient a la broche.
Et lui traist du vin largement,
Et Galopin boit lioment. . .
Et puis prcnt du pain un petit,
Pour avoir meilleur appétit
De boivre encor et derechief;
n boit et puis crolle le chief :
« Veez, fait il, com faint ce voirre
« Pour la froideur! Il est d'Auçoirre,
« Si com je croi , par saint Franchois. »
— « Non est , dist l'autre , il est franchois.
Puis lui retrait de Clameci :
«Ostez, deables! qu'est ce ci?
« Fait Galopin, cestui est rouge;
.« Je bevrai ce tantet, ou ge
« Ne me prise pas un grain d'orge. »
Plain hennap en giete en sa gorge.
« Je m'en vois, » fet il. « Non feras,
« Dit l'autre , ançois essaieras
« De Saint Pourçain au derreniw :
« Quanques bus ne vaut un denier,
« Ce n'est chose qui au cuer touche :
« Vez ci pour faire bonne bouche. »
Lors trait une grant henappee ,
Et Galopin la gueule bee.
TOME XXXI. 43
S?.
FoJ. 1» r'.
(VrKIHEIII NATKI^ilC.
..,-«Èc.... 338 JEHAN MAILLART.
Quand il est étendu ivre-mort, on ouvre sa boîte, on lui
prend ses lettres, auxquelles on en substitue d'autres qui
annoncent au comte de Bourges que l'enfant nouvellement
né est un monstre velu, difforme, et que son indigne mère
a été convaincue d'avoir longtemps mené la vie d'une femme
abandonnée. Galopin, quand il a cuvé son vin, se remet
en marche, non sans promettre rie s'arrêter au retour comme
il avait fait à l'aller : il avait été trop bien traité pour ne
{)as tenir sa promesse. Le comte reçoit et ouvre les fausses
ettres, écrites au nom de son fidèle châtelain. Il ne doute
pas de son malheur, et sur-le-champ écr t au châtelain
de Lorris d'avoir à s'assurer de la coupable mère et du
monstrueux enfant, jusqu'au moment de son retour.
Mais Galopin, chargé de porter au plus vite ces nou-
velles lettres, s'arrête encore au château de la comtesse de
Chartres, où la scène de l'enivrement se renouvelle :
Fol. 3o ï". [,ors Je mainent en la despense :
Devant M nietent un pasté ;
Galopin l'a tantost tasté :
C'est connin et si y a poivre ,
Pour ce n'en devra pas moins boivre.
Fiert i les denz sans atendue.
Tantost est la juste venue,
Pleine de vin flairant et fort. . .
Quand, après s'être enivré, Galopin s'est endormi, on lui
prend ses nouvelles lettres, et dans celles que la comtesse
fait glisser à leur place l'ordre est donné au châtelain de
Lorris de choisir quatre serfs auxquels il donnera la liberté,
en y mettant pour condition qu'ils entraîneront la comtesse
et son enfant dans la forêt d'Orléans , et qu'ils la précipiteront
dans un puits qui est creusé au milieu de cette forêt. On
regrette de voir ici le châtelain, en recevant cet ordre
barbare, étouffer la voix de la pitié qui lui crie d'épargner
l'innocente mère, et se résigner à une obéissance passive.
11 est vrai qu'en résistant à son seigneur il pouvait craindre
de se parjurer; mais le poète aurait au moms dû fonder sa
docilité sur un motif de ce genre, et non pas sur la crainte
JEHAN MAILLART.
339
que le châtelain aurait eue de mettre en danger sa propre
vie, s'il tentait de sauver la comtesse :
« Et de deus maux, si com j'oi dire,
« Doit on le mains mauves eslire ;
« Je doi mieux moi qu autrui amer,
« De ce ne me tloit nus blâmer.
« Faire me convient ceste chose,
« Car au péril mètre ne m'ose
« De son mandement refuser. »
On ne pouvait prêter des sentiments moins généreux à
un personnage que l'intention du poète est de nous présenter
comme un modèle d'honneur et de loyauté. Les quatre serfs
ont le cœur plus haut que le châtelain de Lorris. L'espoir
d'être affranchis leur fait d'abord promettre d'exécuter ce
qu'on attend d'eux; ils emmènent la comtesse dans la forêt;
mais bientôt ils hésitent, ils se consultent. Deux d'entre
eux déclarent ne vouloir prendre aucune part au meurtre
qu'on leur demande; les deux autres, moins faciles à
attendrir, arrachent d'abord l'enfant des bras de la mère;
mais, en le voyant gracieusement leur sourire, le troisième
se sent ému au point de ne vouloir plus se charger de
l'exécution. « Taisez-vous, dit alors le quatrième à son
compagnon :
« Taisiez , dist il , n'estes pas sages ;
« Nous serons hors de nos servages
« Pour fere si petit service.
« Je me tendroie moût a nice
« Se pour si pou fere perdoie
« La riens que mieux avoir voudroie. »
L'enfant prent, vers le puis s'adrece:
L'enfant aussi com par leesce
Gazouille et rit et s'esjoist.
Bien cuidoit cils , ainz qu'il l'oïst ,
Que pour rire ne por plorer
n ne peùst vis demorer;
Mais quant ainsi l'ot gazouillier
Et rire, tout li fet mouillier
Par pitié de termes la face;
51 Touz cois s'aresta en la place ...
43.
Fol. 3? v'.
Fol. 35 V*.
\IV SIECLE.
340 JEHAN MAILLART.
H revient donc à son compagnon, avec la résolution de ne
pas acheter non plus la liberté au prix d'une si grande
cruauté. La comtesse, qu'ils vont rejoindre et qu'ils mettent
au courant de tout, s'engage par serment à quitter le pays,
à changer de nom et de costume, et à leur permettre
ainsi de dire qu'ils ont exécuté les ordres qu'ils avaient
reçus :
toi. 30 r". I, Dame , font il , or ent(>n(U'z :
« Sor le livre la main leiidoz :
« Vous jurez, se I)o\ vous scqueure,
« Sor touz les sainz que on aeure
« Kt dont prestrcs foui le servisc
« Par tout le mont en sainte église,
« Si tost com d'ici partirez ,
« Que hors de ceste terre ir(!z ...»
Ils l'engagent à prendre le chemin d'Etampes, où elle
pourra séjourner dans l'hôtel-Dieu, pour y achever le temps
de ses couches et attendre celui des relevailles. Bien plus,
ces honnêtes serfs lui donnent ce qu'ils avaient de deniers,
et prennent congé d'elle en la recommandant à Dieu.
Nous ne devons pas omettre de signaler les habitudes de
charité compatissante qui, dans notre roman du moins, sem-
blent généralement établies et pour ainsi dire de droit com-
mun. A peine arrivée à Etampes, la comtesse d'Anjou^ qui
précédemment avait obtenu les secours d'une pauvre vieille
femme, est abordée sur le seuil de l'église par la mairesse
de la ville, qui, la voyant si déconfortée, lui offre un lit,
une chambre et la table chez elle : il est vrai que le mari,
riche marchand, se montre moins généreux et moins facile :
« Est-ce, dit-il, pour le prodiguer aux autres que j'épargne
«chaque jour l'argent que je gagne avec tant de peine?»
La bonne bourgeoise prie donc la comtesse de presser son
départ; et, pour adoucir la rigueur de ce renvoi, elle lui
apprend que l'évêque d'Orléans, nouvellement mis en pos-
session de grandes terres qui provenaient de son frère, le
dernier comte d'Anjou, consacrait une partie de ses revenus
à faire, trois jours la semaine, de grandes « donnoisons » aux
JEHAN MAILL ART.
341
XIV SIECLE.
familles pauvres, et qu'elle aurait sa part de cette aumône,
si elle allait séjourner à Orléans. En songeant que ce prélat
est son oncle, la comtesse ne manque pas l'occasion de
gémir sur les torts de la fortune : la voilà obligée de solli-
citer à titre de charité ce qui devait réellement lui appar-
tenir. «Ecoutez-moi, lui avait dit la mairesse :
« A Oriiens ircï tlomourcr,
• Car li evcsqucs fct oiirer
• Pour lame du conto son frère,
« Dont ii escheï trop graiit terre,
« Et ici trop belle doiinoison ;
« \ ous i arez a grant foison
• Pain et lart trois foiz la semaine :
« C'est assez pour famé qui maine
« Petiz tlcspens etpovre vie;
« Mais sanz du mien n'irez vous mie :
« Ce pelichon emporterez
« Et vint souz, dont achaterez
• Du lait pour voslre enfant repestre ...»
La borgoise au départir pleure.
Car moût miex amast la demeure ;
Celle se plaint et se démente :
« Ha ! , fet elle, lasse dolente !
« Bien va cilz gieus arriereniain.
t Cil me donront du pain demain
« A qui le deûssc donner,
« Si n'en oserai mot sonner. . . »
On pourrait s'étonner du secret que la comtesse persiste
à garder sur son nom, quand elle sait la mort de son père,
si l'on oubliait qu'elle ne peut le déclarer sans exposer en
même temps les raisons trop légitimes qui l'avaient forcée
à quitter la maison paternelle. Elle trouve encore à Orléans
une pauvre ouvrière en laine qui lui offre de partager sa
couche et son humble chambrette; enfin, grâce à l'aumô-
nier de l'église, elle est admise à l'hôtel-Dieu, et elle obtient
de la supérieure de cette maison tout ce qu'elle pouvait
souhaiter.
Cependant le comte de Bourges, victorieux de son
ennemi, revenait dans son palais. Il demande ce que sont
Fol. 37 v".
342 JEHAN MAILLART.
\IV SIFCI.R.
devenus son épouse criminelle et son hideux enfant. Quelle
n'est pas sa douleur en reconnaissant, d'après les récits
du bon châtelain de Lorris, du pauvre Galopin et des
quatre serfs, qu'il a été victime de la méchanceté de la
comtesse de Chartres! L'espoir de retrouver sa belle et
innocente femme le soutient encore; pour suivre plus
sûrement ses traces, il quitte ses riches vêtements et se met
seul en chemin déguisé en mendiant; car, pense-l-il, la
comtesse a dû cacher sous les plus humbles habits sa véri-
table condition :
Fol. ^? \". « Entre riches genz pas n'abite,
« Mes entre gcnt povre et petite;
« N'est pas vestiie «le tartaire ',
« Ne fourrée «le penne vaire;
« Aincoiz a robe deschirce,
« Povre et en mains lieus renoee ;
« N'a pas coronne sus le chief ,
« Mes «l'un ort mauves cuevrechief
« Est , ce croi bien , envolepee ...»
Lors a sa bonne robe ostee ,
Celle a un serf a endossée;
D'uns soulers a liens se chance ,
Si ne mist dessoui nulle chance ;
Un chaperon ot deschiré,
Com povres s'est bien atiré. . .
Sa gent l'esguardent en plouranl;
Par les faces leur vont courant
De grant pitié les grosses termes :
« Seigneurs, dist il, huimès est termes
« Que je doie entrer en ma queste ;
« A Dieu vous renl , ma voie est preste . . .
« Ja mes d'aler ne finerai
« Tant qu'où que soit l'aie trouvée.
« Tout mon pais et ma contrée
« Lesse en vostre gouvernement
« Jusques a mon retournement.
«Tenez justice et loiauté,
« Et vous tenez en igauttî
' Le manuscrit le plus ancien donne encore ici cartaire; mai» la bonne forme e»t
dans l'autre. )j. m i
JEHAN MMLLART. 343 ^.,. ^^^^^
« Tout aussi bien a un povre homme
« Gome a ccli qui a grant somme
« D'or et d'argent cl de nobleces ...»
Le comte de Bourges mendie son pain jusqu'à Elampes,
où les chiens l'accueillent comme ils ont toujours fait les
gens mal vêtus, qui semblent venir leur disputer les reliefs
du manger de leurs maîtres :
Mordre le vont et envaïr, Fol. 44 r'.
Car povre gent suelent haïr.
Mais si quelques vilains lui refusent l'aumône et lui repro-
chent de préférer le métier de truand à celui d'ouvrier,
il rencontre aussi la mairesse, celle qui avait déjà si bien
accueilli la comtesse :
■ Amis, dist elle, qui es tu? fol- 44 v.
«Dont es? que quiers? et pour quoi pleures?
« Que penses tu que ne labeures
« Pour quoi n'eusses tel poverte ,
« Et que ta char fust mieux coverle? »
Aux demi-confidences du comte la bourgeoise devine qu'il
est à la recherche de la dame qu'elle a conduite sur le chemin
d'Orléans; elle lui offre donc un repas, dont il avait le plus
grand besoin, et lui donne des indications d'après lesquelles
le comte, plein d'espoir, se hâte de gagner Orléans. Le
chemin est rude à travers la Beauce :
' La li Fist le vent maie sausse, Fd. 45 v*.
Car il le fiert a descouvert.
Et si drap sont tuit aouvert,
Forment esrés et atenvi.
Tant a de mal que tant n'en vî;
Car la Biausse est large et onnie,
Et si n'i a rienz qui abrie,
Forest, ne haie, ne buisson,
N'a quoi esconser se puisse on.
Enfin il arrive à la ville, et vient se placer au milieu des
344 JEHAN MAH.LART.
XIT SlEClï.
pauvres qui, on attendant la donnée, se tenaient rangés
te long des rues, sous la surveillance roguc et sévère des
gardes de la ville ou des sergents de l'évêque, précurseurs
de nos gendarmes et sergents municipaux :
l-oi. i5 v" Plus en y ot do soi/.e mile;
Car entoiir Orii<'n.s n'iiNoil vile
Ne haiiuil ([lie Ions ni apliuncnt
lÀ j)o\n' qui amnosiic riicvcnl.
La (lonni'c fii hcllt! rt fiente;
De i^ardes y ol pins de lienle,
Qui portent verges et houlaies.
Dont il fièrent san/ fore plaies,
Et font les po\rcs coiz tenir;
Et quant aucon voient \enir
Qui n'est pas cois, ainz se remue, '
Si li paient sa bieinenue.
De ce/, verges a niout grnnl leste.
Et comme le comte ne cessait de se lever, changeant de
place et dérangeant les autres pour regarder de tous côtés
s'il n'apercevrait pas celle ([u'il cherchait, il fut un de ceux
que les gardes épargnèrent le moins. Cependant l'un d'eux,
surpris de la douceur avec laquelle il le priait de se montrer
moins rigoureux, s'en va prévenir l'aumônier que dans
celte foule de pauvres gens s'en trouve un qui semble de
naissance et d'éducation plus relevée. L'aumônier fait ap-
procher le mendiant, et reconnaît bientôt en lui le mari
de la jeune mère qu'il a fait recevoir à l'hôtel-Dieu. « Mais,
« ajoute-t-il, les soins donnés à cette femme ont rétabli sa
«santé, que de précédentes épreuves avaient ébranlée, et,
• sans doute, une fois guérie, ou lui aura donné congé :
Koi. ffj v. « Dit me fu qu'iert bien respassee,
« Si dont que ne s'en soit alee;
« Car li usages est itez
«Es mesons Dieu, par veritez.
« Soit a Orlicns soit a l^nris.
« Quant uns malades est garis
« Et ressours de sa maladie,
« Qu'ailleurs l'estuet querre .sa vie. » le li Uuùii
MV SIERLK.
JEHAN MAILLART. 345
Mais, heureusement, elle avait été retenue par la clame
hospitalière au delà du temps ordinairement accordé; le
comte la retrouve donc, lui ouvre ses bras cl lui demande,
en pleurant, pardon de tout ce qu elle a souffert.
C'était là le prélude d'une autre reconnaissance. L'évêque
d'Orléans, averti par l'aumônier de ce qui se passait à
l'hùtel-Dieu, veut à son tour entretenir les deux époux. Il
insiste longtemps sans succès pour connaître 1<; pays d'où
ils viennent, le nom qu'ils portent et la famille à laquelle
ils appartiennent. Le comte essaie de lui donner le change :
ils avaient (juitlé Paris pour accomplir un pèlerinage; ils
avaient été détroussés dans une forêt par une bande de lar-
rons. Mais il finit par céder aux instances du prélat, et le
poète s'abstient cette fois de répéter ce que nous savions
dj'ijà; il eût bien fait d'user toujours de la même réserve :
Devant lui dit, bien m'en souvient. fo' ^9 '
Si ne le viieil ci reciter.
Vous m'en poez bien respiter;
Car qui dit chose autre fois dite
Je di qu'en son dit a redite,
Fit sanz raison son dit aloigne. . .
Mais à quelle famille appartient la comtesse? Le mari ne
saurait le dire, attendu que lui-même il l'ignore encore :
Dit li quens : « Or i essaiez; toi. '19 1
• Se tant fêtes que vous traiez
« De sa bouclie ce que vous dites ,
• Vous serez de plus grans mérites
• Que moi qu'ele tient a droit sire ,
• Car onques ne le me volt dire.
« Je me traire un pou iirriere ,
• Si verrez en quele meunière
« Vous la porrez a ce atraire. . . »
Les gens de religion ont des moyens persuasifs dont les
maris n'ont pas toujours le secret. La comtesse a donc
beau faire la plus vive résistance, et remontrer au prélat
qu'elle est libre de taire son nom, et que ce nom n'est
TOME IXXI, ki
•«pRivtmt «Aiioitir.
. . 346 JEHAN MAILLART.
VIV SIECLE.
pas un péché, elle cède enfin à la pressante invitation de
1 évoque et lui apprend de qui elle est fille et les justes rai-
sons qu'elle a eues, en quittant la maison paternelle, de
cacher sa véritable condition pour ménager l'honneur du
comte d'Anjou. L'évêquc d'Orléans reconnaît alors sa nièce
dans la comtesse de Bourges; il lui tend les bras et la presse
sur son cœur en fondant en larmes. Ces démonstrations ne
laissent pas que d'inquiéter le mari, demeuré assez à l'écart
pour ne pas entendre les deux interlocuteurs, mais assez
près pour ne rien perdre de leurs gestes :
Kol. ôor". r.ii quens les voit, a soi dit : « Qu'est ce!*
« Biaus sire Deu5, quel contenance!
« Cilz evesques fet grant enfance
« Qui, volant moy, ma lemme baise!
« Ne cuidc ii qu'il me desplaise?
« Ne set il que je sui tel homme ,
" Que se l'empereres de Romme
« iVravoit fct outrage ou despit,
« Je n'en querroie ja respit
« Se petit non de li refaire
« Autant d'ennui et de contraire? »
Enfin tout s'explique et s'éclaircit; le comte n'est pas
moins enchanté que l'évêque de reconnaître dans la pauvre
femme qu'il avait élevée jusqu'à lui la fille et l'héritière du
comte d'Anjou et du Maine. Le prélat, justifiant son renom
de libéralité, veut célébrer dans la ville d'Orléans cette réu-
nion du comte et de la comtesse de Bourges. Les nobles
époux changent leurs vêtements déchirés contre un costume
plus digne de leur rang, puis l'évêque distribue joyaux,
robes et deniers à tous ceux qu'il invite à prendre part à la
fête :
'"'''■■"' Et li evesques fet mander
Escarlates, martres, tartaires'.
Pennes dermines, pennes vaires, •
Et veluiaus et camelos,
Car d'estre larges ot le los. . .
' Ici les deux manuscrits ont la bonne leçon.
»
JEHAN MAILI.ART. 347 „ . -,
XIV SIECLE.
Li parmentiers a chnscun lîjiHe
Robes et ni;intiaus a plonté
Tiex corne fu leur volenté. . .
L'assemblée fu grant et belle. . .
Moût y ot et vins et viandes;
Les pavillons, les loges grandes
Furent par les jardins levées,
Et les tables bien ordenees :
Du mengier ne feiai lonc conte :
Grant fu et biaus, mes rienz ne monte
Aus riclies joiaus qu'il donna;
Tout le sien y abandonna :
Chevaus, coronnes et afiches,
Dras, cheintures et aniaus riches,
Hennas, coupes d'or et d'argent.
Si les fesoit donner par gent
Qui les vaillans bien connoissoient,
Selonc leur estât leur donnoient.
Mais le comte était impatient de rentrer dans sa ville de
Bourges, et l'évêque a soin de lui fournir un riche équi-
j)age :
Li gentis evesques lui baille Kol. 5i i'
Chevaus, bernois, et genz sanz faille
Tiex comme-afliert a si riche home;
Et la contesse, c'est la son)mc,
Ot et dames et damoiselles.
Tant com lui plot, génies et belles.
Et char» richement eslelez.
Et biaus palefroi/ enselez,
. Et loreinz et belles sambues;
Toutes en sont plaines les rues. . .
Nous n'avons pas besoin de dire qu'ils furent accueillis
à Bourges par les acclamations populaires. Leur premier
soin fut de remercier coDYenai)lemenl la bonne maircsse
d'Etampes et la pieuse hospitalière d'Orléans. A la femme
du maire la comtesse donna une coupe d'or Fichement
émaillée et l'une de ses meilleures robes; à l'hospitalière,
une brunette noire et un simple camelin de Douai; mais
44.
IIV SIECU.
348 JEHAN MAJLLART.
elle constitua une rente de quarante livres en faveur de
l'hôtel-Dieu :
' "' 13 v' a Dès ores en avant tendra
• Vostre meson en héritage ,
« Pour faire aus povn's avantage
» Et pitance, telle est m'entente,
« Quarante livrées de rente
« Qu'en auniosne pour c« vous donne;
« Si prierez pour ma personne
« Et pour nnon pcre. . . »
Il ne restait plus qu'à tirer vengeance de la comtesse de
Chartres. Le comte de Bourges assemble ses vassaux, et le
progrès de l'autorité royale se reconnaît dans les conseils
qu'il en reçoit. « Vous nous demandez, lui disent-ils, notre
«concours contre la comlesso d(î Chartres : votre ressenti-
« ment est juste; nous sommes prêts à vous seconder; mais,
<i avant tout, nous vous invitons à déférer la cause au juge-
« ment du roi :
•■<>'• J' *'• « Nous qui ici assemblez sommes
« Sonmics tretouz voz liges hommes, "'"1
« Si i met rons cors et chatiex ;
« Mais iioblre conseil sera tiex
« Que a ce que vous en ferez
« La court du roy pourchacerez ,
« Qui moût tobt si assenlira.
« \insi la chose miex ira
« Par raison et selonc droiture,
« Sanz péril et sanz forfeture. »
Assurément un trouvère du siècle précédent n'aurait pas
eu l'idée d'introduire une telle recommandation.
Le roi fait citer la comtesse de Chartres à comparaître
devant sa cour. Après un premier défaut, elle reçoit quatre
autres sommations, auxquelles elle reste également sourde.
Alors la cour du roi autorise le comte de Bourges à ])0ur-
suivre sa querelle en son propre nont : .-h
Fol ssr* r» 1 . »• 'Innvf rI ih
""• ^* "^ • Que Je conte j)ar son lignage,
''^' « Par ses hommes et par sa force,
'•là(v> j.ijj.ol. « La preigne et puis vive l'escorce , '"J
■ li
JEHAN MAILLART. 349 ,„.„^^,
« Les donz li traie ou iarde vive;
• Et que la chose soit hasiive,
« Car plus vivra plus ert dommage,
« Et plus porra ferc hontage. »
On attendit cependant la fin de l'hiver : alors les harons
et vavasseurs du lierri entrèrent dans le pays cliartrain. La
comtesse s'était pré|)arée à la plus belle défense, elle avait
réuni plusieurs milliers de soudoyers richement appointés;
mais, dès que le hruit se fut répandu des véritables motifs
de la guerre, elle se vit abandonnée de tous ses défenseurs.
Prisonnière dans sa dernière forteresse, elle lut livrée aux
gens du roi et condamnée au supplice du feu, à la grande
satisfaction de son neveu, et sans cpie la comtesse d'Anjou,
d\i Maine et de Berri essayât d'adoucir les rigueurs de la
justice.
Telle est l'œuvre de Jean Mai lia rt, cpii n'est assurément
pas de tout point méprisable. Les deux mérites auxquels
l'auteur tenait le plus, l'un de fond, l'autre de forme, sont,
il est vrai, aujourd'hui, appréciés tout autrement qu'ils ne
pouvaient l'être par lui et par ses contemporains. 11 préten-
dait relater une histoire vraie, et nous savons qu'il ne fai-
sait que redire un conte bien rebattu. La série d'aventures
qui fait le sujet de son poème se retrouve dans beaucoup
d'autres romans du moyen âge et forme encore aujourd'hui
le thème de récits populaires dans la plupart des nations
de l'Europe. M.Hermann Suchier, dans sa très savante intro-
duction au roman de la Manekine, de Philippe de Beau- iJeanmanoir , Ph.
manoir, a comparé entre elles toutes ces versions, v compris i^J'.^"Vui ^Ti
la nôtre, et il ressort de cet examen que le poème de J(!an n.suchicr.iomei
Maillart offre une des formes les plus altérées de la légende ;
il y manque notamment le trait, certainement primitif, de
la mutilation infligée à l'héroïne par son père ou par elle-
même. D'autre part, ce que le poète de Pierre de Chambli
regardait comme le principal attrait de son œuvre, c'était,
comme il nous le dit lui-même, la beauté et « l'acordance »
de la rime. Il n'emploie en effet, comme Guillaume Guiart,
que des rimes léonines, c'est-à-dire portant sur deux syl-
2 5
(). XXIV'I.XXXIV.
XIV* SIÈCLE.
350 JEHAN MAILLART.
labes, desquelles, d'ailleurs, la dernière peut renfermer une
voyelle accentuée ou un e féminin; il en résulte qu'on doit
appliquer à son poème, au moins en partie, ce qui a été dit
ci-dessus de celui de Guillaume Guiart : les rimes féminines,
naturellement beaucoup plus faciles à trouver, y ont une
prédominance qui n'est nullement d'accord avec le nombre
proportionnel, dans la langue, des mots qui les four-
nissent; mais on doit reconnaître que Jean Maillart, pour
se procurer des rimes léonines masculines, ne recourt pas
aux mots singuliers, aux tournures bizarres et aux in-
croyables chevilles où se complaît l'arbalétrier d'Orléans.
Son style, médiocre comme celui de tous les rimeurs de
son temps, est du moins aisé, naturel, malgré les entraves
de la versification, et souvent même assez agréable, comriie
on a pu en juger par les citations données dans cette no-
tice. H a su mettre de l'intérêt dans le détail des aventures
qu'il redisait, et dans leur disposition une certaine pro-
gression qui fait qu'on les suit avec plaisir. Les sentiments
qui dominent dans son roman sont honnêtes et vrais, mais
ils manquent trop souvent d'élévation et de poésie, notam-
ment, comme nous l'avons vu, ceux du sénéchal du comte
de Bourges, que l'auteur a l'air de trouver tout naturels. Si
nous sommes .peu touchés des mérites que Jean iMaillart re-
vendiquait surtout pour son œuvre, nous ne pouvons nous
empêcher, au contraire, de lui savoir quelque gré d'un
des défauts les plus choquants qu'elle présente : nous vou-
lons parler des énumérations et descriptions de meubles,
de vêtements, de bijoux, de repas, de fêtes, énumérations
et descriptions toujours longues, mal amenées, et qui
font perdre de vue le fond de la narration, mais qui nous
apprennent au moins quelque chose de la façon de vivre de
nos pères. Jean Maillart avait la prétention d'être un habile
versificateur, et son genre d'habileté nous intéresse peu; il
se figurait, de bonne foi sans doute, être un historien, et il
l'était par où il ne croyait pas l'être : son poème n'est qu'un
conte, mais les détails qu'il a ajoutés au récit donnent à ce
conte la valeur d'un document. P. P. et G. P.
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS. 351 ,„.„èctK
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
DU XIV SIÈCLE.
Nous aiions reprendre les notices sur les rabbins fran-
çais du xiv* siècle dont nous avons commencé la série au
tome XXVll de cet ouvrage. Pour cette partie de notre tra-
vail, il doit nous être permis d'embrasser de longues pé-
riodes et de devancer l'ordre des temps. 11 y aurait de graves
inconvénients à égrener, en quelque sorte, année par année,
les auteurs juifs du moyen âge et à les mêler indistincte-
ment aux littérateurs chrétiens. C'est une faute que nos
devanciers évitèrent. On a, de la sorte, été entraîné à com-
prendre en ce volume tout le reste des écrivains juifs du
XIV* siècle.
Le XIV* siècle est, pour la littérature juive en France,
une époque presque aussi brillante que le xiii*. Les me-
sures terribles de Philippe le Bel anéantirent à peu près
le judaïsme dans les provinces qui relevaient directement
de la couronne; mais les juiveries se conservèrent dans le
Midi, surtout dans les parties qui ne dépendaient pas du
roi de France. Là les études étaient florissantes. Ceux
mêmes des israélites qui avaient dû s'expatrier en i3o6
n'abandonnèrent pas leurs goûts littéraires.
On aurait dû croire que les exilés, privés de leurs écoles,
mis à l'interdit par les savants chrétiens, ne pourraient se
relever sous le rapport scientifique. Nous verrons que ce
fut le contraire qui arriva; ces malheureux cherchèrent
leur consolation dans l'étude. Ils avaient trouvé un asile
dans les terres qui allaient devenir papales, dans le comté
d'Orange, en Provence, en Catalogne. Vers le milieu du
xiv* siècle, nous rencontrerons des étudiants juifs à Mont-
pellier. Pour les traductions de l'arabe, le xiv* siècle a con-
XIT SntCLE.
352 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
tinué la Irarlition des Tibbon par les Calonyme,par Samuel
de Marseille, ])ar Juda Nathan. L'arabe était encore cultivé
à Arles, à Tarascon, à Perpignan. Le roi Robert d'Anjou
était l'instigaleuf de tout ce travail. Nous trouverons un
grand nombre d'auteurs hébreux qui lui dédient leurs ou-
vrages (par exemple Schemariah de Négrepont) ; c'est
pour lui cpie Calonyme fit des traductions en latin. Le
rôle d'inlerniédiaire enlre la science arabe et l'Occident
resta encore, durant tout le xiv* siècle, entre les mains des
L'interprétation allégorique de la Bible, qui avait amené
la condamnation des livres philosophico-tliéologiques de
Mannonide, surtout à la suite des exagérations de Lévi fils
(lAbrahani, fut continuée par Joseph Caspi. Le Guide des
égarés était étudié avec une avidité dont nous avons la preuve
dans les commentaires de Moïse de Narbonne et de Profet
Douran. La controverse était ardente. Léon de Bagnols et
Vidal de Narbonne réfutaient Maïmonlde et essayaient de
renverser ses théories sur la création du monde ex nihilu,
sur la prophétie et le libre arbitre. On s'appliquait à com-
pléter Averroès par de nombreux commentaires; on tra-
duisait Gazzali et Avicenne, et on les interprétait. Les
ouvrages écrits en latin par les maîtres de Montpellier
étaient rendus sur-le-champ accessibles aux juifs par des
traductions hébraïques. En astronomie, l'importance des
juifs n'était pas moins considérable. Les plus grands ser-
vices rendus à l'astronomie au xiv* siècle l'ont été par deux
savants juifs, Léon de Bagnols et Bonfils de Tarascon. Le
grand ouvrage du premier fut traduit en latin, à la demande
de Clément VL
En ce qui concerne les études talmudlques, on observe
une certaine stagnation. On se tenait pour satisfait des
commentaires faits au xiii' siècle, et on se contentait de les
résumer dans des conipendia. On avait aussi peu d'ardeur
pour les commentaires sur la Bible. Si l'on excepte ceux
de Caspi, avec sa méthode allégorique à outrance, et ceux
de Léon de Bagnols, avec ses applications philosophiques
DU XIV° SIECLE. 353
MV SIKC.I.K.
Kia.icct. XXVII,
p. 5(ii.
et éthiques, nous ne trouvons que des commentaires sur
des livres isolés.
On croyait généralement à l'astrologie; cependant la
Cabale ne jouissait pas d'une grande faveur dans le midi
de la France, au xiv' siècle. Nous avons vu que le livre
Daliir fut excommunié comme œuvre frauduleuse par un
synode tenu à Narbonne en i2 4o. Le fameux Zohar, uisi. im. ,io i»
composé à la fm du xiii" siècle, est inconnu dans la
Provence; du moins on ne le trouve pas mentionné par les
auteurs juifs de ce pays, bien que l'occasion n'en manquât
pas. Même le commentaire à demi cabalistique de Moïse
de Girone sur le Pentateuque est passé sous silence au
XIV" siècle.
La grammaire et la lexicographie hébraïques sont peu
cultivées. Il en est de même pour la poésie; on n'avait
jamais acquis, dans le midi de la France et en Catalogne,
la fmesse de l'école espagnole, d'Ibn-Gebirol par exemple,
de Juda Halévi, d'Ibn-Ezra et d'autres. Les œuvres des Be-
dersi, de Bonfed, quoique du plus haut intérêt, sont infé-
rieures au point de vue littéraire. L'objet des études de la
plupart des savants juifs du Midi était la philosophie, les ma-
thématiques, l'astronomie et la médecine. Là nous trouve-
rons des résultats considérables. L'esprit scientilique était
évidemment en progrès. Et quand on pense que cette somme
extraordinaire de travail se produisit à travers les proscrip-
tions de Philippe le Bel, les terreurs des Pastoureaux (i 3 20),
des lépreux ( 1 3 2 1 ) , la conversion forcée de Catalogne
(1391) et le dernier exil de i3gb, on se prend d'admira-
tion pour une activité intellectuelle si ardente, si noblement
obstinée.
DE QUELQUES OUVRAGES DE DATE INCERTAINE,
COMPOSÉS VERS 1300.
Commençons par quelques ouvrages dont la date n'est
pas connue avec précision, mais qui paraissent appartenir
aux dernières années du xiii" siècle ou aux premières du xiv".
TOMS XX .\I. ^5
fc J '^ iwrniHEniE ii*rion«Ls,
XIV* SIÈCLS.
Livre de Vie,
avant i3oo.
354
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
YeschurUD, VI
p. i83.
Oisarhassefariin,
lettre n.n'S.lg.
Oisar Neliniad ,
III. p. .jG.
Plaçons d'abord le o^nn ido « Livre de Vie », traité de
théologie mystique, composé avant l'année i3oo, et cer-
tainement par un juif français. Nous y trouvons, en effet,
des gloses françaises. Par exemple, en parlant des arbres,
dont l'un est plus fort que l'autre, et dont le cèdre est
le plus fort, puisqu'il dure éternellement, l'auteur em-
ploie les mots cn^B, lanis mbn et oiid nnu « fort, plus fort, trop
fort».
Ce traité est divisé en quinze chapitres, relatifs : i° au
tétragramme; a" aux attributs de Dieu; 3° aux expressions
« Dieu vivant et Dieu suprême » ; 4° aux expressions • roi du
« monde, dont la gloire remplit toute la terre »; 5° au monde
futur; 6° à la réunion de l'âme (nce?j) avec les êtres supé-
rieurs; 7° aux visions prophétiques; 8° à la relation de l'âme
avec l'esprit et le souffle (c^dj); 9» à la question de savoir
comment la sagesse, l'intelligence, la science, la crainte
[de Dieu], la pensée et la prudence sont innées dans
f homme; 10° aux quatre lettres du tétragramme et à leur
précellence sur toutes les autres lettres; n° aux statuts,
commandements et jugements donnés par Dieu; la" au
mauvais génie (ir) qui domine l'homme; 1 3° au bon génie;
i4° à l'air; i5° aux orage» et aux éclairs. A la fin, l'auteur
dit qu'il y a trois sortes de vie, savoir: la vie de l'homme,
celle des animaux et celle des arbres. Les pierres et les mé-
taux dérivent des quatre éléments; mais il n'y a pas de vie
en eux, car la vie se manifeste par la croissance.
On possède plusieurs manuscrits du Sèpher ha-hayim : à
Parme, de Rossi n" iSgo et i4a8; à la bibliothèque du
Vatican, Assémani n""'43i, i\ à Munich, n" 307, et des
extraits dans les n" 58 et 358. M. Steinschneider en men*
tionne deux autres dans des bibliothèques privées.
Un traité ayant pour titre o^nn ied est attribué par Moïse
fils de Hasdai Taco (ip.-i, de Tachau en Bohême?) à Abraham
ben-Ezra, sans raisons articulées. Si le D"nn nco cité par
Moïse était notre traité, cela le placerait au xin* siècle; ce
qui n'est pas impossible. De fait, parmi les auteurs men-
ticmnés dans notre livre, nous n'avons trouvé que les noms
DU XIV SIECLE.
355
d'Éléazar Calir (qui vivait avant le ix' siècle), et Saadiah
Gaon (qui florissait au x*). M. Steinschneider semble
vouloir identifier le traité dont nous parlons avec le traité
mentionné par Moïse Taco, et il le met, dans son cata-
logue de Munich, au xii* siècle, avec un point d'interroga-
tion. Nous ne pouvons pas décider pour le moment cette
question. Ce qu'il y a de siir, c'est que le livre a été composé
par un Français.
Plaçons également parmi les ouvrages de date incertaine
le Commentaire anonyme sur le traité intitulé o^j'jcn -inao,
«Choix de perles», attribué à Salomon ibn-Gebirol (Avi-
cébron), traité qui fut traduit d'arabe en hébreu par Juda
ibn-Tibbon. Dans les manuscrits dudit traité provenant de
la France, le titre hébreu est ordinairement n-'rjDmnaiD,
et le texte est accompagné d'un commentaire qui, à en juger
par nombre de mots, de sentences et de proverbes français,
est l'ouvrage d'un rabbin français. Ce commentaire fut im-
primé en 1 484- Le texte imprimé présente les passages fran-
çais souvent corrompus, et quelquefois en moindre nombre
que les manuscrits. Par exemple, dans le i8* paragraphe,
intitulé ^D1D^ ly^ (éd. princeps , quat. iv, 6"), après le passage
ymw 'j<3j<p «i^îj», « rjSoy signifie chavasuriz (chauve-souris) »,le
manuscrit d'Oxford n" 1 4 2 1 ajoute une fable pour appuyer le
dicton, et donne son autorité : yxi'jrDomsK in-'DD [•>nsDt p) tf'3
(rwia"? pns isi). « Ainsi l'ai-je entendu de la bouche (ou de la
« tradition) d'Abraham de Joigni, que la mémoire du juste
« soit bénie ! » Au paragraphe 6 a , intitulé ph^^ "«iKin n»w, le
commentaire, dans l'édition, s'arrête (quat. viii, i") avec
les mots yn"? ^Dtn, tandis que le manuscrit précité continue
avec des sentences morales de R. Samson de Joigni (uvo).
L» date de la composition de ce commentaire n'est pas
connue. Tout ce qu'on peut dire , c'est qu'il doit avoir été
composé avant j338, puisque le manuscrit de Parme, de
Rossi n" 671, qui contient entre autres pièces ce commen-
' Ain^ porte ie manuscrit de Parme ; celui d'Oxford a Na^Kp .
XJT* SIÈCLE.
J. Derenbourj;,
dans les Mélanges
Renier, p. i34.
Yeschurun, VI,
p. i83.
COMMENTAIRK
ANO:<TME
SUR LE MlRIUn
happeninim
d'Avicébron
vers i.'ioo. ,
Catal. BodI..
col. i3ii et ]638.
Ibid. , col. 5o6.
45.
xiv'strcr.E.
356
LES ÉCRIVAINS JLIFS FRANÇAIS
Uor Oriniil, V
{|>ilt^), p. 703 61
704.
SlCillMllllI'l-
(Icr, Catal. Rodl. ,
Kll. 2322, 2'|{)3
(I 2638.
Voir ci-dessus,
|>. 355.
llcvucdcsLludes
juives, XII, p. 82
et suiv.
Ziir (!escli. und
Lileratur, )>. i65.
Jo^l \iinalcn ,
l,p. 188.
taire, fut copié en 6098 = i338 do J.-C, le 1" tammouz
= 18 juillet, par Aliron fils d'Ahron, pour Salomon, fils de
Yom-ToL Cohen. Lin document cité dans le second traité
de ce manuscrit est daté de Bruxelles (x'^^cna). Ici le
titre est écrit maiD, et le commentaire est presque le
même que celui que présente le manuscrit d'Oxford.
Dans un autre manuscrit, copié en 1392, on lit le post-
scriptum suivant: nobe; '1 ip'nyni DiDici'?''En ^z"JV o-'DDnn nco nî dVd;
• N'7"a-iDD 1ED ]3N n»t3 ''3T [?] hv 1J3 Dcv ciipn pcb'j 'aiï ]whv ".ca px
CTTi-'En nî bz la"? roanc ne?yi ic Ni^Biip nj"'iDD n^nc? ":iD pccc? 'nianni
D'':'':En -inac itDoc? iedh nt hv. « Le livre des sages, composé par
«les philosophes, est fini; il a été traduit de l'aralie en hé-
« brou par Salomon ibn-Tapo (ou Tapho). Le nom de son (?)
« fils est R. Moïse ibn-Tapo (ou Tajiho) de Marseille. Le
« savant R. Samson Mounaï, qui est originaire du pays de
«Conpeina, a fait par la sagesse de son cœur tout le com-
" mentairo de ce livre, dont le titre est Choix de perles. » Il
est évident que ce post-scriptum est plein d'erreurs. Salo-
mon ibn-Tapo n'est autre que Samuel ibn-Tibbon, qu'on
a confondu avec son père Juda, qui est le traducteur du
«Choix de perles». Peut-être y avait-il dans le manuscrit
sur lequel lut copié celui de l'année 1392 le nom abrégé
de J'i, que le copiste aura lu no'je? i. Le fils de ce Salomon
(Samuel) est Moïse ibn-Tibbon de Marseille; Moïse se trouva
en effet à une certaine époque de sa vie à Marseille. De
Samson de Joigni (■':vd) le copiste a fait "iiD, que M. Zunz
rend par Munay et Munai; on ne trouve pas de localité
de ce nom. Enfin Conpeina doit être rendu par Cham-
pagne, pays de Samson. Nous avons vu que Samson
de Joigni est seulement cité dans ce commentaire et qu'il
n'en est pas l'auteur, comme M. Zunz le croyait.
M. Carmoly s'est mépris singulièrement sur l'auteur de
notre commentaire. 11 dit ce qui suit : « Quant au Choix de
«perles, je fais observer que je possède une édition de Son-
« cino, 1^88, pourvue d'un commentaire de Josué fils d'Is-
« raol Nathan, et corrigée par un Français du nom de Salomon
« fils de PereçBonnefoi (^iBJia), qui y ajouta des vers tirés des
DU XIV" SIECLE. ^5'
.X.V*.SIFX!.IÎ.
« sources françaises. Je regarde même celui-ci comme le \é-
« ritable auteur du conunentaiie. »Josué de Soncino n'a fait
que la copie de cet ouvrage pour l'envoyer à l'imprimerie où
Salomon travaillait; c'est ce qui est dit à la fin de l'édition de
i484 (M. Carmoly dit i488). Nous avons vu que le manu- Voir cidessus.
scrit de Parme qui renferme ce commentaire fut copié en '"
j 338, de sorte que Josué pas plus que Salomon ne peut en
être l'auteur. 11 est probable qu'il fut composé au com-
mencement du XIV'' siècle par un écrivain jusqu'à présent
inconnu. Les manuscrits n" 3 243 d'Oxford et n° 49 du Caui. Uodi.
Jewish Collège de Londres contiennent un abrégé de ce "cJtai. j. coH..
commentaire. Les passages français sont pourvus de points- i> *«
voyelles dans le manuscrit de Parme.
Les mahzorim ou livres liturgiques étaient souvent ac- comme^itaihes
compagnes de commentaires. Dans cette vaste littérature, ,.ks Muizouim ,
il est souvent dilTicile de reconnaître le pays du com- iJog i33o.
pilateur des notes. On y cite des autorités françaises ainsi
que des autorités des provinces rhénanes, et môme de
l'Allemagne. Nous avons parlé dans un autre volume d'Éléa- iiist. liu. de la
zar de Worms, qui a fait un commentaire sur le livre de p.""c9.
prières. Nous mentionnerons ici Ahron, fils de Hayyim Hac-
cohen, dont la compilation se trouve dans le manuscrit
d'Oxford n° 1 206, et peut-être aussi, en une autre rédaction, Caui.coi.'iai.
dans le n" 1209 de la même bibliothèque; ici on donne
seulement le nom d'Ahron Cohen. Des compilations ano-
nymes se trouvent dans les n*" i2o5 et 1207 de la même ibid.,coi. 419.
bibliothèque. H y a aussi de grandes difficultés à préciser ibid, co1.4j3.
les dates de ces compilations. Il est probable que la plupart
furent faites avant l'expulsion des juifs de France, ou peu
après, dans un autre pays, probablement en Italie, où le
français était encore parlé par les exilés de la premiè.re géné-
ration. Nous citerons, par exemple, le commentaire sur les
prières, qui se trouve dans le manuscrit de M. Gùnzburg,
n" 728, où il est dit que, d'après le rite de Bourgogne, on
lit le traité à'Aboth en hiver, tandis que, d'après le rite de
Sarfath (France), on lit ce traité en été, les Français n'ayant
XIT* SlicLK.
358
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
pas le temps en hiver de prolonger la fêle du sabbat plus
que la prescription légale ne le veut. On y mentionne égale-
ment le rite de Lothair (Lorraine) , de Worms et de Mayence,
de sorte qu'on ne peut savoir au juste dans quel pays la com-
pilation a été faite.
Netiia^iel
DE Cuno:),
LITURGISTE,
vers 1,'ioo.
Liter. dc.r svnag
Poésie, p. 363.
Nethanel de Chinon , fds de Joseph fils de Nethanel (en
abrégé : p'pn = hmni -i »npn, le saintou le martyr, comme son
frère Eliézer, maître d'Estori Parhi), est l'auteur de pièces
liturgiques dont trois sont connues, et qui sont énumérées
par M. Zunz. Les deux premières ont en acrostiche le nom
complet; la troisième n'a que le nom de Nethanel, mais le
manuscrit dit qu'il s'agit • du pieux R. Nethanel de Chinon ».
Cet auteur est souvent cité dans des ouvrages de casuistique,
Hist. M. de la tels que celui de Samson de Chinon et d'Ahron Cohen.
pTof. ' Il ^** difficile cependant de discerner si c'est le grand-père,
contemporain de Moïse d'Évreux, ou le petit-fils qui est
cité, quand l'épithète de martyr ne précède pas le nom. Voir
S. D. Luzzatto, dans le périodique hébreu Meged ierahim,
P-7»-
Salomok Simhah,
THÉOU)CIE!l ,
Ter» i3oo.
Zuni, Ritus,
Catal . Ham-
bourg, 11' 189, I.
— Ms. de Nîmes,
n* li-ji^t , 1. —
Hevue des Etudes
juives, III ,p. ]33.
Salomon Simhah , fils d'Éliézer de Troyes, qui se dit descen-
dant de Raschi, composa un ouvrage de casuistique, entre-
mêlé de règles de morale, et intitulé '?''3»Dn noo, «livre qui
« rend intelligent », titre analogue à celui du livre o^sno, « qui
M rend sage » , dont l'auteur, Nathan fils de Juda , est peut-être
également un Français. La préface commence par une dis-
sertation sur les sept planètes. On y trouve l'acrostiche du
nom de l'auteur, suivi des mots vo»*"" P'" 1"n3", «Force et
« courage au persécuté !» Il se dit de la quatrième génération
à partir des deux gendres de Raschi, savoir : R. Samson
de Falaise (k-i^^bd, lisez Kfi*») et Yom-Tob de 'fjjba (Beau-
genci). Dans le paragraphe i6a, la date de 5o54 (1394) est
mentionnée. Ce traité se trouve dans le manuscrit de la bi-
bliothèque de M. Gûnzburg, n° 5o8 (défectueux). La copie
en fut achevée le mardi, a 4 tammouz 5 100 o^cma (i34o).'
DU XIV SIECLE.
359
XIT* SlikCLB.
lEDAÏAH PENINI,
POÈTE.
ledaïah fils d'Abraham, de Béziers ('©nnan), est le plus
célèbre poète juif de la Provence. Son style, il est vrai,
n'atteignit jamais la pureté, l'élégance et surtout la clarté de
celui des poètes d'Espagne; mais ledaïah fut supérieur à son
père, dont les poésies sont gâtées par un langage extrême-
ment forcé.
Ses compositions en prose cadencée sont, selon son
âge, d'inégale valeur. Très jeune, il affectionne un style
tendu et difficile à comprendre; plus tard, dans son cé-
lèbre ouvrage de morale intitulé l'Examen du monde, il
écrit, comme M. Munk le dit fort bien, « en un style hébreu
« très élevé et très élégant, qui lui a mérité le titre de TÉIo- " *^ '
«qaent (^"700)». M. Graetz, cependant, est plus sévère:
«ledaïah, dit-il, avait de meilleures dispositions pour la
« poésie que son père. Il possédait une vive imagination et
«une grande abondance d'élocution; mais il n'avait ni tact
« ni mesure, et il manquait le but essentiel de la poésie, qui
■ est de saisir les cœurs. Ces défauts font de ses poésies un
«amas de mots mis artificiellement ensemble, et qui ne
« signifient rien. Il portait la faute héréditaire de son père,
« qui était de ne pas savoir dominer la prolixité de son lan-
« gage par les règles de la beauté. Il faisait trop d'art et mo-
« ralisait trop, au lieu d'élever les âmes et de les entraîner. »
De ces deux jugements, celui de M. Munk est le plus équi-
table.
Comme tous les savants juifs du moyen âge, ledaïah
était universel. Nous aurons bientôt à apprécier le philo-
sophe et le moraliste. Il s'occupa également des études tal-
mudiques, notamment de la partie agadique, sur laquelle il
fit des commentaires. Ajoutons qu'il était médecin, puisqu'il
a fait des gloses sur le Canon d'Avicenne.
Ilist. lit), de la
France, l. XXVU,
p. 707, etc.
Voir ci-dessous ,
. 37a.
Mélanges, p.AgS
fiesch-derJudea,
(a* édil.), vu,
p. a6o.
XIV' SIÈCLE.
360
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
SA VIE.
Olii'b Nasrhim ,
r- '•
Ibid.. p. i38.
Voir ci -dessous,
p. ,'!7i.
Sleinsrli:,ei-
rler. Catai. Dodl.
roi. iSsi.
Sailli- Pétersb.
(".alal.Jcw.Coll.
. 49-
ledaïah était de Béziers, comme le prouve l'épithète
de Bedersi qu'il se donne. Il est probable rpi'il séjourna à
Montpellier, qui était la véritable école des juifs pour l'élude
des sciences. Son nom provençal était En Bonet', qu'il
traduit par Tobiah (niaio). Il se donne lui-même l'épithète
de Penini ('rjs) « de perle », peut-être par la raison que les
vers sont quelquefois appelés du^jd « perles ». M. Neubauer,
cependant, explique cette épitliéte par la supposition que
ledaïah avait peut-être composé un recueil de sentences mo-
rales, sous le titre de D'ij^ûsn inno, « Choix de perles », ou mv'jDn
'•i-'it, M Perles d'éloquence ». Le premier titre est porté par la
traduction hébraïque que Juda ibn-Tibbon a faite de lou-
vrage de morale attribué généralement à Salomon ibn-
Gebirol, composé en arabe sous le titre de y>|j4 ;^*^- Le se-
cond est celui d'un ouvrage anonyme qui a également pour
sujet l'éthique, publié par feu M. Gurland. Il est difficile
d'attribuer ce dernier à notre ledaïah, bien qu'on puisse
alléguer l'autorité de quelques manuscrits et de quelques
anciens bibliographes. Comme notre auteur se donne lui-
même le surnom de Penini, dans l'ouvrage qu'il avait écrit
à l'âge de dix-huit ans, il devrait avoir composé, si M. Neu-
bauer a raison, son « livre de Perles » avant cette époque. Or,
comme on le verra plus loin, nous ne connaissons aucun
ouvrage que ledaïah ait écrit dans sa première jeunesse sous
ce titre, à moins de supposer que son traité de morale, inti-
tulé «livre de Pardès (paradis, jardin) », ait été également
appelé par lui « livre de Perles », hypothèse qui n'est appuyée
d aucune preuve.
Ni l'année de la naissance ni celle de la mort de notre
poète ne sont connues. On serait tenté de supposer que
ledaïah naquit entre 1276 et 1280, par la raison suivante.
' Lortliograplie de ce nom diffère
dans les manuscrit?. On trouve D^J133'N,
( r K se prononçant e, comme dans Lattps ,
WND'? et cJ^oV)- 0" appelle aussi notre
poète Don /?on«tPro/«((ci-après. p. 377)
et n'313 JK, (ms. de Nimes, n" i37a3;
Revue des Etudes juives, III, p. a35).
DU XIV SIECLK. 361 ^,^. ,.,^_..^_
Voir <i(l''ssous.
Dans sa îettre apologétique, adressée à Salomon ben-
Addéretli (Adrel) vers i3o5, ledaïah se dit encore jeune 11.377.
(tsis). Pour oser s'attaquer à i'autorité du célèbre rabbin iiisi. lin. .i.> u
s n' 1 I I ■• I I -1 • • • . • l'ianrc, l. XXMI.
de Barcelone, ledaïah devait avoir au moins vingt-cinq ans, j, ,jj^ ^,^,,1,
sinon trente. M. Grœtz, pour cette raison, place sa naissance cwii. dci j»-
vers 1280. .tcn.vii.j.. .Go.
M. Steinschneider, dans son ouvrage sur les traductions p. ho.
hébraïcjues des livres de sciences, couronné par l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, ne se prononce
pas sur la date de notre auteur. H n'admet pas la date
de 1280 pour la naissance de ledaïah j)ar les raisons sui-
vantes : i°Gersom, fils de Salomon, dans son encyclopédie, iiisi. im. .le la
composée, d'après M. Steinschneider, vers 1290, cite l'ou- !/"5"s„ v' M,i^v^"'
vrage philosophique d'Alfarabi intitulé en hébreu nym an:
et traduit par ledaïah; si notre auteur était né en 1280,
cette traduction aurait été faite par lui à l'âge de dix ans,
ce qui est impossible. (Nous verrons plus loin (pie ledaïah
n'a fait qu'améliorer une ancienne traduction de ce traité
philosophique; Gersom avait pu par conséquent citer l'an-
cienne traduction.) 2° M. Steinschneider soutient que ledaïah
ne connaissait que la paraphrase d'Averroès sur la Méta-
physique d'Aristote. Si ledaïah était né entre 1 2 76 et 1 280,
il aurait dû connaître, vers i3oo, le commentaire moyen
d'Averroès, qui fut traduit en Italie vers 1 284. Mais ledaïah
ne dit pas, dans ses ouvrages philosophic[ues, qu'il ne
connaît pas de traduction du commentaire moyen; c'est
Abraham Bibago qui le conclut du fait que ledaïah ne le cite Monais-^chi..
jamais. Ne pas mentionner un ouvrage ne veut pas toujours ' ' '' '
dire qu'on ne le connaît pas.
Cependant un document publié dernièrement par Re». des Études
M. Neubauer semble donner raison à la conclusion de J""'".xx,p. làA
et suiv.
M. Steinschneider quant à la date de la naissance de ledaïah.
Dans son commentaire sur les passages agadiques du Tal- voir ci dewous,
mud, ledaïah dit être entré à l'école du fameux Meschul- p ^'^
lara, fils de Moïse de Béziers, à l'âge de quinze ans. Or France, t. xxvu!
Meschullam doit être né de 1190 à 1195, puisqu'il est P- ^iS-
plus âgé que son contemporain Moïse fils de Nahman
TOME MU. 46
iurBilKMC UTI*X«U.
^ . 362 LES ÉCMVAINS JUIFS FRANÇAIS
xrr siRcui.
(Nahmanide) de Girone, qui naquit entre 1196 et 1200.
Si ledaïah était né en 1276, ce serait en 1290 qu'il serait
entré à l'école de MeschuUani, qui aurait été centenaire
alors; ce fait, ledaïah l'aurait certainement mentionné.
De plus, il semble résulter d'un passage du susdit commen-
Hev. (les Kiude^ taire que ledaïah fut gendre de MeschuUam. Il serait donc
juive», XX, p. j48. pi^g raisonnable de placer l'année de naissance de ledaïah
entre 1 2 55 et 1 260, et de le faire entrer à l'école de Meschul-
lam deiayoàiayô, quand son maître était âgé de quatre-
vingts à quatre-vingt-cinq ans. Reste la difficulté du motT»x
«jeune», que ledaïah s'appliquerait en i3o5, à l'âge de
quarante-cinq ou cinquante ans, difficidté qu'on atténuerait
en disant que, eu égard au grand âge de Salomon ben-Adret,
à qui ledaïah adresse la lettre, celui-ci a pu se donner l'épi-
thète de l'yx «jeune », même à l'âge de quarante-cinq ans;
ou bien, on peut dire que l'épithète t-ss «jeune» serait,
comme M. Steinschnelder le suggère, un terme général de
modestie et d'humilité, conforme aux usages de Provence et
d'Italie, analogue enfin au mot jop « petit » dans les correspon-
dances rabbiniques d'Allemagne et du nord de la France.
Il y a cependant une objection à faire sur la date de 1 2 55
à 1260 pour la naissance de ledaïah; c'est, comme nous le
p. 367. verrons plus loin, qu'il a composé à l'âge de dix-sept ans,
c'est-à-dire alors en 1 2 7 2- 1 2 7 7 , un traité d'éthique, et, une
année plus tard, son traité en faveur des femmes, compo-
sition qui lui donna le droit d'être compté parmi les poètes
de l'époque, de sorte que son père n'aurait pas manqué de
Hisi. M. Je la lui cousacrer une ligne dans son poème, qui est une espèce
P-Tel.' *" ^^^" ' d'histoire de la poésie hébraïque. Cette pièce fut écrite
i 1 ' ,1 après 1 290, et ledaïah se serait montré poète remarquable
de 1272 à 1277. Abraham de Béziers, qui, comme nous le
p. 36', verrons, a fait grand cas de la liturgie des mem de ledaïah,
et a témoigné son approbation par deux lignes en vers,
aurait-il négligé de mentionner son fils dans une revue
poétique? Nous ne le croyons pas. Abraham s'étant vanté
iii^i. lin. (le la d'être un des premiers poètes de l'époque, il aurait certaine-
Francfii.xxvii, ^^J^^ mentionné l'hérédité de ce talent dans sa famille
p. 710.
XIV' SIÈCI.C.
DU XIV SIÈCLE. 363
Si l'on admet, au contraire, la date de la naissance de ledaïah
vers 1276, il aurait composé sa liturgie des mem en 1 289,
à l'âge de quatorze ans, il serait entré à l'école de Meschul-
lam en 1 290, à l'âge de quinze ans, il aurait fait son traité
d'éthique à l'âge de dix-sept ans, en 1292, et l'éloge des
femmes à l'âge de dix-huit ans, en 1298, quand Abraham
avait déjà expédié sa revue poétique à Todros; en i3o5,
ledaïah avait trente ans, âge où il pouvait encore se donner
l'épithète de «jeune ». Quant au grand âge de MeschuUam,
ledaïah ne crut peut-être pas devoir le mentionner, le fait
étant connu dans toute la communauté, et le centenaire
pouvait bien avoir une jeune fiUe à marier, si tel est le sens
du document tiré du manuscrit de l'Escurial.
L'année de la mort de ledaïah n'est pas moins incertaine
que celle de sa naissance. M. Graetz la met vers i34o par Gesrii. der Ju
la raison suivante. L'ouvrage de ledaïah, l'Examen du ^«ij' v"- f^^o.
monde, semble avoir été composé (nous discuterons ce fait
plus loin) après l'expulsion des juifs du midi de la France
en i3o6. Or M. Graetz trouve que le traité sur les Échecs
qu'on attribue à notre poète fut composé trente ans après
l'Examen du monde; ce qui donnerait pour la date de la
dernière mention de ledaïah l'année i336 à peu près.
Mais nous verrons dans la suite que le traité des Echecs ne
peut pas être de ledaïah.
Nous n'avons aucun détail sur la vie de notre auteur,
excepté le fait de son entrée à l'école de MeschuUam de
Béziers. Il fut probablement un poète précoce, comme le
fameux Ibn-Gebirol, si l'on admet que la liturgie hautement
approuvée par son père fut composée par lui- à l'âge de
quatorze à seite ans. La biographie de ledaïah serait donc
très courte, si, avant de nous occuper de ses ouvrages, nous
n'avions à donner un aperçu des erreurs que les biblio-
graphes ont répandues à son sujet.
Bartolocci dit que ledaïah ben-Abraham Hapenini, sur- BiWiotiicca mh
nommé ausei Habbedarsci, ou Habbredrasci, était Espa- Wmca.iii.p. c.
,gnol et floriasait à Barcelone l'an 5o58 de la création du
monde -= 1298 de notre ère. Il donne cette date d'après
/16.
MV' Slkr.LE.
364 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANC \IS
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slO-
rlr<i, |i
..67.
.lair.i, 111,-1
David dans, qui fait une confusion entre notre auteur et
Jacob (le Bézicrs, qui a demeuré à Huesca. Wolf, qui repro-
duit les mêmes renseignements, dit cependant, dans une
note, que v^-2 semble signifier Béziers. Dans son troisième
volume, il donne, d'après Le Long, le nom de la ville natale
de ledaïali Bitcrrcnsis, forte a Biterris, Galliœ Narhnncnsis
oppido.
De Rossi dit que ledaïah (on le trouve dans l'index de
son catalogue des manuscrits hébreux au mot Appenini) flo-
rissait à Barcelone en 1 ^98, et que quelques-uns alTirment
qu'on l'a surnommé Badrosci, parce qu'il était natif de Bé-
ziers en Languedoc, ville qu'on dit en latin Biteirœ.
nii.iioiii.n |ii M. Fùrst dit que notre auteur était de Béziers, sans
s'occuper de la date de sa naissance; il ajoute, d'après
MM. Zunz, Mnnk et Dukes, que ledaïah composa son Panles
i\ l'âge de dix-sept ans, et son livre sur les Echecs trente ans
après l'Examen du monde. Tel est également le raisonne-
ment de M. Grœtz, comme nous l'avons vu. M. Stein-
schneider, qui ne donne jamais que les renseignements
fondés sur ses recherches personnelles, ne propose rien
sur les dates de la naissance et de la mort de notre auteur.
La biographie en hébreu que M. Joseph Weisse a donnée
de ledaïah, dans sa préface à l'édition de l'Examen du
Mîonde, n'est pas plus riche. On y dit, sans apporter de
raisons, que l'Examen du monde fut composé en l'année
rjoJS (1 iyS), dans la même année où Jacob ^kdoï ("CKay) de
Béziers fit paraître sa traduction hébraïque du commentaire
arabe de Maimonide sur la section Nascliim de la Mischna.
Les deux auteurs n'ont cependant rien de commun, sauf
que tous les deux s'appelaient Bedersi. Jacob fit en réalité
•«a Iraduclion à Huesca, en Espagne, en 1298.
SES OUVRAGES.
I. Nous croyons que la première production de ledaïah
lut son hymne en mille mots, dont chacun commence par
Ja lettre n, comme le titre poon rwpa, « Prière des m », l'in-
DU XIV SIECF.E.
365
xiï* siK( i.r.
UerOri, m, XI.
71; XII, 369.
liibliotli. rahli. ,
III, p. 7, n""6.
(lif[uc. Son père Abialiain, très satisfait de cette production
de jeune homme, en fil un éloge en quatre lignes, qu'on
trouve dans des nianuscrils, et c[ui a été publié par MM. (iar-
moly et Dukes. Le sens du poème de ledaïah n'est pas très
clair; c'est une série de jeux de mots sur des passages bi-
bliques. En tout cas, aucune autre production de ledaïah
n'y est mentionnée, omission qui serait surprenante, si ce
n'était pas ici la première œuvre du jeune auteur, il serait
p(Mit-être trop hasardé de supposer que le mot anî, qu'on
Iroiive, à la première ligne, dans ant'C ■•iica, « dans les séries
«des eaux (des t:) d'or» (conip. (ien., xxxvi, Sq), fait allu-
sion à l'àgf de ([uatorze ans (t= 7, n = 5, 3 = 3 ) que ledaïah
avait quand il fit cette liturgie, lîartolocci donne comme titre
de cette pièce oc?"? nSnn, « Louange à Dieu », formule très or-
dinaire, mise sans doute au commencement ou à la fin par
un copiste.
Cet hymne a été imprimé souvent à la suite de l'Examen
du monde : 1° en i55i, avec le commentaire de Joseph
Francès; 2° en 1 698, avec un commentaire anonyme (sans
doute de Yom-Tob Lipman Heller) ; 3" avec une traduction
latine par Hil. Prache, Leipzig, 1662 '; l\° en 17^3, avec
une traduction allemande (en caractères hébreux) par Lsaac
Auerbach, sous le titre nyjt p:22; 5° en 1768, avec un com-
mentaire de Nethanel fils d'Alexandre hal-Lévi; 6" en 1 770.!^;
7"en 1786 (deux fois); 8° en 1791; 9° en 1792; 10° en 1795;
1 ravec un commentaire portant le titre de 31a ic?3D, Brùnn, Ouarhasscfarim,
11- • 11 » 1 I 1 r> - • lettre y, p. 43 1.
1799; 12° avec la liturgie d Abraham delieziers, commen-
çant par la lettre V, sous le titre commun de iman m'?'?!», iiist. litt. de la
Fûrth, 1808, édition accompagnée d'une traduction aile- J^'-l^'-^^. '■ xxvii,
mande [de Hayyim Hirsch Schwabacher] et d'un commen-
taire [de David Ostensosser] ; 1 3° en i838, avec une tra-
' M. Steinschneider mentionne une
édition, date et lieu d'impression dou-
teux, dunt il y a un fragment à la biblio-
thèque Bodiéienne, Oppen., 392. De
Rossi mentionne encore une édition de
Mantoue, i556; elle ne se trouve pas
dans la liste des éditions de l'Examen
2 6
du monde de cette année; il est pro- Steinschneider,
bablc que de Rossi n'a jamais vu cetle Catal. Bodl. , ci!.
édition. M. Benjacob cilc une préface à 1287.
l'Examen du monde et à la liturgie des Otsar hassefarim,
mem sous le titre de ^2;N^DK^^p, sans lettre 3. p- 83.
indication d'auteur ni de lieu d'impres-
sion.
. , 366 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
duction de Joseph Hirschfeld; i4° en 1847; 15° en 18 56,
avec le commentaire de Lipman Heller et un autre inti-
tulé ant *jrx.
Dans quelques manuscrits, une pièce de ledaïah suit les
lignes approbatives de son père. Cette pièce (noim) com-
mence par le mot tiidn, et l'acrostiche donne na 'û'jdh h'^t» 'jk
pjn Dmax. En tête, ledaïah dit que, n'ayant pu, faute de
temps, mettre son nom à la fin de sa liturgie, il y supplée
par cette pièce. On la trouvera imprimée dans ÏOrient
(IV, p. 489) et dans le Hakkarmel (I, p. SSy).
Tout cela nous paraît de bien mauvais goût; mais de
pauvres proscrits étaient excusables de chercher dans des
jeux de patience un soulagement à leur vie de reclus.
ledaïah arriva promptement à une grande réputation, et
cette réputation , il la dut probablement à la liturgie vantée
)ar son père. Les juifs de toutes les époques ont eu la fai-
)lesse de croire un peu trop aux enfants prodiges. ledaïah,
nous l'avons dit, ne pouvait avoir moins de vingt-cinq ans
en 1 3o5, quand il adressa son épîlre à Salomon ben-Adret;
il doit avoir composé la Uturgie à l'âge de quatorze ans,
en 1 294 au plus tard; mais il est possible qui! l'ait écrite
beaucoup plus tôt, si nous mettons sa naissance vers 1 a 60.
Hisi. litt. de la Cetfce liturgic est attribuée à tort, dans quelques manu-
Fraiifc, t. xxvii, scrits, à Joseph EKobi, entre autres dans deux manuscrits
de la Bibliothèque nationale, n°* 661, 1, et 970, 4, du
nouveau catalogue.
G
p. 7o5.
II. Le DTiBn noD, « Livre du Paradis », traité de morale, en
3uatre chapitres, précédé d'une courte préface. En voici la
escription d'après le manuscrit de la Bodléienne. Nous tra-
duisons le commencement de la préface : « ledaïah Happe-
« nini dit : Tandis que je m'entretenais avec mes camarades
« sur l'éthique, étant encore jeune, ils me demandèrent de
« composer pour eux un traité qui pût leur servir de guide
« dans la vie. Je consentis alors à écrire ce traité, et je l'in-
« titulai « Livre du Paradis », pour la raison suivante : comme
« le parties est plus petit qu'un jardin et fait seulement pour
DU XIV SIÈCLE. 367
.IIV' SlÈCUt.
« s'y promener, non pas pour qu'on tire profit de ses arbres
• et de ses fruits, ainsi ce traité ne contient qu'un petit
« nombre de sentences morales. »
Les quatre chapitres portent les titres suivants : nnva ^ï©
• niTonni «nian», m chapitre sur le culte du Créateur et sur la
«dévotion»; 2° a-iiNm amxnnyw, «chapitre concernant l'ami
« et l'ennemi »; 3° rniKian ■<bvis |n3ii oVi^nnaMya i»v, « chapitre
«sur le détachement du monde et sur son inconstance»;
4° miavi niTcnn inx on^"?» dikh tioï'' ivk moann phm^ nioba ^»c;
Q"'p'?«n , « chapitre sur l'instruction et la division des sciences
« que l'homme a besoin de connaître après s'être occupé de
«la dévotion et du culte divin»; ce dernier chapitre a les
subdivisions suivantes : a. iio^n nioi noann n'jïDa -lanon , «sur
• la valeur de la science et la méthode de l'enseignement»;
b. HKicnn poana naicn, « sur la science de la médecine »; c. naion
D'jna, « sur la jurisprudence »; d. lann nsM'jDa laion, « sur l'art
« de la parole », c e8l-»à-dire la logique et la grammaire;
e. nMVDna naion, «sur les démonstrations erronées (sophis-
« tique) » ; y. mcann ]o nNWJa noKDn , «sur les sciences autres
M que la logique»; g. ^)'>v^ nr'TOa naion , «sur la prose rimée
« et la poésie ».
Il existe une ancienne édition de ce traité ^ qui diffère
beaucoup du manuscrit d'Oxford. Dans l'édition , les subdi-
visions sont marquées par le mot "i»w, comme les quatre
chapitres dans le manuscrit; le traité devrait par conséquent
avoir, dans l'édition, dix chapitres; mais, comme nous
verrons plus tard, il n'en a que huit. A la fin, ledaïah dit :
« C'est assez pour notre âge tendre et presque enfantin; car
«tu sais« mon frère, que je suis maintenant âgé de dix-
«sept anSi » Le texte original de ce passage a été publié
par M. Dukes. Le manuscrit d'Oxlbrd est probablement Naii.Qed.p m.
unique, car celui sur lequel l'édition fut faite, et où l'on
trouve huit chapitres 4 n'existe plus à notre connaissance.
C'est M. Luzzatbo qui a découvert, dans la bibliothèque
Ghirondi', celle édition rare, qu'il croit avoir été im-
' A présent dans Id bibliothèque de M. HtilbersiMii , & Blelitz ( Siiésie autrichienne).
XIV 8IK0LB.
368 LES ECWVAINS JUI(-S FRANÇAIS
C.utal. (le ri'llc
l>ilili»lli., Il" ()8'i.
DciOrionl. XI,
primée à Constantinople en 1 5 1 7 ; il en a donné la descrip-
tion dans Y Orient. Il y dit qu'elle coninience par les mois
suivants : nii:in mcm nzmn nan^nm icicm Tw n ri3'''7D3 dt.eh idd
V't ''cnnan n'VT'Tnnn"?, « Livre du Paradis, traitant de la])oésie,
« de la morale, de la bonne conduite et de la droiture, par
«ledaïali Habbedersi. » C'est sans doute un litre que le co-
piste ou l'imjjrimeur aura fa])ri(|ué, comme l'indique la
formule d'éloge V't (nsi:'? uns»), « que sa uiémoire soit bénie ».
Une réimpression de l'ancienne édition, basée sur un
exemplaire de la bibliothèque de Tui-in, vient de paraître
dans le Mcnjcizin fur licbraïsche Lilcralnr iind JVtssenschaJÏ,
Pocsic uiul Bcllcirislik, publié par Eisig Griiber, année 111
(1890), pages 1 à 1 3 de la partie intitulée "jaixo ptiin (tout
le volume est en hébreu). L'édition a été faite par M. le
D' Joseph Luzzalto (fils du célèbre S. D. Luzzatto); il y a
des notes bil^liographiques à la fin. Le texte de l'édition esl
plus court que celui du manuscrit d'Oxford; les variantes
sont nombreuses. La concordance entre les deux textes est
la suivante : manuscrit 1 = Ed. 2;2=o;3 = i;4 = 3;
4 rt == o; /ib se trouve en partie dans 7 de l'édition; 4 c = 4 ;
4^/= 5; 4 <' qui Iraile aussi de l'astronomie (astrologie) =6
et 7 (le dernier paragraphe avec le litre n:i3nn -lyc); 4 /==
fin du 7; 4,7= 8. Le texte imprimé est-il une première
recension, et le manuscrit une révision.^ Nous ne saurions
fafiirmer; car ledaïah ne parle jamais de deux recensions
de ses ouvrages.
M. Luzzatto fait observer que l'ancienne édition était
connue d'Amédée Pe y ron, l'auteur de la grammaire et du
dictionnaire copte, qui en parlait avec éloge en 1820, dans
le livre intitulé : jSolitia libroruin manu typisve descriptorum
qui, dunante abb. Thoma Valpcnja-Calasio , V. CL, illati sunt in
re(j. Tuannensis Athenœi bibUothccam, p. 44, et qu'il donne la
traduction de plusieurs passages. M. Luzzatto a peut-être
Voir (1 dessus, ralson de supposer que l'épithète de Penini que ledaïah
''■ ■"'"■ s'attribue et l'analogie du contenu du d^:ud ^^^D avec celui
du Pardc'S ont fait donner tout d'abord au Pardcs le titre
de D^i'jEn inaD . En effet ce dernier ouvrage est mis sur le
DU XIV SIECLE.
3G9
compte (le notre auteur par quelques bibliographes anté-
rieurs à Buxtorf. Wolf protesta contre cette attribution; il
a été suivi par MM. Dukes et Zunz, puis par tout le monde.
III. Un traité pour la défense des femmes, intitulé bs"?»
dtj:, « Le bruit des ailes », par allusion à Isaïe, xviii, i .Tel est
le litre que l'auteur donne à son traité, tandis que le titre
D'crj amn, « L'ami des femmes », que M. Neubauer a mis en
tête de son édition, a probablement été donné au livre par
le copiste du manuscrit unique, parce que le traité est dirigé
contre celui de Juda ben-Schabbetai, qui était surnommé
D^c'j Xjic?, « L'ennemi des femmes ». L'ouvrage de ledaïab est
écrit en prose cadencée, entremêlée de vers. L'auteur le
composa à l'âge de dix-huit ans et le dédia à ses deux amis
Meïr et Juda, fils de Don Salomon Del Infanz, d'Arles.
Le manuscrit orthographie ce nom de famille v;xd'kc?'7t;
mais la vraie leçon se trouve dans le manuscrit d'Oxford
n° 2 356, qui renferme la seconde partie du traité Ittiir
d'Isaac ben-Abba-Mari de Marseille. Là il est dit qu'un
certain Vidal a vendu ce manuscrit en i343 à Jacob Bon-
(lodas (ce nom est ordinairement l'équivalent de Juda)
V;ej\vc''7t, c'est-à-dire, selon l'habitude provençale, Jacob
(ils de Juda Dels Infanz (ou Dels Infants). D'après M. Neu-
bauer, ce Jacob est probablement identique au fds de
Juda auquel ledaïab dédia son traité, et M. Neubauer
ajoute que le nom de Delsinfanz, qu'on peut comparer au
nom de Delsfils (c?'7''Dr'7n), représente le nom de famille
hébreu a^^van p, que portait l'Italien Moïse fils de Juda, en
ila\ien, DeiFanciuUi. M. Steinschneidertraduitce nom hébreu
par Je Racjazzonibus , nom qu'un imprimeur italien et chrétien
portait en 1 496. M. Neubauer propose encore l'identification
de Juda fils de Don Salomon Del Infanz, avec Juda fils de
Salomon fils de Meïr Del Infantes ( vd^e^x'?! d'après le ma-
nuscrit de Turin, et dans d'autres e?i'?DKT,Des Plans?), qui
avait adressé une lettre à Abba-Mari de Lunel. Toutefois il
faut noter que ledaïab et ce Juda émirent des opinions
opposées dans la dispute entre les orthodoxes et les philo-
\tï* SIÈCLE.
BikI. Iiebruira ,
I, <0'|.
Aiiiialen. i^.'mi.
|). 68.
Ziir Gesrliirlitp
unil I,it., p. 'ifig-
Catal., col. 822.
Ilist. lin. (le la
I-'ranre, t. WVII .
p. 5 30.
Zunz.ZurGesrli.
uikI Lit., p. 461.
Catalogue Bodl. ,
n" 239, col. à?..
Mazkir, XVIll,
p. 119.
Hist. litt. (le la
France, t. XWII,
p. 689(n°xcviii).
TOME XWI.
4:
2 6*
XIV* SlicLB.
P. 378.
Voir ci-dessus,
p. 363.
370 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
sophes, comme nous le verrons dans la suite. Si l'on ne
veut pas admettre que les deux amis aient pu rester
unis malgré cette dififérence d'opinions (ce qui peut bien
avoir été le cas, d'autant plus que ledaïah, à en juger d'après
sa lettre apologétique, semble avoir eu un caractère calme
et nullement passionné) , on se rappellera que la dispute en
Hist. lia. de la Provence ne prit guère un caractère aigu avant le com-
p.T/g.' '^'^^"' raencement (lu xiv' siècle; or le traité de ledaïah, dédié
aux deux frères Dels Infants , fut composé au plus tard
en 1 3 98 , quand notre auteur avait dix-huit ans, si l'on admet
qu'il était âgé de v|ngl-cinq ans lorsqu'il composa sa lettre
apologétique. D'ailleurs, nous avons dit que ledaïah, à cette
époque, pouvait avoir plus de vingt-cinq ans, tout en étant
encore jeune. Il est donc possible que notre traité ait été
composé même avant 1298.
Pour faire mieux comprendre pourquoi ledaïah s'est oc-
cupé d'un sujet si étranger à l'esprit juif, nous donnerons
un court aperçu de la littérature des écrivains juifs con-
cernant les femmes.
Le médecin Juda,fils de Schabbetai Lévi de Barcelone,
avait composé, en 1208', à l'âge de vingt ans, dans un
style agréable et attrayant, un traité contre les femmes, inti-
Maiariiie, m, h. tulé mm"» nnjD, « Offrande de Juda, » ou wvin kjw, « L'ennemi
« des femmes ». Il imagine un personnage non)n)é Zerah
fds de Tahkemoni, qui est cruellement puni de sa haine
contre les femmes par un mariage d'amour avec une belle
jeune fille, laquelle se montre, après le mariage, une véri-
table Xanthippe.
Juda fit une revision de son traité à l'âge de quarante
ans, pour la raison suivante. Un certain Hayyim ibn-
Samhoun accusait Juda, par jalousie, d'avoir plagié des
' L'édition ainsi que les ioa()u»crits
de ce traité dont nous disposons donnent
la date en toutes lettres : A968 A- M- =
I a 08. La revision porte la date en toutes
lettres également: ^988 A. M.— iaa8.
Cest la date juste, pubque le traité
d'Isaac contre Joda fut composé en
l'année ^970. On peut voir plus de
détails si^r ces dafes dans l'article de
M. Ilatberslam [Yeichurun , VII [partie
hébraïque] , p. 33 et suiv.) et dans cdui
de M. Kaufmann (Gôtling. g^Uhrte An-
zeigen, i8o5, p. 44* et stiiv.)
DU XIV SIÈCLE.
371
Xlv'illÈcl.E.
vers qu'il aurait vus à Alep chei Joseph ben-Juda, le fameux
disciple de Maimonide. Dans sa revision, Juda montre que
sa pièce date de vingt ans, qu'elle était faite bien avant
qu'il eût connu le disciple de Maimonide.
En 13 10, un certain Isaac composa, en réponse à Juda,
un traité en faveur des femmes sous le titre de wv: mîv (jeu
de mois avec « la galerie des femmes » dans le temple de Jéru-
salem) , « L'aide des femmes », dans lequel un personnage fic-
tif, Absalom , conjure Hobab de se marier. On lui trouve, en
eflFet, une femme possédant toutes les vertus et qui rend
son mari heureux. Juda ne fait aucune allusion, dans sa
revision, à la composition d'Isaac. 11 ne connaissait peut-
être pas le travail de son antagoniste, ou, ce qui est plus pro-
bable, le travail du jeune Juda fut une fantaisie qu'il ne
prit pas lui-même au sérieux (Juda, en effet, semble s'être
marié et avoir été très heureux). 11 ne crut donc pas nécessaire
de répondre à Isaac. 11 resterait une autre question, à savoir
si Juda fut poussé à faire son étrange production par la
lecture de poésies semblables en espagnol, ou s'il a été ori-
ginal dans son inspiration poétique. Mais Juda n'étant
pas Français, et ayant dû être mentionné seulement à l'oc-
casion de notre ledaïah, nous pouvons ne pas nous occu-
per ici de répondre à cette question.
ledaïah est le troisièine auteur juif qui se soit occupé
des femmes. 11 dit qu'il a lu le traité de Juda et qu'il s'est
proposé d'y répondre. ledaïah parle de Juda avec beaucoup
de respect; il ne l'attaque pas, mais il invite son ombre
à descendre du ciel pour être présente quand on jugera
entre eux deux.
M. Kaufmann fait observer que ledaïah commence et
finit son traité à la manière des troubadours, c'est-à-dire
par des poèmes de dédicace et d'envoi. Nous avons vu que
son père Abraham connaissait les troubadours Folquet (de
Marseille et non pas de Lunel) et Pierre Cardinal. M. Kauf-
mann mentionne encore Marcabrun et le moine de Montau-
don, auteurs de poèmes concernant les femmes. Mais nous
ne croyons pas que le poète hébreu, dont le style ne
47.
Kaufmaiiti , dans
(!ôlt. gel. Km. ,
i885, p.\H.
Gôtl. gel. Ani.
i885, p. ai.
Hist. litt. Je la
France,!. XX VU.
p. 714.
Ibid. , p. 714.
VIV* SIÈCLE.
372 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
montre pas trace de l'influence des troubadours, ait
justement adopté leurs usages au commencement et à la
v..ii (i dessus, fin. ledaïah s'appelle ici Tobiali, mol qui est sans doute
•'**'" la traduction hébraïque de son nom provençal Bonet,
non pas une imitation d'une maqama, comme M. Neu-
oiiei) Naschini , bauer le proposait. L'Asmodée du poème d'Isaac est re-
i)ieare, p. 1.9. présenté, chez ledaïah, par Cusciian Rischataim, dont le
Jus.'es,iii,8. nom est biblique, et qui joue le rôle d'ennemi acharné
des femmes. Il tombe dans la bataille, et les femmes bon-
dissent de joie. Zerachiah, le général de la raison, devient
roi ; sous son règne on se marie et on est heureux. Ce que
Juda concède à ledaïah, c'est qu'on doit se marier une
fois ; mais convoler en secondes noces , c'est folie.
L'édition de M. Neubaueraétéfaite d'après un manuscrit
Calai. col. 8 n. uuique d'Oxford (n° 2898), qui est d'une écriture ita-
lienne assez récente et peu correcte. En outre, la copie du
manuscrit qui a servi à l'éditeur n'était pas pourvue des
points de séparation entre les phrases qui riment, de sorte
3ue l'édition ne les a pas non plus. De la sorte ce traité,
éjà assez diflicile à lire à cause du style forcé de l'auteur,
le devient encore davantage. Ajoutons que beaucoup de
passages restent obscurs, comme c'est ordinairement le cas
quand on fait une édition sur un seul manuscrit, qui n'est
Hôti. gel. Anz.. pas l'original. M. Kaufmann ainsi que M. Steinschneider
i« 0, p. 'liG. ^^j proposé quelques heureuses corrections; mais la tâche
Isr. Leuerhode, j l ■ ^-,j achevée.
XII, p. oy. _ _
L'édition de M. Neubauer a paru dans le volume publié
en l'honneur de feu M. Zunz, à foccasion de sa quatre-
vingt-dixième année, sous le titre suivant : Jubehclirift :um
nevnzigsten G eburtslag des ly L. Zunz, BerWn^ i884, in-8°.
L'avant-propos en anglais se trouve dans la première partie
(p. i38 à i4o), et le texte dans la seconde (p. 1 à 19).
Une nouvelle édition d'après le même manuscrit est en
préparation.
La littérature pour et contre les femmes fut reprise, chez
les juifs, en Italie, vers la fin du xv* siècle, par les auteurs
suivants, dont M. Steinschneider a dressé la liste alphabé-
DU XIV SIÈCLE. 373
KIV' SIÈCLE.
tique dans son excellent mémoire sur le sujet, qui a paru dans
la Jsraëlitische Leltcrbodc , XII, p. 49 à 94- Ce sont : Abigdor
de Fano, avant i49'^; Abraham de Sarteano; Daniel, fdsde
Samuel de Rossana; David, fils de Juda, messer Léon, dont
nous donnerons un extrait relatif au séjour de Pétrarque à
Avignon; hjliede Gennazzano;Gedaliah ibn-Yahya, le chro-
niqueur; Israël Cortona, vers i53o; Jacob (fils de Joab
Elie) Fano; Jacob Francès; Juda Leone Sommo. H y a
également sur le même sujet plusieurs traités anonymes,
dont quatre entremêlés de strophes italiennes. La plupart
de ces textes ont été publiés par M. Neubauer dans divers
volumes de Ylsraëlitische LellcrboJe; les renvois bibliogra-
phiques se trouvent dans le mémoire de M. Steinschneider.
Un grand nombre de ces pièces sont écrites en vers
et difficiles à comprendre; les auteurs ne citent guère à
l'appui de leur thèse que des femmes de la Bible. L'ouvrage
de David messer Léon (fin du xv* siècle) est en prose; il a
été fait à l'occasion d'un commentaire sur le chapitre xxxi
des Proverbes. Dans .son éloge des femmes, l'auteur men-
tionne, entre autres noms, celui de Laure. Voici ce passage
intéressant :
«Pour continuer notre sujet, nous dirons que la femme Uev. dei Ktudt-
«dont nous avons parlé était une femme d'Avignon, en iï's,"'. ' '' ■^
« Provence, du nom de Laura. Si tu veux en être mieux
«convaincu, sache que François Pétrarque était un Fio-
«rentin, bien qu'il fût né le i" août de l'année i3o3 à Ms. .ic Parme
«Arezzo, où son père se trouvait après avoir été exilé de '^°''
« Florence. Sa naissance eut lieu avant la fin de la première
» année de l'exil. Sa mère demeura ensuite à Incisa, non
« loin de Florence, jusqu'à ce que l'enfant commençât à
« grandir. A l'âge de huit ans, lorsque l'enfant vit que ses pa-
« rents étaient obligés de changer sans cesse de lieu de sé-
• jour, il leur persuada de quitter l'Italie et de s'installer
« à Pise. Ils y restèrent deux ans. Sur la prière du jeune m», de Parme. /i
«Pétrarque, ses parents vinrent s'établir à Avignon, ville
« célèbre alors en Provence, comme Naples l'est aujourd'hui,
«Là et à Carpentras, le jeune homme apprit la gram-
\iv sieccE.
374 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
«maire, la logique et la rhétorique. Il se rendit ensuite à
« Montpellier pour y étudier le droit et y resta quatre ans.
« Ayant entendu parler des bonnes études qu'on faisait à
Ms. lie Parme, i. « Bolognc, il sc rendit dans cette ville et y resta trois ans.
« Puis il revint à Avignon pour voit* ses amis. Le vendredi
«saint (qui tomba, cette année, le 6 avril, au témoignage
M même de Pétrarque, qui dit, dans la dernière partie
« du Triomphe de la Mort, que son amour commença et
« finit le 6 avril), en allant à l'église, il vit une jeune fille,
« native de Graveson, village près d'Avignon. Elle s'appelait
« Lauretta, nom qu'on rencontre souvent dans le pays. Cette
Il femme alluma dans son cœur un amour ardent, qu'il garda
« pendant trente et un ans, vingt et un ans du vivant deLaura
Il et dix ans après sa mort. Il lui donna le nom plus coulant
« de Laure, et il écrivit à son insu de beaux morceaux qui
Il resteront célèbres à jamais. Que cette Laure ait été un per-
II sonnage réel, cela est suffisamment prouvé par les nombreux
Il vers qui commencent par son nom et par ceux qui font allu-
« sion au laurier. Que son amour ait commencé le vendredi
Il saint, cela résulte de la seconde strophe où il dit : » Ton
Il soleil a commencé, celui du Christ s'obscurcit. » Que Laure
Il soit née dans un village, cela ressort de la troisième
Il strophe, où il est dit « qu'il ne faut pas s'étonner qu'une
«femme illustre ait vu le jour dans un village, quand on
M sait que Jésus n'est pas né dans la grande ville de Rome,
« mais à Bethléem, et tout cela pour prouver l'humilité (des
«deux) I). Enfin, que Laure soit née à Graveson, c'est ce
M que Pétrarque nous apprend, dans la première partie du
« Triomphe de la Mort, par les mots suivants : « Car ma
Il bien-aimée est née dans un endroit qui se trouve entre
« deux rivières nommées Sorgue et Durance. » Ce village se
« trouve, en eflPet, au milieu de deux rivières. Ce fut là que
« Pétrarque et Laure restèrent longtemps, l'amour qu'il
Il avait pour elle continuant à durer.
« Il y composa un grand nombre d'ouvrages, par exemple
« l'Académie, nom de l'école de Platon, et le Parnasse, mon-
H tagne consacrée aux poètes. Ainsi il dit dans la même
DU XIV SIECLE.
375
Son amour
XIV' SIÈCLE.
« pièce : • Quel endroit est plus nouveau? . .
«ayant commencé dans le pays d'Avignon, il mentionne,
«à la fin de son poème, le fleuve Gebenna', qui traverse
« Avignon et a sa source près d'une montagne des Alpes ?
« (ptdV -jidd), qui sépare l'Italie de la Provence, nommée
«Gebenna; c'est le nom du fleuve près de la ville de
«Genève. Ce fleuve continue son cours en France, en pas-
« sant par Avignon ; c'est pourquoi Pétrarque dit qu'il se
«rappelle encore le fleuve qui a sa source à Genève, et
«c'est le fleuve qui traverse Avignon, comme nous l'avons
« déjà dit. Ma thèse est donc prouvée par les paroles mêmes
«de Pétrarque, pour celui qui le lira, et l'opinion que j'ai
« avancée dans ma pièce en prose cadencée (sur le beau
« sexe, pièce à présent perdue), à savoir que Laure était un
«personnage réel, est solidement confirmée. »
Revenons à ledaïah. Nous avons énuméré les ouvrages
de sa première jeunesse. Bientôt nous le verrons passer à
des sujets plus sérieux et s'occuper de commentaires sur
l'Agada, de philosophie, de morale et de médecine. Il ne
revint qu'une fois à ses goûts de jeunesse, quand il com-
rsa la liturgie de milje mots dont chacun commence par
lettre m , si toutefois cet ouvrage est de lui.
IV. Commentaires philosophiques sur l'Agada et sur di-
verses parties des Midraschim , savoir : le Midrascli rabboth^,
le Midrasch Tanhuma, le Siphré (ou Spharé) , les chapitres
attribués à Eliézer le Grand (tirSK -n^pic) , le Midrasch Ne-
hamoth (mcnj, extraits des Prophètes qu'on lit les sabbats
après le g ab, jour de la destruction du temple) , et le Midrasch
Tehillim (sur les Psaumes). Tous ces commentaires ont été
composés probablement avant la lettre apologétique. Le
' A ia fia da TVioo/b delU Divinité,
on lit en çffet : • A r>va un fiume cite
t nasce in Gebenna. • Messcr Léon con-
fond le nom de Genève avec celui des
Cévenafs. L« mè^c erreur se trouve
dans les commentateurs de Pétrarque.
Comparez Suétone , Jul., a5.
llisl. lilt. de la
France, l. XXVII,
|). 717; \(»r ci-
après.
' Cest.à tort que M. Krûger dit,
sur le titre de l'édition (|u'il a donnée
de ce midrasch (Gen., i 4 xii) , Franc-
fort-sur-Mein , 1 854 . que lé commea»
taire en questioq est ordinairevMOt
attribué à Abrahaiq de Béziers.
M\' 5IECI.E.
376 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
dernier seul est imprimé jusqu'au chapitre cxrx, sous le titre
(leanin puV," Langue d'or » (Venise, 1699, in-Zj"). Les manu-
scrits qui renferment ces commentaires ne sont pas rares.
On en trouve à Paris, n° 788, 3; à Oxford, n" iSy et i58,
1 à 3; à Parme, n'" 217 et 352 du catalogue de Rossi;
à Hambourg, n" 69 b, et à l'Escuriai, G, m, 8. Dans le
dernier manuscrit, on lit que c'est la première partie du
commentaire sur les Agadoth.
V. Commentaire sur Ahoth (Aphorismes des pères, traité
qui appartient à la Mischna) et sur les passages agadiques
du Taimud de Bahylone relatifs aux traités de la j)ar-
tie rpnj, «section des alfaires civiles et criminelles», savoir
les traités intitulés Sanhédrin, Ahoda zara, Schebouoth,
Makkolli et Ilorayolh. Ce commentaire lui est attribué dans
le manuscrit déjà cité de l'Escuriai ((t, iv, 3). Nous en don-
nerons le commenc<Muent d'après une communication bien-
veillante de Don Franc. Fernandez y Gonzalez, mend)rc de
l'Académie de l'histoire à Madrid. Le manuscrit est sur
papier, et renferme i63 folios. La copie en fut achevée le
17 tammouz (juin-juillet) 5i46=i486. Voici l'en-tête qu'a
mis le copiste : la-nan iT-yT" '^.nh imhn niix cnui nztt nscD v\it
tTsiûiV-E niii' -j-n b-j c':n:N ni'iïcn '» « Commentaire sur le traité
« d'Aboth et commentaire sur des passages agadiques qui se
«trouvent dans le Taimud, d'après la méthode philoso-
«phique, par ledaïah hab-Bedersi, surnommé En Bonet».
Voici le début : icw nin (pjmai-n iscn rn\iB3 . . . min "jap nwD
nK2c:n rr-DiDn nnjcnn hv nninS bt Mti nvcMtt nnino nisD i'?d
p:DD vhn n''3e?Di amn pca yen r\'> ni.t ''3 (?) nn3j< -)ttv n'an it\'< ^s q-kh
pD3 cn^bs innjanDi non "n vna ncbcn att vinx m-'KC'nV icrci isD i.nac?
DDinj'? ncorn imin nx can"? jn: djii'3 ipo'» m"?! ^^^ naK"' kHv inbonci
TanVi dcTj Q''7C?n'7i ciTra n-'non n3n:nn n-iDC Kbi ic/"' nii ^2h•' pin
• ■-ipn3 yocno riD on.T' Hb^ 3n3 jvy ti'js irwnSi nK-113 rtt
M. Neubauer, ayant eu dernièrement l'occasion d'exa-
miner ce manuscrit, en a tiré un document curieux con-
cernant la marche des études talmudiques de ledaïah et
la méthode qu'on suivait à l'école de MeschuUam, à Béziers.
\IV ill.i.l.F.
DU XIV SIECLE. 377
Nous y apprenons que ledaïah entra à l'école de Meschullani
à l'âge de quinze ans. Ce document se trouve imprimé dans
la Revue des Etudes juives, t. XX, p. 2 45.
ledaïah renvoie, dans cet ouvrage, à son commentaire
sur les traités Beraclioth, Yebamolh, Kethouboth, Yoma,
Meguillah et Thaanith; il est donc probable qu'il a com-
UKînté tous les passages agadiques qui se trouvent dans
les différents traités du Talmud de Babylone. H cite aussi
le Guide des égarés de Maimonide, auquel il adhérait com-
plèlentent, comme on le verra dans la suite.
II n'y a aucune indication sur la date de la composition
de ces commentaires; mais le travail semble être d'un
homme qui n'a pas encore atteint sa maturité. C'est ce
travail (pii probablement donna à ledaïah le droit de se
mêler à la dispute des orthodoxes et des philosophes, dont
nous allons maintenant nous occuper.
VI. niSsimn rijx, • Lettre apologétique », ou nVsjnnn an:
(dans le manuscrit de Paris 719, 6, une main moderne
a écrit comme titre ^cimn hbd, livre de Bedersi). Le texte
imprimé dans les Réponses de Salomon ben-Adret, ainsi
que la plupart des manuscrits, a le litre suivant : ans
-acva «ispnn ick hs h"i 'ss'a'z?-!"? oiax D'':iaiK aznn n'^v le'x m'jsjnnn
m'':is''nn rnosnn iio'ja ' o-pcyncn narani; y^K, « Lettre apologéti-
« que, envoyée par le savant En Bonet Abram à R. Salomon
« ben-Adret, à l'occasion de ce qu'il s'est irrité contre leshabi-
« tants de Provence, qui s'occupaient de sciences profanes ».
Dans d'autres manuscrits, le titre est conçu comme il suit : ovfoi,i,n p
D'ciiD (ms. 2182 B3n) D'jia jn QDPn n*?» ni 3nan«ni'723nnn ans
••i''Ji' hy ■?» miK p QmaK na no'je? '1 bnan ann "îk (ms. 2182 n"DnD)
■''71K a'«nc;n rm nsj'«aniD ms-)Na ainDiV ^•>^v nriis-'nn nioann iiv^
ne?npn irmin mn^DK ipo nKs"?! nu-'D ix"? |nn nioann (ms. 2182 mkii)
jDK "jKne?' ^D1e; moe?^ av i^k ni'7npn ni'jsjnnb nti . « Lettre apolo-
' Le manuscrit de Paris 69a, 3, l'illustre rabbin susmentionné se fut
porte, au lieu de Cposnon ...'iVH "??, irrité contre les habitants des districts
ce qui suit : ■"ic'jD «jSpn DKS nnx de la Provence et du Languedoc, parce
NSi'«nD TinD •<2VV Sy 12Un ]1K3n qu'ils s'étaient occupés de. . . •
□pDSnn Vy piTiJINbl, « . . .après que
TOME XXM. ^8
cl ■>. \H-3.
I«rl!ilicttc «ATlttlIAir.
HT* (licLI.
378 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« (1
Kraiire. I. XXVII.
p. 655
gétique. Cette lettre fut envoyée par le savant Don Bonet
Profet au grand rabbin R. Saiomon ben-Adret, à propos
le l'enseignement des sciences profanes qui avait lait des
« progrès dans les pays de Provence. Quelques personnes
« craignirent que ces études n'eussent pour effet de mener
■< à l'hérésie et de faire dévier leurs disciples de la ligne de
« la vérité de notre sainte loi. Cette lettre a pour objet
« l'apologie des communautés en question. Que le gardien
«d'Isracîl les ait en sa garde! Amen. » Bien entendu, l'une
et l'autre suscription proviennent des copistes. *
La lettre de ledaïah a eu l'honneur d'être insérée parmi
les réponses d'Adret; elle se trouve dans l'édition de lôSg,
n" 4i8. On n'en a |>as fait, à notre connaissance, d'édition
oisar sefarini. Spéciale avaut celle de Lemberg [1809). En voici une ana-
'*'"*'" ^'^ lyse succincte.
Après un préambule de plusieurs pages, composé dans
Hist. 1.11. <ie la le style fleuri en usage chez les rabbins de Provence et
intraduisible dans notre langue, ledaïah se plaint de la di-
vision que l'excommunication avait introduite dans les com-
munautés de la Provence. «Ne sommes-nous pas, dit-il,
« enfants d'un même père, nous tous qui croyons au même
«Créateur, et n'acceptons-nous pas tousda loi écrite et la
«loi orale .^ Demandez si nos ancêtres n'étaient pas d'ac-
«cord avec vous' et les rabbins français. Quelle nouveauté
« dangereuse pour la religion s'est donc produite aujour-
« d'hui chez les rabbins deNarbonne, de Béziers, de Lunel,
« de Montpellier et des autres communautés de Provence
« et du Comtat Venaissin jusqu'à Marseille, jwur que vous
« ayez cru devoir les flétrir? Nous ne nous plaignons pas des
«lettres pleines de reproches qui nous sont adressées; car
« nous les considérons comme une admonition d'un père à
« son fds. Nous avons supporté avec résignation l'excommu-
«nication, et nous n'avons pas récriminé; car c'est Dieu
« qui jugera. Mais ce que nous trouvons dur et effrayant,
« c'est que vous envoyiez en Espagne des lettres, que nous
* Le • vous • s'adresse aux rabbins catalans.
Ibid., p. 66 '1.
DU XIV SIECLE. 379
XIV MECLI.
«avons vues de nos propres yeux, clans lesquelles nous
« sommes affichés devant nos frères comme un objet de
« mépris; et on noua dit que des lettres semblables ont été
« expédiées en Allefflagne et en France. »
ledaïah continue en examinant les points que Salomon
et ses amis ont relevés comme hérétiques chez les Pi'oven-
çaux : « On t'a dit que quelqu'un a expliqué Abraham
«comme représentant la matière, Sara coiAme représen- i- cic.p 657.
« tant la forme, et les tribus comme représentant les pla-
« nètes; mais je peux assurer qu'il n'en est rien. Tout ce
«qu'on a fait dans les écoles, c'est d'expliquer conàme aHé-
« gories des passages agadiques du Talmud, qui ne peuvent
« pas être pwis à la lettre, et en ceU' nous suivons les traces
«de notre grand maître (Moïse Maimooide). » ledaïah ré-
fute aussi l'accusallion portée contre les Provençaux d'avoir
expliqué Ourim et Toamrni/n par l'astrolabe, et la guerre des
quatre rois contre les cinq autres, dans l'épisode belliqueux
d'Abraham, par la lutte des quatre éléments contre les cinq
sens. «Quant au crime qu'on nous reproche, dit ledaïah, ibiJ.p. 057.
« à savoir que nous étudions les sciences étrangères au
« Talmud, c'est-à-dire les livres d'Aristote et de ses com-
<f mentateurs, nous déclarons que l'étude de la logique,
« de la physique et de la métaphysique est utile pour fortifier
«la religion; ainsi ces études aous fournissent les preuves
«pour l'existence d'un dieu, de la prophétie, du libre ar-
« bitre, de la création ex nihilo, etc. Les rabbins en Espagne,
«en Babylonie et en Andalousie, par leur connaissance de
« l'arabe, ont pu se servir des livres de philosophie et de
« science traduits dans cette langue; et, en s'appuyant sur
«ces livres, ils sont arrivés à démontrer l'unité de Dieu et
« à écarter les anthropomorphismes. Parmi ces rabbins se
• ti^ouve le cétèbre Saadiah Gaon de Fayyoum , qui a fait un
« commentaire philosophique sur le Livre de la création ,
« et un ouvrage philosophico-théologique sous ce titre , Les
«dogmes et les opinions ^ En Espagne, je mentionnerai
' H. Harkavy prépare une bibliographie des ouvrages de Saadiah, d'apcèf les
données les plus récentes.
à».
XI^ .SIIXI.K
380
I-ES KCIU VAINS JUIFS FRANÇAIS
<i Isaac ibn-Gayyafh, qui a fait un commentaire pliiloso-
« phiquo sur rKcclésiaste', sans parler de .s(>s nombreuses
« liturgies. On possède également des livres de ])lnlosophie
' par Moïse ben-Ezra^, Salomon ibn-Gebirol ', Juda Ilalévi''
«et Abraham bar-Hivya^'. »
ledaïab mentionne encore David le Babylonien, sur-
nommé al-Muqamass, (>t Joseph, l'auteur du traité sur le
Microcosme. ledaïah dit qu'il ne connaissait pas l'époque
à laquell*; vécurent ces deux auteurs. David al-Muqamass
est un caraïle du ix" ou x" siècle "", que ledaïah n'aurait pas
cité s'il l'avait connu pour tel. Jose|)h est le rabbin Joseph
ibn-Saddiq, dont le livre a été publié par M. Jellinek'.
Pour la médecine, ledaïah parle du célèbre Isaac Israéli '^
et d'Isaac ibn-MuqateP. Pour la philologie, il mentionne
le fameux Abu-l-Walid ibn-Djanah. «Abraham ibn-Ezra '"
«aussi, dit-il, cultiva toutes ces branches de la science.
" Mais le point culminant a été atteint par notre grand
■maître Moïse Maimonide, qui connaissait la philosophie
«par Aristote et ses commentateurs, les mathématiques
" par Euclide et ses successeurs, l'astronomie par Plo-
' \'oir l'iiilicic do M. J. Dorciihourf,'
sur col aulciir dans la W/.w. Zril-
schrijl, V (i>>4'l), p. 397 cl suiv. Le
('iiiiiinciitairc sur l'EcclOsiasle a été
découvoit deniièremcnt par M. Jacob
Lœwy dan» le nis. d'Oxford a333. 3.
Voir sa dissertation intitulée : Lihri
Kohelet versio arabica quain composait
IhnGhiyalh, Gôltingen, 1881.
' Voir, dans Catal. libr. Iiebr. in
Bibl. Hodi, par M. Steinsclineider,
coi. 181 I, 3, ce qui concerne le livre de
illiéologic intitulé Dw'an rjny. Fedaïah
ne suit pas l'ordre chronologique , Moïse
ben-Ezra étant postérieur à Ibn-Gebirol.
' Voir M. Munk, Mélanges de philoso-
jiliie juive et arabe , p. 1 et suiv. ledaïah
fait ici allusion au Fons Vitie.
' L'auteur du livre Khozari, publié
en arabe avec une traduction hébraïque
et des notes, par M. Ilirsclifcld, 1886
» Voir Hisl. ht. de la France, t. XXVH ,
p. 523. On ne ronnait aucun ouvrage
philosophique de ctt auteur, à moins
que ledaïah ne pense à son livre de mo-
rale intitulé CDjn p'jn, publié à Leip-
lig, i8()o.
" Voir Gneti, Gesch. dcrJuden.l. V,
p. 307, et les corrections de M. Harkavy.
dans la Revue des Etudes juitcs , t. \'II ,
p. 300. Le livre de David s'appelait du
nom de son auteur yDpDn HED-
' IBp oSiy -!BD, Leipiig, i854.
" Voir Catal. Iibr. hebr. in Btbl. BodI. .
col. 1 1 i3 et suiv.
' C'est un auteurinconnu. Nous avons
trouvé ce nom dans le manuscrit du Va-
tican Assémani 337, a , qui renferme un
commentaire sur VOrganon par Moïse fils
de Samuel fdsd'Ascherfds de Joseph fils
de Moïse fils de Juda, disciple de Sar
Schalom. On y dit fol. 1 6 : nD33 "ICNDH
pyi'jNin mern ion ispn ntjni •)DK
'7xnpD pns; )3 «)dv 't ••'jKnwNT D3nn
(coriigé en bottpD et '?inNpD).
'* Ibn-Djanab et Abraham ibn-Ezra
sont tr^s connus.
DU XIV SIECLE. 381
«1 lôinéc et son école, la médecine par Ilippocrale cl (ia-
u lien. Il se base, dans sa théologie, snr la Iradilion, en la
«sonniellanl à l'examen de la ])hilosopliie. C/esl lui rpii a
«donné la meillenre e\plicalion de la prophétie, el c'esl
« lui qui a condwtlu avec succès les idées (ranlhiopo-
« morphisme en vogue ;'i son époque. Notis avons vu des
« l(>llres de tous les points de la terre, dans lesquelles on
« l'attaquait, lors de laprcîmière dispute, surtout parce qu'il
«niait l'idée qui attribue à Dieu mesure et ligure'. Le
«poète Kn Vidas"'* dit en elhît d(* ses contiMuporains en
« Kspagne qu'ils connaissent la mesure (hi Créateur, mais
« (pi'ils ne la ])roclament pas, de peur d'être considérés
M comme nu'créants. Moïse JNahmanide' dit également, dans
«sa lettre apologétique, que Maimonide est celui qui a le
• plus contribué à renverser les idées anthroponu)rphi([ues.
« De fait, dit ledaïah, si cette idée n'existe plus parmi
<' nous, c'est .à l'étude de la philosophie que nous le devons.
«Nous voyons par la lettre à nous adressée, continue-t-il,
«que vous ne défendez que l'étude de la philosophie na-
« turelle et des sujets qui s'y rattachent, tandis que vous
« permettez la médecine, parce que la Loi n'y est pas con-
« traire. Les mathématiques ne sont pas mentionnées non
« plus parmi les études défeudu(îs, sans doute parce qu'elles
«ne sont pas nuisibles à la loi; en outre, les docteurs tal-
« mudiques ont recommandé ces études pour le calcul de
«la nouvelle lune. Maître, s'écrie ledaïah, c'est la Thora
«(l'étude en général) que nous avons besoin d'apprendre.
« Donnez une solution claire aux doutes que voire inter-
« diction a fait naître; car, dans les branches des études
«permises, il y a aulant de dangers pour la foi que dans
«les autres. L'astronomie, par exemple, entraîne à l'astro-
«logie, qui peut conduire à l'idolâtrie, et, quant à la mé-
' ledaïaii fnit allusion au traité cabba- Voir /fut. litt. de la France , t. XWll ,
listlquc intitulé DDlp Tl^C, et proba- p. 728 et suiv.
blcment à une réponse de Maimonide. ' C'est Moïse, fils de Nahinan, qui
Voir Steinsclineider, Catal. libr. hebr. disputa contre PaulusCbiistianus. (fyls^
Bodl, col. 1909, n" a4. lilt. de la France, t. XXVII, p. 536 et
' C'est MeschuUam ben-Salomon. 65o.)
2 7
\:\ Mi.iii.K.
XI» MECLE.
II Chr
382
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Eiode, X , }3.
Hist. litt. de 1*
France, t. XXVU,
p. 691.
«decine, si l'on s'adresse à un homme, c'est qu'on n'a
«pas une pleine confiance en Dieu. Ainsi le roi [Asa] fui
« blâmé par le piropliète de ce qu'il n'avait pas interrogé
« lahvé quand il était malade, au lieu de consulter les
« médecins; c'est pourquoi les rabbins ont approuvé le
«roi Ezécliias pour avoir caché les livres de médecine.»
ledaïah explique ensuite la méthode que l'on emploie
dans l'école à laqu<ille il appartient pour expliquer les pas-
sages agadiques. Bref, ledaiali prie Salomon ben-Adrét de
se désister de l'excommunication : 1° pouir l'honneur de
Maimonide, dont on continuera, malgré toutes les défenses,
d'étudier les ouvrages soit de philosopliie soit de tliéologie
dogmatique; 2° pour l'honcieuT de ben-Adret même, puis-
qu'on transgressera sa défense, en faveur de Maimonide;
3° pour l'honneur de la Provence, où était et est encore
le siège de la Loi et où le peuple est croyant, — surtout
pour l'honneur de Montpellier, la grande ville savante.
«Il est sûr, dit ledaïah, que si Joeué fds de Nun venait
« dire aux Provençaux de la génération actuelle <le ne pas
« étudier les livres de Maimonide, il ne réussirait guère; car
« ils ont la ferme intention de sacrifier leur fortune et même
« leur vie pour défendre les livres de Mainaonide. Les pères
« recommanderont aux fils de faire de même. Pourquoi
« alors continuer la lutte ^ puisque vous n'avez réussi jusqu'à
« présent par aucun moyen? Vous avet accompli votre de-
« voir sans avantage; il faut donc abandonner la position et
« faire plutôt la paix avec les savants de la Provence. Alors
« il y aura lumière pour tous les enfants d'Israël dans leurs
« demeures. »
Il est probable que Salomon ben-Adret n'a jamais ré-
pondu à cette belle lettre, qui fut écrite probablement peu
de temps avant le décret d'expulsion d« 1 3 06. La lettre faisait
partie, à en juger par quelques manuscrits, de la collection
des lettres d'Abba-Mari.
VJI. o"7iy nrna, «Examen du monde», livre de sentences
morales, en 37 chapitres, composé probablement après
DU XIV SIÈCLE.
383
XIV* SiècLE.
l'expulsion des juifs en i3o6, comme l'indique le onzième
chapitre , dans lequel ledaïah exprime ses sentiments sur les
malheurs de l'exil.
Nous ne savons sur quelle autorité M. Joseph Weisse se
fonde quand il dit, dans sa préface à l'édition de ce livre par
M. Stern, que notre traité fut composé en 1298, à moins
qu'il n'ait été trompé par la confusion que David Gans a com-
mise. Ce chroniqueur dit : «Jacob de Béziers était un grand
« savant pour. ce qui concemeda Thora,'et il a formébeau-
« coup d'élèves. Il était le plus grand païtan (auteur d'hymnes)
«de son temps, et il acomposé le livre ha-Bedersi, appelé
« l'Examen du monde. Il vivait à Barcelone en 6o58= 1398. »
M. Weisse observe avec justesse que Gans a confondu ici
deux écrivains de Béziers, savoir noire auteur et Jacob, fds
de Moïse ibn-Aksai ('ncjï, 'Dxay?), le traducteur du com-
mentaire arabe de Maimonide sur la section Naschim (pré-
ceptes concernantdes femmes) de la Mischna, traduction
achevée en 1298 à Huesca. Salomon ben- Adret tenait les
deux auteurs en grande estime, comme on peut le voir
par la lettre adressée à Jacob sur sa traduction, et par
l'insertion de la lettre apologétique de ledaïah dans le vo-
lume de ses réponses. M. Weisse a pris la date de 1298,
qui se rapporte à la traduction de Jacob, pour la composi-
tion de l'Examen du monde par ledaïah.
Voici d'ailleurs le passageitiré de l'Examen du monde qui
se rapporte aux misères de l'exil : « Maudits ceux qui t'ont
« chassé, pour que tu n'eusses pas de part dans l'héritage des
«saints, des rochers d'où tu as été taillé; qui t'empêchent
« de jouir de l'assemblée des vivants qui t'ont nourri, si bien
« que les cavernes des lions sont devenues'ta demeure M »
Et plus loin, apostrophant un renégat, ledaïah dit :
« Sûrement la gloire que tu tires de ton argent ne sera
«pas durable; encore un peu, et le mauvais esprit envoyé
«par Dieu viendra dissiper tes richesses, de sorte que les
« 5o,ooo pièces d'or pour lesquelles tu as vendu ton àme
Grsetz,
der Juden ,
Gesch.
p. 168.
Voir ci-dessu:>,
, 363-364.
Scmuli
,58'.
Da\Kl.
Voir ci -dessus,
p. 38a.
Voir ci-dessus,
p. 36 'i.
[saie , M , I .
' Allusion à la demeure de tedaïali [Hist. Ult. de la France, t. XXVIi, p. 708).
\U SIKCI.E.
384 I.ES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« (lisparaîironl. Les vicissitudes du temps t'enlèveront la
« grâce (;1 l'honneur de ta tête. Le feu de Dieu descendra et te
« consumera loi avec tes cinquante. » (Jeu de mots siu* Tccn;
comp. 11 Jîois, II, 10-12.)
L'I'Aamcn du monde obtint parmi les juifs un grand
succès, à en juger d'après le nond)re de manuscrits qu'on
en troiue dans les bibliothèques el d'ajjrès les éditions,
traduclions et commentaires qu'il a provoqués. M. de Sacy
a donné de ce livre une analyse étendue dans le Magasin
encyclopédi(|ue, tome III de i8o8, |). 3i5 à 357. '' ''s'
impossible de mentionner tous les manuscrits que pos-
sèdent l(!S bibliolhè([ues, ainsi que toutes les éditions qu'on
en a faites dans les différents pays; nous en donnerons
une liste apj)ro.\imative d'après les ouvrages bibliogra-
plii(pies.
Parlons d'abord des manuscrits. Le titre le plus fréquent
est c'7'ii* Prn2, « Examen du monde »; on trouve aussi nrna njN
D*?!», ou ohrj nrna nOND, ou on"? CDC? niix el en'? cdd, mots par
lesquels le traité commence. Ce dernier titre est mentionné
dans le commentaire d'Emmanuel de Lattes, dont nous
parlerons plus loin. Le manuscrit de Paris 'i i6, 6, ])orle la
suscriplion suivante : max tD"i:i3:N icmsn iiicon bMin n:nn msN
nh^y ni^'na nxipjn, « Lettre du grand savant le poète de Béziers
«nommé En Bonet Abram, intitulée l'Examen du monde n.
Ce manuscrit contient le commentaire anonyme de l'édi-
tion de i484 (le même commentaire se trouve dans le
manuscrit de Hambourg 296, 2, et dans le manuscrit de
la Casanalcnsis à Rome, l, vu, 16, 3). Le texte est intitulé
"le^nna pc?"?, «texte de Bedersi», et le commentaire 'wma'r,
» commentaire sur Bedersi ». Le manuscrit de Paris 692 , 2 ,
porte la suscription suivante : îinr:3 c?-naD n^yn^ -i"? ahix nrna
^c^s nabo '7'7aa 'ivh pM-'iib^ « Examen du monde par R. ledaïah
Cl de Béziers, endroit situé dans la province de Languedoc,
« qui se trouve dans le royaume de France ».
Le manuscrit de Paris n" 661, 4, porte le titre suivant :
c^Jia:» TJic'Dn hinn oann id^ "ic?n vzi :i:yp Kini can'? D'oe? NipJ n»
o'îiy rjina xipj Nini maN, « Ce traité s'appelle 5c/trtniajim laroiim;
I'. 08 <l sulv.
DU XIV SIECLE 385 „,.„è„,,.
« on pourrait l'appeler les délices de l'àiTie; composé par le
« grand savant et poète En Bonet Abrani; on le nomme Exa-
« men du monde. » Enfin le manuscrit de Turin n° 1 1 9 porte
comme suscription les mots suivants : ip"" 1233 ncxo oh^y nrna
cïmaK 13 U'jsn n^si^ 'i nonn nan rV'jsi nix'SDn njian in3D nj^Von
ri Dn-i3NDN:i3 îK ■'0-113, « Exauien du monde, traité excellent,
« en belle prose cadencée, qui explique la nature de l'exis-
«tence et ses règles, composé par le savant ledaïali Happe-
» nini fils d'Abraham Bedersi, En Bonet Abraham; que sa
« mémoire soit bénie! »
Nous énumérerons maintenant les principales éditions de
l'Examen du monde. H en est que nous avons pu voir nous-
mêmes; nous avons trouvé les autres mentionnées dans le ca-
talogue des livres imprimés de la Bodléienne par M. Stein- ^°' ''*■'
Schneider, dans celui du musée Britannique par M. Zedner, '' ■'"*•
dans celui de la bibliothèque Rosenthal à Amsterdam par feu '' •''^*
M. Rœst, et dans l'ouvrage bibliographique de M. Benjacob.
1° La première édition du traité a paru sous le titre
de c'jlyn ryn3 nNip:n cm^^e cjn:» ... oinn m3n mjN, « Lettn;
«composée par le savant . . En Bonet Abraham, intitulée
« Examen du monde », sans indication de lieu ni de date
d'impression; les bibliographes disent qu'elle a été impri-
mée à Mantoue entre 1476 et i/i8o. L'imprimeur fut une ,. ^',T?r!"'*'''*'-
r i- 11- ' I' A 1 I /^ 1 1) . 1 I tatal. Bihl. B<)di. ,
lemme, Estelhna épouse cl Abraham Lonath, avec laide de roi. 1263 eisuiv.
Jacob Lévi, Provençal, de Tarascon. — 2° La deuxième édi-
tion a été publiée à Soncino , 1 48 4 , sous le même titre et avec
un commentaire anonyme, qui se trouve également dans
le manuscrit de Paris n" 261, 6. Le manuscrit de Paris
n" 1 20 1 , 6, qui renferme cette édition, porte en marge des
notes manuscrites, signées d"' (Isaïe de Messine) et ]'k'u (?).
Les autres éditions ont paru: — 3° en i546, sans indication
du lieu de l'impre-ssion; — 4°en 1 55 1 , à Ferrare, sous le titre
de ch^y nmaiso, avec les commentaires de Moïse ibn-Habib
et Jacob Francès; — 5° en i556, à Mantoue, sous le même j^œ*'. <^a'a'- 1.
titre et avec le même commentaire; — 6° en iSgi, à Cra- d'impres'Jioù ).""''
covie, sous le titre de ob^y rrna nNip:n ... on"? cnv mjN; cette
édition est accompagnée du commentaire anonyme qui se
TOME X.IXI. \r^
2. 1 -fr tvpKttfiaii :tATioiALt.
ITT*8liCLB.
386
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Steiiischoeidcr
].c.
Ibid.
CaUl.
cher.
Rtest, p. S43.
Zedner, CaUl.
M119, Br. ,p. 3 14.
Otsar
rim, 8*.
trouve dans la deuxième édition; — 7° en 1698, à Prague,
sous le titre de o'îiy rirna ")dkd, «Traité des Examens du
monde», avec des commentaires de Yom-Tob [Lipman
Heller, né en 1679]; — 8° en 161. ? à Prague? in-8° avec
le titre du n° 6; — 9° en 1 6 1 4 , à Lublin in-8°, sous le titre
du n" 4; — 10" en 1629, à Paris, avec d'autres traités de
morale; l'édition porte le titre français suivant : « L'Examen
« du monde, sentences morales des anciens Hébreux, et les
« treize modes desquelles ils se servoient pour interpréter
« la Bible, traduicts en françois par Ph. d'Aquin » [dédié à
Richelieu]; — 1 1" en i65o, à Leyde, avec une traduction
latine par A. Uchtmann; le titre latin est le suivant : Exa-
Menba- iiien iHundi , R. J. Badreshitœ : latina interpretadone , etc.; —
12° en 1704, à Venise, avec un commentaire de S. Mor-
purgo; — 1 3° en 1789, à Berlin, avec un commentaire de
Joseph de Lissa; — 1 4° en 1741, à Zolkiew, avec un com-
mentaire de David ben-Zebi Hirsch et des extraits de celui de
Ibn-Habib; — i5° en 1743, à Sulzbach, avec une traduc-
tion allemande (en caractères hébreux) par Isaac Auerbach;
— 16° en 1768, à Dyhrenfurt, avec le commentaire de
Joseph de Lissa; — i7°eni770? réimpression de l'édition
précédente à Fûrth, in-i 2 ; — 18° en 1 786, à Prague, avec
le commentaire d'Elie D'3»n (Hechingen); — 19° en 1791,
à Vienne (Autriche), avec un commentaire de Moïse, fils
de Mardochée Galante, le jeune; — 20° en 1792, à Franc-
fort-sur-f Oder, avec un commentaire d'Éléazar fds de Salo-
mon; — 21° en 1792, in-12, à Sklov (Pologne), avec un
hassefa- commentaire de Jacob Balschewitsch; — 22° en 1795, à
Grodno (Pologne), avec le commentaire de Jacob fils de
Nahum ; — 23° en 1 796 , à Prague, les 1 1* et 1 2* chapitres
seulement, avec une traduction allemande (en caractères
hébreux) de Mendelssohn et le commentaire de Moïse Kunitz;
— 24° en 1 796, à Vienne (Autriche), avec le commentaire
du même Moïse; — 25° en 1797, à Brûnn (Moravie), avec
le commentaire de Joseph de Li^a; — 26° en i8o3, à
Francfort-sur-l'Oder, avec une traduction allemande et un
commentaire par Hirsch, fils de Meïr; — 27° en i8o4, à
DU XIV SIECLE.
387
\n' sticLt.
Vienne, avec le commentaire de Moïse Galante le jeune;
— 28° en 1806, avec traduction anglaise de T. Goodman,
Londres, in-8"; — 29° en 1807, à Dessau, in-8°, avec tra-
duction allemande de Joël fds de Joseph Faust ou Wust
( DwiKn) ; — 3 0° en 1 807, à Fûrth, avec traduction allemande
[de S. Hamburger et C. Schwabacher] et un commentaire
en hébreu [de D. Ostensosser] ; — 3i° en 1808, à Metz,
in-8'', avec le titre « L'Appréciation du monde, ouvrage tra-
«duit de l'hébreu, par Michel Béer»; — 32° en i8i4, à
Vienne (Autriche); — 33° en 181 5, avec le commentaire
du n° 7 ; — 34° en 182 1, à Fùrth, in-8° réimpression du
n° 29; — 35° en 1824, à Sonderhausen , in-8°, avec tra-
duction allemande de J.-J. Levy; c'est une réimpression du
n° 23; — 36° en i838, à Berlin, avec la traduction alle-
mande de J. Hirschfeld; — 37° en i846, à Varsovie, in-8°,
avec une traduction polonaise de J. Tugendhold; — 38° en
1862, à Vienne, in-8°, avec une traduction allemande
rimée de M. S. Stem, précédée d'une introduction biogra-
phique en hébreu par M. J. Weisse; — 39° en 1862, à
Wilna; — 4o° en i855, à Lemberg, in-8°, avec un com-
mentaire en hébreu; — 4i° en i856, à Lemberg, avec le
commentaire de L. Heller et d'un anonyme; — 43° à Lyck,
1 864 ; — 43° dans le premier tome de la collection rosn noo
hHiv\ « Livres de la sagesse d'Israël », publiée par M. David
Slucki. Enfin un fragment d'une édition inconnue parait
se trouver en possession de M. Harkavy. î. ,; 1
Telles sont les éditions dont nous avons pu recueillir la
mention dans les livres de bibliographie et les catalogues
modernes; mais, sans doute, nous n'avons pas épuisé la ma-
tière. M. Benjacob compte quarante-deux éditions avec ou
sans commentaires, outre celles qui figurent sous des titres
créés par les commentateurs.
Quant aux commentaires inédits de l'Examen du monde,
nous devons mentionner en premier lieu celui d'Isaac Mon-
çon ou Monzon, cité déjà par Ibn-Habib , découvert et acquis
dernièrement par M. A. Harkavy, bibliothécaire à Saint-
Pétersbourg. M. Harkavy a bien voulu nous communiquer
À9.
Voir ci -dessus,
p. 364.
Voir ci -dessus,
p. 3«6, n" 7.
Page suivante.
XI** siicM.
388 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
quelques passages de ce précieux ouvrage. En voici le
commencement : ns ae?vn ■•tidd pcsDaïc naiocn aniax p pns'» -)Cn
Q'yire? iy it ns'rna D''jjynDn omnan TKie/ no"? K^Vpo'N 'k ^D1p^D m'sn
msD d'72N nny^T» nnim njoo pm Dabi nnas Dn^rirDG73i Dn-iBa hd hs nniK
"?» a"? icw hoh mrnn -iddh naia (ms. oa"?) nan"?' nn moi'jD oTiN
nsn pNE? no mis ■''ra noina niNDii nni^an «-"n ne?x nm» 'jxi rT'nro'JD
DBinn DHC? on"? ^N^3 d-iji:» nann ns^'jcn nma nvna nt"? »iii2t5 nan"? nVi:""
natna nta lac/n a"3 pjy"? ixa o'^ia Sax p li^Ki nnx ]'':y D'>3^^^ i*?»» ]wh
Ti'jDn "«aK rfaa Tiyxn ^it(^ nnoxon '7SK mpoa Ve:» idi*? mxt pxi Q■'^DKO
■"DND noxD n:iN3Ki mano njiia x^n -ic;x nmis nixin*?! mcan 'rSaV rriSy
na nin:n Di'7c;n ny. « Isaac fils d'Abraham, surnommé Monte-
ison, l'Espagnol, demeurant à Syracuse en Sicile, dit que,
« ayant vu que la jeunesse éprouve un vif plaisir à lire ce
« traité , à tel point qu'elle le sait ])ar cœur, mais qu'elle
«ne le comprend pas toujours à fond, si bien que, dans
«beaucoup de ])assages, c'est un livre scellé pour elle, il
«s'est décidé à faire lui commentaire sur chaque chapitre,
«pour que tout devienne intelligible, et qu'on ne considère
« pas ce traité comme un simple jeu d'esprit. » Nous ne savons
pas si Isaac a été le premier commentateur du livre de le-
daïah, ou s'il cite des devanciers; il faut attendre la descrip
tion détaillée de ce manuscrit que M. Harkavy ne tardera
pas sans doute à donner. A la fin on lit ce qui suit : d^dji on
|')Mf< ay nxra dju x''nax'7p c;xn i'yi no rSoa c/in*? fc^ "i mi oViy 'jx'j'îx
ni'>Tfh cnpn , « Achevé le mercredi 1 1 kislev à Reggio de Ca-
« labre, en l'année 5269 (24 novembre i5o8) ». Le texte se
trouve en marge et est d'une autre main que le commen-
taire. Ce commentaiire est relié avec un fragment d'une édi-
tion qui contient le commentaire d'Ibn- Habib, et que
M. Harkavy croit avoir été imprimée à Gonstantinople (ou
à Salonique); cette édition est d'ailleurs inconnue de tous
les bibliographes.
Les autres commentaires que l'on possède ont pour au-
teurs : r Jacob (de Fano?), à Oxford ms. n°5o2, 4; 2° Léon
(de Mantoue) , à Oxford ms. n° i4o4, 2; à Paris, n" i85, 4,
ctai. vindob.. et à Vienne, n° 85 (dans les catalogues on attribue à tort
I. p- '01. çg^ ouvrage à Léon de Bagnols); 3° Isaac fils d'Emmanuel
XIV* SIÈCLE.
DU XIV SIECLE. 389
(le Lattes le jeune (xvi" siècle); nous lisons dans la préface
les mots suivants : Ssni . . . ruiarn d'» msf'jDa rm"? Sin ^"72x1 ^2itt T-ys
pnxjj'"'? njnD3 ma T'y «••ni y'jon mViD ynx do H>y "«cnna Ntipi ponn
pnKJj'"? yiKD îiTTie;! "'nnDe;t3 acri "«maN m'jio yiK c;NaN'7 -l'y"? nnocn
3n3D3 lEcn p'rnnn 'D3 an"? 0"'De> 1mK^po v•'^ KS3''inD niaVoD rnx nr-o
iicVnn naoD ce? PNnpa : « Je suis trop jeune pour descendre
«dans les profondeurs de la mer de l'intelligence. . . Ce
« poète est appelé ordinairement Bedersi d'après sa ville
«natale, qui est Béziers dans la province de Languedoc,
«près de la ville de Lattes, ville natale de ma famille. Les
« deux villes sont en Languedoc, dans le pays de Provence.
M II y a des personnes qui donnent pour titre à ce livre les
«mots Dn'jD'Dc*, d'après le commencement de l'ouvrage;
« telle est l'habitude pour les titres dans les traités du
• Talmud. » Le commentaire lui-même débute par les mots
suivants : ns ■•'jcca n y noVc? -itHV piccn ]: vi^i nno 'i3i on"? d'^dc;
4° Matathias ben-Abraham Alatrino de Castelli, en Italie; ce
commentaire, composé en l'année 3:i4 (i564), se trouve
dans les manuscrits de Rossi, n° 88, et Schônblum, n" 9
(maintenant à la Bodléienne, hcbrew, e. i5). Il existe enfin
un commentaire anonyme qui se trouve dans le manuscrit Catai., i885.
de Munich 3i5, 6. L'auteur explique les expressions de
ledaïah à f aide du dictionnaire de David Qimhi; il cite aussi
plusieurs fois le commentaire sur Job par Lévi ben-Gerson;
il ajoute des gloses en arabe et en une langue vulgaire {^^^^) ,
qui nous paraît être l'italien.
Nous avons mentionné les traductions latines, françaises
et allemandes. Une traduction italienne a paru dans le pé-
riodique Mose, Antolo(jia israelitica, Corfou, 4* année (1 880) ,
p. 334 et suiv.
On voit l'immense faveur dont a constamment joui dans
le monde Israélite l'œuvre du poète de Béziers. C'est en vain
qu'on chercherait dans une traduction les qualités et les dé-
fauts d'une pareille œuvre. M. de Sacy a montré combien Magasin ency-
une traduction est impuissante à donner le caractère de ce ['"ui'*"'""' 3,^° el
style bizarre, plein de boursouflure et d'amphigouri systé-
matique : « Cette obscurité que l'on remarque dans le Bechi-
SUIV.
x,»'MÈc.,E. 390 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« nat Olam, et que l'on observe dans la plupart des composi-
« tions élégantes des écrivains juifs, vient principalement de
« l'usage où ils sont d'employer une multitude d'expressions
«empruntées à la Bible, expressions dont la valeur, même
«dans les passages du texte sacré où elles se trouvent, est
« incertaine. Pour entendre les auteurs modernes qui en font
« usage, et qui affectent souvent de mêler de préférence dans
«leur style celles qui sont les moins usitées et que leur
« fournissent le Cantique des Cantiques, les Proverbes,
« l'Ecclésiaste et le livre de Job, il faut se rappeler de quel en-
« droit de l'Ecriture sont empruntées ces locutions obscures,
« elliptiques, contraires à l'analogie grammaticale ou d'une
« significalion incertaine. Mais ce n'est pas assez; il faut
« encore connaître les diverses interprétations que leur
M donnent, dans cet endroit des Livres saints, les lexico-
« graphes et les commentateurs juifs. » M. de Sacy fait ob-
server avec justesse que les écrivains arabes jouent de même
avec lé Coran et que les Pères de l'Eglise latine se donnent
avec le texte de la Bible les mômes libertés. Du moyen âge, il
ne cite que l'auteur de l'Imitation, qui est peut-être, à cette
époque, l'écrivain chez lequel le défaut en question est le
plus atténué.
La peine que l'on serait obligé de se donner pour ne pas
faire disparaître dans une traduction ce genre d'ornements
de faux goût, que sûrement l'auteur regardait comme des
beautés, ne serait pas suffisamment justifiée par l'intérêt
du fond. Les idées de ledaïah, assez vraies si l'on veut, ont
quelque chose de banal. Ses chapitres sont des Essais de
morale, qui apprennent peu de chose, et qui n'ont pas,
comme les écrits du même genre composés en français au
XVII* siècle, l'excellence du style pour les relever. Les traits
de circonstance y sont rares; nous ne pouvons prendre
comme un trait de ce genre l'assertion banale chez un
israélite que les malheurs d'Israël sont la suite de ses pré-
varications. Ce à quoi ressemblent le plus ces compositions
des moralistes juifs du xiii' et du xiv* siècle, ce sont les trai-
tés des taoralistes arabes du xi" et du xii* siècle, les Colliers
f^Uj DU XIV SIÈCLE.
391
XIV* SIÈCLE.
d'or de Zamakhschari par exemple. Le style arabe est as-
surément bien supérieur à l'imitation mal entendue qu'en
firent les rabbins; mais le principe littéraire est bien le même
de part et d'autre. Le monde sémitique n'a connu que dans
la haute antiquité hébraïque un style sobre, ferme, brillant
sans enflure. La qualité exprimée par le mot y'jo, « élo-
« quent » , au sens où l'entendirent les écrivains arabes et juifs
du moyen âge, est pour nous le pire des défauts. La nr'jD
consiste tout entière en ornements d'applique, en vaines
recherches, en efforts pour être obscur, qui ne réussissent
que trop bien. Elle exclut tout naturel; elle fait de l'expres-
sion de la pensée une perpétuelle contorsion, et transforme
la lecture en un stérile exercice de patience, comme celui
qui consiste à deviner des énigmes.
Vin. Nous avons déjà parlé de la liturgie dont tous les Voir ci-dessus,
mots commencent par la lettre d. M. Graelz, peut-être avec '' cesdiirhic dcr
quelque raison, attribue à notre auteur celle dont tous les Ju^en, vii, p 269.
1 T , , , . . ,. . Hisl. Iilt. de la
mots commencent par la lettre n, quon croyait jusquici ivancc. t. xxvii,
être de son père. Ln effet, les manuscrits diffèrent sur ce p "''
point. Voici un passage de cette liturgie, qui, selon M.Grfetz,
se rapporte aux souffrances de l'exilé : « Mon ennemi me
« disait hier : Je détruirai le pays de ta demeure, j'empor-
«terai tout ce que tes ancêtres ont amassé; je poursuivrai,
• j'atteindrai, je partagerai, je distribuerai la promesse
«de Dieu. . . O Dieu, comment pourrai-je voir la ruine
M de mes coreligionnaires?» M. Grœtz pense que la liturgie Gischioinc dcr
dont chaque mot commence par h est également de ledaïah; ^"^'^"' ^"^i'- 'fa-
cette poésie artificielle, selon M. Graetz, était plutôt la Hist. liu. de la
spécialité de ledaïah que celle de son père. La seule
objection à l'hypothèse de M. Grœtz est qu'on est surpris
de voir ledaïah, à un âge avancé, alors qu'il avait passé par
de rudes épreuves, se livrer à des jeux d'espritaussi frivoles,
ledaïah serait-il revenu, dans un moment de gaieté, à ses
goûts dejeunesse? Y aurait-il été stimulé par des amis? Tout
cela est bien possible. De fait, il est difficile de sortir de la
confusion qui fait attribuer ces liturgies tantôt au père, tan-
|). 717.
\IV' MÈCI.I.
Ili>l. Iil(. de la
France, t. \\\\\,
p. 717.
392 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
tôt au fils. Pour la liturgie intitulée Beth Kl, la même in-
certitude règne dans les manuscrits. Celui de Turin, n" 119,
qui l'attribue à ledaïali, donne l'indication suivante : • Prière
(I pour le jour du grand jeûne. » '•
IX. Nous savons que ledaïah s'est occupé de méde-
cine, comme presque tous les savants juifs de son temps.
Nous possédons de lui des notes sur une partie du Canon
d'Avicenne. Ces notes se lisent à la marge de trois ma-
nuscrits de la Bodléienne, qui sont les n" 2100, 2107 et
2121, 6 , du nouveau catalogue. Dans le n" 2107, on trouve
le nom com|)lel avec les mots -cf^ian n'in^ -Dx; dans les deux
autres on donne seulement 'c-na. Dans un autre manuscrit
provenant du Yéinen, qui appartient à M. Maurocordato,
et f(uc nous avons eu l'occasion de parcourir, on trouve des
morceaux entiers formant une sorte de commentaire sur
une partie du Canon, I, v, 2, commençant par les phrases
suivantes : pca cip'^ n:n D" 'd lama Dmax '-i3 .t'ïT' '1 c:nn idk, « Le
« savant ledaïali fils d'Abraham, de Béziers, dit qu'il y a ici
« un doute » , et Vt cmaK la ^oma .tït"? oan"? n'jxr , « cjuestion
«traitée par le savant ledaïah». L'ouvrage entier se trouve
dans le manuscrit de Parme, de Rossi, 53 1 (manuscrit
imparfait), et dans celui de l'Escurial, G. III, 9, fol. 92.
11 consiste en questions et réponses. Voici le commencement
du manuscrit de l'Escurial : naya >©-n3 K-ip:n u'ion n^yr icn
TiDyBC? OïD '•j-y mN"»; Ki'o p »iiDi'7''Bn can"? yiT'n hkist S'Jian hMin ^DDl^ hs
piDTa V^nnKi ■■• nx'jEion vrmon iiaiD "bx JWicn lïTOa ""Dej nD2;m iwaiD
npiVn pVnm on'? ivtt vied rcnno pcxin 'oa ■''7 nxc: ne?x ri'jNrn
miD bs rncD iNoa cr'?iT pian nnxi pjpn 'b^ xnpjn xinn bVian 'on n:icx-i
n'ya. « ledaïah, fds d'Abraham, de Béziers, a dit : En par-
« courant le grand livre de médecine du savant philo-
«sophe Ibn-Sina, mes yeux s'éclairèrent du peu que j'ai
« goûté de son miel et mon àme se réjouit du peu qu'elle
«a pu saisir de ses merveilleuses paroles. . . Je commen-
« cerai par les questions qui se sont présentées à moi dans
« le premier des cinq livres du Canon; puis je continuerai
1' par les autres traités ...» >
Di; XIV SIECLE. 393
XIV SIKCI.K
X. ledaïah écrivit aussi des ouvrages de philosophie.
Quelques-uns de ces ouvrages sont cités dans la préface de DttiOmni.vii.
Moïse ibn-Hahih. On en retrouve la mention à la fin de la '' ^"r Gps.îiîriiu
préface du comineutaire de Yom-Tob ' Heller, rabbin de <in<i i.itrr, |.. .ko.
IVague et de Cracovic, né (;n 1679, mort en 1681, et ([ui Voir ridcssu'.,
coni]K)sa ledit commentaire dans sa jeunesse. Voici le texte '\;a,ai' is„,^, ,.„,..
de Moïse : ninn srsa inaiD nxsnnc: ne t: b-m D3n n\T lanon n? '; '''" '"''"■•• "" " ''■
nnn nrcsi -nvron nmsn -lEcaT -niKH 'rcn ans icoai •»-iiDsypnn ara iDDai
m*?sjnnn ara nccai (psKpn) îKopn Vy vrijcnai •)r3n'7 mxoai «ruiCK-in
a-! nive? ns'7nn osai -!nnni ■•Evn }d nV'ja ^c?N. « Cet auteur était un
« grand savant d'après ce qu'il dit dans ses six ouvrages phi-
« losophiques, dans ses explications sur le Canon et surtout Voir mirs^ir.
«dans sa lettre apologétique, qui est du plus beau style.» '' '''
Les six ouvrages de philosophie de ledaïah ont été, de la Ani.. i>r.. vin
part de M. Munk , l'objet d'une étude approfondie. Les quatre il,i'v''jM„!,'L '"Vipi"
premiers se trouvent dans le manuscrit de la Bibliothèque r '"j*»
nationale n" 984 (Oratoire 119). C'est un volume in-4° de
94 feuillets, d'une; très belle écriture rabbinique espagnole
ou plutôt provençale. Il ne porte pas de date; à en juger
par l'aspect extérieur et par l'écriture, il ne remonte pas
au delà de la seconde moitié du xv* siècle. Ce volume ren-
ferme cinq écrits de ledaïah, tous relatifs aux sujets ordi-
naires de la scolastique juive.
Le premier est intitulé nmn ana. Livre de la connaissance,
ou Traité de l'intellect. Ce traité n'est autre chose que la
paraphrase d'un petit ouvrage d'Al-Farabi, dont il existe à
la Bibliothèque nationale (ms. hébreu de l'ancien fonds 110,
dans le nouveau catalogue n" 1 85,9) ' une version hébraïque
.sous le titre nibejxm '?ac?n ^Do (en arabe v:aiiyUllj JJUJI tJjS'), et
dont la version latine, intitulée De intellectu el intelleclo, a
été imprimée dans les œuvres philosophiques d'Avicenne
(Venise, 1396, in-fol.), et dans un petit volume intitulé
On attribue ce commentaire à ' Pour d'autres manuscrits renfer-
Yora-Tob en se fondant sur l'acrostidie mant ce traité , voir le mémoire de
des premiers mots de la préface : •]^^n' M. Steinsclineider sur Al-Farabi, dans
e?Bi7 Vip'7aïÔ1i''a'7DDDnn'îM.Zunz tes Mémoires de l'Académie de Scùnt-
dil inexactement que la préface est signée Pétersbourg , septième série, t. XIII,
du nom de Yom-Tob. n' 4 . p. qo et suiv.
TOME XXXI. 5o
INriUttRIC ■«IIU^ALE.
M*' .MKCI.K.
394 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Alpharabii, vctustissiini Arislotelis interprctis , opéra uinnia quœ
laùna lingua conscripla reperii i potnerunt (l*aris, i638, in-S").
Dans la courte préface que nous allons donner en original,
ledaïah dit qu'en parcourant divers traités sur l'àme, il en
a rencontré un, intitulé r»nn ara, qui lui a paru renfermer
tout ce qu'il est utile de savoir sur la nature de l'intellect;
mais qu'ayant trouvé ce traité fort obscur et la traduction
hébraïque fort mauvaise, il a entrepris d'en corriger le style
et d'y ajouter les développements necessair.es. Nous pouvons
donc considérer l'ouvrage de ledaïab comme un commen-
taire sur le traité d'Al-Farabi, bien que celui-ci n'y soit pas
nommé. H paraît que, du temps de ledaiah, le traité d'Al-
Farabi était connu sous le titre de nynn an:; en tète de l'ou-
vrage de ledaïah, après la préface, on lit cette suscrlption :
nvin ana virn aman D0a n3i:n 'jaan ^D^, « le Livre de l'intellect,
«désigné par le nom usité et connu de Ketab liad-daatli ^ ».
Les acceptions du mot intellect (yovs), selon Al-Farabi
et ledaïah, sont au nombre de six: i" le sens qu'y attache
le vulgaire en disant: «Tel homme est intelligoni»; 2° le
sens que lui attribuent ceux qui raisonnent et discutent
certaines opinions, en disant: «L'intellect le veut ainsi»;
3° l'intellect dont parle Aristote dans le traité de la Dé-
monstration (les seconds Analytiques), qui fait distinguer le
vrai du faux; 4" celui dont il parle dans le troisième livre de
l'Ethique, qui fait connaître le bien et le mal; 5° celui dont
il parle dans le traité de l'Âme, ou l'intellect divisé en actif
et passif; 6" celui dont il est question dans la Métaphysique,
c'est-à-dire l'intelligence première, cause de tout ce qui
est. ledaïah expose successivement, d'après Al-Farabi,
la nature de ces six espèces d'intellect. Voici la préface
hébraïque de ledaïah : d^ksdjh anoon o-yDV nmax -la n^sT idn
BïDn nnx vnn") arnn p u'*?» pint» ik 13*7 pn'» yaon noana nvn uSsk
•invoe; 'ns iiive; no H»3a r lamni dicid r*?» niaina '?nne?nVi N!sc:n
' Ce titre existait donc bien ovant nous avons assignée à Gerson fil» de Salo
l'époque de ledaiah; ce qui fait tomber mon (Uist. litt., t. XXVII, p. 589).Celui-
undesargnmentsdeMM.Sleinschneider ci, en elTet, cite sons le titre de kilab
( Hebr. Uebertetz. , sous presse ) et (iross had-duath ; non pas louvrage de ledaiah ,
[Monatsschrifl, 1879) contre in date que mais l'ancien ouvrageconnusouscenom.
DU XIV SIECLE. 395
\i\ sit:<:i.i:.
c^cnD Dïp nnK "itno Tivm e?D:n •>-izv ha "'■laya •<i piin naon nNi*?!
i''P''Kii n»"rn ans snpjn ano nnx h:i TiTiyrne? Ninn pjva o'-NSDi anncD
n:iDDi mnn Kinn ^DXD^ nvn cy "jicn •'J'jïd ipyT prnc no ■)iN''aa b^vi^
nt ■'JED q^j^vd'? pxc? oyoai «□■'DiaD rsis"':! m:iES rnaioi npnvnn s^-lh
ppra inn «d^jd 'jca u^:» ppr S» riT "'c'? 'pSirc?ni oniTan ir'îyina wjin
noa niK'3i njan nanina n'je?i •mxiaD p^jc? nppvn bu oPKSim vpiiie?'?
13p:i3 aie pj'<na3 srcm ityn p'jpp bitn p cpa:! «ni ^n i^asD ono hntt
:nja
XI. •'iDnn "jaca pi»in. «Les Opinions sur l'inlellect niaté-
riol. » Ce qui, dans la j^sychologie d'Arislole, es! appelé
l'intellect passif, les philosophes arahcs et juifs <\u moyen
âge l'appellent l'intellect inafériel (^ii^I JajJI), cà cause de
ses rapports avec les autres facultés de l'ànie inhérentes à la
matière. L'ohscurité de la théorie d'Aristole a flonué lieu
à différentes interprétations, ledaiah distingue cinq opi-
nions difl'érenfes sur la nature de l'intellect j)assif : celle
d'Alexandre d'Aphrodise, celle des commentateurs d'Arislote
en général, celle de quelques commentateurs, celle d'Aver-
roèset celle d'Al-Farabi, et il caractérise succinctement ces
diverses opinions. Ce traité n'est pas mentionné par Ibn-
Habib. H n'y a pas de préface hébraïque pour ce traité.
XII. ^'?^D^ ^acna -loxon. «Traité .sur les opposés en fait de
mouvement ou de direction. » Ce traité est sans aucun doute
celui qui, dans la préface de Ibn-Habib, citée plus haut, ci-.iessui.p.agi.
est indiqué sous le titre de mttn "ztn ap:. Il se rattache à un
passage des commentaires grand et moxcn d'Averroès sur
le traité Du ciel, d'Aristote (liv. 1, chap. iv). Selon Anstote,
les mouvements opposés ou contraires ne ])Huvent avoir lieu
(pie sur la ligne droite, qui seule marque la vraie distance
entre deux points opposés; car, si la distance est marquée
par une courbe, on peut toujours décrire une infinité
d'autres courbes entre les deux points opposes. On pourrait
objecter, dit Averroès, que, si la courbe est un demi-cercle,
il n'est pas possible non plus de décrire entre les deux
points extrêmes une autre courbe de même nature; mais,
répond-il, il n'y a aucun rapport commensurable entre
\U >IKi:iE.
306 LES KCRI\ VINS JLIFS FRANÇAIS
le demi-ccrcio et les autres courbes qu'on pourrait décrire
entre les deux extrémités du diamètre, et, par conséfpient,
la ligne droite est seule pr()])re à mesurer les dislances
plus ou moins grandes et à servir de définition aux mou-
vements opposés. Cette réponse est l'objet d'une expli-
cation détaillée de la part de ledaïah. L'auteur s'adresse à un
de ses amis, qui avait entendu autrement que lui la réponse
d' Averroès. Il entre dans des détails sur la définition des
mouvements opposés et, en général, sur l'idée de l'opposé
et du contraire. M. Steinsclineider, n'ayant pas vu notre ma-
nuscrit et écrivant avant .M. Munk, avait supposé que le mot
n:x, dans le texte d'Ibn-llabib, veut dire la catégorie -croO,
analogue à l'arabe (jjMI vX au syriacpie JL:^!. Voici le texte de
la préface : laT 1313 iscn kibd"? 'jinccn icn ''e?^^^ omsK 'ta ■T'^r noN
nx^cn Sy 'P^nao irKi "J'y nnyï oipnnoi pcjd tikt» -^sw ipyoc? px yvvh
"yiO" nb pmCD dj «imxia v^hn "nsp S'snc inix n\n3nD cano nrcxi Snan
î:i3nnD Tmcsy ■•x'je ■)pnD3 13t no inc^p' ;ry-i SayD lacrno Ti'j'inD "s »ix
i3a'?3 Tisno n3c?D D"-.nx u''nTiE;y3 fi^pon lOi n3©D omx Dni333 ■':id:
Ti- 13 ni2;y ttSmud x^sono "s «ix ncraM mspo ;jx mon innon cjixc? '71?'?
nicinp m- oiuiar -ipn xisd nnt3" D^ce; l'jv l'jy^ yivhi "bi rba (s/c) smi
x'? x'or p\iy QDDC* cpTy onsn pTiyc one/D p^ry "-jnj annrD iBwn'
nSnj Dn3 '';'7''n:n'? -msri t-jd nxi ov ny nox le/x r\-icxn n3it23 "'^y ixt
72 '7y ccpa "i'?".n 3'icn '?y3 ••3r3C?n •!-m33 vtd ajynx n''3nx3 D'7ypx rD"p
.. .ICI px 3P3D DD hv conn ppDPDH -JDD inyjDP x'? Le livre finit
par : erpncn «p'-^zp hs nzir^ imvnv me;>n jvyn pi3''p:3 Sxn ut"»"
:n3ic?nn ^P3^^D!: 3np •':'Q•<^'•'^ 13pix''SDD
XIII. piDsypnn :p3, » Livre de consolidation » (ms.de Paris,
fol. 32). Dans cet écrit, ledaïah répond aux objections que
.son ami avait faites contre l'écrit précédent et cherche à
corroborer ses opinions par de nouveaux arguments. C'est le
deuxième traité mentionné par Ibn-Habib. En voici la pré-
face hébraïque : p3in nxn -33in smxn •'cma Qm3X -la n^yT itsx
icx mpEcn jn;t3 D-cyjn inai •>l^y■>3^ «pvy.'yn PiDisyn PC7ni3 n^^pson
cmxis yDypaxi l'rnDn •'ddh 3P33 cj'iyno T''7x vpapse? no Sy niT'yn
oiw 1133 v'i lin ]v\2 Jjypna Dmcn3 Jjyrxi 8?'e?iP3 cx'jidd 3nt nio mxis
■|nn3 ^h nyippn p»nn np' Sy ]VV3 on'Vy 3'K?n'7 '•xjp npy ns "h pntn kV
\IV' SIÈCLK.
DU XIV SIECLE. 397
3'C?NnryDTDn333nT'n3iS''i3nD yn^no '7U.nnD3 liiwnn Kh TiyT' njDwn
:-iDiKi on-''?»
Le traité finit ainsi :
np'7nc? IN nrcrcnz? Nin -nan ni moK by pmos xsdj niscnn nrn d'71N1
"jx nji3:n nt3 hns'' ■''71x1 D''3n:n ■':0 j-'s ^'73^^ "'ED ihupoki inijnxs 1331 vS»
mT>ync; no •73'? ri3i2;Dn iic'72?n 1330 niywn ni3 3ie;nj njni •«i'7:m »)i3Dn
Dn3 ntyj T'n''NT nc/N nrKim □■'j'jynD n3in rrn cy onipn i33r3 by mpcono
-irx C3''i32jn cjvyn itiZ'D \\*:e Dyi nrpn sni jry poy '•'73 ari3n3e; nv
DH-'jy n3y3 cnsp "jy s-ie/nD nj ■•d'? y:Di ^r^n n3D tk •«Vi'? ''C?ej 'm «npon
c?B33 nT''3p iVH ^^^^K nsT"! onsns iNcro ':}< ie?K pissi ■jn'jytî'? nnK
ypï)V XS1DD inKSDxe? no '?: "jnjSi inyn"? >jc;n y3t3n nyjn ^Jiyi:n onc 33Vi
■juj"? n''jc?i -nTinro nsi pVn icej nuN n^jn ■|n3c;nD imi'7inu7 no |30 "73
ï>{SDjn iisp oy ^nr^ D'':ryn cn3i3 ^nrl ncmm m-'pnnD rc;Dn n'?yinn
nt "'d''7 s^npîi aiay m'7inG;m dst nT'pï?'7 13 "iiosJKr iy nosnno u'*?!»
□'Din an'ib» miy^e?3 pc? "731 rie?i"7n vn-i ont 0*73 ripDon myn '7y nDe;:e;
'7'7nJi npy -\mr\ mnnj niye?n nm «n'a-iB '"73 j D.-in''e;'7 c^in'? u?ic? d'j-'sdi
nxD n'7yn'' ijnty -lotc '7Kn
XIV. (Fol. 66.) Disserlation sans titre sur la question de
savoir si les individus (d''!:?''k) de la même espèce, divers
en accidents, dififèrent aussi dans leur forme essentielle,
ou bien si la forme est inhérente à fespèce et l'embrasse
tout entière, en sorte que les individus ne diffèrent que
par les accidents. L'auteur distingue une forme générale,
3ui embrasse toute l'espèce, et une forme spéciale ou indivi-
uelle, qui est essentielle et ne saurait être traitée d'accident.
Cet ouvrage est évidemment celui qui, dans la préface de
Ibn-Habib, est mentionné sous le titre de rvj''Dn nmsn ^DD.
XV. Nous apprenons par un passage de cette dissertation KoI. 74.
que ledaïah avait aussi composé, sous le litre assez singu-
lier de moip ^^^D 0 Désert de Qedémoth » [Deutér., 11, 26),
un commentaire sur les vingt-cinq propositions (moipn) pla-
cées par Maimonide en tête de la. deuxième partie de sou
Guide des Lgarés.
XVI et XVII. Le cinquième et le sixième ouvrage men-
2 8
^n' siicLK.
398 LES KCRIVAINS JIJIFS FRANÇAIS
tiennes par Ibn-Habib, savoir le traité Des êtres premiers
et les Explications sur la logique, sont à présent ])er(lus.
Voir ri-dessus. Le Septième contenait probablement les gloses de Icdaïah
'' ' '•'^' sur le Canon d'Avicenne; le huitième est la fameuse lettre
Voir ri-dessH.s, i i . • i . 1 < • > i >
i,. .Î-- apologétique dont nous avons déjà parie.
On ignore les dates auxquelles ont été composés ces
traités ])liiloso])hiques; mais nous croyons qu'ils ont été
écrits après la lettre apologétique.
XVIII. Avant de nous occuper des ouvrages faussement
attribués à notre poète, nous devons mentionner un écrit
qui lui appartient probablement. C'est un poème qui a pour
sujet les treize articles de foi, d'après Maimonide. Comme
Molli. ToUi., ledaïab était un adhérent zélé de Maimonide, M. Luzzatlo
a cru devoir lui attribuer ce poème. Ce qui est plus signi-
ficatif, c'est que la pièce se trouve au commencement du
iiisi. liii. «le la manuscrit du Musée Britannicjue qui renferme le Divan
d'Abraham de Béziers, père de ledaïah.
p-
Kraiir.-, t. XXVIl
P
saiv
XIX. La compilation de ce Divan , dont nous avons donné
Hiid., |i. 711 ei une analyse dans un autre volume, est probablement fœuvre
de ledaïah. Ce qui milite pour cette hypothèse, c'est que le
compilateur mentionne une chose intime, qui ne pouvait
iimi.. i>.7îi. être connue que de lui seul. Dans la suscription d'une pièce,
il dit: «Avant de se coucher, mon seigneur lui (à Gorni)
u a fait un cadeau d'argent. » Le mot ■'Jinx, « mon seigneur »,
est souvent employé par le compilateur; c'est peut-être le
titre qu'on donnait en Provence au père, ou bien, comme
Uoth. Tokh. , M. Luzzatto le suppose, ledaïah avait volontairement omis
''■ *■ le mot "«aN, «mon pèr-e», pour pouvoir rester anonyme.
M. Luzzatto ajoute encore un autre argument : c'est que,
Hisi. litt. de la daus l'élégie concernant la guerre de i 2 85, le compilateur
i>. 7n- parle du « malheur qui a atteint notre famille par la mort
« de David de Capestang et de ses deux fils »; le compilateur
était donc de la famille d'Abraham de Béziers. M. Luzzatto
a omis un des arguments les plus forts pour sa thèse : c'est
que le compilateur appelle la mère d'Abraham « ma re-
DU XIV SIECLE.
399
>i doutée dame sa mère » (idn miaon ^n:^1K rTtJc ruera m n-im). El
en oflet il n'y a rien que de naturel à ce que le lils, poète
lui-même, ait entrepris d'arranger la collection des poésies
de son père.
OUVRAGES QLl LLI SONT ATTnrilLÉS.
1° n"7D "'jii'D, « Délices de roi », traité sur le jeu d'échecs,
imprimé plusieurs fois, et attribué à ledaïah pour la seule
i-aison que les mots oSiyrj-'na, «Examen du monde», s'y
trouvent. Or ces mots n'y figurent pas comme titre d'un
ouvrage; ils se lisent au milieu de la phrase que voici :
•1133 D"p:n3i «)iD -iT, c'xic jDîn niacD va cmbi un'? \-n-nn3 ''D''3 'jx \-n3Di
;m3 J3N3 dSiv rj'ns nrnan. Traduction de Hyde : Mente pcrvolvi
m (liebiis juvcntiilis meœ, ad explorandiun et UKHiirendam ercnlus
temporis ab initia ad jinem, et c.vaminaii tllos m catino cxami-
nationis, examine œtcrno (o'jiy peut se traduire «du monde»
(;l « éternel ») , lapide probationis. Hyde ajoute : Examine œlerno
i. e. profundo : alladituradalinm aulhoris libruni Examen mnndi.
Parlant de là, VVoif attribue notre traité à ledaïah, el llodri-
guez de Castro lient |X)ur certain que ledaïah en est l'auteur.
M. Zunz exprime la même opinion. M. Graetz, se fondant
sur ce fait considéré comme acquis, établit une date pour
l'époque de ledaïah. M. Neubauer, dans son catalogue des
manuscrits d'Oxford, donne également ledaïah comme au-
teur des Délices de roi, ce qu'il rectifie cependant dans les
Addenda et corrufenda. M. Zedner a déjà fait observer que
le style hébreu de ce traité et la mention qui y est faite
du jeu de cartes empêchent de l'attribuer à notre auteur.
MM. Dukes et Steinschneider, de leur côté, disent avec raison
que si l'on prenait ledaïah comme auteur en se basant sur les
mots ch^s nrna, on pourrait également l'attribuer à Calony-
mos ben-Calonymos par la raison qu'on y trouve les mots
îm3]3N, (|ui sont le litre d'un de ses ouvrages. En 1874,
M. Steinschneider, dans son article sur le jeu d'échecs chez
les juifs, a repiis loute la question, et il ajoute cette obser-
vation de M. D. Forbes que, à la lin des Délices de roi, on
trouve mentionnée la faculté de roquer. Or, d'après les re-
XIV* SIÈCLE.
P. 71J.
Ms., fol. «1'.
Uelirix le^'is,
p. 19.
De ludis ur. ,
Em. et adil.
lilbllnlliera i'>|i.i
iiola, t. I, p. I -fj'.
Zur Gescliiilil
ui>(l Liter., p 4')H.
Calai., 11° 11 Sj. ■;..
Catal.,rol. I 16.!.
Van (l'r l.inilc,
(Icsrhirhtf iiiiil Li-
ler. (les .Srliaihsp. ,
I, p. 172.
Ben Chaii. ,
iSGi, p. 636.
Catal. Hmll..
roi. 6()i.
Vaii (Ipr l.imlr,
(lisrhiclite undl.i-
Icr. des Schaclisp.,
I,p. 171.
Illstory ofcbess,
p. I i3.
MV* SIÈCI.K.
Oeschlchlc der
Rocliade, p. 38.
Voir ci-dessus,
p. 363.
400
LES ECRIVAINS JLIFS FRANÇAIS
llebr. Ucbcrseti.,
p. 1 10, note I 2.
Van der Linde ,
op. rit. , I, p. 168,
Bil)liolhec8 lic-
braïca, 1, ]>. ^o3;
p. 287.
m
DprOrieiil,t.lX,
p. -ibtj.
(ieiger, Jûdische
Zeitschrift, l. VI,
p. ii3.
('4ital. Ashcr,
1868.
cherches de M. Van (1er Linde, la façon de roquer à l'ita-
lienne n'était pas inventée avant le xvi* siècle. Par consé-
quent il est hors de doute que le traité intitulé Délices de
roi n'appartient pas à notre ledaïah, et la date donnée par
M. Grœtx comme celle du dernier ouvrage de ledaïah n'est
aucunement solide. Nous ne croyons pas nécessaire de
donner ici l'analvse ni la hihliographie du traité des Délices
de roi, puisque ledaïah n'a rien de commun avec ce livre.
Il est bon toutefois de remarquer que les juifs se sont occu-
pés avant ledaïah du jeu d'échecs, comme on le voit par le
poème que le fameux Abraham ibn-Ezra composa, dit-on',
en 1167, sur ce sujet. Ajoutons enfin que M. Steinschneider
attribue maintenant les Délices de roi à Juda (Léon) de
Modène.
2° Wolf prête à notre ledaïah un commentaire sur une
partie du commentaire qu'Abraham ibn-Ezra a fait sur la
Genèse. Cet ouvrage se trouve, dit Wolf, dans un manu-
scrit à Paris. A notre connaissance, aucun manuscrit à Paris
ne renferme un tel commentaire sous le nom de ledaïah.
M. Dukes croit que Wolf avait en vue le second traité du
manuscrit n" i84 (autrefois Oratoire, n" 28), et il ajoute
que, si le commentaire en question n'est pas de ledaïah
(le manuscrit ne porte pas son nom), il serait digne de
lui. Quant à nous, il nous semble, à en juger par les ex-
traits que M. Dukes en donne, que ni le style ni les
idées mystiques qu'on y trouve ne rappellent les écrits de
ledaïah. Dans ce commentaire anonyme, on cite une ex-
plication au nom de « mon maître 1\. Meïr ben-David ».
M. Steinschneider a trouvé le même ouvrage dans un ma-
nuscrit qui appartenait au libraire Aslier; c'est le n* 17
du catalogue lxxxvi de cette librairie [fait par M. Stein-
schneider]. Ce même manuscrit renferme également le com-
mentaire de Nethanel Caspi (dont nous parlerons plus loin),
sur le Khozari du célèbre Juda Halévi, et le los ^b^bi de Jo-
seph Caspi. Le commentaire dont parle M. Steinschneider
' M. Steinschneider doute que le poème en question soit d'Abraham ibn-Ezra
(Van der Linde, I, p. 168). Le style, en effet, n'est pas celui d'Ibn-Ezra.
DU XIV SIECLE.
401
XIV' SIÈCLK.
s'accorde parfaitement avec les extraits donnés par M. Dukes
du manuscrit de Paris; il s'accorde encore en grande partie,
d'après M. Steinschneider, avec un autre commentaire, at-
tribué à Isaac Israéli ben-Joseph, le cadet. Il se trouve égale-
ment dans la bibliothèque du Vatican, n" 287, fol. i-44,
où il est attribué à « Joseph ibn-Caspi », et à Oxford, où il est
attribué à « Caspi ». Le manuscrit Asher susmentionné porte
comme posl-scriptum les mots suivants, d'une écriture plus
récente : cDinn ■?» icity puD •'sn'-'ïi 'Dc:n n3N'?D o'^e/n, « Ici finit le
« travail de Caspi, commentaire sur le commentaire d'Ibn-
« Ezra sur le Pentateuque. » En effet, le style et les ten-
dances de ce court commentaire rappellent plutôt Joseph
Caspi que ledaïah. M. Steinschneider avait donc eu raison
d'attribuer ce commentaire à Joseph Caspi comme une troi-
sième rédaction de son ouvrage. Nous verrons que cet écri-
vain aimait à donner plusieurs rédactions de ses essais.
Plus tard, en 1868, M. Steinschneider a proposé comme
auteur un contemporain de Josej)h Caspi, peut-être un de
.ses disciples directs ou indirects; car sûrement l'auteur
imite Joseph Caspi, s'il n'est pas Joseph Caspi lui-même.
Nous savons que l'auteur, quel qu'il soit, rapporte plu-
sieurs explications aux noms de R. Meir ben-David et de
Lcvi hak-Kohen; ce dernier, d'après M. Steinschneider,
était probablement le grand-père (maternel.^) de Lévi ben-
Gerson, et le premier est identique avec le personnage du
même nom cité par Profet Duran. Ces citations sont pro-
bablement tirées du commentaire de Salomon ben-Yaisch
le Jeune sur le commentaire d'Abraham ibn-Ezra; l'auteur
serait alors un disciple de Caspi, qui aurait fait une compi-
lation des autres commentaires. Il est, en effet, très difficile
de se reconnaître dans le grand nombre de commentateurs
sur Abraham ibn-Ezra, qui se copient quelquefois textuelle-
ment les uns les autres. Nethanel Caspi, dans son commen-
taire sur le Khozari, cite un passage tiré d'un commentaire
sur Ibn-Ezra par Sen Bonet de Lunel. Ce passage, d'après
M. Steinschneider, ne se trouve pas dans le commentaire
dont nous nous occupons; de sorte que celui ci, dans tous
Geiger, Jùil.
Zeilschrift, IV,
p. 297 et suiv.
Assémani, 11* 287.
Catal. , II" ii(>.
Liicyci. l'ii'scli pi
(îruber, 3* série,
t. XXXl, !>. 68 r.
Geiger, Jûdisclir
Zeitschrift , VI ,
p. 134.
Catal. Canibr. .
11° i3i.
Calai. Oxfoi.1,
n" 13-2,1.
TOMF, XXXl.
5i
2 8 *
iMi>KiMr.aig HAitonkt^.
XIV SIECLE.
Ii02
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
itibl.rabbinica,
III, |>. ().
Diz., p. 167 a.
.Sammelbaiid .
I , p. 46 et suiv.
Zuiiz, Zur Ge-
irhichte, p. ^69.
CaUl. , p. 11.
Mazlir, XII.
p. 35; Der Orient,
1S45, p. 2î8.
Catal. , p. 1 1 .
Mazk'r
p. 36.
XII,
les cas, n'est pas l'œuvre de notre ledaïah. Mais il reste à
se demander si ledaïah a écrit un commentaire sur Ibn-
Ezra. Nous le croirions, bien qu'aucun manuscrit ne le
prouve, si nous étions sûrs que le Sen Bonet cité par Ne-
thanel Caspi soit identique avec En Bonet Abraham; mais,
comme M. Stein Schneider le dit avec raison, le nom de Sen
Bonet était sans doute porté par plusieurs personnes à
Lunel, et l'une d'elles peut avoir écrit le commentaire cité
par Nethanel Caspi. En outre, ledaïah est presque toujours
appelé En Bonet Abram de Béziers, et jamais il n'est dit de
Lunel.
3° Bartolocci et de Rossi attribuent à ledaïah l'ouvrage
intitulé naierrn mjK « Lettre de Réponse », qu'on trouve dans
beaucoup de manuscrits, et qui a été publié par M. A. Ber-
liner, en i888. Isaac Latif avait adressé une réfutation philo-
sophique en 89 paragraphes à un ledaïah ben-Nahschon ,
à propos de questions posées par celui-ci. C'est à cet écrit
([ue ledaïah ben-Nahschon répond à son tour. Cette ré-
])lique suit l'ouvrage d'Isaac Latif dans deux manuscrits.
Le manuscrit du Vatican 335, 6, porte le titre suivant :
pwnj ]3 n-^3i'> 10 vhtt naie?r, « Réponse à lui adressée par ledaïah
« fils de Nahschon ». Le manuscrit de Munich n" 33 porte :
...■•loman •>yitn n'yT 'i nbrsv inx ans pcro knt n (pièce que
M. Steinschneider a omise dans son catalogue] , « Lettre de
«ledaïah Penini, de Béziers». M. Steinschneider, dans son
catalogue de Munich , écrit naicrn mjK an ledaïah ben Nah-
schon {^Penini?). Identifie-t-il ledaïah ben- Abraham avec
ledaïah ben-Nahschon ? Nous ne savons. Ailleurs il dit : « Le
« nom de Ben-Nahschon serait-il un jeu de mots? » C'est peu
probable, vu la notoriété dont jouissait ledaïah. L'édition
porte : -n^ïT 'to ■''jk niVefn nnan \mns k\t n
DU XIV SIECLE.
403
VI» SIKCI.E.
ESTORI PARHI OU FARHl.
SA VIE.
Pour la biographie de cet auteur, nous n'avons qu'à re-
produire avec quelques modifications l'excellent article que
M. Zunz a publié dans le tome II, p. 260 et suiv., de l'ou-
vrage intitulé : « The Itinerary oj Rabin Benjamin 0/ Tudela,
« translated andeditedby A. Asher»; Londres et Berlin, i84i-
EsTOivi, FILS DE MoïsE hap-Parhi, est le premier et le plus
important auteur juif qui ait écrit sur la topographie de la
Palestine. On ne sait pas bien le nom hébreu qui corres-
pond à celui d'Estori'. Dans le titre du grand ouvrage
mDi ninD3 (Exode, xxv, 33; xxxvii, 19), le mot -iiros, jouant
avec nin ex, qui se trouve au commencement de la préface,
paraît faire allusion au nom d'Estori. Le second mot pie,
«I fleur », est une allusion à Florenza en Andalousie, d'où ses
parents étaient originaires, et d'où vient le nom de famille
Parhi ou Farhi.
Estori, cependant, naquit en Provence, où il reçut sa
première éducation. Son père. Moïse, doit avoir été un
rabbin d'une certaine importance; Estori le cite souvent
dans son ouvrage, sans désigner expressément ses écrits.
M. Edelmann, dans sa préface hébraïque à la seconde édi-
tion du Kajtor wa-Férah, veut conclure de deux passages
d'Estori que Moïse, son père, était l'auteur d'un commen-
taire sur le Midrasch Hazith et de décisions de casuistique
sur le Talmud. A notre avis, ces deux passages ne sont
point assez concluants pour faire de Moïse un auteur. Dans
l'un, Estori dit avoir entendu de la bouche de son père une
décision de casuistique; dans l'autre, il est dit : « Mon père
« a expliqué ce passage du Midrasch. » L'une et l'autre men-
Kaflor wa-terali ,
fol. I I <) i.
Ibid.
Ibid.
loi. Ô].
foi. 55 a.
' On rencontre le nom de ^^^BWX
dans le nis. i4o de Rossi de Parme
comme le nom du père de Josiphyali ,
qui termina la copie de l'Arukh de
R. Nathan en m;ii 5056=1296 pour
Meir, fils <le R. Moïse, demeurant à
l'l.«le (le Sorgue. Wolf (Bibl. hebr., I,
n* iai8) l'appelle à tort R. haac Cohen
(Sacerdos) filias R. Mosis TnED. Wolf
avait pris par erreur le nom d'Isaac
Cohen 'j'jic?, propriétaire du manu-
scrit sur lequel la première édition
fut faite, pour le nom hébreu de l'au-
teur.
Ôl.
XIV 5IECI,E.
Op. cil., p. X.
Ilisl. iitt. (le la
l'iance, t. XXVII.
II. 5i5.
Kaftor wa-férali.
p. ,\
Voir ci-dessous,
article sur Abron
kohen.
Voir ci-<lessus.
p. 358.
Uist. lia. de la
France, t. XXVII,
p. Sgg et suiv.
Ibid. , p. 5 1 1 .
404 LES ECRIVAINS JUIFS FR.\NÇ.\IS
tion pourraient se rapporter à une instruction orale, ou, à
la rigueur, à un ouvrage traitant de beaucoup de sujets,
selon l'habitude des rabbins de Provence. Estori, d'ailleurs,
appartenait à une famille célèbre. Son grand-père du côté
maternel (nous ne savons pas d'après quelle autorité M. Edel-
mann dit du côté paternel, puisque Moïse venait de l'An-
dalousie) était Nathan de Trinquclailles fds de Meïr de
Carcassonne. Ni l'année de la naissance d'Estori ni celle de
sa mort ne peuvent être fixées.
Estori dit, dans la préface de son grand ouvrage, qu'il
est parti pour l'exil, étant encore jeune ("""j, en i3o6; il
serait donc né vers la fin du xiir siècle. Comme presque
tous les exilés, il alla d'abord à Perpignan, puis à Barce-
lone, où nous le voyons fixé pour quelque temps au moins.
Peut-être Estori alla-t-il aussi, comme beaucoup d'autres,
à Majorque; car nous y trouvons des membres de sa famille
établis. Le manuscrit du Kaftor wa-fcrah qui figure à la
Bibliothèque nationale de Paris sous le n" 684 a été exécuté
à Majorque par Salomon, fils d'isaac, fils de Moïse, fils de
Meïr "mcn et achevé le lo nisan 5i i 2 de la création (=avril
i352). Estori se rendit plus tard en Egypte, et nous le
trouvons au Caire, en i3i3. De là il alla en Palestine, et
s'établit à Beisan [Beth-Schcan de la Bible, en grec Scytho-
polis). Poussé par un vif désir de connaître à fond la Terre
Sainte, il se mit à faire des recherches qui ne durèrent pas
moins de sept ans; pendant deux ans, il s'occupa de la
Galilée, et pendant cinq ans des autres districts de la Pa-
lestine. C'est en i32 2 qu'il acheva l'ouvrage où il donne les
résultats de ses recherches, sous le titre de Kaftor wa-Férah
(Chapiteau et corolle).
Estori cite quelques-uns de ses maîtres : i° le martyr
Eliézer de Chinon; 2° son parent, le fameux Jacob ben-
Machir ibn-Tibbon, de Montpellier; 3° R. Ascher, peut-
être Ascher, fils de lehiel de Tolède, ou plutôt Ascher de
Lunel.
Estori était très versé dans la littérature talmudique,
comme on peut le voir par les auteurs et les ouvrages de
I
i
DU XIV SIÈCLE.
405
casuistique qu'il cite et que M. Edelmann énumère. On
trouve parmi eux les rabbins français suivants : Abrabani
ben-David de Posquières; Eléazar de Worms; Eliézer de
Ghinon, son maître; Zcrahya Halévi; Josepb Bonfds (Tob
Elem); lehiel, de Paris; Jacob (probablement de Rame-
rupt); Isaac ben Abba-Mari, de Marseille; Isaac fds d'Abra-
bam, de Sens; Isaac fils de Josepb, de Corbeil; Isaac
llls de Mardochée, Isaac fds de Meïr, et Isaac fds de Sa-
muel, tous les trois tosalistes; Meïr de Trinquetailles;
Meïr de Narbonne; Meïr de Rothenbourg; Moïse fds de
Juda, maître d' Abraham fds de David; Moïse de Couci;
MeschuUam fds de Moïse; Nathan de Trinquetailles; Péreç
(le vieux, ou le fils d'Élie); Salomon fds d'Isaac,de Troyes
(Raschi); Samuel de Ramerupt; Samson fils d'Abraham,
de Sens. Estori, comme tous ses parents, les Tibbonides,
s'occupait des diverses sciences. Parmi les grammairiens
il cite Ibn Djannab, qu'il a lu en arabe, Juda ben-Balain
et David Kimhi. Parmi les commentaires sur la Bible, il
nomme Saadiah Gaon, qu'il possédait en arabe. Il n'y a pas
trace de Kabbale chez lui. Il mentionne Abraham fils de
Hiyya, et son parent, Jacob ben-Machir, pour l'astronomie.
Lui-même, comme nous le verrons, traduisit un ouvrage
de médecine. Il cite, en outre, Aristote, Hippocrate, Avi-
cenne, Ptolémée, Galien.
.XIV* SIÈCLE.
Kaftoi'wa lérali .
XIVIII-XXXI.
SES 0UVR.\GES.
I. Le principal ouvrage d'Estori Parhi est, comme nous
l'avons dit, mcniriED, Kaftor wa-férah. Ce titre renferme
sans doute une allusion au nom de l'auteur et à celui de la
ville natale de sa famille. La pensée du livre est bien tou-
chante. Ce pauvre exilé n'a qu'une idée : quels seraient les
rites à pratiquer, si le peuple d'Israël était remis en posses-
sion de sa terre? Quelles sont les limites de cette terre? Le
livre est divisé en soixante chapitres, traitant des comman-
dements à observer dans la Terre Sainte, tels que les dîmes
et autres offrandes dues au temple et aux prêtres. C'est un
document de grand prix pour la géographie et la botanique
406
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
XV.
\i»' .MÈr.i.e.
de la Palestine. H y en a deui éditions : l'une imprimée
à Venise en i549; loutre à Berlin en 1862, sous le titre
suivant : Cajior wa-pherach anctore Phaichi [Pnrchi) , liber in
(fuo de ritibas Terrain Sanctam spectantibus nec non de (jea-
ffraphia, anliqaitatibus , nummis etc. codent pertinentibus a</itur.
Deniio edidit, textum ex codicibus manuscr. Bibl. Bodl. emen-
davit, introduclionem vanï^ae gencris annotationes adjccil Ilinc/i
vvoii, Bihiioih. Edelmann. L'ouvrage de Parhi a été confondu par Planta-
vilius avec le livre du même nom compose par Jacob
Luzzatto, qui contient des expositions mystiques sur des
passages agadiques.
Le Kaftor wa-Jvrah n'a pas rendu à la science géogra-
phique tous les services (ju'il aurait pu, parce que les deux
éditions qui en ont paru ont été uniquement publiées
|K)ur les lecteurs israélites. Voilà pourquoi Karl Ritter ex-
primait le désir qu'il en fût fait une traduction en une
langue européenne. L'ouvrage d'Kstori Parhi prendrait
place ainsi à côté de celui de Benjamin de Tudèle, auquel
il est bien supérieur par l'intérêt des observations et par le
jugement.
Iiihr. , I, 11° io58
Slpiiisclincidri-,
Cal.il. Ilibl. Ro<ll.
ml. 1 -1 'mi.
Krilkiiiide,
: r)S; XVI,
Fo
II, III, IV. Dans son grand ouvrage, Kajtor wa-Jêrah,
Estori Parhi cite trois écrits qu'il avait composés et dont
le texte n'a pas été retrouvé :
1 ° cEjn \n3 D, « Boîte de parfums » (Isaïe, m, io) , cité dans
•Kii»'. Kajtor wa-férah; c'était probablement un traité de morale.
'2° nVonnjn» D, «Lis du roi», cité également dans le
Fol. 1 7' et 98^ Kajtor wajérah; le sujet en est inconnu. Voici le passage dans
lequel cet ouvrage est cité (fol. 98 i) . Il y est question des doc-
teurs du Talmud qui sont censés s'être occupés des sciences.
Estori dit : nVi nst idi'js o-osn 'j'yV oanj-'ai asnDsn Nt'n ^3 3in3» inn
ni03n yiz'i i^sic) iiKSO^o no '73c? roxm riKSDi p dj osr'^iia nn*?!!» nnVit
n"y ono udd snv pVn iicSnn nosns Di'DD nxd' arxo nsp orn li^a NSDjn
nivw 1503 ntD nain i3n3Tn "1321 • Vt onnana "-?i'73 Ssm 0*733 Q'K'-ps vn
nVon. « Il est écrit [Deutér., iv, 6) : Car c'est là votre sagesse
« et votre intelligence aux yeux des nations, c'est-à-dire cette
« sagesse seule vous appartient en propre. En effet, tout ce
DU XIV SIECLE.
407
\IÏ* SICCI.I..
« qu'on trouve dans les sept sciences que nous possédons
«se trouve en partie dans le Talmud, ce qui prouve que
« les docteurs du Talmud les connaissaient. Nous en avons
« mentionné plusieurs exemples dans le livre intitulé Lis
• du roi. »
3° D'Don nvt? , « Porte du ciel » , également cité dans Kajhn
wa-férak, et qui renfermait probablement des sujets de ca-
suistique.
V. Un manuscrit de Parme nous a conservé la traduc-
tion d'un ouvrage de médecine d'Armengaud Biaise, célèbre
médecin de Montpellier. De Rossi donne comme nom du
traducteur Astodi fil. R. Mosis Parchi. La confusion du -
et du 1 est tout ce qu'il y a de plus ordinaire. 11 n'y a pas
de doute qu'il ne s'agisse là de notre Eslori.
Dans la préface, qui nous a été obligeamment communi-
quée par le bibliotliécaire de Parme, M. le cbevalier Pietro
Perreau, Eslori dit qu'il a écrit sa traduction à Barcelone,
« dans l'année de son esclavage et au commencement du
«nouvel exil» (ne/nnnTi'jj n'jnn mai*© rie?), c'est-à-dire vers
i3o6. Après avoir parlé des calamités de l'exil, comme le
font tous ses compagnons d'infortune, il raconte qu'un
petit traité en langue étrangère est venu entre ses mains,
traité très précieux pour la médecine, et attribué au savant
chrétien ' nommé Armengaud Biaise (nSa ajionK nsj Don"?, le t
et le t se confondant fréquemment dans les manuscrits) de
Montpellier; on le lui avait donné à Barcelone, dans l'an-
née de son esclavage et du nouvel exil. «Je l'ai traduit,
«dit-il, de sa langue dans la nôtre, selon les facultés que
« Dieu m'a données. J'en ai gardé la traduction pendant
• quelques jours, ne voulant pas la publier. Lorsque le
Kol. iS'.
Ilisl. lit), (le la
Kraiir.-.I.WVlll,
|). I ■>7 et siiiv.
.SteiiuclineidiT,
Hebr. Uebersclz..
,.. 778.
Calai.. ;i'i-
' Aax preuves apportées dans notre
tome XXVIII, p. i3o et suiv. , ajoutons
Regestam Clem. V, anno iv, p. ii5,
huile du ig mai 1309. A la considé-
ration d'Armengaud Biaise, son mé-
decin. Clément V accorde à son fils
Thoma.», clerc «le Maguelone, un béné-
fice ecclésiastique vacant oq devant va-
quer dans le diocèse de Béziers, quoi-
qu'iin'ait pas encore l'âge requis. — Airf.,
bulle du 3 1 mai 1 Sog : le pape accorde
une dispense d'âge & Bernard, antre fils
d'Armengaud Biaise , pour un canonicat
i Lérida.
1IT* SIF.CI.e.
408 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
«prince (n-'DJ?) est venu à Barcelone, je la lui ai soumise.
« Le contenu de l'ouvrage est clair et n'a pas besoin d'une
« préface. »
L'ouvrage traduit par Estori est divisé en six parties :
I" les noms des remèdes; 2° leur importance; 3° de quelles
substances ils se composent; 4° pour quelles maladies on
doit les employer et quelles propriétés ils ont; 5° combien
il faut en prenrlre; 6° à quel moment on doit les prendre.
iii.i liit. ,\,- i, On ne connaissait jusqu'ici d'Armengaud Biaise que des
>• rail. ...t. XXVIII, traductions de l'hébreu. Le traité remplit six pages et demie,
p. i>7 et Sun. .i-,.^.'-',,. ^
en petit in-quarto, dans le manuscrit. L original était sûre-
ment latin, et le titre était probablement De remediis.
Selon M. Steinschneider, l'opuscule médical dont nous
venons de parler serait identique à celui que cite Eslori en
le désignant simplement par le mot idnd, « traité ». Ce qui
est sûr, c'est qu'Estori renvoie là à une composition ori-
ginale, et non pas à la traduction du commentaire sur
l'Ardjuza, comme l'avait d'abord pensé M. Steinschneider.
Nous croyons savoir que cet habile critique est maintenant
de notre avis.
Kattnr wa Irrali
p. X, iiolf.
Ibi<l., p. 18 a.
VL Estori traduisit encore, sans doute du latin, le
D'Di32n 0 «Livre des purgatifs», dont le commencement se
trouve dans le manuscrit de la Casanatcnsis , à Rome, n" I,
IV, 5. Ce manuscrit renferme une collection de traités et de
notes médicales, compilée, comme il semble résulter d'un
passage (fol. 87), par un médecin (italien?) du nom d'Elie
fils de Juda. Le manuscrit est dans un état de confusion
extrême , beaucoup de feuilles sont transposées, et sans doute
plusieurs manquent. Notre traité se trouve au folio 182,
avec la suscription suivante : ''n'^.tn nco la moe?K ■) pinson -^ck
'j-fsn p"? iND 3itD Ninc* D>ci33n 'c Nnpjn nscn nt nSsir \-i'N-i tVH j»' ^>
cnpn ]wbh [?■'^3^] pcVo ip-'nyn'? 'nn, « Le traducteur Estori
« fils de Moïse hap-Parhi a dit : Ayant vu l'importance du
«livre appelé Des purgatifs, j'ai été poussé à le traduire
« en hébreu. » Le traité est divisé en sept chapitres (onye;),
dont le premier porte pour titre: mnjn ^W'jerDi mn '-inona,
DU XIV SIECLE.
/|09
XIV' SIÈCLE.
le dernier intt n»t33 ni3-)n'Di oncD ncbcn mnibn •«•j^'jwa. A la suite
de ces sept chapitres, d'autres notes commencent. En par-
courant le manuscrit, nous n'avons pu découvrir où l'ou-
vrage se continue. Ce traité Des purgatifs n'est pas identique
à celui de Gérard de Solo, ni à celui de Dontis (manuscrits
de Paris n°' 1 120, 1 ; 1 128, 8), ni à celui de Gérard Butu-
tus, que nous connaissons par M. Steinschneider. La traduc-
tion hébraïque de ces derniers traités a été faite sur le latin;
la division y est tout autre.
ANONYME,
AUTEUR DU LIVRE DE PAPIER.
Le i"DKD iDD ou n"jn'D, «Livre de papier», est un ou-
vrage de casuistique anonyme, composé par un rabbin
du Languedoc, si la lettre de divorce, datée du jeudi le
8 d'adar 5079 (^9 janvier iSig), a vraiment été écrite
à Condom. L'original porte: Sn Krxxa ^^i Vv xarn kdd nnjipa
K*?" -inj, « Condom, situé sur la Baise et la Gelée ». On trouve
ce nom écrit piaip «Condon». M. Rabbinowitz a lu Dli^p',
M. Neubauer, de son côté, a écrit oniip; il croyait y trouver
la localité de Condé-en-Brie, et corrigeait en conséquence
les noms des rivières en kjpnk et n'?''!, «Aisne» et «Vesle».
M. Gross trouve avec raison ces corrections forcées. M. Neu-
bauer avait cru pouvoir conclure de citations d'auteurs
français et de mots français que notre auteur devait avoir
écrit dans l'est de la France; mais il renonce à ce sentiment.
Nous donnerons la description de l'ouvrage d'après le
manuscrit de M. Halbcrstam (maintenant à la bibliothèque
Bodléienne, hebrew , e. 17). Le volume se compose de
178 feuillets in- 8°, sur parchemin, en caractères carrés du
type germanico-français pour le texte, tandis que les pas-
sages en marge, qui sont nombreux, inclinent vers l'écriture
rabbi nique du même type. L'auteur commence par les céré-
monies du sabbat et finit par les prescriptions concernant
la nourriture; il se fonde principalement sur les ouvrages
de Maimonide et de Moïse de Couci. Il emploie largement
les mots français pour expliquer les termes talmudiques, et
Mazkii', fol. 1 '.\ n
el C9 (..
Ms. fol. 1 10'.
ScliébetJehudali.
p. 5.
Varia Lcctiones,
II. fin.
Arch. des mis><.
scient., 3' sér., I ,
p. 572.
Rev. des Études
juives, VII, p. 73.
n" I.
Zunz, Die \\i-
tus, p. 3i.
Hist. iitt. de la
France, t. XXI,
p. 5 1 1 et sniv.
TOME XIU.
Sa
urfttvcui iriti*ffll.i.
St<!CI,B.
410 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
marge.
Itev. lies
Kliicl<-s
juj\cs, VII
. P- -^
n>i<i..
XVI.
|>. iHo.
Ihid..
Vil.
!'• 77-
cite souvent les rabbins de France (Çarfathim), surtout un
R. Hayyinï Baruch, très peu connu dans la littérature de
Ms. loi. 8,^ /-, la casuistique, et qui a vécu sans doute au xm* siècle. 11 dit
que celui-ci avait reçu une règle de casuistique de son
Mu. f..i. 19 6. père Menahem, qui était disciple de Sa ni son de Sens, et
originaire de ©•'i-iik^j, que M. Gross identifie avec Niort ou
Koi. /,àh. Nevers. 11 rapporte qu'un rabbin (d'après M. Gross, Hayyim
liaruch) a invoqué une règle qu'on observe à vhid, qui
n'est autre que la ville do Thouars, non loin de Niort; le
manuscrit n'a que 1; mais il est possible que ce titre vise
en effet Hayyim Baruch, qui est nommé dans le passage.
M. Gross croit que Hayyim Baruch était un élève d'isaac
de Corbeil, qu'il cite assez souvent. Il cite aussi R. Juda de
Paris et Hayyim Cohen; il mentionne une fois Menahem
Sire Léon I'^didict (?) et sous le titre de teu un ouvrage de
casuistique inconnu.
L'auteur du Livre de papier allègue encore Berekhiah
[de Nicole] et Ahron fils de Joseph, postérieurs à Jacob de
Ramerupt, et R. Joseph de "kjid (il s'agit là sans doute
d'une localité de Mounaie ou Monnaie') , outre les anciennes
autorités, telles que Gerschom de Metz, dont il cite des
réponses (maic?n), Raschi et d'autres. Dans le chapitre qui
traite des cérémonies du divorce, comme nous l'avons vu,
il donne la date et la localité, et cette localité esi probable-
ment celle où il demeurait. On trouve aussi chez lui les
noms français qu'on a l'habitude de mettre dans les actes de
divorce avec les noms hébreux, tels que Juda, Léon; Isaac,
^^3^1p (Cornet.^) et pvtt; Meschiillam, Donnet (o'^n); lehiel,
VK'jia, Bonias Hayyim, Vivant; tout cela sur l'autorité
d'isaac de Corbeil. La prière appelée onp, qu'on récite
sur les morts, est semblable à celle qu'on lit dans le rite
du Yémen et de la Provence ; la voici : «ai k">dw ©ipn^i "jup^
n'ni3'?D yVo'»! n'»injc'7 R»>np in'jiD kj3pk'71 K3»v<d ninsia jnVio Tpyo'ji
. . .pa^'na Kjpmc non tmwv yy\
' Le manuscrit a très distinctement 'K^'JIDD et non pas '«"JtOO. .Sur "310 en
Champagne, voir ci^dessus, p. 356.
DU XIV SIECLE.
411
\IV' SIÈCLE.
Le copiste du manuscrit Halberstam, Juda fils de R. Ja-
cob de Vermenton (Yonne, ]ir:DniB''D), dit avoir écrit pour
R. Joseph fils de Mathithyah, et avoir achevé son travail le
mercredi de la semaine dans laquelle on lit la section nt-i
(Genèse xviii à xxni), en l'an 5i42 (novembre-décembre
iSy-i). Ce Mathithyah est probablement le rabbin de Paris,
Mathithyah fds de Joseph de Provins ('cranc^), un des an-
ciens propriétaires du manuscrit du Talmud qui se trouve
à Munich et qui a été achevé le 12 kislev 5io3 (1" dé-
cembre 1342). D'après Azulaï, le manuscrit en question
aurait été écrit à Paris. M. Graetz fait observer que la date
i342 est alors impossible, puisque le retour des juifs en
France n'eut lieu qu'en i36o; il propose la date de 5i23
(i363); le mot c-iw aurait été omis dans le manuscrit.
Cependant il est difficile d'admettre que le copiste ait omis
un mot aussi important dans ses post-scriptum, où la datt!
se trouve deux fois. D'ailleurs, M. Graetz contestait la date de
1 342 avant fapparition du second volume des Variœ lectiones
de M. Rabbinowitz, qui le premier a soutenu que le manu-
scrit de Munich n'a pas été écrit pour le rabbin Mathithyah,
par le copiste Salomon fils de Sanison. Il faut abandonner
en tout cas la donnée d'Azulaï d'après laquelle ce manuscrit
aurait été écrit à Paris; Azulaï le dit uniquement parce qu'il
avait vu dans le manuscrit une formule de lettre de divorce
avec la date de Paris.
Le copiste de notre ouvrage anonyme ajoute qu'il ne sait
pas le titre de l'ouvrage, mais qu'il a appris de seconde
main qu'on l'appelait T'''SKDnDD, «Livre de papier^».
Le ^"in d est cité dans les gloses sur le livre de Mordecaï
ben-Hillel, par Joseph Colon, rabbin du xv* siècle (réponses
' M. GrsBtz (Gesch. d. Judin. t. VIII ,
|). 8) traduit ce mot par « Provençal ».
' Un autre inanuscrit que nous avont
vu dans th bibliothèque de M. le baron
Gùnzburg , luarqué n* 6 1 , présentiiit
une lacune au coinmenceaient. Le co-
piste lehiel Simhah y disait ce qui suit :
• Nous ne connaissons pas le nom de cet
• ouvrage ; mais on le trouve copié sur
• du papier et très souvent en F'rancc
• (PDIS). Ne sachant pas le litre de l'ou-
• vrage, le» gens l'appellent Livre df
« papier ( I^^DC) •. Le contrat de mariage ,
dans ce manuscrit , est daté de Condom
(onjlp), le i4 scliebal 3077 (a8 jan-
vier i3i7). Isaac y est exprimé par
j3ip, Mescliullam par '31", et lehiel
par 1N"|J3.
5a.
Gescliiclitr der
Juden. VIII, p. 10.
Vari» lecli'ine».
I, p. 3i.
XIV' SièCLS.
412
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
peut-être de celui de Parme qui porte le n" 4oo dans
le catalogue de Rossi. Ce manuscrit, qui est en mauvais
état, commence sans titre par les règles du sabbat et finit
par celles qui concernent le mariage; étant mutilé de la
fin, il ne contient pas la formule de facte de divorce. La
formule du contrat de mariage (indice de Tannée où le
manuscrit fut copié) porte la date du mercredi i4 tam-
mouz 5 160 (7 juillet i4oo) selon le comput de Cham-
béri («no ^-laDNpa); elle ne contient pas de noms pour les
parties contractantes; on y lit p iSd et ra'jD; la dot est
comptée en ducats (woNpn). Nous devons les informations
relatives à ce manuscrit à M. le docteur L. Modona, sa-
vant hébraisant, sous-bibliothécaire de la bibliothèque de
Parme.
Le manuscrit hébreu de Paris n" 446 renferme beaucoup
d'extraits de notre traité, accompagnés du compendium de
casuistique de Mardochée fds de Hillel; ce sont probable-
ment les gloses de Joseph Colon, déjà mentionnées.
Voir ci-dessous,
ait. de Sen As-
liuc et de Jos.
Caspi.
Monatssclirifll ,
1879. p. 47i.
Catal. , p. 5 1 .
Catal..
1367.
moïse de beaugaire,
TRADDCTEliR.
Moïse de Beaucaire (n"p'73i) était contemporain de Sen
Astruc de Noves et de Joseph Caspi. Il habitait Salon comme
Sen Astruc et, comme celui-ci, il a composé une réfutation
du Livre du mystère de Caspi; nous en possédons quel-
ques extraits conservés dans la lettre que Calonymos adressa
à Caspi. Notre Moïse est sans doute identique, comme
M. Gross Ta fait observer, à Moïse fils de Salomon, l'un
des savants de Salon, qui a traduit le grand commentaire
d'Averroès sur la Métaphysique d'Aristote. Les livres VII à X
de cette traduction se trouvent dans les bibliothèques de
Leide (ms. Wam. 18, 2) et d'Oxford (n° 1867 du nouveau
catalogue); les livres XI à XII (d'après la version latine) dans
DU XIV SIECLE.
413
le manuscrit de Munich (n° 65, 8, sous le titre de nnon d
1BD^N'7, « Livre d'éthique d'Aristote », avec des transpositions).
Les manuscrits les plus complets se trouvent à Paris'. Men-
tionnons d'abord le n° 886, où le nom du traducteur
n'est pas donné, et qui contient les livres I à X et le livre XII
incomplet; la traduction est faite sur l'arabe. L'ouvrage est
intitulé : yaon intce? no -ed, « La Métaphysique » d'Aristote, et
accompagné du grand commentaire d'Averroès. Cette ver-
sion présente la particularité que les deux premiers livres
sont transposés, le livre a formant le premier et le livre A
le second. Le n° 887 présente le même contenu; mais le
livre XII est complet, et, à la suite du livre II (I), se
trouve une note, probablement d'Averroès, qui donne
quelques indications sur l'ordre à suivre dans l'étude de
la métaphysique. D'après la description du catalogue, cette
traduction «diffère souvent de celle du n" 886; elle s'at-
• tache moins à la lettre et, dans plusieurs passages, elle
M est plus claire ». C'est peut-être une revision de la pre-
mière traduction par l'auteur même de la traduction. Il est
peu probable que Moïse, comme le dit le catalogue de
Paris, ait pris pour base de son travail le texte du n" 886,
en le corrigeant en quelques endroits. Ce manuscrit, il est
vrai, n'a pas le nom du traducteur, tandis que le n" 887
donne le nom de Moïse, fds de Salomon, avec l'addition
pS'c? 'CDno, « des savants de Salon ». Notons que, dans l'index
du catalogue de Paris, on attribue cette traduction à Moïse,
fils fie Salomon de Salerne.
Les n°' 888, 889 et 890 de Paris sont identiques au
n° 887, et le nom du traducteur se trouve dans les deux
premiers. Le n° 8go, qui a pour titre lubn nxa ov-im iDxcn 'c
yaon inttv noD, « Livre Lambda (A) , ou le 1 2' livre de la Méta-
» physique d'Aristote », est incomplet à la fin, de sorte que le
nom du traducteur manque. Cette version a une grande im-
portance, car elle peut servir à rectifier les erreurs biblio-
graphiques qui ont été commises à propos du commentaire
\1V' SIÈCI.K.
Catal. , p. 3u.
CaLil.
!.• 887.
Paris
Freudentlial,
Averroes, p. 117.
2 3
Il y m a nussi un manuscrit à Berlin. (Sleinschneider, Hebi: Uebersetz. , p. 1 73.
f IT SIECLE.
Munk , Mi>langes
dp |>liilosopliie
juive el ai-abc,
|). h'M et suit.
Voir ci dessous ,
p. 'l'|5.
Uibliolh. rabb. ,
I, p. 33U; III,
p. aSg.
Biblioth. bebr. ,
1, p. 187 el 897.
(^al*i., p. il.
414 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
d'Averroès sur la Métaphysique, comme l'a montré fort
bien M. Munk.
Dans le manuscrit de la bibliothèque d'Esté à Modène
marqué I. C 17, qui renferme notre traduction, on appelle
le traducteur 'nVxn bM:n osnn, « le grand et divin philosophe »,
Moïse fds de Salomon , des savants de Salon (îi*?^, mot formé
par allusion à la localité biblique rù^v, Schilo; on trouve
cette dernière forme dans la lettre de Calonymos). A la fin
du livre X, on lit ce qui suit : n"? a)i irr'? yjn n"? is"n"i lOKOn
liDD t?n^D 13 N2C3 n"? pi D-DDfi IV) '\ D3nn 1'*?, «le onzième livre
« ne nous est parvenu, ni à nous, ni à Ibn-Roschd le com-
M inentateur; c'est pourquoi on ne trouve pas chez lui de
« commentaire sur ce livre ». Le i 2* livre a la suscription sui-
vante :n:ie;NinK''Dioi'7'CnD 3'^ noKDnSyiDTîreipn, « Préface d'ibn-
« Roschd sur le 12' livre de la philosophie première». A la
fin, on lit ce qui suit : ivi px i^*? ik3 k"? jb D-iomin tm r"' iokd
ij:i»'73 «id3 m*?!, « Ics livrcs Xlll et XIV, marqués in,n, ne sont
«pas venus entre les mains d'Ibn iluschd, et ils ne se
« trouvent pas dans notre langue ».
Nous mentionnerons encore deux manuscrits de cette tra-
duction. Ce sont: 1° le manuscrit d'Oxford, n° i367, 2,
qui est identique au manuscrit de Paris 887; il renferme
les livres VII à X et XII; 2° le manuscrit du Vatican Urb.,
46, qui contient les mêmes livres. Assémani donne le titre
suivant : '''?K»Dï£?'n nijoD'jKD yao.i *inH» no d •?» '<», Alexandri Ismae-
litœ, tel podus Aphrodiscei , insignis ArislotêUs interpretis. Ce
titre ne se trouve pas dans le manuscrit, et Assémani y a
mêlé le nom d'Alexandre, parce que ce nom est mentionné
dans le commentaire d'Averroès. Le manuscrit en question
a été écrit à Bologne, en l'année 5 1 5o de la création (iSgo).
Moïse de Beaucaire A ici également l'épithète de "?n3n asnn
^fi'jxn . Ce manuscrit est mentionné par Bartolocci et Wolf ,
aux noms Alexander Arabs et Moses jiliai Salomonis; l'auteur
est qualifié ex sapientibas Salonii. Enfin le manuscrit de
Turin n" XIV, fol. 667, contient le commentaire traduit par
Moïse de Beaucaire. M. Bernardino Peyron se trompe en
le croyant composé d'après Thémistius. Ce manuscrit a été
DU XIV SIECLE. 415
\1V* Sl^OlK.
(JJ.
I
copié par Crescas Vidal S"»*? (?) pour Maestro Mordecai To-
dros Nathan, et achevé le i3 marheschwan 628 1 (M. Pey-
ron met 6q3i) = 8 octobre 1470. Mordecai vendit ce
manuscrit avec d'autres livres à Maestro Davin de Lattes
(etkok'ît), à Avignon, le i8 kislev 52 46 (26 novembre
i485).
Notre Moïse, comme M. Steinschneider l'a bien deviné, Matkir. \vi.
est également l'auteur de l'abrégé du grand commentaire
d'Averroès mr U Physique d'Aristole, qui existe en ma-
nuscrit à Turin (A. vi. 43), et dont la description dilFère
chez les différents auteurs, le post-seriptum étant difficile à
lire. Prenons d'abord Pasini. 11 dit: Cod. CXXX a. V. Il, «aiai., m .s-
chartaceus, foliis constans 23â, charactere cxaratus Ilebrœo-
Hispano, lectu penUfficili, quatuor priorcs continet libros Ansto-
telis yaçn "w Al Hatteva de Physica Auscultationc , cum sclioliis
in utroque mar(jine R. Mosis de Palkera, quemadmodum scrip-
tum est fol. 233 : nT»*? pe^jfna rawa •'pws D^w^ nKOi d''d'?n rc?Dn n:c?3
yvvn 1DDD a^-iDtcD nvaiNn n^ ino taniax p ]nz iVK ijk 'nD"m irons sk
Ki>'p'7BT nerc "1 *iiM'?'«n nxp ^»pon loj* ae?ni&ni d^'jbidd-ik'? ^yaon
liTwn ivi p»iT50, Anno creationis 5102, id est œrm valçjaris
1342, die sexto hebdomadœ , primo mensis ah, id est lunœjalii,
ego Ascer Cohen, Jilius Abrahami Cohen, scripsi el absolvi hos
qaatuor tractatus de Physica cmscaltatione Arisloielis, et ex-
positionein eoruni, quani in cotnpendimn rc(le(iil philosophas
R. Moses de Palkera, ex magna expositione Ahen liasciad, sive
Averrois. De philosopho Mose de Palkera ne verbiim quidem in
vulgatis Hehrœorum Ribliothecis. M. B. Peyroii donne du caïai. p. ins.
même volume la description suivante : Arislolcles, de Phy-
iiQ9 audJM libri IV priores ex anonyma versione, ciini commentis
in nargine R. Mosis [vp'j-'ai] De-Belker, seu forte Falkera. Sa
traduction du post-scriptum est la suivante : Anno 5102
[A. D. 1342) die sexto hebdomadœ, primo mensis adar, scripsi
et absolvi ego Ascer Cohen ben Abraham Cohen hos quatuor
libros ex Aristotelis opère de Physico auditu; el commenta quœ
sunt in margine in compendium redacta fuerunt ah eximio phi-
losopho Mose De-Belcher (^Falkera?) , cui locus habitat ionis fuit
pS''» {^Scilak?), ex priori commento Aben Roscd, ut commodiora
XIV SIECI.F.
Mazlir, XX,
p. i33.
Resp. Laites,
p. 98. 99, 101.
Calai. Taur. ,
p. 218.
Wolf, BiWioJh.
hebr. , IV, p. 927.
Maïkir, XX ,
p. i3î;XXI,p. 83.
Ibid., XVI.
p. 93.
Voir ci-dessous ,
p. 433.
416 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
évadant leclori. M. Peyron lit, après le mot oennicm, ce qui
suit : in:''nn Dipo i'j "i"p'?''3T ne?D 'i «iiDi'?''Bn nbvjn ivn iisp Kin vSja -i»k
na Knipn yTi" ivo'' in«n ne?T p e?n"iED pb-ier wn. M. Neubauer croyait
lire la date D>3»iD^nK0i, 6272 A. M. = i442 A. D.; mais
M. Steinschneider fait cette observation juste que la nou-
velle lune d'adar i342 tombe un vendredi, tandis qu'en
1442 c'est un lundi; et en effet, après un nouvel examen,
M. Neubauer a trouvé hndi au lieu de dtkdi. M. Stein-
schneider ajoute que notre copiste Asclier Cohen est peut-
être le père d'Abraham fils d'Ascher Cohen de Lunel,
mentionné dans les Réponses d'isaac de Lattes entre les
années iSyô et i385. M. Neubauer lit, après Abraham
Cohen (p. 4i 1, ligne 8 du bas) le mot Vr"?, de Lunel, ou
une formule abrégée. Il lit encore (p. 4 12, 1. i5) : n^pV^aT
]i"?^w nTi inunn mpo y"j, « sa résidence fut Salon, » au lieu du
mot énigmatique Scilak. M. Peyron donne la notice bibho-
graphique suivante : Bencinius [apiul Wolfinm, t. IV, p. 927)
pro Ascer Cohen lecjit Meschullam, (juem Libros IV Aristotelis
de Rébus naturalibus cum scholiis R. Mosis Belchiez hebraice
convertisse ait. Sed est librarius. Ex Pasino Stcinschneiderius ,
Cat. p. 2265, legens Mosen xi^bsT suspicatur esse patrem Tan-
chumi. Sed in codice nomen est n"p'7"'an {^potius n^pV'ai). Ncscio
an idem sit nomen varie scriptum. M. Steinschneider a depuis
restitué le nom de Beaucaire pour Palakera et a reconnu
en notre Moïse le contemporain de Calonymos ben-Calo-
nymos. Le commencement du texte que donne M. Peyron
est identique à la traduction du grand commentaire d'Aver-
roès qu'on trouve dans le manuscrit de la Bodléienne,
n" i388 du nouveau catalogue, et, d'après M. Steinschnei-
der, c'est Calonymos qui serait le traducteur. Notre Moïse
aurait en ce cas écrit un abrégé de la traduction de Ca-
lonymos. Nous reprendrons la question à propos de ce
dernier.
DU XIV SIECLE. /il- ^,^.„,^^,.
CVLONYMOS BE^-C\LONYMOS,
TRADCCTEUB.
SA VIE.
Calonymos, fils (le Calonymos, fils de Meïr, le traducteur
le plus actif de la Provence, naquit à Arles en l'année 1287.
Celle date nous est fournie par les manuscrits où Calo-
nymos dit qu'il a achevé certaine Iraduclion à l'âge de
vini^t-deux ans, en iSog. .M. Zunz, dans son savant article Voir ci-dessous,
sur noire rabbin, niellait la date de sa naissance enlre 1 284 *'' ]' '
f'I l 'iH']. Le nom provençal dejiolre Calonymos élait \Iaes- iii,'j,.2 5o'eisu'ii'
tro (>alo C?? ou iWi abrégé de ciciiSp); son père, (lui por- Voir h dessoui. ,
, -, I ,•, 1 M • • « I). '1 '10, 11° XXX.
lail le litre de JNasi, M|)ruice», nous est connu comme
poète par Abraham de Béziers. Calonymos lui-même portait iiisi. lin. de 1.
- Kranrc, I. XXVII.
!'■ 7"-
également le titre de Nasi, d'après quelques épigra])hes de
.ses ouvrages. On omet parfois le nom de son père en l'aj)-
peianl Calonymos ben-Meïr; de là proviennent ([uelques
confusions chez les anciens bibliograjihes. Ainsi Barto-
locci fait de notre auteur au moins trois différents person-
nages : 1" Calonymos fils de Meïr, auteur du Livre des iiiWioiii. iai)i>..
liois; 2" Calonymos de la famille Calonymos, auteur de la 'V"°'''6'i.
Pierre de louche, et ([ui a traduit du grec en arabe (!) le
traité intitulé La lettre sur les animaux; 3" Calonymos ibid., n" iGoo;
(ils de Calonymos, traducteur des commentaires d'Averroès "' ''"""'•P ''3''
sui- la Physique (i3i6) et la Métaphysique. Bartolocci
continue en disant: « Il traduisit aussi les traités d'Averroès
« De animœ beadtudine et Epistola de Intellcclu, qui ont été
M imprimés à Venise avec les autres ouvrages d'Averroès en
M i552. » Ailleurs Bartolocci dit que Calonymos fils de Da- ibid., u" iGUo,
vid Calonymos fut surnommé Calo. Nous verrons que c'est " essous,i>.46i.
notre auteur qui porta ce nom abrégé.
Wolf fait de notre traducteur deux auteurs, à savoir : Bibi. hebi., i,
1 " Calonymos fils de Meïr, auteur du Livre des Rois; 2° Ca- p '°®^
lonymos de la famille Calonymos (didiji'?? n-iao) , auteur de la km. bébr., i,
Pierre de touche, de Y Epistola animalium, de Y Epistola ino- •'■ '"''^
TOME XWI. 53
^ J m tVpfilVKIllE llTIOXALe.
\IV* siici.K.
auteur.
Bil)l. hebi.. III
/ii8 I.ES KCRIVAINS JUIFS FR\NÇ\LS
ralis, (les traductions d'Avcrroès mentionnées par Barto-
locci, et de plus, de la traduction de la Destruciio destruc-
tionis, qu'on attribue ordinairement à Calonymos ben
Voiriariidcsu. Todfos, mais, d'après Wolf, sans aucune raison. Nous
verrons qu'en réalité l'un et l'autre de ces Calonymos
avaient fait une traduction de la Dcstructio. En outre, U oU
mentionne la traduction par Calonymos des traités De clys-
Voir ci dessous, teiiis t't coUcd , attribués à Galien. Dans son troisième vo-
lume, il reconnaît les deux Calonymos comme étant un
seul et même auteur, et, en ajoutant d'autres traductions
faites par notre Calonymos, il fait observer que Calony-
mos, dans sa Pierre de louche, dit qu'il était âgé de quatre-
vingt-trois ans, lors de la composition de ce traité, faite en
5ooo A. M. = 1 Q^o A, D. Par conséquent, dit Wolf, la date
de 1 3 I 6 , donnée pour sa traduction du commentaire d'Aver-
roès sur la Physique, doit se rapporter à la copie et non
v„ii<i(i.sso.is pas à la composition de ce traité. Nous verrons qu'au con-
^'^ traire la date de i3]6 est exacte pour la traduction et que
la date de la^o, dans la Pierre de touche, est due à un
malentendu. Dans le quatrième volume, Wolf met, après
Calonymos, de la famille Calonymos, le nom de Clemens
Jil. démentis, filii Meir (d3"'C''7P p crr:'"??), qui aurait traduit
le commentaire d'Averroès sur la Logique et les Topiques
en i3i4, et celui sur le traité du Ciel en i3i7, alors qu'il
était âgé de trente ans. Wolf se fût épargné cette confusion,
s'il se fût souvenu que, dans le troisième volume, il avait
(lit (|ue Calonymos fds de Calonymos était pctit-fds de Meïr.
i)iii.,ii. sior , Do Rossi dit (jue Calonymos fds de Calonymos était do
'**" Mantoue, qu'il vivait vers le milieu du xiii* siècle et qu'il
atteignit un âge avancé; car il acheva la composition de sa
Voir ci dessous, PiciTe de touche en i34o, âgé de quatre-vingt-trois ans.
^^■^ Quant aux travaux de Calonymos, De Rossi renvoie à son
Catalogue des manuscrits hébreux, ainsi qu'^ un manuscrit
du Vatican. Nous utiliserons ces manuscrits dans la suite.
Bibi. jud.. II. M. Fûrst^ d'après Zunz, place la naissance de Calonymos
en 1 287; iJ ajoute que Calonymos travaillait sous les ordres
de Robert d'Anjou, qui lui donna des lettres de reconi-
05.
DU XIV' SIECf.E.
M^ù
mandatioii pour Rome, entre 1 3 18 et 1 822 , qu'il retourna
de là par la Catalogne en Provence, et qu'il se fixa à Arles.
M. Gross donne également l'année 1287 comme date de la
naissance de notre auteur; M. Steinschneider parle de la fin
de 1286, en se fondant sur la date à laquelle Calonymos
fit sa traduction de la Physique.
Les détails sur la vie de Calonymos ne sont pas nom-
breux. H fit ses études à Salon, où vivaient ses deux maîtres.
Moïse de Beaucaire et Sen Astruc de Noves. Des contempo-
rains l'appellent un « très grand savant ». Ainsi Immanuel de
Rome, Manoello, que l'on suppose avoir été l'ami de Dante,
ne tarit pas en éloges sur lui comme traducteur et comme
poète. « H connaît, dit Manoello, Ptolémée par cœur, ainsi
« que les Livres des Chaldéens (ouvrages astrologiques?), et
« il est le plus habile pour traduire de l'arabe en hébrew. H
» est grand philosophe, et il réjouit le lecteur avec sa prose
« cadencée (ns"'?©). » Cependant Manoello n'a jamais vu de
compositions métriques ( l'c ) de lui. Nous montrerons plus
loin que la distinction entre la ])rose cadencée et la poésie
a quelque importance pour certains détails de la vie de
Cahmymos. Un autre traducteur provençal, Calonymos fils
de David, dit de notre Calonymos qu'il savait le chaldéen,
le grec et l'égyptien [?), qu'il fit même des traductions en
latin et qu'il a éclairé les savants provençaux par ses tra-
ductions élégantes. Enfin Isaac de Lattes s'exprime sur Calo-
nymos en ces termes : « Le savant, le prince R. Calonymos,
« fils [de Calonymos, fils] de Meïr, a con^posé des livres
« sur les sciences, et parmi eux il y en a un intitulé Livre
«des rois [de la gloire, d'après le manuscrit Gûnzburg];
« c'est un livre précieux, qui traite de l'arithmétique, de la
« géométrie et de l'astrologie. » MM. Gross et Steinschneider
croient ([ue le passage dans lequel Lattes attribue à Moïse
ibn-Tibbon [dans le manuscrit Gûnzburg, à Samuel
(Salomon.î^) de Melgueil] les quatre livres intitulés : But
final de l'astronomie. Livre Colliget, Livre des Rois et
Livre des dix matières, est transposé et devrait être rap-
porté à Calonymos. On a peine à l'admettre, tout en re-
53.
XIV* SIÈCLE.
Monalsschril'i .
ifijçt, p. 1^70.
Kiirycl.Ersrl) i
(inilier, p. i6() ''.
Tli. Paur, (liin-
Jnlirh. (I. (I. Dante
Gcsplischafi, t. III
(1871), p. '133 n
siii\ .
Voirri-fles<oin.
p. 'i5o.
Voirci-dessoii-
p. ^ J 1 .
Voirci-<lcssotis
p. /i(ii.
Kiriath 5iépljer,
p. 75; voir l'ar-
licle sur rpi au-
leur.
Monatssriirirt,
187g, p. 555.
Encyclopaedie,
p. 177, noie .Si.
\IV' SIÈCLE.
420 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
connaissant le mauvais étal où se trouve le texte du traite
fie Laltos.
La première traduction, qui est on même temps U'. j)re-
mier ouvrage que nous connaissions de notre auteur, esl
Voir ci-dessous, la traductiou d'Ali ibn-Ridhwan, qui fut faite en i3o6 et
'■'"'''' " '■ se perdit dans les troubles de l'exil. Ses autres traductions,
conjine nous le verrons, datent de iSoy à iSiy, et il les
(it toutes à Arles, sauf une qu'il lit à Avignon. En i3i8,
nous le trouvons à Salon, plus tard à Rome, et finalement en
Catalogne, vers 1 3 3 2 . Ensuite nous le perdons de vue jusqu'à
l'année )3:«8, époque où il était âgé de quarante et un ans.
Voirci-dessoiis La date de sa mort est inconnue. Nous verrons plus loin (jue
' • *^^- le post-scriptum dans lequel Calonymos dirait avoir composé
un ouvrage en is^o, à l'âge de quatre-vingt-trois ans, re-
pose sur une erreur de copiste. Nous ne savons pas sur quel
(lesrhiciii. <iei documeut M. G raetz s'appuie pour dire que notre auteur
''-K'».vii,p-68. mourut avant i337.
Il esl hors de doute que Calonymos étudia la méde-
cine; autrement comment aurait-il pu traduire tant d'ou-
vrages médicaux.^ Mais M. Steinschneider a sûrement raison
Kiicyciopœiiir . de soulcuir, contre l'assertion de M. Gross, qu'il n'y a pas
' '''" de preuve que Calonymos ail pratiqué la médecine. Par
b-'r.TTe"'' moments, el surtout en i3i8, notre auteur laisse paraître
dans ses écrits une grande tristesse, sans que nous en con-
Voir ri-dcssous , naissi(ms la raison. Calonymos mentionne en i322 les cala-
'' ''^°' mités que causèrent chez les juifs de Provence la rage des
Pastoureaux et l'horrible épisode des lépreux.
Le fait le plus important de la carrière extérieure de
Calonymos, ce furent ses relations avec le roi Robert de
Naples. Il esl difficile de fixer l'époque à laquelle le roi
Mai.b(irct. 33. le fit veuir à Rome pour travailler selon ses vues, plus
difficile encore d'expliquer les circonstances qui accompa-
gnèrent son départ de Rome. C'est Manoello qui rapporte le
fait. Un certain R. Samuel, portant le titre de Nasi, demeu-
rant probablement à Arles, réclama le retour de Calonymos
pour des raisons de famille. Manoello répondit que celui-ci
ne pouvait quitter immédiatement Rome, étant employé à
DU XIV SIÈCLE. 421 ^,^,^,^.„
faire (les Iraductions pour le roi. Toute la communauté de
Home prolesta contre le départ de Calonymos. Notre au-
teur avait fait toutes ses traductions liébraïcpies avant 1 3 1 7 ;
les travaux que le roi Robert lui demandait se rap])ortaient,
non à (les traductions hé])raïques, mais à des traductions
lalines. Robert se trouvait à Avignon en iSig, et c'est
probablement dans sa ])ibliothéque que Maestro Caln (Calo-
nvmos) avait trouvé le traité arabe sur les Poisons de Djabir
ibn-Hayvan, dont il traduisit un passage. Car il n'est guère Voirci apro .
probable, (juoi qu'en dise M. Steinschneider, que Calo ait '' '^^
tiré le passage de Djabir d'une traduction hébraiVpie ou „°2ii2, M;"ca-
latine lalo^'m;, coi. 7;1<i;
,, ," , . ., . ,, ,, . fiei^n-, \ierlpl-
(>aionymos etait-iI parti pour Itoine avant 1.I21, mum jaiM-.ciinfi.i.iii.
d'une recommandation du roi, et serait-ce lui qui revint •'•"■
vers la même éjwque pour sujijilier le pape à Avignon de
révoquer un (U'xrel de per.sécution contre les juifs dont il
est ([uestion dans l'ouvrage de Manoello.^ Kn ellct, Manoello MaiiWici. ■:>-.
parle d'iui poète auquel il donne les mêmes louanges que
celles qu'il avait données précédemment à Calonymos, et
qui aurait risqué sa vie en Provence pour aller se pré-
.senter cbez le pape à Avignon, afin d'arrêter la persécution
qu'on y prépaiait contre les juifs. MM. Steinschneider et Lucycioi adi. .
Gross sont d'avis que Calonymos, s'étant arrêté à Rome plus ''■ '^°'
longtemps que ne le voulait sa famille, partit subitement ,, s'is"""''"'
comme délégué auprès du pape. Le poète anonyme ne
serait donc autre que notre Calonymos. Cependant cette
hypothèse provoque une objection : Manoello dit du poète
anonyme qu'il savait faire (les vers en hébreu, en arabe et
dans la langue des chrétiens (latin ou provençal) , tandis que
Calonymos, comme nous l'avons vu, n'a montré à Manoello Voir ci-dcssu .
que de la prose cadencée; le poète ne serait donc pas Calo- '' '^
nymos. Et d'ailleurs pourquoi Manoello ne nommerait-il
pas Calonymos, s'il s'agissait de lui? D'un autre côté,
M. Graetz fait observer avec raison que, si Calonymos avait Gesthichtp cier
empêché la persécution a Rome, il en aurait parlé dans son J"<ien,vii,p.388.
ouvrage intitulé Pierre de touche, puisqu'il y mentionne
les calamités amenées par les Pastoureaux (1820) et par les
\:\ s:kci.k.
nalssrlii
622 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
lépreux (i32 i). M. Gross répond à celte objection en disanl
I'. ViO. que Calonymos devait plutôt se lamenter des calamités qui
avaient atteint les juifs d<; France que se vanter d'avoir dé-
livré ses frères de Rome. Cette réponse nous paraît faible;
car, l'auteur énuniérant les malheurs qui ont fondu sur les
juifs, y compris la destruction du Talniud en Provence en
vertu du décret du |)ape, daté probablement du 1 1 sep-
tembre i3i9, pourquoi aurait-il omis l'afTaire de Rome?
M Samuel Philipp de Lemberg a repris cette question
dans une feuille de prospectus pour une édition des clas-
siques rabbiniques, sous le titre de m'nan rra, Maison de
choix, à l'occasion d'un poéine anonyme qui se trouve
dans le manuscrit du Vatican, Assémani, n" 437, et qui a
été imprimé dans le Sainmclband de la société Mcqilzè Nir-
(laiiiim (Berlin), l, p. 1/I9 et suiv. C'est un poème élogieux,
adressé à un anonyme, f(ue M. S. Sachs croit être le fameux
■.•tiii.«i...p , Abraham ibn-Ezra, et que M. D. Kohn d'Odessa croit être
le poète Moïse ibn-Kzra. M. Philipp veut prouver, par l'ana-
logie des expressions ([u'on rencontre dans l'ouvrag*; poétique
de Mauoello avec celles du poème en question, que l'auteur
f»n est Manoello, et qu'il a fait ce poème en l'honneur de
notre Calonymos. Nous n'avons pas à nous occuper de ce
point, Manoello n'étant pas Français. Nous nous bornerons
à une observation. M. Philipp croit que l'expression ?ipe? -fv
ne veut pas dire poème métrique; il pense, par conséquent,
que rien n'empêche l'identification de Calonymos avec le
|)oète anonyme qui intervint en faveur des juifs à Rome.
Quand même nous accepterions l'interprétation de M. Phi-
lipp, il resterait toujours à se demander pourquoi Manoello
voir.iiie» OMS, n'a pas donné le nom de Calonymos. Nous verrons, de plus,
I' ''*" cfue M. Philipp ne connaît pas exactement les dates concer-
Voirr, ,ie«M.M' nant notre auteur. Enfin c'est en Catalogne que Calonymos
a terminé sa Pierre de touche et, à ce qu'il semble, il l'avait
montrée à Manoello, car Manoello paraît faire allusion au
Mihi.érfi. j.v titre de cet écrit, dans les mots np- md ^na pK (cf. Isaïe,
XXV! II, 16). S'il en est ainsi, Calonymos n'aurait pas manqué
de parler de son voyage à Rome dans son ouvrage. Nous
|.. 'I
DL XIV SIECLE. 423
\1V' SIECLI .
Cil'ScIl. (kl Ji
■ ^^I)US .
b
crovons donc que c'est M. Grœtz qui est dans le vrai quand
• 11- /-^ ^ r 1 ' r> 1 . I' A • > ucscii. (H.r jii-
li dit que Lalonymos tut employé par liobert d Anjou a ,i.mi i.vii,|..ï5i!r
Rome après son retour de Catalogne, c'est-.î-dire après 1 32 i ,
quand Robert était revenu à Rome. Cela expliquerait pour-
(luoi Calonymos ne produisit plus rien en hébreu après
i'Si'2, tandis qu'on connaît une traduction latine faite par
lui à Arles en iS'iS. Voinid
Calonyinos se sert rarement des traductions de ses pré- !', .."'"^o' '^"" '
décesseurs. Cependant il l'a fait sûrement dans l'ouvrage
n" IV, et peutH'Ire dans le n" xx!i de notre énuniération. On
verra par plusieurs indices que Calonymos exécutait ses
traductions en très peu de tenijîs.
Mentionnons parmi les articles consacrés à Calonymos :
1" celui fie M. Zunz intitulé Kalonymos ben-Kalonymos, publié
dans la It issciischajlliche Zeitschri/t fîirjudische TItcolofjic de
M. (îeiger, vol. Il (i836), p. 3 1 3-3 20, réimprimé dans les
Gesaiiiincllc Scliriften du IV Zunz, vol III (187G), ]). i5<)-
i55; 1" Lehen Kalonymos hen-KaJonymos de M. Kayserling,
en tête de la traduction de la Pierre de louche de M. \lei-
sel, Buda-l'est, >«78, in-8"; 3" le travail de M. H. Cr(»ss
intitulé Z(ir (lescliichle der Juden in Arles, qui a paru dans
la Monatsscliriji fur (tcscliichle und fVissenschaJÏ des Juden-
thums, publiée par M. Frankel et continuée par M. fira-iz,
vol. XXVIII (1879), V- 470-474, 541-563; 4; !<• Ira\ail
de M. iSteinschneider, quia paru dans Y Allfiemeine Encyclo-
pœdie d'Krsch et Gruber, vol. XXXII (188'i), p. 169-1 7;"). Soir aussi t.,
Tous ces auteurs ont suivi, dans leur énumération des ou- '"''•'»'" ™''''/''
vrages de Calonymos, la division en ouvrages originaux et
en traductions. Pour les traductions, MM. Cross et Stein-
schneider le» rangnint par ordre de matières; M. Zunz les
range chronologiquement. Nous avons adopté cette méthode.
Quant aux ouvrages attribués à tort à Calonymos, M. Zuna
ne parle (pie d'un seul (notre n^i). M. Gross mêle les ou- Voir ci amou*,
vrage.s. apocryphes aux traductions authentiques. M. Stein- '' *^''
.Schneider les place à la fin do son article, mais sans les
numéroter. Nous suivrons ici la méthode de ce dernier
bibliograpbe, toutefois en numérotant les traités. Par couse-
\n'slÉCT,t.
424
LES KCRI VAINS JUIFS FRANÇAIS
rnAnicTioNs.
Cnial
S.al. j ,
•|,0V(1
quent, nous commencerons par les traductions de Calony-
mos dans l'ordre chronologique, puis viendront celles dont
la date n'est pas donnée; nous énumérerons ensuite les
ouvrages originaux de notre auteur, et nous finirons par
ceux qui lui sont attribués.
SES OUVRAGES.
I. nNisnn^c'-îDaiiCin, «Colonne des racines de la médr-
« cine », traduction hébraïque de l'ouvrage arabe intitulé
wJaJl Jyol i iUJI t_>^i par Ali ibn-Ridhwan. L'ouvrage est
composé de quatre traités. La première traduction lai le par
Calonymos fut perdue en i3o(), ])endanl l'exil; la seconde
fut achevée à Arles, le i3 marheschwân 5o68 (lo octobre
i3o7). On en trouve des manuscrits à Leide et à Munich.
(le traité porte le n" i dans la liste de M. Zunz, le n" 26 dans
la liste de JNL Steinschneider, et figure sous la lettre .: dans
ct'lie de M. Gross.
II. 3'7ip2i N:pn3 cui'7X3 -IDC, traductiou hébraïque du traité
de Galien De clyslcnis et colica, d'après la version arabe de
Honeïn ibn-lshaq. Calonymos acheva son travail le 10 nisan
5o68 [-2 avril i3o8), à fàge de vingt-deux ans. M. Gross
croit pouvoir traduire les mots \-nN mVin dv*? oncvi DTirs, qui
se trouvent à la fui de fouvrage, par « à vingt-deux ans ac-
complis ». M. Steinschneider est plutôt dans le vrai, en
traduisant, «dans sa vingt-deuxième année». Cet ouvrage
fie Calonymos ne se trouve, à notre connaissance, que
dans le manuscrit de Leide, Seal. a"*. C'est probablement
sur ce manuscrit que Raphelengius fit la traduction latine
imprimée à Leide en 1 391 . Ce traité est le n° 2 de M. Zunz
(la notice n'y est pas tout à fait exacte); il porte le n° 20
dans la liste de M. Steinschneider, et figure sous la lettre z
dans celle de M. Gross.
III. n}i>n2 Dir'jNJ ito. Traité de Galien sur la Phlébotomie,
divisé en trois parties, traduit de f arabe, probablement
Winrifii.p.j'iG. d'après Honeïn. Le manuscrit qui a servi à laire cette tra-
duction était en mauvais état; mais Calonymos, n'en ayant
pas trouvé de meilleur et jugeant le traité assez important
Wc'nnclï, Dr
■iirl. ^r,Tr. vor-.. .
[•. ><)■..
i'.Ma\. de Leult'
p. .■.■(7.
J
DU XÏV SIÈCLE. 425
X1V'.S|M,|,E
pour devoir le rendre accessible aux juifs, en fil la tra-
duction hébraïque, qui fut achevée à Arles, le 4i' jour
de l'orner, ou 4o jours après Pâques (26 iyyar 5o68,
lô mai i3o8). Le manuscrit se trouve à Leide (Seal. 2,17).
Ce traité est le n° 2 dans la liste de M. Zunz, le n° 2 1
dans la liste de M. Steinschneider, et z dans celle de
M. Gross.
IV. Traduction d'un traité sur les cinq corps géomé-
triques dont s'occupe le i4' livre d'Euclide (Hypsiclès),
en relation avec la théorie d'Apollonius (de Perge) et le
commentaire de Simplicius'. Ce commentaire d'Euclide
par Simplicius, ^jmy.ii,ùjm , est mentionné dans le Fihrist de
Nadim, p. 268 (édition Fluegel). Le Simplicius en question
doit être identifié avec Saubelichius (lire Sanbelichius) du
manuscrit latin d'Oxford, Digby n" 169, fol. 124, conte-
nant le commentaire sur Euclide d'Avarizus (lire Anarhus), siriii,.ii..i,iri,
qui n'est autre que ^yjti, dont le commentaire fut traduit i^'l.rA'.imK
par Gérard de Crémone et se trouve en partie dans le ma- ^"l'p' '•'^ '« ^'■''
^ . iit'ln/'r schrifl fiir Malti..
nuscrit arabe de Leide n" 90D. 1. xxxi, |>. ««.
M. Leclerc dit que le commentaire de Simplicius (qu'il ciini..iri.cidc.
ne faut pas confondre avec le commentateur d'Aristole) est ricii,'|.. isii.
mentionné dans le manuscrit arabe de la Bibliothèque iii^i..i. lan^d.
nationale, suppl. 955, contenant des traités scientifiques «'^a'»' • " • p " 0
(n° 2^68 du nouveau catalogue); mais il n'indique pas l'en-
droit précis. Il reste douteux si le commentaire est adressé
à Nérizi, ou si Nérizi en est l'auteur^.
Notre traduction ne porte aucun titre; mais, dans la table
des matières du manuscrit, qui se trouve au commence-
ment, on lit le titre suivant, qui nous semble arbitraire : noo
cvjibiaK naiD opiVo niiacro, « Livre d'algèbre et de mathéma-
« tiques, compilé des paroles d'Apollonius». La traduction
fut achevée à Arles, le 21 du mois de schebat (2 février)
5069 (1809), le traducteur ayant vingt-deux ans. Voici le
commencement de l'introduction d'après le manuscrit
' Dan» le manuscrit, D13l'?p3D, fonne vicieuse, produit d'une fausse manière de
mettre les points diacritiques , j«yi»ILiU«M au lieu de ji^aJUjum.
' Communication de M. Steinschneider.
TOME xixi. bU
UirCIHSKIB
. . 426 I.ES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
unique d'Oxford [Hebr. ,d. Ix^ fol. 1 8 1 ) : nim'jyn yr-' non i^ -uo'
[iic) Tnyzn aie ^^1 "733 "i3'''7ri ni^Dono iniK npj'-i rî:Nn •'-nn'? -ii^wm onain
îpron ouiSpiDD [iic] Tisjc? no iriiDK"? laS inoM inanx*? n'" «nan ■iit''7S''
njion h'i ma^ip nn»y OTW nSya naicn (»ic) onTria nsinoi orji'jaK ■'dd'?
iDVDn i"\T itSKOn Kini inK -tnaa (ms. Qiipj) cipi mac/ip DnB;y r'?»a
nsjc; ne Tsapi ipiWi la "niKai -iDJCon nn T'Vk Tians .|DN. . .dt'jpk'?
'73 ■'nDn''i pjyn nta imy iDKDn ht nvnb nuiorn Ta on^na crn'jaK
vvn n» 'd' iivK "îKai nDw"? noKO p pnan"? rV» DvaùaK mate? njion
La première proposition qui suit immédiatement com-
mence par ces mots : noSe? r^yh^n mw o'jwD'ja moy yanco iKa"? nx-« j
ly*?» yano 'ya-i. Le traité finit ainsi (fol. iqS''): nta u^3tc; no "731
-in3a nipj îvtw no ia ■•awi ojdk nconn nuiDri i'7KD nOKOn inxo loxon
myVsn ni»n e;DinDn hme? nona li^ST ojdk »DinD 1J^3^^; nn "73 j3 1D31 ihk
uyjn taac? nntti . rnx nViya o^pj onw oy tenyoni nwicon ja 1D31 nnim
. aion bx myn yr'' '7j<'7 nSinni ia u^st ic?k piaon oVoi 133 oipon ht '7k
nwcnn nuionn t}« rh-n nnaa ^710' h^v ia ■iNa'7 ^D^«D my nwyKc; awin 'jki
'T''? ■'jn'''?»''! whvrh ••jap» yn'' awV '''?'7Brn nnx nOKOn nt [oVrj] -laar inj<
: fDK n'7yn''i nanc noM ry
Il serait diflicile de dire si Calonymos s'est servi, pour
iii^i. lin. delà exécuter son travail, de la traduction de Moïse ibn-Tibbon
ou de celle de Jacob ben-Machir. Ces deux traductions
sont si peu différentes pour la partie d'Euclide qui nous
occupe que M. Steinschneider croit devoir douter de l'exis-
tence de deux traductions. Il semble que, dans le texte arabe
sur lequel Calonymos fit sa traduction, les figures 3o et 3 1
manquaient; c'est Miles de Marseille qui combla cette la-
cune à Aix, le 3 du mois d'éloul (23 août) 5093= i335.
Cette information est due à Calonymos Todrosi, d'après
le passage de notre traité que nous allons reproduire tex-
tuellement.
Fol. 193, Calonymos Todrosi dit: j^yon -omiD mo^Ji'?? idk
la DiCJiVp 'i D3nn «"'oan rpnyno iVbj «'"71 h nuion ;ni i'7N naion 'ne
pTiynw ''a^y^ nocD n-i^y htiv '0*7 riDWJion wonn naiDna nDKt3'7 y"j did''ji'7P
•(•7'>e?")D d'7''D nî ara : vnpryni Ninn n'7yn "tksd nt ^nK iddd nBe?'7i udd nt
'ysDKHD UDnn moojn ^wpna lown jD ion m n>ni or-'Na ni '?i"^k j
nona un"''? i'7k niion tc? nyjn inK xim raob ntn yaipa aina «inn loxom
Kraiire,
..XXVII,
I- -ÎO''
ci O0.3.
t |■lK'r^. , |). 5o4
«^t suiv.
Voir
y\ai loin
larlirli
sur cet
autrur.
Voir
1 idessous,
p. '.(il.
DU XIV' SIECLE.
427
XIV' Sitct.E.
. . . n2Efin mcy D''DE?n 'jva CDinon ti^n idk n'jjyn
I^e manuscrit d'Oxford, Hcbr., d. 4, acquis récemment
est en général peu correct; le copiste qui, à en juger
d'après l'écriture, était un juif italien, ne comprenait rien
au sujet.
V. ^KiyDiaK"? u'jiETDn imn, traduction du Traité sur le
triangle d'Abou-Saadân, achevée le quarante-cinquième jour
de la sephira (des cinquante jours qu'on compte entre le
deuxième jour de Pâques et la Pentecôte) = le 3 du mois
de siwan [-y.o mai) 6071 (i3i 1). Le traité, dont l'original
est inconnu pour le moment, commence par les mots sui-
vants : ©ViicD nyiT' nVava rwsi -y» -ixa"? nsi:. Il finit par les mots
suivants : na"? hvh nbnrni rSe^on hy umana piaon bVwj nci. La place
pour les figures géométriques est laissée en blanc. Abou-
Saadân n'a aucune célébrité comme auteur d'ouvrages de
mathématiques. La traduction dont nous parlons se trouve
dans le manuscrit d'OxIbrd, Hebr., d. 4i fol. lôî''.
VI. niacna (sic) o^'jKWDntD, traduction d'un livre dé pro-
positions mathématiques, achevée le i4 du mois de siwan
(1" juin) 6071 (i3i 1), le traducteur ayant vingt-cinq ans.
Cette date se rapporte peut-être également à la traduction
du n" XXV ci-après. Voici le commencement : ytt *n(ih nxij voir cidessous.
p'jnn yanc Vu rp'jno inKa -à^ nion cm n>iT«e? iv o^phn 'jca ïn"" ip pbni p- 438.'
n:iD on-'a -iKCjn; la dernière proposition commence par les
mots suivants : yanc cm mnie? ny D''p'?n "ijwa ip j>hm yn iKaS nsij
Qip'jn >i0a. Les propositions sont au nombre de douze, com-
mençant parle mot ns-i:. Les figures géométriques manquent.
Cette traduction est dans le manuscrit d'Oxford, Hebn,d. 4,
fol. 1 42. L'auteur de ce traité est inconnu; loriginàl semble
perdu.
Vil. roinnn naionn •)vd. De Figura sécante [càta ou catha^ steinschncider.
sector chez Gérard de Crémone); c'est la traduction du Eiicydop..p. 171.
traité de Thabet ben-Qorrah, intitulé flLiOl JiaJJ i, achevée le
9 kislew (20 novembre) [5o]72 = i3i 1. Elle se trouve dans
le manuscrit n" 2008, 4 , de la Bodléienne. Ce travail porte
le n° 28 dans la liste de M. Steinschneider, qui lit à tort le
54,
\\\ MF.CIE.
428
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
I i.f .ri (1, 1 7^.
(I.il.il. (le Paris,
Ciial. (leTiiii
Viiiiiiario,
1 j et iC.
Catal.
3o-. '
l.ips.
6.
Ciital. I>ip'i.,
ji. 3 3 5.
Aiiiiuario, (.
p. ig.
millésime 74 = 1 3 1 3. Il manque dans les listes de MM. Zunz
et Gross.
VIII. Dminom rioiiDSN3-iDKD, c'est le traité d'ibn al-Sam-
mah sur les cylindres et les cônes. La traduction fut
achevée le 26 tebet 6072 (5 janvier i3i2). D'après M. Stein-
schneider, ce traité ferait partie d'un grand ouvrage; le
commencement de la traduction hébraïque paraît favoriser
celte opinion. La traduction en question se trouve dans le
manuscrit n° 2 008, 5 de la bibliothèque Bodléienne. Cet
ouvrage porte le n" 27 dans la liste de M. Steinschneider;
il ne ligure pas dans les énuméralions de M. Zunz et de
M. Gross.
IX. nisjn ^DD Kini ■«p-'aitî idd -nîo, traduction du commentaire
moyen d'Averroès sur les Topiques, achevée le 2 3 éloul
(5 septembre) 6073 = i3i3. Quelques manuscrits portent
la date du 9 éloul, et, dans le catalogue de Pasini, on trouve
même 5 lischri i3i4, qui est la date du traité indiqué an
numéro suivant. On trouve cette traduction dans de nom-
breux manuscrits, à Breslau, à Leipzig, à Munich, à Paris,
à Parme, à Turin. M. Lasinio en a donné un spécimen
dans ses études sur Averroès. Les traductions latines impri-
mées d'Abraham de Balmes et de Jacob Mantino (1-IV) ont
pour base le texte de Calonymos. Ce traité est le n° 5 de la
liste de M. Zunz, le n° 6 de celle de M. Steinschneider; il
porte la lettre b dans celle de M. Gross.
X. nxyiann -idd nihi 'P"'DD'did iiNa, traduction du commentaire
moyen d'Averroès sur les Sophismes, achevée le 5 tischri
(12 septembre) i3i3. C'est la date que portent la plu-
part des manuscrits, qui sont à peu près les mêmes que
ceux de l'article précédent. Seul le manuscrit de Leipzig a
le 'J.2 éloul (12 septembre) 5o84=i32 3, date déjà mise en
doute par M. Zunz dans les additions au catalogue de Leipzig.
M. Steinschneider croit que cette date appartient au traité
de Lévi ben-Gerson qui se trouve à la suite dans le manu-
scrit. M. Lasinio a également donné un spécimen de cette
traduction, et M. Munk en a publié un passage, dans le-
quel Averroès dit qu'il se propose d'écrire un commentaire
DU XIV SIECLE.
^29
»
plus développé sur ce livre. La traduction latine imprimée
d'Abraham de Balmes est basée sur la traduction de Calo-
nymos. Ce traité est le n" 1 5 dans la liste de M. Zunx, le
n° 7 dans celle de M. Steinschneider, et c dans celle de
M. Gross.
XI. PDion idd"? 11K3, traduction du grand commentaire
d'Averroès sur les seconds Analytiques, achevée à Avignon
le i4 tébet (a3 décembre) 6076 = i3i4- Cette traduction
a été faite sur un manuscrit mal ordonné. Elle se trouve
à Oxford, dans le n° i365 (oîi le nom du traducteur n'est
pas donné), à Munich 32,2, à Vienne 1 1 4» et à Parme 295
(les deux derniers manuscrits sans nom de traducteur).
Le manuscrit 22 de Breslau, Saraval 76, contient, d'après
M. Zuckermann, la traduction du commentaire moyen sur
les seconds Analytiques de Jacob Anatolio, et ne renferme
pas le commentaire dont il s'agit en ce moment, comme
M. Gross l'avait indiqué. Cet article est désigné dans la liste
de M. Steinschneider par le n" 5, et par la lettre a dans
celle de M. Gross. 11 manque dans celle de M. Zunz.
XII. D'noxn -)Eo, traduction du livre des Plantes, traité
attribué à Aristote, avec le commentaire d'Averroès, achevée
le 8 nisan 607 4 (26 avril i3i4)- On en trouve des manu-
scrits à Paris ioo5, 10 (sans date), à Oxford i3i6 et i324,9,
à Parme 216 et 776, à Turin 4o, chez M. Pinsker i5, et
un fragment dans la bibliothèque du Vatican 290,18. L'his-
toire du texte de notre livre est assez obscure. Il fut mis en
arabe par Ishaq ben-Honein, et cette première traduction
fut retouchée par Thabet ben-Qorrah. On n'a pas retrouvé
le texte arabe. Notre traité occupe le n° 6 dans la liste de
M. Zunz, le n" i3 dans celle de M. Steinschneider et la
lettre i dans celle de M. Gross.
XIII. '73e?iDm bzvzi noND (dans les manuscrits de M. Pinsker
et d'Oxford "^dcidi 'y'swDi '7D2;a nDNo) , traduction du traité d'Al-
Farabi intitulé Jyull^ JJUJ! i , De intellectii et intelligibili ,
achevée le 9 nisan 6074 (27 avril i3i4)- On en trouve
des manuscrits à Oxford, 1649,10; à Florence, plut. 88
cod. 26; à Munich 125,5 et 3o8,2; Pinsker i5.
3 0
XIV* SIÈCLE.
Mélanges .
p. 43i.
Liicyclo(XEdii',
p. 171, note 33.
ilist. litt. de la
France, I.XXVII,
p. 586.
W'eiirich , De
auct. grxc. vers..
p. iSo; Jourdain ,
Traducl. d'Aris(. ,
p. io5 , 173.
Encyrlopœdi" .
p. 17'!.
Leclerc, Hist.
de la mëd. arabe.
I, riog , 313.
Bise p.
.\IV SIECLE.
V oir cinlessus ,
p. 393.
Revue orientale,
11, ••10.
Calai. BodI..
p. a484.
Voir ri'dessus,
394.
iliid., p. 3g/j
Monatssrhi'in,
1S79, p. 10.
Voir cikIcssus,
p. 377 pl suiv.
430 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
On connaît deux autres traductions hébraïques de ce
traité (celle de ledaïah n'étant qu'une revision) ; les voici :
(fl) Par un auteur anonyme sous le litre de niSseriiîm bzvmn ;
cette traduction a été publiée par M. Rosenstein en i858,
et attribuée gratuitement par M. Carmoly à Samuel ibn-
Tibbon (vers 1200).
[b) Avec le titre de rvin ans, « Traité sur le vovs»; celte
traduction a été revisée par ledaïah de Béziers.
M. Steinschneider dit, sans apporter de preuves, que c'est
probablement la première traduction (a) que ledaïah trouva
insulfisante; ce qui le porta à en faire une autre [b) sous le
titre de ninn ano. Nous avons vu que l'ancienne traduction
que ledaïah avait soumise à une revision s'appelait égale-
ment nvnn ara. M. Steinschneider dit aussi que la traduc-
tion de ledaïah, citée par Gersom fds de Salomon, a pu
difficilement rester inconnue à Calonymos. Le savant cri-
tique suppose la revision de ledaïah antérieure à i3oo,
et la seule raison qu'il en donne, c'est qu'elle est citée par
Gersom, auquel il assigne la date de i3oo. M. Gross fait le
même raisonnement. ledaïah cependant était encore troj)
jeune à cette époque pour s'occuper de philosophie; aussi
avons-nous mis ses traductions peu après la lettre apologé-
tique (i3o5). Gersom cite, selon notre opinion, l'ancienne
traduction («) et non pas celle de ledaïah (6). Notre article xiii
forme le n° 8 dans la liste de M. Zunz, le n° 1 7 dans celle de
M. Steinschneider; il porte la lettre m dans celle de M. Gross.
XIV. p-D3nn iDDDa -idkd, traduction du traité sur le nombre
des sciences, d'Al-Farabi, dont l'original arabe se trouve à
rEscurial,n*' 643, sous le titre de |.^l »L>aa.l , achevée le 1 7 (ou
27, ou 37) del'omer (6oui6ou 3 6 jours après Pâques) 607^
(mai i3i4)- On lit chez M. Gross «le 22 iyyar »; mais c'est
probablement une faute d'impression pour le 2 iyyar. On
trouve des manuscrits de cette traduction à Parme 485 et
776, à Munich 3o8, et dans une bibliothèque privée.
M. Steinschneider mentionne un titre plus étendu qui est :
DiTicw mm moann mm' noam noan h^ v''n nwDi nioann iDoca idko
Dn'm'?sini. On a des versions latines de ce traité faites par
DU XIV SIÈCLE.
431
Gérard de Crémone, par Gundisalvi, et dans l'édition des
ouvrages d'Al-Farabi publiée à Paris, i638, sous le titre
de De scientiis sive compendiam omnium scientiamm. Notre
présent article forme le n° 7 de la liste de M. Zunz, le
n" 18 de celle de M. Steinschneider, et il occupe la lettre n
dans celle de M. Gross.
XV.oniai nxD N^pi.^ ^icn nEo,« Le livre du Fruit, appelé Ct^nfj-
locjuium «. C'est une traduction du commentaire sur le
Kapirès de Ptolémée , (en arabe ij£) , par Abou-Djafar Ahmed
ben-Yousouf ben-lbrahini; la traduction a été achevée le
■jo éloul 6074 (3 septembre i3i4). On en trouve des ma-
nuscrits à Paris iciS, io55; à Oxford ia3o,2, 2009,1; à
Leide Seal. i4, au Vatican 882 et dans des bibliothèques
privées. Le texte hébreu pourrait servir à rectifier un grand
nombre d'erreurs qu'on trouve dans le texte latin imprimé
en 1 493, sous le nom d'Ali Heben Rodan (Ali ibn-Ridhwan).
Cet ouvrage porte le n" 9 dans la liste de M. Zunz, le n" i5
dans celle de M. Steinschneider et la lettre s dans celle de
M. Gross.
XVL nn'?iD3 noxcn nis^pa mjK, « Traité abrégé des nativités »;
traduction de l'ouvrage arabe d'Abou-Yousouf Yaqoub ibn-
Ishâq al-Kindi, achevée le 21 éloul 6074 (3 septembre
i3 i4)- D'après Assémani, le manuscrit Urbinas 47 contien-
drait onze traités au lieu de dix-huit et porterait comme
date de la traduction i326. Nous verrons plus loin que la
notice sur ce. manuscrit est entièrement erronée. Des copies
de ce traité se trouvent à Paris 1028,7, io5^t8 et io56,3;
à Munich 3o4, au Vatican 47,2, et entre les mains de
M. Steinschneider. Notre article XVI forme le n° 10 de la
liste de M. Zunz, qui a décrit inexactement l'ouvrage, le
n" 22 dans celle de M. Steinschneider; il porte la lettre u
dans celle de M. Gross. L'original arabe semble perdu.
XVII. DE?3n n-Tn bs omcn civ'jsn o'O'itn ■?« monron mVya mjN,
traduction du traité d' Al-Kindi relatif à l'influence des corps
célestes sur la pluie, achevée le 2 1 éloul 6074 (3 septembre
1 3 1 4). Dans le manuscrit du Vatican, Urb. ,47, où il n'y a pas
de titre hébreu, Assémani donne le titre suivant en latin: De
Xiv' SIÈCLE.
.Vlunk . Mél. .
p. 343.
Steiiischiieidcr,
Alfarabi , p. 83.
Sli'iiischiieidei.
(;al;il. Lugcl. Bat. .
!>• 369.
Steinschneider,
Eiicyclop., p. i-j.S.
VIV SIECLE.
Kiicyclopaeclip .
Kiicyrlopacdie.
1>. 17Î.
432 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
iiilelliçjcnlus sphœras movenlibus. M. Gross admet sous ce litre
un traité séparé, qu'il place sous la lettre t. M. Steinschnei-
der a rectifié cette erreur. On trouve des manuscrits de
notre n° XVII à Paris, 1028,8, io55,9; à Munich, 3o4 et
356 (qui ne contient qu'un fragment); au Vatican, Urb. ^7,
et dans des bibliothèques privées. Il porte le n° 34 dans la
liste de M. Steinschneider et les lettres t et v dans celle de
M. Gross. II manque dans celle de M. Zunz.
XVIII. La traduction du commentaire moyen d'Averroès
sur la Physique d'Arislote, que Calonymos acheva à Arles
le 19 éloul 6076 (7 septembre 1 3 16), lorsqu'il était âgé de
trente ans. Il existe une autre traduction de cet ouvrage
par Zerahiah ben-Isaac ben-Schealtiel, qui fit son travail en
Itahe en 1284. Peut-être Calonymos a-t-il connu cette tra-
duction; mais il n'est nullement sûr qu'il s'en soit servi.
La traduction de Calonymos fut très populaire; on en
trouve des manuscrits dans presque toutes les bibliothèques.
Lévi ben-Gerson, dans son commentaire sur le commen-
taire d'Averroès, prend pour texte la traduction de Calo-
nymos, et la version latine imprimée de Jacob Mantino est
également faite d'après Calonymos. Il serait trop long d'énu-
mérer tous les manuscrits de cette traduction; on en trouve
la liste dans fexcellent article de M. Steinschneider. Nous
mentionnerons seulement ceux de Paris 937, 938, 939,1,
940,1, 941,1, 942, auxquels on peut joindre 943,1 et 944
qui diffèrent un peu des autres. M. Steinschneider a émis
l'opinion que ces derniers manuscrits renferment peut-être
la traduction de Zerahiah ben-lsaac ben-Schealtiel, men-
tionnée plus haut.
Certains manuscrits contiennent des gloses sur la traduc-
tion de Calonymos; ce sont les manuscrits de Leipzig, 26, 1
(M. Franz Delitzsch a cru que les gloses contenues dans ce
manuscrit étaient de Moïse ibn-Tibbon; mais celte opinion
a été rejetée avec raison par M. Steinschneider) ; de Munich,
34 1, avec des notes par Bonsenior; du Vatican, 343, qui
renferme des corrections de Saiil Aschkenas. Plus tard Ca-
lonymos put se procurer un texte arabe qui différait de
1)1' XIV SIÈCLE. 433
XIV' SIÈCLE.
1* ( l-tICSSUS,
1 16.
celui dont il s'était d'al^ord servi pour h; livre VUl, ii, 1-2,
et il en fit une traduction spéciale; elle se trouve dans les
manuscrits de Paris y.ly et 9^0, et d'Oxford i38o et i38i.
Dans quelques manuscrits, par exemple celui de Turin
i.'ig, on nomme Calonvmos comme étant le traducteur du
grand commentaire d'\v<Mroès sur la Physique. lln(» telle
traduction se trouve, pour les quatre premiers livres, dans
plusieurs manuscrits, par exenqile à Paris 883 et 88/4, à
Munich 91,4 et 307,7, sans nom de traducteur. Pour les
derniers livres, M. Gro.ss accepte comme traducteur Calo-
nymos, sans aucune réserve. Nous croyons que c'est la Ira- Voir .i.ic
duction de Moïse de Px-aucaire qu'on trouve dans les ma-
nuscrits de Paris 883 el 88/|, dans celui d'Oxford n" i388
(.sans nom) el dans celui de Turin, n" 206 du catalogue M.iAir, xx,
de M. Peyron, en marge d'inte version anonyme. ''' '"'
La traduction du commentaire moyen figure dans la
liste de .M. Zunz.sous le n" 1 i, danscelledeM.Stein.schneider
sous le n" 9 et dans celle de M. Gross .sous la lettre c
XIX. icînm iTinn nrc, traduction du commentaire moyen
d'Averroès sur le livre de la (îénération el de la Corru|)tion ,
achevée à Arles, le 9 marheschwan ^07 7 (26 octobre i3iG),
Calonymos étant âgé de trente ans. Les manuscrits dans les-
(juels cette traduction est conservée ne sont pas rares; nous
mentionnerons ceux de Paris 939, 943, 94^1 947 et 954;
les n"' Vatican 343 et Urhinas 4i, sans nom de traducteur.
Dans le catalogue de Vienne, on attribue à Calonymos la
traduction qui se trouve dans les manuscrits Vatican 345 et
Urbinas 39, tandis que ces manuscrits renferment, non le
commentaire moyen, mais la paraphrase d'Averroès, tra-
duite par Moïse ben-Tibbon. M. Lasinio a donné un sj)éci- studj.p. 3o.
men de la traduction de Calonymos. Cette traduction est
placée dans la liste de M. Steinschneider sous le n" 10,
dans celle de M. Gross sous la lettre (j, dans la liste de
M. Zunz au n" i4.
XX. mjvVyn rinix xnpjn n'ocn mniN -idd, traduction du com-
mentaire moyen d'Averroès sur les Météores d'Aristote,
terminée à Arles, le 28 marheschwan 6077 (i5 novembre
TOME XXXI. 55
3 0^ iu(-kiHi.aic t«TtnSALC.
IIV* SIÈCLE.
Notices et extr. ,
t. IX, p. ào6 et
suLv.; Munk. Mél.,
p. 359.
Kncyciopadie,
p. i-jà . note 8.
Voir ci-dessous
p. 'i55, n°i.
434 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
i3i6). M. Steinschneider fait observer que la traduction
fut achevée en dix-neuf jours, admettant que Calonymos
ne l'avait commencée qu'après avoir achevé le traité précé-
dent. Les manuscrits de cette traduction sont assez nom-
breux; nous mentionnerons ceux de Paris, qui sont 947,8,
960,5! et 951,3. Le manuscrit Urbinas 4' na pas le nom
du traducteur; il fut copié en i33i, le traducteur étant
peut-être encore vivant. La version latine imprimée est
incomplèle. Cette traduction ligure dans la liste de M. Zunz
au n° i3, dans celle de 1\L Steinschneider sous le n" 1 1, et
dans celle de M. Gross à la lettre k.
XXL n^n '•bya njN, « Traité des animaux » , traduction du
21* traité de l'Encyclopédie des Frères de la pureté, J5L,;
«buailyl^l, que Calonymos fil dans l'espace d'une semaine
en l'année 1 3 1 6 , sur le désir de quehjues amis. Cet ouvrage
renferme des plaidoyers tenus, en présence d'un roi des
génies, entre les avocats des animaux de diverses espèces et
les représentants des hommes de différentes nations, qui
font reconnaître la supériorité de l'homme. Dans la préface,
Calonymos dit qu'il ne faut pas mettre cette composition au
rang des livres, tels que le Kalilah et Dimnah, le Syntipas
[Mischlé Sendibad) , ou celui de Hariri, qui ont pour objet
d'amuser, tandis que le présent traité renferme des sujets de
consolation v\ de morale; le lecteur attentif y trouvera même
parfois « des mystères profonds ». M. Steinschneider fait ob-
sei'ver avec justesse que c'est peut-être l'expression onoio
« sujets de morale », employée ici par Calonymos, qui lui a
fait attribuer un traité de morale intitulé loicn max, « Epître
« de morale »; il est possible aussi que notre traité portât le
titre d'il Epître de morale » dans quelques manuscrits. Nous
croyons intéressant de rapporter le passage où l'orateur des
Grecs, ayant vanté la haute sagesse et les sciences que possé-
dait sa nation, reçoit d'un des ministres du roi des génies la
réponse suivante (III, 7) : « Et d'où auriez-vous ces sciences
« et ces connaissances que tu as mentionnées et dont tu t'es
« vanté, si vous ne les aviez pas prises aux Israélites, dans les
• temps de Ptolémée, et en partie aux sages de l'Egypte? Vous
DU XIV SIECLE. 435 . ,
\rv SIECLE.
«les avez alors transportées dans votre pays, et vous vous
« les êtes attribuées à vous-mêmes. » M. Munk en donnant Arrh. isracUtes,
ce passage ajoute ce qui suit : « Ce passage se retrouve mot langes, p.'iia.
M pour mot dans l'original arabe, si ce n'est qu'après les
« mots </es sa(jes de l'Egypte, on ajoute aitv jours de Théinis-
« tius. » On voit que les fables juives et chrétiennes sur Comp. édition
l'origine Israélite de la science grecque avaient pénétré chez J^âd^p'.o ''^'
les musulmans. Tlu'inistius est peut-être une confusion avec
Touthmusis.
M. Dieterici a publié le texte arabe de l'Apologue des Der streit iw.
animaux en 1880, après en avoir donné une traduction ^X.''""''^'""' '
allemande en i858. La traduction de Calonymos n'eut pas,
chez les israélites, tout le succès qu'on aurait pu supposer.
Les manuscrits qu'on en trouve ne sont pas nombreux.
Nous mentionnerons, à Paris, les n"" 899,1 et 900; au Vati-
can, 296,13; à Turin, 42. On en connaît deux éditions:
celle de Mantoue, lôoy, in-8", et celle de Francfort-sur-le-
Mein, 1704, in-8". L'ne traduction allemande en caractères
hébreux [judisch-deutscli) fut faite par Hanokh ben-Zebi,
Hanovre, 1718. M. Steinschneider a donné des spécimens
d'une imitation allemande dans son livre intitulé Munna,
1857, p. 65. Rnfin une traduction allemande du livre en-
tier, en prose en partie cadencée, a été faite par feu M. Ju-
lius Landsberger sous le titre suivant : Abhandlançj ûber die
Thiere von Kalonymos ben Kulonymos, odcr Rechtstreil civischen
Mensch und Tlner vor dem (lenchlshof des Kônigs der Genien,
ein arabischcs Màhrchen , 3i\ec des notes et une introduction,
Darmstadt, 1882, in-8°.
La traduction du traité des Ikhwâii es-sa/a se trouve sous
le n" 1 (des ouvrages originaux) dans la liste de M. Zunz,
sous le n° 3i dans celle de M. Steinschneider, et avec la
lettre 0 dans celle de M. Gross.
XXII. won nnxïT nv idd, traduction du commentaire moyen
d'Averroès sur la Métaphysique d'Aristote , traduction faite
sur un texte incomplet et incorrect et achevée le 1 3 siwaiii
(26 mai) 5o77 ou 6078 (i3i7 ou 1 3 18). Le manuscrit de
Munich 226 donne la date de i3i8, tandis que les manu-
55.
. . /i30 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Xr> .StECI.K.
scrils da Paris 916, 964 et 989 flonnent celle de i3ii';
celle; (lornière dalo n'est guère ])os.sible, car Calonymos
n'aurait pas commencé sa carrière de Iraducleur par le
Sieinschiieider, livrc Ic plus difficile. La traduction renferme treize livres
hncyciop.. p. 175, numérolès d'après l'alnhabel hébreu , comme ils le sont dans
note 1.17. ^ J i
le grec par l'alphabet grec; par conséquent le dernier est
leD, puisque a manque. On connaît une autre traduction
hébraïque du même livre faite à lUiine en 1284 par Ze-
rahiah bcu-lsaac; mais il n'est pas ])rouvé que Calonymos
s'en soit servi; cela est même peu probable, puisque sa
traduction présente des lacunes.
Les manuscrits qu'on possède de la traduction de Calo-
nymos sont les suivants : à Paris, 910, 954, 9''>5 (ce n'est
iiisi. (les mo.i. pas un « abrégé », comme le dit M. Carmoly), 989,8; à Ox-
iniis, |.. ,,.5. f^^^ , 3(-_^ j3gg. >^ Leide, 9; à Munich, 3o, 22G, 'j44; à
Parme, i3o8; à Turin, 40,89; au Vatican, 288 (donné par
Assémani comme le commentaire de Joseph Caspi sur les
dix catégories), 336 et Urbinas 45. La traduction latine
imprimée jusqu'au livre \1I, dont l'auteur est Elie del Me-
digo, a pour base la traduction de Calonymos. Abraham
Bibago, dans son commentaire sur le commentaire d'Aver-
roès, s'est servi de la même traduction de Calonymos. ISotre
ouvrage a le n" 4 dans la liste de M. Zunz, le n" 12 dans
celle de M. Steinschneider, et porte la lettre d dans celle
de M. Gross.
XXII I. N'p-'û'cmNn -IDC, traduction de l'abrégé du Traité
d'arithmétique (Àp«9fi77TtKJ7 Elaa'ywyv), en deux livres, de
Niconiaque de Gerasa, accompagné d'un commentaire par
Abou-Soleïman Rabia ben-Yahya, évêque d'Elvire (en Es-
pagne). La traduction a été achevée en l'année 6077 ( 1 3 1 6-
i3i7). Il en existe des manuscrits à Paris, 1028, 1029
(ce manuscrit a appartenu à Abraliam Macif, ^'od), 1098,2
' Le n' 989 donne encore une autre .T^HD m^VO nK^n1 nbj.T m^S^n.
date;on V lil cequi suit : •Tix''3 obc;:! Cette date du 7 nisan 5o56 = 1396
ICJ C/'lli'? yac* D''D''3 yatsn inXC? ne ne peut provenir de l'exemplaire arabe
JDlV''p ITIPIEI îSDn IjDV 13 PiayDC? sur lequel le traducteur a fait sa tra-
niNtDI Wthtt riK^DJI Q''D3 nCïC? '•d'? duction, comme on le suppose dans le
DnD*' cm D''e?Dnn njc? tfîl V n3»1 Catalogue de Paris.
Dl! XIV' SIECLE. 437
\l\' SIECI.K.
et iO()5, 6; à Munich, n" 36 (sans nom de traducteur);
à Oxford, acquisition récente, Ilehr., d. 5. C<î traité se
trouve au n" *i5 dans la liste de M. Steinschneider, et à la
lettre y dans celle de M. (iross; il manque dans celle de
M. Zunz.
XXIV. a-iDiain casizn •'a'':y3 iirca, traduction du traité de
Ptolémée intitulé « Sur tout ce qui est relatif aux planètes %
en deux livres [ Dn»:^fD ] . C'est le traité intitulé en grec Tuo-
Qé(7£i? 1WV zs'ka.vwyiéï^wv. La traduction fut aclnnée le 8 du Mm.vi i,u-i,
mois de nisan; mais Tannée n'est pas indiquée d'une façon " "' ' ''"
certaine. Ce traité se trouve dans le manuscrit de Paris
ioj8,2. I^'auleur du catalogue de Paris dit que cet ouvrage
est « prohablement de la même année » que le premier ou-
vrage contenu dans ce manuscrit, lequel est notre article
précédent. Il serait alors de l'année iSiy. M. Cross est du \Iui.k ci„iii,
même avis. M. Steinschneider dit avec raison (|ue, pour '^''-^ • \'- ^*" ■
affirmer que les deux traités qui se suivent dans le manu- ,,. ..l",;' "''""■
scrit de Paris ont été traduits dans la n>ême armée, il fau-
drait apporter des preuves, les sujets n'étant pas les mêmes.
Calonymos regrette d'avoir entrepris sa traduction sur un
texte défectueux, à la demande de ses amis, et il prie ses
lecteurs de l'excuser. Cette traduction porte le n" 3o dans
la liste de M. Steinschneider, et la lettre r dans celle de
M. Gross; elle manque chez M. Zunz.
XXV. Npi"? p KQDip npryn KJ10SK31 nn33 nxTir:c?nN ^2D , traduc-
tion du «Livre d'Archimède sur la sphère et le cylindre,
«d'après la traduction [arabe] de Costa ben-Luqa». Se
trouve à Oxford, sans date, dans le manuscrit n" 2007, 1,
et dans le manuscrit Hebr., d. 4, fol., sans date et sans
nom de traducteur; les figures géométriques y sont omises. Caiai..n"îoo7.2
Le traité est divisé en deux parties, comme dans i'ori- sieiusriniei.iei
1 f\ J'» • 1 . . Ucbcrsclï., p. lo'!
gmat grec. Un a dit par inadvertance que notre ouvrage
est divisé en neuf parties; c'est la deuxième partie qui a
neuf propositions dans le texte hébreu. Les bibliographes
arabes ne mentionnent pas Costa ben-Luqa comme traduc-
teur; le traité en question fut traduit en arabe par Honein Wenriri., u
ibn-Ishaq et Thabet ben-Qorrah. M. Leclerc attribue " ~
auct. graL'c. vors.
p. 190.
\r
ndo^Mis,
«.y'.iÈctE. ^^^ ''ES KCRIVAINS JUIFS FR \NÇ AIS
iiisi.iciauini. 1® traité à Costa, sans nous dire où il a puisé cette
, I, i>. i.>9. donnée.
D'après le pnst-scriplum du n" d'Oxford 2007,1,1a traduc-
tion de Calonymos fut faite à deux reprises. On y lit, en
effet, ce(juisiiit: ip'rvn xinc? n;nnxn cicai'jp p oio-ii'jp npnvn xini
n'«c:;r, « c'est la dcrtnère traduction de Calonvmos fils de Ca-
" lonynios; car il traduisit ce traité deux lois ». La première
traduction est à présent inconnue. Dans la table des matières
'' "' qui se trouve au commencemcsnt du manuscrit d'OxIord
Hebr., cl. /(, le traité dont nous parlons est représenté par
le litre suivant : d-.',2Z':\2 'ct'cz'-h, « Archimède, sur les ma-
11 thémalifpies », (Je titre est probablement dérivé du titre de
l'ouvrage qui suit immédiatement.
]\otre traduction fut probablement achevée en j3ii.
Elle forme le n" 3 dans la liste de M. Zunz et le n" 16 dans
celle do M. Steinschneider; elle porte la lettre p dans la
liste de M. (Iross.
\oii n i,-.s„„.. XXVI. (Considérant (|ue Calonymos mentionne parmi les
' '^ auteurs qu'il a lus Apollonius de Perge, inconnu aux autres
traducteurs juifs', nous pourrions peut-être également lui
attribuer la traduction de la neuvième pièce du manuscrit
fl'Oxford, Ilehr., d. l\ (fol. 177''), qui renferme une explica-
tion sur un doule qui a surgi concernant la dernière propo-
sition du livre des Sections coniques (nDipriapEcnbcic? noa -11x3
D'OTinn lEcr: n^nnxn). Ce livre n'est autre que celui d'Apollo-
nius, rappelé à la fin de la onzième pièce de notre manu-
\u.. fni. -oiio. scrit par les mots suivants : r''C?"''?cn n:it:nn ■yon'O -warsrw id3
D''i:rn3 crûi'jax n2DD ■'jon ncNCnn. La neuvième pièce, qui nous
occupe pour le moment, est la traduction hébraïque, faite
uenricii, !)<• sur l'arabe, du commentaire d'Eutocius d'Ascalon sur le
livre d'Archimède Ilepi tyi? (T<^a,ipas xa'i xvXivSpov, traduc-
tion faite par Calonymos. Le livre d'Apollonius y est appelé,
comme nous l'avons vu, Dionnn idd. Cela suffirait peut-être
pour faire attribuer la traduction d'Eutocius à notre Calo-
nymos, qui avait traduit aussi le texte d'Archimède. Cette
' Maimonide le mentionne dans le Guide des Égarés, I, chap. LUiii (page 4io
la traduction de M. Munk).
nurt. grtcc. vers
||. I r)f) et siiiv.
DU XIV' SIÈCLE. 439
VIV' SItCl.E.
I
Iraduction commence ainsi qu'il suit : tthv no*? 'orpo-ix ^Dx
'c: '?jnv 133 n3Vj'iX3i -nra cnD''a^x icca n':n i:t:ipa noD ton tinsc
iDcn nt -.vj-'Z. On y trouve la suscription suivante : cvpn-iN -11x^2
i:d'?n ■':d'7 ix-ipu; noo nîicsNm -m:3 cTDcnx iDcr: pE/xnn -rrxDV 'ii'jpcNn
noVci ccSNn 'C':xD, «1 Commentaire d'Eutocius d'Ascalon . . . , lu
« devant la réunion des habitants de et ». Le
style est dur comuK! celui des autres traductions de (jalo-
nymos, où le sens est trop souvent sacrifié au besoin de
la littéralilé.
Ce qui confirme ces inductions et leur donne le caractère
de la certitude, c'est que le traité qui précède, dans le
manuscrit d'Oxford, celui dont nous venons de parler, elqui
est l'article iv de notre énunu'îration, contient (loi. 188),
outre les proposilions d'Apollonius, d(!ux propositions d'Ar-
chimède avec le conimentaire (fl^utocius, traduit |)ar Calo-
nymos. Ayant ainsi traduit une ])artie d'I'lutocius et tout le
texte de l'ouvrage d'Vrcbimède, probablement avant i3i 1,
il est naturel que Calonymos ait entrepris la traduction
entière du commentaire d'Eutocius. Et peut-être cette
nouvelle traduction l'aura-l-elle décidé à faire une revision
de la première, ayant pu com])ren(lre les tbéorèmcîs d'Ai--
chimède mieux qu'avant d'avoir lait la traduction d'Euto-
cius.
Les traductions suivantes n'ont pas de date déterminée.
Elles ont été faites probablement avant 1 3 1 7.
XXVIL npDDD pijxn rxip:n -looai -vrr'Sa diîk, traduction du
traité d'Al-Kindi «Sur les humidités et la pluie», appelé
« traité suffisant ». La date de la traduction n'est pas donnée
dans le manuscrit; on peut adopter celle des autres traités
d'Al-kindi qui font partie du même manuscrit, c'est-à-dire voir .ide*Mi<
1 3 1 4. L'article dont il s'agit se trouve dans le manuscrit de
Paris io55, 10. Ce manuscrit, qui renferme aussi les ar-
ticles XVI et XVII de notre énumération, est d'une fort
belle écriture, et semble avoir été exécuté du vivant de Calo-
nymos, dont le nom, à la fin de l'article 7, est suivi de la
' Eutocius est souvent appelé par les Arabes ^f.ya^■|^. Comparez artuki =euty-
chien , pour désigner les Arméniens schismatiques.
'i.'.i.
\iï siKCi.r.
lil\{) LES KCUI\ AINS JLIFS KIUNCMS
fonrmlc Vs-' (c-,!D':'!'7p -ij ^ in^n^'i ms imoc, « ([ue Dieu le garde
i< et le lasse vivn; ».
Noire article xxvii forme le n" :<3 dans la liste de
M. Steiiischneider; il est marqué de la leltre ) dans celle de
M. (îross; il maïujue chez M. Zunz.
X\\ III. Ti'aduclion des dissertations d'Averroès sur une
dilliculté ((ue |)n''seiile le chapitre \vi <lu li\re I des pre-
miers AnalYti([ues. Mlle se trouve dans les manuscrits rie
Paris, n'"* qGo, 3, et 977, 5 (dans riiuh'X on donne par
erreur le n" 97/t). La traduction latine de ce traité a
été puhliée dans les OFaivics d'Arislote, i^G'i, t. I, m,
loi. 9, (juasilnin viii. (!e traité (!st le n" 9 de la liste de
M. Sleinschneider; il manque dans celles de MM. Zunz
et Ciross.
XXIX. mornn riiVip -;nc: pijx, traduction du traité d'Al-
Farahi sur la méthode ])Our étudier la philosoj)hie; extrait
du traité intitulé xiMJJô\ Jjù Ja* -jOù yl ^^li*^ L**, puhlié par
M. Schmôlders. On en trouve des manuscrits à Parme,
458,7, et à Munich, n" 3o8,5. Cet article est le n" 9 dans
la liste de M. Zunz, le n° 19 dans celle de M. Slein-
schneider; confondu avec l'article xiv, il occupe la lettre n
chez M. Gross.
XXX. Knfln il (,'xisl(> un(! traduction latine faite par notre
Calonymos. C'est la traduction en latin du traité d'Averroès
Un- contre Cazzali, intitulé ool^l 00I43 Dcslrnctio destructio-
pos |. loonM. i^-g achevée le 18 avril i328. Elle se trouve dans le ma-
nuscrit latin 2434 de la bibliothèque du Vatican. En
r.n.ii.iiioii. se voici la description d'après M. Ignazio Guidi : «C'est un
'" " '^ '' '' Il manuscrit in-4°, sur une seule colonne, 62 feuilles de
«parchemin, d'une écriture assez difficile à lire. Le titre,
«qui est sur papier et d'une main récente, est le suivant :
« Auerrois || Destrucdoncs destructionum || pliilosophorum Al-
« fjazelis || Calonynor hebrœo inter. || vcl || duœ impugnationes in
« librû Alfjazelis || (jui Destrnctio phdosophorum || dicitur. » La
sipiinrhiieidei, traductiou elle-même commence ainsi : Ait Averroes : Cum
iTsrchreibcn'*''*ie '" ciiiictis rcbiis (ib intellecUiuli virilité desiderandis naturali-
Geiîirr, ii.p. 7.3. (er, elc. A la fin, on lit ce qui suit: Explicit translatio
lirll.i.
DU XIV SIECLE.
441
XI»* SIÈCLE.
huius libri in civitate Arclatis, xviii aprilis anno ah advcntu
Christi M ccc XXVIII, ad obedientiam alnii reffis rcgum fidelium
columnc, (jui licite et vere sccnndus Salomon dicitar. Facta manu
Calli cbrei, scrvali suonim parvulorum sei'vorumyfamiliaris dicti,
incliti dumini et translatons ipsius, et bcnedictus sit Deus. Amen.
C'est sans doute le roi Robert de Naples qui est ici dé-
signé par le nom de « nouveau Salomon ». Cette appellation
élogieiise était d'usage dans la clientèle savante du roi.
Nous verrons plus loin que Calonymos ben-David men-
tionne cette traduction latine faite par son homonyme.
D'après Barlolocci, celte traduction n'est pas complète; elle
n'a que quatorze chapitres. Voici le titre barbare que Bar-
lolocci donne à noire traité: nav po-ii'jp Vij'jn i, /{. Algazil
Kaloninion Hehrœns, (jui D''DiD''^''En mn, Ileres happilosophim
destruclionem philosophorum scripsit.
I. « Réponse de Calonymos (Vnp 'v^kd Maestro Cal[o]) au
philosophe et métaphysicien En Bonafoux ibn-Caspi, en
opposition aux cahiers (ponijip quinterniones) que Caspi avait
écrits. » Cette réponse, comme M. Perles l'a bien vu, se rap-
porte au Livre du mystère de Caspi; en effet, Calonymos,
dans le préambule, qu'il a écrit en une prose cadencée qui
est intraduisible, fait plusieurs fois allusion à l'auteur du
Commentaire sur les mystères et les choses cachées. Il ré-
sulte également de certains passages que le livre fut envoyé
à des amis avant d'être livré au public et qu'il se compose
de trente chapitres, comme l'ouvrage de Caspi.
La Réponse de Calonymos a été publiée par M. Perles, à
Munich (1879), ^^^^ ^6 ^^^^^ suivant : Kalonymos ben-Kalo-
nymos Sendschreiben an Joseph Kaspi. Il n'existe de cet ouvrage
qu'un seul manuscrit, à Munich, et ce manuscrit a été
exécuté au xiv* siècle, du vivant même de l'auteur ou peu de
temps après sa mort. M. Steinschneider, qui avait fait une
copie de ce traité dans l'intention de le publier, a apporté
quelques corrections au texte de M. Perles.
Après le préambule, Calonymos s'exprime ainsi : « Main-
« tenant, ô grand prince, toi qui écris des choses mer-
TOHE XXXI. 56
Ilist. lia. (le la
Franco, I. XX VIII,
p. 45.
Voir ci-dtssou*,
page 4Ci.
Bibliolh. ial)b .
I,p. i.Si.
OuvnAGES om-
GINALX.
Seiulsclireilwn,
p. M.
Voirddcssoii».
l'arlirir sur (/aspi.
Maïkir, XXI,
p. I i5-i 18.
lus UTIOBALI.
. . 442 LES IXRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
iiv nrcis. '
«veilleuses, il y a déjà quelque temps que je me suis
«proposé d'éhulier ton admiraole livre; mais d'autres oc-
« cupations mondaines m'en ont empêché. Passant par
«Salon [nb-ie; pc?D, cf. Ps. Lxxviii, 60], vers la moitié d'ah
«[i3i8; nous verrons ([ue Caspi avait composé son livre
Voir I.; n* 12 « sur les Mystèrcs du Pentateuque en iSiy et que la ré-
ce'au°uur^^" **" « ponsc a suivi de près], mes maîtres [Moïse de Beaucaire
« et Sen Aslruc de Noves] me montrèrent les lettres pré-
«cieuses qu'ils t'avaient adressées, ainsi que tes réponses,
M et ils me demandèrent de leur donner mon opinion.
« Mais comment oser exprimer une opinion après que
« mes maîtres ont donné la leur, d'autant plus que je n'ai
«pas lu ton livre? Quand je viendrai dans mon pays, où
«j'emporte ma correspondance, je lirai ton livre d'abord,
« et puis j'étudierai les objections et les réponses. » Tout en
donnant des éloges à Caspi, soit pour son style ((|ui, à notre
avis, est très obscur), soit pour le fond même du livre,
Calonymos déclare qu'il dira toute la vérité. « Comme tu
« es l'homme que j'estime le plus après mes maîtres de
« Salon, je te dirai Iranchement qu'il y a beaucoup d'erreurs
« dans ton livre, et même que, si ton œuvre avait atteint la
«plus haute perfection, elle n'aurait pas dû être publiée. »
Nous ne pouvons entrer dans le détail des objections de
Calonymos, les lettres des deux maîtres étant d'ailleurs
perdues. Nous ne mentionnerons qu'un seul passage, qui
intéresse la critique biblique. Caspi s'occupe des différents
noms de Dieu employés dans les premiers chapitres de la
Genèse, et surtout de Yalivch et aPJlohiin. Caspi n'en tire
pas la distinction qu'Astruc, également un Provençal, a si
ingénieusement trouvée et par laquelle il a établi le fonde-
ment de la critique biblique, au xviii* siècle; mais il est
curieux qu'en i3i8, plus de quatre siècles avant Astruc,
on ait soulevé la même question en Provence. Caspi dit que,
dans les cinq meilleurs commentaires qui existent sur les
chapitres de la création, il n'a pas vu l'observation suivante,
qui l'embarrasse, à savoir que, dans le chapitre i, on n'em-
ploie que le nom dLÉlohim; dans les chapitres ii et îïi, on
DU XIV SIECLE.
443
XIV SIECLt.
dit Yahveh Klohiin; (hns iv et v, Yalwcli seul; dans la narra-
lion du déluge'"', Èlohim, et, dans celle de la tour de Babel,
Yahveh seul. « Il y a dos mystères là dedans, dit Calonymos,
« que je ne peux saisir. » En général, Calonymos n'aime pas
qu'on publie de tels livres : «11 serait meilleur, dit-il, de
« laisser au peuple (non) les idées dans lesquelles il a été
• élevé. <) C'est ce qu'on dit de notre temps à ceux qui
répandent la critique biblique moderne. Nous verrons
comment Caspi se justifie de ce reproche.
11 est, du reste, à remarquer que Calonymos, qui,
en i3i8, blâmait Caspi d'avoir employé un langage cho-
quant à l'égard de personnages bibliques et de contem-
porains, fit de même, peu apiès, dans son traité de la
Pierre de touche, et surtout dans la parodie de Pourim.
Voici quelques exemples des irrévérences de Caspi. Il disait
que Rébecca écouta avec la modestie du loup et l'humi-
lité du renard les paroles de Labau et d'Ellézer; «car les
«jeunes filles s'enveloppent souvent dans fhabit de la mo-
« destie, qui est bordé par la ruse. » Dans un autre endroit,
il citait ce proverbe : « Si on donne à un pauvre juif un
« œuf, il demandera encore du sel. » Ailleurs il poussait le
scepticisme jusqu'à prétendre que quelques hommes pieux
I'ettent des pièces fausses dans les caisses d'aumônes, ou
es mettent dans les mains des barbiers, qui doivent accep-
ter l'argent sans le regarder.
Calonymos avait à cette époque achevé presque toutes
ses traductions et était, par conséquent, versé dans la litté-
rature des Arabes. Il vante Aristote, dont il dit qu'il possède
tous les ouvjages avec des commentaires; il cite Alexandre
d'Aphrodise, Thémislius, Al-Farabi, Ibn al-Çayyeg (Ibn-
Baaja); il rappelle d'Averroès les traités De Cœlo et la Des-
truction de la destruction, un compendium de logique, le
Kallidth ou Colliget, les traités De animœ beatitudine et Sur
l'accord de la religion et de la philosophie (le texte arabe
de ces deux opuscules a été publié par M. Marcus-Joseph
'*) Cette observation n'est pas exacte, le récit du déluge étant combiné de jéhoviste
et d'élohiste.
Voir ci-dessous,
453.
Voir ci-drssous,
452.
.SendsrIircibeD .
i5.
Keiiaii , Averr.
[>. (J8, n* lo.
56.
MV StECI.B.
Ikfik
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
J. Ucrenhourg,
Ucvuc des Ktudi's
juives, l. XV'Il,
p. 173 cl suiv.
.S«iiilsrlircil)Cn ,
|). 27.
>ij»l. litt. (le la
Fiance, t. XXVll,
f». Oi'i
Voir ri-dessous,
;irl. Ca'pi.
Seiidschreibcn ,
p. ^i.
Millier, de Vienne). Un traité sur l'argumentation concer-
nant les articles de foi est décrit par Calonymos comme
ressemblant au Guide des Egarés de Maimonide. Calony-
mos connaît encore le « Livre du fruit» par Abou-Aflah et
l'ouvrage de médecine d'Ali ibn-Ridhwan, qu'il avait traduit;
le Traité sur la politique par Ibn-al-Tayyeb (a^a p) al-l3agh-
dadi. Quant aux auteurs juifs, outre Abraham ibn-Ezra et
Maimonide, Calonymos cite le commentaire arabe sur le
Pentateuque par Judah ben-Balam.
A la fin de la Réponse de Calonymos, on trouve, dans le
même manuscrit, une épître (D^^i1p) anonyme adressée à
Caspi, que M. Perles a également publiée. Après le préam-
bule, qui est intraduisible, l'auteur dit : « Pauvre homme
« que je suis, j'ai été frappé par la verge de ma stupidité . . .
« Autrefois j'ai pensé pouvoir changer la création. A présent,
"je n'en ai plus le goût; car je suis tout occupé à soutenir
« ma maison, et je n'ai pas le temps d'étudier ton livre. Mais,
« pour te montrer que ce n'est pas par mauvaise volonté, je
« t'envoie cette missive, que je te prie de livrer aux flammes
« après l'avoir lue; elle n'est destinée qu'à toi, car tu m'asde-
« mandé de te répondre. » Cette épître fut peut-être écrite
par le fameux Lévi ben-Abraham, qui se retira probable-
ment de la lutte après la seconde édition de son Livyatli
Hen. Il est possible que Caspi fasse allusion à lui dans son
ouvrage intitulé «Le Chandelier d'argent», en se servant
d'expressions peu courtoises. Nous en parlerons plus loin.
Par la lettre de Calonymos, nous apprenons que Caspi
occupait un rang distingué parmi ses contemporains. H était
sans doute riche et indépendant, tandis que Calonymos se
trouvait dans une position précaire. Il dit en effet : « Tu cites
«quelqu'un qui t'a fourni un passage arabe; ce n'est pas
« moi en tout cas, car il y en a plusieurs dans notre pays
« qui savent l'arabe mieux que moi. Et si tu dis que je suis
« des plus considérés de mon pays, il est vrai que je suis
M considéré (jeu de mots suraicn) comme mort, étant tout
«à fait pauvre (d'après un aphorisme des rabbins qui
« disent qu'un pauvre est considéré comme un mort). » Ce
DU XIV SIÈCLE. 445 . .
HV* SIECLP..
passade, dit M. Perles avec raison, prouverait que Calo- „
I " , . I • i> 1 Scndsrlireiunii ,
nyiiios n était pas encore en rapport avec le roi liol)crt en p. ,x.
1 3 1 8; sans cela il ne se serait pas trouvé dénué à ce point.
Notre traité figure dans la liste de M. Steinschneider
au n° 3 , dans celle de M. Gross à la lettre a; il manque dans
celle de M. Zunz.
II, DiDSoncD, M Livre des rois». D'après Isaac de Lattes, voir .mIcssun
c'était un traité d'arithmétique, de géométrie et d'astrolo- p*'9
gie. Les sources secondaires, telles que Ihn-Yaliya et David
Conforte, donnent les titres suivants: le premier, ^D^J^^ "jy,
traité sur la géométrie, et le second, n-n^cni nonann nDsnS»,
sur la géométrie et falgèbre. Nous avons vu que Manoello
dit de Calonymos qu'il connaît les livres des Chaldéens, Voir rid.ssus,
c'est-à-dire fastrologie; ï3dc?d signifie chez les traducteurs i*'^"*"
fastrologie. Wolf (qui tient pour deux différents auteurs Ca- Voir ci dessH-^,
lonymos, fds de Meïr, et Calonymos, ex familia Kalonymi, P"'"'-
ne:!?? r'3CJ, dit que le lAber lic<jnm, cjui est gcomclricns et i,,,. ,oo3.
arithmeticiis, se trouve dans la bibliothèque Oppenheimer.
Cette bibliothèque appartient maintenant à la Bodiéienne;
mais ce manuscrit ne se trouve pas à la Bodiéienne, et il
n'y a jamais été. (Wolf n'attribue pas à la collection Oppen-
heimer moins de deux cents manuscrits qui n'en font
plus partie.) M. Steinschneider a eu la bonne fortune de dé- zeitsciuifi de
couvrir un fragment qui paraît avoir appartenu à notre ou- ^^"fyg.,^^^^"'
vrage dans le manuscrit de Munich n" 290, feuillets ^9 à 62.
Ces feuillets contiennent la première partie d'un ouvrage
qui traitait d'abord des qualités naturelles des nombres, de
1 à 10. L'auteur y donne ses propres résultats, ainsi que les
opinions des savants qui font précédé, sans mentionner
leurs noms. M. Steinschneider y trouve beaucoup d'ana-
logies avec le traité d'Abraham ibn Ezra, intitulé nnxmsD,
« Livre de l'Unité ». Il est question ensuite des qualités spé-
cifiques des nombres. L'auteur ne suit pas la méthode des
livres VII à IX d'Euclide. Nous nous contenterons de donner
le titre hébreu de cette division : ibddh yaoD rrtnî) n'^uo rsp
niBoi mjn pna. Puis vient la théorie des nombres qui
3 1
IIV SIKCLB.
Steinschneidcr,
Han5 la Zeitscbrilt
der d. m. G. ,
XXIV, p. 369.
MonaUschrif) ,
1879, p. 556.
Voir ci-dessus ,
'119
Voir ri drssiis ,
p. ^ii.
Voir ridcssas,
p. Mo-i/ii.
446 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
s'aiment (D'anKjn onDDo), c'est-à-dire des nombres corres-
pondants.
Le traité est anonyme; mais il résulte de deux passages
que l'ouvrage fut composé sur le désir d'un «grand roi»,
qui serait, d'après M. Sleinschneider, Robert d'Anjou.
M. Gross croit même que le titre de « Livre des rois » est
une allusion à l'intervention du roi de Naples. Mais alors on
comprend difficilement le pluriel « des rois ». H est pos-
sible toutefois que M. Gross ait raison et que le titre de
l'écrit dont il s'agit soit l'jon d, « Livre du roi », comme c'est
le cas pour l'ouvrage qu'Isaac de Lattes attribue à Moïse
ibn-Tibbon. M. Steinschneider prouve bien que notre traité
est original et n'est pas une traduction. L'auteur fait usage
du livre mystique appelé Yecirah , « De la création » , de deux
ouvrages d'Abraham ibn-Ezra et du Guide de Maimonide;
il cite aussi une règle de grammaire de Moïse Qimhi.
Enfin il était très versé dans la littérature arabe, écrits ori-
ginaux et traductions. Il cite Platon, Aristole (Averroès) , Eu-
clide, Apollonius, Hippocrate, Al-Farabi, Avicenne, l'auteur
du livre icnn (Ibn-Aflah), le livre des Frères de la pureté
(avec le titre arabe xdsVx jkox c), et finalement pin la naj
nSuDa nDD3 hn^D'oh id'td, « Djabir ibn-Hayyan (selon l'heureuse
« correction de M. Steinschneider, qui remplace jain par
« îN''n ) , le maître de l'alchimie, dans son ouvrage sur les pro-
« priétés des choses». Or nous avons vu que maestro Calo,
qui n'est autre que Calonymos bcn-Calonymos, trouva dans
la bibliothèque du roi Robert l'ouvrage de Géber, et c'est
aussi Calonymos qui a fait la traduction d'une partie de l'en-
cyclopédie des Frères de la pureté. Il est donc bien pro-
bable que les feuillets découverts par M. Steinschneider
appartiennent au d-'s'td ied de Calonymos ben-Calonymos et
que cet ouvrage fut un de ceux que le savant israélite exé-
cuta pour le roi Robert. 11 est sûr que le roi Robert a em-
ployé Calonymos pour des traductions latines; nous con-
naissons une traduction de ce genre datée de i328. Mais
comment concevoir que Robert ait fait écrire pour son usage
des traités en hébreu? M. Steinschneider est d'avis que
DU XIV SIÈCLE,
lihl
XIT flECLB.
EncjtlopiEilie ,
p. 171.
Lebea des'Kalo-
« peut-être une traduction latine devait suivre ». Le roi aurait
accepté les services de Calonymos pour la composition d'un
tel ouvrage, avec l'espoir de le voir traduit plus tard en latin '.
La supposition de M. Kayserling d'après laquelle le
Livre des rois aurait été composé à Rome ne repose sur "y"""- p- •'•
aucun document.
Notre traité se trouve dans la liste (B. ouvrages originaux)
de M. Zunz au n° 4, dans celle de M. Sleinschneider au
n" 4; il manque clans celle de M. Gross; mais il est men-
tionné par lui à la page 556, note.
m. ina piV, « Pierre de touche », traité de morale composé
{)robablcmenl en l'année 1 3 2 2 et achevé la même année dans
e dixième mois, c'est-à-dire tébet, quatre-vingt-trois ans
après le cinquième millier d'années du monde, c'est-à-
dire 5o83 = i3j2. On trouve en effet dans les manu-
scrits : ••'CDnn «l'rNn mtt nSism «naiD e?in Kin nie?yn s^ina mjxn tid^d
niv D^:Dm vbv p. L'omission, dans les éditions, du mot D'?iïm,
« le monde », a induit Wolf à rapporter le nombre 83 à l'âge voir ci dessus
de Calonymos, qui aurait composé son traité à l'âge de p *'*
quatre-vingt-trois ans. Cette erreur a été rectifiée par
M. Zunz, et après lui par MM. Sleinschneider et Gross.
M. Philipp a eu la singulière idée de corriger niioe?! vhv en
njoen a^viv, 83 en 38, si bien que Calonymos aurait eu Voir ci-dcius
trente-huit ans lors de la composition dudit traité. Nous •* *"
avons prouvé que Calonymos naquit en 1287, de sorte
qu'il était âgé de trente-quatre ans en i32i. Nous verrons
bientôt que Calonymos dit qu'il était encore jeune quand il
écrivit son traité de morale.
' Beancoop de précaution» doivent
être apportées dans la question des rap-
ports de Robert de Napies avec Amauld
de Villeneuve et Raimond LuUe et les
autres savants de son temps. Presque
tous les raisonnements à cet égard re-
posent sur des traités d'alcliimie fausse-
ment attribués , faussement dédiés. Des
erreurs aussi sont venues de la confusion
de Robert de Napies avec nn prétendu
Robeit d'Angleterre, supposé contem-
porain de Raimond Lnllc. Voir Hist. litt.
delaFr., t. XXVIII, 45, 56, 84, i la ,
1 i6-i i7;t. XXIX, a6o, 372, 371, 873 ,
SyS, 379; Sleinschneider, Uebersetz.,
p. 8a3 et suiv.; £ncjcî. , p. i7i,n°3i;
ms. de Munich, a 88, a (Catalogue de
Munich, p. 118); ms. ktin d'Oxford,
Corpus Christi, n* a44.
xiv' siici.K.
448 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Avant de discuter la question de savoir si Calonymos a été
employé à Rome par le roi Robert antérieurement à la com-
position de notre traité, ou depuis, nous allons décrire l'ou-
vrage lui-même. C'est une imitation à la fois de l'Ecclésiasle
et de l'Examen du monde de ledaïah de Bëziers, Le style est
celui qui était en vogue à cotte époque en Provence, c'est-
à-dire la prose cadencée, jouant avec des phrases bibliques
et talmudiqucs. Si le style de Calonymos est moins rude
que celui d'Abraham de Béziers, il n'atteint certainement
pas à l'élégance de ledaïah dans son Examen du monde.
Calonymos n'intercale pas de vers dans sa prose, comme
nous l'avons vu faire par ledaïah dans son traité pour la
défense des femmes. Il est probable que Calonymos n'a
Voir ridcssns, jamais fait de vers; du moins Manoello dit que Calonymos
'' ^^ ne lui en a jamais communiqué.
Le but que fauteur se propose est de montrer les fo-
lies et les perversités du temps où il vit. Pour être im-
partial, il ne se ménage pas lui-même. Nous donnerons
quelques extraits traduits librement d'après fédition de
Sulzbach, qui est arbitrairement divisée en paragraphes;
les manuscrits n'ont aucune division en chapitres ou en
paragraphes.
Les paragraphes i à 3 forment une sorte d'introduction
dans laquelle fauteur dit qu'effrayé des péchés qui se com-
mettent, il a cru nécessaire de composer son œuvre. 11
parle de sa jeunesse (S 3) : «Je sais que si je fais du mal
«par mon écrit, ma jeunesse ne sera pas une excuse pour
« moi » (myj 'jipnsiK'?! nnnwi m'y' '•rDJi ah vvitt ck TiyT', d'après
les manuscrits et fédition princeps). Dans les paragraphes 3
à 7, fauteur dit qu'il n'a en vue que lui-même et ses sem-
blables. Au paragraphe 3, nous apprenons que Calonymos
n'était pas en aussi bonne situation de fortune que Caspi
{^'730 hiK ^3 ^hbt( "b "hhn om^ ^anpa ^aaV ann «id3 ^jdd nV). Dans les
paragraphes 7322, fauteur s'adresse à son cœur, qui l'a
très souvent mal conseillé. Ici Calonymos parle encore de
sa jeunesse. Voici le commencement du paragraphe i3 :
« Mon cœur, si ce n'est à présent, quand chercherai-je le
DU XIV SIÈCLE. 449
« repos? Sera-ce dans la vieillesse, quand mes forces dis-
« paraîtront? » Il ajoute encore qu'il a vieilli dès sa jeunesse.
A en juger d'après le commencement du paragraphe 17,
on dirait que Calonymos n'était pas marié à l'époque où il
composa son traité. «Mon cœur, dit-il, tu m'as dominé
« dans l'amour des femmes, car j'ai été pris à leur piège. »
Les paragraphes 22 à 33 ont pour sujet la piété des gé-
nérations passées et la n)auvaise conduite de la génération
présente. Par un raisonnement analogue à celui de saint
Paid, dans l'épître aux Romains, il dit : «Malheur à celui
«qui a des garçons; car ils ont à porter le fardeau de la
M loi orale, c'est-à-dire l'observance de six cent treize com-
« mandements, tandis qu'une fille est libre de toutes ces
« obligations. » Les paragraphes 33 à 42 roulent sur les fêtes
et les demi-fèlcs, qu'on n'observait pas de son temps avec
toute rigueur.
Dans les paragraphes 42 a 56, l'auteur parcourt les dif-
férentes positions sociales et montre la vanité de toutes les
choses dont l'homme se glorifie. Il attaque d'abord ceux,
qui se fient en leurs richesses; 2" ceux qui sont Hors de
leurs ancêtres; 3° ceux qui ont une haute idée de leur in-
telligence; 4° ceux qui se vantent de leur probité et de
leur piété; 5° ceux qui se croient de grands savants, c'est-
à-dire ceux qui savent un peu de mathématiques, d'histoire
naturelle et de botanique, et qui, finalement, tombent dans
le mysticisme, s'occupant de la mesure de Dieu (ncip ^^s'c•) ,
du Livre de la création (nTriDc), du livre de Ben-Sira et
du Char de Dieu (n3^^t3); 6° ceux qui se vantent de con-
naître la médecine, disant : « Nous possédons l'ouvrage caché
« d'Ezéchias, les ouvrages d'Hippocrate et de Galien » , taudis
qu'ils font des ordonnances seulement pour gagner de l'ar-
gent, sans se soucier du malade; 7° ceux qui croient con-
naître fastrologie, science aussi vaine que la sorcellerie;
8° ceux qui se vantent parce qu'ils ont quelque connais-
sance de la grammaire et de la Massore, qui ne sont que
des corollaires de la Loi; 9° ceux qui se glorifient de leur
talent pour la poésie et la prose cadencée; 10" ceux qui
TOME XXXI. 5^
3 1 ♦
\IT* SIÈCLI.
lui : IVLml \4riOYALC.
XIT SIECLE.
450 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
s'enorgueillissent de ce qu'ils savent le Talmud et les com-
mentaires; enlin 1 1° ceux qui se fient à la force matérielle
et à fart de parler. Tout ce monde disparaîtra dans les
temps messianiques; il n'y aura pas place alors pour de
telles vanités.
Dans les paragraphes 56-6o, Galonymos adresse une
prière à Dieu, en prose cadencée, la versification ne lui
étant pas facile. Dans les paragraphes suivants, il retombe
dans son pessimisme. Il ne sert de rien d'avoir confiance
dans les hommes; il ne faut pas compter sur fargent; on
ne doit pas se fier à ses propres enfants, à plus forte raison
aux amis et aux étrangers. Galonymos examine ensuite la
question de savoir pourquoi fhomme juste souffre, tandis
que le méchant est heureux; il en conclut que le monde
à venir apportera une récompense aux justes. Puis il con-
seille le repentir, la piété qui a toujours devant les yeux
le jour du jugement. Les paragraphes 90-99 conliennenl
un dialogue entre fâme et le corps, qui se reprochent mu-
tuellement d'avoir commis des péchés.
L'auteur termine en racontant les souffrances d'Israël ;
il exprime le souhait que Dieu ait pitié de son peuple et
le délivre par fintermédiaire du Messie. C'est pour nous
la plus Intéressante partie du livre. Une grande tristesse
pèse sur tous les auteurs juifs qui ont écrit vers ce temps
en prose, en prose cadencée et en vers. On comprendra
facilement famertume de Galonymos en 1 3 2 2 , si on se rap-
pelle les trois événements qu'il mentionne, la persécution
des Pastoureaux en iSao, celle des lépreux en 182 1 et
fautodafé des exemplaires du Talmud, exécuté à Toulouse
Don. Vai-seu, par Bcmard Gui le 29 décembre i3i9'.
1"' xxix^ch " es! ^^^ y *^^'^ ^^®* motifs de tristesse dans les souffrances
Uaynaidi, Coiiiin.. d'Israël, OU se demande qui sont ceux qui avaient assez
offensé Galonymos pour qu'il crût devoir les châtier avec
tant de sarcasmes. Nous ne croyons pas que cet homme,
qui était surtout traducteur, ait fait une telle œuvre simple-
' M. Gross l Monatsichrift , 1879, p. 547) commet à ce sujet de graves inexac-
titudes , que nous ne croyons pas opportun de relever en déttQ.
i. V, p. i38.
DU XIV SIECLE. 451
\1V SIECLE.'
inenl par goût el encore moins par inspiration poétique.
Dans l'épilogue où l'on trouve les mots np' n:c jma px,
cités par Manoello, Galonymos dit qu'il a écrit ce livre
pour deux raisons : d'abord, pour honorer Dieu, en s'at-
tachant de plus en plus à le servir avant que vienne la Voir ci-dessus,
mort; puis, pour honorer dix hommes considérables «;n Ca- ''" ^*'
talogne, pays que Galonymos avait choisi pour s'y lixer,
ou, du moins, auquel il pensait toujours. En effet, nous
avons vu que les exilés de Provence se rendirent à Per-
pignan pour entrer en Catalogne, où ils étaient protégés
par le roi de Majorque. uist. lin. de u
Ces dix hommes, dont Calonymos avait fait la connais- !,' e".,!; ei^2dé!-
sance dans ses pérégrinations, sont : i° le médecin Abraham »"'i'- ^"''•
Caslari, dont nous parlerons plus loin; 2° Maestro Ben-
dig (nia dans les manuscrits, Bendit dans les éditions),
qui est peut-être identique à Maestro (Meir) Bendig d'Arles,
auteur d'un index des passages bibliques cités dans le Tal-
mud de Babylone, dont il existe des manuscrits à Oxford
et à Vérone (ce Bendit ne saurait être identique, comme
M. Kayserling le suppose, à Bendich-Ahin, médecin de la
reine Jeanne en 1369; en iSj'j, il aurait du avoir au caïai, m'iCJ;.
moins trente ans, pour être cité parmi les amis de Calo- " "'•''•■ i»- " ^^^
nymos, et, à quatre-vingts ans, la reine ne faurait pas pris ,Hm'ft!'i'879"T!i'3!
pour médecin); 3° don Jonah Cavalier, -i^'jap dans le manu- Leijen Kidony-
scrit, dans fédition mi'jap, nom de famille qui se retrouve '■""• p ■'•
encore plus tard chez les juifs (les trois personnages pré- .^fl^XVs T" "3
cités demeuraient à Besaldun, à présent Besalu près de
Girone); l\° don Todros Isaac, qui demeurait à Girone, où (iioss, Monais-
Galonymos se rendit; 5° don Juda des Gortel (ms. d'Ox- ^'"f^; '^^g.
ford 'j'tDHipsi) ; 6° don Bonafoux Schealtiel; 7° don Bonsenor
Gracian; 8° don Hasdaï Crescas (tous les cinq à Barcelone Cross, ib-dem,
et à Tarragone); 9° don Samuel Benvenist; 10° don As- p-^^°-^^'^-
truc Crespin. Dans la dédicace à ses dix amis, Calonymos
dit qu'il n'a pas composé ce traité pour montrer une sa-
gesse qu'il ne possède pas, ni pour se donner un plaisir,
au moment où ses coreligionnaires sont chassés d'un endroit
à f autre et se trouvent dans la plus grande misère; encore
57.
. , /452 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
■ XIV SIECLE.
moins a-t-il été poussé par une inspiration poétique, car,
dans l'état malheureux où Israël se trouve, ia poésie, qui
n'existe pas pour les opprimés, a comme disparu du
monde; il a écrit son œuvre exclusivement en l'IionncMir de
Dieu et de ses dix amis. '
Revenons maintenant à la question de savoir si Calony-
mos était allé à Rome avant i3-2:>. ou s'il s'y est rendu plus
tard. Nous croyons que, si la Pierre de touche avait été
composée après sa visite à Rome, Calonymos n'aurait pas
manqué de glorifier son ami et protecteur Manoello; car
celui-ci aurait été blessé dans son amour-propre par ce si-
Voir cidessus, Icncc, ot n'aurait certes pas exalté Calonymos comme nous
f- *'9- l'avons vu faire. En outre, Calonymos aurait parlé du mal-
heur qui était survenu dans la communauté de Rome en
i32i. Surtout Calonymos n'aurait pas oublié de louer le
roi Robert, s'il avait travaillé pour lui avant i32}. D'où il
suit que l'anonyme qui est allé en Provence pour implorer
le pape en faveur de la communauté de Rome n'était pas
notre Calonymos. Celui-ci fit son voyage de Rome après
1822. Après 1822 aussi, il se lia avec Manoello, à qui
probablement la Pierre de touche avait plu, et qui l'aurait
vantée dans son ouvrage poétique.
La première édition de la Pierre de touche a été faite à
Naples, à la fin d'août 1^89; la seconde à Venise, i546; la
Zediifi, cafai. troisième à Crémone, i558; la quatrième à Sulzbach, avec
M. B. p. ^08; traduction allemande en caractères hébreux, de Moses
hasscfarim, p. 3, Eiscnstadt (Katzenellenbogcn , selon Zcdner), 1706; la cm-
Caïai M B quièmc cst uuc réimprcssiou qui fut faite à Fûrth sans date;
p- 455. une sixième édition, avec un index, a paru à Lemberg,
1860. La traduction allemande de fédition de Sulzbach a
été publiée à part, Hombourg, 1746. Des spécimens de
Manna.p. 47. traductiou ont été donnés par M. Stcinschneider. Enfin il
Voir cidessus. cxistc uuc traduction allemande en prose cadencée par
p. 4>3. M. Meisel, Buda-Pest, 1878.
IV. DniD roDD, traité de Pouriman fête d'Esther, parodie
du traité Megilla du Talmud, composé à Rome. Cette der-
(lei
DU XI V SIKCLE. Û53
IIV SIKCI.R.
nicre donnée résulte de plusieurs allusions qui ne laissent
place à aucun doute. M. Zunz dit que le traité fut composé
à Ancône, sans en donner de raison. Bartolocci attribue l'ou- Zur r.psciuditr
vrage dont il s'agit à R. Lcn de Valenlibas (c'a;x*?3 n jik'"? ^=i) pl'4.0'''""""
d'après un manuscrit du Vatican; ce manuscrit n'est autre nibiioii.. ii.i)i.
que le n° CVII du catalogue d'Assémani, où on trouve le '^'i' '"■
nom de Léon de Bagiiols (©""jrjai IunS "d). En elTet, nous ^1. "g*"'""
verrons que Léon est l'auteur d'une parodie analogue. La
plupart des auteurs modernes, tels que MM. Zunz, Slein- Voir ridcsson-
sciineider cl Gross, mettent la date de la composition de celsom
notre traité entre iSiy et i32 2. M. Graelz, qui fait arriver
Calonymos à Rome après 1822, ne donne aucune date. c.esri.iiiiii
Nous garderons la même réserve. J..den.vii,,,..8ii.
Autant, dans la Pierre de touche, nous avons trouvé Ca-
lonymos pessimiste, autant nous le voyons humoristique
dans cette parodie, qui rappelle à beaucoup d'égards les
fantaisies de Manoello. Il attaque tout le monde, à com- i'aui,.irii iid-j,
mencer par lui-même. Il n'entre pas dans notre cadre d'énu-
mérer les rabbins italiens qu'il traite avec un persiflage
sans ménagements; M. Gross en a donné la liste. En outre, Monaissriiiin.
une traduction française de passages de cette parodie se- \llf; '' '■'''
fait incompréhensible. L'auteur mentionne des mets ita-
liens, entre autres macaroni et crescione. Parmi les jeux, il
parle d'un schachierc, que M. Graetz explique par échiquier, Ge-riiiria,- ii.,
tandis que le contexte montre que ce mot désigne une place, JuJen.viip. i^sti.
peut-être une place publique avec un échiquier mis à la
disposition de tous. Un passage énigmatique est celui où steinscinuiKier,
il est question de la femme de Schabbetai Parnas qui pré- J^rlSSli!
parait les mets pour la fêle de Pourim deux semaines i" ?'• ^"' ''"
s, , „^, 11 . • 1-. Linde, p. 189.
a avance, et ou ochabbetai dit : ri"ipi rinn nNic?:'»3T rrma ]ti nn
n'j'jmp nniN. M. Graelz lit n^'jjmp. On traduirait alors : «La
« nôtre était une fdleprincière qu'on appelait Cardinalcsse. »
C'est très plausible, quoi qu'en dise M. Steinschneider, qui Maïkir, xii,
ne donne pas de solution à cette difliculté^ ^' '
Nous avons dit que la Masséket Pourim de Calonymos fut
' Ailleurs (Isr. LetUrbode, IX, p. 46), M. Steinschneider trouve en effet, dans un
manuscrit, la leçon n^'jJTlp.
xit'sif.ci.c.
l'nck ïili, 1.
IVrik IV,
. 1 l>.
(icsrliirli
le (In-
Jii<l.ii.\!|,
p. 288.
MoiiaU^f
i.iin.
1^70, |p. :>
'1 '|.
l'.MVt. VI ,
1A.
454 LKS KCftlV MiNS JlilFS FRANC \LS
composée à Home; l'auteur parle très souvent de celte \ille;
il mentionne une fois un Daniel de in"'tdi'? -.tz (omis par
MM. Zunz elGross), et une autre fois leliiel htcn^ (le fçras)
d'Ancône. C'est à cause de ce dernier personnage que M. Zunz
a supposé que ])eul-èlre la Massékcl Pouriin fut composée à
Ancôncî.M. Grœlz croit que le nom de bxaa, qu'on trouve dans
notre traité, désigne Manoello. M. Gross n'est pas de la
même opinion : Vxaa est une fois représenté comme un jeune
homme; or Manoello devait être, lors de la composition de
notre traité, aux environs de la cinquantaine. 11 est cepen-
dant étrange que Manoello ne soit pas nommé dans la Mas-
sclicl Pouiim. Ktait-il déjà mort à l'époque de la composition
de cette parodie, ou (laionymos, pour ne pas l'ollénser en
le mêlant à une com[)Osition satirique, ne voulut-il pas l'y
mentionner? En tout cas, on pourrait conclure de la bonne
humeur que montre ici Calonymos, si on la compare à
l'abaltenient qu'il laisse voir dans la Pierre de touche, ([ue
sa situation fui plus heureuse à Rome, où il était soutenu
par le roi llobert, et, par suite, honoré de toute la commu-
nauté.
La rareté des anciens manuscrits de cet ouvrage porte-
rail à croire qu'il n'eut pas beaucoup de succès parmi les
siti.i ciineidci. juifs. De la première édition (l'esaro, lôoy-iSao), il reste
Kiirvcio].., p. .70. |-^|.^ i^g^ d'exemplaires. On n'en connaît qu'à Florence et à
Parme. La plus grande partie de cette édition fut détruite
par les juifs eux-mêmes. La seconde édition fut imprimée
Perles. Se.id- à Vcuisc eu i552, SOUS le titre de o^iron'jjD; ce n'est pas le
1, p. xet j-jj,g jg notre traité, comme IVL Graetz le pense; c'est celui
Gesci.irhte .1. i d'uue pafodic semblable, qui est anonyme. L'édition de
jndin, VII, 288. Vienne de 1 871 serait basée, d'après l'éditeur, sur un vieux
Maïkii, \ii, manuscrit; d'après M. Steinschneider, ce manuscrit est
•'■ ' du xviii* siècle. La publication de Halle (1720) ne ren-
i«79°'p.'554!'' ferme pas notre ouvrage, comme M. Gross le veut. C'est
Calai. Bo<ii.. l'ouvrage anonyme, ainsi que M. Steinschneider le dit avec
P '^^''- raison dans son Catalogue et bien que M. Gross ait essayé
de réfuter cette opinion.
La parodie de Calonymos trouva des imitateurs long-
schreibe
\v. note
VIV'SIÈCI.E.
DU XIV" sm'AK 455
temps après lui. Pour ceux qui s'intéressent à cette litté-
rature, nous renvoyons à l'exceHenl article de M. Stein-
schneider intitulé Punm ont/ Pfl;-Of/ie, liibliagrapliische JSotiz,
fjui a paru dans le hraelilische Lcllerbodc, VII , i à 1 3 ; IX, 4 5
à 58. Nous verrons que le sérieux Levi hen-Gerson adopta
la mode du temps et composa une autre parodie, en imitant
beaucoup Calonymos.
Notre traité se trouve au n"'< (IJ. Compositions originales)
dans la liste de M. Zunz, au n° i dans celle de M. Stein-
schneider et à la lettre h dans celle de M. Gross.
On attribue à tort à Calonymos les ouvrages suivants: OuvnuiKSFAussi;
1" ^D1D^ njK, « Lpitre de morait^ », dont nous avons dcja
parlé; chez M. Gross à la lettrée, sans numéro dans la liste ,,. /("l"^, "'"""'•
de M. Steinschneider. Bii.i. judaïai,
2" D'sSc r3n:n d, «Livre de conduite des rois», men- "p ■'''^
tionné par M. Fiirst, qui dit que c'est une traduction de la y^^Xa. liio^
version arabe de la Politique d'Aristote. Cette erreur provient •' '7^
de ce que M. Steinschneider avait supposé que le Livre ^"'' "''""""
des rois de Calonymos, mentionne plus haut, pourrait zciis.iiriu de
avoir été confondu avec une traduction de la Politicjue. FrauLei. is^o.
M. Steinschneider a bientôt abandonné cette supposition, '' ""'
que M. Fùrst a reproduite encore en i85i. Ce traité se
trouve dans la liste de M. Gross à la lettre k.
3° CjId'jx -^vh njiDnn niniV, Tables astronomiques dites
d'Alphonse le Sage, faites par Isaac ibn-Cid en isSa.
Elles auraient été traduites en hébreu, d'après Elie de! Mrio i.oiniNim.
Medigo, par notre Calonymos. Cette traduction n'est men- •*;,"' '™'''"="""
lionnée par aucun autre auteur. Dans la liste de M. Gross
elle se trouve à la lettre y.
4° Saban csva ickd, traduction du « Traité de la substance
« des sphères », d'Averroès, laquelle, d'après M. Gross, serait H.M.aii, A»r,i.,
peut-être de notre Calonymos. Nous en parlerons dans p^'' '
l'article que nous consacrerons à Moïse de Narbonne. Cette
traduction n'est pas comprise dans la liste de M. Gross.
5° mr'7K3 nDD "isiap, « Résumé des livres de Galien », qu'on
trouve dans les manuscrits 884, • i » 7 et i 1 18 de Paris.
r-
MVMicr.. '*50 '•'^S KCniNAlNS JUIFS FRANÇAIS
M. i.is. iimi.icr, ^^^^^ cGs manuscrïts, \v. traducteur est nommé. C'est un
I ii.or<ot/..,|>.63'i. Samson fils do Saloinon, contem|)orain et peut-être compa-
l'.iw. lui)!-., m , irJote de Calonymos, ((ui acheva son travail en i322. VVblf
donne comme traducteur notre Calonymos; cette erreur
vient probablement de ce que le n" 884 renferme la tra-
v..ir <i.i;ssus, ductioii des quatre j)remiers livres de la Physi([ue ])ar Calo-
'"'" nymos; Woll ou les auteurs de l'ancien catalogue auront
pris Calotiymos comme traducteur de tout le manuscrit.
De Rossi a commis la même erreur dans son catalogue,
n° i:î76. De même dans le catalogue de Vienne, où l'on
(.jiaioï. Vin- prétend encore que Calonymos est originaire de Mantoue.
'■' ■''■ ' ''■ M. Fr. Delitzscli, dans son catalogue de Leipzig (mss. arabes
CiiiA. Lips., et hébreux, XLI, B), dit incidemment (jue Calonymos est
le traducteur de onze des traités de Galien qui, dans les
.i07.
iii7!'i'i'i8; Le- mauusfrils hébreux, portent la désignation «selon les
.lerc, Mtd. ar., Alexandrius « : M. Zuiiz émet la même assertion. M. Gross
I , |). .).S cl suiv.
(icsiimmelle
fait observer avec raison que les résumés des livres de Ga-
sci.iifi.u, II, lien, dans le manuscrit 53 de la bibliothèc(ue de Leide, sont
'■ '■'■■ différents de ciîux de Vienne et i)ar conséquent de ceux de
\fonatssclirifl , tt • ut c • i *i n '«i i i
1879. p. 503. l'ans. M. bteinschncider la constate également dans le ca-
('.aiai.p. i38. laloguc des manuscrits hébreux de Hambourg. En général,
Calonymos n'est pas le traducteur des résumés alexandrins.
KnrjciopaMiic, M. Steinscliueider, se fondant sur ce que le traité de l'Urine,
'" '"'■ dans le manuscrit de Leide, Warn. 53, 4, appartient à
la collection alexandrine, n'admet plus pour traducteur
notre Calonymos. Cette traduction se trouve dans la
liste de M. Zunz au n" 2 et dans celle de M. Gross à la
lettre z.
6° nxiDi'î 'jnjn ni3d. Grande introduction à la médecine,
traduction de celle de Ilonein ibn-Ishaq. Dans un manuscrit
qui appartenait jadis à Moïse Raphaël d'Aguilar, à Amster-
dam, cette traduction est donnée à Calonymos han-Nasi,
qui est bien notre Calonymos, non son père; celui-ci n'était
Hibi. iicbr.,111, pas traducteur. Wolf attribue la traduction à R. Calonymos
'' '•**'9' Kolien exfamilia flacanim, mort en 1571. C'est une conjec-
p. ?578, fôgs.' •^"''6 gratuite. Nous avons déjà vu les confusions que Wolf
fait entre les différents Calonymos.
DU XIV SIECLE. 457 . ,
XIV SIECI.t.
7° nxiDi ncD, livre de médecine, décrit de la manière sui- . ~~
-,_-, j. II- 1 "Il '!• Bil)l. jiid.iKj,
vante par M. r urst : « Une collcxtion de traites de médecine, n, p. (so.
«probablement de Galien, traduits du grec en arabe par
« Honein ben-Ishak , et de l'arabe en hébreu par Calonymos.
« Ce livre renferme d'abord une introduction à la médecine
« eu forme de questions et réponses (i/t katechedscher Form) ,
«divisée en sept chapitres; puis viennent d'autres traités, et
« ceux-ci sont suivis de notes et d'additions faites par une
« main postérieure, telles que des explications des passages
« médicaux du Talmud et d'autres livres. L'éditeur inconnu
« (lit, dans la préface, queRaschi (Saiomon de Troyes, mort
« en 1 loô), a écrit cent cahiers sur celte matière. L'ouvrage
« fut imprimé à Amsterdam, i6io, in-4". » M. Fûrst n'a pas
dû voir ce livre; car il n'existe, à notre connaissance, dans
aucune bibliothèque publique. M. .Steinschneider ne le
connaît pas davantage. La description de M. Fûrst est em- UeiOii™i,\i,
pruntée à M. Wunderbar, qui a vu im exemplaire d'un p •''7*'
ouvrage semblable à Riga. M. V^ underbar, cependant, ne
mentionne pas Calonymos comme traducteur; en effet, il
dit que le traducteur inconnu cite, à la page i6, comme
.son contemporain le médecin Abraham JNahmias de Por-
tugal, qui est probablement identique avec le personnage
du niême nom qui vivait vers la iln du xvi*^ siècle. M. Fùrst Neubauci. cai
a sans doute pensé aux ouvrages de Galien dont les traduc- ''"'"■' "' '''''''
lions sont attribuées à notre Calonymos, et a cru pouvoir y^,^ ,id.ss„s.
y ajouter celui-ci. Un autre livre de médecine est attribué p- * ''
à Calonymos; nous allons en parler.
8" niNiEi -iBc, livre de médecine, ms. n° 6 de la biblio-
thèque de Leeuwarden en Frise, attribué, dans le catalogue
manuscrit, à Calonymos ben-Calonymos. M. Steinschneider
y renvoie, dans son Catalogue de Leide, p. 829. D'après ur. Lcuerbodc,
M. Neubauer, ce renvoi a trait au second article dudit ma- "' '' ^'
nuscrit, qui est la grande introduction, censée de Galien,
dont nous avons déjà rendu compte. Le nom de Calonymos Voir ri dessus,
n'y paraît pas; mais il est donné à la hn d'un article de ce ^' *^^"
manuscrit et dans le catalogue de la bibliothèque de Ra-
phaël Moïse d'Aguilar, d'où le manuscrit provient proba-
TOME IXXI. ,Ô8
ïaMIlHCKIS NATIO^AIL.
MT* SlicLI.
Calai. Krane<|.
i,. Kl.
Woir, llililiolh.
Iicbr. , p ')6(j.
(ioiiiples nii-
(liis il" rAc.ulémiv
<|pN hisrriplioiis,
,x-\. p. i8i
(^lUil. ilv llani-
boiiri;, p. i.'iC.
Hi'iiaii, A\oi-
roô-, p. lyo.
\\<. <lo Turin,
p. 'idO.
Li>tc<.<l( M.Zuiiz,
u" lî; liste «le
M. Cio-^ /.
Ilniuii, Amt-
iiii's, p. i()o; lisle
ili' ^^. (ituss, /.
Ilibtioili. grxca,
III, p. J.);.
(",ros<. Monats-
srliriri.».S79,ii"3,
p. 509.
Rrnaii , op. cil,,
I c)o; (iross, à la
loltrc /.
KnryrI., p. ■ ■yâ.
Voir ci-dessous,
p. iGi.
Bibl. hcbraîca,
I,p. i3.
'i58 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
blenient. Dans ce même manuscrit, à l'article 7, se trouve un
petit traité signé «ton ami Calonymos, filsdeCalonymos »,
avec la formule d'eulogie, usitée dans la famille de Calo-
nymos, ""c?" D» (Isaie, i.vii, 2). M. Neubauer croyait que
cette signature se rapportait au traité attribué à Constantin
l'Africain (manuscrit de Paris, 1171, 2; cf. 1190, 4),
tandis que M. Steinschneider pense que le traité de Con-
stantin a été traduit par le traducteur anonyme dans le
manuscrit de Paris 1190, et que la signature de Calo-
nymos se rapporte à un autre traité. Le mot «ton ami»
vient à l'appui de l'opinion de M. Steinschneider; car il
semble se rapporter à une lettre de Calonymos. Il serait
désirable qu'on examinât encore une fois cet intéressant
manuscrit.
9" La liste, déjà longue, des traductions averroïstiques
de Calonymos a été indûment enrichie d'ouvrages qui ne
sont pas de lui. — a. La traduction des commentaires
d'Averroès sur le Traité du ciel et du monde, qu'on lit
dans un manuscrit de Turin, n'est pas de Calonymos; elle
est de Salomon ibn-Ayoub; la date de i3i6 se rapporte à
l'ouvrage qui suit dans le manuscrit, et qui est le Traité
de la génération et de la corruption. — ^. Il en faut dire
autant du commentaire sur le Traité de l'àme. On a eu
tort d'alléguer à cet égard l'autorité de Fabricius. Celui-ci
s'exprime d'une manière confuse; mais nulle part il ne
parle expressément d'un commentaire sur le livre en ques-
tion traduit par Calonymos ben-Calonymos. — y. Quant à
la lettre sur l'Union de l'intellect séparé avec l'homme, la
traduction hébraïque en a été faite par Samuel ben-Tibbon,
et la traduction latine par Calonymos ben-David IL —
S. Pour les Questions physiques, aucun manuscrit ne donne
le nom du traducteur; nous en parlerons plus amplement
dans l'article que nous consacrerons à Moïse de Narbonne.
M. Gross cite le catalogue de Pasini, Catal. Taurin., I, p. 54
(ms. 147); mais le nom de Calonymos ne s'y trouve pas.
Seul Bartolocci donne Calonymos comme traducteur de
cet ouvrage, en ajoutant la date de i3i6, sans preuve
DU XIV SIECLE.
459
Xn' SIECLE.
Calai, lie Mii
iiicli, 36, iS.
(jross, Mouali-
sclirill . 1879 ,m'.'!,
quelconque. Le traducteur des Questions physiques reste
inconnu; ce n'est pas Moïse de JNarbonne, bien qu'on le
désigne comme tel dans le manuscrit Pinsker 1 5, 10.
10° M. Steinschneider croit (n" 29) que le traité qui se
trouve dans le manuscrit du Vatican 384 (non 385)
loi. 385 (non 4i » ),etqui est traduit de l'arabe en hébreu, r-'^^-
pourrait être la traduction du traité d'Archimède inlitulé : i-ncvcir»-*'"
KûxXou jn^TprjcTK, en arabe *».L.-»i jjStjJi, probablement
traduit du grec en arabe par Thabet ben-Qorrah, ( l dont
le titre hébreu était sans doute n'?ijyn rnicos di'D'3-ix irc. Dans
la traduction latine de Gérard de Crémone, ce Iralté est
intitulé Arsemenides De diinensione [de quadralura) ciiculi. La
version hébraïque étant incomplète au commencement et
à la hn, il serait difficile, même si l'identification avrc le
traité d'Archimède était juste, de prouver que la traduction
soit de notre Calonymos. Les titres Elementa mathematica,
Dic'p">*< ''ip'», inventés tous les deux par Assémani, n'ont au-
cune valeur critique.
1 1° On serait tenté d attribuer à notre Calonymos la tra-
duction hébraïque d'une lettre circulaire de Robert d'An-
jou, qui existe dans le manuscrit de Hambourg n° 'jf)3, 5,
et qui est reproduite dans le catalogue lait par M. Stein-
schneider, p. 180. La date de cette lettre est i3:<8, et le
roi l'a adressée à la commune ('?'?:'? -= universitati) d'Aix à
l'occasion de la mort de son fils. Nous avons vu que Calo-
nymos travaillait en i328 pour le roi llobert et qu'il se
qualifie translateur attitré de ce souverain ' ; il est natu-
rel de supposer que c'est lui qui a fait la traduction de
cette circulaire sur foriginal latin. Cependant le style dur
de ce morceau ne rappelle guère la plume d'un des plus
habiles traducteurs du moyen âge. Comme il est probable
que la traduction fut faite en Provence, nous croyons devoir
lui donner une place ici. M. Steinschneider a pu se pro-
curer par M. Ignazio Guidi, professeur do langues sémi-
tiques à l'Université de Kome, le texte original latin de celle
Kiic)clo|'X(lie,
!'• 170."" 7
(^atiil. (le Haiii-
hoiirg. [>. ib.
\oir ci-difssus.
'l'to'M 1.
Familiaris dicti domini et traiulatoris ipsiits , ci-dessus, p. /|'i i
.^8.
„VMKa.B. ^^^ f^ES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
lettre circulaire, qu'il a publié dans la Vierteljahrsclirifi fur
Kultiir and JÀteratur der Renaissance de M. L. (leigcr, t. I
(i886), p. i38-i4o. La pièce fut adressée sous des formes
diverses à diflerentes villes, telles (pie Marseille, Aix,
Arles, etc. La circulaire, dans l'exemplaire transmis à
M. Steinschneider par M. (luidi, commence par les mots
suivants : Huhcrtas, de, jiistiliaiio Terre Labons et comttatns
Molisii Jideli siio, etc. Tibi aliisqiiefidelibus quos sincerajides et
fervens majcslalis noslre dtleclio individae copnlavit . . . Dans
le courant de la lettre on lit les mots suivants : Respiramiis
eliam in co fjuod vobis annnncianiiis ad gaiidium (juod jam de
ipso proies remansit et e pregnanle conitiije filinni expectamus.
A la lin, après les mots hébreux o'-jiD-iNni (51c) o"DDDn ni'rsNns
jjyn'» ns:"? nw^ o^jv'jyn , ad celestia palacia cl (jaiidia trans/eran-
tnr, on lit la date Neapoli, A. D. 1328, die il novemhris. La
suscription hébraïque est la suivante : aran •\bvn ujnN 2dd pnyn
(py mr) y"' 1:3 Disnn no Vy vy« h^:ih (mn dit) n"\ « Traduction
«de la lettre de notre maître, le roi Robert (que sa gloire
« s'élève!), à la communauté d'Aix, relative à la mort du duc
«son llls (qu'il repose dans le paradis!)».
Il y a dans la traduction hébraïque de cette lettre beau-
coup de mots qui sont inintelligibles ou du moins étranges,
comme M. Steinschneider le dit lui-même. Le savant
éditeur a été obligé d'y mettre plusieurs fois des points
d'interrogation et des sic. Nous ])roposerons ici quelques
corrections, d'après le manuscrit, que nous avons eu l'oc-
casion de consulter. Page 180, ligne 4 de la lettre, le
manuscrit a imvn, au lieu de je?iDn. Page 181 , ligne 1 1, le
manuscrit a dujd et non pas d^jud; ligne 1 4, le manuscrit a
•>ràt(, au lieu de'o'?; ligne i5, DKnnV, après lequel M. Stein-
schneider met un point d'interrogation , le manuscrit semble
avoir oKirà.
\IV SIECLE.
DU XIV' SIÈCLE. 461
CALO.WMOS BKN-DWID, L'ANCIEN,
rHADlCTEUR.
Calonymos, Fils (le Dav id, fils de Todros ('omo ou cmtj p)
d'Arles, continua la tradition de son homonyme Calonymos Catai. dOiior.i .
(ils de Calonymos. Après l'année 1^28 il traduisit de l'arabe '''^^
le traité d'Averroès contre Gazzali, intitulé Ail^l Ail^i « Des-
M truction de la destruction », en hébreu nhtnn ohtsn, dont on
trouve des manuscrits nombreux, savoir: à Paris, 910, 3;
966,3; à Parme, de lîossi i/i3, 6, et catalogue Perreau 55;
à Oxford n" i344; à J^eide, Warn. i8, 1 et 36, 1; à Ber- Caïai. Lugd..
lin, 1 1 1, 3. M.Steinsclineider ena j)ublié la préface,qui est '
en prose cadencée. Calonymos dit que, trouvant les opinions p. 133.
d'Averroès très répandues et ayant, d'autre part, des amis
qui estiment beaucoup le traité de la Destruction des philo-
sophes de Gazzali, il s'est décidé à traduire de l'arabe le
traité d'Averroès, bien (ju'il eût d'abord refusé de le faire à
cause d'autres traductions qui existent déjà. Il avait entendu
dire qu'il y en avait une du célèbre Isaac ou Bonisaac ou Carmoiy, Krancr
Bonisac de Nahna (njn3T;ce nom est énigmatique, M. Neu- Kevucdirh^uciT
bauer croit que c'est la traduction de Gourtezon). «D'un i"'»»». 'x. p â».
«autre côté, ajoute-t-il, le prince (lalonymos, (jui est versé ^ iT'tTf"^''"
"dans les langues arabe, hébraïque, chahléenne et égyp-
• tienne, a commencé à traduire ce traité en latin. »
Cette dernière traduction , comme nous l'avons vu , fut faite Caui. Beioi
en 1328. M. Steinschneider se demande si la traduction '' *'
anonyme contenue dans les manuscrits de Leide, Warner6,
7 et 1 5, 1, ne serait pas celle d'Isaac de Nahna, et il se pose
à lui-même l'objection suivante : le traité dans les manuscrits
de Leide est complet, tandis qu'Isaac, allant en exil(i3o6?),
a laissé sa traduction inachevée. Nous ne lisons rien de cela
dans la préface de Calonymos.
On a confondu notre Calonymos avec Calo Calonyme ou
Calonynie ben-David, médecin de Naples, vivant à Venise
(1623), qui, au xvi* siècle, traduisit de l'hébreu en latin
la Destruction et la lettre sur l'Union de l'intellect séparé
avec l'homme. La ressemblance de nom des trois Calony- ^en^n. Averroès ,
j p. 191.
3 2
XIV* UÈCU.
Kibl. judaica,
il , p. 207.
ilisl. lilt. de la
IV,mrp, t. XXVll,
IVaiiro i<rarlilo.
Calai. HodI..
Moiiatsschrifl ,
1880. p. 61.
OtSProlh Ha\-
vim, p. i7,n. îij.
462
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Voir ri-des9us.
mos a donné lieu à beaucoup d'erreurs, M. Fûrst con-
fond même Calonymos fils de Todros de iNarbonne, qui,
dit-il, a traduit plusieurs ouvrages de l'arabe en hébreu,
avec notre Calonymos.
M. Carmoly dit que notre Calonymos avait traduit, avant
la Destruction de la destruction, l;i Destruction des philo-
sophes de Gazzali. Nous ne savons pas sur (pu-l document
s'appuie M. Carmoly, puisque notre auteur dit explicite-
ment ([u'il ne ])osséaail pas la Destruction des philosophes.
M. Gross cite la suscriplion du manuscrit Michaël tii (à
présent igS), qui pourrait avoir induit en erreur M. Car-
moly On lit dans le catalogue hébreu de cette collection
m 'Ta cicii'^p in '•y pm*: n"?i:nn r'?cm D''EiDi'7En n'?En, « Destruction
«des philosophes et Destruction de la destruction, traduites
Il par Calonymos fils de David. » Cette désignation n'existe
pas dans le manuscrit Michaël. Dans les manuscrits de Paris
910, 1, et 913, 2, c'est Zerahyah hal-Lévi Saladin qui est
donné comme traducteur de la Destruction.
Nous avons mentionné ci-dessus une note de Calonymos
Todrosi, concernant une lacune dans une traduction de
(îalonyinos ben-Calonynios.
iia>l. rM,.. I
;>. ly /■ .
Itihl iK'l.r.. I
Kil>l. judaira
I . I'. î'i.
Mt'jjlicd \<'ra
liim, fusr. I , p. ti.
Grsfliirlilo dor
Jndrri, VII. 1G8
Moital'srlirifl ,
1869. ]>. M6 Pi
<uiv.
AI1U0.\ kOllE.N.
LITlIiGISTF..
AuuoiN fils de Jacob, lilsde David, lilsd'Isaac hak-Kolien,
un de ceux qui lurent exilés j)ai' le décn.'l de i.^o6, était
originaiie de Narbonne. Les anciens bibliographes, tels
(pie liartolocci et VVolf et même Fursl, disent qu'il était de
Lunel. M. Sleinschneider ne lui consacre pas de notice
dans son catalogue des livres imprimés de la bibliothèque
Bodiéieune. M. Luzzatto le croit né à Majorque. M. Graetz,
s'appuyant sur l'excellent article de M. Gross, lui donne pour
patri(ï Narbonne; cependant, dans l'index, il est nommé
Ahron de Lunel. D'après M. Luzzatlo, c'est par confusion
avec Ahron hak-Kohen de Lunel, qui vivait au moins un
siècle avant notre rabbin, qu'on a fait de notre Ahron un
enfant de celte ville. Mais on ne connaît pas de R. Ahron
DU XIV SIÈCLE. 463 . ,
MV S1ËCLF
Kohen de Lunol, à moins qu'Aliron, fils de Meschiillam de
Lunel, qui, d'après M. Steinschneider, a été pris pour notre
rabbin, n'ait réellement porté le litre de Koben. M. Gross Caui., «o<ii..
montre avec évidence que notre Ahron est originaire de
Narbonne, et non pas de Lunel, quoique le titre de la pre-
mière ])artie imprimée de son ouvrage porte cette in-
flicalion, fondée sur l'autorité de David Conforte, com-
pilateur relativement moderne, qui ne mérite pas grande
conliance. D'ailleurs M. Steinschneidrr a bien prouvé que, Caïai. BwII..
dans le passage où Conforte paraît mentionner notre rabbin , ™ ' " '•*
on doit lire Jonatban Koben d(> Lunel, personnage qui a Qoré luiUiorotii '
joué un rôle dans la première dispute entre les orthodoxes p- " *■
et les pbilosopbes.
Bartolocci commet un anachronisme quand il affirme Biu. ribb . i
qu' Ahron hak-Kohen était en correspondance avec Meïr ^''^^
Halévy de Tolède (mort en i^/J/l), et qu'il était disciple
d'Ascher bis de lehiel (mort en l^ît). Le même compila- Voir ci lle^^uus .
teur, si souvent inexact, lui attribue les trois ouvrages sui- ■' ^^^
vants : Orlioth Ifayyim ha-amkh , Yoreli Deah ha-arukh et
Toldoth Ahron, qui seraient tous trois des traités de mo-
rale, et le fait vivre vers 5094 = i33/|. Wolf accepte cette Biw. i.rbr 1.
date, attribue à Ahron les deux premiers ouvrages, mais "*'**''
reconnaît que le troisième est d' Ahron de Pesaro. Ailleurs,
Wolf dit que le second ouvrage se trouve en manuscrit à Biw.M;. m.
Paris (bibliothèque de la Sorbonne, n" 56); c'est le n" 4'^5 p '®'*"
du nouveau catalogue, qui renferme l'ouvrage Tour Orah
flayjim de Jacob fils d'Ascher. M Fùrst mentionne les deux BiW. jud i,
premiers ouvrages, le premier imprimé à Florence en 1760, ^''^'
et le second encore en manuscrit. Nous verrons que ni fun
ni l'autre ne portent l'épilhète -jnxn.
Ahron aj)partenait à une famille savante. Son père Jacob
est inconnu; mais son grand-père et son bisaïeul sont sou-
vent rappelés par lui, et le premier est aussi cité par
leroham, qui donne en son nom une réponse de casuistique.
Ahron cite encore Azriel son grand-père (fol. ô*" et 43"), Voir «dessous
probablement du côté de sa mère. |articU,urcet a.,
Nous ne connaissons ni l'année de la naissance de notre
\IV SIKr.l.K.
464 LES ECRIVAINS JUIFS FR WC \IS
rabbin ni celle de sa mort. Nous savons seulement qu'il
composa son ouvrage de casuisticjue peu de temps aj)rès
rexpulsion de i3o6, quand il lut allé se fixer à Majorque.
En eflet, dans son introduction, remj)lie de plaintes sur la
dispersion des grandes écoles de Provence, et commençant
par une allusion aux Lamentations, m, i : «C'est moi
« l'homme qui a connu l'exil, quand les fils de Jacob quit-
«tèrent, comme des brebis disp(;rsées, leur demeure de
« gloire », Aliron dit que, craignant ([uc 1<; manque d'anciens
livres empêche de donner des réponses satisfaisantes sur des
questions de casuistique, il s'est décidé à composer son ou-
vrage rituel, basé sur les écrits de ses prédécesseurs. Il l'a
intitulé Sentiers de vie (Q"nnn-x), parce qu'il le considère
comme un compagnon de route lidèle et sûr.
Nous ignorons la voie que prit notre rabbin pour se
iiisi. iiii. de lu rendre à \iajorque. Comme la plupart des exilés, il alla sans
?T"i ' ''^^" doute jiar Perpignan et Barcelone. Majorque possédait alors
une grande communauté juive, et sans doute des écoles lal-
MoMiiissciiiiii, mudiques. Aliron nomme comme son maître un I». Schem-
1 SI,,,, |,. ',.,,,. y^^j^ Falcon, qui serait, suivant M. Gross, le rabbin de ce
iiisi. lin. <ii' la nom qui fut en correspondance avec Salomon ben-Adret.
On prend d'ordinaire notre Ahroii pour l'élève d'Asclier
fils de lehiel de Tolède, mort en 1327, qu'il parait citer
dans son ouvrage. Mais il n'en est rien Le rabbin d<! ce nom
cité par notre rabbin n'est autre que l\. Ascher fils de Me-
schullam de Lunel. Ahron ne semble même pas connaître
les travaux d'Asclier fils de lehiel; car il rapporte qu'une dé-
cision de casuistique de cet Ascher lui fut « communiquée »
par Jacob fils de Schealliel de Barcelone, un autre ami de
Mon:,l^ Salomon ben-Adret. On trouve la formule d'eulogie V» (unst
srimfi. iK()(), f,,^3L,j après le nom d'Ascher, dans cette communication.
On Y lit, en effet, ce qui suit : Vt hn^D^ttv la zpv in >'? zwn ^3^
Vi nzcH -\vn -in DW3 : « Ainsi a répondu Jacob fils de Scheal-
« tiel au nom de B. Ascher Aschkenazi (que sa mémoire
Mtfjiiea Ycr.. «soit béuie!)». M. Luzzatto veut en conclure que notre
f««. i,|.. (i. Ahron a vécu une génération après Ascher fils de lehiel.
Nous serions portés à tirer une autre conclusion : c'est que
Ki-ancc, I. XWIl,
vire)-.'.
DI! XIV SIÈCLE.
465
\IV* UÈCI.K.
R. Ascher de Tolède était contemporain de notre Ahron, à
une époque où les travaux du premier n'avaient pas en-
core acquis assez de réputation pour être cités ou même
connus de notre Ahron. En effet, d'après le calendrier
(ju'on trouve dans la seconde partie de sou ouvrage, et qui
s'arrête à i3i3 ou 1315, Ahron aurait achevé son travail
vers ce moment, alors que R. Ascher était seulement au
commencement ou tout au plus au milieu de sa carrière
rabbinique. Quant à la formule Vi, elle a été, si notre con-
clusion est juste, ajoutée par un copiste, ou peut-être par
l'auteur lui-même, lors de la revision qu'il fit de son ou-
vrage, comme nous le verrons plus bas. M. Gross dit que
notre Ahron vivait encore en 1 3:>.7, date de la mort d'Ascher,
et il appuie cette opinion sur un raisonnement analogue
au nôtre. Le manuscrit Gùnzburg porte pour date de la
copie le jour de la nouvelle lune d'éloul SoSq = li'iç), et
l'eulogie Vj s'y retrouve.
Notre Ahron n'était pas le seul Provençal qui se fût fixé
à Majorque. M. Gross croit reconnaître dans Sire Dou-
ran (îKin ki^v) et dans Moïse Schekili (^b^pc?) , mentionnés par
notre Ahron, des émigrants de Provence, expulsés peut-
être par le décret de i3o6. Ahron ne le dit pas, mais cela
est probable, car une famille Douran est, en effet, origi-
naire de la Provence, et nous verrons qu'un de ses membres
était parent de Lévi ben-Gersom. Quant au nom de Schekili,
nous l'avons rencontré en Provence comme épilhète d'un
Samuel que nous avons cru pouvoir identifier avec Samuel
Sullami, en supposant que Sullami [Sullam, Echelle) repré-
sente Schakil ou Schakail, Scala. M. Kaufmann conteste
cette identification, en s'appuyant sur le fait suivant : c'est
qu'une certaine règle rituelle est citée par David Lévi et
Manoah au nom de Samuel ben-Salomon, et est donnée par
notre Ahron, dans son ouvrage, puis figure dans l'abrégé
intitulé le Kol-bo, au nom de Samuel Schekili. Ce serait
donc Samuel ben-Salomon qui ne faisait qu'un avec Samuel
Schekili, et notre identification avec Samuel Sullami serait à
rejeter. Mais est-on toujours sûr que les citations rapportées
Gross, Monats-
sclirill, i86g,
p. A3g, noie i.
Voir ci-dessous,
p. 'i(i().
Moiiatssdirifl ,
i86(j , p. ^3g.
Monalsschrift ,
1869. p. ',h6.
Ziiiiz
, Zur fie-
schichtc
und Li-
teratur.
p. 5j3.
Hist.
litt. de la
France,
l.XXVU,
p. 701.
Jubclschrifl(voir
ci^lessus, p. 372) .
p- l'tg.
note 39.
Hist.
lilt. de la
France ,
t.XXVIl.
p. 5/, 3.
Voir ci-dessous .
p. 470.
TOME XXXI.
3 2 •
■>a
HrKIMCCIS XITIOIALK.
. , 460 LES KCRIVMNS JUIFS FRANÇAIS
XI> SIECLE. ^
dans les éditions soient exactes? IVaiileurs M. Katifmanu est
obligé d'accepter deux Samuel Schckili, l'un fils de Salo-
mon, l'aulre fils d'Abraham, auquel Abraham de Béziers
uui. lia. (le la adressa une élégie. Mcnahem Meïri n'aurait certainement
Hanrc,!. XXVII, ^^^ njan([ué i\o donner l'épithéte de 'S^e? à Samuel ben-
Salonion s'il l'avait portée; en outre, ce Samuel semble être
le même que celui de Lunel, le signataire d'une des lettres
iii.i. liti. .le la de la collection réunie par Abba Mari, et on ne trouve pas
Kinnco.t \x\ii, jjyii i^g jgjj^j. j.p,|g collection le noui de Schekili.
p. Oy:!. l
Parlons maintenant de fouvrage de notre Abron. Nous
avons déjà dit qu'il porte le titre de Orhollt Hayyiin (nniK
D"n), Sentiers de vie, et qu'il traite des règles concernant le
Article (le Jaroi) rituel. Nous verrons dans la suite que, surtout en Provence,
.1. Bagiiois. Qj^ aimait à composer de tels ouvrages ])Our chacune des
communautés. Ktait-ce que les livres se perdaient facile-
ment \ c(îtte époque où les juifs étaient exposés à tous les
caprices, et où les volumes relatifs au culte Israélite se brû-
Voir (i-apris, laicut par charretées? Ou était-ce l'ambition dêtre auteur?
•' ''"'*'■ Peut-être les deux raisons agissaient-elles à la fois. L'ou-
vrage de notre rabbin se compose de deux parties, fune
qui est publiée et faulre qui est encore en manuscrit. La
première fut imprimée à Flonmce, in-lolio, en 1760,
avec Itî titre de D"n mniN, d'après un manuscrit trouvé par
Isaac di Paz. ici le nom d'auteur est Abron hak-Kohen de
Lunel (ce nom se trouvait probablement dans le manuscrit) ;
suivent les approbations de plusieurs rabbins d Italie. Dans
la préface, l'auteur dit qu'il a divisé son ouvrage (!n deux
parties. La première (celle qui est iuq)rimée) traite des
réghs rituelles relatives à la prière, à l'observance du sabbat,
des fêles, des demi-fêtes et des jours de jeinie.
La seconde partie de YOrhoili llmyim e.'i connue par
deux maiiuscrits', l'un appartenant à la bibliothèque de
S. I). Luzzatlo, qui l'avait reçu en cadeau d'un de ses élèves.
Ce manuscrit se trouve à présent dans f injporlante biblio-
thèque de .\L Halberslam à Bielilz (Silésie autrichienne).
' Ou Iroiiv • une faille il°iinprfs»ion dans l'aiiicli: ili- M. Gn»» l Monatsfchrip ,
1861). |>. Ml . noie 1). où on lit 5 an lieu liu a nianincriis. ^' '
XIV" SIÈCLE.
DU XIV SIÈCLE. 467
M. Luzzatto a consacré une savante notice à ce manuscrit
dans le périoclique liéhreu Mégitcd Yerahim, I, p. 5 à lo et
69 à 7.3. Le second manuscrit est )a propriété de M. le ba-
ron Horace de Gûnzburg, dont la riche bibliothèque nous a
beaucoup servi pour les rabbins français du xiii* siècle
ainsi que pour ceux du xiv". M. Gross Ta fort bien décrit
dans le périodique Monatsschrift, etc., i86(), p. 4>^i à 45o
et 53 1 à 54 1. Le manuscrit de W. Luzzatlo est défectueux
au commencement et à la (In : il fut nîconnu comme étant la
seconde partie de l'ouvrage de notre Ahron par la com|)a-
raison avec des citations ((ue M. Luzzatto avait trouvées chez
d'autres rabbins. Le manuscrit se compose de 3o6 feuillets,
dont (piehpit's-uns sur \élin. H a pour objet les règles ri-
tuelles autres que celles qui sont traitées dans la première
partie. Ces règles sont relatives à la nourriture, aux obser-
vances des femmes, à la loi civile, aux règles de la morale,
au deuil, à l'excommunication, etc. A la suite on trouve
des extraits d'autres ouvrages de casuistique, et parmi eux
les institutions de Gersom de Metz et de Jacob de Ramerupt, upv. .Ios kiuH.s
des traités sur le Messie, sur le paratlis, sur l'enfer, des sen- ^""^,1'^^ «uiv'^^"
tences des philosophes et d'autres petits articles; le manu-
scrit fmit par des formules d'actes civils.
Le manuscrit de M.Gûnzburg est sur parchemin, in-4",
et contient 296 feuillets. La collection des traités qui suivent
l'ouvrage n'est pas la même que dans le manuscrit de
M. Luzzatto. Entre l'ouvrage et les traités se trouve un ca-
lendrier juif et chrétien, avec des observations astrolo-
giques. Il y a également une chronique sur les docteurs de
la Mischna et du Talmud, qui, d'après M. Gross, diffère de
celle qu'a publiée M. Luzzatto; M, Gross en avait promis
la publication. Depuis, plusieurs autres rédactions de cette Kérem Hémed,
petite chronique ont été publiées. '^' p '^^ " '"'"
Ahron, comme il le dit dans sa courte préface, a fait une
collection de règles rituelles en s'inspirant de ses prédé-
cesseurs, qu'il cite assez souvent. M. Luzzatto a donné la
liste alphabétique des noms qu'on trouve dans la seconde
partie. M. Gross a dressé sa liste en examinant les deux
59.
\IV SIBCLB.
468 LES KCIll\ AINS JUIFS VW \NCAIS
parties, et l'a disposée selon le pays des auteurs cités. Nous
donnerons seulement les noms (jui concernent la France.
Voici les noms qui appaiticnnenl à la Provence' : Juda
ben-Barzilaï, David de Villofortc-i-.:'?'!-, Juda hen-Ahba Mari.
A Narbonne, Abraham bcii-lsaac Ab-beth-Din; Isaac
Kohen, probablenKMit l'aïeul de noire Ahron, auteur d'un
commentaire sur trois parties du 'i'almud de Jérusalem;
les grands-pères d'Abron, David <'l Azriel; un autre David,
le maître de R. Eliézer de Tarascon; Keuben ben-Hayyim;
R. Meïr Kohen (Meïr bcn-Simon, chez Luzzatto); Samuel
ben-Mordecaï, Joseph ben-PIal, Isaac ben-Moïse, identique
probablement avec celui (pii élail en relations avec Abba
Mari; David ben-Lévi.
De Lunel, Ahron cite Jonathan Kohen, Ascher ben-Me-
schuUam, et MeschuUam ben R. Jacob Manoah.
DeBéziers,nous trouvons les noms suivants: Moïse ben-
Juda; MeschuUam ben-Moïse; Gerschom ben-Salomon;
Juda ben-Jacob ben-Éliah ben-lsaac de Carcassonne et
Joseph Ezobi.
Montpellier figure en l'ouvrage d'Ahron par une déci-
sion dans laquelle Saûl Kohen est mentionné, et qui est
signée par le iameux Salomon ben-Abraham ben-Samuel et
ses quatre collègues, Hayvim ben-_Mathithyah, Joseph ben-
Salomon, Saul ben-Jacob et Ahron hal-Lévi.
De Perpignan, Ahron mentionne Samuel Schekili, Me-
nahem ben-Salomon (Meïri), Piidias hal-Lévi.
Pour le reste de la France et les régions du Rhin, nous
trouvons Juda ben-Meïr hak-Kohen et Eliézer ben-Juda,
auxquels les habitants de Troyes avaient adressé une ques-
Moiiaissriirift. tiou. M. Gross croit devoir conclure du silence que ces deux
iscg. p. 538. rabbins gardent à l'égard de Gersom de Metz, dont la répu-
tation était si grande, qu'ils vivaient avant Gersom. En effet,
M. Luzzatto pense que Juda est identique à Sire Léontin,
le maître de Gersom. Notre auteur nomme encore d'autres
rabbins du nom de Juda Kohen, mais dont la date n'est
' Ils sont pour la plupart mentionnés dans l'Histoire Uuéralre, t. XXVIF, index.
DU XIV SIECLK. 469
\IV SIEtl.F
pas connue. R. Jacol) (l<; Kamerupt el son frère Samuel;
Abraham de Ponloise; Aliron, qui était en correspondance
avec lui; les frères Isaac (le jeune) et Samson ben-AJ)raham
de Sens; Moïse de Sens; Isaac de Corl)eil; Péreç de Corbell;
Isaac d'Orbcil, disciple de Hayyim de lîlois; Eliézer de
Bourgogne, auteur du D'-jon ■'lycr 'c, dont il allègue l'auto-
rité, étaient certainement des Fran<,;ais, ainsi (jue Joseph
Tob-Elem (Bonhls de Limoges), Jacob et Nclhanel de
Chinou, Moïse d'Évreux, lehiel de Paris, Juda ben-Jacob
( peut-être identique avec Juda tie-is fol. 41" de l'imprimé),
Elie de Paris et Scheniaiah. Mentionnons encon; l'auteur
du maTD '773 (fol. 54 de rinq)rimé). Pour la région du
Rhin, nous trouvons seulement Pi. Meïr de Rothenbourg et
Eliézer ben-Natlian de Mayence.
Ahron cite enlin les rabbins suivants dont la patrie est
douteuse; ce sont : Joseph cna; Isaac de Saintes (ccjc), Jo-
seph de p'Nir; «n nSiNn'jD 3t (de la Réole?), ([ue M. Gross
croit identique à Samuel (Morel) de Falaise; Jacob Lévi de
Marvejols (M. Gross ne donne pas l'orlhographe hébraïque) ; i.oc.cii p j ,i.
R. Juda CNT'Di (seulement dans le ms. Luzzatto; peut-être i5uU. So.. ardi
CKvcT, nom de localité trouvé sur une épitaphe hébraïque ',' ,35
d'Orléans).
SUIV.
(le rOrl. I. IX,
11" i35, 1" liiin.
de i88><; Kf.iH-
^-. I , 1 , . , (les Kliidt > juiMs.
Un observe dans les deuv manuscrits, non seulement que 1. xvi, p .79 fi
les sujets traités varient, mais aussi que les noms qui se
lisent dans le manuscrit Luzzatto ne se lisent pas dans
celui de M. Gûnzburg. Ainsi, par exemple, le nom de
Schem-Tob Falcon de Majorque, qu'on trouve quinze fois
dans le manuscrit Luzzatto, ne se trouve pas du tout dans
le manuscrit Gûnzburg; c'est, dit M. Gross avec raison , que Monaisïtiinrt,
ce manuscrit est une première version, faite peut-être avant .'^f/g ^' ''^^
l'arrivée de l'auteur à Majorque, tandis que le manuscrit
Luzzatto serait une revision faite à Majorque, où l'auteur
aurait ajouté des observations dues à son maître Schem-
Tob Falcon.
Nous possédons un abrégé de l'ouvrage de notre Ahron,
sous le titre de laVa. Cet abrégé a été imprimé plusieurs caïai. KoJi.,
fois: 1° à Naples vers 1491, édition assez rare; dans son p- '■'"'"^
\iy 5IECI.F..
/rdnor. |). igi.
\<)ir ri-dossiis ,
|i. '109 ri suiv.
Kérpm lloinod ,
Mil, p. ir,7.
470
F.ES ECRIVAINS JUIFS FIWNCMS
Voir ri-(lpssiis,
|>. Wi'l.
M(';;l.r.lY.Tah.,
I.IM-. il . j . 73.
.Sdi»Nchélc>l
ll.i(|q<ibliiila, |>. '|K.
\)«h. AllM|im.,
II,,.. 9.
/iiiiz, Kiliis,
1.. .1..
(ii'oss, Vloiiats-
srliril't . I 'S69 .
p. U'i.
calaloguc des livres imprimés de la Bodiéienne, p. 555,
n° 358y, M. Sloinschneider avait supposé que cotte édition
avait été faite à Salon ique, au xvi" siècle, et que l'ouvrage
n'était autre que le Livre de papier (-i"3n 'c) , erreur corrigée
par lui plus tard; i^à Constanlinople, i5ig; 3" à Riinini,
i5'i5-i526; /|" à Venise deux fois, i547 et 15G7 (d'après
Schabbethai Bass en ib"]'}., in-4"); 5° à Fiirth, lyH*; G" à
Lemberg, 1860, in -4". M. Isaac Benjacob, précédé en
celte fausse opinion par M. Luzzallo,a pris ce compendium
pour une première rédaction de l'ouvrage. Nous crovons
inutile de donner ici les arguments sur lesquels M. Hen-
jacob a appuyé son opinion, car, dans la préface des Sentiers
dévie, Ahron dit clairement (juil en entreprit la composition
en exil, et il m; fait aucune allusion à un premier essai. Par la
même raison tombe l'opinion (h; M. I.iizzatlo, qui dit (pie
le ÂV;//»o lut composé en Languedoc et était répandu ])artout,
tandis que les Sf.mtiers de vie, écrits à Majorque, restaient
inconnus. Da])rès Il)n-Yahya, Jose|)h (ils de Tobie de Pro-
vence aurait fait l'abrégé connu sous le nom de Kolho;
d'après un petit-Hls de Samuel de Schclestadt, dont nous
nous occuperons plus loin, l'abréviateur serait un H. Sche-
maria, fds de II. Simhali, qui aurait fait l'abrégé pour
l'usage des juifs allemands. Le kolbo est encore cité sous le
nom de c'aipSn 0, « Livre des collections »; toutes les éditions
cej^endant portent le nom de la hz « tout en lui ». Que le Kolbo
soit un abrégé de l'ouvrage d'Ahron-Kohen, rédigé dans un
autre ordre fies matières et avec beaucoup de suppressions,
ce n'est plus douteux, maintenant que nous connaissons les
Sentiers de vie au complet; mais l'abrégé n'est pas de la
main d'Ahron.
DU XIV SIECLE. 471
DAVID D'ESTELLA.
XIV SIECLE.
l'ailicii' sui «l'i ai:
Iniir.
David, fils de Samuel Kokahi, était originaire d'une lo-
calité appelée Estclla [iz^^Kokab en hébreu signifie étoile).
La localité de ce nom la plus connue est Estelln en Navarre,
près de Pampelunc. Mais noire David écril (în Provence, il Voir.i dessous
a de la famille à Bagnols. Des localités nomnié(>s Estelle, '' '''
Les Eslelies, Etoile, L'Etoile, se trouvent dans toute la
France.
Le père de notre auteur est peut-être le Samuel qui est
mentionné dans le manuscrit hébreu n" 119 de Vienne. (.lUii. vindui,
Nous n'avons aucun détail sur la vie de David. 11 llorissait ^'in ^,, o'j
probablement vere l'an i3io. David n'a pas pris part à la
dispute de i3oo à i3o5, et d'un autre côté son petit-fils
Jacob de Bagnols a écrit entre l'Sb-j et i36i. Voici ce Von .ide lu
qu'I.saac de Lattes dit de lui : «Le grand savant R. David
«d'Estella a composé des ouvrages imjwrtants, parmi les-
« quels un conunentaire sur la Bible et un autre sur le Tal-
« mud; dans ce dernier il a rassendilé les opinions des
«autres, et il y ajoute les siennes. Il a intitulé son ou-
• vrage Qiriath S('jer, « Ville de livre » (Josué, xv, 1 5, etc.) ,
«et l'a divisé en quartiers, en maisons et en rues; au mi-
• lieu il a construit la «Tour de David» [Mujdid David,
«Gant., IV, 4)- » La Tour de David est le premier ouvrage
que notre rabbin composa; nous allons en donner une courte
analyse.
1" f\i hiit, « Toui' de David». Cet ouvrage se trouve en Caïui. v,
manuscrit à Parme (séi'ie 11, n" 4^)), et le savant conserva- ''' ^'
leur de la bibliothèque de cette ville, M. Pietro Perreau, \»Aii \iii
en a donné une description détaillée, que nous allons p- '^■**' '"'^^
compléter à l'aide d'un manuscrit fie la bibliothèque de
M. (iûnzburg.
L'auleur commence, selon l'habitude des auteurs juifs
proven(:;au\ , par une ])ièce de vers, suivie de la préface. L'ou-
vrage est divisé en deux parties, l'une relative à la croyance
et l'autre aux préceptes. La première partie contient la
rrircAU.
\I» SIECI.I.
/i72 MvS KCRIVAINS JlilFS PU \NÇAIS
théologie sprculalivc ot morale; elle traite de la création du
inonde c.r iiilnlo,i\u libre arbitre de l'homme, de la croyance
en la Providence, de la révélation, de la récompense et
de la punition, de l'arrivée du Messie et de la résurrection.
Voir ri ,i.K.o.i. f''est à peu j)rès la méthode que suit Léon de Bagnols
I iiiiri>-.Mro(iau j^jj^ Ips Guerrcs du Seigneur. David suit docilement
Maimonide. La seconde partie a pour sujet la théologie
pratique, c'est-à-dire les préceptes. A la (in de la ])rélace,
on trouve dans le manuscrit Gùnzburg la raison du nom
qui' David a donné à son livre : « (l'est pourquoi nous
« avons voulu composer un ouviage qui renfermât l'expli-
« cation des bases de la Loi, ainsi que le sons et le but des
«préceptes. Kt comme la même intention est exprimée, à
Piov.. xMii.io. «notre avis, dans lo verset biblique «Le nom de Dieu est
« une tour forte >>, nous avons appelé notre ouvrage « Tour •«,
«et, pour y rappider notre nom, nous l'avons intitulé
«Tour de David. » Dans cette partie de l'ouvrage, comme
dans la première, David ne cite guère d'autre autorité que
Maimonide. Ajoutons que le manuscrit Gùnzburg fut copié
r,.>. ,ios Éhicics par Bonafous Crescas à Avignon, en l'année 1897, deux
jniMs. X, p. .'.17. 3jj^ après l'expulsion des juifs de France.
David donne dans son ouvrage une interprétation du cé-
lèbre passage contenu dans les chapitres d'isaïe lu, i3, et
LUI, qui doit s'ajouter à la collection des commentaires juifs
sur ce passage, publiés par M. Neubauer sous le titre de
The fijly-tlnrd chapler of Isaïali accordinçj to the jewish inter-
preters (Oxford, 1876, -i vol.).
\>." ^Ecn'^F, «Ville de livre». Cet ouvrage est divisé en
trois parties : 1" les préceptes concernant l'amour de Dieu,
en cinq chapitres (o^na), dont le premier est appelé b» n^a,
«Maison de Dieu»; nous en reparlerons plus loin; '3° les
préceptes utiles pour la conservation de notre corps et
pour le salut de notre âme, en cinq chapitres; 3" les pré-
ceptes concernant les relations sociales, en deux chapitres.
Chaque chapitre (ro, « maison ») est divisé en porte?
(d'iïo). La préface commence et finit par un poème offrant
l'acrostiche David Kokabi. Notre auteur suit ici égale-
DU XIV' SIECLE.
473
\I\ SIECI.R.
Kev. (les Kludei
uives, I\, p. 218.
ment Maimonide.et, comme iUe dit lui-même, il ne cite que
peu d'autorités. Parmi ces autorités on trouve Abraham
fils de David (de Posquières) et Moïse fds de Jacob (trois
fois avec l'épithète de -)n = ain), qui est, croyons-nous.
Moïse de Couci, malgré le titre inférieur qui lui est donné
(on attendrait le titre '■) ain, « le rabbin notre maître »).M.Neu-
bauer avait cru que ce Moïse pouvait être Moïse de Bagnols,
père d'un auteur nommé Jacob, dont nous nous occupe-
rons plus loin. Mais celui-ci se dit le petit-fds de notre
David; par conséquent Moïse aurait été le gendre de notre
David, qui, en ce cas, n'eût pas oublié de l'appeler « mon
« gendre », à moins que l'ouvrage de David n'eût été com-
posé avant le mariage de Moïse.
Le manuscrit unique du Qiriatli Srplier esl à Londres, dans
la bibliothèque du Jewish Collecje, n" 1 13, écriture proven-
çale. Le manuscrit ne contient que la première « porte » de la
première « maison » de la première partie; l'ouvrage en entier
doit donc avoir formé plusieurs volumes. Un auteur mo-
derne cite le traité de David sous le titre suivant : nnp hdd
nj<''7Kt3''NT iM '10 D'pcD, « Qiriat Sépher, décisions de casuistique
« de David d'Italia ». Italia estpourEstella;la même erreur se
rencontre dans la chronique d'Ibn-Yahya, qui écrit «"'jncki.
David explique dans sa préface pourquoi il cite peu d'au-
torités, et il en donne trois raisons : 1° Une même décision de
casuistique est rapportée dans tel ouvrage à tel auteur et
dansunautreouvrageàtel autre; 2° très souvent les décisions
sont anonymes; 3° pour certaines règles courantes les noms
des auteurs ne viennent pas toujours à la mémoire. Da-
vid promet de faire un ouvrage détaillé sur ce sujet, d'après
les indications des bibliographes et d'après ses propres
recherches. On ne connaît pas, cependant, d'autres ouvrages
de lui que les deux que nous avons mentionnés. A la fin
de sa préface, David indique encore une fois le but de son
premier écrit, La Tour de David. Nous ne croyons pas néces-
saire d'y revenir ici ; d'ailleurs Isaac Lattes reproduit textuelle-
ment les mots de David. Comme son prédécesseur Menahern
Meïri, David donne dans la préface une espèce d'aperçu France, t. xwii
P' 5<s et suiv.
60
Scliaiscliéli'l
liaq'jabhala , |>. 5<,.
Voir ci-dessus .
p. i-jx.
Hisl. iitt. de lu
TOME XXXI.
tVrliaEmn RATlOSALi.
\l\' SIÈCLI.
474 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
général de la tradition orale; nous reproduirons seulement
Hpv. dos Kiudes la traduction de la partie concernant la France. On y verra
i"'suiv.'^''' "^ quels ouvrages de casuistique possédaient à cette époque
les israélites de notre pays :
« C'est de la France (du Nord et de l'Est) que Dieu nous a
«envoyé une grande lumière, lumière pour tout Israël, en
' la personne de R. Salomon fds d'Isaac (de Troyes), auteur
'< d'un commentaire sur quatre sections du Talmud de I3aby-
« loue, travail qui fut suivi du commentaire sur la Bible.
« Dans ce pays et dans les environs, de grands savants tal-
<i mudistes surgirent. Les plus célèbres sont les petits-fds de
«Salomon de Troyes, R. Isaac, R. Jacob (de Rameru) et
« R. Samuel, qui étudièrent les commentaires de leur grand-
« père ainsi que ceux de ses prédécesseurs, pour connaître
« à fond le Talmud et les prescriptions de la Loi. Ils com-
« posèrent les Tosafotli (gloses). R. Jacob est l'auteur du
« Svphev hayyaschar, dans lequel il s'occupe surtout de don-
« ner des leçons correctes des textes du Talmud. R. Samuel
« continua le commentaire de son grand-père sur une partie
" de Pesaliim et de Baba Batra. R. Samson (de Sens) fil un
«commentaire sur la Mischna de Zrraïm, de Tchoroth et
■ de quelques autres traités; les deux premiers seuls se
« trouvent chez nous. R. Baruch de France (de Worms)
« est l'auteur du Sèpher hatterouma; R, Éliézer (de Metz) est
« l'auteur du Scpher hayjeréim.
« A Narbonne, à Lunel et dans les environs se trouvèrent
« des hommes célèbres qui avaient fait des études talmu-
« diques en France et en Espagne, et qui s'occupèrent du
.< Talmud pour y éclaircir des points douteux ou des con-
« tradictions apparentes. Plusieurs d'entre eux composèrent
« des commentaires étendus sur les traités du Talmud; par
«exemple Abraham Ab-Beth-Din, l'auteur du Sépher ha-
» Eschkol. A cette époque deux grandes lumières brillèrent à
« L\inel : i° Abraham fils de David de Posquières, grand sa-
« vant, très versé dans les deuxTalmuds, la Tosifta, le Siphrâ
« et le Siphré. Il fil des commentaires sur une grande partie
« du Talmud et surle Siphrâ; il écrivit, en outre, des notes
DU XIV SIÈCLE. 475
« sur les commentaires de ses prédécesseurs pour donner
«des explications sur les passages obscurs; 2° R. Zerahyah
«Hallévi, l'auteur du Scphcr Itam-Maor. Marseille fut à
« cette époque un grand centre d'études talmudiques. Le
«plus distingué de ses rabbins fut Isaac fils d'Abba-Mari,
« auteur du Sèpher Im-Itour, qui roule sur une grande
«partie de Nasckini, Nc:i<jin et sur les questions d'Issour
« ve-Hcter. 11 composa en outre un compendium selon la
« méthode d'Alfasi, intitulé Méah Schearim, et un autre ou-
» vrage sur les cérémonies des fêtes, intitulé Asscrel had-
nDibroth. :\<i-'>.
« En Provence, il y avait aussi vers ce temps des hommes
« célèbres; nous mentionnerons les savants d'Avignon et
« de Trinquetailles, dont les notes anonymes sont incor-
« porées dans les ouvrages postérieurs. R. Meïr de Trin-
« quetailles est l'auteur du Sépher ha-E:er.
M Vers cette époque il y a eu des hommes très instruits
« en Espagne, dans le territoire de Narbonne et à Barcelone;
« ils ont étudié les ouvrages de leurs prédécesseurs, et quel-
" ques-uns d'entre eux ont composé des livres. Tel fut
«R. Juda, fds de Barzilai, de Barcelone; un seul de ses
« nombreux ouvrages nous est parvenu sous le titre de
« Sèpher ha-Itlim.
« R. Gerschom, fds de Salomon, de Béziers, composa le
» Sépher hasch-Schalmon, (|ui traite des Halakhot, d'après
« la méthode de Maimonide. Comme il n'avait pu finir
« l'ouvrage, son fils Samuel le continua, sur le désir de son
« père. R. Jonathan Kolien de Lunel fit des commentaires sur
«des Halakhot selon la méthode d'Alfasi; il écrivit des
« Réponses aux attaqu«^s qu'Abraham fils de David avait diri-
« gées contre Maimonide. R. Meschullam de Béziers est
i fauteur du Sépher ha-llaschlama, sur trois sections du Tal-
«mud. . . R. Moïse, fils de Jacob de France (de Couci),
M écrivitun ouvragesurh's préceptes; il adopte f en umération
« de Maimonide, et très souvent il le cite textuellement; il
« s'appuie souvent sur les paroles desGueonim et sur fensei-
« gnement des rabbins français. R. Isaac (de Gorbeil) suivit
60.
XI»* SIÈCLB.
xiv' it&Xz.
476 LES KCRIV.MNS JUIFS FHANCVIS
« sa méthode et fit un abrégé de son grand ouvrage, toutefois
M en y ajoutant quelques commentaires. R. Péreç (de Cor-
«beil), son contemporain, forma beaucoup d'élèves; il fil
« un abrégé des Tosafoth, en y ajoutant quelques observa-
« lions; il fit de même pour l'abrégé du livre sur les pré-
« ceptes dû à Isaac de Corbeil. R. Meïr de Rothenburg,
« d'Allemagne, forma également beaucoup d'élèves; il com-
« posa une autre rédaction des Tosafoth, dont nous possé-
« dons quelques traités.
« Paulin, de nos jours, des savants surgirent dans notre
«pays, en Provence et dans le comtat Venaissin; ils étu-
« dièrent avec soin les paroles des anciens et surtout les
«ouvrages de Maimonide, en discutant la matière pour v
«ajouter leur commentaire; moi, je fus parmi ceux qui
« cherchèrent à donner des éclaircissements sur les paroles de
« Maimonide. Un grand nombre de ces rabbins ont consigné
«leurs opinions par écrit, sans tenir compte des opinions
« émises par leurs prédécesseurs; celui qui désirerait les con-
« naître serait donc obligé de se procurer un grand nombre
« d'ouvrages pour pouvoir se rendre compte de l'exacte
« vérité. Malheureusement cela est impossible dans nos temps
« de calamités; les livres ainsi que les savants sont dispersés;
« plusieurs n'ont plus le temps nécessaire pour étudier
« à fond le Talmud et le connaître à la manière des an-
« ciens, La nécessité s'est fait sentir de posséder un ouvrage
«général en forme d'abrégé, dans lequel chacun puisse
«trouver avec facilité, dans un certain ordre, les pré-
« ceptes selon leur importance, afin de pouvoir se rendre
M compte aisément des Halakot et des règles prescrites
« pour l'observance des préceptes. »
On cite encore de notre David un ouvrage intitulé Beth-
oisai i.aswfa- ^^/^ i. MaisoH dc Dieu » ; c'est un des neveux de David qui
" '''^"•P 7' mentionne ce traité dans la liste qu'il possédait. Cependant
Kov. (les Ktudes ,„,^i p '»' l'J
v«s,ix.|..2,5. le Beth-El, comme nous lavons vu, nest quune partie du
Voir ri-des$u$. Qirioth Sépher, dont on faisait des copies à part pour l'usage
de ceux qui ne pouvaient acquérir le grand ouvrage. On
trouve également des fragments du Qiriath Sépher dans un
.00
|I1IϫS
DU XIV SIÈCLE.
477
livre anonyme de casuistique dont il existe à Oxford un
manuscrit copié en Provence.
Notre David signa des réponses de casuistique avec
d'autres rabbins provençaux, et si celui qui a signé à côté
de David, Meïr fds d'isaïe, est identique au personnage de ce
nom que nous connaissons à Lunel comme signataire d'une
lettre à Salomon ben-Adret, nous serions autorisés à croire
que notre David florissait vers i320-i33o.
\1V* SlÈCLr.
Voir ci-<lessous,
art. sur le livre <le
casuistique ano-
nyme de Salon.
Rép. d'Imm.
Lattes, p. /ii et /l'i.
Ilist. litl. de la
France, I. XXVII,
p. 678.
JOSEPH CASPl,
l'HlLOSOl'HE ET EXÉGÈTE.
SA VIE.
Joseph ben-Abba-Mari ben-Joseph ben-Jacob Caspi, con-
temporain de Calonymos, est un des plus remarquables
auteurs du midi de la France. H était né à Largenlière en
Languedoc (Ardèche) , et il donne lui-même «■'d^dd comme le
nom hébreu de sa ville natale; d'où son nom de Ibn-Caspi,
hak-Kaspi et mik-Kaspi, « de Caspi ». Son nom provençal
était Don Bonafous de Largentera; on trouve également
En Bonafoux ibn-Caspi. Wolf traduit '5dd par Arcjcntarii ,
ex voce idd argenlum. Le catalogue de Vienne traduit aussi
Ibn-Caspi par Sohn des Silberarbeiters. M. Zunz croyait que
Caspi est la localité de Caspe en Aragon. M. Kirchheim nie
avec raison qu'on ait songé, en formant le nom artificiel
de Caspi, au nom biblique K"'BD3(Esd ras, vin, 17).
Les doutes sur l'identification de Caspi et de Largentière
ont aujourd'hui disparu. M. Steinschneider avait fait des
objections, en i855, à l'exactitude du nom N-i't:'?3K'jT G?i2:n3N,
que M. Carmoly avait trouvé dans le manuscrit de la Biblio-
thèque nationale n° 986 (Oratoire io5), et que M. Munk,
abandonnant l'hypothèse de Caspe en Aragon, avait repro-
duit. M. Steinschneider ne croyait pas pouvoir se fier à
la lecture du savant éminent, dont la vue était très affai-
blie. Mais, en 1876, M. Schiller- Szinessy confirma à
M. Steinschneider la leçon m'^^hinh, ayant consulté lui-même
le manuscrit de Paris. D'ailleurs Munk, en 1869, avait de
nouveau indiqué cette leçon, en ajoutant avec justesse que
33
Ms. de Paris,
n" i8à, fol. 1 v".
Sendsclneilx'ii,
p. I.
Bibl. Iiebraicï,
IV, p. 835.
Catal. Vindob. .
I.p. 84.
Zeilschrift, VI.
p. i5o.
Komm. , p. II.
Encyclop. , Il ,
3 1 , p. 5o , 11* 1 2 .
Béer, Phit..
p. 109; Dct. se.
phil.. m (1847),
p. 363.
Catal. de Cam-
bridge, p. 501.
Mélanges, p.496.
Comp. Catal. de
Paris, n''98G, i.
.\1\* SIÈCLE.
Hist. lilt. <le la
France, t. XXVII,
p. 675.
Calai, (le Mu-
nich, 307, J.
Voir ci-ilessus ,
p. Ui-
Arcli. des Mis-
sions, 3' série, t. 1,
p. 574.
Bibl. rahbinica .
m. p. 811.
Bibl. hcbraica,
I, p. 542; II,
p. âo6;IV,p.855.
Dizioiiario slo-
nco, p. 77.
Bibl.judaica.I,
p. i47;Il,p.3o6;
III. p. 5o4.
Voir ci-dessous,
p. 5o6.
(jncli, Ge-
«chichte der Ju-
den.VlI.p. 34o.
Voir ci^lessous,
p. 5i8.
478 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
nt'd'jjk ou m'o'73jK est une orthographe vicieuse pour
l^^1tû:J^x; la mêiue faute se trouve dans le riic:p rn:D d'Abba
Mari à côté de l'ortliographe correcte. En 1874, M- Stein-
schneider donna, d'ailleurs, la bonne leçon (xT'DrjiN'jn),
d'après le manuscrit de Munich qui contient la lettre adres-
sée par Calonymos à notre Joseph. La transcription cor-
recte de Largentière se trouve également dans un manu-
scrit de Hambourg, copié par Nethanel Caspi, surnommé
Bonsenor Macif de Largentière (m'D3"j-i'?T), et a été indi-
quée par M. Neubauer en 1872, ainsi que par M. Stein-
schneider, dans le catalogue des manuscrits hébreux de
Hambourg.
Avant que ce point essentiel de la géographie rabbinique
de la France fût établi, il n'y avait pas d'inexactitude
qui ne se répétât sur le lieu d'origine de notre écrivain.
L'hypothèse qui le faisait naître à Caspe avait encore
quelque apparence; mais on ne sait sur quoi se fondaient
Barlolocci, Wolf, De Rossi, Fûrst pour faire de Caspi un
Catalan et pour lui assigner Barcelone comme lieu de
naissance.
Les anciens critiques se trompaient moins en ce qui
touche l'époque où vécut le philosophe de Largentière. Ils
le placent en général à la fin du xiii' siècle. Ici il est égale-
ment permis de porter une plus grande précision. Nous
connaissons, en effet, d'une façon certaine l'année de la
naissance de Joseph, grâce au fait suivant. Dans le post-
scriplum de son livre du Mystère sur le Pentateuque, com-
posé en 1 3 1 6, il se dit âgé de trente-sept ans. Il naquit donc
en 1279. Quant à l'année de sa mort, on la met ordinaire-
ment vers i34o; tout ce que nous savons, c'est que son
activité littéraire finit, d'après les documents qui nous sont
parvenus, en i33i.
Caspi aimait évidemment les voyages. Né à Largentière,
nous le rencontrerons à Arles, à Tarascon, en Aragon, en
Catalogne, à Majorque, en Egypte. Il s'était proposé d'al-
ler à Fez; mais il semble qu'il se fixa à Tarascon. Caspi
était marié, paraît-il, à une femme sans grande beauté et
DU XIV SIÈCLE. 479 . .
\IV 9IECLI.
qui ne fit pas son bonheur; il eut une fille et deux fils,
Jont faîne s'appelait Abba-Mari (dans le manuscrit de
Munich, par erreur, David). Nous trouverons ce dernier
marié à Barcelone; Joseph lui dédia plusieurs de ses ou- Voir ci dessous.
vraffes dans lesquels il fappelle niD3 'ia, «mon fils aîné ». ** .,'^ . ,
Voir ci~clPBsous
Son fils cadet, que nous verrons en i33i à Tarascon p. 490.
âgé de douze ans, s'appelait Salomon; son père lui dédia
aussi plusieurs traités, comme nous le dirons plus loin,
en particulier la lettre de morale qu'il lui envoya de Va-
lence, et dans laquelle il l'appelle n^ys ■'ja, « mon fils cadet ». Mss. de Parme.
Le mot n^ys a été corrompu par des copistes en n^va, '^" -
«dans ma ville», de sorte que quelques savants, notam-
ment M. Kirchheim, dans sa biographie de notre Joseph, Komm.. p. m.
en ont conclu que Joseph n'avait qu'un fils, Salomon.
M. Kirchheim, par suite, explique le mot d':3, qui se Voir ci dessous,
trouve dans un passage de la lettre de morale : nhv f\Dvb^ ^' ^'
D"|J3 ^00, « et à Joseph naquirent doux fils », par « enfants »,
Joseph ayant eu aussi une fille. L'explication du mot 0^:2 Voir le posi
par «enfants» est déjà forcée en elle-même; en outre, des c"^^",!
données certaines prouvent que Joseph devait avoir deux Job.p. Sn
fils. A la fin de son commentaire sur fEcclésiaste, composé VoirBrûii.jai.i-
en 1 33 1 , Joseph dit qu'il se rend à Perpignan pour y voir '"'^ ' ' "^ ^"
sa fille mariée', et que de là il se rendra à Barcelone pour
rendre visite à son fils également marié, tandis qu'en la
même année il adressa de Valence à son fils Salomon,
alors âgé de douze ans et se trouvant à Tarascon, fépître
de morale, dans laquelle il lui conseille de choisir une
femme à l'âge de vingt ans. M. Schiller-Szinessy arrive à la t^atai. de Cam-
même conclusion en se fondant sur les mots "".isa, «mon "'^^p "
« aîné » et nn'ï, « mon cadet ». Par contre il nie que Joseph
ait eu une fille, et il explique le mot "ria comme étant syno-
nyme de 'n'ja, «ma bru», en s'appuyant sur le Talmud,
où fon appelle quelquefois la bru « fille ». Mais on voit
par le post-scriptum du commentaire sur fEcclésiaste que
cette interprétation est fausse, puisqu'il y dit expressément
' Lire irabi pour in'aVi du manuscrit.
(le sou
taire sur
201.
xit* siàci.e.
Voir ci<lessous.
p. 5i8.
Voir ci-dessoui,
p. 519.
Voir ci-dessous,
p. '190.
480
LES IXRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Voir ci-(ies»ous,
p. 536.
GrjTli, Gcscliichle
flcrJuHrii, V, 34 1.
Voir ci-dessous,
p. 536.
Voir ci-dessous,
p. 5 16.
Voir ci-dessous,
p. 483.
que sa fille a une maison à Perpignan, tandis que son fils
était marié à Barcelone.
Nous verrons que notre Joseph demeurait à Tarascon;
en effet, il dit en s'adressant de cette ville à son fds aîné:
« Et de ce pays maudit je t'ai tiré pour le mettre parmi les
M nobles de Barcelone»; plus tard nous verrons aussi que
son fds cadet restait à Tarascon, pendant que lui-même
voyageait à Perpignan, à Barcelone, à Valence, à Majorque,
où il s'arrêta pendant six mois. De Majorque il se rendit
probablen)enl en Aragon, car c'est de Valence qu'il en-
voya son épître de morale à son fils. Caspi avait eu l'in-
tention de retourner encore une fois en Aragon et eu
Scpharad (Espagne, probablement l'Andalousie) pour se
rendre à Fez; car, dit-il, «j'ai entendu raconter que là-bas
« il y a de grandes écoles ». Nous ne savons s'il y est allé ,
Caspi ne désignant clairement ni la date de ses déplacements
ni celle de la composition de ses ouvrages, comme nous
le verrons dans la suite. Il appelle, au moins, nettement la
Provence son pays en disant : « Quand je viendrai dans la
M tente de ma maison en Provence ».
Caspi parle quelquefois des souffrances et des persécu-
tions qu'il avait à subir, sans donner de détails. Il fait peut-
êlre allusion aux persécutions des Pastoureaux en 1820. Il
fut menacé à ce moment d'une conversion forcée, dont
Dieu, dit-il, le préserva. Caspi jouissait d'une certaine ai-
sance, et il était par conséquent libre d'entreprendre des
voyages. Comme nous le verrons, il commença sa carrière
littéraire à l'âge précoce de dix-sept ans. A l'âge de trente
ans il s'adonna aux études de logique et de philosophie,
et son enthousiasme pour ces sciences ne le quitta plus.
Il aimait surtout les explications mystiques et allégoriques;
c'est pourquoi il se nomme quelquefois nio p, « fils de mys-
«tères», et mciTiDD, «qui cache des mystères». Pour lui
les écrits de Maimonide étaient le dernier mot de la philo-
sophie. Aussi déplore-t-il de n'avoir pas vécu à l'époque de
Maimonide, ou que Maimonide ne soit pas né plus tard.
Croyant que la science de Maimonide s'était conservée dans
DU XIV SIECLE. 481
XIV SlEOLh.
sa famille, Caspi s'embarqua en i3i4 pour l'Égyple, afin voircWiess.,..s.
de puiser la philosophie à la source même. Hélas! il fut p ^06.
bien vite détrompé. Abraham II, l'arricre-petit-fils de Mai-
monide, et les autres membres de la famille du maître
étaient des rabbins pieux, mais nullement des philosophes.
Caspi, danssa tristesse, s'écrie (avec Isaïc, xxxi, 1) : «Mal- Grau, (;rs<i.
f ' ' 111 VIII
«heur à ceux qui vont en Egypte pour être secourus!» '"^^"^^j,"
Après quelques mois de séjour en Orient, il revint en Pro-
vence, et commença de composer les ouvrages que nous
allons énumérer plus loin. Mais, afin d'être mieux préparé à
cette tâche, il entreprit encore des voyages dont nous ne
savons guère qu'une chose, c'est qu'il fit vœu de ne pas Voirridossons.
retourner dans son pays avant d'avoir fini ses grands tra- '' ^''^'
vaux, qu'il voulait laisser comme guide et héritage à ses fils.
Voici l'énumération des savants israéfites qui ont traité
d'une manière plus ou moins complète de la vie et des ou-
vrages de Caspi :
1° Le rabbin J. S. Reggio, dans ses lettres (nnjN) à un
ami, en hébreu, fasc. i, 16* lettre (p. 42), Vienne, i836,
in-8°;
2° M. Franz Delitzsch, dans le Catalogus librornm manu-
scriptoriim qui in Bibliotheca senatoria civitatis Lipsiensis asser-
vantar, Grimmœ i838, in-4°, p. 3o3, avec des additions
de M. Zunz, ibidem, p. 323;
3" M. [R.] K[irchheim], en tête de l'édition du commen-
taire de Caspi sur le Guide des égarés de Maimonide,
donnée par Salomon Werbluner, Francfort-sur-le-Mein,
i848,in-8'';
^° M. Steinschneider, dans l'Encyclopédie d'Ersch et
Gruber, seconde section, H-N, 3i* partie, Leipzig, i855,
in-4*, pages 58 à 73. La table alphabétique des titres hé-
breux se trouve page 61, note 2. Cet article très étendu
est basé sur les dernières recherches de la science histo-
rique, et nous nous en sommes servis avec grand avan-
tage, en y ajoutant quelques données tirées des manu-
scrits que M. Steinschneider n'a pas eu l'occasion de voir.
M. Steinschneider a encore donné des additions à son tra-
TOME ZXXI. 61
3 3*^ (VrmiMKILIK KÀTIOSALI.
tiv-MfccLB. ^82 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
vail ôans les Jahrbdcher fiir jûdische Geschichte und Lileralui
de M. N. Brûll, IX' année, Francfort-sur-le-Mein, 1889,
pages 75 à 79;
5° Le rabbin Wolf Hayes (nvn), dans le périodique
hébreu intitulé ham-Macjid (rjon), Lyck (Prusse), 1867,
pages 269, 277, 285, 298 et 3oi. Cet article est à peu près
une reproduction de celui de Kirchheim.
SKS OUVRAGES.
|.. 5.(/l.
11 est assez difficile de donner une classification satisfai-
sante des ouvrages de notre auteur. Un manuscrit de Parme,
dont il sera longuement question plus tard, donne à cet
Von ri dessous, égard Une énumération qui paraît de la plus haute au-
torité. MM. Reggio et Delitzsch l'ont adopté. Mais, comme
on le verra, il existe de cette liste deux rédactions, dans
lesquelles l'ordre des ouvrages est différent, et on ne sau-
rait sans arbitraire choisir l'une de préférence à l'autre.
M. Kirchheim classe les œuvres deCaspi d'après les sujets,
savoir: grammaire, lexicographie, exégèse, philosophie et
mystique; il omet deux ouvrages. M. Steinschneider suit
l'éiiumération de la liste de Parme, en y ajoutant onzf
autres articles. Nous tâcherons autant (pie pos.siblc do suivre
lordn' chronologique. Caspi donnant rarement les dates,
nous serons obligés de nous guid(ir d'après les renvois qu'il
lait d'un ouvrage à l'autre. Nous indiquerons pour chaque
ouvrage le numéro de la Hste de M. Steinschneider. IJar-
lolocci, Wolf, De Rossi, Kiirst sont si incomplets en ce fpii
louche notre auteur, que nous ne nous imposerons jjas
l'obligation de relever toutes leurs lacunes, toutes leurs
erreurs.
I. ncns ou crnc, commentaire ou notes sur la gram-
njairc d'Abou-1-Walid ibn-Djannâh. Nous commençons par
cet ouvrage, pour nous conformer au préambule de la liste
de Parme. Caspi s'est servi d'une traduction hébraïque,
probablement de celle de Juda ibn-Tibbon, qui a été pu-
bliée (le nos jours par feu M. B. Goldberg et corrigée, dans
DU XIV^ SIECLE.
483
1 édition arabe, par MM. J. Derenbourg et Bâcher. Cet ou-
vrage de Gas|)i n'a pas encore été découvert. C'est le n" 21
dans la liste de M. Sleinschneider.
«T SIECLï
II. Des commentaires sur le commentaire d'Abraham
Ibn-Ezra sur le Pentateuque.
A. Un des commentaires est grammatical et intitidé
Hd: td-îd, 1 Somme d'argent», nom que l'auteur lui donna
bien après l'avoir composé, quand il se décida à mettre le
mot 133 dans les titres de ses ouvrages; car nous verrons
(luc la plupart des œuvres de Caspi portent deux noms.
En fait, d'après M. Sleinschneider, aucun manuscrit ne
donne ce titre. Les seuls qui aient une introduction sont
ceux de Paris n" 18 4, de Munich n" 61 et celui de M. Car-
moly. L'auteur y dil (jue son penchant pour la science
l'amena, à l'âge de dix-sept ans, à étudier Ibn-Ezra, et
qu'à l'âge de vingt ans il hésitait à publier son travail par
crainte de tlonncr prise sur lui à ses ennemis. L'influence
de ses amis, qui désiraient que cette œuvre vît le jour,
l'emporta. Il exclut de ce commentaire l'explication des
passages mvstiqucs qu'il ne comprenait pas. Il semble, à en
juger quelques manuscrits, que son commentaire contenait
cependant des interprétations mystiques. Il fut aidé par un
de ses amis, nommé Isaïe' fils de Meïr de Mey ranges (©jj-i^dt;
cette localité ne peut pas représenter Orange, comme
M. Perles le croit; c'est la localité de Meyrannes, dans le
Gard, en latin de Mayranicis'^). Cet Isaïe aurait été une cé-
Icbrilé du temps (si on lit avec M. Steinschneider mn aïonsi,
au lieu des leçons fautives i:m cionsai' dans les manuscrits
Carmoly et de Paris, njnn dans le manuscrit de Munich).
Caspi dit qu'un tel commentaire aurait dû être entrepris
par un homme plus distingué que lui; il se sent inférieur
' M. Steinsciincider (/. c.) croit que
cet Isaïe pourrait être l'auteur du com-
mentaire sur le traité intitulé Inten-
tions des pliilusophes, qui se trouve
dans le manuscrit de Paris n° 907.
' Ou plutôt Meyrargne? près d'Aix,
dont le nom est porté par beaucoup
d'israélites. On sait que la terminaison
argues répond à anges , en latin anicam.
^ S' attachant à cette leçon, M. Kirch-
heim pense qu'il serait question de deux
amis ae Caspi.
6i.
Geiger, Jûdisrbe
Zeitschrift , VI ,
p. 125.
Catal. Carm.,
p. 5a , n° 45.
KirchlKum, Mo-
natsschrirt , IV,
p. 109.
Geiger, Jûdische
/eitschrift , VI .
p. I 38.
Sendschreibeit .
p. XIV, 1 1.
VoirGross, Mo-
Halsschrift, 1882 ,
p. /199.
Siv' iflÈCLE.
(.leigcr, Zcit-
•«liiifl, VI, n5.
484
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
l,iicyclopa;die ,
j- 08.
ibi.l.. p. G8.
r.ol*' 58 il.
Voir i:i-(Iessous,
lifi^tr, Jùdisclifi
/.■iisrillin, VI,
Voir ci-dessus,
p 'ico
Voir ci<lessous ,
p. 5o5.
Assomaiii.Cat. ,
p. ■<^ ol 38.
Fliiryriopaîdie,
p. G8.
à la tâche qu'il a entreprise et incapable de lutter contre
divers obstacles, bien qu'il soit exempt des soucis que
donnent une femme et des enfants. Caspi espère pouvoir
dans l'âge mûr corriger plusieurs choses; mais il s'attend à
être critiqué pour plusieurs motifs. H entreprend son com-
mentaire pour justifier Ibn-Ezra contre les attaques de
ceux qui le considèrent comme un hérétique parce qu'ils
ne le comprennent pas. Il semble que lui-même ne s'attend
pas à un meilleur sort.
Le texte de cet ouvrage, dont le commencement et la fin
sont donnés par M. Steinschneider, varie selon les manu-
scrits. Une autre recension, peut-être la première, qui est
plus courte, existe dans deux manuscrits : à la Bodléienne,
n° 20 (du nouveau catalogue) à la marge, et dans le n" 287
du Vatican. M. Steinschneider croit que ce livre pourrait
être un extrait d'un autre ouvrage de Caspi; mais il est plus
probable que c'est une rédaction abrégée ou une esquisse.
Nous verrons par son commentaire sur Le guide des Ega-
rés que Caspi a fait de telles esquisses.
Un autre commentaire, dont un fragment existe à Paris
n° 184, 2, est attribué, dans un autre manuscrit, à Caspi
par une main plus récente. Est-il réellement de notre
Caspi? Après M. Steinschneider, qui le regarde pour une
compilation, nous en doutons. Peut-être cet écrit est-il
dû à un contemporain de notre Caspi. Le commencement
s'accorde avec la rédaction abrégée. Nous avons vu que
Wolf attribue sans raison quelconque ce traité à ledaïah
de Béziers.
B. Le commentaire sur les passages mystiques d'ibn-
Ezra commence par les mêmes mots que le livre original
de Caspi sur les Mystères: aussi y a-t-il quelques confu-
sions à cet égard. Les n°' 36 et 49 du Vatican ne sont
pas des commentaires sur Ibn-Ezra. Certains manuscrits,
par exemple ceux d'Oxford n°' 2 27, 282 , et d'autres encore,
commencent par les mots c^n mrn >:ed nh. La plupart ont
le titre de y"N hv rmon "•e, «Explication des passages mys-
« tiques du commentaire d'Abraham Ibn-Ezra». Caspi
DU XIV SIECLE.
485
uv* siia.F..
dit, avec une modestie peut-être apparente, qu'il ne se
met pas à l'œuvre parce qu'il se croit savant, qu'au con-
traire il ne possède aucune tradition. Il avoue qu'on ne
devrait pas découvrir ce qui doit rester caché; mais son
amour de la science l'a poussé à travailler. 11 se défend
contre le reproche d'avoir transgressé l'interdiction que
les rabbins ont faite de publier de telles choses. Caspi
dit qu'il n'était pas présent lorsque cette interdiction a été
prononcée; c'est pourquoi il ne se croit pas lié par elle.
« D'ailleurs, dit-il, je ne publierai pas tout; au moins deux
« tiers de ces mystères lesteront voilés. » C'est une phrase
habituelle à Caspi.
Les traités dont nous venons de parler ne sont pas com-
pris dans l'énumération des deux listes de l'auteur; ils sotit
seulement mentionnés dans la préface; ils forment le n" ju
de la liste de M. Steinschneider.
III. «iDon ronn, «Oblation d'argent», résumé des com-
mentaires d'Averroès sur l'Éthique d'Aristote et la Répu-
blique de Platon, d'après les traductions de Samuel de
Marseille. Ces deux ouvrages se trouvent sans titre dans
les manuscrits du Vatican (le titre qu'Assémani leur donne
n'est pas dans le manuscrit), d'Oxford n° 1427, et de
Parme n° 424 (De Rossi désigne à tort comme auteur
Joseph ben-Schem-Tob). Seul le manuscrit de Vienne,
qui renferme le résumé de l'Éthique suivi de la traduction
du commentaire sur la République faite par Samuel de
Marseille, porte le titre que nous avons écrit en tête de cet
article, avec cette observation qu'Atios (En Vidas?) Salamo
[mbv cvdk) de Majorque, un des bons auteurs (onanono), ou,
selon la correction de M. Steinschneider, un des bons amis
(ananno) que Caspi connut lors de son séjour à Perpignan,
avait donné ce titre à l'ouvrage. Ce manuscrit, ainsi que
celui de Parme, fournit la date à laquelle Averroès composa
son commentaire sur l'Éthique, qui est la quatrième se-
maine du mois Dhoulcada de l'année 677 de rhégire= 1 1 84.
Dans le manuscrit de Vienne, Caspi ajoute : « J'ai fini ce ré-
Rciiaii, Aver-
roès, p. G] , i50,
160-162.
Voir l'article sur
cet auteur.
Calai. Vatican,
ccxcvi, I.
Catai., col. 5oJ>.
Eiicvclopxdie.
II , 3i , p. bij.
Catal. devienne.
CXIX;VVerl.luner,
p. i5.
Brûll, Jalirbii-
cher, IX; p. 78.
Encyclopxdir ,
p. 69.
Voir ci-dessous
p. 534 et l'article
de Moïsi! de Nar-
bonne.
«irSIECI.B.
486 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« sumé à Tarascon au mois de kislew 6090 = décembre 1 3 •< 9 ,
« et j'ai ajouté le livre de la Politique de Platon, qui suivra. »
Ce post-scriptum, avec la date d'Averroès, prouve, selon
M. Auerbach, que Caspi a travaillé sur la traduction de
Samuel de Marseille. Le passage que nous allons repro-
duire d'après M. Kirchheim, et qui se trouve dans le ma-
nuscrit de Vienne à la suite de la date relative à la com-
position de l'ouvrage d'Averroès, émane certainement de
la version de Samuel. Le voici : pinn ni2 -nain ahvi ]K33i
nnc nvT' nu-no n^jncn ncinn rxic ipj-no idn Kini nosnn pktc
inxîD n:Tn ic?x p'7nn xin locnN ijiy 1VH^ •nxiDin dîk'jcd •'"jinm nx'ian
i-îv-cw lîca Kini •'«'7inn ricm nxisin nix'jcc niKnan bsD ramo nornn
1J72N ;"ii« i"3n t^b^ 'h njninn icca. « Ici finit la partie de cette
«science, c'est-à-dire de la politique, qui correspond à la
« science de la préservation de la santé dans la médecine. Ce
« cpie fournil Aristote, c'est la partie de cette science qui cor-
« res])ond aux médicaments et à la guérison. Ces traités de
« la P()liti([ue d'Arislote ne sont pas encore entre nos mains. »
voiriariiri. sur Ce passage est tiré de la traduction de Samuel de Marseille.
D'ailleurs la date de la composition fournie par le ma-
nuscrit de Vienne ne saurait être correcte; 6090 = 1329
flonnerait à notre auteur l'âge de cinquante ans; or nous
-saxons par ses propres paroles qu'il a fait cette compi-
^i.ssou.. lation avant son voyage en Egypte, qui eut lieu en i3i 4;
|)eul-ètre le manuscrit sur lequel celui de Vienne est copié
avait-il 5070 (y et 2 se confondent facilement) = i3o9.
Mais il naîtrait alors une autre difficulté, c'est que, Sa-
muel de Marseille ayant achevé sa traduction de l'Ethique
Voiirartiriesni en 135 1, Caspi n'aurait pas pu l'utiliser.
Ce manuscrit de Vienne fut copié par Crescas Calony-
mos pour un grand savant • également versé dans d'autres
« sciences (([ue le Talmud) », un des nobles ('c?-!dd) du roi,
Messer David, fils de Maestro (médecin) Jacob Calonymos;
la copie fut achevée le 4 tammouz (juillet) de l'année
5232 = 1472- Le traité qui se trouve à la suite est le com-
mentaire d'Averroès sur la République de Platon, traduit
par Samuel de Marseille, dont nous parlerons plus loin.
cet autour.
I II auteur
DU XIV SIECLE.
487
\IV* SlàcLE.
Voir p.
11° xxu.
4 se.
Bibl. Iicbiaica,
p. 71, II. 70 «;
CJcberseli., p. jîO.
Catalogue . iiii-
nirro CCXCN I , i .
Catal. (le Turin
p 20g.
Cette partie fut copiée par Salomon , fils de Moïse Scha-
lom, pour le même Messer David, et achevée le mardi,
2 du second adar 5233 = i473.
Nous avons parlé ci-dessus du manuscrit du Vatican
n° 283, qui a donné lieu à une étrange erreur. Le traité est
divisé en dix chapitres; ce qui a induit Barlolocéi à y voir
un commentaire sur les dix catégories. M. Stcinschneider, '"p 8"
avant d'avoir eu l'occasion d'examiner le manuscrit du Va- Kncyciopwiie,
tican, en avait deviné le contenu véritable.
Assémani vit bien que le manuscrit de Turin cjui porte
le n" 97 dans le catalogue de Pasini est identique à l'ouvrage
dont nous parlons. Voici ce qu'il dit : Forte idem est ciim
Ubro morali cjusdem Abeii Caspi, (fui exslal m Bibliotheca Tau-
rinensi, et quem icj 110 tuin fuisse Duxtorfio, Hotlinçfcro , Planlavt-
tio, Barloloccio, JFolfio, ceteriscjue omnibus qui de Josepho Ben-
(laspi verbajccerunt, Pasmms adfirmat. Ce manuscrit, qui est
le n" 197 de M. Peyron, contient la lettre d'envoi que Caspi
écrivit à son lils en lui adressant les deux résumés. L'au-
teur dit qu'il a extrait des deux traités qui lui ont servi de
base des sentences auxquelles il en a ajouté d'autres; il les
ex])édie à son fds et lui conseille d'en profiter. Nous allons
re])roduire lavant-propos du cincjuième chapitre, qui ex-
pliquera le caractère du livre : (ms. d'Oxford ;n) )3 ■>dd3 »icr -icx
ntD ""E -p ncy'? Tins kH '•3 Dtoiipn ni n'7nn3 '•ja -p TDipn 133 "csk mo
S'yioi 310 i"?3 nDX3 •>2 iDon ru3 KSDjn 3ion hz oïDJipa Y3p'7 «'71 izon
'^t^z^b''zr\ ^D1D^ ■'Jd'? •'inbv *?» Ton man"? "Vv irvna ^:3 T'r'jjnne? hde; d:dni
•]2^V'>n a-iT-JJ P31 n'7nn i^y ni1'7S^^ ^NC3 'n nni ann ^p^ miïD h^ inx
p'?no 1*7 pVnr -» ipn3 inj nKnD3 ;'?33 n3iBm •\yû->h sTin a''3''7D ni33Di
oj nbx vbv n3 ixaip'' mc3 px vsin 3"'di •\:in^ owm niD'7c;3 nVu-on Qicjn
mji3nm nncn mSyo moVo iddj"? V3pn is?»: xipinm ^^^y^n ':3 nnx
noann -tn''ai minVrai limna my>T'n nin'DMD lerDJ D'''?wro no asmaion
1C3 a''e;jK3» sion nvnh irj3ni ■pSa'' "733 Sirwro i» mim nn» on ^c•x
•y^v ^'n1n N^m -\dvh d» Ti2npn3 ■':3 e7i3n k"? ym 'CVi^v n3iBn incNr
ni3 ^'7 Tissp la*? •^J•'C3 3-iQ nnv n'nn iwKO ^J'>D^ nain nnr kti .T'nna3
ni3iî3n nnD3 icdj a'''7e;n'7 noiD ^S nn'? a-iNSDi imm anoNcn onojipn
□"•WiDi cnisj n'ja nain a>i3n ©'» •«er'onn noKDn nt3 taisai lacn ntaw d'v'ki
nie Taty jaSi ^asj mena ■•man nnrn pi -fr mbob roiipn 'pjiae y»
Ms. .rOxIord.
n° 1 ^ s 7 , J
XIV siF.r.i.ï.
Arisl.-Averrois
Opp.. t. in, ëdil.
'le iTifio.
KnryrlnpaBdic,
1' 7"-
Kncvclopaxlic
|). 70, n. 66 c.
Bibl. Iichr. ,
p. 984.
Bih!. hobr.,
p. 5'i.-i
Bisrioni,
p. i5o.
Cm.
488 ■ LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
■mSc npNi l'j-iio'? nur |1'dV cvr^ nncxo nta i'? "riarsi lan 'a^onn -iCKCn
«Voici ce que dit Joseph Caspi, l'homme des mystères,
« ton père : Je t'ai fait savoir, mon fils, au commencement
« de ce contros, qu'il n'est pas dans mon intention d'écrire
«un commentaire, ni d'épuiser toutes les bonnes choses
«qu'on trouve dans ce livre. Mais, comme je t'ai donné
«l'habitude, quand tu étais encore avec moi, de méditer
« les sentences des philosophes, à table devant moi, après
« chaque repas, le matin et le soir, et puisque la volonté de
M Dieu t'a amené à Barcelone, la ville célèbre, où il t'a placé
« parmi les nobles, ... et t'a donné une femme douée des
« meilleures qualités, tu es obligé, mon fils, d'être un homme
" accompli dans les sciences morales et dans la connaissance
« de la Loi, afin de ne pas rester au-dessous de la perfection
« de ta femme. C'est pourquoi j'ai formé cette collection
« de sentences et j'en ai fait un livre qui puisse te guider. Je
«t'envoie ce qui est le plus nécessaire, me bornant à l'uti-
« lité. Pour ce motif, j'ai omis une grande partie du cin-
« quième livre, et l'ai remplacée par d'autres maximes. »
Comme nous l'avons dit, la République de Platon,
pcbEK"? njnann -no, abrégée et passablement transformée par
Averroès, est la base de la seconde partie du Teroumath hak-
kêsef. Le manuscrit 1^27 d'Oxford renferme la première
partie et un morceau de la deuxième; le commencement
en a été publié par M. Steinschneider. Le manuscrit de
Parme, De Rossi ^2^4, 2, est ainsi désigné : Platonis liber
de recjimine vel de republica. De Rossi, dans sa notice, ajoute:
Platonis libri Reipublicœ hebraice extant etiam in Vaticana ac
Medicea. M. Steinschneider observe que De Rossi se fonde
sur les données de Wolf, qui mentionne dix livres de la
République dans le manuscrit du Vatican (Àss. 296),
d'après Bartolocci, tandis que Wolf parle ailleurs de trois
livres seulement (trois chapitres d'Averroès); ce qui est
juste. M. Steinschneider se demande ce que contient le
manuscrit de De Rossi. Ce manuscrit est identique à celui
de Florence, qui renferme la traduction de Samuel de
Marseille. v-orr. t.^^ ta^ x.;-; ^tr.
DU XIV SIECLE. 489 ,^. ^,.,,^
Ces traités ne sont pas compris dans les deux listes de
l'auteur; sur la liste de M. Steinschncider, on les trouvera
au n" 2 3.
IV. 'SC3 rxns, «Dispositions ou Testament de Caspi»,
d'après le manuscrit de Parme (de Rossi 102 et i424);
-iDiD.Tc «Livre de morale» d'après les manuscrits de Mu- Caïai. ivyron .
nich 265, Turin 197, et, selon la j)réface, n»T ^|^r «Traité "^ '"^
«qui enseigne la science», litre ([ue porte aussi l'ouvrage
contenu sous le n° 2a de M. Steinschneider. ISous croyons
que le véritable titre donné par l'auteur à ce traité était
"Livre de morale»; celui de hït mv a été ajouté par un
copiste qui l'a tiré des derniers mois du traité, car le ma- Jewisii roii.-<;e
nuscrit de Londres, qui ne porte aucun titre, n'a pas non *'"' " ^" '
plus celui-là à la fin de la préface. Le titre de « Testament de
« Caspi à son fils » ne vient certainement pas de l'auteur. Il Voirri (i«,v,us,
est probable que Caspi ne mettait pas cette lettre au nombre ■' ^''''
de ses ouvrages proprement dits; de ceux-ci il ne compte
que vingt. C'est pour la même raison qu'il ne lui a pas donné
un titre contenant le mot «idd. M. Steinschneider croit que Em)cio|;eiio.
ni'T n-\v est un second titre de l'épître dont nous parlons. •' '^
On verra plus loin que cette épître fut composée avant le p Jg" "' '^" ""'
compendium de logique, et nous la plaçons ici, bien que,
dans certains manuscrits, on trotive à la fin de la lettre
!nême la date de i332, qui est inadmissible, et qui, '' ''"^
fl'ailleurs, ne se trouve pas dans tous les manuscrits.
Le traité en question a été imprimé en 1 854 dans l'ou-
vrage intitulé D-'iptDyD, compilation faite par feu Éliézer
Aschkenazi. Il s'y trouve aux pages 49*'-54, et l'édition est
basée sur les manuscrits de Munich et de Londres.
Dans une courte préface, Caspi dit ce qui suit : «Je me
« suis chaque jour efforcé de me trouver au milieu des sa-
«vants, et cependant le repos n'est pas venu. Il y a une
«vingtaine d'années, je me suis exilé pour aller dans un
• endroit renommé pour la connaissance de la Thora. Je
«me suis rendu en Egypte, où se trouve l'école de Mai-
« monide; je n'ai trouvé, parmi ses descendants de la qua-
TOME XXXI. f>2
oir rirl("s-ou-.
■ «rniv^mtc HATlOlALI
XIV SIKl IK.
/l90 [.ES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
«trième et cinquième génération, que des gens qui son!
«pieux, mais qui ne s'occupent pas d'études. En général il
' n'y a pas de savants dans ce pays, et je me suis écrié avec
' Isaïe (xxxi, i ) : « Malheur à ceux qui vont en Egypte pour
" être secourus ! »
«Je retournai conlus dans mon pays, après avoir été en
« route pendant cinq mois. Je m'occupai alors pendant long-
« temps, dans mon pays et dans ma maison même, de phi-
" losophie et de commentaires sur la Bible. Un jour, l'idée
" me vint de me diriger vers lo Maghreb. Je retournai alors
-en Catalogne et en Aragon; je me trouve à présent dans
« la grande ville de Valence. Si Dieu me laisse la vie , je tra-
« verserai encore une fois l' Aragon et l'Andalousie (ticd)
« pour passer à Fez; car j'ai entendu dire qu'il y a là-bas
• beaucoup de savants. Partout où je me rends, richesses
' et honneurs sont avec moi, grâce à Dieu. Peut-être trouve-
' rai-je un jour un maître ou un compagnon, ou simple-
" ment un élève, à qui je laisserai l'héritage de mes mystères
« et de mes faibles connaissances. Cependant, avant de
" m'embarquer, j'ai cru devoir faire cette épître de morale
«et l'envoyer à mon fds cadet', Salomon, qui demeure
« à Tarascon , afin qu'elle lui serve de mémento et de
' guide. Car, si je suis emporté dans un pays lointain ou si
« la mort me surprend, moi et mon fils nous serons tous
" les deux comme des pécheurs (I Rois, i, 2 1). Cette épître
' pourra peut-être servir également à guider et à instruire
" d'autres personnes demeurant dans ce même pays ; c'est
« pourquoi j'ai donné à cette épître le titre de Yoré Dca^. »
L'épître est divisée en vingt et un chapitres. Après avoir
donné des instructions concernant la croyance en Dieu et
l'observance des lois, d'après la méthode de Maimonide,
Gaspi recommande à son fils de ne pas s'occuper trop
tôt du Guide des Egarés et de la Métaphysique d'Aristote.
Voici ce qu'il lui conseille dans le dixième chapitre : « Mon
« fils, fais attention à mes paroles; tu as maintenant l'âge
' Les manuscrits de Munich et de ' Cette dernière plirase ne se trouve
Parme portent '1'S3 au lieu de 'T'yX. pas dans le manuscrit de Londres.
DU XIV SIÈCLE. 491
\IV SIECLE.
KiaïKo, I. WMl,
i;5.
!■ t:i-iu!ssiis
85 11 III.
•■ (le douze ans. Occupe-toi encore pendant deux ans de la
« Bible et du Talmud. Quand tu auras atteint l'âge de
« quatorze ans, tu diviseras ton temps, en donnant moins
«aux sujets déjà mentionnés, et plus aux mathématiques.
M Tu commenceras par le Livre des nombres d'Abraham Ibn-
« Ezra; puis tu étudieras Eiiclide, puis Fergani et l'ouvrage
« intitulé msVnon pacn (Calcul du cours des étoiles d'Abra-
« ham bar-Hiyya). Consacre quelque temps aux livres de iii>t im. <i. i
«morale, qui sont : le livre des Proverbes, l'Ecclésiaste ol
«le traité des Pères [Pirké Abotli) , ce (hrnier avec la pré-
« lace et le commentaire de Maimonide; il faut y joindre le
« livre Madda de ce dernier. Ensuite tu prendras l'Elhique
«fl'Aristote, dont j'ai fait un résumé, puis un autre livre Voii ci.i
« qui se trouve chez nous, c'est le recueil des Sentences de
«philosophie [de Honein, traduit par Harizi]. Pour tout
«cela tu emploieras deux ans. A l'âge de seize ans, tu te
« fixeras certaines heures pour t'occuper de la Bible, du livre
« d'isaac Alfasi, de celui de Moïse de Couci, et de la Répé-
« tition de la loi de Maimonide. Consacre aussi quelque
« temps à la logique, dont je ferai pour toi, si Dieu le pei-
« met, un compendium, comme je l'ai fait pour l'Éthique; \..i..i dessous
«tout cela t'occupera deux autres années. Alors, quand tu '' '^^ " '^
« auras dix-huit ans, tu consacreras ton temps aux sciences
« que j'ai déjà mentionnées, et tu y ajouteras la science de
« la nature; avec cela tu passeras deux autres années, et
« puis tu construiras ta maison (c^est-à-dire tu le marieras)
« à l'âge de vingt ans.
«Ne retire pas ta main des livres de philosophie; com-
« mence par la métaphysique, savoir celle d'Aristole ou de
« ses disciples et le Guide des Egarés de Maimonide. En te
• mariant, prends une femme agréable de figure et bonne
«dans ses œuvres. Ne fais pas attention à l'argent; la ri-
« chesse ne peut te donner que ce qui est nécessaire à la
« vie, c'est-à-dire la nourriture et le vêtement. Pourquoi
«se tourmenter pour gagner beaucoup d'argent? Ni toi ni
« un autre n'arriverez jamais à avoir autant d'argent que la
• montagne près de Largentière, notre ville natale, mon-
6a.
tIV »IKU.II.
492 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« tagne qui n'est qn'un minerai sans àme quelconque. C'est
« pourquoi je t'ai recommandé de méditer toujours la mo-
« raie, que je ne veux pas spécifier ici, car tu en trouveras
«les détails successivement en lisant. Observe tout ce que
« tu y trouveras, et surtout reste fidèle à ta femme comme
" ton père l'a été à la sienne, el soucie-toi de l'éducation de
« tes enfants, quand Dieu t'en donnera. En général occupe-toi
« des sciences métaphysiques, que lu comprendras grâce au
<« Guide des Egarés et à mes livres intitulés Vaisselle d'argent
« (t]D3 -«bs), ([ue je me |)ropose de composer. Cola te donnera
« le plus grand bonheur. «
Dans le chnpitre xi, Caspi parle de deux classes d'hommes
(ju'il trouve parmi ses contemporains, et qu'il conseille à son
(ils d'éviter. Les premiers sont ceux qui se croient philo-
sophes, qui détruisent tout, se moquent des prescriptions
des rabbins, interprètent les narrations de la Bible d'une façon
allégorique; ceux-là prouvent qu'ils ne connaissent point
les ouvrages d'Aristote et de ses disciples. «Je ne suis pas
«le moindre des savants contemporains, ajoute l'auteur;
« pourtant je recommande d'observer la Loi et les paroles
« des prophètes, surtout d'être correct dans ses actions. »
Caspi donne ici des passages tirés de Platon et d'Aristote
pour appuyer sa thèse, conformément à ce principe des
rabbins que les hommes pieux des nations ont une part
dans le monde à venir.
La seconde classe d'hommes qu'il faut fuir, ce sont ceux
qui méprisent la philoso[)hie, les ouvrages d'Aristote et de
ses disciples, «sans savoir (jue celte science nous appar-
« tient. On l'emploie pour les arguments concernant les
«commandements de la Loi, et en grande partie elle se
« trouve dispersée dans les passages agadiques du Talmud,
« dans les livres de nos savants, et surtout chez Maimonide.
« Je ne blâme j)as cette classe parce qu'elle s'occupe exclu-
«sivement du Talmud, mais parce qu'elle méprise les
«sciences.» Caspi continue de la sorte: «Mon fils, quand
«tu verras des hommes de cette seconde classe, tu leur
« demanderas ce qui suit : Qu'est-ce que vous avez contre la
DU XIV SIÈCLE. 493
«logique et la pliilosophie, qui sont si utiles pour l'argu-
« mentation sur les commandements ? »
Dans le chapitre xiv, Caspi dit qu'il avait appris dans
sa jeunesse beaucoup du Talmud, mais que jamais il ne
s'est occupé de casuistique. H se demande pourquoi les
arguments concernant Tunité de Dieu ne seraient pas aussi
importants que des questions de casuistique. Dans les
chapitres, suivants, Caspi dit que les chrétiens possèdent
des traductions du Guide des Égarés, que les Arabes, à
Fez, le lisent dans l'original, et qu'en Egypte on estime
beaucoup ce livre, tandis que chez les juifs d'Occident on
le méprise, ou du moins on y tient peu. Selon Caspi, on
doit donner aux passages agadiques du Talmud un sens
allégorique, el il en est de même pour les passages an-
lhropomorphi(jues de la Bible. « Seulement, dit-il à son fds,
« à l'âge de douze ans, tu ne peux pas comprendre ces
«explications; lu les comprendras quand tu étudieras le
« Guide. » Caspi recommande à son fds de croire à la vie
éternelle, dans laquelle il n'existe rien de corporel; on de-
vient un ange, ami d'autres anges. « Cela, tu ne pourras pas
« le saisir avant l'âge de vingt ans; quand tu liras le Guide,
«alors toutes ces questions deviendront claires pour toi.
« Pour le moment, je te garantis la vérité de ces opinions;
« que peux-tu demander de plus? Comme l'Ecclésiaste (xii,
• i3) le dit: « En résumé, et tout bien entendu, crains Dieu
«et observe ses commandements, et rappelle-toi la parole
«defEcriture (Deut., vi, 4) : «Ecoute, Israël, l'Eternel,
« notre Dieu, f Eternel est un, «parole que tout enfant doit
« réciter en hébreu. En un mot, tu devras posséder l'in-
« telligence nécessaire ])Our comprendre à l'âge de vingt ans
«ce que tu ne pourrais peut-être plus comprendre à l'âge
« de quarante ou cinquante ans. » Le post-scriptum dit : « Ici
« est lini le livre de morale, intitulé Yoré Déa\ Ecrit par ton
« père Aben-Caspi, à Valence, le mois d'éloul (aoiit-sep-
« lembre) 6092 de la création = i332^. »
' Cette phrase manque dans le manu- * La dernière phrase manque dans le
scril de Londres. manuscrit de Munich.
3 4
\I\ MECl.r
\r\ SIKCI.E.
494
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Ce traité forme le n° 2 5 dans l'énumération de M. Stein-
schneider.
Voir ri-Hossou>i,
p. 5.'^7.
Voir ci-dessous ,
|). 537, noie H.
Voir ri-Hcssous,
Voirri-dossous,
• |>. 5i4 . n" Wili.
Kiny-lliirdcliap-
lor, I, p. i«3; 11,
p. 10^.
Mis. d'OxIoid ,
Opp.add.,n°2 488,
fol. 63. Voir Mai-
kir, XX, p. 1 1.
Voir ci dessous ,
p. 5o8.
V. »)D3nBD, «Bâtons d'argent». Ce titre semble être,
d'après la liste A, n" 5, le nom général des commentaires
sur les livres bibliques, le Pentateuque peut-être excepté.
D'après la liste B, n° 1 1, il ne s'appliquerait qu'à des pas-
sages tirés de huit prophètes. Cet ouvrage, cité dans le
commentaire sur le Guide, est perdu pour nous. Caspi ren-
voie, dans son commentaire sur les Lamentations (iv, 16),
à une explication. qu'il avait donnée de I Samuel, i, 18, et
Saadyah ibn-Danân (qui écrivait en Algérie de 1470 à i48o)
rapporte dans son commentaire sur Isaïe, lii-liii, les mots
suivants de Caspi : « Ceux qui appliquent ce chapitre au
« Messie ressemblent à ceux qui s'égarent en l'appliquant à
« Jésus. »
Enfin, quelques passages du commentaire de Caspi sur
les premiers prophètes nous sont conservés dans le com-
mentaire d'Abraham fils de Salomon. Il est curieux de con-
stater que les manuscrits qui nous ont rendu ces passages
proviennent du Yémen ou de Bagdad, et on pourrait
conclure de là qu'en Orient on a conservé les manuscrits
de notre auteur.
Fol. 2 b, sur Josué, vu, 1 8-2/1 : ]zx o-in q'îik "ddd p »icr ncKi
WN ''dVk roSc jmNV c/nt n-in xim min'' q3C?d rrin -«s tas -\v ]Zi> ^^^ ^nsic
inrna iriK la'? nsn oim nav iDsva n> '3 Kini >y ^c?jN3 anSn*? isVno*
pNi "sn 'G?:» ^:b'7 15«i injnc ^i3 icj idij3i c:i mnn ]i»n h^V2DD inui nDn^D3
nBD3 bn [sic) 3n>3e? Mxnn p nb m msn. « Joseph ben-Caspi dit
« relativement à l'interdit d'Acan : « 11 me semble que c'était
a un général de la tribu de Juda et le chef des trois mille
« guerriers qui marchèrent contre la ville d'Aï. Conscient de
«la faute qu'il avait commise, son cœur devint faible; re-
« doutant les funestes conséquences de son action, il s'en-
«fuit, et sa fuite entraîna celle de ses gens, qui furent
« défaits par les hommes d'Aï. Et il n'était pas absolument
« nécessaire que tout cela fût écrit dans le Livre de Josué. »
Ce passage pourrait aussi être tiré du traité n" xiii.
DU XIV SIÈCLE. 495
Fol. 6 , sur Josué, x, i 2 : ^sns nr'n nr3n''7Dn nxT Vt ibdd riov idni
n:m ncnn nyipc; nnx n'7''''n p-'UKia "jinnp nja'jn -)c;k ]rD in t^'^xd ]ic;K-in
p "jiaja p'?''Ki pija '713» ]mn n'ai ^lyasi pd© 103 pi*333 n'jinrn non'jDn rw
«h riDipon i"?»© ntn nccno a^ino d-ijc "73 Sy Sax • min-' 'jiaaa mpw npîïi
15321 pyaaa orn inix ipiaa nrn''7Cn n'j-'nnn icxa 'a nv niD ni ikd D''pim vn
nxii Dvn inx a-iy i'?'?x ibû» n» mpoi npiy iv ptin n'>a im ima cmoKH
nacn xinz; "jxno nc?pa t^t 'aiiT» '?"'2:n p'?"'» pDv -jin nna'? D^iiD onix ycrin^
«im'j DC?D ipryc? ny pyaa ■''Jiaj "]ip mt:y jot "ja pBixn hs iioy c?De?n ■•a '7:'?
\oi Va pDixn bï m\T iicyi nb-'in nbnna ]i''?"'K pcy '''?i33 pn Dn''a''ix nn»y
pEixn hs anh np'Dcn WDG?n» cpa ^^Na p n\nw air:n ibdi . ]i'7'>x posa moi*
pi "ja Dn"? p-iDcm m\T Dp CDon nv^v ^CK3^ pyaj ri'?iaja oaavrn pî ■?:
rnaaj niSia^n te; vn ^bt(^ ]^h^i( pDy ni'71333 D33yrn
« Joseph Caspi dit : Cette bataille eut lieu dans le pre-
« mier quart du mois d'iyyar (avril), quand la lune luit
«après le coucher du soleil; elle commença à Gibéon,
« comme le dit le texte. Or Gibéon et Beth-Horon sont
«situés en Benjamin, Elon en Dan, Azéca et Maqéda dans
« Juda. Ces endroits n'étaient pas éloignés les uns des
«autres, de sorte que la bataille s'étant engagée le matin
«à Gibéon, les Amorrhécns battus s'enfuirent vers Beth-
« Horon jusqu'à Azéca et Maqéda, et leur poursuite dura
«jusqu'au soir du même jour. Josué, les voyant tourner
«vers la vallée d'Ayalon, s'adressa à Dieu, qui est le prin-
• cipe de toute chose, et lui demanda de laisser le soleil sur
« l'horizon tout le temps qu'on resterait dans le pays de
«Gibéon, pour pouvoir poursuivre les ennemis vers la
« vallée d'Ayalon au commencement de la nuit; il demanda
« aussi que la lune se maintînt à l'horizon tout le temps
« qu'il se tiendrait dans cette vallée. Et la Bible dit qu'il
« fut fait comme il l'avait demandé. »
Fol. 7 1 '', sur I Samuel ,111,11, 12 : ht<mvh D»n dn V't "«BDa idni
no xini nsa ni uit'b riiMTie/ n^-'Vsn lyoïw bo -nrx '?xiE;''a -lai nE;iy -isjxnjn
uvn cya n'jai "jnn in-ia Vx ir")3T -iwx Sa nx ■'V» '7X D-ipx xinn ora m'? ^DD0
1*7X1:? DiTjc? iPTC mx Dva •'a nr^hs -itjj "j-ixi D''n'7xn e?''X t» "7» cnjDi '•jBn '7y
DiVnjn D^jnan rn on ■'a cxtDna biov ibj3 "ie?K nDn'?Da xssn ■>e;x"i vn
iDa na-iyon nnnwj 0B3:ni 001331 wxin ryn xini n3nD3 "jVinn ]^1ttn D''3\i3Dn
in-ipis lym oyn ix naiynn wxt n\T»»a '?'?a aie?^ Tri^n >a jaya ]''ii>n
XIV SIËCIL
X-\ SIECLE.
496 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« Caspi dit : Dieu s'irrila contre Hofni et Pliinées
« et exprima sa colère par la bouclu; de l'homme de Dieu;
« il fut décidé que tous les deux mourraient le même jour, car
« tous les deux étaient des chefs de l'armée à titre de grands
<• prêtres; et c'est par suite de leur péché que l'armée fut
« ])attue, comme ce fut le cas pour Acan; car le particulier
«équivaut au général, quand il s'agit d'un chef d'armée,
" comme nous le voyons par l'exemple de Sédécias. »
Fol. 1 14\ sur I Sam., xxi : d» nma nn djdk Vt "•Dcs^Dr ick
-r>h->v "'JN nox mm dn noixc st hit v^k 'bit -!DN''1 nan '•Jix iVon ncxi iVotiK
'''?: '■'r^'^ pi yinj ibon nan n^n 15 pi ijic'jx ''jiSd DipD "jk •'Psiv onïjn pki
ne;! nni* n'-n m "îdc ^!:x n*? ttm ■'3 ato nta n'iT»© man px njn oip ciy^n
niyi yni mpoa mv: n'jn d-'D»!) noai -mN bixc; ni'?c?a n» ma iV mp D'Dvr
pVnn imx ■'a bba '«Kiaj pVn (ms. ik) tn ia n^n k"? njn ata nt n^nw d'v'k
ncxa apy dViNi • vc r]iD ny ^•«ly r'jN rjn x"? D'bnn ia -lanz? i"? n-'ne; ■'Kiajn
pn Tna invn -y nxiajn nj-no'? vin x*? ;ny 'jax e^na mn 1^3a ie?y 'a^x
^^DmD3© rx3py''"'jaiJi"«iain3D:cf l'^y y^xiDumaïc? nnxîa*?! •d'îich nxn
lyox'? n'jnjnx •':xi le;»*? noxc/ ne d:dx •bhzn jd apy xn nan-ii nmoa rax
ynx nspi ^yD "jia; nsp "'a T'y» Viaa Vx xac -icdx m^yw ""jux bx xiax icx
: -ixiao nn T'yc xai xinc? a"no pcVn nt pxc/ pe? ^2 D>anp pja
« Caspi dit que David n'avait pas absolument menti à
« Ahimeiek, car il n'avait pas dit que ce dont il parlait était
« arrivé en ce moment même. En effet, Saûl l'a souvent en-
« voyé avec ses jeunes gens à tel ou tel endroit. Et, même
«s'il y a eu mensonge, il faudrait considérer que David
« n'avait pas encore le don de prophétie, qui ne lui fut ac-
« cordé qu'à la fin de ses jours quand il composa les
« Psaumes. 11 y eut certainement mensonge quand Jacob
« dit : Je suis Esaii ton premier-né; mais Jacob non plus ne
«fut doué de la prophétie que lorsqu'il vit l'échelle, en
« allant à Haran. Pour l'affaire de Sicheni et Hamor, Jacob
« n'y est pas mêlé du tout, et ses fds seuls ont menti.
«Après son retour d'Aram, quand il dit à son frère Esaù
«qu'il le suivra lentement à Seïr, il est possible qu'il y
« soit allé, car ce pays n'est pas loin de Chanaan; d'ailleurs
« il ne résulte pas nécessairement du passage hébreu que
« Jacob devait aller à Seïr. »
DU XIV SIECLE.
/i9'
Ce traité forme le n° 5 de la liste A, le n° lo de la liste B
et le n° 1 1 de celle de M. Steinschneider.
M\ SIECr.E.
VI. «103'? iisD, M Fourneau pour l'argent ». C'était un com-
mentaire analogue à ceux de Raschi et d'Ibn-Ezra, sans
explications mystiques. Au commencement, Caspi expliquait
le but de la Thora et des dilTérentes parties de ce livre.
C'est ce commentaire, et non le commentaire mystique,
qui est cité par don Isaac Abravanel. Samuel Zarzah le men-
tionne également. Caspi parle de cet ouvrage dans son com-
mentaire sur le Guide de Maimonide et dans son commen-
taire sur Job; il en parle aussi dans son dictionnaire, mais
comme n'étant pas encore composé. Ce commentaire est
perdu; il se trouve dans la liste A sous len° 1 5, dans la liste B
sous le n" 8, et dans celle de M. Steinschneider sous le n" 5.
Tout ce que dit Wolf à propos de cet ouvrage est inexact.
Prov., xTii, .<.
Liicyclopaedif,
art. Steiii., p. 6'! .
notes 3i cl '^■i ».
VVoir. Rililiolli
liebr. , ^>. .S'|,'{.
Vil. »)CD niBo ', « Tasses d'argent ». La forme miD3, donnée
par M. Kirchheim, n'est pas employée dans les listes. Dans
ce traité Caspi expose pourquoi il explique certains pas-
sages du Pentateuque autrement qu'lbn-Ezra et Maimonide.
Ce traité est également perdu; on le trouve dans la liste A
et dans la liste B sous le n° i4, dans celle de M. Stein-
schneider sous le n" 6.
Kii'clilielm ,
Komm., |i. Ml:
Zuiu, Zur Cif-
srliirlitc. p. ."igo.
VllI. D>3D »iD3, « Argentdescories». Ce traité est mentionné,
dans le commentaire sur les Lamentations (v, 6), comme
contenant des questions et des réponses relatives aux con-
tradictions apparentes qu'on rencontre en lisant le Penta-
teuque et les Prophètes. Dans la préface de la liste imprimée,
Caspi dit que ces questions sont au nombre de cent dix. Ce
traité ne .se trouve dans aucune des rédactions de la liste de
l'auteur. Il forme le n° 27 de celle de M. Steinschneider.
Prov
Voir
5. G.
..xiiv, 23.
ci^dessous,
Voir
535
ci-dessou'i .
, note 3.
IX. HD3n nns, « Faisceau d'argent ». C'est un abrégé de lo-
' il faut prononcer Keforé, comme dans Esdras. i, lo.
lOMK ixxi.
3 ; *
6:i
IVPRIMEKIK :iAT101tLe.
XIV' SIÈCLE.
Voir rwlpssus,
p. i78.
!)i;r Orienl ,
1847, fol. .'î'îS.
/i98 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
gi(|ue. Ce traité est mentionné dans le.s listes de l'auteur,
sous le titre de jvjn iirp; dans l'introduction que nous tra-
duisons plus loin, il porte le titre de ivann nrx'jDa ]^p msp. Caspi
le composa pour son fils cadet Salomon. Les manuscrits de
cet ouvrage ne sont pas rares; on en trouve unà Paris, n° 98G ,
avec la suscription suivante : oiciiax nsn"? iispa ]v:nr\ -icr
Vî ^e^D•«'7JK'7^ , « Livre de logique en abrégé du savant Bonafous
" de La Glitera (Largentière) ». C'est d'après ce manuscrit (pic
M. Dukes a publié la préface; en voici la traduction :
« Ibn-Caspi dit : Ayant vu combien on connaît peu les
; intelligibles (ri'?3c?io), par la raison que la vie est courte el
" que les occupations ordinaires empêchent d'y consacrer
" beaucoup de temps, je me suis décidé à rédiger pour mon
1 fds Salomon un compendium de logique. Il est vrai que de
.semblables traités ont été composés par Abou-Naçr ( Âl-Fa-
' rabi) et par Ibn-Roschd (Averroës); mais mon livre sera
'■ plus complet et plus simple pour l'usage do notre généra-
« tion, car je n'y ai mis que les notions les plus indispen-
• sables. Puisque la connaissance de la Bible est le but de
' tout homme, et que sans la logique on ne peut acquérir
-' cette connaissance, je dis que cette science est absolument
' nécessaire. C'est pourquoi j'ai rédigé ce compendium, où
' l'on trouvera les règles de logique utiles pour étudier la
■■' Bible. Avec ce traité, joint au traité de grammaire intitulé
Chaînes d'argent et au traité lexicographique intitulé Chaî-
• nettes d'argent, que je me propose de composer, chacun
« pourra se guider dans les études bibliques. Dans mon traité
' de logique, j'ai inséré l'essentiel de ce que contiennent les
" traités d'Al-Farabi et d' Averroës; il serait donc inutile de
' les étudier. Je ne dis pas cela par vanité, mais pour expri-
« mer la vérité. C'est pourquoi j'ai donné le titre de Faisceau
« d'argent à mon ouvrage. J'y ai omis les Topiques, la Rhé-
" torique et la Poétique, qui n'ont aucune utilité pour mieux
< comprendre la Bible. »
Caspi explique ensuite, en son style un peu prolixe, la
défense qu'on trouve dans la Mischna et à cause de laquelle
onvoudrait empêcher la jeunesse d'étudier la logique. Il dit
DU XIV^ SIECLE.
499
\IV MECLE
f|ue le mot fran, dans ce passage, est synonyme de nme?,
« bavardage », et qu'il s'applique à l'étude de choses fausses,
aux histoires sur les démons elles mascas (wxpco) « sorcières ».
Platon, dans sa République, défend également d'occuper
les enfants des bavardages, de logique (sic) et de contes.
La même opinion est exprimée par Maimonide, dans son
commentaire sur Aboth. C'est pourquoi Caspi recommande
à .son lils d'étudier la logique dans le livre de Maimonide
d'abord et ensuite dans son compendium. Caspi commence
donc son ouvrage par l'Isagoge de Porphyre et finit par la
Sophistique; ce qui suffit, d'après lui, pour l'explication de
la Bible. Caspi s'est probablement servi de la traduction
de Jacob Anatoli; à notre connai.ssance, il n'a rien traduit de
l'arabe, quoiqu'il eût quelques notions de cette langue. Le
chapitre de notre auteur sur les définitions , qu'on trouve dans
le manuscrit 1268, 3, d'Oxford, n'est autre, comme Caspi
le dit lui-même, qu'un extrait de la paraphrase d'Averroës.
Le traité dont nous parions ne figure pas dans les listes
fie Ca.spi; mais il est mentionné dans la préface. Il figure au
n°tî6 de M. Steinschneider, chez qui se trouve également la
liste des manuscrits de différentes bibliothèques qui renfer-
ment l'ouvrage en question.
X. »)03npim, «Chaînettes d'argent», ou »ior "pic, « Cha-
« pitres de Joseph ». Ce traité de grammaire existe seulement
dans la bibliothèque Angélique à Rome; il y est suivi du
dictionnaire. Le manuscrit fut copié en caractères rabbi-
niques espagnols et pourvu de points-voyelles par Alonso
de Zamora, à Alcala de Hénarès; il fut achevé le 2 3 juillet
1 5 1 9. Dans une courte préface, Caspi dit que son intention
est de donner des généralités qui serviront de base à l'étude
de la langue sainte. Ce traité se rattache à son compendium
de logique. Avec ce traité et le dictionnaire qu'il se pro-
pose d'écrire, chacun pourra se perfectionner dans la con-
naissance de l'hébreu, surtout en ce qui concerne les cha-
pitres de la création et du char céleste, qui ibrment la partie
principale de l'Ecriture sainte. (]e traité est une espèce
63.
iiist. litt. (le hir
France, t. XXVII,
p. 586.
Stcinsclmculi I .
Kiicyci. , p. 7 I :
Ueberseli. , p. gi.
Catal. Angcl.
X.V5IÈCLE. 500 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
d'introduction au dictionnaire. Ici les particularil«''s seront
expliquées, comme dans le dictionnaire les généralités,
méthode que le philosophe (Averroës) expose au commen-
cement du traité sur la Physique. Caspi renverra toujours
pour les racines au dictionnaire. Il donnera d'abord une
espèce d'index pour les soixante-treize chapitres du livre,
et l'explication suivra pour chacun d'eux; car il vaut mieux,
dit Caspi, que je fasse le commentaire moi-même que si un
autre le faisait, comme il est arrivé pour les chapitres d'Hip-
pocrale, dont le commentaire a été fait par Galien. Caspi
renvoie , dans le courant de ce travail , à son traité de logique ,
pour ce qui concerne les dix catégories.
Nous ne pouvons reproduire même en résumé les soi-
xante-treize chapitres; nous nous bornerons à mentionner
les plus intéressants. Dans le premier chapitre, Caspi s'oc-
cupe des vingt-deux lettres, qui sont classées d'après les
organes par lesquels on les prononce; il cite ici la gram-
maire d'Ibn-Djanâh. Les lettres sont appelées mx «signe»,
en provençal senhal [hn-'iv), parce que chaque lettre repré-
sente un objet. Les chrétiens n'ont pas ces noms, ils disent
a h c. Ainsi alef \enl dire « apprendre» pour faire un beth,
«une maison». Guimel veut dire «fruit mûr» (Isaïe, xvin,
5); car, quand on a une maison, on prend une femme,
qui est impliquée dans le mot he = elle (xn = K^n). La femme
a besoin d'être gardée par un dalcth, « une porte »; c'est sur-
tout, dit Caspi, nécessaire dans notre pays, où, en effet, on
observe rigoureusement cette habitude. Viennent ensuite
des objets pour la maison, savoir : vaw, « un crochet », zain,
M des outils », heth, « une casserole », teth, « un balai », yod,
« des manches » , kaf, « des cuillers », etc.
Dans le commentaire sur le troisième chapitre, Caspi est
on opposition avec Ibn-Djanâh et Ibn-Ezra; il ajoute que,
s'il avait le temps, il composerait un dictionnaire des mots
hébreux qu'on trouve dans la Mischna et le Talmud; en
lout cas, il donnera dans le dictionnaire les .sept conjugai-
sons des verbes et toutes les formes des substantifs, même
celles qu'on ne trouve pas dans les textes. Par là, dit Caspi, la
DU XI V SIECLE. 501
\i\ bii:';i T..
langue sacrée gagnera beaucoup. Il fait des vœux pour qu'on
puisse la restituer entièrement. Dans le quarante et unième
chapitre , Caspi renvoie à son article sur la racine 32k; on voit
donc qu'il commença le dictionnaire avant d'avoir achevé Voil•(i(k•^sous.
l'introduction. Dans les chapitres xlh-xliv, Caspi sou- ** " °
tient que les maires Icctionis, ainsi que les accents toniques,
proviennent de Moïse, et que ces derniers doivent être pris
en considération , si l'on veut comprendre avec certitude les
versets. Caspi donne comme exemple le premier verset
du Pentateuque, qu'Ihn-Ezra et Saadiah (ponctué dans ce
manuscrit nnsc) traduisent « au commencement de ce que
« créa ... ». « Dieu nous garde de celte traduction ! dit-il; dans
« l'intention de Moïse, les deux mots xia r^Kis sont séparés
« par l'accent disjonctif tijclui, et les hommes de la grande
« synagogue, qui savaient ce que Moïse avait voulu dire, s'y
«sont conformés, ainsi qu'Onkelos, qui avait compris le
« passage comme eux. » Nous laisserons de côté les autres
exemples que donne Caspi. Dans le chapitre xlviii, il renvoie
pour l'explication de rà^v (Gen., xLix, lo) «à l'endroit où
« cette explication est à sa place ». Est-ce dans le commentaire
[littéral] du Pentateuque? Dans le livre du Mystère il n'en
est pas fait mention.
Notre traité porte le n° 17 dans la liste A, le n° 3 dans
la liste B de l'auteur, et le n° 17 dans celle de M. Stein-
schneider.
XI. «1C3 ]nhv, «Table d'argent». On en trouve un manu-
scrit à la bibliothèque de l'Université de Turin, n" 197 du Pesioii,|.. 09
nouveau catalogue. B. de Rossi en a donné quelques extraits
dans son livre intitulé: De prœcipiiis causis et momentis ne-
cjlectœ a nonnuUis hebraicarum litteranim disciplinœ dis<juisitio
elenchtica. Turin, 1769, in-4°. Nous ferons la description
de la Table d'argent d'après le manuscrit même de l'Uni-
versité de Turin.
Caspi dit qu'il a l'intention de prouver, dans sa disser-
tation, combien il vaut mieux lire l'Ecriture sainte en hé-
breu, dans la langue originale, que de la hre dans une
XI\ SIECI.R.
502 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
traduction, soit latine (onsj), soit arabe (o^Wcc?'). Je men-
tionnerai (l'abord, (lit Caspi, quatorze cas d'accents disjonc-
tifs, employés dans le texte hébreu contrairement à l'usage
pour certaines raisons; les traducteurs les ont négligés,
iv-iiossi.np.nt, et leur traduction devient par conséquent fautive. Caspi
ajoute : « Une fois un évêque (pDjn) honoré de notre pays,
« qui était versé dans l'Écriture sainte, me demanda : Pour-
« quoi voulez-vous que les rois, les papes et les évoques
« rendent hommage à vos rouleaux du Pentateurjiie, à leur
« rentrée dans une ville, comme nous faisons avec la croix? Il
« est vrai que nous avons en vénération le Pentateuque et les
«autres écrits bibliques; mais nous les possédons en notre
« langue, et, si nos rois et nos grands désirent qu'on aille à
« leur rencontre avec ces livres, nous pouvons le faire avec
« les volumes que nous possédons. Quelle supériorité le texlt
« hébreu a-t-il sur la version latine, puisque le sens reste
« le méme.^ — Je lui répondis : Il y a certainement une su-
" périorité du côté du texte hébreu de la Bible, surtout en ce
« qui est du Pentateuque. D'abord l'écriture et la langue ori-
« ginales sont celles de Dieu. Il est connu que, si un roi nous
«donnait une lettre de privilège appelée cran^i [vidimus),
« l'original aurait plus de valeur qu'une traduction; en effet,
« l'original seul compterait, car la signature du roi s'y trouve
« Puis une traduction ne peut jamais reproduire complète-
« ment l'original. Toutes les nations reconnaissent que l'Ecri-
«fure sainte a été écrite en hébreu, et par conséquent la
« beauté et la sainteté que les livres possèdent en hébreu
« n'ont pas leur équivalent dans une traduction. »
«A présent, dit encore Caspi, je donnerai quelques
« exemples de l'imperfection d'une traduction de l'Ecriture
« sainte. Le traducteur des chrétiens rend le premier verset
« de la Genèse par les mots suivants : In principio creavil Deus
iviio<.si.op.rit., «celos et terram (oxio n^K d'!'7''S mici (1. DMxnp) c/iN''ip rD''D-iD3K).
*" « Ces cinq mots semblent correspondre exactement aux cinq
« mots hébreux, qui sont ; pxn riKi o^oe/n rx o^nSK to2 n-'axna
« (Caspi ne considère pas les mots rx et rxi comme des mots
«séparés); mais il n'en est pas ainsi. Le mot n-'OK-ia signifie
DU XIV SIÈCLE. 503
\in' sie i.k
I" ci-(kssous,
|i. Sog, II' x\.
Ms. d Oslonl .
«en hébreu l'éternité du temps'et de la cause, et ce mot
-< générique a été choisi expressément par Dieu pour que
^le peuple le comprît dans un sens et que les individus
a intelligents le comprissent dans un autre; mais tous doivent
« y reconnaître une création ex nihilo. In principio n'a pas
• ce double sens dans la langue des chrétiens; ce mot im-
« plique le sens d'éternité relativement au temps ou à la
« création, mais non les deux sens à la fois. Deus est un nom
1 général pour Dieu , tandis qu'en hébreu on se sert de dilîé-
•> rents noms. »
Nous verrons que le titre de Table d'argent est donné
danslalisteBau commentaire de Caspi sur Job. Par le pas- Voii cid
sage suivant qu'on trouve dans le commentaire d'Abraham,
fils de Salomon, sur Zacharie, on verra que la liste A est n'iimej.ioii
sur ce point plus correcte : v »iD3n inV» '•d V'i ••dds |3 rpv i "'7Np
DD'n'îK '" h^p2 ]iyce?n ncw dm htii iidk Kini nmao npcrn nnst iDca
'" Vipa ]iïDc;n v^^cv dk n\-n ]'3 p-'ODO r\:n -i'70n wv-n"? ï31K rjcra \T'i
rxn . rmipaa pio-'O f\^c^ nr-i nn novi vvfih mwy szik T\ivz pai Ds-inSK
nSïD'? 'S nta ]''3yni vjsSe? no dv paii aoiD n'«m la ain Sa"? njaiD npcrnn
DK . n» D"pn'i nt n-n'» dViki idk jaVi ]nan D^hv^ n'am baant mabo p:n lat
i'a-iK r:e?a ^T'^ nt inx pSi .n^n-" n"? ]■»« dki Da\-i'?j< '" "jipS lyowr vice
: -iKiac 103 DnnN D^yiv -iidd n'7nrn Kin cnm"? « Ibn Caspi dit : H y
«a en Zacharie une division établie par l'accent (pioD r\iD)
« entre les versets vi, i5 et vii,i. Cette division montre que
« le chapitre vi se rapporte à Zorobabel et à la construction
u du temple , qui s'accompliront si on obéit à Dieu , tandis (jue
«vu, 1, commence une autre histoire. » Ce passage se re-
trouve en efFet dans le manuscrit de Turin. Au contraire,
dans le commentaire sur Job, il n'est pas question de l'impor-
tance des accents pour l'intelligence de la Bible. Nous trou-
verons plus loin d'autres exemples qui démontrent que la
liste du manuscrit de Parme, que nous donnerons, est plus
authentique que celle du manuscrit de Munich.
Examinons maintenant le contenu de la Table d'argent.
Le livre est divisé en chapitres appelés ^n.Le premier cha-
pitre expose comment on peut distinguer le faux prophète
du vrai. Caspi, en ce chapitre, suit complètement Maimo-
Uoll. liiMiulL.
iM-br., IV, |) XSfi.
\H ilECI.R.
504 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
nide. Le deuxième chapitre traite la question de savoir si on
peut croire au faux prophète, quand il dit des choses con-
traires à la Loi. Ici, comme souvent ailleurs, Caspi insiste
sur ce point que ses prédécesseurs ne connaissaient pas la
logique. Il renvoie à un commentaire sur le Pentateuque,
qui n'est pas le livre du Mystère. Ce commentaire semble
perdu ; mais no\is en trouvons un passage cité dans le commen-
taire arabe sur les Prophètes par Abraham fds de Salomon,
(manuscrit d'Oxford 2488", fol. 36'') : h"i ■'ecs p «icr S •)C^t^
•ma 'D 3ir:n Vsinn omax nx ne: o^n'jxni n'jxn Dnann inx mm cii'ca
nî3 n;i:ni o'^p'? rJD hs ni mrc? n'7'''7m izh irc: pT ni 'd m n^^sh ii:.-.'
|t: p-imnon •'d on"? n\nc; ;DK:n ■'Vinn xinn oyn mabo pindiVi ipi-bi anc?"?
mirn ;pij pS Tnn oaïKn na "jyD D'y'xc? iii*i Dn^'iao n^b^v wv jmnQn
x"? f)Xi lanon ■•nn i''CD p ie?y>c? nV'jn n^m nona nxcD liNn"?» '••'•'7 p nvjy'?
:nT nois n'^n "jna ]na dxi ex net? i;t x"?© nta ji^cn x"? pVi Cfxa maynn
"Joseph ibn-Caspi dit dans le commentaire sur Genèse,
«XXII, 1 : «Le texte justifie Dieu d'avoir commandé ;i
« Abraham de sacrifier son fils, car ce n'était qu'une tenla-
« tion, cela ne signifie nullement que Dieu ait voulu l'exécu-
« tion. C'était dit surtout pour déraciner la vraie maladie
« des païens, qui était de sacrifier un de leurs enfants. Cette
« ])arbarie a été remplacée par les sacrifices d'animaux, mais
"jamais Dieu n'aurait permis de faire un sacrifice humain,
« ni de faire passer un enfant par les flammes; c'est pourquoi
« le feu n'est même pas mentionné en ce passage, quoique
« le grand prêtre se servît de feu. »
Le troisième chapitre traite des miracles et des signes
donnés par les prophètes. Caspi les divise en deux classes,
savoir: 1° les signes tirés du passé pour l'avenir ou pour le
présent, comme ceux donnés par Moïse et Josué à Israël et
par Isaïe à Ezéchias; 2° des signes tirés de l'avenir et se
rapportant à des événements passés, comme ceux d'Isaïe
relatifs à Sennachérib. Caspi ajoute que les prophètes n'em-
ploient ni la méthode du vulgaire, ni celle des philosophes;
en effet la prophétie est supérieure à la philosophie, et il
a des qualités chez les prophètes qu'on ne trouve pas chez
es philosophes, . ,
l
DU XIV' SIECLE.
505
Le quatrième chapitre expose quels sont les miracles
surnaturels et quels sont ceux qu'on peut mettre dans la
catégorie du possible. «Je n'expliquerai pas tout ici, dit
«Caspi, car je laisse cette tâche à des gens plus forts que
«moi; mais je donnerai un court aperçu de l'ensemble.
M Loin de moi de soutenir que je sache quelque chose de
« plus que d'autres en cette matière; c'est pourquoi je me
« bornerai à reproduire les paroles de Maimonide. » M. Stein-
.schneider s'étonne de ce que De Hossi, qui a fait avec tant
de soin la bibliographie des controverses religieuses chez
les juifs, ait omis notre traité. La raison en est simple:
c'est que ce traité n'a aucun caractère de controverse anti-
chrétienne, comme on a pu s'en convaincre par notre ana-
lyse succincte.
Notre traité est le n" 6 dans la liste A, i3 dans la liste B;
il est noté ilx B dans celle de M. Sleinschneider.
Xn. »)D3 PTB, «Palais d'argent», ou iioniDc, «Livre du
« mystère ». Cet ouvrage commence par les mots'" me «lov ick
rKn^'?, comme le commentaire B sur le commentaire d'Abra-
ham Ibn-Ezra relatif au Pentateuque; c'est pourquoi les
deux ouvrages ont été confondus dans quelques cata-
logues de manuscrits hébreux. Ainsi, c'est bien notre ou-
vrage que renferment les deux manuscrits 36 et 46 du
Vatican , tandis qu'Assemani a cru y voir le commentaire sur
Ibn-Ezra. Trois autres manuscrits du »id3 nitj sont connus à
présent: i" dans la bibliothèque Casanate à Rome, n°H,iv, 7;
2° à l'Ambrosienne de Milan, n" i34, F, in-fol.; 3" dans la
bibliothèque de M. Halberstam, à présent à la Bodléienne,
marqué Hehr. e. i6.
Caspi dit, dans une courte préface, qu'il va expliquer les
mystères du Pentateuque, ce que les rabbins ont appelé
n-nr '^nD, «les mystères de la Loi». Il ajoute que peut-être
il sera également question des mystères que renferment
les Prophètes; mais ce ne sera qu'accidentellement, car il se
propose de faire là-dessus un ouvrage spécial. Le livre se
compose de deux parties : 1° les généralités, 2° les spécialités.
\l\' Sll.Cl.h.
Eiicvcl., |). fiîi.
Voir ri^li'ssa",
48V
Asséuijiii
38.
,1).J7
Catul. Uabbiiio
»it/,i88'i,n''nï.
rt Stcinsr.hnol-
.ler. Calai. lîodl.,
col. \'^^^.
TOME XWl.
64
IBfKIWCIIIC HAflOVALr,
XIT* Jlici E.
Perles, Seiid-
schrcibeii, p. xiv;
Jahrl). de Br., IX ,
p. 73, noie.
Voir ci-des<U'i.
p. â i 1 . 11° I.
506 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
La première partie est divisée en trente chapitres; dans le
auatorzième, nous apprenons que notre auteur, se rendant
e Largenlière en Egypte, à l'âge de trente-cinq' ans, s'ar-
rêta au Caire pour visiter la Médrésé du fameux Maimonide
(lisez miDn pour mjon), dans l'espoir d'apprendre de la
bouche de ses arrière-petits-enfants, réputés savants, les
explications mystiques que donnait Maimonide. Son at-
tente fut déçue, car la famille de Maimonide n'était pas ce
qu'il avait cru. Cependant, grâce à un séjour prolongé dans
le pays, il parvint à comprendre certaines expressions bi-
bliques qui se rattachent aux coutumes de l'Orient. Deux
ans après, à l'âge de trente-sept ans, il acheva la première
partie de son ouvrage, le jour de la veille de la Pentecôte
de l'année [5o]77 = 7 mai 1317. Il était alors dans son
pays natal, à Arles, la grande ville de l'époque aux yeux
des juifs.
Nous avons vu que le Livre du mystère fut critiqué
dès i3i8, un an à peine après qu'il avait paru, par divers
savants et notamment par le fameux Calonymos ben-Calo-
nymos. Cet ouvrage méritait-il le bruit qu'il excita ? Nous
en doutons; Caspi était plus bavard que profond; de plus,
il se montre très vaniteux, quand il dit à plusieurs reprises
qu'il veut être original et qu'il n'est pas né pour répéter ce
que les autres ont dit. Au commencement du premier cha-
pitre, il s'exprime ainsi : «Sache que les questions que
« notre ouvrage renfermera ne se rapporteront pas aux
«sujets faciles traités par Ibn-Djannah, Ibn-Qamhi et très
« souvent par Ibn-Ezra, mais que tout ce qu'on y trouvera
«sera matière profonde et grave, dont la base se trouve
« dans les livres de philosophie. Il est vrai que de plus sa-
«vants que moi auraient dû s'en occuper; mais puisqu'ils
« ne l'ont pas fait, ce n'est pas une raison pour ne pas publier
« ce qui me semble important. Quiconque lira cet ouvrage
«et le comprendra en reconnaîtra la profondeur et verra
M si j'ai réussi. » Nous ne trouverons pas un tel langage chez
' Le nombre 3i (Ârcliives des missions, 3' série, t. I, p. bbg) est une faute.
DU XIV SIECLE 507
maître Léon de Bagnols, et nous n'avons rencontré rien de
semblable chez En Bonet de Béziers, qui auraient eu plutôt
que Caspi le droit de se vanter.
La doctrine de Caspi, en effet, n'a rien de bien neuf.
La Loi se compose de deux matières (jid), la narration et les
préceptes. Moïse ayant atteint le degré de la perfection,
Dieu lui a donné la Loi, qui est essentiellement parfaite,
et il faut croire que cette loi nous vient de Dieu. Dans le
deuxième chapitre, l'auteur explique pourquoi il sera
bref dans ses éclaircissements. Du troisième chapitre au
septième, Caspi parle des préceptes que Maimonide n'a
pas expliqués. Du huitième au dixième, il insiste sur ce
point que la loi ne peut être comprise sans la connais-
sance de la grammaire et de la logique. Le onzième cha-
pitre montre qu'on ne doit pas prendre pour un miracle
toute chose qui n'est pas reconnue au premier moment
comme naturelle. Le douzième chapitre dit que la Loi est
la perfection intellectuelle. Dans le treizième, Caspi veut
prouver qu'il n'était pas nécessaire de mentionner spé-
cialement dans la Loi la promesse de rétribution dans le
monde à venir, cette promesse étant le postulat même de
la prophétie. Les chapitres xiv à xvi ont pour but d'expli-
quer certains passages bibliques par les différentes cou-
tumes des pays. Les chapitres xvii à xxi se rapportent à
la prophétie; Caspi y corrige souvent Maimonide. Les cha-
pitres XXII à xxv font voir comment la richesse est diverse-
ment employée par le sage et par le fou. Le vingt-sixième
chapitre montre que la Bible contient d'excellentes le-
çons, nonobstant quelques passages qui, en apparence,
semblent contraires à nos idées. Le vingt-septième chapitre
dit que Moïse raconte également les événements heureux
et malheureux auxquels il a pris part. Le vingt-huitième
chapitre a pour sujet les bénédictions et les malédictions.
Le vingt-neuvième parle des miracles, et le trentième des
épreuves.
Dans la seconde moitié du livre, après avoir donné sept
règles générales, qu'il appelle les sept préceptes de Noé,
6à.
XIV' SIÉCI.K.
MV SIECIE.
508 LKS KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Caspi conlinue ses explications sur le Pentateucjue, en s'a|)-
puyant sur la troisième partie du Guide de Maimonide.
Cette partie contient huit chapitres : le premier va de la
création à Noé; le second, de Noé à Abraham. Ici nous
hsons ce qui suit : « L'auteur, qui cache son mystère
« (mo Troon), se gardera bien de répéter ce qu'il a dit
«une fois; ce serait une folie sans égale; je t'ai déjà dit
« que je ne suis pas de ceux qui se lèvent de bonne heure
« pour prier comme des fous, car il est assez temps pour cela
« à midi. » Nous avouons ne pas comprendre l'allusion.
Disons seulement que Caspi se répète trop souvent dans ses
ouvrages; il se cite continuellement. Le troisième chapitre
va d'Abraham à Isaac; le quatrième, d'Isaac à la mort de
Jacob et de ses fds; le cinquième, du commencement de la
servitude en Egypte à l'achèvement du tabernacle; le
sixième traite du Lévitique, en quelques lignes seulement;
le septième, du livre des Nombres et le huitième du Deu-
téronome. Ces deux derniers chapitres sont très courts.
Calonymos, dans sa lettre à Caspi, répond presque cha-
iirciboii, pitre par chapitre au Livre du mystère ; M. Perles a indiqué ,
dans sa préface à l'édition de la lettre de Calonymos, la corres-
pondance des deux textes. Calonymos, comme nous l'avons
v.n n-dcssu», VU , u'cst nullcmentconteut dcs travaux de Caspi. Le Guidede
Maimonide, sur lequel il s'appuie beaucoup, devient mécon-
naissable chez lui. Caspi, s'il fallait en croire son critique, te-
nait surtout à briller ; poussé par cette manie, il lançait autant
de livres qu'il pouvaitdanslemonde, sans prendre 'garde aux
obscurités et aux contresens qu'ils renfermaient. Avec son
impatience d'écrire, il lui arrivait parfois de déraisonner.
Le chapitre intitulé D"'3-iyn no, « Mystère des estimations » ,
qui se trouve dans le manuscrit de Cambridge, n° 47,
à en juger par le style et le contenu, n'est pas de notre
auteur, bien que le copiste le lui attribue. (Ca/a/.,p. i33.)
Notre traité se trouve, dans les deux listes et dans celle
de M. Steinschneider, sous le n° i.
XllI. «)C3 ':nt<, « Soubassements d'argent ». Ce traité for-
.S.u.l
\ I.
it SUIV.
DU XIV' SIECLE.
509
mail la seconde partie du Livre du mystère; il comprenait
l'explication des livres autres que le Pentateuque. L'anteur
l'appelle aussi hvvn o, « livre de similitude », parce qu'il doit
servir de guide pour l'application de la méthode logique à
d'autres passages. Il fut composé vingt ans avant la liste,
c'est-à-dire en i3ii (d'après B). Ce traité, maintenant Voir ci-dessous
perdu, n'est mentionné par Caspi que dans l'épilogue du l'^^o.noie;.
commentaire sur l'Ecclésiaste , à moins de croire que quel- Voir d-cicssous
ques passages cités plus haut sont tirés de ce traité plutôt
que des commentaires sur les livres bibliques auxquels ils se
rapportent.
Ce traité se trouve au n" -3 dans les deux listes de l'au-
teur et dans celle de M. Steinschneider.
p. 5 18.
Voir ci-<lessus ,
|>. .^ç)^ vt suiv.
XIV. »)C3 •'piîD, « Bassins d'argent » (tel est le vrai titre, et
non pnto, comme porte B),par allusion au passage biblique,
Nombres, vu, 84- Cet ouvrage a pour but d'expliquer les
pages relatives à la création et d'en montrer la tendance.
Dans A, Caspi se vante encore d'avoir trouvé de nouvelles
explications. Aucune bibliothèque, à notre connaissance, ne
possède cet ouvrage.
Ce traité est le n° 7 dans les deux listes et dans la liste
de M. Steinschneider.
XV. »iDD nnotç,» Faucilles d'argent », commentaire sur Job,
intitulé, dans B, i4, »id3 jn'je;, «Table d'argent». Le pre-
mier titre indique, dans B, 12, un commentaire sur les
Psaumes (Usez n^"'t?lP). D'après B, 1 4, Caspi dit ce qui suit :
• Dans ce traité, j'ai expliqué le livre de Job d'une manière
« merveilleuse, quoique parfois autrement que Maimonide. »
Voici la traduction libre de la préface, d'après le manuscrit
unique de Munich, n" 2 65.
« Joseph ibn-Caspi dit : Après avoir loué Dieu , je m'excuse
«detre obHgé de critiquerles commentateurs qui m'ontpré-
« cédé, comme je l'ai toujours fait en tête de mes autres
« livres, savoir le Sépher has-Sod et le Sépher ham-Maçreph.
« Le seul reproche qu'on pourrait me faire, c'est de n'avoir
3 s
Voirci-dosous,
537.
Voir ci-dessus ,
5o5.
Voir ci-dessus.
X.»- SIÈCLE. 5*0 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« pas compris leurs explications. Après cela je dirai que le
« savant accompli R. Moïse [Maimonide] a établi , dans le dix-
M septième chapitre de la troisième partie de son Guide, les
«différentes opinions qui partagent les hommes; il a men-
« tionné celles d'Aristote, des sectes ascharites et niotazélites ,
M plus l'opinion de notre Thora. »
Caspi donne ces opinions en abrégé, puis expose ses
propres explications, qui sont tantôt en accord, tantôt en
désaccord avec Maimonide. Voici ce que notre auteur pense
du livre de Job. Job a certainement existé, et il était, comme
le texte le dit, intègre, juste, craignant Dieu. Ses trois amis
se fâchèrent contre lui, parce qu'il prétendait que Dieu
avait commis une injustice en lui imposant de telles souf-
frances. Tous les trois croyaient à la justice qui punit; Eli-
hou est plus indulgent; car il sait qu'on ne peut pré-
tendre à la vertu suprême comme celle de Moïse que par
l'observation des 6 1 3 commandements. On voit que Caspi
s'attache à la lettre du texte et toujours dans le sens ortho-
doxe. Après une longue introduction, dans laquelle il cite
et discuté les opinions mentionnées, il donne un court
commentaire du texte (fol. 53 à 58).
Fol. 58*. Ce commentaire est suivi d'un abrégé, intitulé ern^D ii^p
arK, « Commentaire abrégé sur Job». Caspi commence par
faire douze objections à l'opinion de Maimonide et ajoute la
sienne, qu'il a déjà développée dans son grand commentaire.
Nous mentionnons, à titre de curiosité, le passage suivant
qui se trouve vers la fm. A propos du passage « et on ne trou-
« valt pas d'aussi belles femmes que les filles de Job » (xlii,
1 5), Caspi dit que « c'est le plus grand éloge que nous puis-
« sions donner en général à une femme, et c'est en cela que
« consiste son bonheur. Tout homme distingué devrait porter
« là-dessus son attention et se marier avec une femme dis-
« tinguée, puisque Dieu a voulu qu'on se marie, et quoique
« moi-mêmeje n'aie pas observé cette règle »:n'7iyDn ttnn naon nn
Jinin"? uiST ma v^s irr" nna: dik "731 nnn"7sn K\ni ana nvttn 'rSn'? Sauw
De l'épilogue qui suit (si toutefois Caspi l'a écrite ce à
DU XrV' SIÈCLE. 511
quoi rien ne s'oppose), il est permis de conclure que
notre auteur avait plusieurs enfants et qu'il était riche.
Nous en donnerons un morceau : o'jiyn mairoo mK-)"? iiDr a-^nhnn
u^ja"?! u'7 p''Dd:w hd □•'Jisjn onann in-'i D''J"Jpni loyn ]Dt »)ijn mWo ntn
•«'jnj nn-'ij |>3 u'nuai «•'33 a""»!!!"?! li-'oy'? nwy'? U"na irrana n"''?e?n'7
lï a-'p^p» Dnani o^pm m noiw n"?sD3i n^porDO d-'T'W» pooa nn'm Dn''n
pK D-'pns W ^nmoa djdji «an ah^v^ riaiQ"? utid nnK ijy-in uniN naw»
nn iDx • Que Dieu nous accorde de jouir des biens terrestres et
« d'autres bonnes choses, afin que nous puissions placer nos
« fils et filles parmi les nobles et les riches, ainsi que parmi
«les savants 1 etc. »
Ce traité se trouve sous le n' 1 4 A dans Ténuméralion de
M. Steinschneider.
XVI. »iD3rm:D, «Flambeau d'argent». Ce traité com-
mence, dans le manuscrit de Munich, par les quatre hémi-
stiches suivants, contenant le titre de l'ouvrage, le nom de
l'auteur et le mot »)Da qu'on trouve, mutatis mutandis, en tête
de plusieurs autres traités de Caspi :
*\ov jj^sa jnu mt»3 «]D3 miao noo airaV Shki
*)oa3 là^ D3n3 "jwi *|dv n^w n"» mno vVjV
Le livre est divisé en quatre parties, renfermant un com-
mentaire sur le Char de Dieu. Le nombre quatre, dit
Caspi, répond aux quatre chevaux par lesquels un attelage
devient complet. Les quatre parties traitent: i° des passages
u'on trouve dans le Pentateuque, Jivre révélé et digne de
m, concernant soit la création du monde, soit l'ordre du
monde; peu importe que le saint livre contredise Platon
et Aristote ; Dieu n'a rien de commun avec ces deux philo-
sophes; 2° des passages qu'on trouve sur le même sujet dans
Isaïe; 3° dans Ézéchiel; 4° dans Zacharie. Caspi écrivit ce
traité à l'intention de son fils. Salomon, afin de l'initier à
la théologie, qu'il devra étudier une fois arrivé à l'âge
prescrit par le Talmud pour witrer dans le paradis (choses
mystérieuses, enseignements réservés). Dans le prologue,
XIV MËCLK.
l
XIV SIECLE.
r
512 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
intitulé nntiBD, « les clefs », Caspi dit: « Je sais que beaucoup
« de juifs d'une éducation inférieure me blâmeront pour
« avoir transgressé la recommandation que les sages ont
« faite de ne pas s'occuper de ces mystères. Ils me re-
« procheront même d'avoir violé l'engagement [pris dans le
Voir n-rio^siis, ,, Livre du mystère], en écrivant des commentaires sur le
« Guide des Egarés. Hélas! ces gens d'un esprit pauvre s'oc-
« ciipent de ma vie et ne pensent pas à la leur, qui est vide
« de la science appelée la connaissance des fondements de
« h Thora. Ne sont-ils pas eux-mêmes des incrédules, s'ils
« no s'occupent pas des cinq premiers préceptes mentionnés
M par Maimonide et que les sages appellent Pardès? Ils me
M font ces reproches parce qu'ils m'aiment, disent-ils, et
Il qu'ils craignent que je ne transgresse les obligations et
<i mon serment. Mais s'ils savaient que j'ai gagné dix pièces
« d'or et que je veux les leur donner, ils diraient qu'il n'y a
« pas d'homme sur la terre plus juste que moi. Je déclare
Il publiquement devant Dieu que je ne commets aucun pé-
« ché par la publication de cet écrit, et cela pour plusieurs
« raisons : i° je n'écris ce traité que pour mon fils, afin qu'il
«l'étudié à l'âge prescrit par les sages; 2° je ne révèle rien
«que la vérité, n'ayant jamais reçu la tradition d'aucun
« mystère, ni oralement, ni par des livres; je jure que je
« n'ai jamais demandé à personne de m'en communiquer
«un seul; 3" celui qui a permis à Maimonide d'expliquer
(1 certains mystères, comme il le dit dans la préface de son
« troisième volume du Guide, me permet également d'en
« expliquer d'autres; 4° je ne fais que m'occuper des paroles
« des philosophes (Aristote et ses collègues) relatives aux
« trois mondes ; c'est ce que nous appelons l'histoire du
«Char. Leurs livres cependant sont répandus partout,
« quoique malheureusement ils soient peu connus de notre
«nation.»
Avant d'attaquer la question du monde supérieur (il a
Voir fi-dessus, été parlé des deux autres mondes dans le livre intitulé
'' ^'*' »ic3 piio), Caspi traitera des différents noms de Dieu qu'on
trouve dans la Genèse, à savoir de Jahvé, d'Éloliim et des
Voir (-i-de'su'i
n. /,
DU XIV' SIECLE.
513
.\U MtCl.K.
deux réunis. Pour entrer dans cette question, Caspi écrit
une préface, intitulée a^nhn ii, « lampe de Dieu», dans la-
quelle il expose les théories sur l'être d'après Arislote et les
commentateurs Averroës, Alexandre [d'Aphrodisc], Avi-
cenne, Plolémée {cvmc'73) et d'autres qui ont pillé Arislote.
Dans le courant de ces e.xplications, oîi il est dit qu'Élohini,
d'après Moïse, a créé le ciel, la terre, le monde des intel-
ligences, et qu'en général Dieu est l'auteur et le créateur
des intelligences des planètes, des éléments et de tout ce
qui en est composé, on lit le passage suivant, reproduit
par M. Kirchlieim, d'après un manuscrit incorrect. Voici le
texte d'après le manuscrit d'Oxford n° i63i du nouveau
catalogue ', fol. 1 2' : o^:d inoi jpn ^»c; byi «dvd jp»*? d''3d ttvtt t(b^
hit "iVioh njsinm yiKn "jk ntaanm wysn rosy dv m'onn Vvca »iByrDi
. ]^Vl\> ON s?T!nD oWjn nx rpiae?nD Vsi lors m « Je n'épargnerai pas
« un vieillard de notre nation , qui s'enveloppe du manteau de
« la piété, clignant des yeux, regardant à terre, penchant la
M tête sur son épaule , et dont toutes les pensées se réduisent à
« se demander si le monde est créé exnihilo ou s'il est éternel. »
Cette tirade vise très probablement Lévi ben-Abraham , qui ,
semble-t-il, avait offensé Caspi par une réponse à son Livre du
mystère. Plus loin, Caspi s'exprime ainsi : 'dn ■'jn'?'' tvit av
nry i:Dt is lioi mit -m Vt n-non loja Ti^ni cana 'oimp n"? 13 ^n3 iiT» "jn
D'-iCi* •'h ni 'jKi VT« ■?» D''D "rps'i non Ti^n an •'3 «^^f nixa 1^« "'r''NT
nn33 naai nyoïi ja"? axD nSvD nri>n [••a] Tawn "«a rja Vk ncnso rm"? Tiuin
irnjiya nj. « Que le jour où ma mère m'a enfanté ne soit pas
«béni! Car si j'étais né à l'époque de Maimonide ou peu
« après, j'aurais été éclairé par sa lumière. Il y a vingt ans
«je me suis empressé d'aller en Egypte chez ses enfants, car
«j'avais cru que la supériorité descend du père au fils ; mais
« par malheur la lumière de Maimonide est éteinte. »
VVcurirh ,
Konini.
iiotr 3.
p. n.
(iatal.. ol. 56i).
M-., fol 19.
Le manuscrit d'Oxford n° j 63 1 , vers la fin, contient en-
core une note sur l'Exode, qui nous semble être de Caspi;
elle finit par les mots "jnj iio inn, « c'est un grand mystère ».
L'ouvrage est noté à tort , d'après un titre moderne , comme étant le HHD
min, tandis que c'est le fjoa mUD; le commencement manque.
TOME .YXXI. 65
3 5 1^ ..,.,...,. ..........
XIT' SIICI.K
514 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Ce traité est désigné par le n" 8 dans les trois listes des
œuvres de Caspi.
XVII. «103 mjn ', « Ceinture d'argent», commentaire sur
Esdras et les Chroniques.
A. Le commentaire sur Esdras se trouve dans le manu-
scrit n° 3G2 de la Bodléienne (nouveau catalogue). L'au-
teur dit qu'il sera court, le livre d'Esdras n'ayant pas besoin
de commentaire. Il cite le Josippon et renvoie, pour les qua-
lités de Dieu mentionnées par Esdras, à son ouvrage non en-
core composé , intitulé n ixik.
B. Caspi use de la même brièveté pour les Chroniques,
disant qu'il ne veut rien voler aux autres, et que son in-
tention est de ne donner que des nouveautés. Il adopte l'opi-
nion de Maimonide pour ce qui concerne la généalogie com-
mençant par les noms d'Adam, Seth, Enosch, en omettant
Gain et Abel. Il joue sur le mot b^n ( Abel) , disant que tout est
vain (San) dans l'histoire qui commence par Abel, et que cette
généalogie est un mythe. Il cite Galien, l'Éthique d'Aristote,
il renvoie à son livre n ijtk pour plusieurs passages qui ont
besoin d'être exphqués, par exemple pour celui qui rap-
porte que David aurait tué les prêtres de Nob et pour plu-
sieurs autres qui renferment des mystères. Sur le ])âssage
I Chron. XIII, lo, Caspi dit ce qui suit: inxn 'jy n^ nhv -!»« bs
^\^van irai* ■'3 av udi^d "i331 bvn Sï "îkidc? 3ni3 an3«f no niion nt njn
DJomK "'iKin \D irv aV rrnaj M^ivv «;kb"'T'0''B onsijV p^nvon loann ]:i
»T nhz. « Le mot rhv est synonyme de hvn que donne Samuel
« (II, VI, 7), et que nous avons expliqué dans le sensd'« er-
M reur». Le traducteur des chrétiens le rend par temeritas,
• c'est-à-dire courage exagéré, comme en langue vulgaire le
« mot ardiment se prend en mauvaise part «
Ce titre d'ouvrage se trouve dans la liste A , n" 1 6, comme
appartenant à un commentaire sur les Proverbes; dans B et
dans la liste de M. Steinschneider, ce traité porte le n" 1 8.
Voir ri dessous, XVIII. »jD3 nB3, • Coupcs d'argent». Dans la liste A, 10,
p. S.io.
' Ce titre *e trouve dam ie pott-fcriplum da manuscrit oaiqne d'Oxford.
DU XIV SIÈCLE.
515
XIV SIKCLR.
ce titre se rapporte à deux dissertations d'exégèse. D'après
la liste B, c'est un commentaire sur les livres deRuth et des
Lamentations. (Voirn" lo, p. 54o.)
A. Ruth. Caspi dit dans la préface : « J'ai vu la terre dé-
« vastée et ses habitants en train de mourir (Isaïe, li, 6), et
« il ne reste dans ce bas monde que des gens de peu d'intel-
« ligence. Je me suis donc proposé d'étudier les livres saints,
« en commençant par le Pentateuque, qui est la base, et en
«continuant par ces deux Megiiilloth, qui renferment des
« faits et des narrations. Nous avons achevé d'abord le com-
a mentaire sur le Pentateuque (il est difficile de savoir si
• Caspi fait allusion au commentaire simple ou au Livre
« du mystère) ; puis j'ai passé aux deux autres livres, quand
«j'ai vu que la communauté récite le livre de Rulh le jour
«de la Pentecôte, comme elle récite à haute voix le livre
« des Lamentations la veille du 9 ab (jour de la destruc-
• tion du Temple), et le livre d'Esther la veille de Pourim.
« Ces lectures sont, sans aucun doute, une bonne chose
« et s'adaptent à la solennité. Mais il serait nécessaire d'en
« comprendre d'abord le sens avant d'en faire la récitation.
«C'est pourquoi je compose ce commentaire, comme j'ai
« fait pour les autres livres de l'Ecriture sainte. Je serai
« très court cette fois ; car ce que mes prédécesseurs ont écrit
«suffit jusqu'à un certain point; il n'y a que peu de pas-
« sages sur lesquels j'aurai quelque chose de nouveau à
« dire. »
Le but du livre de Rulh est, selon Caspi, la généalogie de
David; mais il y a toujours, comme dit Maimonide, un côté
moral dans toutes ces narrations. Caspi renvoie ici à son
ouvrage intitulé »)D3 ptb. Comme dans ses autres livres, il
donne des explications de grammaire et de lexicographie,
disant souvent «et c'est la même chose dans l'usage
«du ""Dn, roiimi (latin ou provençal) ». 11 se sert aussi de
la logique. Il renvoie pour les trois verbes rfbn, Swj, »)'?w, qui
s'appliquent à la chaussure, à ses explications sur Ezéchiel
(peut-être dans le nos nuo); à la fin, il renvoie à son n ^x^K,
non encore composé.
65.
Mj. dOxford.
fol. 8i '.
Voir ci-dessus
5ii , art. XVI.
XIV SIECLE.
Calai. (I),' (^aiii-
liriilgp, |). 207.
nnJK, II.
Kiiclilicini
KoDim.. |>. IV.
r,ii(yclo|>a'<iic
05, noir '10'
Voiiii-desious,
]t. 533.
Voir ci-dessiis ,
\>. I97. irviii.
516 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
On trouve des manuscrits de ce commentaire à .Munich
n° 265, et à Cambridge n° 64-
Ce traité e.st le n° i5 de la liste A, le n° 16 de la liste B
et le n° i5 A dans la liste de M. Steinschneidcr. Le n° 10
de la liste A n'a que le titre de commun avec l'ouvrage dont
nous venons de parler.
B. Lamentations. Le commentaire sur les Lamentations
a été imprimé dans la lettre 28 de feu M. Reggio, d'après
un manuscrit de .sa bibliothèque. Il a été réimprimé à Vienne,
dans le livre intitulé n^:a pVx (i853). Quelques passages
douteux pourraient être corrigés à l'aide d'autres ma-
nuscrils. Ainsi, v, G, il faudrait, avec les manuscrits* de
Munich et d'Oxford, lire «m ]Di 'jic au lieu de f\vj. Les Lamen-
tations, selon Caspi, ont été écrites par Jérémie et forment
un supplément de son livre; le troisième chapitre se rap-
porterait à .sa propre personne. En cet ouvrage plus qu'ail-
leurs, Caspi allègue des rai.sons tirées de l'arabe (il men-
tionne le Targum et la traduction arabe du Pentateu([ue
par Saadiah; il cite Ibn-Djannah, fait des renvois à Platon
et à Aristote. Parmi ses propres écrits, il mentionne le 'n isin,
non encore composé, et le a^ycn ntc, déjà écrit.
Les manuscrits de ce commentaire se trouvent à Munich,
2654; à Oxford, 35 1 , 3; 362, i*"; à Cambridge, 64-
Ce commentaire est le n° i5 de la liste B de l'auteur
el 1 5 B de celle de M. Stein.schneider.
n 1 09 1 ,
l'aris,
XIX. r\c3 ^h^hi^ « Rouleaux d'argent», commentaire sur le
livre d'Esther. Caspi dit, dans une courte préface, que la vo-
lonté de Dieu l'a amené, en l'année 6091 (i33i), dans la
grande ville de Majorque, où il s'est arrêté pendant six
mois. «J'y ai joui, dit-il, de l'amitié du médecin le cohen
M don Eléazar ben-Adrut (omN), et d'autres notabilités de la
« ville. Pendant le temps de mon séjour avec eux, j'ai tiré
« de mon trésor de la « vaisselle d'argent » (jeu de mots : '<r\-<vy
«»1D3"''73"'dd3d; ces deux mots représentent le titre de l'en-
« semble de ses ouvrages, «mon argenterie»), en trouvant
«des nouveautés; car grâce à Dieu j'en ai en abondance
DU XIV SIECLE. 517
« (irK»)03 3i). Ainsi j'ai composé lo commentaire sur Esther,
M parce que ce livre renferme des mystères que mes pré-
<( (lécesseurs ont en vain essayé de pénétrer. J'ai laissé ce
u commentaire comme souvenir à mes amis de Majorque, et
« de cette ville je me suis rendu à Barcelone au mois do.
«schebat 6092 = janvier i332.^) Càspi dit ensuite que
beaucoup d'écrivains avant lui ont commenté ce livre, mais
que, selon son habitude, il ne prendra rien aux autres; car il
a toujours l'intention, dans ses écrits, ou de réfuter ce qui a
été dit, ou de donner des explications nouvelles, auxquelles
ses prédécesseurs n'ont pas pensé.
Caspi s'efforce surtout de prouver par la logique que les
lettres et décrets mentionnés dans Esther ne se contredisent
pas les uns les autres, comme Abraham ibn-Ezra a voulu le
soutenir. Dans un supplément à ce commentaire, (jui se
trouve dans le manuscrit 36i de la Bodléienne (le com- (.^.tai
mentaire lui-même manque), Caspi fait une dissertation
étendue sur le vav conversif, et explique pourquoi les juifs
ont eu finalement le dessus sur les païens, tels que les Egyp-
tiens, les Chananéens. H cite ici l'Ethique d'Aristote (mcn o) ,
et il renvoie pour de plus amples détails à son commen-
taire sur le Pentateuque. A la fin, dans le manuscrit de
Munich, Caspi énonce sur le livre d'Esther un jugement qui
n'est pas celui de la critique moderne : « Dans ce livre il y
«a d'excellentes choses; car le grand sage Mardochée l'a
«composé, et le livre appartient à la classe des livres pro-
« phétiques, inspirés par le souffle divin (Caspi renvoie pour
« les différents degrés de la prophétie au Guide des égarés).
« Tous les prophètes ont suivi la trace de la loi sainte, c'est-
« à-dire qu'ils ont donné, dans toutes leurs narrations, l'en-
«seignement des sciences et de l'éthique, comme je l'ai ex-
« pliqué ailleurs. Car il est impossible à la raison saine de
«concevoir que les prophètes aient composé des livres avec
« des contes de femmes, et de penser que Mardochée aurait
« écrit l'histoire d'Assuérus , d'Esther, dé la ville de Suse et
«d'Aman comme une simple fable. Non, il y a dans tout
«cela une intention supérieure, comme R. Isaac l'a dit
\l> SIECI.t..
Xlï' MÈCl.t..
518
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« (nous ne savons pas quel est cet Isaac). Parmi les mystères
«que le livre d'Esther renferme, il en est un qui n'est pas
« aouleux : c'est celui de la providence de Dieu et de sa
« bienveillance pour nous, si nous nous adressons à lui en
« priant et en jeûnant. »
On trouve des manuscrits de ce commentaire à Paris,
n° 1092, 5, età Munich, n° 265, 3.
Ce commentaire est le n° 19 de la liste A, le n° 16 de la
liste B et de celle de M. Steinschneider.
XX. «1C3 mxisn, «Trompettes d'argent». Dans la liste A,
n" 12, ce titre se rapporte seulement au commentaire sur
l'Ecclésiaste , tandis que le commentaire sur les Proverbes
est intitulé »iC3 nun.
A. Commentaire sur le livre des Proverbes, achevé à Ta-
rascon, ville où demeurait Caspi (d'après le manuscrit de
Munich, n° 266, 1), dans le mois de schebat 6090 = jan-
Komm. p. Mt. vier 1829 ou i33o. C'est, comme le dit M. Kirchheim, le
meilleur des commentaires de notre auteur, si toutefois on
peut accorder aux commentaires de Caspi une valeur exégé-
tique, La préface est très courte : « Caspi (dans le ma-
« nuscrit de Munich ben Sodi) dit : Ce livre est analogue
M aux. livres des sentences des philosophes; il ne contient
« selon moi aucun mystère; tout peut s'y expliquer littérale-
« ment.» Quant à la composition du livre biblique, Caspi
dit (chap. x) avoir déjà exprimé l'avis que Salomon n'est
pas l'auteur du livre des Proverbes d'un bout à l'autre,
mais qu'il a dit ces proverbes à ses serviteurs et à ses
princes, d'après le verset : «Heureux tes serviteurs et les
« hommes qui se tiennent devant toi et qui écoutent tes pa-
« rôles (II Chron., ix, 7). » Ce sont donc les princes qui les
ont mis par écrit; c'est pourquoi on a employé le pluriel » Pro-
« verbes ». A propos du chapitre xxiv, Caspi dit qu'on trouve
en cet endroit la preuve que Salomon n'a pas composé tout le
livre et ne l'a pas ordonné comme nous l'avons, mais qu'il a
dicté ou écrit ses sentences isolément, les unes un jour et
les autres un ou deux ans plus tard. Pendant sa vie ou après
DU XIV* SIECLE. 519
lui, les gens de Jérusalem ont copié successivemenl ses pa-
roles, de sorte que les dernières ne furent publiées qu'au
temps d'Ezéchias, roi de Juda; car ce roi était un grand
sage. En cherchant dans ses trésors, les « gens d'Ezéchias »
(Prov., XXV, i) auront trouvé un nouveau recueil salo-
monien, l'auront copié et ajouté au précédent.
Ici, Caspi, répétant sa pensée favorite, dit qu'il n'est
pas fait pour copier des livres et des commentaires, qu'il
veut toujours être original. Dans ce commentaire encore
Caspi parle amèrement des critiques qui lui reprochent de
s'être adressé, dans son livre Sod, « à ses fds » , comme si tous
les hommes étaient ses enfants. Caspi affirme que ses com-
mentaires sont bien réellement destinés à son fds aîné, qui
est à Barcelone. Salomon a fait de même, quand il a écrit
ses Proverbes pour son fds Roboam, et, comme disent les
sages, chaque père fait des recommandations à son Gis. Caspi
cite, dans les Trompettes d'argent, son commentaire sur
le Pentateuque, qui, à en juger d'après les passages cités,
devait être plutôt grammatical que mystique; il dit souvent
qu'il faut suivre aveuglément les massorètes.
Dans un épilogue que présentent presque lous les ma-
nuscrits, Caspi a un moment de modestie : il reconnaît
que ce serait une grande prétention de sa part de se
croire destiné à dire des choses que ses prédécesseurs ne
savaient pas. Non, il n'a voulu composer ses commentaires
que pour f usage de son fds, qu'il a fait sortir de ce « pays
« maudit » pour le placer à Barcelone parmi les nobles. En
l'éloignant de lui, Caspi a voidu, du moins, lui apprendre la
morale, parce qu'il l'aimait (Prov., m, i a). Le roi Salomon
a fait de même pour son fds Roboam; il le choisit d'entre
toute la nation pour être son successeur, et il composa pour
lui ce livre des Proverbes, afin de le guider dans la vie et de
le maintenir dans la sagesse. Mais Dieu ne favorisa pas les
desseins de Salomon. Roboam fut brisé parce qu'il ne mar-
chait pas selon les recommandations de son père. Caspi, en
conséquence, exhorte son fils à toujours suivre les conseils
paternels.
\IV' SIÈCLK.
\IV SIECl.F.
520 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
hiioar
Les manuscrits de noire commenlairo sont assez rares;
on en trouve à Paris, n" i84, 3, et à Munich, n" 365, i.
13. Deuxième partie des Trompettes d'argent, com-
mentaire sur l'Ecclésiaste. «L'EccIésiasle, dit Caspi, est
" l'œuvre de Salomon. nhnp (assemblée) veut dire que toute
« la sagesse est assemblée en lui. C'est l'analogue du mot iijk
« (Prov., XXX, i) qui dérive de yT3 i-x (Prov,, x, 5). Après le
M nom de l'auleur, on nous indique, selon la manière des
" philosojîhes, le but du livre, qui est de montrer que tout
«dans ce monde est vanité. . . « (laspi ajoute que l'auteur
n'a pas voulu dire que le monde liii-nunne fût vanité; car,
dans ce monde intermédiaire et plus encore dans le monde
supérieur, il n'y a pas de vanité; mais vanilé est tout ce que
l'homme fait dans ce monde, et même ses efforts pour at-
teindreà la philosophie, puisqu'il ne devient parfait que par
l'àme raisonnable s'unissant à l'intellect actif. Là les efforts
sont réels; car il n'y a pas de doute qu'avant Salomon on
avait essayé d'arriver à une telle perfection. Salomon parle
seulement des choses qui se passent sous le soleil; celles-là,
en effet, sont vanité, tandis que les efforts philosophiques
sont au-dessus du soleil et même au-dessus de la planète
qui préside à chaque jour. Salomon prouve sa thèse à
l'aide de vingt et une démonstrations. ,
A la fm de son ouvrage, Caspi répète pour la vingtième
fois qu'il n'aime pas à redire ce qui a déjà été dit, qu'il ne
lai. .i< cam veul donncr que du nouveau. A 1 occasion du verset 6 du
chapitre i, Caspi fait la réflexion suivante : « Ainsi font ceux
« qui ont planté des vignes pour un certain temps et en-
« suite arrachent les plants, détruisent leur ouvrage. C'est
« ce que nous voyons aujourd'hui dans notre pays, où l'on a
«planté beaucoup de vignes partout, parce que le pape est
« venu y habiter, en sorte que le vin est tombé à bon marché
«et que les céréales (nKiar) ont renchéri. A présent on dé-
« truit les vignes et on en arrache les plants pour refaire des
« terrains propres aux semailles. Et, à plus forte raison, si le
« pape se décidait à retournera Rome, il y aurait des champs
«et des vignes sans nombre qui resteraient déserts.» ^
ciso, p. zoO.
DU XIV' SIECLE. 521 „.„„,
Scndsrliroiboii,
p. xi\.
Caspi donne, dans un épilogue, la date do la com-
position de ce commentaire. Voici la traduction de cet Voir iviies.
épilogue d'après le manuscrit le plus complet, Oxford,
n" 2849 du nouveau catalogue : « Joseph ibn-Caspi dit : J'ai
«été jeune et je suis devenu vieux (Ps. xxxvii, iô), et j'ai
0 déjà fait plusieurs commentaires. [' Dans ma première jeu-
«nesse, j'ai écrit des explications sur le commentaire du voir .i-dcssus,
« Pentateucpie par Abraham ben-Ezra et sur la grammaire •' ^^'-'«83
« d'Ibn-Djannah. Plus tard, dans ma vieillesse, j'ai fait les
«livres intitulés has-Snd, ham-Maçrepli et liani-Maschal. Puis •'»"'•• p- 5o5.
«j'ai composé des commentaires sur les livres de Josué, ibi,i., ,>. ig-^.
« d'Isaïe, de Piulh, de Job et des Proverbes, guidé par mes "" *'
«pensées et ma volonté.] A présent que je suis âgé de cin- n' un. ^
«quante ans, que la vieillesse s'est jetée sur moi et que je iwa., i>. 5i4,
« m'en ressens, j'ai fait un commentaire sur l'Ecclésiaste j^j,, ' ^^
«[pendant mon séjour à Perpignan, où Dieu a préparé la ""nv, sis, n-xx.
« demeure pour ma hlle^, comme il l'a fait pour mon fils à „.y"'' ' '' ''^'''
« Barcelone] ». Les lignes suivantes contiennent un sommaire ihid., p. /190.
des remarques qu'il a faites sur l'Ecclésiaste. Caspi a com- "'■''
posé encore d'autres ouvrages avant l'âge de cinquante ans,
comme nous l'avons vu; mais il semble parler ici unique-
ment des commentaires. C'est ce qui explique qu'il désigne
le commentaire sur l'Ecclésiaste comme le sceau de sa vie
(o"n'? nOTn ntn 'isn n^rv>v TiiD pb).
On trouve des manuscrits de ce commentaire à Oxford,
n" 362, 1349; ^ Parme, n" 46i.
C. Troisième partie des Trompettes d'argent, commen-
taire sur le Cantique des cantiques. Ce n'est pas un com-
mentaire à proprement parler. Caspi reconnaît que d'autres
avant lui ont expliqué les mots du livre. Il se contente de
donner une introduction, et encore d'après Maimonide.
11 applique au Cantique une exégèse symbolique et croit
que ce dialogue d'amour représente la relation de l'intel-
lect actif avec l'intellect humain. Celui-ci est divisé en
quatre catégories, parmi lesquelles l'intellect émané occupe
Les mots entre crochets manquent dans les autres manuscrits.
* M. : 'n'3 au lieu de <n3.
TOME x\xi. 66
xn' aiici.i.
522 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
la première place et est représenté par « la plus belle des
«femmes». Gomme il y a trois espèces de prophéties, sa-
voir celle qui est claire, celle qui est mystique, et celle
qui réunit ces deux formes, ainsi Salomon a composé trois
espèces de livres : l'Ecclésiaste, qui appartient à la première
espèce; le Cantique des cantiques, qui appartient à la se-
conde, et les Proverbes, qui ont à la fois un sens simple
et un sens symbolique. Nous apprenons, par le commence-
ment de cette introduction, que cet ouvrage a été fait
après les commentaires sur les Proverbes et sur l'Ecclé-
siaste. Cette introduction a été imprimée (mais les exem-
plaires de l'édition sont plus rares que les manuscrits), en
tête de deux commentaires sur les Cantiques, par Isaac
Akrisch à Constantinople, en 1577. D'après M. Stein-
Caïai. camiii., schneider et d'après M. Schiller-Szinessy, qui a travaillé sur
'* '*"' un manuscrit de celte introduction , l'édition laisse à désirer.
Akrisch donne notre introduction pour préface aux deux
autres commentaires qu'il imprime, celui de Jacob Provençal
et celui de Saadiah Gaon , traduit de l'arabe en hébreu. Nous
ne pouvons pas discuter ici la question de savoir si ce
dernier commentaire appartient réellement à Saadiah. Nous
Ham - Maggid, notcrons seulement qu'à la suite de l'article écrit sur notre
'^'^ ' auteur par Hayes, M. S. Deutschlânder considère le com-
mentaire de J. Provençal comme émanant de notre auteur.
Ces commentaires figurent sous le n" i3 dans la liste D
de l'auteur et dans celle de M. Steinschneider.
XXI. HD3 nnyp (chez M. Steinschneider msp), « Plats d'ar-
« gent » , traité qui , d'après la liste A , 9 , a pour objet : 1 ° de
prouver que la Loi renferme l'idée du bonheur spirituel et
celle de l'immortalité, supposant le séjour dans le paradis, à
rencontre des nations (les chrétiens) , qui disent que la Loi ne
promet que des biens matériels; 2" d'expliquer l'idée en
Kiode, XX, 5. apparence étrange que Dieu punisse l'iniquité des pères sur
les enfants, et en général de résoudre la contradiction de la
justice divine, qui laisse le méchant heureux et l'homme
pieux dans le malheur. Cet ouvrage de Caspi est perdu, du
-tu
r»« «<(«»•««•:
DU XIV' SIECLE.
523
XIV* SIÈCLE.
moins jusqu'à présent. D'après la liste B, 1 7, ce traité serait
un commentaire sur Daniel. Dans son commentaire sur
les Lamentations, iv, 22, Caspi renvoie, en effet, à un
commentaire sur Daniel, sans lui donner de titre contenant
le mot «1C3. Par la citation de notre ouvrage avec le titre
»)d: r-iyp que Caspi donne, dans le commentaire sur le Guide
(article suivant), à propos du jwssagc Exode, xx, 5, on
voit encore que la liste B est la plus correcte. Ce titre se
trouve dans l'énumération de M. Steinschneider sous le
numéro 1 7.
Komm. , p. 8.
XXII et XXIII. «103 niDï, «Colonnes d'argent», et nvsco
«)D3, « Images d'argent, » titres sous lesquels sont imprimés
les commentaires de Caspi sur le Guide des Egarés. D'après
la liste B, 9, le titre »)C3 me» doit expliquer les narrations
et les légendes dont Maimonide parle dans son Guide,
troisième partie, au nombre de quatre ou cinq. «J'ai com-
• mencé, dit Caspi, cette explication dans mon livre »)d3 n-'o,
« et je l'achève ici. » C'est donc un appendice au Livre du
mystère. D'après la liste A, 3, Caspi explique, en cet ou-
vrage, les passages de Maimonide qui sont relatifs à des faits
admettant une exégèse littérale; en effet le texte s'accorde
avec cette donnée. Quelques bibliographes disent simple- Em)ciopa;die,
ment que ce traité contient des explications sur des passages •' ^^- ""^ "
du Pentatcuque. Plus tard, Caspi appliqua le titre en ques-
tion à son commentaire du Guide des Egarés, envisagé
dans sa totalité.
Ce commentaire sur le Guide des Egarés de Maimonide
nous est connu par deux ou trois rédactions différentes.
Il y a d'abord la rédaction qui a pour titre mion mx^a, « Ex-
• plication du Guide ». Cette rédaction se trouve dans le manu-
scrit de Munich n° a 63, sans préface. L'auteur n'y cite expres-
sément aucun de ses ouvrages, et il ne divise pas le traité en
deux parties, comme dans les autres rédactions. M. Stein- Caui. Munich.
Schneider dit cependant que l'ouvrage »)03 piio y est cité ^ ^*:
deux fois de la manière suivante : nwyoa "mn^c -rn-rp idd p. 509 . n* «w.
n^cKia , « livre de mon unique prédilection, que j'ai consacré
6&.
XIV SIECLE.
Brùll, Jalii
524
I.ES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
IX, p. 73.
Komm.,
Voir cidrssu».
p. 5i I. n" ^^!.
Ms. u' 1268,
fol. 6 b.
Eiicyclopaedie,
l>. G6, note A 5.
Voir l'article sur
Moïse (le Nar-
honne.
«au chapitre de la Création », et qu'on y trouve de meil-
leures leçons pour le texte que dans les autres rédactions.
M. Steinschneider promet de plus amples détails sur cet
ouvrage. M. Kirchheim, d'après certains renseignements,
dit que ce commentaire n'est qu'une compilation d'autres
commentaires faite par un auteur anonyme.
Une autre rédaction se trouve dans le manuscrit d'Ox-
ford n" 12 58, qui s'arrête au cinquantième chapitre de
la première partie, et à Paris, n" 696 et 700, 7. Il est pro-
bahle ([uc lo fragment de commentaire qui suit dans le
manuscrit d'Oxford est également de Caspi, en sorte que
le manuscrit renfermerait des retouches, des lacunes, et
ne contiendrait pas l'œuvre entière de Caspi. M. Stein-
schneider a raison de considérer ce texte comme une
.seconde rédaction. Dt^à, dans la préface qu'on y trouve,
aussi bien f[ue dans celle de la troisième rédaction, on
voit l'auteur faire des renvois à ses ouvrages, en particulier
au »icD muD. Dans la première rédaction, Caspi dit qu'il n'a
pas l'intention de publier de commentaire sur les pa.ssages
mystiques, et ici il donne l'explication du titre « Tré.sor de
M Dieu». M. Steinsclmeider fait observer que les chapitres,
dans le commentaire manuscrit, sont beaucoup plus courts
(plusieurs n'ont que deux ou trois lignes) quedans celui qui
est imprimé. En outre, dansle commentaire manuscrit, Caspi
cite ses ouvrages avec les titres symboliques renfermant le
mot «iDD, «argent» (très fréquemment dans la première
partie, un peu moins souvent dans la suite) , tandis que dans
le commentaire imprimé il ne cite aucun de ses ouvrages.
Dans la deuxième rédaction, il ne dédie pas son livre à son
fds, comme cela a lieu dans le texte imprimé. Une autre
particularité de la rédaction du manuscrit d'Oxford, c'est
3ue Caspi y rapporte (i, 4) une opinion qu'il avait apprise
e ses maîtres, « les sages de l'époque à Perpignan » (Tyo»
îK"'jiôT'D rjnoa i::dt •'osn 'maT 'lan). Nous verrons que Moïse de
Narbonne mentionne en i349 ^"^ société savante à Perpi-
gnan. D'ailleurs, nous avons vu qu'il existe trois rédactions
du commentaire de notre aviteur sur Ibn-Ezra; pourquoi
DU XIV SIECLE.
525
n'en aurait-il pas été do même pour le commentaire sur le
Guide ?
Voici la préface d'après le manuscrit d'Oxford : onson idk ''
nvsv i-n:i Nity px ODnn nian"? m^vvv t-ns mion 'ob ncis nwh 1:02113
Dribs"? ]i;i px anaii Drii'73'? ]i:: onai '?'71d i332n 'en m nrn ir '?3N .'-ix 'cS -ià
moy xnpx nn (sjc) nùjnn D-iiisj '''^^^^tD xn D''p'7n 3 ncncs "^n* d: ncvx
[oiD]3i Dinn iTHM nnp3 nn nan iKaM DniVa"? }i33 pxc? 'nsina "jcrn . t)D3
n»iy ':« ■'3 »n . «ic3 rr3C?D '•do "jyi '" isin pbnn m xnpj pVi Tin^ixa
Vt ain ne?»» 1033 mn 'oa D"'"nN''3 nsp in d^witid "'3"'n"in3 ^12-ivh ^N^1^
'""131 n''73ipDn nintxn 'jy Vt '•'n3T PKnin nnx nin iddh nsns iDSi*"? nxiin
"*? nicv"? ny nox Vy V't D2y©n njni 3r33 iiDxV "inct nnx ^x hd '7y3C*
Dn3T ""jy pi nn"'n x*? njn 3-in iny^3an lox nyi3c;n Vy dxi : "|niin nrn
133 'rD ino iDiyi y3cnD n\T 03 myi noy o'dids rn'« onixi □''niD □n'iT'
'Dxe? nD3 n' VyiB "jyi '33 Vy p^no '•jk ht"? »]-nso • mrnn cm nnoin mnrxn
pns nVnj nx:ix i:"'y3 hm ]13X3 ^3X ninw ncD i3i n3ncn yjcn -3 V'i xin
b'j ©■ir3 oniDn DXip tx iV "'ixnn ;d rDxn pe?y n^n i'7X3i o-'Jijnn aiTo'?nn
x'?! ]ir:n"7 poo nvj iàv 'cxc; nD3 Vt mnx "i»D3 'jx •'3 niy yni .inuiT"
rity'7'7 'pyT px nDD >n©y3 '3X p pco '73 mm"? inyï i^xe; d3 ]ry3 n-'V^nno'?
IX oiT'D ^^s^^e? "j'ya nxi^o no "1X3X1 ©iBX '73X npii^n"? hz pco oib'ji
: ntym me^Tin Vxerx D'nVxnoi . no ■iix''3
Nous avons dit que les commentaires de Caspi sur le
Guide des Egarés ont été imprimés sous le titre de »i03 mcy,
«Colonnes d'argent», et de «)D3nr3e;D, «Images d'argent».
Le premier de ces commentaires a pour titre >id3 nnp: dans
la liste B. Le titre «id3 rr3e;D est cité au fol. 1 7 du manu- ''
scrit d'Oxford.
Pour expliquer le but de ces commentaires multiples, il
suffit de traduire la courte préface de l'ouvrage. Nous allons
le faire d'après l'édition de M. Salomon Werbluner, ayant
pour titre Die Kommcntare von Joseph Kaspi, einem Gramma-
tiker und Philosophen aus dem 13. Jahrhnndert , zu Dalalat
al Haïrin von Moses Maimuni. Nach den Handschriften der
kônigl. Hofbibliothek zii Muncken und- der Stadtbibliothck
zn Leipzig, nebst verschiedenen Verbesserungen und Zusdtzen
von [R. Kirchheim]; Francfort-sur-le-Mein , i848. « Le dé-
« sir de mon âme a toujours été de comprendre la Bible par
« la méthode de la logique et de la philosophie. Nos livres
3 B
MV SIECr.K.
Voir
183.
Voir
5:53
ci-di ssous ,
11" XXVIII.
XI\' StKCLF..
Voir ri-dessus ,
p. 5ii. n" vvi.
CaUl. Viiulob.
I, p. 84, et II, p. 70.
CaUl. Taurin,
p. 208.
BrùU. Jahrb.
IV. p. 79.
526 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
«ont été pillés par des étrangers, et le seul ouvrage de
« métaphysique qui nous soit resté est le Guide des Égarés.
« Je me suis donc décidé à composer un commentaire sur
«ce livre, qui comprend 177 chapitres, nombre équivalant
•là la valeur des lettres jiir jj, « Paradis ». Nous expliquerons
« d'abord les passages qui ne contiennent pas de choses
«mystérieuses, et nous intitulerons cet ouvrage «id3 moy,
«Colonnes d'argent»; pour les mystères nous composerons
M un commentaire à part sous le titre de n nsiK, « Trésor de
« Dieu », et pour qu'il renferme notre nom, il portera aussi
(I le titre de »icd nr:»D. Pourquoi j'ai osé soulever le voile de
«tels mystères, après que Maimonide avait adjuré chacun
« de ne pas le faire, c'est ce que j'ai expliqué dans mon ou-
« vrage appelé Chandelier d'argent. De fait, j'ai risqué mon
« âme pour être utile à celui qui a envie de s'instruire. Que
« m'importe la paix de mon âme, ô lecteur, si j'ai fait avan-
« cer la connaissance du Guide, que tu n'aurais peut-être pas
« compris sans moi? Que la malédiction vienne sur moi, et toi
« tu prendras la bénédiction (Gen. xxvii, 1 3). En tout cas, je
«fais ce travail pour mon fils aîné Abba Mari', à Barce-
« lone; que Dieu lui soit toujours favorable! »
Outre les manuscrits de Munich et de Leipzig, sur lesquels
l'édition a été faite (M. Steinschneider dit que le manuscrit
de Vienne a été mis à contribution, mais le titre de l'édi-
tion ne mentionne rien de pareil), on trouve encore pour
la première partie des manuscrits, à Paris, 696, 700, 7; à
Vienne, I, lxx; au Vatican (Urb. a4), à Turin, 197 a.
M. B. Peyron n'a pas reconnu que les folios q3 à 45 de ce
dernier manuscrit sont la continuation du même commen-
taire; ils se rapportent aux parties II et III du Guide.
M. Peyron donne dudit manuscrit la description suivante :
Fragmentum operis metaphysici in II partes distincti, ignoto
auctore. M. Steinschneider a deviné l'auteur sans avoir vu
le manuscrit. Pour la deuxième partie, on trouve des ma-
' Dans le manuscrit de Munich, il y a David Mari; M. Kirchheim propose de
lire Salomon; voir ci-dessus, p. 479- Dans le manuscrit de Paris, n' 696, les mots
KJl'7X')33 serrn aumquent.
DU XIV SIÈCLE.
527
nuscrits à Paris (n^ôgS, 694 et 700, 8) età Turin (197 c),
avec les titres susmentionnés. Les mots lonj lïix, «trésor
« aimé « , par lesquels ce traité commence ne représentent pas
un titre, comme le veut M. Kirchheim. Le manuscrit de la
Bodléienne Mich. 280 (nouveau catalogue n" 346) ne ren-
ferme pas notre ouvrage, comme on l'a supposé dans le
catalogue Michaël; ce qu'il renferme, c'est un fragment du
l'jcn 'tjj d'Isaac Latif; c'est pourquoi les mots suivants qu'on
trouve à la fin du chapitre xxviii : 'j'jsa vn^n myna vniH2 -i33i
rnsD 'Dyo, «Je l'ai déjà expliqué dans mon ouvrage nommé
« Sommaire des raisons des commandements», ne peuvent
pas se rapporter à un ouvrage de Caspi.
Caspi n'est pas le premier commentateur du Guide; il
utilise souvent son prédécesseur Schem-Tob Falaquéra
(qui florissait vers 1280), pour les passages tirés des au-
teurs arabes. Tous les deux ont pour objet de montrer
qu'Aristote et les philosophes arabes s'accordent avec la tra-
dition juive. Caspi, cependant, reste souvent indépendant
de Falaquéra, soit pour l'explication du Guide, soit pour
les citations des auteurs arabes. H en donne là où Fala-
quéra n'en a pas, et, d'après M. Steinschneider, il est
sûr que Caspi s'est servi directement de la traduction
hébraïque, à présent imprimée, du traité sur les Six prin-
cipes par Al-Farabi et de la traduction hébraïque du traité
de Batalyoussi sur les Sphères intellectuelles, maintenant
imprimé. Caspi croit que Maimonide n'a rien emprunté à ce
dernier et qu'il n'a même pas connu les ouvrages d'Averroès.
H est curieux que Caspi ait cru devoir imiter Falaquéra
en donnant un appendice à la seconde partie du Guide;
ici, Caspi s'inspire tout à fait de Falaquéra.
Caspi se sert de la traduction hébraïque du Guide faite
par Samuel ibn-Tibbon; néanmoins dans un grand nombre
de passages, étant mécontent de cette traduction, il en
donne une autre d'après l'original arabe. Caspi, comme
plus tard Moïse de Narbonne, saisit les occasions que lui
offrent des passages douteux ou contradictoires dans le Guide
pour prêter à Maimonide ses propres opinions; aussi fut-il
MV' SIÈCLE.
koUlDI.. (I. I\.
Encyclopaptlie .
, GG, note 43.
Oisar liayyim .
n°G7G, ■>. , p. 5:>.
Kncyclo|)a'dit'
G6, noit; 'i'.<.
kirchiieiui .
Komm.. p. \iii.
Voir, ci-dessous
l'article de Moise.
\l\ SIECI.K.
528 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Kirdiiicim, lorlenienl attaqué à ce sujet par les rabbins postérieurs.
"• Simon Douran (qui florissait en Algérie au commencement
du XV' siècle) l'appelle un hérétique, parce qu'il met dans la
bouchedeMaimonide (Guide,], 9; II, 26) sa propre opinion
sur l'éternité du monde. Don Isaac Abravanel (mort en
i5o8) l'attaque à cause de l'idée qu'il émet (I, ^2) qu'Élie
et Elisée ressuscitèrent l'enfant de la femme de Sarepla et
celui de la Sunamite (1 Rois, xvii, 22, et II Rois, iv, 35)
d'un évanouissement mortel, si bien que la résurrection
mentionnée dans la Bible et le Talmud n'est autre chose
que la continuation et l'accomplissement de la connaissance
spirituelle, car ce n'est qu'après la séparation de l'enve-
loppe terrestre quel'intellect actif peut se réunir avec l'intel-
ligence. On pourra trouver d'autres exemples du même
Komm., p. \ii. genre dans la préface de M. Kirchheim. Les successeurs de
Caspi, tels que Moïse de Narbonne, Profet Douran de
Perpignan, et d'autres commentateurs juifs d'Espagne, le
citent souvent.
La date de la composition de ces commentaires n'est don-
née dans aucun manuscrit connu. Le manuscrit de Munich,
copié par Lévi fds d'Abraham Lunel, surnommé Léon
Abraham de Capestang, fut achevé, le premier volume, le
i5 tammouz 5 128 = 27 juin i363; le second volume, le
26 marheswan 5i24 = 4 novembre i363. Ce commen-
taire, dit avec raison M. Kirchheim, doit être un des der-
niers ouvrages de notre auteur; car il y cite la plus grande
partie de ses ouvrages comme déjà composés; il excepte lui-
Komm.p.ixot même le Gobelet d'argent, qu'il se propose de faire, et
dont nous ne connaissons pas la date exacte. Si donc nous
supposons que le Gobelet d'argent fut fait dans la même
année, on pourrait placer la rédaction finale ou troisième
de notre commentaire en i33i, époque vers laquelle nous
perdons de vue notre auteur. Toutefois il est très difficile de
se fier à ces citations chez un écrivain qui a autant d'ima-
gination que Caspi.
Ces traités se trouvent dans l'énumération de M. Stein-
schneider sous les n°' 9 et 1 9.
37
DU XIV SIÈCLE. 529
XXIV. «id: r33, «Gobelet d'argent», ou nsn mr, «Traité
« qui enseigne la science ». C'est un supplément à ce qui a
été (lit sur les mystères du Penlateuque, dans les livres
ilDs"? «insD (n" vi),hd: m-'O (n" xii),«id3 p-ito (n° xiv),«i03 muo
(n" xvi). Cet ouvrage a pour but d'élucider vingt-huit ques-
tions, telles que l'antériorité de Dieu, les différents noms
de Dieu qu'on trouve dans la Bible, le tétragramme. Dans
la cinquième question, Caspi cherche à prouver que l'idée
de la trinité était commune à toutes les anciennes nations.
Après avoir développé son opinion, il continue ainsi : « De
" ce que nous avons dit ici il résulte clairement que nous
« nous sommes mis d'accord avec les chrétiens quant aux
« mots relatifs à la Trinité. Ceux-ci disent que le Père, le Fils
" et le Saint-Esprit sont trois qui font un ; cela est écrit égale-
« ment dans notre Thora; car Dieu y est appelé père, et
«mieux encore ^'7'?^nD, «celui qui t'a mis au monde»
« (Deutér., xxxii, 18); or un père doit nécessairement avoir
« desenfants,etrintellectactifest l'esprit de Dieu (Gen., i, 2).
« Mais nous différons beaucoup sur le sens de la Trinité ...»
Dans le sixième paragraphe, Caspi dit : « Nous avons donné
« les solutions des seize premières questions dans notre livre
M Q''rD«iD3 (n°vin). » Il renvoie également à ses autres ouvrages,
le »)C3 piiD et le »id3 mon. Il expose ensuite la dix-septième
question, qui a pour objet les contradictions dans l'histoire
du déluge. Le septième paragraphe s'occupe des mystères
de la première vision d'Abraham; le huitième a pour objet
d'expliquer la contradiction du Talmud, qui dit une fois que
Moïse a écrit le Pentateuque.et le livre de Job, et une autre
fois que Job n'a jamais existé; le neuvième s'occupe encore
de la première vision d'Abraham; le dixième a pour objet
la seconde vision d'Abraham. Dans le onzième paragraphe,
Caspi combat les philosophes qui prétendent que la Loi,
qui a été transmise par Moïse à Josué, par celui-ci aux
anciens, par ceux-ci aux prophètes, et par ces derniers aux
hommes de la grande Synagogue (Mischna, Aboth, i, 1),
ne commence qu'avec Lévitique, xxiii, 42; les parties nar-
ratives sont également révélées et ont toutes un sens philo-
TOME XXXI. 67
■1 r ^ iiirBiHi-i'is ^AlIOK*u^.
\iv' sièaf.
(Ulal. Peyroii,
p. 2o8.
r,atal. Munirli ,
p. lOI.
Voir ci-<lessus.
|). 526.
530 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
sophique. Le douzième paragraphe explique qu'il n'y a pas
d'expressions ambiguës dans le Pentateuque; le treizième
s'occupe (le la troisième vision d'Abraham avec les anges;
le quatorzième traite de la quatrième vision d'Abraham,
relative au sacrifice d'Isaac. Les paragraphes seize à dix-huil
contiennent des explications sur les obscurités mentionnées
dans le livre intitulé d>id »)D3; les autres questions sont trai-
tées dans les livres intitulés »)D3 ]Thv, «iDaV »)nxD et »)C3 n'c.
Caspi, d'après le manuscrit de Turin n° 197, s'arrête
dans ses questions vers la fin de la Genèse. F^e manuscrit de
Munich n" 267, 6, renferme encore quelques prétendus
éclaircissements sur fExode, de i, 1, à xix, 17. Les deux
manuscrits diffèrent, du reste, beaucoup pour la distri-
bution. Dans le manuscrit de Munich, ainsi que dans la liste
B, 10, ce traité a encore un troisième nom, qui est n i3ik,
«Trésor de Dieu»; c'est sans doute une erreur, car nous
ne trouvons trois titres à aucun ouvrage de Caspi, et ce titre
même est donné au commentaire sur les passages difficiles
du Guide.
Ce traité forme le n" 1 de la liste A , le n" 1 o de la liste ii
et de fénumération de M. Steinschneider.
XXV. »iD3ne?nc;', «Chaînettes d'argent», ou cernwn nro,
• Livre des racines ». Voici la traduction de la préface
de cet ouvrage d'après le manuscrit de ÏAngelica, qui est
le plus complet de tous : « Joseph Aben-Caspi dit : Nous
• avons vu que Dieu était avec nous pour nous donner une
« connaissance étendue du sens de l'Écriture sainte, parce
« que nous avons accordé une attention spéciale à notre
«langue, qui est la langue sainte; nous avons, en effet,
• examiné minutieusement la racine de tous les mots qui
«nous restent de cette langue, afin d'en apprendre autant
« que possible la véritable signification. C'est ce qui a
« échappé à beaucoup des commentateurs qui nous ont pré-
« cédés. C'est pourquoi nous nous sommes relevés et affer-
' On trouve aussi mone? , mais rarement.
DU XIV SIECLE.
&31
XrV* SIÈCLE.
«mis (Ps. XX, 9) pour composer ce livre intitulé Livre
« des racines, et, selon la marque de notre famille, il porte
» le nom de Chaînettes d'argent. Nous verrons, à propos de
« la plupart des racines, que les grammairiens qui nous ont
« précédés, et surtout Ibn-Djannah et Ibn-Qamhi (^nop) , qui
« ont tous deux fait des dictionnaires, ont dévié de la bonne
« voie; c'est aussi ce qui est arrivé à Ibn-Ezra pour les pas-
* sages disséminés [dans nos commentaires] que nous avons
« examinés. La cause de leurs erreurs est le manque de con-
« naissance de la logique, dont le principal objet est de bien
« diriger le langage intérieur et extérieur. En effet comment
« suivre la bonne voie et comment comprendre les justes
«commandements de Dieu sans avoir appris d'abord l'art
«de la logique qui «aplanit la montagne» (Isaïe, xv, 4)»*
« C'est pourquoi je dis à celui qui veut avoir une connais-
«sance approfondie des fondements de la langue sainte
«qu'il doit s'occuper d'abord de nos trois ouvrages déjà
« mentionnés, savoir : 1° le compendium de la logique, inti-
« tulé Faisceau d'argent; a" les chapitres sur la langue sainte,
« intitulés Chaînes d'argent; 3° le dictionnaire intitulé Chaî-
« nettes d'argent. Après avoir étudié avec soin ces ouvrages,
• on n'aura qu'à s'appliquer à nos commentaires sur les
« livres de l'Ecriture sainte, dont le principal est le Pen-
«tateuque, appelé le livre de Dieu, la parole de Dieu et
« la Thora de Moïse. Ici, le point le plus important est l'his-
« toire de la Création et celle du Char de Dieu. »
On trouve des manuscrits de ce livre à Paris, Bibl. Nat,
n" 1244, volume qui a servi aux recherches de Richard
Simon; à Rome (autrefois àl'Escurial), dans VAngelica, avec
la grammaire. Il existait dans la bibliothèque d'Edzard un
manuscrit défectueux, à présent perdu, dont Wolf a donné
un extrait; Wolf mentionne encore un second manuscrit à
Paris et un autre dans la bibliothèque d'Oppenheimer (à
présent à Oxford) , que nous ne connaissons pas. Enfin on
trouve une traduction latine de l'ouvrage jusqu'à la lettre d
inclusivement dans le manuscrit Vat. n" 4i 2. M. Dukes et
M. Neubauer en ont donné quelques extraits.
67.
Calai. Paris,
p. 327; R. Simon,
Hi5t.crit.duV,T.,
p. 177, 54o.
De Castro. Bibl.
esp., I, p. I03.
Voir ci-dessus,
p. 499, n°x.
Biblioth. hebr.,
I. p. 5i3.
Assémani.Cat.,
fol. 38i.
Der Orient,
i848, p. 670 et
soiv.
Jonnud asiat.,
1861, n, p. 254.
MV SIKCI.K.
532 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
D'après M. Neubauer, le système sur lequel Gaspi base
son (liclionnaire est que chaque racine n'a qu'une signifi-
cation principale, dont les autres acceptions ne sont que
des parties ou des dérivations. Cette méthode n'est pas com-
mode, et l'auteur est très souvent forcé d'avoir recours à
des explications subtiles. Un des exemples cités par M. Neu-
bauer suffira pour le prouver. Gaspi dit que la racine nu
signifie « lier des choses les unes aux autres »; de là la signi-
fication de frère : les bêtes qu'on est habitué à voir toujours
réunies en société sont appelées D^nx (Is., xiii, 21); on
nomme l'endroit où les bétes mangent en commun inx (Gen. ,
XLi, 18), prairie; l'endroit près du feu, où les hommes se
réunissent, porte le nom de nK (Jér., xxxvi, 2a), foyer;
le nombre un se dit inx, parce que tous les autres nom-
bres ne sont que faddition du nombre un; on emploie
comme exclamation nxn (Ps. XL, 16), parce que les hommes
ont l'habitude de s'inviter les uns les autres et de se ré-
jouir en société; on dit aussi de celui qui s'attache à un
péché quelconque nx (Ez., xviii, 10). Gaspi, on le voit,
est loin encore de la sévère méthode d'un Gesenius ou d'un
Rœdiger.
Gaspi composa son ouvrage après être revenu d'Egypte,
c'est-à-dire après i3i4; car il explique quelquefois des
termes se rapportant aux sciences naturelles ou à l'ar-
chéologie à l'aide de ce qu'il a vu lors de son voyage en
Egypte. 11 est naturel que Gaspi donne des mots proven-
çaux pour expliquer l'hébreu. Il cite son ouvrage ^os y-aa
(par conséquent il écrit après i33o) et son commen-
taire sur les Psaumes. H est probable que la composition
du dictionnaire lui prit plusieurs années, puisqu'il le cite
déjà dans sa grammaire. D'après le petit nombre de ma-
nuscrits qu'on en possède, on dirait que l'ouvrage de
Gaspi n'eut pas beaucoup de succès. On le voit cilè par
Don Isaac Abravanel et Elisée ben-Abraham; mais il est
loin d'être universellement connu comme le dictionnaire
Uer Orient, de Qamhi.
49, p. 4 ï. Q^^ ouvrage n'est pas mentionné dans la liste A. H se
Der
Orient,
'849.
p. 483.
Enc
yclopsdie.
p. 62.
Der
Orient.
18', 8,
p. 679.
Ibiil
., i8^.
p. 75.
\1V lIl.l.l.L.
DU XIV' SIECLE. 533
trouve sous le n" 4 dans la liste B' et dans celle de M. Stein-
schneider.
Avant de donner le texte de la liste que l'auteur a faite
de ses écrits, nous allons énumérer quatre ouvrages qui y
sont mentionnés, mais qui semblent perdus; nous n'avons
pu les placer chronologiquement, puisque Caspi ne les
cite nulle part ailleurs que dans son catalogue. Les voici :
XXVI. t)D3 niE3, «Tasses d'argent» (liste A, lo), traité
qui a pour but d'expliquer les difficultés apparentes que
font naître les textes, en disant que les enfants d'Abraham tjenèse.w, 1.5.
devaient être esclaves pendant quatre cents ans, sans qu'on
en voie la cause; que Pharaon doit être puni à cause de Kxwie, >», ,.
son endurcissement, amené par Dieu lui-même, et qu'une
vengeance atteindra Nabuchodonosor pour avoir détruit
Jérusalem, alors que Jérémie dit expressément que Dieu
l'avait envoyé pour accomplir cette mission. Caspi dit que
Maimonide n'a pas expliqué ce problème d'une manière
satisfaisante. D'après B, i5, le titre de Tasses d'argent
appartiendrait aux courts commentaires sur les livres de
Ruth et des Lamentations. Voir le n° 1 5 de l'énuméralion de \oir ci «lessus,
M. Steinschneider. ^ ^•''- "' "'"•
XXVII. «)D3 n-iDtD, commentaire sur Job, dans la liste voir ddcssus,
A, i3. Dans B, la, c'est le titre du commentaire sur les p •'°9"^^^
Psaumes, cité dans notre article xxv. Voir le n° 12 dans la voir ci-d.ssus.
liste de M. Steinschneider, i» 53o.
XXVIII. HD2 nnp:, « Boutons d'argent». Ce traité, d'après
A, 18, avait pour objet d'expliquer l'importance des béné-
dictions, par exemple de celle d'isaac, et des malédictions,
par exemple de celle de Balaam, ou de l'excommunication
d'Achan. Caspi y traitait aussi de l'importance attachée au
recensement d'Israël, ainsi que des calamités survenues
quand David fit compter le nombre des enfants d'Israël. nsam.wn.
Ony litceqnisuit:.»|D3 ri»1» Va"? myn nDW TIKSOni •OnTUIW'J
'7"73D wv-iv ^z ne"? '«njiia 'm iddh mvsvi ne?N^^ ncyoa iioe? 01*70.1
ne?yw noo ^^x pna :e?ipn ]wh '?'7^3QK^|^3efnK1SD"7^^^<^^nK^^3^o
onmo anal inop jaKi nmi pK •n"'Ds»n DPina "'B3 vnpn nsD hzh
tiv*
MKCI.f.
\oii-
ci-<les<uA
|>. 5î3,
57 5.
Zuiiz
. (.atal.
Leipiiî: ,
, p. ji.i.
534 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
D'après la liste B, 19, ce serait un commentaire sur la
partie non mystique du Guide des Egarés. Voir le n" 19
dp l'énumération de M. Steinschneider.
XXIX. »|D3n DP, «Fini [est] l'argent». Voir A, 20; B n'a
pas ce titre ; c'est le n° 2 8 de l'énumération de M. Steinschnei-
der. Ce traité s'occupait: i^dela destruction des deux tem-
ples, et surtout des prophéties de Jérémie relatives au pre-
mier temple; 2° de l'arrivée du Messie. Ce traité est cité
par Don Isaac Abravanel, dans son commentaire sur Isaïe,
chap. XXXIX, où il dit en alléguant l'autorité de Caspi, que
le roi Ezéchias causa en partie la destruction du temple par
le péché qu'il commit lorsqu'il montra ses trésors aux mes-
sagers du roi de Babylone. Selon Abravanel, ce passage se
trouvait dans la septième dissertation du traité. Comme la
liste A dit qu'il n'y en avait que deux, il faut peut-être lire
K= 1, au lieu de t = 7.
XXX. »)DD nnap, « Collection d'argent », petit traité qui ren-
ferme la liste que Caspi a faite lui-même de ses ouvrages.
Voir le n" 29 de l'énumération de M. Steinschneider. Pour
tout autre écrivain, les bibliographes et les biographes
trouveraient très utile un tel travail dû à l'auteur lui-même.
Pour<]aspi, ce n'est pas précisément le cas. L'incertitude
qui plane sur ses différents ouvrages, en ce qui concerne
la date à laquelle ils ont été écrits et la nature du contenu,
existe également pour la liste. Nous en possédons deux ré-
dactions, l'une, qui est la plus courte, imprimée, d'après
le manuscrit de Munich, n" 266, 4, dans l'ouvrage intitulé
Catai. Munich, J)ebarim attikim, Leipzig, i844, p- 11-1 4- Il y a un ma-
ibid..p. 300. nuscrit de cette rédaction à Cambridge, n" 64, d'une écri-
ture italienne moderne, qui donne néanmoins quelques
bonnes leçons.
L'autre rédaction se trouve dans le manuscrit de Parme,
de Rossi n° 755, et nous la reproduisons d'après la copie
faite pour nous par le savant Cav. Pietro Perreau, l'ancien
bibliothécaire de cette bibliothèque, et coUationnée par
M. L. Modona, sous-bibliothécaire. Ce manuscrit n'est pas
DU XIV SIECLE.
535
MV SIECLE.
ancien non plus; il dale de i474; l'écriture est plutôt alle-
mande. Le manuscrit n'est pas toujours correct, comme on
le verra par les notes. Ici, les indications sur le contenu
des ouvrages sont très longues. Les deux rédactions énumè-
rent vingt ouvrages; mais, tandis que, dans la rédaction im-
primée, le dernier numéro de notre édition manque, celle
de Parme n'a pas le quatrième numéro de l'imprimé, c'est-
à-dire le dictionnaire, qui en elTet ne forme qu'une seconde
partie de la grammaire. Il est difficile de dire laquelle des
deux rédactions est la plus ancienne; il semble cependant
que celle de Parme porte des traces de revisions et d'addi-
tions. Nous avons vu que la description des ouvrages de
notre auteur qui se trouve dans la seconde liste s'accorde
mieux que la première avec le contenu des ouvrages qui
existent encore en manuscrit.
Nous avons désigné la liste de Parme par A et la liste
imprimée par B. En reproduisant la liste A, nous avons
donné dans les notes le moyen de se représenter le texte B,
puisque nous fournissons les variantes tirées du texte im-
primé et du manuscrit de Cambridge'.
Voici le texte du manuscrit de Parme n° 765 :
Y2rh -iDiDi nvzn r\yib la"? bx jnj □■•cjKa «)dv k3 ivho .""Dca jaK «jdv ^t3K
.nvjvyn ncann rxpi pijnn n^nhu "?» nosa njD d'»"?© }a «)Dn. nj'a noK
K*? D''c;nn Qu'alla K"'BiDi'7->Bm jr^nn Ys nVa Kipoai mina pan"? »idv Sri
1BD1 iddinS mon ^DD iiKa as tisp nw»"? «)dv "idkm s o''3iwinn oa lann
HDon -inx njiaon irann iisp d3i . «joan ncnr njiaon pvStnb n^mnn
naiaon mira «nr» px ^DD1 ncpin ttvh '^ wno ne?» vnmna ^D^a ivh inn
onsDa tiv v »a sdv "«a o'-'? -lavo wn nino*? na'j'? t\ov v^T^ .^»)Dan ne?^D
n^a nhnnn iKia 1» nonsD ^^1^ «ion . ï'j mion oann e?ip vit Ta»D erKi"?
aD'i nor TK '" 'HM .* oann tm wkt *?»< 'y^an -m aman '1 n^jjn iiaa en'?»*
' Dans les notes qui suivent, Ms.,
sans autre indication , désigne le manu-
scrit de Parme. Les mots entre paren-
thèses se trouvent seulement dans le
manuscrit de Parme ; les mots entre
crochets se trouvent seulement dans
l'édition.
' Éd. HD^B.
L'édition a ici le passage suivant :
'D MWV nny Q3 (ms. Cambr. HDI) HD
MN^c? mpipy n^xe? •)vs^ nno yapD
Q">j'>D nDa njiaon D''K''ajai mina i^y^
a'je; ivsi ntm r\DV ''n>i en"? id'«d.
L'emploi de la première personne dans
U^Cy, tandis que le reste est dit à la
troisième personne, semble indiquer
une addition.
' Éd. Dnîann.
Voir ci-ilt'S:>us.
|). 5oi, 11" XI el
ailleurs.
\l> sn.r.i.t..
536 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
N''i2?n'7 piK'DPi niDi;n mai nns p triK lor'? ' mp'i .in-a "^ki ' itv 'jk
o'psm Q'jnnxni o'':ie;inn v•)z•^^ .irwp jn^ixa auni '" l'j'xn oSaoi mi pjDi
nSr HDv'?! : jDKj pnwa nvi cova ym: a"inDa '" [pk] mp yxi rS» na» iok
Pic?y mnK via^Ji iS ait: -"a «icr kim .o'-Jiaj ■* ncan*? insv"? nminn D'ja ■•:»
m-iyc kV D'Oinn '-j'jyn 'pik nixat: dp'71t['7]i anS naia vinx TxcnS cidc
uaV naian pk '" mx dc? ■•a * Xji'jsia jk^j^did rnavi »)dv ksm .Qionipn
.onn onDon D^'jern'î mapn"?! T'-ion'? ]i3iK la iriKi .Kp^rD•lay oroi.^ipa'ji
npiN noM .|''iD'? "'Wcn f]^ttn taiD*? k"3 p:u pxin n:K''7»:n bit naipV nOK »idvi
xa-i .pxtn naN^Dn pk "p^'îa on ly * KSJanc 'P'a brixa xaN dx -nj -iti pn"?
: D'jie? D'^jaD d'''73i e;ipa pie?"? «loa 'Sa idd3D ^b c?yi '" P''a »iD3n pk r|or
ip'ai mipa ]''an'7 TK ^oan am '" ■•jaia n: ly -irx -hk ■'coa pKi^ov idk
tth onn D''3-na |Dki ""aa*? pk •'pksdi •'jvjnni 'jryn ^ryn n'y «ipcn i-ibc
D'Onipn '>e?n''D bs 'Pn 'bS onpio D'Orly noa ipksd oji ciicxin onyc?
n3Di pn"! ' nc?y loa pn o'ja iV'a' k"? ikd D'isp nnso oncy nia nanS ■'P'«k")
npa pno*? Dnc?y «^oa '•'73 pi^y"?! PKtn nax'Toa [ns:D] nay*? 'jvy-i 'Piie
a'y »iK .»iD3 Dnoya [^uv] -laoj nay"?* "i»K |iWKnn irax or T'atn -naya
PK icon ma ^pxapi .'" puay px niay"? i:''wyc? »)D3n ■'Sa Sa icoDa «•'su
psiap "îBon m '«PKip a'y .'ipniay bs vk qp213 pan loc? Sy ex 0*73 piat
oix"'a' iBDDa miayp '•'7a hs aipatr 'ca nnoS jxaa dpik iiboV '«p^xii «^oa
:dpidc; '"nSxi :dix"'sv isDOai
•"pi'O :r|D3 inbw :»ic3 pibd :«)D3 pv32?d :«id3 moy :«)D3 'jix :»)D3 pt-c
;«1D3 pnoto :»)D3 pnsisn :»]D3 yaj :»)Da piBa :tiD3 pnyp :i)D3 piud :»)D3
DP :»ioa ^b^bi :»)03 pmpj :*|Da pipipi :«)Da piun rrioa"? »insD :«)D3 ""iibs
.•WTiB ^'7 xm :»ic3n
pjia yiuw uS '1X1 DP1X mBDi onson "i3"nDiwxinx.(''BDapx»)Dr) nox
iBon oen "lanon de; ijymn(a) m ijidx (nt uymn) ie?x3i ono nnx Va
'03 nBD wxia ynrw ibd lano "ja"? D"mann onann an iVxi [nBon pjiai]
'7'?3ai 3»ion p^yipn xim oVa"? '<bbD mx xin n:m Dp'7yip nim . □"■oann noxe?
.on'pniDi'^'jawn '•sa o'ja œx'ajn nsD Pin -ixab'^irjy ni 'bS pinbxn poan
pinSxm yaon nBOO niynn oy mion ido l'y D'^aSin d'73 i"7X u'ibo» "inxi
' L'édition donne ici lOy. ie m*. * Ed. IVtt; la leçon IDM du manu-
Canibr. porte n^y. scril est meilleure.
' M», x-ip'!. • Ms. Dpiiay.
' Éd. rn pioan"? onsv'?. " M», «ni-
* Ms. •'Jl'jna., " M». OUnSDI DilBD unBD.
' Ms. IP'a'jl.Éd. et ms. Cambr.ipa'7 " Éd. IBDI pinVxn PDana wtcn
uaSv nero irai loxe? lOa xin djc? miei
* Ms. Cambr. xsjinB. U'jytf 'e"? pin'jxn poan np^'yo.
' Éd. D'-!©y. " Éd. 'jaenon.
DU XIV SIÈCLE. 537
•!:n:N Vax .hb^'a on'jyiri d:''^^ nNiao i'?3 ' mion ibd iioj u^dd 'j'jDa dji
: ityj '"31 ^ mn -iec"? nnrcn naisn ixa"? '?''nr:
n-nnn inno an o'D-'pc D-bVia d-'Jic ymn"? la n:i:n : »ic3 m'^o ]ic?iX-in -iDcn
.n-iDiN cc?a nmicn nnjn iciNn ]"iD nnr cnc? mira iKac? nniEcn "-cyo ^N3'7
crc mina icn"» ion D-'ai ma i»o» no ^Dn .^ND imON ncns 'dx p"?!
nc;'?c'i D''jD "jy no UT'yni , ^vbv pbno '3 pis mion 'rso 'ca miniDi
m lic'pon liniKi .•■nyn'? ne© ]"'''u*"> mirn hh:>h VoD dhd npj j'-jd'? D'-jt'Dt
■'-ion -lEca yiT«n poxin nson
r"?!! N-ipDD nccD D"''7C*ci D^'a") D''jroi -nat"? ia nji:n '.f\c2 •'HK •'jon -iddh
a^nin'? (5/t) niV t'-oi-i .;^w•x^n ncca Tnaio '' n:n:n "jn D"'aDD3 om minn
no "jab VoD npr nt'iBCD ■•a xipon nco "jaD onncm D'»BC?En ijavo iiNa
53*?! .'jaon "pi S'jaai 'iVïni •«arann ^nn x-ipca ^m'? hït-c? ^d ""jsn ■|nBX''e7
h^22^ nro'? D''aicc D-'crnpn idcd do i*? TiNip nrvi SoD Doa nson nt T'-ja
T'Bscn VS iVaa xino lan"? ix Nipca "inoscn "ja"? p'Dii VoD nsD'- ht iDca "«a
: ^ ^"jaon TDiDn iryn ■'d'?
nato noD mion nscD a"'3T c:'':» ixaV la njian : «loa mo» ** '©■''jon -iddh
: D^'jao cpT D'>i''3y "7an ont mcn rj'jDn la |''no
mien iBCD D"'a-i D"':"'^» ton Tin -ixaV ia njian : *)ca nraoD ' 'vain ^Bc^
»)"i3'? xn "TcaD DO 1*? "Txip nn»i '" isix njia ph^ ^^D^ raVcn Da mxio
.-"ja
onpn noD Sao ibc nJia rsn'ji -ixa"? 13 njian : »iDa noD ^ '0''Dnn iccn
niia no nio na rnp^yn n''7'7ian n:ian Vt .d^dnt nan ly 'oxiao xini 13*70
'oa D^airani D-ix^ain nDCD nnxi mtt Sa |ai .'î'raa ijdd nViyn noi 'oin^ -idd
nn .i-)DD 0X13 mion 3-in 3ra pi .onnco "7a oxnaD'cann Sa un: po ^riato
SaSann is Sy dxi nniay Sy o''x o'x DnnDnDDnnysnnynVnxo S"'yiDpyn
«"•■•yno 'oa nnp-'yn rSSian njiano d:''X D'':''iy nxp idd Saa ixa' D"'n3in
' Ms. minn. mins iX30 im iDx ono rnjnm
' Ed. 1DD1. (manuscr. de Cambr. D^X'33n >1DD Sai
'Ed. ■«S nt pi pox-in ntn -idd3 naxn Sx mina ixao nixiDmix"'3i)
'DiSTin cnsoD ■•aïo inx njo onoy p")B mion t'y i3T«yn -îox inxS nnx
vrxipi -ispn nt >nioyi naxSon nxta linaxi «'ni "1 K"a nto nat xSt ':d '3
non-' eao hv vrxip myi iicn ibd caSia uoSom r|Da m'oa nt uiSnn
»)ba p-i'O. Dno nisDn >Dyi3 S"t xin o-iSono ica
•Ed. mrnan; ms. riaian, nous nson nta -1113 tiSs nox.
adoptons la leçon du manuscrit de ' N° ao dans l'édition, où on lit ce
Cambridge. qui suit : miDn IBoS niX3 13 ">P31"ia
' Ed. ''r^33 nao Dnoy ••S nt pSi nio i3 vv nvz.
nnyï Son dos IDOn nt ■'S (PT^Ja) ' N° n dans l'édition, où on lit ce
»)Da ''iitt 'Dn> DO Sy rnxnp. qui suit : d"'X^33 njiao nita w ^njiia
' N" 9 dans l'édition, où on lit ce DJIia ^pyiin DHD 1BD Sa ''•S OK131
qui suit : oniBCn 'DyiD 11X3 13 'Wia 3"inD3 IBDH.
TOHE XXXI. 68
xiv" su ci.E.
niPtlHElIt XITIMlIft.
MV' 9IKCI,R.
538 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
'DK1 Kipon nsD ctsyD nos "lin^ u^viit nos mm .noipo 'ai 'sa ncoa mion
: 1»!^ kV in'îin iTdt' ik n-'ïW' rais ^^^^ no o'i'y nnS "îkwj
mik"? ]rhvT\ non onas: D^trm 'n -Mch la njian : »)C3 ]rhv ' 'e7'«e?n iDon
pe?N-in pSnn .D'woin 'nV '7'?i3 minn aw '03 |n'7e?n do ob obbT p'"?! v'jjt
nsts no'jB? p^ïDi nwnp n*? »' n:n wvvn \o K'nœ? umin -"a iirpa ia nioj
nsD 'jDa ]3i nwiuSn ikwo nioo pnyioV 'z'v'd an3n mo isoi nayn pe?*?!!
mpnyna K3Dj navn poS ■•b'? mina piDOn b^ ]\y ■•s rOKa Tiajo ly nipon
ijnDD nn''ai mira c rin'?Nni yaon noano pix^dio nVna ^1K^1^ noa San
■jav k"? -lixa uv njoi» 'D3 nuiwbn "în pnyios ij'ki D^oyn ii»""? iso niDwa
a'Ki lanon nJia ppyioa p« '3 'r'' '"b 'nnvon niDcn □'713 "jyi .vby iiay*? vk
n"e?{<"t3 Dno nuian "73 npnyioa pxe? inx '"n p n3in:n rppyion minn pK
iDcn ma bMJ nispa ni mat d:cki nD"'DP '" pnin ik nco pnip pppyicn pu 3'»
'C3 irna^pa inoa p:yn pi .t\z2 mpipi n3i30n iDca nsnita nt i3-ixa niy 'a
oh^v d'n'jdj ont D''3"'jy3 K^pDa ce? □■'picD !"•< DO Tsti onDai do itaiv
pVnn : o'^ppyiDa D'^piDcn iVx pKi nmo pi'jnj Piao*? Dam P13133 piao"? rn
niioin ^po N^aj ik pdn «■'a: Nin dx X''a:n p:inaD nVnsn njcn ia txaj 'jon
niocn ''«B pn-'PBa nco 't ]nn (sic) picBi Dntîioi d'Ocio nonsa mipa
mina 'aonon p'jnna nxi:n ^bS nta ni'jnj piTipD i:xxD '«a piai iroy unaxi
niT'3J i;D'7Dn -icx3i .Dn'?in ^xpin^i n'»DT>a D^x^aannBoai 0^:10 niDipoa 'oxy
Van lînjx uinn u^n'yn Da noyo D''SiT'nni Dnn-'nn 'jioa u^x-ini nroipn
"yax : noD 't poD inixi O'^x^ain nan pis oy minn '121 nncx ir xini
pcxn f\^n"io iy Diyi> lox o^'ai Di:'a''0 omsn pVii a^oVya omsi o'ania
MKT px '"3 ia 1X33 ■'Oi'jon p'^nn : PiSaoïcn ■'j^ao ["73] '7X Vi 0D03 '73'? ina
p3:o ncxo ''Oiipn psp pyn niatii ■''7"'Da '"'Bxi D^iB Dioa 3T3''0 x'<aiS
nxi^o no Vy piVnj Pip'BD maîi inxi .piptn pvxia iVioa i:"'Nnni aia-'O x^aj"?
••siv b^tt ">K13D ip' "ran i^ni into .\vii-\r\ ^b"? ona x^sino D^aT niDipca
1XSD30 prxnm D''PBiDn '<j"'DD xmi xVbj nnx pjy ia -ixaa '«y^ann p'rnn s yion
pxi nmxon "?y ;Dta Diipn ;d r^tf) loy© Dno ■'3 d'-jid ijo D''Xi3jai mipa
nn Diipn hs ]Dta nnixon p r\-H-i noyo Dnoi .x"7B3 nn bbz on^:^2 nao oni
pns P3''7Bn ixaji D^a dt-pj inxi .pibnj pipBo nt Vy iiati i:n:Ki .x'?B3 ipv
inx ]''3yn ixaa 'O'onn p'jnn : pBD Dnnnx iKV xVo pnna prxia D'3''j»n
D''D333 Dno D''X'ajai mipa ixsd:o D'PBion Dn no pyn*? xim n'jnj njr xino
i^na nnxi pipson ia x'^ajo ny lOBxn po ppp D'«DJ3jn on noi yjDjn po nnp
' M». 'K»1. nD3 DO 'PanaO (ms. Cambr. nO) Dï
* N* i4 dan» l'édition, où on lit ce anO nOU ■'JXO miDn "l3tO D''J'<3y
qui suit : xVbj pia avK ""B 13 'PJiia 'pyT 'b"? nvixi puyo"?.
DU XIV SIÈCLE. 539
: ''«Dnipn 'nancn p inx"? ouvoe? K*?! 013''Kt kS D"'73e?
Mjnn "iiKan iit Vt n'WKna ne?yD ito'? njisn : i)D3 '•pito ' ^raern -iddh
mn TKi l'ajjsca ycinn os a^^^D rann» 'oa (sic) D'?ynn d» aamm jitd Kint?
3"3 airiDKi .•''? HNiin '«c'? Vt mion a^onw no "?» -iiKa namn nta ^nn^i «nNiCT
n'e?K"ian0»D "iir© ^la«1 ."Tin^e? T^jn kVi V'i «in nan «"je? nia'JK 'puinw no
: in^'?an V't
^^Ka a"'mj «nixi .ctona naaiD nryo iKa''? n:i3n : «]D3 muD * 'j-iown loon
D'aï a^y:v ma uk liwin» no ainaii .pDo "«Sa roNn Kinw mion nsie? no •?»
k"*? ]^vnh DK1 naajn mn novD VVsD o^K-'ajai mira »'» ciic? ncipo nso
.Dnn ninion nKia:n '^d nxaji nioipon -ixa: unjKi .bxptn"' iDoa p-» onv^
'nD3i n'a'pn hn onnvDn mi:e?n ]^iy xini c?npDi cnp p:y iNaa nt"? «)"iixm
nou en no nta u"? ntn'e; no naîJi mnK ne?K n\nK dot n> owi uiiddh ne?
D» *?» mina wa pio» inK i^jj? nt? iKaj iiyi .an>Sy »|di3 ik a^Dnipn nyio
Sa naV m rnim D"'n'7N r'OKia ne?a '" ittn r^erKia nVnna '«a Kini 'n"' hnn
nn'jir h'jk'cid '7"«nrn inxi .mcry'? en'?» îna iwx iDi"? d"dc? n» «'•nn nwiDn
tr'DW ly K\nn nmon "ja m rnini ONn'jK '" oDa bttn iKn*? njci D''De?n
inifi .na"? d'h^k nat© ncnen pkt S^aa niDipD 'aa ri'7it Q"nn yy ini 'ci*?
Sa m rnjni .laS '" ora '" -iKn"? njwi incK mn nu yn^ diki nwiB S^nnn
nrirn nm SSaa ncipo 'ja nVit '" 'i^ya ]n km nji noK ny K\in n©^Bn
^SsN pcD i-iK ma d-'îVbid d"'13W w minn »)id ly nt -inx njni .naS o^n"?» nat»
O'j'jyn p (stc) '"n nw ]'k '«a ]Dntnni mpon ia bwv pjyn m yis pK»
yao -inK nawDJ niasw: niK^Di nuSon"? cuern Sa Vax .nS^Sm npa ncK'»
;pBD (ms. m) nKW «St? iiKa 'n"" msn mtya nioj m Sai '73Wion pyn
"•3 -iK3:e? Kin mxn .'"•rm 'a iKaS ia nji3n • «psliîïyp ^ ••y^wnn iBon
B?Bin Dvpi "ijnn aiD "jy wV Ty min ]nD np'ya u^^BD ^wn nwnpn ij^mina
nwD mma niy uS pKC niDixn irSy uyo'» no -|Dn py ]i nwna nnnuwni
^:»n c?mni .i^y piSnS e?"«K Sav kSb? am iiita iKaa mi .nrBU maio pn
■jjyn -laT Sy |3i .nnann merya iziw a^i^ Sy niax py npw nnj ttoiv
'a "jy ^^u^ .«ik jnni nom ne?p -jnT nnaia muj K>nc; "•SxN psD pxi D'Sroni
D"JBn Q131T a Sy m pn' yn nKaJi .*)k nwnxi nuorni ni'jn •^^^ o^yniKon
jnn pT mpo Saa k\t mtjn nxt '«3 ]ie?Kno n'a p^B 'n3t; mion nyio noji
naia onsai D^K"'3ja dj mina awao non niSna mpso m hv na» VSaai .»)»<
' N* 7 de l'édition (pnttS), où on nCyD"? yJUn Sa -11K3 IKaS 13 >n3113
lit : noyoS yjun S3 iwa ia 'pjna o'K'ajn Saoi minn |D nasiD.
D'K>a3n Saoi minn p n'0K^a. • N* 17 dan» l'édition, où on Ut ce
' N* 8 dans l'édition, où on lit : qui tuit : 7K'>3T '^D « ^nJ113.
68.
viV siEct.r.
Mv- s-fc.:. K. 5^j0 les KCRIVAINS JUIFS FR \NÇ AIS
1UVV D"yK nt3 V'tt -in\T Tism pn bv ax ]iy nipc yiNn Vs tJDie; yK .'jKptn'
ntn ip-'i-n Vd ik33 Vbsai .d^cc; ''t«3 'nc; D''33 "jy nax mov k*? ncxt: N'«c;ipn
'<ria''c;ni mn dWj2 n-\2Msn ]^:s ir-nxao icci nn oy d-D'dcd o^c^nn D'ina
tV'js pcc ia -ixcf H^v 1*7 aiDi yen nuiSn 'P' wn^K Vïd
'•'■''7 en'': -yn ixaj pcxnn .ccm 'a ixaV ia n:i:n : r|c: nca ' n^cyn iscn
omx ijyi nnayi Vy o'Oiipn uyjc? ]C?'n pccn nt tdiji naionn '•a-n yjiD xinc?
ncD unjx ncNJi '■'cnipn riyiD no: i:njxi .D-'ai pi ny-iD a"? nx Tptm pi '131
Vy D>:'7in onnx D':-na pDcn ni Trji pnpncn ^^^ "jy nox x"? miDn ncxc?
'1X1 yx nio '3:x p may icx •«un nx dji 'ex i-'X m -jc^ji •'Sacn jryn ^n
■ix3i:ia3 pjy ni ic:ai .mion 'cxc? yiin nbiia -ixax nn on-i^y itu "?xnc? inx
"jxn iKipc* ny c*ipr:n r^ai d'jci-)'' annnV in"'7C? hanv -idc'j n'oi' ytxnc
n'?x:i mt '" bx ■'d x\n '" rop: lyit nnncna vhv 'ex iidd ^ica inxi nay
1XD'' xVc ny poxin onnn m "jbaa ixaj m Vai .n-OT ied »iica ce? pm
D-'CP iisn 'p' rSy mip mcxc; ne pcx inc^v ly 'p'' bxn "?y nji'jpi pcc nta
mien -h in-ny ]vc:n yiv in^iv xin ■':c?n cmni : 'i3i cdwc ra-n "?: "la i'7yD
.nin pson -ipn pxi mipn ipEiccaa Vnjn xinc* 'cxi ^v^bv p'?nD i"3 pio
t'?:'? B":y inx'i p-pncn iiia n-'Pn'j p: x'? mien -3 nxs: unjxi
Nipeni n-iipn pnic hhzr: d''3t D^r^y nxsb la njian : «)c:n y33 ^ x'^n iccn
mien ■'jd la iX3 pcc •''73 dxi 'j'ja quoi in"?!?! miena (sic) pernn xVc?
: 11 X 'P''KT
p3 xV ''pyie '3 laic'ca pVnp pDO ixs"? 13 njisn : r\c2 prsisn ^ a'^n iDcn
'a iS c;'» nin oWn ■«j-':ya picDPWnn [x]ini inx cm irnc*?"? pi nis ne*?»
pc?p33 pieVïPnm pioanpnn 31 inxn nspn n'^ni pnen ^7:3 paya yscxi pisp
'■iDj'? m ^733 'l'jipcnn iP3''jy -inxn nspni n'3"':pm puieen Yi3p3 d'3i 'iji3e?n
Vrx'D 3iBn "«yscxn n-im o^yi Pispn nVxi pi'?'?in3i "jrcai pinça nTipcn xim
tara -cy"?! "'•'n-onn Va """y ■'3i2''3n pi'jnpcn mi i'7cy3 icb: px nxim npci
mipn P1SD Q"pjc ly pravyn piosnn pjcn mb *)n3''C zhn siei pic o^iti
PX1 XT» D\nVxn PX yccj bzin i"o 'ex pVi Pi''3'?n pisen ob Vyi ipaSna
'?iD3n xim -loncn nxpn yn '73 Vy 'a dc "1x33 p'71 mxn hz nt 'a iidd vpisd
orne Van dji icsy3 -ixi3C xin -«a pvxii d^pbid'? yix px nca"? pihnpunn p
' N° i5 dans l'cdition, où on lit : JD C^H D'^^yj 11X31 D'Xnj'? Cipn
18P pi3 na^xi pn citd 13 'P3113 pnJiia ms'? ^ixn px a>x>33ni mipn
1XD.
•jaV.
' N° 10 clans l'édition, où on lit : ' N' l3 dans l'édition, où on lit ce
13' 'jnx npC ICX Xin »1C3 y''33 qui suit : noVc 'IDD DVhv 13 'PJIia
11X3 13 ■'PJ1131 'n -isix a"3 njiaM i^c n'jnp "•'jod on n'y ^'7Dn
■jx miP3 1X32? pixScani o"'PBiDn on^cn.
'iBD ip^ai Q''X'33n nDD in^ai Piaxn ,^ .w *-%■ .•~...^-^'; *r.i^ - 'W
DU XIV' SIECLE. 541
"•3 »)"'DH:n nspn si iKaV «m dtdid'? i-i::2''c; nx) DJDx.nb'jimriVDD Ninc? nia
mioj nos? HT Qj» n"y nobr ixa n:ni .mNisc ncin icnv 'noiN d*?!!*.! "73
mSai jrann (Prjisr) mon by onja ''C'pn oTDitîa nt ^cx-ii .mVaci n'?*7ini
: iDipC3 u-)K3e; 'C3 nccs n3T '<ddc?d «•'Xv
minn ■'3-nD hbj ^c?^< D''3-n3 3VN idc iw'? 13 n:i:n : t]Z2 nnctr: ' 3"'n -lecn
m nnx p"?! ioipt:3 njit: m33 Vi vbs i:pDD icx nuïo 3"'' qo' uirt -13:1
]v>î\ pEcn Dc? -im"? ir'''7:n n:n i'?3 iDon htc? xm i:Tiyi ■'3 co itrx:! -'X3i
c?p3D lïnn 3ty3 pns T'-kt ttb im "fCitz' no -)cx:c is 1*7 yii pnx rji'jr XTti
nt3 INC"- xVc? ly '^bzvn ]vsrt -j-n nn dï ccscd D'-tcid D''3ii3 n?'?:.Dn'7
: n2^b^\^ pcc
Kipom minnD d''3i cb-ib hs mjvo -nst"? 13 njisn : f|D3 mes ^T"''n tccn
O'JD ^73 "jy n\T'C? "T-xi DCipC3 n:iD 01133 ''CiipH '-s -isi:i nnn d3 i:n ic?n
:Dr:i3 ""ico 'o'jyai 'cit-di t'-d: '-)i3y3 ne/N m3cn nirtN
[1. '^N?] 1WK 'iDipc3 nic3 n-nnn 'ib"? la naisn t^îÊsTtpsD "'l'on -iscn
ri-isî 3îyKi D'onipH '7'73 03 n3T nV D"'3"'jy G7inD 'ixc IX '■'DTipn '•'sr: 03 nou
"1^X1 DnnDD3 piy '3 Dn'>c*iT'53 on nionc? "•'j nxT'C? o'^onpn ntrxc? no *?:
:a"'V: ix t^os 'nx n'sr: 31:33
mion 1133 Tyi'? 13 ibiwes '"îc??: noo ixs"? 13 njiin : * t)D3 n-n3n i"\t -iedh
HT '?3e?'' rr3nr: ni3n3ni pi3ia mo i:!^'?'? pi nvhv jis «"ji n3iD ir:ipc3
nt n'7i?i ni3x ddcd V't i3''pi3-) """jn: n? '33 nanc? 'D3 r^cyon XTiciycntj
m3x rsoD"? '''D3 nt3 Tiixn n-ncnc? ©"3 Dn"'"iDD3 omiDD o-'S-'t:: o'ir;x»2 Dn"?
mnx" nbnn rtMisn n'jyo i33pn "'3 vn-^r\ rr-n n'y'n'on pco l'Xi yT:n ^rc3i
mon m'jyD mir3 uS -idd n'y'-i'cc? iD3i .mien onnnxi 'Vit on^-nxi n^obv
nani r-ryon x''siDi'7''DnD on ^3 is"? nnca once nan coinn p .la"?
noVac? ■'"jsx poo px ^3'71 r''3ryn x''DiDi'?''BnD o.n ■'3 ns"? nr'73c?3 onDO
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(ms. Cambr. no) Oy c'jnn '"iB 13 ''113113 tion, où on lit ce qui suit : 13 iri3lia
1-131131 iBon r3ii3 ie?xia •'nans':/ Vt y"xi ■•Ct nc;yE; ma minn k;ib'7
rp'în nurcno p"??! (ms. Cambr. ^hn) •'IXie; no iEC3''n-iN3x'?i'mnN-iin3
oniDtDnxnD iidtd "iicid r3ii3V ni n'7nnai 'n-iinn ■'-ino oy niiDn'?
' N' 6 dans l'édition, où on Ht : n31131 minn IBD 03113 •'mX3 IBOn
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"73 'jy nrxn '•nxsn oeri •|DipC3 n3iD qu« suit : n3ii xity en^B 13 '03113
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3 7
\IV SItXI.E.
XIV' SIÈCLE.
542 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
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NSDoc; no ""ipo Kin '•aisnn manne? iyT« "«a p"?! .ib mx^xon ■•yats ivt»» ny
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nxnin nnb ©^ oSae; Vt 'n'' Vxn niDC? '73'7i ikVd avh ]2^ cpHCfi d''DC?
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DC/n wiKi nnx d» pi on"? pxi 'ri ban avb pi ryacD nnx "jy D'i'y iion ik
■•Vya 13 D'?3ai rbyinn '?n3 pjy nn .'jaa n»3i rvriK n»p pn "7^3 niio li^K
yaun loan ia lanKns; no b oij-'jyn "jy unaia "jbaa uVa"? unoV'? ist i3"'ii»'?
njiacn ncona nt "jy dj tid-i laVi .onnpDi riKSD:n n'ao ryn^D nn"7Nm
itaw Mvn piyni :i:''3i2?'7 noSe/D inx inn *)D3 muo ibci «ic3 inVe?
'na pw'jn 'îi'ja'? iDiacne; no yaom p^jnn pia imjn liiiie?"? (sic) mcoe?
nsD man Nin ]3 "«s cbyDJ 'n mjjsm D^VyiD 't V't □'•yjia D'aiD onc? Dij^jy
ON ■•a iVn r'711 "inN pja muv nayn p^Va o^iyo nvn k"?» poo ]"iki »)-)BSDn
iKaj UNI .ujie?'? (sjc) i"? laxae? D'y'N mx nVc rxsDJ 'n^n D'a'y ]3 n^n
'D3m pijnn raN^DD Di'jnj onpy inon ma MTiin jki muiDOn oroan
□n3 iDS probe? rn"? m b^i onncoa onnan Dioann i3'»")Nn ne?K yaon
nne^o "ipiry 'n''?'''? »)N nnran rubcn iKaae? "•ef'yejn ]^ivn^ : Dijpn onyj «"jab
'03 noio rxnin nrw pia rrriK*? moe? loe? ^a nn nvriKn nioV D'7''nrna
'03 rniDi rmiNa oiKip «bi lani id bv nyj"? lun noN inn '7y nhit roi »i'?k
nVnna o^isib nv» nKiin on"? ie?y dji ."jVa nxnin onV pKer nsuni ■«aiyn
'©•jern i"7X bao bbai acn ixa ni on"? unKae? 'oa obiyn ^poya ODjam Dnnios
DK noVe; i"? an nba '?yi «ai»"? "js "îy nayn ^le?"? noW n'îyo nuann 'i^jy
' N* 3 dans l'édition, où on lit ce n' 4 qui est le dictionnaire (ci-dessus,
qui suit : D^'j'jia D^plD 1310"'"? '»r3n3 P. 53o, n' xxv), lequel en effet ne
"jaS nniD anni e?ipn pwV >e?nW "îa"? forme qu'une seconde partie de la
DiOnipn D^WIDOn inijne? no. Suit le grammaire.
DU XIV' SIÈCLE. 543
'Dsno o^^Mi D"'p'7n hs d'jSdid Dmspa niKiim miDi n^bv^ rnoo nxiina
îiDian pj» innn c?mn •D'^wm '3 ixa"? n njian : «id3 nmpj ' n'-'n ncon
o'i'y Via"? pns'' rsias pava d''3t riDiprai Knpoai mina najj nuN nS'jpni
1iBn>i Dvba Vn yDw"? iNnVx '" nax k'?! r^y VD'» r|iDa 'dkc? hdi oy'ja ;•>:» a'a
k"?! 'r-" "jxn DC?a n'y yc?in'« 'dxi .■j'h'jk '■»'' nanx ■'d naïaV n'7'7pn nx T'n'jK '"
ma laana IjHjki .itd D:nK 'j'-xn! ddh» ^na Tia^ oy'ja Vx yicc?"? T'-ax
noi roa lain "•l'jnn Vbp'jD Dy'7a D'a'y yiJD"? Dît: no onau nVnjni n'jxe?
l'jya V V'JDai irranaa yon "«'©'nw -inx U'^oy "jx ramx "jsi xin Vrp'' 1: n^iT»
(ms. nn'jxm) n'jxm nVSpn nTaî*? njc? ly x^pcn 'jDa n'jxci nipDD
^'n'ya unixi .'■'ai m r*?!?! '7[i]xc7 n'7Xi py mn ]^:y hv D3i njm njn nnsîin
yiim : pDD ia 'ix» VawiD 1^^a oniDoni minn rrox ymji npocn "73 ttj
131 ) yiT'ai onix ipB3 »)33 Dn3 n^n'< xVi '0» xim ]''3t:m m^Dcn pjy ■'jcn
"i^nj i:njxi nipooi nVx» nts e?n oyn nx ipijds in yiixDD (ms. yiT"
: '73Dn '''7y3 Sïx 'nxno '■'sirsn nx»"'© ny ""'n'ys Van
"73 i;iaj ic?x "inox ribscD inx c?i-n -ixaV ia n:i:n :t)C3 "''j'^Vj ^n"\T iBcn
D1D1 no n nini ruiox-in rnax ny-iD '7X"ic*'' "73 iq'jdj yx xini 13 '■'Kr-iDcn
Trx nnxi Dnn3T ninoxi D''Diipn nia nTn» no t3U i:n:xi .ny x"? n
: ''jb'? Dnp ^^nD Die?D vp'xt x'jt vnyoïff x"? "piz pBon
pin py ]n?x-'n e?mn :D''i:?m '3 1x3*7 13 n:i3n s^osn on ^Dnc?yn iBcn
pin Sy n''Di''3 pjyn nt "7» txsd» rijytDi npBD iidtxi ■'js? n''3i |icrxi n^s
.n'733 Dm'?3i li^Dy nrnwm n''3.i pin ly .t'Di'' "«s d'73D n'7n3m )iwxi no
can 'n nts Dn'7 'dxi ixi' qx nin yin iiyo B'7Dn^ ^n onh |n3 nBD3 xini
BDtro nriy v ox c;>x ixson dk ]iux-in -jun .iq'7D^ ono nrxo icrx
3'B^n DX '»3 '7'733 Dy'7 11DX ^iZ'r\ "inn .nV nVoxi hjidx c?p3D (ms. npisi)
Din> 13 inyï ]''3i ex ps obod i»yn ie?y dx Ds-'VbyD nxi DD"»Dn nx i3''t:n
laVn x'7 Dnnx Q'>n'7X •«inxi nin Dip03 i3Bwn ^x ip: on ipi©yn x'7 niD'7Xi
'" 1DX na '7'733 oyV iiDX ^v^hvn inn .ntn DipD3 osnx "-njawi 03*7 yi"?
i»orn VD© QX HMi 'ui na»n ara D3^n3D x2?d ixc?n "7x1 D3"ime/B:3 iiDcn
''yi3in inn .'131 m xd3 Vy Q''3ï;r onen d''3'7D nxtn T'i-n □''iyc;3 1x31 'm '"
»3 BBWD ie?y '" 0X3 .13 '131 HM laiH nx ov mail mm' "i'7D bib3 ■i'7d'7 iidx
.'131 XD3 Vy 111*7 Q^^vv D'3"7D n''3n nyE?3 1X31 nin i3in nx ic?yn nvs dx
'3 nt3 n3i3n "7331 .mi iDy imx nsyi baa i'7D Siya D3nxis ix''3n '•o^onn ^^1^
' N* 19 dans l'édition, où on lit ce mi3Xn IM xV yx e?1B^ Ip'y.ll ISp
qui suit : miD iBob 11X3 13 'n3ii3 Vsx ni3ie;xi'7 niiniD ni3iinxn
11D 13 pxe? .103. D3nn m lye; n^v no p>3.i3 n^x^an
' N° i6 de l'édition, où on lit ce IDIpDa n31D 11133 y'X.
qui suit : ina inoX n'?3D '""B 13 >n3n3 ' Cet article manque dan» l'édition.
XIV' SIÈCLE.
MV SIF.r.I.K.
544 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
njjiann -ym nt "731 o'^D'jnrD oiiDia nt on"? icxi '"D inn onc crpa ■t'OT'
'7i'73'7 p3J -iCN nnxn ©mm : pso nta -ind' tàv is "-'n'ya m -iKaj unaxi.Vnj
'3 nn .'«D"''?© r''3 mj^v a''3nDi ''•e; qicsd i:Na n'^oo nx-'a pjy wn -iDcn nia
nisan ■'VaD nt"? Dmv onc? N-ipi:niain3Di'73Vur>D'?3ic;T'D'"iJB'7a'"'»-ioDnrsp
nr'7''B33i main noa ana •'iVr nain rrcx i'7N3 in"? dk vjDixbyoïaT lain dk
Dmrn nsDi "jaun iso niy\T ncx ixai 3"yi .niann na-'Na pT •'iVp riDxn pKi
©"■x '73T' N*? D'«3ina niODn ht iiv aw ixaic? DnnvDn riDipoa D'xiaan
tv"?» pihrn'?
i3-i:n .un (stc) -idd mc?n -jina D'»di'?k d^d"?}*?: ^:n:^< njn ""Bca px ^icv idk
l'ia ]n:T'7 D'3-i CD'' noyi pD''7i.'''n'ya dc'jc'ji omc'y'? i3'?npnE; a^itc oncyn
rvD'jn'? ■'ija t)D3 n-ia on"? ''n''3a naa ''3 .*)C3 '>'73 pir:u?a dtc^di OTmo ' "ija 'j'»
ni^at: d^'?31 mi:Di kc31 jnVm noD ov on*? q^cki •ctidï'? o^'inx d^hh
-noc'? a*? an'? p'' '"i .D'un vni «jca nipini nmjno «ic3 ny on"? lyxi d'-jic?
T^xi .Dn''m:ai ^ on-i^j ■'Jixa ix nnx D"'XSD;n «1-3 •''73 ncao 'D3 n'jx «ic3 '•'73
'jxm ••ca n\n> roxi othv ■'3 ix ipn Tyici '•p^n (éd. nuvx) t-'C» •'JX n\T'E?
: d'x'X TIJJD 1B3'
ijio*? nnn ^n:i3 "«mns x*? [":>] ptn -«ja ba ivtii '^tnv pncra »)Din'>a my
nicn*? ny xV m-iaon oinnna "|X ."•a"? riSanna ^ nny TSBn xSi ona pco'"?
miiaai «tisd c?X3 .d^d3D d-'V cca nyi ix'jd Dia-i"? [nymn"?] ncy"? ryi
lay"? an"? ^n^t caD un fjoan -lai Sy nin iscn nx t\uv vitb nhv 3"y coaao
iT» t)cr mxav '"i '/^r\zv yiinna «jdv rmxa nxas " pni "'Vix r)Dr i3D3
■'-lan icbx -laTi ix iro-' nnip ni in bu loycni iDX"'an loy -ixo nx napS
i"? î'x ic^x '■''«'? n'jBD ''3X1 loVna'' UTinai lain'' ainn D''i3m icno 'Dod idi"?»
:iD''aB nn"' ne?' nVani n'?nn
'r"'i ■p'' '"D ty 13 nt ]:''"ax na
Voici la traduction du commencement de cette curieuse
autobibliographie :
« Joseph ibn-Caspi dit : Quand Joseph devint un homme,
« il prit la résolution de s'instruire et d'enseigner. A l'âge
« de trente ans, il commença à s'occuper de la logique et
« de la philosophie, pour expliquer l'Écriture sainte à l'aide
«de ces sciences, par une méthode inconnue à ses prédé-
« cesseurs. Joseph se proposa de faire un abrégé de l'Éthique
« d'Aristote, de la Politique de Platon et de la logique, après
' Ms. Cambr. mx '3a. » Ms. Cambr. n-»!».
' Ed. Dnim3ai Dn'3a. '.^LesmoU qui suivent jusqu'à la fin
Eà. JDX3 . ne se trouvent pas dans l'édition.
XIV SUXl.E
DU XIV SIÈCLE. 545
« avoir fait tlans sa jeunesse un commentaire sur la grammaire
« d'Ibn-Djannah et sur le commentaire du Pentateuque par
M Abraham ibn-Ezra. Puis Joseph se rendit en Egypte pour
«puiser à la source de la science de Maimonide, dans la
« maison de son arrière-petit-fds Abraham. Puis, après avoir
« été menacé de mauvaises rencontres et surtout d'une con-
« version forcée (dont Dieu le sauva), il retourna dans sa
« ville et sa maison. Joseph, ayant deux fds qui voulaient
«s'instruire, se prépara à composer pour eux des ou-
« vrages pleins d'idées neuves. Il se rendit ensuite à Perpi-
« gnan et de là à Barcelone, pour visiter sa fdle et son fds;
«puis il séjourna en Aragon, pour jouir de la solitude et
« pousser ses travaux littéraires. C'est en l'année 6091 de la
«création (i33o-i33i) qu'il reprit ses travaux, en faisant
« le vœu de ne pas revenir dans sa famille en Provence avant
« d'avoir accompli sa tâche. Ayant trouvé tant do choses
« nouvelles, Joseph put écrire vingt ouvrages, par allusion à
« son aïeul Joseph qui fut vendu pour vingt pièces d'argent.
« Il donnera l'énumération de ces ouvrages et le sujet qui y
«est traité. En tout il suit Maimonide, c'est-à-dire le Guide
«des Egarés, en le complétant par la connaissance de la
« logique et de la philosophie. »
Suit l'énumération des vingt ouvrages. Les discussions
critiques qui précèdent nous dispensent d'en donner ici la
traduction.
On attribue à tort à Caspi des cosnn noio, « Sentences
« morales des sages». Ce traité est mentionné dans l'intro-
duction à l'Éthique (n° m), et dans la Lettre de morale, Werbi., p. i5.
selon M. Steinschneider. Nous pensons plutôt, comme p. 7"!^^ "''* "*'
M. Kirchheim, que les Sentences des philosophes men- komm , p. x\
rionnées dans la Lettre de morale se rapportent à l'ouvrage
ie ce nom de Honein ibn-Ishaq, traduit par Juda al-
Harizi. Caspi dit simplement, après avoir recommandé
plusieurs livres à son fils : « Parmi eux figure l'Ethique
« d'Aristote abrégée par moi, et aussi un autre livre qui se
■' trouve chez nous, c'est-à-dire la collection des sentences des
TOME XXXI. 69
3~ («pfiurniK
7 •
MV SIECLE.
Voir ri-dessus,
p. 491. '
Komm.,p. iSi.
546
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Eiicycloptedie ,
j). 72.
Zuiii, Lit. der
syn. Poésie, p.575.
Neubaucr, Cat.
BodJ. , col. 37g ,
11° 1180.
Rirchbeim,
Komm. , p. .\vi.
CaUU BodI.,
roi. 'i86,n'i357.
Catal. de Cam-
bridge, p. 208.
Voir ri -dessus,
p. i89.
Encyclopaedie,
p. 73, note 73.
« philosophes. » Il n'est pas là question d'un compendium fait
par Caspi. Il n'est pas impossible que ce soient ces sentences
que Caspi recommande à son fils de relire après le repas.
Caspi passe aussi pour être l'auteur de pièces liturgiques
écrites dans un langage assez élevé, et empreintes d'un cer-
tain sentiment religieux. Quelques-unes ont trouvé leur place
dans des livres de liturgie, et même dans celui de son plus
ardent antagoniste Siniéon Douran, lequel sans doute en
connaissait l'auteur par les acrostiches. Il y en a quatre avec
l'acrostiche de Joseph ben-Caspi; elles sont énumérées dans
l'article de M. Steinschneider. Nous croyons que notre au-
teur, s'il avait réellement composé des liturgies, n'aurait pas
manqué d'en parier dans la préface de sa liste; car la mo-
destie n'était pas sa qualité. Ces pièces liturgiques pourraient
avoirpour auteur un Joseph Caspi d'une époque postérieure;
on connaît, en effet, un Joseph ben-Schalom Caspi, qui
a composé des liturgies. Quant au livre de prières qui
porte le nom de Siméon Douran, où l'une desdites liturgies
se trouve, ost-on sûr que ce soit le véritable livre liturgique
de ce rabbin ? Il lui est attribué , par exemple dans le manu-
scrit de la Bodléienne, qui est de beaucoup postérieur à Dou-
ran. Mais Douran n'aurait certainement pas introduit dans
l'usage, comme le pense M. S. Sachs, et encore moins récité
une liturgie provenant d'un homme qu'il avait déclaré
hérétique. Notre Caspi n'était pas poète comme M. Stein-
schneider le suppose. Les vers qui se trouvent à la fin de
la logique, et dont M. Neubauer ne fait pas mention, ne sont
certainement pas de Caspi. Il n'y a aucun esprit poétique
dans ces six lignes; c'est une louange à Dieu, peut-être
provenant du copiste. Quant au distique qui est à la fin de
la liste B, nous ne le croyons pas non plus de Caspi; car ce
n'est pas son style. D'ailleurs ce distique manque dans la ré-
daction A, et on le trouve dans un autre manuscrit à la
suite de l'Épître de morale. Et ces vers fussent- ils même
de Caspi, ce ne serait pas là un motif suffisant pour le
ranger parmi les poètes juifs de Provence, comme M. Stein-
schneider propose de le faire.
DU XIV SIÈCLE.
547
XIV* SIÈCLE.
En résumé, Caspi commença sa carrière littéraire par
des notes sur Ibn-Djannah et des commentaires sur Ibn-Ezra;
les traités de l'Éthique, de la Politique et la Lettre de mo-
rale vinrent ensuite. Puis il composa des commentaires non
mystiques et presque littéraux sur le Pentateuque et les
prophètes; après cela il s'occupa de logique et de grammaire.
Il continua par des ouvrages théologico-mystiques, entre
lesquels nous comptons les commentaires sur les hagio-
graphes, peut-être celui sur les Psaumes excepté. Viennent
ensuite les commentaires sur le Guide des Egarés, dont
probablement il fit déjà un premier essai à l'époque de ses
f)lus anciennes compositions. Le traité mystique par excel-
ence, le Gobelet d'argent, et le dictionnaire n'ont pas été
composés d'une seule haleine; ils furent achevés les der-
niers. Caspî termina sa carrière littéraire par la liste qui!
dressa lui-même de ses ouvrages.
La méthode de Caspi est si obscure et si peu précise
qu'on ne doit pas s'étonner de le voir très différemment
apprécié. Les uns le citent en l'approuvant, comme Ibn-
Zarzah, Moïse de Narbonne, Éphodi et d'autres. Les Cabba-
listes l'exaltent à cause de son mysticisme. Ainsi Moïse de
Rieli (qui florissait vers i4oo), dans son imitation de
Dante et d'Immanuel, place notre auteur dans le paradis
à côté d'Abraham ben-David et de Juda le Pieux', tandis
qu'il chasse du paradis Lévi ben-Gersom et Moïse de Nar-
bonne. Johanan Alemanno (vers 1 490) recommande l'étude
des écrits de Caspi. Nous avons vu, d'un autre côté, que
les philosophes théologiens, tels que Siméon Douran et
Isaac Abravanel, le combattent de toutes les manières. Les
attaques de ce dernier rejetèrent presque dans l'oubli les
ouvrages de Caspi durant les xyi", xvii* et xviii* siècles. On
n'osa pas en multiplier les manuscrits; c'est ainsi qu'il se
fait que plusieurs d'entre eux n'existent plus. Richard Simon
connut les travaux lexicographiques de Caspi, et vit ce qu'ils
avaient de mou, d'incohérent, d'incertain.
Komm., p. 17
et /,6.
l'Inryclopxdie,
p. 7.3.
Voir ci-deisus,
538.
R. Simon , Hist.
orit. du V. T.,
p. 177.
I^DD rmn\ auteur dn xn* siècle, originaire des prorinces rhénanes.
69.
MV SIECLE.
548
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
\Iaikir, XII,
|). 6o; XVI, |). 92 ;
XI\ , p. 115,117.
Noir ciKlessous
I article sur cet au-
teur.
Voir ci-dessous.
p. 55i.
Voir
ci-ticssous,
|). JD,")
l't slliv
Miink
, Meian
t;<-s,
|>. 49,
noie 3.
licviiedtsÉti
udcs
juiic* ,
i\,V
10.
(ipsi
•liirlite
der
JurJcri,
VII, |i.
282.
Voir
ci-dessoiis.
(I. ô.")G
ABBA-M\RI FILS DÉLIGDOR.
Abba-Mari fils d'Eligdor, surnommé Sen Aslruc de
Noves (cN3ij n pniscrK ]v) , qui demeurait à Salon , s'est occupé
d'études talmudiques, d'exégèse biblique, de théosophie,
de sciences et de philosophie. Voici comment Isaac de
Lattes s'exprime à son égard dans la préface littéraire de
son ouvrage de casuistique intitulé Qiriat Sépher (^Dc^'^p),
Ville du livre : « Le grand savant Abba-Mari fils d'Eligdor,
«surnommé Sen Astruc de Noves, composa des ouvrages
« sur toutes les branches des sciences. Il fit un commen-
« taire sur quelques traités du Talmud, en expliquant les
« mois et les raisonnements. Il est également l'auteur d'un
Il commentaire remarquable sur le Pentateuque ainsi que
ti sur le livre de Job. Il a e.xpliqué d'une manière très
« étendue le traité intitulé « Les chapitres de R. Eliézer' ».
« Il a fait un commentaire sur la logique, la physique et
«la métaphysique [d'Al-Gazzali?], et il a écrit beaucoup
« d'autres livres d'une grande valeur. » Selon une autre note,
Abba-Mari serait l'auteur d'un commentaire sur le Cantique
des cantiques et sur le chapitre de la création. Nous ne
connaissons rien sur la vie de cet auteur, si ce n'est que
Samuel de Marseille, dont nous parlerons plus loin, étudia
l'astronomie auprès de lui à Salon, avant 182 2, et que
Samuel parle de son maître comme vivant encore en i336.
Dans un autre document, nous lisons que sa fille Ksan
(Douce?) s'est mariée à Salon en l'année i36o. M. Graetz
dit que notre auteur fut emprisonné à Beaucaire avec Sa-
muel de Marseille, et il renvoie aux Mélanges de philosophie
juive et arabe (p. 489, note) de M. Munk. Mais M. Graetz
s'est trompé; car M. Munk parle de Samuel seulement.
Voici, du reste, le passage des Mélanges : « Samuel aborda
' ntï^Sx "n ^p^5. C'est un livre aga-
dique divisé en btx cliapitres, renfermant
des explications mystiques et astrono-
miques sur dilTérentes parties du Penta-
teuque; on l'attribue au docteur de la
Misclina R. Éliéier fils d'Hyrcanos;
mais en réalité ce midrasch ne date que
du vin' siècle. Voir Zunz, Die goUes-
diciutUchen Vortràge, p. 371 et suiv.
DU XIV SIECLE.
549
Xl\' SIÈCLE.
« dès l'âge de di\-huit ans l'élude des sciences et de la philo-
« Sophie; il étudia l'astronomie à Salon , sous la direction de
« R. Abba-Mari, appelé vulgairement Sen Astruc de Noves.
• En i323, il (Samuel) était prisonnier à Beaucaire avec
« d'autres juifs. » Si Sen Astruc avait été parmi les juifs mis
en prison, Samuel n'aurait pas manqué de le dire. Dans
un manuscrit de Parme, on désigne Abba-Mari sous le nom
de njj }e;i jnac'K îc? , Sen Astruc de San Nagri, peut-être
de Saint-Nazaire ou Senary (Var). Nethanel Caspi, dont
nous parlerons plus tard, cite notre auteur deux fois : dans
le manuscrit de Paris, sous les noms de ■•■ijj ]^vi ijjtibdn ]■•»
(fol. 88) et "•iji ]z'\ jnacK ]v (fol. i34); dans les manuscrits
d'Oxford, n" 1229, et de Berlin, n" 12^, sous le nom de
Sen Astruc tout court". Barlolocci et Wolf ne mentionnent
pas cet écrivain.
Ses ouvrages sont :
I. Un commentaire sur Job, qu'on trouve dans cinq ma-
nuscrits. Dans l'un d'eux (celui d'Oxford) ce commentaire
est attribué à Maestro Vidal Belsom (Moïse deNarbonne).
Ces manuscrits sont :
a. Un manuscrit du Vatican; le nom de l'auteur est
ici Abba-Mari ben Eligdor Nastruc de Nagri (^nncj naison
')ii-\). Assémani en fait Nistruk, de Nigris, aiictor icjnotus.
b. Un manuscrit de Paris 272, 4, où le nom d'Abba-
Mari a été ajouté par une main plus récente. Dans l'index
du nouveau catalogue, on trouve au nom d'Abba-Mari
la restriction « attribué ».
c. Un manuscrit de Parme, n° 1872, avec lasuscription
suivante : njiscn nnr^x p no K3N 'i iidi^'cd ai"? r^uN-)3 nvvv^ nvN '■'D
'■I3JWT anawx je? oMyi"?"?, Commentaire sur Job et le chapitre
de la création etc. Le second traité ne se trouve pas
dans le manuscrit. Dans XexpUcit, on lit •'ijj \v\. De Rossi
dit : In titulo et épigraphe dicitur appellari lingua vernacula
]wi jnecN 1», San Estrogh de Scan. M. Schiller-Szinessy a cru
lire |i"7e?T , « de Salon», au lieu du ]wi de De Rossi. M. Neu-
Voir ci-dessous
l'article sur cet au-
teur.
Catal. IJcrliii.
|). ni.
Assémani ,
p. liO'l.
Cal. Cambridge,
iih , note.
' mj^JI^T (Mazkir, XVI, p. ga) est une corruption.
XIV' ttlÉCLE.
Catal. Oxford,
u' 34». 7.
Catai.
n'3.
p. 3l5,
Voir ci-dessus,
p. 548.
Catal. Oxford,
col. 7 1 ._ Comp.
Kcv.des Et. juives,
XVI, p. 181.
550 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
bauer proposait pwVa pourpwT, vu qu'un des manuscrits
attribue ce commentaire à Maestro Vidal Bellshom. Dans
les addenda, il donne la lecture correcte nw jwi, après avoir
consulté les manuscrits de Rome et de Parme.
d. Un manuscrit de Cambridge ( Universily Library, n° 66).
Dans un endroit malheureusement très endommagé, le
copiste dit : « Commentaire sur Job et une partie du Can-
« tique des cantiques, par le philosophe Abba-Mari ben-
« Éligdor et les Intentions des philosophes par
« Abou-Hamid al-Gazzali. «Nous avons vu qu'Isaac de Lattes
paraît attribuer à notre auteur un commentaire sur Gazzah.
M. Schiller-Szinessy se demande donc bien inutilement si
notre manuscrit ne contenait pas quelque commentaire de
Moïse de Narbonne.
e. Un manuscrit d'Oxford, n°343, 4, où le commentaire
est attribué à Moïse de Narbonne (Vidal Bellshom). On y
lit en eflet un épilogue en hébreu, dont voici la tra-
duction : « Pour ce qui concerne l'excellence de ce com-
« mentaire, le savant Maestro Vidal Bellshom dit que Job
«était avec lui (qu'il a été inspiré par Job même), pen-
« dant qu'il composait cet ouvrage. » On trouve dans ce
commentaire quelques gloses qui sont provençales plutôt
que catalanes, et qui prouveraient, si on ne le savait déjà
par les autres manuscrits, que l'auteur est Abba-Mari de
Salon, plutôt que Moïse de Narbonne, qui vécut à Perpi-
gnan, à Cerbère (ou à Cervera), en Espagne.
La méthode d' Abba-Mari est entièrement philosophique
et basée sur Maimonide. Si Job a réellement existé, ce
n'est pas lui-même qui a écrit le livre qui porte son nom ;
c'est Moïse qui en est l'auteur et qui a voulu résoudre la
question de savoir pourquoi le juste est souvent malheu-
reux et l'impie heureux. Le livre de Job tout entier est
arrangé en questions et réponses, parce qu'on peut soutenir
difTérentes opinions sur l'ordre des choses en ce monde.
Nous ne savons pas si le mal que nous voyons dans ce
monde est réel ou supposé. Si le mal est supposé, il n'y
a plus de question; car le juste ne serait pas juste en
DU XIV* SIÈCLE. 551
réalité, ni l'impie réellement impie. Donc c'est à Dieu
seul, qui sait tout, et non à nous, qu'il appartient de
juger de la punition et de la récompense. Telle est l'opinion
de la Thora (Deutér., xxxi, 4)i suivie par Eliphaz. Si, au
contraire, le mal dans ce monde est réel, il faut encore
savoir si c'est Dieu qui a fait cet ordre de choses ou non.
S'ill'a fait, il n'y a pas lieu de murmurer contre lui, ni
de le remercier. Nous ignorons les motifs qui le font agir.
Le mal existe «n vue du futur monde : pour y augmenter
la récompense du juste, on le fait souffrir plus ici-bas, et
on fait l'impie heureux, pour augmenter sa punition dans
l'autre monde. C'est l'opinion de Bildad, de nos rabbins et
aussi des motazélites. Il faut tout attribuer à la volonté du
Créateur, et ne pas rechercher les raisons pour lesquelles
il a voulu telle chose et non telle autre. C'est l'opinion de
Sophar, des ascharites et de quelques rabbins. L'opinion
d'Elihou est la même que celle d'Éliphaz, avec la diffé-
rence que le premier se base sur la tradition, sans s'occu-
per des doutes que soulèvent les investigations philoso-
phiques, comme le fait Eliphaz. Élihou pouvait avec sa
méthode donner la solution de tous les doutes que Job a
exprimés.
II, La suscription du manuscritde Cambridge mentionné
ci-dessus porte dans la partie encore lisible les mots sui-
vants : Va no jok'i r|iDi'?^Dn (51c) 'n"?» Sk Qn^c?n-i'e;D nspi arKCivD
. . . '•Vtj'?}* lomaNV CDiDù^Dn runsi . . .-inr'jK.o Commentaire sur Job
• et une partie (du commentaire) sur le Cantique des can-
• tiques, par le philosophe R. Abba-Mari,lilsde R. Eligdor,
« et le livre des Intentions des philosophes d'Abou-Hamid
• al-Gazzali. » S'agit-il là d'une des traductions hébraïques
du traité de Gazzali (car on en connaît trois), ou d'un com-
mentaire fait par Abba-Mari? On ne saurait le dire. Quant
au commentaire sur le Cantique des cantiques, M. Neu-
bauer croit l'avoir trouvé dans le manuscrit d'Oxford,
n' aaSa, 7. Assez analogue au commentaire sur Job, le
commentaire d' Abba-Mari sur le Cantique des cantiques a
un caractère philosophique, et Maimonide est cité dans
XIV' SIÈCLE.
XIV* SIKCI.E.
552 LES ECRIVAINS JUIFS FRVNCAIS
tous les deux. Après un prologue, où il prie Dieu de l'aider
dans sa tâche, l'auteur dit : « Ce sage (l'auteur du Cantique
M des cantiques) prend un berger avec sa bien-aimée, et
« tous deux expriment leur amour à l'aide de paraboles poé-
« tiques. Cela se rapporte à l'âme intelligente, qui est la
« bien-aimée; l'intellect émanant de Dieu est l'amant. L'âme
« intelligente a un désir ardent de se rapprocher de Dieu
«et de se tenir devant lui en réalité, non symbolique-
« ment. Et comme elle ne sépare pas sa pensée de Dieu,
«aussi Dieu veillera constamment sur elle; de sorte qu'elle
«s'attachera de plus en plus à Dieu jusqu'à ce qu'elle soit
• enlevée d'ici-bas pour entrer dans le faisceau de la vie
« (I Sam., XXV, 29), comme il est écrit : Tu le serviras et tu
« t'attacheras à lui pour l'aimer de tout ton cœur. »
Il est toutefois possible que ce commentaire sur le Can-
tique des cantiques soit de Moïse de Narbonne, qui a fait
un pareil ouvrage, comme nous le verrons dans l'article que
nous consacrerons à cet auteur. Une confusion a pu s'éta-
blir entre Vidal Bellshom et notre Abba-Mari, parce que
tous les deux travaillaient d'après la même méthode.
III. Abba-Mari a écrit des réfutations (naïun) du livre
Voii rwioss.i», du Mystère de Joseph Caspi; nous en avons déjà parlé. Ces
^°' réfutations sont perdues; mais on en trouve quelques-unes
\oii ridessus, cltées dans la lettre de Calonymos et dans le commen-
taire sur le Khozari fait par trois élèves de Frat Maimon,
dont il sera question plus loin.
IV. Le manuscrit de Munich 91,1, contient l'introduc-
tion au premier livre d'Euclide par « le philosophe parfait
Caïaioïuede « qui cuseignc la droiture, Abba-Mari ». M. Steinschneider
a des doutes sur l'identité de cet Abba-Mari. Pour nous,
nous identifions sans hésiter l'Abba-Mari du manuscrit de
Munich avec notre auteur, qui s'est en effet occupé de
mathématiques.
|i. .'I 'I
Muiiicl
P'
DU XIV SIECLE.
553
xtv Mf.r.i.h.
SAMUEL DE MARSEILLE,
TRADLCTEUB.
Samcel fils de Juda, fds de Meschullam, fds d'Isaac,
fdsde Salomon (anjn), fds de Jacob (anjn) Prophègue (j^nd-iid),
(ils de David, s'appelait en langue vulgaire (comme il le
dit lui-même), Miles ou Muels de Marseille (N■'>'7e?^D^ d'j-'d).
M. Zunz considère Miles comme fabréviation de Samuel.
Nous croyons que c'est plutôt le nom de Miles ou Milon,
si commun au moyen âge. D'après quelques manuscrits,
iSamucl aurait été surnommé le Barbaveire ( n'-MNaian et
K-i"i3i3n), nom dont la signification est inconnue. Enfin nous
le verrons aussi appelé Miles Bongodos ou Bongodas, c'est-
à-dire fils de Juda.
Samuel de Marseille naquit en 1294. Cette date peut
être établie avec certitude; car noire auteur avait vingt-
sept ans lorsqu'il acheva sa traduction de f Ethique en 1 Sa 1 .
Son grand-père, MeschuUam, était arrière -petit-fils de
David Prophègue (M. Munk écrit Prophiaque), que Ben-
jamin de Tudèle mentionne comme l'un des plus riches
habitants de Marseille, et qui, selon Joseph ibn-Verga,
mourut en 1 170.
Samuel montra dès sa première jeunesse un grand pen-
chant pour f étude des sciences et de la philosophie. 11 aborda
ces études au plus tard à fâge de dix-huit ans; il étudia
l'astronomie à Salon, sous la direction de Sen Astruc
de Noves. En iSaa, nous le voyons prisonnier à Beau-
caire, dans la tour de la Rodorte, où il fut enfermé avec
d'autres juifs, pour une raison jusqu'ici inconnue. Nous
le trouvons séjournant ensuite plus ou moins longtemps à
Murciecn Espagne (iSa^), à Tarascon (1829 et i33o), à
Aixen Provence ( 1 335 et 1 336) , et eni 34o à Monteil-Aimar
(Montélimart, -id^k '7>">ojid dans le manuscrit de Paris 893,
nmx 'jiQjiD dans le manuscrit de Paris 894 et dans celui de
Berlin), endroit qui était la limite du pays où les juifs
de France pouvaient demeurer. Samuel fut un traducteur
(jesainmullp
Scliriflen. lit,
p. 189.
Ms. de Pari»,
11° 102 'i.
Ms. fif Turin .
11° 1 i ; ms. (le Mu-
nich, 11° 66.). —
Voir ri-dessous, u
riirticle .l.irol> Co-
IlOII.
Kcii.iii, .^vcrroès,
|). 19..
Voir ( idcstous ,
p. 55 '1.
Mélanges
note 3.
./■«g.
Voii' l'i-dessus ,
p. 5/18.
Voir ci-dessous .
p. SJ';.
P. Mever, U
chanson de la croi-
sade contre les
Albigeois, t. Il,
p. 2 i3.
Voir ci-deisous ,
p. 56 1.
Voirci-dessou.s ,
p. 56 i
Steinschneider.
Hebr. Uebersetz. ,
)5i, note.
TOME XXXI.
70
Xlv'SItCl.E.
Ilist. litl. (le. la
Kiance, l. XXVII.
p. 677.
Slcinsc lineider,
llebr. Uebcrscti. ,
i5i, note .ii!7, et
l•i-<l(">•^ou•■, p. 5G7.
Voir ri-(lesson4
p. 36-, et l'arliclp
ilp Juda Colicii.
Calai. Munirli,
p li-
Stciiiscliiicider,
l elxT^rli. , p. 1 o6.
554 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
de premier ordre, et il n'épargna aucune peine pour se
procurer les meilleurs textes arabes, afinde remplir sa tâche
aussi complètement que possible. Nous savons qu'il revisa
plusieurs fois ses traductions. Il s'excuse de ce que quelques-
unes sont imparfaites en alléguant qu'il a été obligé de tra-
vailler sur de mauvais textes. D'après la suscriplion du ma-
nuscrit de Berlin, in-oct. 332, acquis après la publication
du catalogue de M. Steinschneider, Samuel était médecin;
ce qu'on aurait bien pu supposer à priori. On lit dans ladite
inscription : bcx^o nDH'-'ND pnaion kbi-ih n'7yjn (wV^d). Samuel
était un adversaire décidé de Léon de Bagnols; il se montre
très sévère pour les commentaires de Léon sur diverses
parties de l'Organon.
Voici l'énumération des ouvrages de Samuel de Mar-
seille :
L d^didiV-'d'? -ics ' D''c;rnnD rvnain n'jKC^n, traduction des
Questions ou dissertations touchant quelques points obscurs
du commentaire d'Averroès sur certaines parties de l'Orga-
non, achevée le 29 nisan 5o8o = 8 mai i320. Le manu-
scrit de Munich 353 est le seul manuscrit qui donne le
nom du traducteur, «Samuel ben-Juda bon-MeschuIlam
« ben-Isaac ben-Juda n^iKna-Jan ». On trouve aussi le texte de
quelques-unes de ces Questions dans le commentaire de
Juda Cohen, élève de notre Samuel, et dans le manuscrit
de Munich 36, 17; M. Steinschneider a donné au complet
toute celte bibliographie. La traduction de Samuel se rap-
porte aux n°' 1-4, 21 et 22 de la traduction latine d'Abra-
ham de Bal mes.
IL Traduction du commentaire moyen d'Averroès sur
l'Ethique à Nicomaque d'Aristote, qui forme, selon les
juifs, la première partie de la Politique, achevée à Beau-
caire (n^pVa 'jujo) le lundi 10 adar5o8i = 9 février i32i,
Samuel étant âgé de vingt-sept ans. Samuel dit qu'il sait
que sa traduction laisse beaucoup à désirer. D'abord il ne
' Steinschneider, Uebers., p. 98, où
D^e?mm est une faute d'impression.
Dans le catalogue de Munich, n* 36 ( 1 d ) ,
on lit : □'e?mnD. C'est le litre commun
à toutes les Questions , quels qu'en soient
les traducteurs.
DU XIV SIÈCLE. 555 ^.,.3,,,^
connaît pas suffisamment l'arabe, et puis il a trouvé des
expressions qu'on ne rencontre pas souvent; c'est pour-
quoi il a laissé beaucoup de mots sans les traduire. Enfin
la copie arabe sur laquelle il travaillait n'était pas très
correcte; il promet de faire une revision de son travail
aussitôt qu'il sera « bors âe la prison ». On trouve des ma-
nuscrits de cette traduction à Oxford, i35o, i355, i424i
)425, 1426 (dans ce dernier manuscrit, le commentaire,
dont fauteur se sert entre autres autorités de celle de
saint Tbomas d'Aquin, est basé sur le texte de Samuel); Caïai. de Leide.
àTurin, clxix; à Florence, Laurentienne, Plut.Lxxxviii, 26; ^ "'
à Rome, dans la bibliothèque Casanatensis , I, vi, 11.
Voici l'épilogue, d'après les manuscrits de Turin, n° 169,
et d'Oxford , n° 1 3 5o (les deux dernières lignes ne se trouvent
que dans le manuscrit de Turin) :
p'7nn Kim niDNDip"': |r pcVa Kipan loonK*? nncn idd"? nwn ]3 niM a^Vi Comp. ci-dessus.
••jcn p'jnn % idom nODnn p'jn inj>in PTion nosnn "'p'?n liao prKin ''' '**''■
-iDoae? no h« '>"'7inni nrcnan nDoae? no Dn> Kin nsK^on p'?n Kipjn njOD
iiiv -ION iBoa Nirr ^:c?n pVnm .^K^D^n nsK^oa '«'^inn mcm niKnan m^oe?
*?» nta '7s:rn 1331 Kinn iDon iV) p osnn Vn "jb: k"? ^N «iidiVd'? nanjnn idd3
n^jncn nin:n itoi '•wn ^n^n phnn p Ksoe? no imiDn ^K31 i-iK3 Kh 'a
p»Kin pVnn *?« pTïDn >jk ''n32?Dn nji3n nKî'ji onoKDn rynoD jidVbn'î
.nnx "IK3D mK3i rnK nosno D-'p'jn one? nriK nnx nsno D-i3n n"?» ibxk
D'-jncn ncDnn ^jixt rKtn noano pcNnn p'?nn Kin ne?» ntn nBcn Tpnym
yac nie?3 n^'jw-icD s'i nnhv p pns^ p d"???» ]a x"-" min"» p '^Kioe? ^jk
D'jDwn njWD jicKT iiK a> wpnïn no'jerii ii^p'ja "juds nn tucd Dnw»i
p'jn UDD moipo n3nn3 imx ipTsn nya ■»rmn nsai 'e?ii?n ïi^xn qib'? idki
«1-nxD 3nyn p»"» 'ninjn nsip*?! TOan tJiy'DV rm»i na-rn naTiD ^njbi
III. Traduction du commentaire d'Averroès sur la « Poli-
« tique » [la République] de Platon. Voici la substance de
fépilogue de Samuel d'après les manuscrits de Turin et
de Milan, dont nous donnerons le texte plus loin. Notre
Samuel y est surnommé Miles Bongodas, c'est-à-dire fils
de Juda. Il dit que, quand il a fait sa traduction, il ne pos-
sédait pas le commentaire d'Averroès sur la première partie
de la philosophie, c'est-à-dire fEthique à Nicomaque, mais
70.
IIV* MKII.E.
556 LES KCRIVAINS JUIFS FR\NCAIS
— qu'il possédait seulement le texte, qu'il n'a pas pu traduire
complètement. Après quelque temps il a réussi à se pro-
curer le commentaire sur la première partie, et il l'a traduit;
de sortequ'ila terminé la traduction de toute la Politique, et
ilenaaclievélarevisionle2 7éloul5o8i (3 septembre i32 i),
à Beaucaire, où lui et les autres juifs étaient emprisonnés
si.ins.i.iiiM.ipi. dans un des forts, nommé nxmmi. Il est probable, aioule Sa-
„ot. st)S muel, que le lecteur trouvera des passages douteux; cela vient
fie ce que le traducteur ne possède pas assez à fond l'arabe;
niais avec le temps tout sera amélioré, comme cela se fait
d'ordinaire dans les travaux de ce genre. Il s'était donc pro-
posé de revoir et de corriger la première partie, c'est-à-dire
i'Etliique, avec l'aide des savants chrétiens, qui possédaient
le commentaire d'Al-Farabi; mais sa longue captivité l'en
a em])êché. Il espère sorlir un jour de la prison et remplir
ses devoirs de traducteur. Le lecteur se montrera indulgent;
car non seulement les deux langues, l'arabe et l'hébreu,
sont nécessaires au traducteur, mais encore il doit con-
naître le sujet traité dans l'ouvrage qu'il traduit et même
les autres branches des sciences. Les traducteurs qui l'ont
précédé, dil-il, se sont trouvés également dans la nécessitéde
réclamer l'indulgence du lecteur; dans un temps de boule-
versements et de persécutions, tout devient encore plus
difficile. Samuel attire l'attention sur ce fait que jusqu'à pré-
sent aucun traite de philosophie n'a été traduit ni résumé,
Muni,, \i.iaii-.s. si ce n'est le Livre des Principes qui est d'Al-Farabi; le peu
qu'on en possède parmi les juifs appartient à la seconde
partie de cette science (la Politique); mais rien n'a été fait
pour la première (l'Ethique).
La première traduction fut achevée le 22 kislev 5o8i =
a 4 novembre 1820, à Aurès' (Pyiix). La revision, comme
nous l'avons dit, fut faite dans la prison de Beaucaire et
achevée le 2 7 éloul de la même année (3 septembre 1 32 1 ).
Le manuscrit de Milan parle d'une troisième revision. Après
l'épilogue de la seconde revision, on en trouve un second :
' Autres manuscrits : oniK ou oniK.
U. J II , tj I J.
DU XIV SIÈCLE. 557
\IV* SIECl.K.
« J'avais promis de corriger cette traduction avec l'aide de
«savants chrétiens; mais cela m'a été impossible à cause
« des persécutions et des vexations que nous avons à en-
« durer de la nation au milieu de laquelle nous vivons.
« Tout ce que j'ai pu, c'est d'examiner encore une fois les
« paroles du philosophe et de procéder aussi soigneusement
«que possible à mes corrections. C'est ce que j'ai fait pour
« l'Ethique; mais pour la République je n'ai pas pu obtenir
«un autre texte. J'espère néanmoins que les fautes ne
« seront pas nombreuses et que le lecteur sera indulgent
• ])our moi comme il l'est pour les autres traducteurs. »
Cette revision fut achevée au mois de tammouz 5o82 =
17 juin à. 16 juillet i322.
On trouve des manuscrits de cette traduction à Ox-
ford, n" i35o et i355; à Munich, n° 3o8; à Turin, n° 4o; Peyro.., Catai..
à Florence, Plut, lxxxviii, 26; à Milan, Ambrosienne, i' '^•""'''
R. 33 sup.; à Vienne, n" cxxix. Catai. Vienne,
Voici fépilogue, d'après les manuscrits de Turin et de "^ '^'
Milan. Nous n'avons pas jugé nécessaire de relever toutes
les variantes :
no"?©;! po'jBx'? nanon rjnin nsna cKîtDjn □"yion |d -\v-i p ^1^<•'^ divi
'JN rnpnyni c^nix t»»3 ni^^^h "•wwn tj'jKn b-jd'? ns r3c?D ^boD hb mpryn
nnaon nN"'?''e?nKOT m"iîoi3 nnb» p pnr p d"70D p min' p "jnide?
n^*? rjo n\T ià 'p^ayn rvai nii'j^wiDn cnuju vh-'Xi pcnai ivb xipjm
op^ryn'? "'n'73' tà^ dds» »)iDiV^cn noxD "t"?!» ]WK-?n p'inn p ivi p iiN-'a
pVnn ^^x'^ n^"? vmv ly tj'jdid minn Tnrni ni"? •r'jnrwm o^wipi opoy bv
V1W2 Vsa aiun unjDs nxiaoi nns iiwVa i0t p nsun osn"? xinn
npn»n no"?»:» i» 310"? 'T" "?» D-ison nona nasan ne^ni ip^rvn"? ^rmiynni
Tjpn nba nODnn rwa ^rpnvn ■?» ■•na» m» r^h^o D''i''iun nosnn mxia
Vnaoa N\nn n:c;nD "îi^k j"a ia ppnni pnn rax^o no"?»:! ina id3 nix-'32;n
nxonnn -niiao vnsaDD nnN3 NiVai irnx 'ir-' d» y\m nis» •'■)"p'?3
»rpnyn3 p'yon -«a 3"nD Kin dj ^e;DN Nin "jsN wd: irm (ms. Mil. nxDnn)
TJtrn nsipV "rpryn sr> r3D3 n:DD nDipD3 pdid-» rxin nosnn "•p'jn ^j2?d rw
Dt5irD3 i'7D3> onn mNu»n ^a nBi3i mpo 'jjn muyn '?3K >3^y^ pw'ja
O'p'nyonD ^Di 'dV nonvon D-inson ike/ npryn3 yiian imiinn nipim dj>ni
Twa a^K'>pan niVan Dn>n\T p nnx pjnn^ nKt nnN n"3a -""jini .^jb'? vn ie?N
oVerno i» tikij»! 'myn T'wnbi T>3yn'? nwin nm pai aVa Tiiyr"" maie/Vn
3 8
\l\ 5IKCI.I.
558 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
yhtnb tcdii 'rawn na 'nisnm ncsnn nw "rt^mh dji . nosnn rw rprvn
'3 HDsnn nNTD pe^Knn p'jnr u-iEai onsun iDsn dï nKtn npnvnn ppra ii»
mm'? ■•ax-iD'jN nxiiax"? Drcns d3 d*?»» D^NSDjn xinn p'jna tjiDiV'Dn nCKD
ny3 uron pjnni -ji-iKn ^DKC^ ;d nnoin nacn "''ji'? rrin p T''Dt •ie;N3 miynVi
'"? î''3''i nVs p"i3D "fCN 13DDD "'3K"'sn "P Dvn •yiic DK1 ntD ':ryjD rxtn
■?» nrnnN ly nosnn rcwxnD -ipncm }rï3 yb^tt^ nia "jincrK B»iDn iK:Dn
DIB nD3nn nwa piyDn "'iiD^erN"' ta pb^ . □'7K?ri la nprvnn ipinnw n» nno
NSD'' tà^ Kon-i x"? -i»k dix ]>x "la nviycm mx^awn noipo"? ly^jna nc?yDn n»
n\T nerx npnvnn nuDix 'jva ©"3i D'pim otiv"? in3x'7D3 nyo' x'?c' jdix
iwx ■'jiST mJiwST "Tiwa ''pa n\T'D na pixn pos'» nan 13 nvpy maa n:x'?D
PTVD xin nc?x naxVoa 11 ncana xb oan ni.T»»! rVx p-riy' -ic/xi njDD pTy»
11 î'73 ri3x''7Dni piD3nn m3anDn'7 oan ix nociiDon nioann Ssa dj 'yax laS
cp'TiyDn ia xsva ix r\i hs iTvn naai . i^on nnxna '?''CDr rnxn "la it dï
c'jia'jam naiaon nsiy as "jax oninpryna obsjrna ij-'Jd'? vn -icx Q'Jic?x"in
mVnm (?) e;ic?Dn "jy nt apva ni oxao no xb liD» ija irc?n iwx DnoDnm
nxin rva ^b ]Vii:v no niaan runnxm o^^t d-'D'» m mpainnm n3'«")3ni
noix pai ma 1J^l»^l?x bv nan mm i"? ]pji ocn naerj.nxD aiD nax'jon rxiD
orn is ""3 n"? •«ixi'? naio ipnnn lain ncry» noxn D^:''DXDn Snp o'^i^scn onx
'nVii ir'jiiD xVi «iiDi'7En ]D x^ noann nxiD '7'73 vS» Vdj x"? ix nai pnvin x"?
caT T'a "îDiin ■'3 "'axncSx isaïax"'? nxsDin nVnrn iDoa niD xsDiw no
pcxin p'jnnci noann rxiD •'wn p'7nn |D isid oïd xim uroix ■'©ixo
nD3nn nxDP "7113 rx nixnn"? im'jnm Tipmrn ijxi .nan n xsdj x"? i:dd
■iDXDn njn oïd xin ■'Ji-ion nsD na xsDJn aion qxi ij"':!»"?'? nx^sonVi nxin
ncmnc cw m» r\''nv no [n^n] yx .naa "rna xin bïid n\n oxi n'jnrna
nT>DDDn maiyn rne; nxa"? n'-'jsa nx mmon nx-'aon pjp «"ja nVacni n'jsyn
p'jn HD^n njon nxia ip-iinn ic?''e?n raw nnsn mae? irpn mioan nn'jsnn
1X^^ iB-ian Dmyn □•'•«n'pxn nVxn caVon >w nan no ivo» c^inn . own oa*?
n'jiyDn ma3e?3n nx'i'jBn n'?x x-ia ""O ihnvr) h^t(V a''pne?a xin ona -iix
. D3"':b'? D3r'7iyDi 03nx D3n3t? njn nxion ijiai inawco inva
Le manuscrit de Milan ajoute ce qui suit :
'r'7i3> xSi onsun "«oin ny n03nn nxi npnyn \prh '>niy njn p-ryon -lox
"refo"? Dn^j-ia lyn wnx n'?30n rxin noixno ""auicn mDmnni nmonn aïw*?
Tir^y pDiDD "Ti'ine? moipon "7331 njvya Tip» -^x vn"? ibm uid-'C^i ru^j©"?!
iDDa "IX mon ncoa manan nia ins '>B3 niison injpn ï|iDi'7"'Dn iDOa ron
nnx i^yom nioyio ia m«"'3©w ^jxnioa ni Sa oyi nnx ito "•S vm nh mmnn
Dbm^ D-'xXDja nyn^n ninox 'crin o'Bo'TDnon na"? ■'W=ia rwi"? 'Ji-n-i ••j'tsj»
DU XIV SIECLE. 559
\IV SIECI.t.
ne?K inian nanc w^n rpnn bid"? OTtPi d-ijcc? na» non onna ppnn nt
IV. Traduction de l'abrégé de la Logique ou résumé
de rOrganon d'Aristote par Avorrocs, achevée à Tarascon
(ip»-iD bnjrDa) , le 20 tébeth 6090 (i3 décembre 1329). Cette
traduction se trouve dans le manuscrit de Paris n" 956, 4-
Le traducteur dit dans l'épilogue, que nous donnerons Catai. Paris,
ci-après, qu'il a entrepris une nouvelle traduction, parce '' '
que l'ancienne, qui est celle de Jacob ben-Machir, conte-
nait beaucoup d'erreurs. Cependant, selon M. Munk, le
texte de Sauiuel ne diffère que rarement de celui de Ja-
cob. A la première feuille, on trouve les mots suivants : iiisi.iitt; deu
nx^V-'C-iD nrica rnana pan nt, « J'ai écrit ce volume à Mar- p'^èo-'.' ^^^"'
«seille»; plus loin on trouve le nom de l'j-'wiDn Tao ("''7"'W-)Dn
n'est pas très sûr) , « Schabbetaï de Marseille » ; c'est peut-
être le nom du copiste, qui a donné à la collection en-
tière des douze pièces contenues dans le manuscrit le
litre de oniD"? jwie? , «Lis d'instruction», parce que, dit-il,
il a rassemblé six volumes séparés, comme les six pétales
du lis.
Voici l'épilogue dont nous avons parlé :
'Di'?n:Kn 10 p cernotîn vto "jnjn Dsnn nan iva 'jn ;r3nn iisp abvi
{3 T< miiT' ]3 "'?ie?iD Skidct ""JK nay"? ""anso rnprvm inpnyn no'jwji
»rnn npnyna nm nviya i'?bji d-'obV pnsin laai y'j nthv p pnsi p dViwd
nprsnn îpnV nnn ansn pwVa D"'K"'p3 ^yiV1 ^aie;n nt ihk ik3i loon icsw ly
vbv s"? n^vh ^wi n^n ta DJiprc? idik ovnai nto nnnc; no icVcn «bi N'nn
TiKisi D"'3"yDn "jnp linjK i:dd irjsn nvjtDJi V3'7i3Di craiCD -ison nNc;:i
m3'<Kn "jnj noan ]Dp nsp nm*? ^yiyo rjon nVyirn dsivo T-iy^e? no dv nt
n'?yon ''jn: «m nwK ]V3n3 nsii3N nBD3» non np-im nnajn lac? ■•d'? nn tt^hzinb
is:i3K an^'"?» id^ iwk o'i-'JDn ddind tsp"? iBon nta iv-t px "-a hnd -iirwm
kV vnapM Y'jm in:iD 'B2 ny'îao di:d y» "■n-ian vba nn-iw ne ivjna T)Bd
TIN rpnn nswn» ^b"»x ■«ds» tk Tpm naon rw"? n:m htmv^ i-idi ono ^D
rwnbi uiBp"? 'nji3 d« Vxn T«»Dm c?nid ipTïnb aiwKi nnaaa •'^jnj'' ]Dîni
'nbn ■«'» 'P -I3T l'K nxtn n;N'?Da dw '''7 cwbi r-inx □"'jpnDm pwNin p-riyon
'niD "?» '?1D3 '?NON '70i:n hnnm 12 Vdd d>3ddi ids»"? Tiyon nnxn re?pa
nTS^"? «cwn «i^Kn ans"? a^yern pj^d nao ont;» rwn nax'jDn "inoVwm
:]DK nxj"? nbypM nnyn nan»' tpcio bnjC3
XIV'SIÈC.I.I.
560
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Voir
ri-(lesius.
Assrniaiii.
Voii Cl -dessous,
Voir
p. 3iS.
Renan, Averroès,
p. 75.
V. Traduction du texte des figures 3o et 3i du traité
d'Euclide (Hypsiclès) sur les cinq corps, pour compléter
la traduction de Calonymos, où ces deux figures man-
quaient. Samuel fit cette traduction le 3 du mois d'éloul
5095 = 23 août i335. Cette pièce se trouve dans le manu-
scrit de la Bodléienne Hebrew, d. 4i fol. 1 93.
VI. Commentaire sur fAlmageste, parties I-III. Ce com-
mentaire fait partie du manuscrit de la bibliothèque du
Vatican n" 398. La première partie fut achevée dans le
mois de tischri 5091 (octobre-novembre i33o). Samuel
dil flans l'épilogue que le commentaire est aussi court et
aussi précis que possible (il faut lire ii"7i3iu no nsp ino iwnoi
ipcnD biii27 N'y nc;r nj mD'jE? n>m ikod irn ) . A la fin de la troi-
sième partie, Samuel dit que celte partie a été achevée le
18 nisan 5o8i (26 mal i33i) à Tarascon, et qu'il espère
faire ultérieurement un comnjentaire plus long et plus com-
plet (il faut lire aic/'ji onnxn onoxon rc?nD □■•Vcrn'? ■«j-iTy hd iv le^Ki
c?î<-imiy). Nous verrons que Samuel fait allusion à ce com-
mentaire dans f épilogue de la traduction suivante.
VII. Abrégé de fAlmageste, par Abou-Mohammed Djaber
ibn-Aflah, traduit de f arabe en hébreu par Jacob fils de
Machir et corrigé par Samuel. Voici la substance du long
épilogue du second traducteur, dont nous donnerons
ci-dessous le texte in extenso. Samuel dit qu'à f âge de dix-
huit ans il a commencé à s'adonner à la philosophie,
et qu'il s'est proposé de composer des livres sur cette
matière. Il a étudié l'astronomie sous le grand maître
R. Abba-Mari (que Dieu prolonge ses jours!), surnommé
i-aessus, Sen Astruc de Noves, à Salon. Là il s'est rendu familier
avec fouvrage d'Ibn-Aflah. Quant au livre qu' Averroès a
composé sur le même sujet, il n'a pu en avoir con-
naissance que par la traduction de Nathan de Cenlo
(rxDn) \ laquelle, à ce qu'on dit, n'est pas correcte, et, en
outre, est difficile à trouver, n'étant pas très répandue.
' Nous ne connaissons pas cette tra-
duction. Samuel commet probablement
une confusion avec la traduction de
Jacob Anatolio ( Hist. litt. de la France ,
t. XXVIl , p. 587 ; Steinschneider, Hebr.
Vebertetz., p. 567).
DU XIV SIÈCLE. 561
Pour cette raison, Samuel a abandonné le livre d'Averroès,
qu'il croyait alors trop développé et trop difllcile pour un
commençant. A l'âge de trente ans, il est revenu à l'étude
de l'Alniageste de Ptolémée, qu'il avait commencée dans
sa jeunesse; il le lit maintenant avec son frère. En Bondavi
de Marseille, qui est très versé dans ces recherches, quoique
plus jeune que lui. Ils ont étudié tout l'ouvrage, excepté
la dernière partie; car les tem])s rendent impo.ssibles des
travaux approfondis. Ainsi il n'a fait de commentaire que
sur les trois premières parties, n'étant pas de force à
s'occuper d'un commentaire sur le livre entier, vu les cala-
mités présentes. C'est à Tarascon que les deux frères s'oc-
cupent de cette lecture, leur domicile étant dans cette ville.
Samuel avait alors environ trente-cinq ans. H trouve qu'Aver-
roès n'a lait (|u'extraire l'ouvrage de Ptolémée, et que tout ce
qu'il dit de bon lui vieni de son auteur. Les deux frères ont
quitté Tarascon pour se rendre à Trinquetailles (faubourg
d'Arles), où ils ont pu se procurer un texte arabe très cor-
rect; ils en ont pris copie à la hâte, s'étant retirés dans une
des écoles pendant deux jours, vivant de pain et d'eau,
car, disent-ils, nous avions hâte de rendre l'ouvrage à son
propriétaire et de retourner chez nous pour certaines
affaires. La copie a été faite sans ordre; car ils ne savaient
pas toujours comment les pages se suivaient, et ils ne pos-
sédaient que la huitième partie de l'ouvrage. Après de
grands voyages, Samuel a pu se procurer une traduction
de Jacob ben-Machir, dont on lui a permis de prendre copie.
C'était l'autographe du traducteur; cependant Samuel croit
y avoir découvert des fautes. Enfin il a pu consulter ime se-
conde fois le texte arabe, où il a trouvé beaucoup d'endroits
peu d'accord avec Jacob ben-Machir. En outre, dans l'œuvre
de ce dernier, il manque le chapitre sur la voie lactée et
d'autres constellations. Samuel a pu corriger les fautes de
Jacob et compléter l'ouvrage. H a appris également que Moïse
ibn-Tibbon en avait fait une traduction , qu'il n'a pas pu
se procurer. Samuel finit sa tâche, à l'âge de quarante-deux
ans, le i" tébeth 5o86 (17 décembre i335), à Aix.
Xoir ri-ile>sii~.
.')()o.
lli»(. litl. de la
France, t. XXV II,
p. Coj.
TO.ME .\.V\I.
7'
Vis. (le Paris .
Il" loi-j, 1. Cl.
Hist.litl.dc laFr, ,
l. XXVIl.p. 59 '1.
11° >*, el Steiii-
srhiieider, Hcbr.
I oherseti. ,p. 54 'i.
tui'riurtiiK ftTn
X|T' SIF.CI.E.
562 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
On ne connaît de manuscrits de cet ouvrage qu'à Paris,
n"' loi/i, ioa4, 1020, io36.
Voici l'épilogue, d'après les susdits manuscrits de la Bi-
bliothèque nationale de Paris. Les variantes n'ont pas assez
d'importance pour être signalées.
c;"7''D pona yn\n yi rmhv p pnsi p dSicd p vki niM\'' 'la Vkidu idk
nriDK •'cnn osrK Tsacn D'osn ivoe? .y^K 'jmnh D''DCfn ijMKn .K"''''7'"^:?^o^
DK c?iipo ]iytDi pwc mai hsv maa iV qc? dc D''De;n nixasa D>KSD3a nyn'n
DDTiWDj miym iT'yn dki nvroi nwpi nnnn na^Koac ni noNC ■?« can
rmn'jmc^y njinc p ikd 'Wd: moK ^r '•p'rn .Nin'< anjoai nnyï n'jsoa iNiipV
SaroNi nxnxi nsiK Tiyjn ]K3 ny xman nona ^p>kt "lai 'nojaj ip^n nDD'?cnnn
|na nVciDn |n'''7y naVion mncon nsKVoaw njiwKnn n^DiDiS^cn nnSpDCKa
biDx"? tîp'?'? TIN onny o'^b vn'« nain Dnco 'n*? ncy"? ry '•a'? nx tdj nT-xon
noyo n:t3p u*? mnx n"'DT ipsx'jd mwy"? ''V n'7''7ni .Dnny'?a dijd px 'a nnD nx
TiDx ]D "ry rriDixn "ja "jy n'jiy x''n nnx onntDDn Q^ann ri:iac;nn rerpaa
DViiD ''naa nT*? T'nrwn tonBcn ant ny nnix mynVi o'iiy oy ':» nc?'>aVn'j
rxTH DDann TT'DVa n\ni Tyr nain 'nmo onae; □''x'jDiDai onjcrna xinn
't a-in ij-iiD oVcn *iiDi'?''En cw^n oann oy naiarn ncan x^n iwx maaan
'jnjoa nt n-'ni tj-iov ^Vd ■'C 'jy □■'O'' e?ain jnoe^x |2? pona yiT«n îr ''id xax
Din'?x x-ic;: n^n inx na nan ne*x nin nom noon pni "'Jtx nyoe? 'y p"?»
"lan -iBcn r''a '«'?maDi .■«'7''ac;"'xn n'jox p nax5 pcna naiaoi yiT" '•'jxyDC?' oan
: au"! D\i'7X aciD ^a "rnan vt' 'jy d'-d pv nrx nc?"i ]a oann a"3 rxin noana
yi "TixDn jnj '-> oan*? tVu pryiD nïd: x"? ''3 ti^vnh ^e;Di nVa-» ta N\nn ryai
rxsî33 nn-in x"? d: .nox© no "'Da ixo nVp'jipD irpnyn nnNni aïonxD no 'Da
xin -liDna niD Tcbnn nyian n'jnan ir)pie?r wx T^aai •on''n"' n^a dx 'a
i-incv noana ddiiddi pinx mm*? awm ^"n ""a inatn ie?x ivi p "•ddjo
.ipin nîn iddh nnx tx TpVn x"? l'jxn maon uddi ."inx nian'? yiisT ta p'DDD
r'jnn nioana "jinno "inm"? noVzr ^j'^na jx nn^n x"? ^ai imiona udd nnixi
njbsna inioa px -rnox • nxD -laurt ncoa iwi p noxo ix 'S laiy pa '>e?yo
rM^yi
nxTH noana aie?*? -'Vti nppinwn im32?D d^w"?!:? nayi D'D\n lanx "«a 'hm
prx^^ uxtn na lan ne?x bnjn "iionn pwxin iddh Sx "«jd rx d'Cxi nmaan
TiyTi 'ai Tny:a nbnn ■^no'? lerx iDon xim ^Dojo'jxa yn^n m'îD'jx ovD^oa
oann oy tcnn rya inix Txnpi e?xiD ixiipS aie?*? cjo Sa Sy TBoa iddh poiy
inxnp 11"? nnSyi «Vyx^ d^o^"? udd i^ys yiD Saa nbvn k-'S^wiot 'njn jx 'nx
rmhv c;n^D tx ''T«a nSy dj .n"'p^yDn uioan ^a pnnxn noxcn laSo nioSwa
ncîxa iDin iy ncon noxD -ix» niy »^^)S tx '•'j ]3\n xSi o^awxnn onDKOn
DU XIV SIÈCLE. 563
n^T DU ''3 ip»no Vnjoa ntn ]vvn n^ni '<i)yvn ' riDiirn nnsn aaiy"? Tiirn
]2^'\ w ]h2 niDDnn ikui naDjn nwn nosna onn □'«D^a ""ry inpBJ iukdi
Dpi'jD n^n Dna ksdjh aion 13 rxîn noana TiDoa iv\ p naiD "•nny» ]'?3a
laouj HTH ^Doa nKSDJn riN'7DiDn naion ••aii ibdi anto -t^Tt nin iddhd
uxDNnm i:ptnrn «nto op"?» no t"?!? aitj i"'K noD "73© oïDsi Kinn -iedho
liDDDn «•'bvD nD3nn naun'? nr"ip''i WDjn nnaa V-'yoi nsjjn D3nn ■'Hni •>:« ni"?
D^cr D'-xùs nîDna K^nn nva i:dd upryni «Dncon 3n:D "id31nd p^no ntn
■«aiyn 3"'C7n'7 uinoj y"'' °''°3i is nnVa du iun ncsnn 'utn Tiao nnxa
rSit "jy nsonD uop"?! ijm3n D'''73n D^oyn Vj'jja i:r''a '7N aiu'"?! vhsih
p'.j-.ou'? lûpbin yaipD n"?» k"? w'jk cpoioD ini'' vnv moipon mpairnn
ruDnr nt '•tcna TnDK oddh
»3i^3n nSo'jB '•j'td'jd Tiiosy lauDi ^mna pioo pini n"7n3 nm Dvn 'n'i
yj T'SD ia apy^ 't osn"? pnyiD nin iBon tnsdi Tyj' hd ■"JHKUJ ^iibv ■'jpD
T3un iy ■'r'7Dun np\n noon "jj"?» d"'3d'7 ■•UDi ]in31 '^D^y^ apui ''a'? nj «b
D3nn arao udd Tppynu iddh aratî ■T'm imx Tarai ip-ryn"? •'junni v'jya oy
Kiu"? IN 'mOK .vnryn m "«a iniK ""ara rya T'en nyuo T^m latjn pTyon
'tV yjm ^pVk nty ^ityju ny "•n'ju nb ycua '?3n lai «)id t'^rVnj npui "rmo
ntn "iBcn 'npm Top'ju no n:iuKT ■•nop'? liDO iun ]iUK-in ••a-iyn nB orn
031 oaun oann npryna vn «b naT rmnD3 ia tkxd dji idv D'oys 1*73
D'aaiaa irw n3iDn .0U31D ^n3^ n-l3D'7^a iBon Sya '»^a^ non nppynn nm^fD
nin lana ^mo 'UB3 'm .'r'?ia^3 "ipipn myoni To'jun nonn "731 •o-'D^pn
TKXD riK^iJun osy"? m'7"73a "lanyno rrpnyn ny ^u»{0 ^"7 ''UB3 ns^yi inr
T"»»! k"?! "'T''? ysn n"? -jk 3*3 ip'pyn Vt pan nuD 'i oann >3 i"? ncDi :npnyna
apy iT'a .ayT»! |ia3 h'jk p^i oan ■'O .riKU3 pik'jbid riK^-so iVn .nprynn nnix
nD3na ^Vd ^jb"? ntn lanon id3 n^n ta '«a nrn Kni3m "jnjn 'n -nio na'jsi isS
oro'jBa rxjn noana "jnsn ]n3n ubd Kin 13KsD' ■'D nnNi .roN «•'331 rxin
■inu "?3n rnvianK ispi rnro nSai incKD ut'bi noisy nu^Bn i3t3 .nibB^K
•nOK nan ny a^upo "juiD miD imoa •'Oi oa i3"yr dk iBoa iNinu loa o^pi
ratD«i! '>ni3UD o'-yaiKi dtu n3ua m n^n '•p^zD idu "'n-' 'n i3ity nm ny
min "jns nau y"'» nsnon U3"Ka D'îiy nK^ia"? •'wn r\btà D'^yun w r3UD
'3B DK nVnK >mDj< :|dk ina'jD NU3n' rxn"''? mnn "j-iskoi maao p'jinV nan
oVo jvy 13 i^y"? niy ""sar mp^n riNtn nK-'XOn "h «■'soni ^331 nux 'n^K 'n
:|DK IDU nbyp^ riyVa ni^K px '•a ••a'? noa ia .np^K onna
VIII. 'Dman msaoK^K "idkd, Traité d'Alexandre d'Aphrodise
' A la marge; dans le texte mB13rn.
7'-
XIV sm:i:i.k.
xr\ MKr.i.E.
564 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
[surl'àme], traduit du grec en arabe par Ishaq ben-Honein
et de l'arabe en hébreu par Samuel, fils de Meschullam, fils
d'Isaac, fils du noble (an:n) Salonion, fils du noble Jacob
Porphègue (3"NBniD), fils de David, homme riche à Marseille.
C'est la traduction complète du premier livre d'Alexandre,
sauf l'introduction, que Samuel a laissée de côté. L'épi-
logue contient ce qui suit : «J'ai fait cette traduction, à
M l'âge de trente ans, à Vlurcie; elle a été aciievée dans le
«mois de tébeth 5o84 (décembre i.H'^4)i et faite sur un
« texte arabe très correct, corrigé à la marge et à la fin sur
« un autre texte. Cependant je ne me suis pas occupé la pre-
« mière fois de ces notes, car je me reportais constamment
« au texte lui-même. Cette traduction est restée dans mes
« cartons et n'a circulé parmi les savants de notre nation que
«plus tard, alors que j'étais âgé de quarante-quatre ans.
« J'ai revu ma traduction avec beaucoup de soin, et, comme
«le premier travail était trop confus, j'en ai fait une se-
« conde copie, afin que ceux qui s'occuperont de ce livre
« puissent le lire avec facilité. Elle a été achevée le 8 tammouz
«de ma quarante-sixième année [4 juillet i34o] à Monté-
« limar (nND"X 'j^tsjiD Vnjoa; le n° 894 «1 idik S^ciiD "jnjDa) , où je
« demeurais à cette époque. Le texte arabe n'avait pas de
« chapitres (NpcE);jelesai introduits pour faciliter la lecture. »
(jiiai. Pan,. Cctte traductiou se trouve dans les manuscrits de Paris,
n" 89.3 et 894, tous deux écrits en Provence. Le premier
de ces manuscrits renferme une liste de livres appartenant
Pxev. <!.>> Kiudcs à l'un de ses propriétaires, un juif provençal; cette liste
irnV. a été publiée par M. Neubauer et annotée plus tard par
ihid., t. \Hi, M. D. Kaufmann. Le n° 894 a été copié par Maestro ( ■'kd)
[.. 3ooci siiiv. Crescas Cresschent et achevé dans le mois de schebat 5 1 9.5
stein'^riineidcr, = iauvicr i435. Ou ne connaît qu'un autre manuscrit de
cetonvrage;use trouvea berim, m-8°, n° ôôi, acquisapres
la publication du catalogue des manuscrits hébreux de cette
bibliothèque. Il y en a aussi un fragment à Munich, n° 889.
M. Sleinschneider a traduit en allemand notre traduction,
d'après les trois manuscrits connus; M. Ido Bruns s'en est
beaucoup servi et en a donné de nombreux extraits dans son
(>. 10
lifberselzim!;pn
DU XIV' SJECLE. 565
\IV MKl.l.i;.
Siipplementiim Aristolelicnm, vol. II. Alexander, de Anima,
Berlin, 1887. Quelques extraits en hébreu, tirés des mêmes
manuscrits, se trouvent dans une dissertation de M. Aron
Giinsz, intitulée : Die Abhandhmq Alexanders iiher deii Intel-
/rrf, etc. Berlin, 1886. Pour les erreurs commises par les
anciens bibliothécaires sur l'auteur de cette traduction , ainsi
que pour d'autres observations, nous renvoyons le lecteur
à la bibliographie que M. Steinschneider donne dans son sieii.sdmeidc,
nouvel ouvrage. ^^'^r':^.
Voici l'épilogue d'après les manuscrits de Paris ' : »"''■'•
Tïno \v pc'ja laim V'n inprvn nc'jcrji crcia ■«cn-tEn -n::c{<n idnc d'7C';
iDKOn CNna tw.^-^ nrxc 102 pin p pnoK 'aty \\zy^ Ninn ^icSiD ipTyn
na ^a^D^ ^a j^an*? nc?p picv xim nay ]wS^ "la-iy jic'jd 'iN vnprsn p mx
npiDyni nmonn CBjn ncan N^n iwk rxin ncana jac? "73 ma- Vaa ibecd
îie?"? *?« pcr'jD pnyiD invna ij-)EDC? ne Nin rupi ipcy '7y r\-''Dvz noi nyataa
vnippyn nsD r'':rm nsD rnxn mao "•ne?'? ncrpi pioy Kinc? ^z>)>'n hz» D''DyD
nanon ne?N moVca li^an'? "rav ]ia3 'rain noana 'jnnc* ■»D njn mNrc? '.oa
iKD "jnj ^pM naaj no'jern r'Vana oVcn ntn -iondh 'a rtoN panS vj'»!
«0331 pw inioa k"? DTana© oVcn «m nano ■•a rnsn mao tc'? nn naie?''e;D
D'iva noana ddiiedh c;iaNDip''j ]3 ibcik '■'dn Via-ia: D''Eici'7''Bn nvDa noN
E7''Nn "iiyc; bu Tin kV pe'Nin CKin n\m tidne? no ••Ea nioann «'•son ic?k
'a iDim Vpi ]ae; Va vian rnox Vy iT'y inVin ntn ^D^{Da man noana nin
i:iy'jnc oniNO ntn Dvn ny idcik nnx cxan D^EicibEn Vaa n^^ kV roxa
•imn naa Kin ■•a n'-iwn nacni «noana niycr'ji •naTio'? y'rc; inx onnai
Vais iaa3 nnrn pVnai rr-yaiDn nnann jen noann Vao nmaan nnp\T noana
"jna Kao iV U'' ■]« na"? ■'yao U'-x xm n?n pVan ^a e?B3n pVn xin n'-pVn
n"'n'7Kn noann oy oisy »iine; nV t?"! n''p'?n ixe?a r^'yaian ncann dj nrnVxa
noann pi iva ^c?x anpm »)irc;a diz Vy nViy e?D3n pVn ijut nin pVnm
npnon pi injna DncxDac? laaan ntn loxon n^n vh mac 'ne;'? njn n-'nVxn
: xs"« ania CDnn jvym oVwn
nje? nao ©nina inpnyn noVoji ^ n'D^^D ^>ya "'nije?D Dicrbe? nowa vnpnyn
nxo njiD vrxsD ijdd inpnyn nc?x laiyni m>i-h yanxi D"'JDe?i D''e'7x ne? n
nnx imx ^pinyn rya ^nauDJ xV ^k r^nox xnoiD noixi pnpn "a isica ana:
' Ce texte a été publié par M. Stein- utile de reproduire ici cet épilogue,
Schneider dans le Magazm j'àr die Wis- en omettant les variantes les moins im-
senschajï des Jadenlhums , 1887, partie portantes,
hébraïque, p. 8 à lo; nous croyons * Ms. Soii.X'CllD.
x,^• s,r....E. 5®^ ^^^ ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
iDon ^1n^e? noa ^m"'^ non T^ni njicn any T^n o^nynb "«s d'?3 nnjnn
iniK "«pTvn inK nTn lOKOn ikwji naun roK"? nanpn "Tiacno "«Da Vam
orn n» 133013 ne?KM3noiï<D oij^yon ]n owcnn k"? TnjiKa oinm no» moa
TiK riwion rcrpi noxon poiy naano "tin mp"'yon noisvn'^'rmB'jntn
"invjm D-'D'n ia-iK •<o^ npnom jryn ^ni V» o"?© inra rw "Tppyn pipn'jo
n-iir» HNnp nin noxon "«nNip D>D»n p 'Jiat tuc^d yaïKi D^yanxn nwh
ipna nain "Timo mai diovd ion i» nion Vy wkid no"?» n^-pn iniN impni
3'7DiDn iryn inx ">nn ^s n'?iyn "«Dai ■'aSoi ' TnanD vn rsipro naini i3ipni
.T'rin3n'?i n3Dt iiik"? orn rooeriDO k'h >rpryno n3ie?K-in nnD3n -)0koi
13 N-)ipn yn^ lyo"? "tSid^c? iNiao nrrni 'iVs * d"?» nnra n'3» nniN ^nana
:n'7p33 Dni'jK imN-'SD''i i3rDiN0 D''pe?inm D'oann pon ps irSyin De?Dnn
'?n303 HT n^n ^ri3E;D D^yaiNi vv nwu non 'na n'3»n nwn na^nan no'7e;3i
'any pw*?© nin -jokoh pTyon *nanon -ntnn nys ■•nn db? *"iKO"t< '7"B3io
J3 no"?» '") an3n p pnsi 'la o'jerD'ia nn*?*!: mm"» 'ta Vkiow "«o© nt "«nsy iio'j'j
'mara oy ■'d^ * K''^'7''»ioa n'>n Vns n>E?y in 'la ■'s^kdiid apy 't an3n
nrati nn-'T'Dni moïKn loan ^"?n30 n%T ne?j< nin laajn >n'7Kn nanon ain
n'jynii n33'? K03n"' "iniao loc? •'n-' ^ty3 "73 •?« -iiiyn "'n-iTy3i la"? noa o^wnpn "'max
cwmni D>B'7nnon n''3"'3yn pa poDnn Kini nxt ^npnyna ■•nwnn oyoi •]Dk
KpoB D1D 13 nn^n kS pano i'?ia hnt ijdd nt '«npnyn i»k myn ^3 o^iwn
pa "«nTiBni ■•in-ii p33 tt^r\v "«nn •?» nViya ■•pco "•poo'? mpocn -lOKOn b^>nh^
noi D^3iWNnn noKOn ■'p'jn on no p3n'? piyon bare? ly cniM 'n"?3n Q>p3in
•"nOKn -|ina nay nn3n noxn h»2 nan»-" .kxom ina> rp'jn^p'jn on
IX. Traduction des ouvrages astronomiques du vizir
caïai Pan», et cadi Abou-Abdallah Mohammed ibn-Moàd de Séville,
dans le manuscrit de Paris n° io36, 1 et a.
a. Traité en sept chapitres sur l'écHpse totale de soleil
arrivée le lundi, dernier jour de l'année 471 de l'hégire
(3 juillet 1079). L^ copiste a mis ici «""jiw-idi vh-'V myo pnyin,
traduit de l'arabe par Miles (Muels) de Marseille.
b. inwn nioy3 m3N, « Traité de l'aurore ». Le traducteur n'est
pas nommé; mais toutes les pièces de ce manuscrit sont
traduites par notre Samuel. A la fin, on lit un passage arabe,
' Ms. 894. 13nO'>N3. * Ms. 894, 13101.
* M». 893. 'nmoV , ' Ms. 894, 3"DniD.
' Ms. 893, '«m3D ''nb. ' Ms. 894, n'?>»-iDa.
* Ms. 8g4 , manque. * Ms. 893, niJOa.
' Ms. 894, 101K "7^0:10. " Ms. 894. manque.
p. iSo
DU XIV' SIECLE.
567
\i\'' s'.r.ci.i'..
avec la suscriplion suivante : prvin tài uod nt oj : « Ceci est
» également de Moàd, mais n'a pas été traduit [en hé-
• breu]. »
X. D'cpn o>333n n»i:r3 ^D^{D, « Traité sur le mouvement des
«étoiles fixes», par Abou-Ishaq el-Zarqala. Le nom du tra-
ducteur est écrit ici Samuel fds de Juda : ^'» "^^vh 'a-ivD pnvj
miiT» 'i3 bKiDc; 't. Nous ne connaissons qu'un seul manuscrit
de cette traduction, c'est le ii° io36, 3, de la Bibliothèque
nationale de Paris. A la fin, on lit les mots suivants : d"?»!
■'D'?e;n"' omaK ^"» '7Nn nawa iiann, qui nous donnent le nom du
copiste Abraham Yeruschalmi.
On ignore la date de traduction des articles viir et ix.
Samuel a peut-être traduit également les commentaires
d'Averroès sur d'autres parties de l'Organon, outre la Lo-
gique où il avait mis à la marge des notes contre Lévi ben-
Gersom [Léon de Bagnols]; peut-être avait-il annoté un
exemplaire de Lévi, et c'est de là que Juda Cohen aura
tiré les passages qu'il cite, passages où les règles de poli-
tesse qu'on doit observer envers un confrère sont outra-
geusement violées.
Il est possible que notre Samuel soit le copiste du manu-
scrit de Parme De Rossi n" 935, qui renferme les traductions
de Calonymos (articles xix et xx) , ainsi que la traduction de
la paraphrase d'Averroès sur le traité de l'Âme d'Aristote,
qui fut achevée à Tarascon, le qi du mois d'ab 6091
= 26 juillet i33i. La même date se trouve dans le ma-
nuscrit Urbin. 4i de la bibliothèque du Vatican, qui est
probablement une copie de celui de Parme.
JÉROHAM.
Jéroham, fils de Meschullam , est un exilé de la Provence.
Il se plaint de la même infortune que ses compatriotes
Estori et ledaiah. Il n'indique pas quelle était sa ville na-
tale; il dit seulement qu'il est Provençal. Jéroham se rendit
en Espagne, où son sort nefutpas heureux, et si nous com-
prenons bien les mots 'rm> iidd ^awa tvtt n», • jusqu'à ce que
• je descendis dans la captivité d'Espagne», qui se trouvent
Voir ci-(li'ssus.
p. 554.
Voir ci-dessus,
p. 554.
Calai. Dr Rossi.
t. III, p. iS.
Voir ci-dessus,
p. 4;!3ct A31.
Hisl. liU. de. la
Fr., I. XXVII.
p. 393.
Assémaiii , Cat..
p. 435.
Steiiischiipider,
Uebcrs., p. i3i et
i38.
priHaio.
r,^^.,ir,. 568 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
dans la préface de son Méscharim, il aurait même été
inquiété. 11 se fixa ensuite à Tolède, où il mentionne
Mcsdiaiim. deux de ses maîtres, R. Asclier ben-Iehiel, avec la formule
d'éloge 't*?, et Abraham hen-lsmaël surnommé '<3n'7K.
Jéroham est l'auteur de deux ouvrages de casuistique qui
ont eu une certaine célébrité.
Le premier, intitulé : onc^D noc, «Livre de droiture»,
Irailedu droitcivil. L'auteur explique d'abord pourquoi il a
composé son ouvrage : « J'ai vu que, dans cette époque
« decalainilé.onnese souvient pas toujours des sources d'où
« l'on a tiré les règles de casuistique, et qu'il est souvent im-
H ])ossible de trouver le ])assage correspondant dans le Tal-
«mud. En outre, les décisions sont ([uelquefois à chercher
" dans plusieurs endroits des livres de casuistique, et il y a
« même des écrivains comme le grandMaimonide,qui n'indi-
« (pientpas lesautorltés qu'ils visent. » C'est pourquoi l'auteur
a entrepris de composer un ouvrage systématique, divisé en
trente-deux chapitres ou sentiers (aTj) , chacun avec dessub-
divisions en plusieurs parties. Jéroham s'appuiesur ses prédé-
cesseurs et surtout sur son maître R. Ascher (mort en 1 3 i 7) ,
^''>' "• dont le nom est toujours (à moins d'omission du copiste ou de
l'imprimeur) accompagné de la formule V't. Il en est de
même dans l'index (ncoin ■•pdd) fait par ben-Ascher Jacob
(mort en i34o). L'ouvrage de Jéroham doit, par con.sé-
quent, avoir été composé après iSay et achevé avant i34o.
Les éditions que nous en connaissons sont les suivantes :
Oisariiassi-Eiriiii, 1° à Coustautinople, i5i6; 2"" à Constantinople, 1668, avec
un commentaire de Hayyim Algazi et une prélace de Jacob
Alfandari; 3° à Kapust (d'après Benjacob) , 1808. Nous
n'avons pas vu les éditions de Venise, i553 et lôôy, men-
tionnées par Benjacob; nous croyons qu'elles n'existent pas.
Le Mêscfiarini ayant eu du succès auprès des lecteurs,
Jéroham se mit à composer, sur leur demande, un autre
ouvrage de casuistique, qui renferme la codification des
cérémonies, et qui a pour titre nini mx rn'7in, «Générations
«d'Adam et d'Eve». L'ouvrage est divisé en deux parties,
désignées la première par le nom d'Adam, la seconde par
•,i. 618 , iT 113.
DU XW SIECLE. 569
M\ SIKCI.E.
le nom d'Eve. La partie « Adam » traite des préceptes qu'on
a l'occasion d'observer avant le mariage, par exemple la cir-
concision, l'instruction, les prières, le sabbat, les fêtes, les
demi-fctes et les jeûnes, les distinctions de la nourriture
permise et défendue, les préceptes concernant les champs
et les semences, etc. Cette partie contient vingt et un sen-
tiers (st:), avec des subdivisions. La seconde partie s'appelle
«Eve», parce qu'elle renferme les prescriptions qu'on
doit observer après le mariage, savoir : la cérémonie des
fiançailles et du mariage, celle du divorce, les règles que
doivent observer les femmes, et finalement celles qui con-
cernent les morts. Cette partie est traitée dans les voies xxii
à xxviii. Les éditions de cet ouvrage sont les mêmes que
celles du précédent, moins celle de Constantinople, 1668.
Il existe un commentaire sur «Eve», fait par Juda Sa-
muel Asclikenazi, dont la voie xxii a paru à Livourne,
en 1822.
La voie xv, qui traite des aliments permis et défendus,
renferme les prescriptions relatives à la manière de tuer
les animaux et à l'examen de leur état de santé avant
l'égorgement (nciBi ntD>nc? nD"?n). Jéroham fait suivre ce Zeitsciuin a.-
chapitre, important pour ceux qui tuent les bêtes de J*lf[/"l5^^'''
boucherie, leso^omc?, d'un index spécial, «afin, dit-il, que
« les intéressés soient en état d'en pouvoir faire des copies
«séparées». En eflFet, nous trouvons ce chapitre à part
dans deux manuscrits : 1° dans le manuscrit 778, j, à la
Bodléienne; on lit à la fin le titre de nnn^ d; le commence-
ment manque; 2° dans un manuscrit, qui est à Brody, sous
le titre de nnNni ■^^v•<K. Jéroham mentionne ce titre dans la
préface du deuxième ouvrage. Il est possible que le ma-
nuscrit d'Oxford portât avant sa mutilation le même titre.
Notre auteur cite très peu d'autorités françaises et pro-
vençales contemporaines ou immédiatement antérieures.
Il suit tout à fait l'école espagnole. C'est pour cela que
nous n'avons pas cru important de relever les noms des
rabbins cités dans ses deux ouvrages.
Les manuscrits des deux ouvrages de Jéroham sont
TOM£ XUI. ^3
IHrilMZKIS NATIQKtl.
\iv' si^-CLi-:.
570 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
rares. Le manuscrit du Vatican 499 renferme un fragment
du deuxième ouvrage, xxi, 4, et le manuscrit de Parme 4o3
contient quelques décisions tirées des deux ouvrages.
ij<;ii -('.liaiiniiya,
iH*').!. |) 'kjo.
!■ raiire Israélite,
11. 'i.i.
\ iiir < i-des<<ous,
I' 37'
Sleiiischneiiler,
Calai, (le la BodI..
lol. ?G8i.
Rhét. . préfare ,
p. XXXI.
(jross, Moiiats-
srhrift, 1880,
p. G2.
Bibliolh. rabi).,
II. 859.
Bililinlh. Iiebr..
I, p. 396; IV,
p. ôii.
.Steinschneider,
Mém. sur Alf. ,
p. 90.
Mss. de Turin ,
n" 8Î.
TODROS TODROSI,
TRADUCTEUH.
ToDROs, fils de Meschullam, fils de David Todrosi,
ou simplement Todros Todrosi, était originaire d'Arles.
M. BrûH dit qu'il était né en i3i4, sans indiquer l'au-
torité sur laquelle il s'appuie. Sa résidence était à Trinque-
tailles, faubourg de la ville d'Arles, de l'autre côté du
Rhône. D'après M. Carmoly, son oncle aurait été Calonymos
ben-David; mais nous ne savons d'ù M. Carmoly a tiré ce
renseignement. Nous verrons que Todros se dit amnin y^to,
« de la race des juifs », et il ajoute aux dates juives les mol»
« d'après le calcul des israélites ». Se serait-il converti par
contrainte comme Profet Douran et serait-il ensuite retourné
au judaïsme? Serait-ce pour rappeler cette triste épreuve
qu'il aurait pris l'habitude d'ajouter ces mots? Nous ne .sau-
rions le dire. En tout cas, on ne peut admettre l'explication
de M. Goldenthal, qui prétend que notre auteur craignait
de ne pas être reconnu comme juif à cause de son nom de
Todros; car ce nom était employé très fréquemment chez
les juifs en France.
Bartolocci et Wolf mentionnent notre auteur et con-
naissent la plupart des traductions qui ont rendu sou nom
célèbre.
I. D^e/mn bd»o p», « Source du jugement des questions »,
traduction du traité d'Al-Farabi intitulé jJuX] ^Jy)A, « Sources
(t des questions » , et qui renferme soixante théorèmes du
système aristotélicien. Todros fit cette traduction à l'âge de
vingt ans. M. Schmœlders a donné du traité original une
traduction latine faite sur l'arabe, sous le titre de Abu Nasr
Alfarabii Fontes quœstionuni (pages 43 à 56 des Documenta
philosophiœ Arabum , Bonnœ, i863). Le texte arabe a été pu-
blié par M. Fr. Dielerici , 1 890. Dans certains manuscrits , on
DU XIV" SIÈCLE.
571
XU SIEbl.F.
Calai.
iS.-,.
'Il' I ari^
houve au commencement quelques extraits des Recherches
orientales (iUiyJI <i«wL4l) d'Ibn-Khatib (mort en 1210), sous
le titre hébreu de rrmiD n^pn. On a des manuscrits de notre
traitf' à Paris, n" 102 3, 6; à Oxford, n° iSSg, 2 (seule-
ment le commencement); à Turin, n" 83, 2; au Musée
Britannique, add., 27569. Pour le passage concernant Bon-
godas Nathan, voir ci-dessous, p. 675.
II. Traduction des chapitres relatifs à la physique et à
la métaphysique (théologie), tirés de l'ouvrage intitulé
cEin r'7sn, « Délivrance de l'àme » (iUsOI c.>U^), d'Avlcenne,
imprimé en arabe à la suite du Canon (Rome, 1 693). Cettr
traduction se trouve dans le manuscrit de Paris n° ioa3, 4-
La théologie y est incomplète; elle s'arrête au passage qui
correspond, dans le texte arabe imprimé, à la page 64,
ligne 9. Le livre d'Avicenne renferme aussi la logique, que
M. Steinschneider croit avoir été également traduite par
Todros; mais c'est une supposition qui n'est confirmée par Maïkiri.x.p.s/,
aucune citation. M. Carmoly dit par erreur que Todros n'avait
traduit que la métaphysique. M. Steinschneider place la
date de cette traduction entre 1 33o et 1 34o, et il en donne
des extraits d'après le manuscrit unique de Paris.
III. ns'7nn Y") ""p'-iion ibdV iv^ p -iiKa, traduction du commen-
taire moyen d'Averroès sur la Rhétorique, faite sur le désir
des amis de Todros et achevée [à Trinquetailles] le troisième
mois (siwan) 6097 = mai i337 ('n-niooTmij^jM inpr»n"irD'7©ni
pawnV ■'e?e?n «iVxn ons'? vim cycrn rw2 ^v^hvn vino Dmmn vim
D"|'?Nie?\-i). De Rossi et M. Carmoly, prenant le troisième mois
pour kisiew, donnent par suite la date de i336 au lieu de
1337; mais on compte toujours, en ces çortes de supputa-
tions, comme si nisan était le premier mois. Todros dit qu'il
a eu l'avantage de pouvoir se servir du y*j«Jt tjU^, le diction-
naire de Khalil, que Samuel ibn-Tibbon avait tâché en vain
de se procurer; à l'aide de ce dictionnaire, dit-il, sa tâche
est devenue plus facile. On sait qu'Al-Farabi et Averroès ont
remplacé dans leurs paraphrases de la Poétique les citations
tirées des poètes grecs par des passages arabes; suivant la
même méthode, Todros donne quelquefois comme exemples
72.
Uebi'rs.,p. 280
Franre isiaélilc,
g'-
Ucbersodiiiig.,
, Oa.
Steinschneider.
Catti. de la Bodl. ,
col. î68i.
XIV SIECLE.
Arist. - Averr.
Opéra , 1 56o , I ,
m. p. 5} à 116.
('onip. I.asinin.
SluHii sopra Aver-
roe (clans Aiiiiua-
rio <lt lia Soc. ital.
pcr ({li St. orient.)
Kihiintliera he-
hiaira. IV, p. 791 .
Ibid.. I, p. 10.
(«liai. Pp\ron,
p. i,i
Munk, Mél..
p. 358; Renan,
Averr. . p. 69.
Calai, (le Paris,
p. 176, 180.
572 LES ECRIVAINS JUIFS FR.\NÇ VIS
des phrases hébraïques. La Iraduction d'Abraham de
Balmes est faite sur le texte de Todros, qui a été publié par
M. Goldenlhal, d'après le manuscrit de Leipzig xli, sous ie
titre de nsSnn nDo"? ivi px 1^^t2^Ave^rnis Commentarins in Aristo-
telis de Arte rhetorica, hebraice lersiis a Todrosu Tocirosi Are-
latensi, nunc primnm ex Coil. Bibl. Sénat. Lips., aim prole(jo-
menis copiosissimis cdid. J. Goldenthal, Lips. )84'i, iu-S".
M. Lasinio a imprimé le texte arabe du Tilkhis d'Ibn-Roschd
dans les Pubblicacioni del /?. ht. di Stndi siiperiori de Flo-
rence, 1875 et années suivantes,
Wolf mentionne cette traduction ainsi que celle qui
suivra; il nomme le traducteur Theodorns Tliodnissi et donne
la date exacte de i337. On trouve des manu.scrits de cette
traduction à Turin, n" )4; à Parme, n° 362, 2; à Milan,
dans l'Ambrosienne, H. 26, et à Leipzig, n" lx.
IV. ibcin'? -i'«t:;mDD nixa, traduction du commentaire moyen
d'Averroès sur la Poétique d'Aristote, faite à Trinquetailles
sur le Rhône (niti et mn), «fleuve qui sépare cette ville
«d'Arles», et achevée le troisième mois (siwàn) de
l'année 6097 (mai i337). Cette traduction a été publiée
par M. Lasinio, avec l'original arabe et une introduction,
sous le titre suivant : // Commento medio di Averroe alla
Poetica di Aristotele, extrait des Annali délie Università Tos-
cane, Pise, 1872, grand in-/j°.
Cette traduction se trouve dans les manuscrits énumérés
à l'article précédent.
V. Traduction de trois dissertations d'Averroès : a. Cri-
tique de la division des êtres, établie par Avicenne, en êtres
simplement possibles par eux-mêmes, nécessités par d'autres
êtres et nécessaires par eux-mêmes. — b. Sur la manière
dont la classification a'Avicenne pourrait être interprétée. —
c. onpn r»i3 -iDKD , «Traité sur la prescience», c'est-à-dire
sur la manière dont les choses existent dans la prescience
divine avant qu'elles existent dans le monde Ces trois
traités se trouvent dans le manuscrit de Paris 989, 2. Les
traités a, csont dans le manuscrit de la même bibliothèque
n" 1023, 5. A la fin de la première dissertation, il est dit
DU XIV' SIÈCLE.
573
\1V SIECLE.
que la traduction fut achevée au mois d'adar 5 1 oo = fé-
vrier i34o.
VI. ■'jK'?rnn bswa noxo, fragment de la traduction du Traité
sur l'intellect matériel d'Averroès, qui contient les opinions
des écoles d'Empédocle (cVpT p), de Pythagore et dé Platon
concernant l'âme. Ce fragment se trouve dans le manuscrit
de Munich 3o8, 3.
On a eu tort d'attribuer à notre Todros la traduction des
commentaires moyens sur les Topiques, la Sophistique
et l'Éthique. La traduction des deux premiers est de Calo-
nymos iils de Calonymos, comme le dit le manuscrit de
Turin xiv. De la date i3i3 (i323 dans le manuscrit de
Leipzig XLi) on avait déjà conclu que cette traduction ne
peut pas être de Todros. Quant à la traduction de l'Ethique,
elle est de Samuel Miles (Muels), qui n'est pas nommé, il est
vrai, dans le manuscrit de Turin xiv ; mais elle est suivie de
la traduction delà République, due au même écrivain. Le
manuscrit de Paris, Sorbonne, 267, dans le nouveau cata-
logue n" 977, ne contient rien de notre Todros, bien que
le contraire ait été supposé.
.Vlazkir. .\lll,
Reliai
, Aver-
ro
es, p.
191.
Voir
ri-(lcssus
P
US.
LES 8AV.\NTS DE LA FAMILLE NATHAN.
L'activité littéraire de cette famille remplit le quator-
zième et le quinzième siècle. Pour la présenter d'ensemble,
nous serons obligés de faire quelques violences à nos règles
sur l'ordre des temps.
Un membre de cette famille fut probablement ce Don Vi-
dal Salomon Nathan dont la pierre tumulaire se trouve
dans le musée de Toulouse. M. Oury, ayant mal lu l'in-
scription tumulaire, avait identifié le Don Vidal de l'in-
scription avec Don Vidal Menahem Meiri de Perpignan,
mort dans cette ville vers i3o6. Il est possible que le Sa-
lomon de l'épitaphe soit identique à Salomon, le père du
Bongodas dont nous allons tout à l'heure nous occuper.
Probablement Salomon Bongodas était également de la fa-
mille Nathan, comme aussi Moïse Nathan, Crescas Nathan
3 9
Arch. des Mis-
sions , 3' série , I ,
p. 55 1.
Arch. Israélites ,
p. io3 et suiv.
Hist. litt. de la
France, t. XXVII,
p. 5ï8.
Hist,
France
P-7»3.
Article Moïse
d'Avignon.
litt. de la
t. XXVII,
YIV* SIÈCLE.
Geiger's Zoil-
Klirin.IV(iK39).
p. ao'i.
JuDl,
PILS DE SaI.OHOM
Nathan.
Catal. Peyron ,
p. i46.
France Israélite,
p. g5. Comp. (îei-
ger's Zeitsriirifl,
l. IV. p. m.
Hi^t. iitl. do ia
France, I. XXVII,
p. 689.
France israélile,
p. 96.
Voir ri-<le8sous,
p. 583.
Uelierseliunpcn ,
p. .'îoG.
Voir ri-du«siis,
p. ^58.
MonatSKclirifl .
1880, p. 170;
Sieinschneidcr,
Uobersetz., p. ,"^07.
Geiger's Zeil-
scbrift, IV, p. 20^.
Monatsschrirt ,
1R80, p. 173.
574 LES ÉCRIVAINS JUIFS FR.\NÇAIS
et son père Isaac. M. Zunz donne encore d'autres person-
nages qui auraient porté le nom de famille Nathan, hors
de Provence; nous n avons pas, par conséquent, à nous oc-
cuper d'eux.
JuDA, FILS DE Salomon Nathan , sumommé Maestro Bon-
godas, En Bougodas, et e?"ij pa, Bongoes', était probable-
ment originaire d'Avignon; du moins y trouvons-nous des
membres de sa famille. Ni l'année de sa naissance, ni celle
de sa mort ne .sont connues. M. Carmoly dit que Juda
était, à ce qu'il paraît, ie fds de Salomon ben Salomon
Nathan de Béziers, qui vivait en i3o5. M. Carmoly ajoute
que Juda fit des traductions avant i34o, en s'appuyant sur
ce que Todrosi en cite une. M. Steinschneider place ses
travaux entre 1 352 et 1 358. Il est probable que Calonymos,
le père d'isaac Nathan, dont nous parlerons plus loin, était
le fils de notre Juda. Les membres de la famille Nathan
avaient coutume d'ajouter à leur nom les mots suivants
"'»•> (ou ■'a) î3 i'tJD, « de la race de Ben-Yisai ». Yisai n'étant pas
souvent employé comme prénom, ce mot est probablement
une formule d'eulogie en usage dans la famille des Calo-
nymos. M. Gross dit qu'on ne peut décider si Yisai est une
allusion à la maison de David, dont beaucoup de familles
croyaient de.scendre, ou si ce mot provient de quelque
nom propre.
M. Gross dit encore que si Isaac Nathan, le petit-fils, a
demeuré à Arles, on pourrait supposer que le grand-père
y demeurait aussi; il renvoie sur ce point à l'article de
M. Zunz. Mais M. Zunz lui-même hésite entre Avignon,
Montpellier et Arles Nous croyons que la famille Nathan
avait pour résidence principale Avignon.
Quant à l'année de la naissance de Juda Nathan,
M. Gross fait avec raison la remarque suivante : s'il était
prouvé que Todrosi attribue la traduction de Gazzali
à Juda Nathan, comme M. (Carmoly le dit, cette traduction
CD^3 est une faute d'impression ou de lecture.
DU XIV SIÈCLE. 575
aurait dû être faite avant i34o, et en ce cas Juda Nathan
devrait être né au plus tard en 1 3 1 o; car la prélace de cette
traduction suppose un homme mûr et non pas un tout jeune
homme. Or si Juda Nathan était né en i3io, l'intervalle
entre lui et son petit-fils Isaac, dit M. Gross, serait trop
grand. Nous n'admettons pas ce raisonnement, pour les
motifs suivants. Tout d'abord il faut dire que M. Garmoly,
qui ne se montre pas toujours exact dans les données qu'il
tire des manuscrits, a ici tout à fait raison; car, dans le ma-
nuscrit de Paris n" i023, 6, Todrosi dit réellement
qu'il a vu la traduction hébraïque des Intentions des
philosophes d'Al-Gazzali faite par Dongodas. Et ce n'est pas
seulement le manuscrit de Paris qui le dit; le manuscrit
de Turin et celui du Musée Britannique renferment la
même indication. Voici le passage en (|uestion; il se
trouve dans l'épilogue : 'omiej (in p vhvv p) ' cmio >3jk njn
nix'jnD iniN V2b^^ j^n mh vdd □"n did 1333 p» bv asj [omiT'n yijo]
non 13K Tian d'ididiSch nniD idd ^ry"? njioi .«m '"j'-scd •?« mie?n Miwb
(lire wmjjia) crNiuaia ]>tt ]Di ion"? d"-:dw rcD nbivon lann npnyn
|n: []idk"7c]. Disons aussi qu'il n'est nullement nécessaire que
Bongodas ait fait sa traduction à fâge mûr; nous avons
assez d'exemples du contraire, et Todros Todrosi lui-même
a traduit un traité d'Al-Farabi à l'âge de vingt ans. Quant
à la plainte de Bongodas, dans l'avant-propos de sa traduc-
tion, sur ce fait qu'il n'y avait pas d'hommes s' occupant des
sciences, à l'époque d'un Lévi ben-Gersom et de Todros
Todrosi, il faut bien accepter cette plainte comme une des
exagérations familières aux hommes de progrès, toujours
portés au convicium seculi.
Voici l'énumération des traductions exécutées par Juda
Nathan, autreuient dit Bongodas, ou qu'on est en droit de
lui attribuer.
I, ompon o^ODno mp "jb, traduction de l'arabe des Simpliciu
(ïàydl iùjàiil vl¥) d'[lbn]-Abi-Salt Omayya ben-Abdalaziz,
de Dénia. Cette traduction se trouve en la possession de
Les mots entre parenthèses se trouvent dans le manuscrit de Turin ; ceux entre
crochets, dans le manuscrit de Londres.
XIV SIECLE.
Catal. Peyroii,
n° «3, 1 (p. 79).
Ms. adil. 2 2,55(|
Voir ri-dessous,
570.
Mss. aral)es Ox-
ford, Uri, n" 578.
XIT* MÈCLE.
Ur. Lellerlxxle,
VIII.p. i8()Cl suiï.
Steiiisclineider,
Ueberseiz., |). 73.V
Hist.liU.delaFr.
t. XXVIII, j). 107-
108.
Slciiisrhiicidcr,
dans Isr. Letler-
l>odc,Vin,i89.
Voir ci -dessus,
p. 571.
Catal. de Berlin,
p. 86.
(iatal.. p. i3o.
576 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇ.MS
M. Steinschneider, qui a reproduit les préfaces de l'auteur
et du traducteur, avec une courte description du manuscrit.
Juda dit qu'il a entrepris cette traduction étant très jeune,
sur le désir de son maître et père R. Calonymos, fds de
son grand-père R. Juda, et de son oncle Nathan. 11 déclare
avoir fait cette traduction aussi mot à mot que ])ossible.
Cette traduction fut probablement le premier travail litté-
raire de Juda Nathan.
M. Steinschneider fait observer que le traité d'Ibn-Abou-
Salt fut traduit par Arnauld de Villeneuve. Dans les manu-
scrits latins, le nom de l'auteur arabe est écrit Abu-Chasaris
et Abii-Zale. C'est par erreur qu'on a pu croire que l'écrit
traduit par Arnauld de Villeneuve était une partie du grand
ouvrage d'Abulcasi's.
II. Q'«DiDi'7iDn nuns, « Intentions des philosophes », ouvrage
deGazzali, traduit par Juda, sur le désir de son oncle (nn),
Nathan, fds de Schélémia. Juda Nathan avait fait une pre-
mière traduction du traité de Gazzali;maisil l'avait perclue,
avec bien d'autres livres, en la traînant avec lui « dans son
« exil de Çarfath (France) ». La première traduction étant
ainsi devenue introuvable, Juda se décida à en faire une
autre, d'après un manuscrit qui malheureusement était en
mauvais état. 11 eut encore à sa disposition le livre el-Schafa
et le livre sur les sept sciences (nVsnn iU>J») , tous les deux
d'Avicenne, et les Recherches orientales (nrmtcn nr-'pnn) du
philosophe Ibn-el-Khatib. A la fin de la préface se lit une
pièce de vers, qui a pour sujet les treize articles de foi,
d'après Maimonide; cette pièce a] été imprimée et attribuée
à Moïse fds de Nahman; elle se trouve à part dans le manu-
scrit d'Oxford n" 2 2 1 9 , 8.
Il y a des manuscrits de cette traduction dans plusieurs bi-
bliothèques ; on peut citer entre autres le manuscrit de Paris
n" 904. La préface a été publiée par M. Steinschneider
dans l'appendice du catalogue des manuscrits hébreux de
Berlin. Ce savant place la date de la traduction entre i352
et i358. Nous avons montré que Todros Todrosi men-
tionne cette traduction; elle est par conséquent antérieure
DU XIV SIECLE. 577 ^,^,^,^^,^
à i34o, le dernier travail de Todros étant de cette date. voir.i.i.ssous.
Le traducteur a ajouté des explications en langue vul- \<- ■>t<-
gaire (ty'j pc'j); il a cru même devoir s'écarter quelquefois
de l'original. Ca.ai.ieiwiin.
Le traité intitulé : cnc '7x0*3 ni'jsc naicna "'Svîî'jn ncn i2X ionc,
« Discours d'Abou-Hamid al-Gazzali en réponse à quelques
« questions qui lui avaient été adressées », composé après la
Destruction des philosophes, et qui existe sous dilîerents
litres, semble avoir été traduit, d'après presque tous les
manuscrits, par Isaac lils de Nathan, de Cordoue. Mais ce Caui. .i.i'.uis.
traducteur n'appartient pas à la famille Nathan. i\L Stein- ?,;;/',^J;;',J' ";'!;:
Schneider, d'après le manuscrit de Munich 36, 18, donne
comme date de cette dernière traduction le iS dé- Ma/ki.. 1 o
cembre iS^V-
III. CNin pirxiD "lED, traduction de l'arabe du I.lher de
Cervicalibas capitis d'Ibn-VVand, aL^i <_,b^, (pii se Irouve
<lans les manuscrits d'Oxford n° Q129 (ic vu ^a) , Munich
n" ^86, 3, et Parme cod. 623 (;r: uNiujia ■'-itscNo). Le traité
est divisé en vingt-sept chapitres, et la traduction fut ache-
vée le 1 7 (Parme, 27) schebat 5 1 1 2 (3 janvier 1 352). H y a
à la marge des extraits de h^i (Munich, inaK^j) = Gilbert,
et Dxc; ]Ki: (Munich, d c; {<- yttM) = Jean de Saint-Amand. Le
manuscrit d'Oxford a appartenu à des juifs provençaux; on
y lit les noms suivants : Immanuel de Milhau (ax-'V-'Oi),
Ascher et son fds Bongoes (o^jiia) , Abram et Maçif, tous les
quatre de la famille de Valabrègue (ils intitulent ce livre: Voii ci dessous
Traité de Gordon, mi: nco et imu '); Moïse hls d'isaac Alfan- vifrèuue."^''''''
daric et son fils Mardochée; Moïse fils d'Elie Abram;
Abram ]idkp(?). Dans le manuscrit de Munich on lit en ca-
ractères latins les mots suivants : Mimeni (■'jdd) maystre Ja-
cob de Lunel maje de medesima aifuest libre . . . e may bona filha.
Le manuscrit de Parme est une copie faite par Abraham
ben-Reuben, fils de Joseph , fils de Josué de Milhau ("ax'j'Dn) ,
achevée en 5 1 5 1 = 1 39 1 .
' Il sagil sûrement du Lilium medi- ignorons quel rapport il peut exister
cinie de Bernard de Gordon (llist. litt. entre le traité d'Ibn-Wafid et celui de
de la Fr. , t. XXV, p. 3-» 1 et suiv.). Nous Bernard de Gordon.
TOME XXXI. 73
3 9 *
IHrtUinil XATIOtiLt.
XIV SIECLE.
578
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Hist litl. de la
Kr., l. XXVIII.
,.. 73-7 V
Sluinscliiiciiici ,
datai, (le ll:iiiil>. .
I>. i.ti.
fSli'iusi'liiiridcr.
'lans Virrli. Arili.,
\l,. |.. 11;}.
Vh. d'Oiford
■•■ I !!(J , loi. lit).
(klal. (Ii; Lon-
dres. n° I ^o.
.Slciiisclinridrr.
daii.s Vircli. Arcli.,
M-, p. II V
Voir l'article sur
rel auteur.
<^lal. de Lon-
dres, u" I io, 3.
\oir ti-dcssou»,
|>. 5X3.
Virch. .Arcliiv ,
IV. D"'?nn niE'jnrn 'B3 mj"3 nmn , «Traité sur les vins, .selon
«leurs difierentes maladies», traduction abrégée du traité
des Vins ou de Vinis par Arnauld de Villeneuve, compo.sé pour
le « grand monarque Robert, de Jérusalem et de Sicile ». On
trouve ce traité dans le manuscrit de Paris 1128, 5, sans nom
de traducteur; mais ce nom est exprimé dans le manu.scril
(le Hambourg n° 3o8, 1, où il est écrit Juda, fds de Salo-
mon '©'«"ytj ■'3. La traduction lut achevée dans le mois de
tiscliri 5119 (septembre i358). La dédicace au roi Koberl
ne .se trouve pas dans l'édition latine de i585, p. 682;
mais elle existe dans les deux manuscrits hébreux, et pro-
bablement aussi dans des manuscrits du texte latin.
V. Traité sur les fièvres, qui suit, dans le manuscrit d'Ox-
lord n" 2129, le traité d'Ibn-Wafid, comme une sorte de
continuation. En effet, dans la première partie, chap. vi, on
lit ce qui suit : vnm merKio ^ED3 i3-n 'd?c* noo ^^^^ nsu n:n tiick
chzi2b niBSX ta p hs vin» Tmo ^c?N mhiun icdsi iDon nih ■•nrnpn ivk.
C'est une compilation faite, pour la plus grande partie,
d'après Bernard de Gordon et Gilbert fAnglais, et achevée'
le 28 éloul 0 122 (18 septembre i362'); Juda mentionne
les calamités du temps. L'ouvrage est divisé en huit parties,
.savoir : i" sur les fièvres en général (sept chapitres); 2" des
maladies en général; 3° parties 3 à 8, sur les maladies des
membres du corps à commencer par la tête. Notre auteur
cite, outre les noms déjà mentionnés, la chirurgie de Théo-
doric [de Gervia], pmc Span nox'rDn ■)dd3 31P3 •>VH2^ (manuscrit
de Munich n° 266, 1; manuscrit d'Oxford n" 2i35,
fol. 123; ces mots ne se trouvent pas dans f autre manu-
scrit d'Oxford) et le traité d'Abraham Caslari sur les Fièvres,
avec le litre de nxiDin nhv. Il donne des extraits du -it»n -idc
ou Ciixa instans, qu'il cite sous ces deux titres, de Roger
[de Parme], de Maestro Vidal ixmsi (de Bourian), de Gilles
d'Arles.
Le traité dont nous parlons se trouve dans les manu-
scrits suivants : manuscrits d'Oxford n"' 21 35, 10, avec
' M. .Steinsclineider, rapportant la date 5i3a à l'aclièvement de la copie, pense
que cet omrajje fut composé ver» i352. ( Virchow's Archiv, XL, p. 1 13.)
DL' XIV' SIECLE. 570
\1> MKCI.h.
IllllCIII'.
Cillai. l'i'Mon.
I>^K
loi.
•m-
hfaiieoup d'additions, dont quelques-unes de pVip (Josepli y,,;^ ,i.,i,.ssou
(;olon?),et i 12Q, 2, incomplet (finissant avec III, 8); — i"''fi<- ""r <<'
• I ¥ 1 V • I /' 71 / / Mlllllll-
maïuiscrit de Londres, au Jcwish LoUcçjc, n° i4o, n (sur
lequel il faut lire Leyden, p. i6o, et Virchoiv's Archir, XL, |> ,',n
I ii4); — manuscrit de Turin n° i48 (Pasini donne pour (atii
traducteur Don Goyet Nathan; M. Peyron écrit Bonio Go-
ines, et sépare, dans l'index, Bongoes de Bongodas Nathan
et Juda fds de Salomon); manuscrit en la possession de
M. Sleinschneider et cpii autrefois a appartenu à M. Soave
de Venise.
Le titre du manuscrit de Turin est le suivant : -lanc; m via/kii, ixo.>
iNipi Bi3'7''3i ;mi3n idd D'iTtrix D'ETinD ]r: c?"i3 ]n 'cwt: '7'?iDn osnn
nsppTiw, «Voici ce que le grand savant Maestre Bon-Goies
« Nathan a compilé des auteurs du dernier tenqis, tels que
«Gordon, Gilhert; et il a aj)pelé cet ouvrage \v. Gordon
« abrégé. » A la fin, on lit les mots suivants : 'y'jirn ninn ■stD?'?
l'VH niyna mnnic nr: dx ■'3 ta ^^^'7 k'71 tî-'aVr [inimj crma n:i3 'dcc
D':ic?Nnn ;d op'jhi c'x dv D':TinKn, « GoUectionné par Bon-Godos
« de Gordon et de Gilhert. Bon-(iodos n'a pas eu l'intention
« de faire une nouvelle composition, mais seulement de i-as-
« sembler ce qu'il a trouvé chez les écrivains modernes,
« ainsi que chez Avicenne et d'autres, n
Les passages du manuscrit de Londres n" i/jo, 2, qui
se rapportent à Tarascon né sont pas de notre auteur.
On possède aussi des ouvrages originaux de Juda Nathan.
Le manuscrit du Vatican n° -^96 (passé sous silence dans le
catalogue d'Assémani), fol. i46, renferme une épître inti-
tulée : Vx't pi cmj ;n ■'■iidd''kd m:x, dont le contenu est diffi-
cile à expliquer; elle est probablement dirigée contre ceux
qui sont opposés aux études philosophiques. En voici le com-
mencement : ypn xn ■'ivan -ns nin ^dt"? n'3's':'n ]n3 nvhz' p min' mx:
...D-'Dnsrj ron D''svi cnm onaT ^ed'? ■'3T'»''i "«Vx 'fpn. L'épîlre finit par
le passage suivant : ixîf la-ie? irnjiya D'<3n*3sn ;d imnb ncno invi
•':3 ""îDai pin px iroon mosn max ""d ixsd Hh^ ipna aps'' Sixa ixre? no onc
nv^OT\^ "jan run cm aip' xVi noann l'jxa -lan"? ynni x"? Mwh wx Vx-iC"'
■):y; 'Sia nixioo nODn nT'p iVnxi ntD"?© nr-i-'r lUX nan aisa.
Le rnicn iio, • Mystère des mystères », qu'on met sous le
73.
\IV SItCLE.
580 LES ECRIVAINS JUIFS FIWNCAIS
\i
Voir n-drssiis.
\L. |i
nom fie Juda Nathan , provient, ce semble, de son entourage.
C'est un recueil de recettes sur les maladies des membres
et les fièvres. L'auteur ne suit aucun ordre systématique.
Ij'ouvrage a été composé en Espagne. On le trouve dans le
manuscrit de Munich n° ^97, 5, et il on existe des extraits
(lansle manuscrit de la même bibliothèque n" 2 43, i, fol. 19'',
avec la suscription suivante : ncxNC bMin nn nan Kiajx mcn ittn
v.1.1, Arciiiv, N^^3 (lia) p. M. Steinsclineider croil que ce livre a été ré-
• ''■ "' digé par im élève ou un fils de Bongodas, celui-ci y étant
mentionné avec l'culogie employée pour les morts (y't).
C'est peut-être \e traili^ De Specifici s (pi'jjd), qui devait sui\re
le traité sur les Fièvres. Les noms suivants y sont cités :
Bongodas Natban Crescas iSkoi (de Salon?), Maestro Vidal
vireh. Arci.iv, de Bouriau , le médecin du roi Robert, Constiton (Con-
stantin l'Africain) et le Circa instans.
Le manuscrit de Turin n" 1 48, fol. 90, contient un traité
de médecine portant le n»ême titre que celui dont nous
parlons, mais qui ne semble pas lui être identique. Le
manuscrit de Munich n" 297 a été copié en partie à Arles,
et se li'ouvait à Marseille en l'année i454.
vunootiiKK Les hommes studieux qui portèrent le nom de Mahdo-
N»TiiAN. cHÉE Nathan sont souvent difficiles à discerner les uns des
autres. Dans le manuscrit de Turin n° 74 se trouve un ou-
vrage intitulé : 'c?-)» vm os ^'iT2^ rnucrm vnji d"nd prNT idd •«'?'?:
Calai. p.!>ro.i, pngi piD Vs. C'est une table pour le premier livre du Canon
^"^' d' Avicenne. Le nom de l'auteur est écrit : è""» jna idtid tti2•\^ kj-ic
yi'n, qui est rendu par M. Peyron: /{. Mardochœus Nathan
hch-Chail (miles strcmins). Le savant bibliothécaire ignorai!
que Vi'n v'^'tt est la formule abrégée de ih f)"'Dr D"n n:c? •t:'' o^n^K,
« (jue Dieu lui accorde des années de vie! » Pasini ne donne
aucun nom d'auteur. Wolf écrit •'-ta •'sinon, H. Mardochœus
Nadi. Conclusiones primi hbri Mahus de reparanda medicina.
Il a lu DND, « d'Ibn-Sina », comme un mol, mahas! Ce petit
traité est suivi, dans le même manuscrit, de deux pages
avec le titre d'nd ■'©on noo rVnnn, « (jommencemoni du livre V
«d' Avicenne ».
/un/.
M'Ilirlilr
ratiir. |i.
iind Liti'.
31-..
Calai.
ItiMio
In-aca , 1 V
. 1. |>. 19
llicca hc
', p. goi
Ciitnl.
Pi'iiron
,.. (.9.
DU XIV SIECLE. 581 ^.^,^,,,^
Le niamiscrit de la bibliothèque du baron Horace de
(liinzburg n° 365 reulerme, entre autres pièces, une lettre
de Mardochée Nathan , avec la suscri|)lion suivante : nhvz' njxn
}P2 '2-^D -1 hMin niKcn, « Lettre envoyée par le grand luminaire
« Mardochée Nathan •>. Celte pièce est relative au calcul des
cycles (mEipn). Mardochée se propose de rectifier une erreur
qui a été commise dans le 277° cycle (année 1 463) ; la même
erreur était arrivée (piatrc-vingts ans auparavant et avait été
rectifiée par Mardochée, le grand-père de l'auteur de la
lettre. Cette erreur s'était produite encore, non seulement
dans les années [5] 196 (!t [5] 197 (i336 et 1 337), où elle fut
observée par [Immanuel de] Tarascon (ppciNa iiTync 1D3),
mais aussi dans l'année [5] 198 (i338). Mardochée fut in-
vité par ses frères, Crescas Nathan et Bongoes, à faire
une table, d'ajirès le modèle qu'avait laissé son grand-père.
il dit qu'il tâchera de mieux faire encore. «Car, dit-il, j'ai
• exjiliqué à la marge du livre ^^»^ idd les passages douteux,
« et j'ai fait de même pour le livre de mon grand-père. La
M plupart des auteurs font le calcul d'après le prince [Abraham
« bar-Hiyya], sans excepter l'auteur du nt»n ibd, qui n'a fait iiisi. lin. tU- la
«qu'étendre celui du prince.» Mardochée cite, outre le .,[%'!^x
cycle de Nahschon, Abraham ibn-Ezra et R. Jonathan de
Lunel. La lettre est adressée à l'oncle de l'auteur. Don Bo-
nia Astruc Nasi.
Le manuscrit de Hambourg n° 176, qui renferme le
livre de casuistique d'Alfasi et d'autres rabbins, fut copié par
NethanelCa.spi pour notre Mardochée, qui se trouvait à cette
époque à Avignon; la copie fut achevée le 2 5 éloul 52 1 4 =
1 8 septembre i454. C'est pour lui aussi que fut copié l'on- Arch. des Mis
vrage de Menahem Meïri, entre i/|5o et i456. Il .semble y i^p's^V "
avoir ajouté des notes marginales. Ainiaï, Sch.ni
Il est probable que le Mardochée Nathan avec lequel Jo- '"^1^1111 .il i;,
seph Colon (mort en 1 48o) correspondait est notre Mardo- i>a"c<-. 1 xxvii,
chée. Colon lui donne le litre de me, et M. Carmoly en a ' ni^ ,1,.^ „,éd,.
déduit que notre Mardochée était le maître de Colon ; \L Gross ^n» j>'ii<. p 'sti
croit que c'est une simple désignation honorifique. Il est pos- .««o """ 5' g'""
sible que le Maestro Mardochée Todros Nathan, avec le titre
\IV MEl.l.K
(ialal. IVwi
p. - 1
582
\.ES KCRIVAINS JCIFS KKWCMS
Hkkc. N*TH\1II.
<'.alal.H'0\foril.
Il* ! -3î.
Zuiiz. (laiisfioi-
:;or!< Zi'ilscliriK ,
IV. |>. loi.
MonatuM-lirin ,
iS8o. p. 5i8,
11" 7.
Halour, I, p. ig
(liseï .3.5).
Calai. , n°'>'!.'5i,
loi. 1 !,>'.
Dr l'.nnsi. Bibl.
luHaicaanlirhrist.,
p. 76 et 77.
Gracli, G -
^chirhte. Mil,
p. iG''.
Calai. fl'Ovford.
roi. I I '16.
rie 'ia-'n •"h^kh D3n, pour lequel (Jre.sca.s Vidal "r-wp avail copi*- le
manuscrit de Turin n"xiv, achevé le lundi i3 niarlieschwaii
523 i (7 novembre 1 470), soit idenli([ue avec un des Mardo-
chée Nathan que nous avons n>enlionnés. J^es dates ne s\
opposent pas, et le nom de Todros, prohablemcnt celui du
père de Mardochée, ]>ourrail avoir été omis. Ajoutons cjue
ce manuscrit fut vendu par Mardochée à Maestre David de
Lattes, à Avignon, le 18 kislew 52^7 (i5 septembre i/|8o),»
C'est par suite d'une erreur typographique qu'on a long-
temps considéré Mardochée Nathan comme l'auteur de la
célèbre Concordance d'Isaac Nathan, dont nous allons main-
tenant parler.
Is.vAC Nath.vn (Sen Isaac), fils de Calonymos, fils de Juda
Nathan, 'c p ytjc, est probablement le pclil-fils de Juda,
qui signait aussi -z" p vtjd. H était, sans aucun doute, du midi
de la France. Dans le Catalogue de Paris, n° i33, on écrit
« l.saac Nathan, de Rome». M. Gross renvoie à un passage
trouvé par M. Schor dans les traités philosophi(|ues de notre
auteur, où il dit qu'il est d'Arles en Provence. Kn eflét, a
la lin du traité 2 i de l'article 11 d'Isaac Nathan (voir ci-après) ,
on lit dans le manuscrit d Oxford, qui autrefois appartenait
à M. Schor : nxvr "■•E3 -iwk n'7^K ck ï'j p: pnr. On ne con-
naît la date ni de la nai.s.sance ni de la mort de Sen Isaac.
Nous verrons que sa carrière littéraire s'étendit entre 1 437
et i445.
Enumérons rapidement les ouvrages de ce dernier des
Nathan.
I. Deux traités de controverse religieuse dirigés contre
les livres du juif converti llieronymm de Sancta Fuie (Josué
Lorca). Les titres seuls de ces deux traités sont connus,
savoir : 1° nyoDrnnn, «Réprimande de celui qui égare»;
■y.° pns' 1X3D, « Forteresse d'Isaac ». On ne connaît pas exacte-
ment le caractère de ces écrits; peut-être Forteresse d'Isaac
est le titre de l'ouvrage qui va être enregistre sous notre
article 11. Rappelons encore que la vingt-deuxième pièce de
cet ouvrage porte le titre de nyrc jc-i. ,
DU XIV SIÈCI.E. 583 ^,^, ^,. ,^
II. Un ouvrage théologico-philosophiqiie, dontle titre est ^■.^^^^ ,i(),ro,,i.
inconnu, à moins que ce ne soit à lui que se rapporte le <oi. 7()y.
litre la Forteresse d'Isaac. H se trouve dans le manuscrit
d'Oxford n" 3 2 3q, qui est en mauvais état. Une autre copie
existe dans la bibliothèque Gûnzburg, n" 1 13. Il consiste en
vingt-trois pièces. La plus importante est la première, inti-
tulée nj yDKD, « Qui fortifie lavigueur » (Prov. , xxiv, 5) , titre i..iir.s, i, 71.
que J. S. Heggio a pris jx)ur celui de l'ouvrage entier. Schab-
hetaï Dass attribue cette partie à Calonymos. La seconde /iiiu,(;.si „.
pièce est la préface de la Concordance. Les vingt et une j,' ",^^l"''
pièces qui suivent, dont une traite de la Massore, existaient
peut-être à part dans quelque manuscrit, avec le titre de
iHKi nnr» d^cko, « Les vingt et un chapitres », ouvrage men ,1.!^^'^!' T.i"
lionne par M. Fûrst. Certains titres des pièces citées j)ar
lui se représentent en effet parmi les vingt et un traités de
notre manuscrit. A la lin de ce même manuscrit, on trouve Voii lariicit-df
les deux ouvrages de David de Rocca Martino. «lauirui.
III. Q-i-iaT nKD, «Les cent mots», ouvrage d'éducation, Bibii<.tiie<ur;iii-
mentionné par Buxtorf. '''""'• »" ''^'
IV. a^n: -ftm ou a^n: ix^ (titre donné par l'éditeur), « Qui
« éclaire le chemin », appelé aussi d"?!» ma-rj, ynt iik et maim.
C'est une Concordance de la Bible hébraïque, et le premier
essai de ce genre de travail. Isaac y consacra dix ans, de (imi/, (.<-
septembre 1437 a octobre 1 447- Les dates sont mal données xiV^u.^Wi^i^'rsî^^
dans les éditions, et d'ailleurs elles ne proviennent pas de (^o'-'T'I i'ei)r.
fauteur. Voici ce que portent les textes imprimés : « Le tra- lia. <'i,: là fI.
« vail fut commencé le premier jour du mois de heschwan de ' ^'^- 1'- '''
« l'année 5jg8 = 3o septembre i437 des chrétiens, c'est-à-
« dire de la Conception (jr-inV dvsi;'?), et fut fini le premier
«jour du mois de heschwan de l'année 6208, qui est le
« 11 octobre i445-» Pour que la coïncidence des années
juive et chrétienne fût exacte, il faudrait lire ou 5306 dans
l'année juive, ou i447 dans l'année chrétienne. La date
1447 est la seule possible; car c'est dans cette année que le
1 1 octobre coïncide avec le i*"^ heschwan.
Nous avons dit que cette concordance n'était qu'un essai.
Elle est, en effet, loin d'être complète; mais elle a servi
\H MF.CI.K.
584 LES KCaiVAINS JUIFS f'RVNÇMS
de base à tous les ouvrages de ce genre composés ullérieure-
inent, jusqu'à Buxlorf et aux essais de nos jours, qui n'ont
pas tous été des progrès. Dès le xiiT' siècle, l'Église latine
avait créé pour sa Vulgate de ces puissants aide-mémoire.
Il est probable que les grands répertoires dominicains, dont
on rapporte le principal honneur au cardinal Hugues d»*
Saint-Cher, ne furent pas inutiles à Isaac Nathan.
La Concordance d'Isaac Nathan a été imprimée plu-
sieurs fois. La première édition fut terminée à Venise le
24 tischri 6284 = lôaS, in-fol., Bomberg. Dans le faux titre,
on a donné comme nom d'autour celui de Mardochée Na-
than, erreur qui a été répétée dans les éditions suivantes'.
Cette première édition contient, au commencement, un
avant-propos qui a été omis dans les éditions ultérieures.
Suit la préface d'Isaac, écrite au point de vue philosophitpie,
et à la fin de laquelle il mentionne les réfutations qu'il a
faites des hérésies de R. Samuel (le manuscrit d'Oxford
n" aa32, fol. 84, donne le n)ême nom), qui n'est autre
siem ri.ii.i.ioi. que le prétendu Samuel Maroccanns, à qui on attribue un
(aiiii (1, I. B0.11 . Qyyranre de controverse. Puis vient un index, où Isaac
donne le nombre des versets de chaque chapitre des livres
bibliques. Cet index ne se trouve pas dans les éditions
postérieures.
Les manuscrits de la Concordance d'Isaac Nathan sont
rares. Nous ne connaissons que celui de la Bibliothèque
nationale de Paris, n° i33, qui s'arrête à la lettre a.
Il fut copié par Hayyim fils de David, surnommé Vidal de
Tournon, pour la communauté de Carpentras, et achevé
au mois d'adar 5a 79 (février lôig), quatre ans avant l'im-
pression de l'ouvrage. Le catalogue donne le nom d'Isaac
Nathan de Rome, probablement par confusion avec Nathan
de Rome, auteur de YArakh.
La Concordance, dit Isaac, a un double but. D'abord,
elle empêchera les auteurs de controverses, comme par
' Conforte, fol. 37*, prétend que Nathan écrivit seulement l'introduction el que
Mardochée composa la Concordance.
\l\ SIE(XlL.
DU XIV* SIECLE. 585
exemple Geronimo de Santafé, de se servir de versets bi-
bliques en altérant le texte, et par là elle contribuera à for-
tifier le judaïsme. D'un autre côté, elle stimulera l'exégèse
biblicjue. Cette branche d'études était alors très négligée.
Isaac dit qu'on ne s'intéresse qu'à l'étude du Talmud, pour
laquelle on écrit livre sur livre, tandis qu'on fait peu de
chose pour la Bible. Isaac avoue qu'à l'âge de quinze ans
il ne savait de la Bible (pie les passages cités dans le Talmud
et dans les écrits de Maimonide, surtout dans le Guide
des Egarés. Il avait donc étudié d'abord le Talmud et la
théologie, avant d'acquérir une connaissance sérieuse de la
Bible. Cette méthode irrationnelle existe encore de notre
temps dans des écoles talniudiques de Pologne et de
Hongrie.
VIDAL ET S\LVES VIDVL DK BOIRIAN,
MÉDECINS.
Maestro Vidal' de Bolrian, né probablement à Arles,
était médecin. On ne connaît de lui qu'une seule prescrip-
tion, mentionnée dans le manuscrit d'Oxford n° 2 i42 , 27.
M. Gross dit que, dans l'ouvrage intitulé nnion mo (manu- Mouauscimii,
scrit de Munich n° 297, fol. ^^9**), on cite Maestro Salves ' voir' i'-d«ssus,
[fds de] Vidal de Bourian, à Arles; mais, d'après M. Stein- p >8o
Schneider, c'est Vidal et non Salves Vidal qui est cité à cet \ ircii. Arcii ,
endroit. Ce dernier est nommé dans le manuscrit de la -p "•
Laurentienne, Plut, lxxxviii, 35, et son nom est transcrit ^■'^' '''"'^••
d'une façon étrange par Biscioni : Magister Suivi Vida de
Murian. Ce manuscrit contient, à partir du folio 81, une
sorte de recueil d'opuscules de médecine, analogue au ma- CataidOiibrci,
nuscrit d'Oxford n" 2142; le compilateur l'a fait pour son ""' '''°
fils Vidas (wkt'i, Biscioni a transcrit Vida), et l'a achevé la
nuit du 16 du mois de kislew 5i44 (12 novembre i383). Ms.foi. nS
Le compilateur dit qu'il était âgé de quarante-trois ans
(M. Lasinio écrit quarante-cinq), dans le printemps de p. 106, note.
l'année 5i37 (1377), quand il a eu un accident. Au mois
' Peut-être identique à Vidai Abram (fils d'Abraham) de Bourian (Gross, MonaU-
schrift, 1880, p. 180, note a).
TOME xxxi. 74
mniHIBIt <I4TI()1tlK.
\IV' SIKCI.E.
586
I.ES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Voir ri-dc»su< ,
|>. 58o.
MoDalsschrifl .
1H81, p. 4g8.
Saige, Juifn
ilu Laiiiiundoc.
p. vil.
Aniberl, Mcm.
«nr l'ancienne ré-
publ. d'Arles, III,
p. 393.
Mazkir, Mil.
p. 106.
Otiainipi>r.,III,
83 (Monum.Gerni.
histor. , Script.,
l. XXVII.p.SSg).
Ms. de Turin ,
MonaUschrifl,
1880, p. I73.
Hiitt. litt. de la
France. I. XXVII.
p. 553.
(le .siwan de l'année 5i43 (mai i383; M. Steinschneider
écrit 1378), son parenl Maestre Salves Vidal de Bourian
lui a prescrit un purgatif. Au mois de schebat 5i44 (jan-
vier i383), le compilateur est encore tombé malade. C'est
tout ce que nous savons de relatif à lui. Selon un usage
provençal dont nous avons plusieurs fois parlé, le fils por-
tait, sans l'addition du mot len, le nom de son ])ère. Salves
Vidal signifie donc Salves fils de Vidal. Salves était médecin
pratiquant en i383; par conséquent, son père Vidal doit
avoir vécu vers i34o-i36o; et, en effet, il est cité par un
élève de Juda Nathan vers cette époque. M. Gross compare
le nom de Bourian à celui de Boeriano, que portait un juif
de Nîmes. Bourian ou Borrian était le nom d'un quartier
d'Arles, plus tard appelé Bourgneuf, par opposition au
Vieux-Bourg (aujourd'hui La Roquette), et compris entre
les Arènes et le Rhône, au nord de l'ancienne cité, (iervais
de Tilbury parle déjà de ce faubourg de Bourian.
Le nom de Salves était très répandu en Provence; c'est
ainsi, par exemple, que le copiste d'un livre de prières fait
à Pise en iSgy s'appelle Méir, fils de Samuel de Salves,
d'Arles. Ce copiste est sans doute le même que celui dont
il est fait mention en i43o et i434, sans qu'on indique le
nom de son père. M. Gross cite encore Salves de TreLs
et Bonet de Salves, de Salon, et l'on pourrait multiplier
les exemples. Nous avons parlé dans un autre volume de
Bondia Samuel de Salves.
' LKVI BEN-GERSON,
PHir.OSOPHE.
SA VIE.
Voir ci-desjon'i, LÉVï ben-Gerson , sumommé en hébreu n», « Lion », en
p. 589.
latin Magister Léo Hebrœus, fut, après Moïse Maimonide, le
plus célèbre des philosophes et exégèles juifs du moyen âge.
îr est cité par les auteurs hébreux sous le nom de Ralbaff,
nom formé des lettres ja'j'i, qui sont les initiales de m^'s-ï
avi'i |3, Rabbi Levi ben-Gerschon. Lévi était originaire de
DU XIV SIÈCLE. 587 ^,^. ,,,,,,
Bagnols [sur Cèze], Balneoli, transcrit en hébreu vbv^i^,
c'jvixa, w'j^Jio, «?'?i33a, e;'?rKa, ck"7i'?3, et par erreur ©Vvjat
dans un manuscrit d'Oxford. Le niot c?'7ik"'3, dans le manu- Voii . i .lessous,
scril de Leide, Warn. 43, 4» semble représenter le nom de i' ^^'
Violas.
Le Bagnols dont il s'agit ici faisait partie de l'ancien comté
d'Orange, et est maintenant compris dans le département
du Gard. Le comté d'Orange relevait, à l'époque de Lévi,
des comtes de Provence, qui étaient en même temps rois
de Naples. Le comte régnant était Robert d'Anjou, qui
encouragea d'une manière si éclairée les traductions d'ou-
vrages de philosophie, de mathématiques, d'astronomie, et
qui, comme l'empereur Frédéric II au siècle précédent, pre-
nait pour auxiliaires des savants juifs. Lévi n'a pas travaillé Hist. iiu. de la
1 -Dl 1 • '" il' ''iJ'i' '1 France, t. XXVll,
j)Our le roi nohert; mais sa réputation s étendit jusqua ,,.585,etciKiessu»
Aviernon, où les papes faisaient arand cas de ses travaux '"''«'« Je Caio^
. »* I • I I • • 111 I iiynnosben-CaIoii\-
astronomiques. Maigre les calamités qui accablèrent les mos.
juifs de Provence au xiv* siècle, il y eut ainsi des mo- Voir ci-dessu»,
mentsoù ils purent s'adonner aux recherches scientifiques. **■
Nous avons vu que Calonymos fit ses travaux à Arles et à voir ci-dessu».
Avignon; Caspi et plus tard f']mmanuel accomplirent les i'^^'"-
leurs à Tarascon, et nous verrons plus loin que la ville de Voir ci-de»su».
Bagnols eut également sa part de travaux érudits. ''' '
M. Munk, qui juge si bien notre auteur en le tenant
(X)ur un des plus grands péripatéticiens du xiv* siècle et Munk, Mélanges.
pour le plus hardi de tous les philosophes juifs, écrivait •* *®'
en 1869 qu'on «ne connaît exactement ni l'année de sa
«naissance, ni celle de sa mort». Nous verrons cependant .*
que, grâce à des documents flécouverts postérieurement Voir ri-dessous,
à la publication des Mélanges, on peut affirmer que Lévi ^ '**
naquit en 1288 et mourut en i344-
Mais avant de donner les rai.sons sur lesquelles nous
nous appuyons pour fixer les dates de la naissance et de la
mort de notre auteur, nous mentionnerons les détails qu'on
Irouve sur Lévi ben-Gerson dans les anciens ouvrages de
bibliographie et de biographie.
Bartolocci dit que Lévi ben-Gerson était natif d'Espagne, bii^ï'" v^*^' "''
XIV' MÈCLE.
588
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
llisl. lilt. de la
Kranro, I. WVII.
KiMiolhcra lic-
hr.iira. I, p. 7 5(1.
ibidem, III,
|>. 616 et siiir.
Ibidem , IV.
|>. «9-!.
Diiionario sto-
rico. |>. 116 cl
<uiv.
Sloiiisrlincidrr,
KiiCNclop. , l'sert.
I. X'i.lll, p. 29.S.
note I .
Voir ci-de«<ous ,
|.. ,190.
OU, selon d'autres, de Bagnols en Provence; c'est pourquoi
on l'appelle Maestro Léon de Bagnols. Lévi descendait d'une
famille de savants; son père est l'auteur de l'ouvrage inti-
tulé Porte du Ciel; son grand-père maternel était Moïse
Nahmanide; son petil-fds futSiméon bcn-Zémah (Douran).
Lévi était contemporain d'Ascher, fds de lehiel, et est né
probablement vers 1290. Médecin de profession , Lévi s'oc-
cupa de théologie et commit de grandes erreurs de doc-
trine, comme on peut le voir dans son ouvrage intitulé
Guerres du Seigneur. Bartolocci, en citant quelques-unes
de ces erreurs, ajoute cependant que Lévi était un grand
philosophe et qu'il est l'auteur d'ouvrages importants.
Wolf répète, après Bartolocci, que Lévi mourut à Per-
pignan en iSyo. Il donne la liste de ses ouvrages tels qu'il
les connaissait. Dans un autre volume il complète celte
liste, en y ajoutant dos écrits qui, en réalité, ne sont pas
de Lévi. Au quatrième volume de sa liihiwtheca hebraica, il
signale les manuscrits de Lévi qu'on trouve dans quelques
bibliothèques. A peine est-il besoin de dire que Bartolocci
et Wolf ont pris pour base de leur travail les chroniques
juives de Zakkuto, d'Ibn-Yahya, de Conforte, de Gans et
de Schabbetaï Bass. Wolf, cependant, a su tirer quelques
renseignements des manuscrits ainsi que de la lecture des
catalogues et des livres imprimés. Malgré les progrès qu'a
faits, dans notre siècle, l'étude de la littérature rabbinique,
on consulte encore avec fruit la Bibliotheca hebraica de
Wolf.
De Rossi appelle notre auteur Gcrsonidc Lévi (Lévi est
cité sous le nom de "iw-n, Gersonides, pour la première fois
par David Messer Léon, qui florissait vers 1 5oo). Il fut sur-
nommé R. Léon de Bagnols, parce qu'il naquit dans cette
localité provençale, en 1 288; il était petit-fds par sa mère
du célèbre Nahmanide, et mourut à Perpignan, en 1870, «î
l'âge de quatre-vingt-deux ans. Cette dernière date, si er-
ronée, est donnée d'après Zakkuto. De Rossi rappelle cepen-
dant que (Simone) Luzzatto, dans sou ouvrage intitulé
Dlscorso intorno allô stato degli ebrei, p. 79, dit que notre
DU XIV SIECLE. 589
XIV SUXtIà.
I. |.. S!
Juilrn, Nil. ! 15
Lévi mourut à l'âge de Irente-deux ans. De Rossi énumère
sommairement les ouvrages de notre auteur en renvoyant
pour plus de détails à son catalogue des manuscrits qui
sont à présent à la bibliothèque de Parme, catalogue que
nous aurons souvent l'occasion de mentionner dans le cou-
rant de cet article.
Fûrst nomme notre auteur Léon de Banolas, et dit que,
né en iq88 à Banolas, non loin de Girone, il nu^urut à Bibi-judai.».
Perpignan, en iSyo. Il s'appelait en bébreu Lévi ben-Ger-
schom, était du côté maternel petit-fds de Moïse Nabma-
nide, et par sa fdle grand-père de Siméon ben-Zén)ab
Douran.
M. Graetz fournit des dates plus exactes, s'étant servi des
données de M. Steinschneider. M. Graetz ajoute que notre CscIimIu. ,Wr
auteur porte le nom littéraire de Gersonide et qu'on le cite
en bébreu sous celui de Gcrsoni.
Avant de continuer la biographie de Lévi, nous croyons
utile de reproduire un passage de la préface d'Isaac Lattes,
qui le concerne : '7njn ann p •»i"? laiaT ann n'jyo b "jy N'cjn h^1}r\ aini
Va OTiDi Dn33ii D'-aT Qiiian tan ©"jTJKan ptt^b [nDJWND n:i3Dn Du^3 '->
]Vinn DDsna oïDai noan "733 D'innio oniN-ia ^N''a1 .ne Vyawi ar3ac? n-nnn
mm nN''ai .yiNn Vsa imoa pK niKiDiai nmoSai nm^Kai saïDn nD3n3i
nDD3 mD3i n'rijnD nKwan riK-iun ino3na T'Kni] ihd 133: 11x333 3rD3e?
nni3 kS ' [iKC Kmji n333 ibd '" nionVo idd iNip o^Dyn '?33 ''7h^n1zn '7n3n
: Dnin'''? dk ■'3 irVyo
« Le grand prince notre maître Lévi, fds du grand maître
«Gcrsom, surnommé Maestre Léon de Bagnols, est l'au-
• leur de nombreux et précieux ouvrages. Il a fait des com-
« mentaires sur la loi écrite et la loi orale et sur toutes
« les branches des sciences; à savoir : la logique, la phy-
«sique, la métaphysique, les mathématiques et la méde-
«cine; il n'a pas son égal dans tout le pays (ou sur toute
«la terre). Il a commenté la Bible profondément, [et il a
«éclairé tout le reste de la captivité par sa science, surtout
■ par son célèbre ouvrage intitulé Guerres du Seigneur],
' Les mots entre crochets sont pris dn oianuscrit Gûnzburg.
4 0
MV* «làcu.
590 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
note 2.
Voir ci-diissous.
Mél
iiolc 1
« dont la grande valeur ne peut être appréciée que par les
• initiés. *
On connaît la date de naissance de notre auteur grâce
aux manuscrits de son traité d'arithmétique. Lévi dit, en
effet, qu'il a terminé cet ouvrage au commencement du
mois de nisan 5o8i ■=3i mars iSai, étant âgé de trente-
trois ans; Lévi est donc né en 1288. Cette date, comme le
Mél., p. /197, remarque M. Munk, s'accorde bien avec les dates de la com-
position de ses divers écrits. Lévi ayant ébauché quel-
ques parties de son grand ouvrage intitulé Guerres du
Seigneur à la fin de l'année i3i6 ou au commencement
de iSiy, on voit qu'il commença son activité littéraire à
l'âge de vingt-huit ans; ce qui est très admissible. Toute-
fois nous verrons que notre auteur avait comjxjsé des
traités sur le Talmud, qui ne nous sont pas parvenus, et il
est probable que c'est par ceux-ci qu'il avait débuté.
"J"' M. Munk remarque, il est vrai, qu'une note écrite à la fin
du manuscrit de Paris, Sorbonne n" 5o (n° i54 du nou-
veau catalogue), qui renferme le commentaire sur la Bible
du célèbre Salomon de Troyes (Raschi), peut faire naître
des doutes sur la date de naissance de notre Lévi. Le co-
piste de ce manuscrit, David ben-Gerson, affirme avoir
écrit ce commentaire à l'usage de son frère, Rabbi Lévi, en
l'an 5o58 = i298;or, s'il était démontré, ditM. Munk, qu'il
est ici question de notre Lévi ben-Gerson, il faudraitadmettre
que celui-ci élait né avant 1288. Mais M. Munk ajoute avec
raison cjue ce n est peut-être ici qu une ressemblance lortuite
de noms; d'autant plus que l'écriture du manuscrit en ques-
tion a le type allemand fortement prononcé, et qu'il est
difficile de le supposer écrit en Provence.
L'année de la mort de Lévi nous est connue par l'épi-
logue des manuscrits latins qui contiennent le Pronosticon
Ma^istri Leonis Hebrœt de conjunctiune Satarni et Jovis anno
Domini I3à5, dont nous parlerons plus loin. Disons d'abord
Serapeum, i863, que c'cst M. Stcinschneidcr qui a le premier reconnu dans
\ii 'p.' 82?;"^', ^^ Ucbrœas notre Lévi. Or, à la fin du susdit traité,
V- 'Cî- traduit de l'hébreu en latin par Pietro d'Alessandria, on lit
DU XIV SIÈCLE.
591
KIV' Slèr.LE.
ce qui suit dans le manuscrit d'Oxford, Digby, 176 : Ma-
(juler Léo, morte preventus, anno Christi 13ââ die 20 mensis
ai)rilis, circa meridiem, de hac conjanctione.nil ampUas ordinavit.
En efFet, comme nous le verrons plus loin, l'activité lit-
téraire de notre auteur cesse en i3/|3, en sorte que nous
pouvons accepter sans hésitation l'année i344 pour celle
de sa mort.
Ce système serait renversé si l'on admettait une conjec-
ture, émise autrefois par M. Steinschncider, sur une con-
jonction astrologique que notre Lévi aurait dressée pour
l'année i355. Le manuscrit de Leide Warn. 43, 4, ren-
ferme, en effet, nn judiciiiin astrolo(jicam de l'année 5 1 1 5 de
la création ou i355 de J.-C, calculé par l'astronome
Maestre e?''7iN''3 (Biolas ou Violas), nom que M. Steinschncider
avail cru pouvoir être une corruption de e?Vvj3; et par consé-
quent ce /iidicinm aurait été dressé par Léon de Bagnols.
Selon M. Steinschncider, ce yWjcmm serait en rapport avec
la peste noire (le l'année i348 Quoiqn'ilensoit de cepoint,
nous croyons que le nom de wVix-'a représente Violas, qui
n'est autre que Maître Violas de Rodez, dont nous parle-
rons plus loin. D'ailleurs, nous aurons à revenir sur le
manuscrit de Leide, qui renferme des traités d'immanuel
de Tarascon et de Profel Douran.
D'après Abraham Zakkuto, Lévi serait mort à Perpignan
en l'année 5i3o = 1370 et, par conséquent, si nous pre-
nons pour date de sa naissance l'année ia88, Lévi aurait
atteint l'âge avancé de quatre-vingt-deux ans. Les chroni-
queurs juifs n'auraient certes pas manqué de faire res-
sortir ce grand âge, pour un homme aussi célèbre que
notre Lévi. En réalité, Zakkuto lui-même avait quelque
doute sur cette date, car il ajoute qu'il faut prendre en
considération les tables astronomiques de Jacob fils de
[David] Yom Tob Poel, qui furent composées à Perpignan,
en 5i2 1 = 13.51, et d'où il résulterait que Lévi était mort
à cette époque. Zakkuto veut probablement dire que Lévi
y est mentionné avec la formule V't = na-ia*? unst, «Que sa
«mémoire soit l)énie!» qu'on emploie pour les morts.
Cahil., |i. il 'i.
Voirri-ilpssous
) ardcle «le Violas.
Kiicjrlopwlie,
i' sert., t. \UII,
p. .'ioo, note 4**.
Yuliasiii,)!.
Voir r»r(icl« sur
cet auteur.
\IV* SIÈCLE.
(lalal. ,11" I 'i83 ,
'i.
KiicNclopa'die,
i'sicl.," t. M.lll,
|>. 396 . note 6.
592
LES KCUIVAINS JUIFS FRANÇAIS
.[oel, p. 0.
Pentatouque,
fol. 1 1 '1 « (éd. de
Venise ) .
Hist. iitt. de la
l'rance, I. XXVII,
|). 3i5.
lieherseliuiigeii,
P- 9-
Monatssrliriri ,
1879. P- ■*•' et
sui\.
Voir ci-dessus,
p. 588.
Monatsschrift,
1862, p. II 3. Ti-
rageàparl.p. io4.
Fol. 35. édit.
prinr.
Cette formult^ ne se trouve pas dans le manuscrit d'Ox-
ford; mais elle se trouve dans celui qui appartient à
M. Steinschneider. Il serait d'ailleurs superflu de consulter
d'aulros manuscrits des Tables de .lacol) Poel, puisque nous
avons, pour t'iablir la date exacte de la mort de Lévi, un
document certain.
(^omme pour la plupart des auteurs juifs du xiv* siècle,
nous avons peu de détails sur la vie de Lévi. Il est certain
qu'il descendait d'une famille savante, puisque, dans ses
commentaires bibliques, il cite souvent son père et une fois
son <^iand-père. Il n'est nullement certain que son père
ait été Gcrson de Béziers, l'auteur de l'ouvrage intitulé
«Porte du Ciel», bien que cela soit possible, si on admet
avec MM. Sleinschneider et Gross que Gerson florissait vers
la seconde moitié du xiii* siècle. Dans les passages où il cite
son père, Lévi emploie toujours l'expression ^n'jap, ce qui or-
dinairement veut dire «j'ai reçu par tradition orale». Si
l'auteur de la «Porte du Ciel» avait été le père de Lévi,
celui-ci aurait certainement cité son ouvrage, car les
occasions pour cela ne lui manquaient pas. On peut appli-
quer le même aryumentum a silentio à l'assertion de Zak-
kuto que le fameux Moïse fils de Nahman de Gironc
était le grand-père de notre Lévi. Jamais Lévi ne le men-
tionne. Il est vrai que les écrits mystico-cabbalistiques du
Nahmanide ne devaient pas être du goût de l'admirateur
d'Aristote; mais le respect fdial de Lévi lui aurait fait trouver
moyen de nommer son aïeul. Ajoutons que, comme M. Joël
le fait observer, Lévi donne, dans le commentaire sur Daniel,
l'année i358 comme date de l'arrivée prochaine du Messie,
ajoutant qu'aucun de ses prédécesseurs n'est parvenu à
préciser cette date. Or Moïse Nahmanide donne également
cette date comme l'année de l'arrivée du Messie, et, pour
peu que Lévi eût connu les écrits de Moïse, il aurait cer-
tainement parlé de cette conformité d'opinion. M. Schiller-
Szinessy, il est vrai, avait promis en 1876 de prouver
que l'assignation de la date de i358 n'est pas du fait du
Nahmanide; mais ce savant est mort avant d'avoir rempli
DU XIVSIKCLE. 593 ,„ ^.^_..
cette promesse. De plus, d'après Zakkulo, Nahinaiiide élail
legrand-père maternel de Lévi, cardu côlé paternel, d'après
Zakkuto lui-même et d'autres chroniqueurs, son grand-
père était Salomon, père de Gerson de I5éziers. Or Lévi cite
comme étant son grand-père un R. Lévi Coh(>n, qui évi- ^,,,. ^.j^,,^
demment était le père de sa mère; car autrement Lévi au- wMï.yjoi.n.)..
rait porté l'épithète de Cohen, qu'on omet rarement chez
les juifs.
Pour les mêmes raisons, nous pouvons difficilement
admettre l'identification du grand-père de Lévi avec le liragèàpàrî
fameux Lévi hen-Ahraliam, qui n'est jamais mentionné iiist. liti de la
comme Cohen. Si Lévi Cohen avait été l'auteur du / ivjath ,,''I|'.*^x.
Hen, notre Lévi l'aurait souvent cité, tandis qu'il ne cile
qu'une fois son grand-père Lévi Cohen, et encore avec le
mot ^"73?, «j'ai reçu oralement». Dire que notre Lévi aurait Voir ci-dis^n.
évité de citer Lévi hcn-Ahraham à cause de l'excomujuni- i"^^'
cation lancée par Salomon ben-Adret contre les partisans ,. , , ,
de Maimonide, au nombre desquels était en première ligne Kia.ice.i wvii,
Lévi ben-Abraham, est un faible argument. L'excommuni- i'^^'
cation de Salomon ben-Adret était oubliée depuis que les
juifs avaient été expulsés des territoires appartenant aux
rois de France, et notre Lévi n'avait rien à ciaindre de
ce côté. Ensuite, comme nous le verrons plus loin, notre
Lévi lui-même n'était pas loin d'être excommunié; pour
le perdre, on n'avait pas besoin de le rendre responsable
des hérésies de Lévi ben-Abraham. Quelques ressemblances
entre les interprétations des deux Lévi ne sulTisent pas à
démontrer que Lévi ben-Abraham était le grand-père ou
même le parent à un degré quelconque de notre Lévi.
Il est vrai que Moïse Almosnino, qui écrivait au xvi*" siècle,
cite l'auteur du Livyath lien comme étant le père de Lévi
ben-Gerson, et M. Geiger corrige le mot «son père» (vax) j,^,^^^ „
en «son parent» [^\^2^•>^p, d'après Samuel de Vidas), tandis que p 2\.
M. Joël suppose qu'il faut lire v3n •'sk, « son grand-père », au Monauschrift,
lieu de rax. Mais l'épithète de Cohen après le nom de Lévi, '^^o, p. 2?/i.
graod-père de notre Lévi, resterait toujours inexplicable,
même si nous prenions fen considération un renseignement
TOUR XXXI. "JO
0 ^ ,.„,», .,r ,„
\IV* SIÈCLE.
Ruspoiisa,
594
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Vlonalsschriri ,
i''(>o, p. 2 5 4.
(iiicrres du Sei-
gneur. II. 'i,
fol. i8 /..
(^alal. ilr lierlin.
Joël,
ilirifl.
Moiials-
i86i.
tira"!^ à
!•• "J
pari. |). 8).
Voir ci-dcsisns.
p. 59J.
Voir ri-dr-ssons.
douteux, probablemen l puisé chez Siméon Douran. Celui-ci,
qui florissait vers 1476, en s'opposanl à une interprétation
biblique de notre Lévi, dit ce qui suit : «Bien que Lévi
« fût un homme célèbre et noire parent (car son grand-père
« le rabbin R. Lévi Cohen était le grand-père de mon graiid-
«père R. Juda Delesfils ', qui était aussi appelé Bongoah
«de Moro, du nom du village où il commerçait, et Lévi
« ben-Gerson était le mari de la sœur de mon grand-père),
«je ne peux avoir d'égards pour personne quand il s'agit
«de la loi, et la vérité est plutôt mon parent [que Lévi],»
Siméon Douran n'aurait pas manque, à notre avis, d'ajouter
après Lévi Cohen les mots « l'auteur du Livyath Hen » , si Lévi
Cohen avait été le même que Lévi ben-Abraliam. Nous
n'admettons pas l'argumentation de M. Joël, qui veut tirer
de ce passage même la preuve que l'auteur du Livyath Hen
était un Cohen.
Lévi mentionne, sans donner son nom, un frère cadet
qu'il avait. C'est peut-être son frère Salomon, à l'aide du-
3uel Pielro d'Alcssandria fit sa traduction, après la mort
e Lévi. Nous avons vu que n')tre Lévi était marié. Nous le
trouverons résidant tantôt à Orange, tantôt à Avignon, où
l'on était ])lus tolérant que dans la Provence proprement
dite, quoique, de certains passages écrits par Lévi, nous de-
vions conclure que les juifs souffraient parfois également
daus le Comtat. Ainsi, il dit souvent qu'il n'a pas pu conti-
nuer ses travaux « à cause des calamités du temps, qui em-
« pèchent de penser ». Très souvent Lévi exprime l'espoir de
voir arriver le Messie. Dans un épilogue de i338, Lévi
dit qu'il n'a pu faire une revision de son commentaire sur
le Pentateuque à Avignon, faute d'avoir eu un exemplaire
du Talmud à sa disposition.
Reh'vons encore les renseignements suivants qu'on trouve
dans les écrits de Lévi et sur lesquels M. Joël a attiré
l'attention. Dans une des applications morales qu'il tire de ses
commentaires, Lévi dit que la loi de Dieu défend à l'homme
' Ce Judo n'est pas ie même que Juda Dels Infani (ci-dessus, p. 369).
DU XIV SIECLE.
595
les ados d'ascélisme exagéré, tels que les i>a lions en pra-
tiquent, par exemple en se flagellant; c'est probablement
une allusion aux abus des Flagellants, contre lesquels le
pape Clément VI, à Avignon, hmça une bulle sans grand
succès. Lévi combat l'opinion des gens qui croient que
le soleil est immobile tandis que la lerre se meut. Lévi
aflirme qu'Hipparque connaissait déjà la vérité à cet
égard.
Bagnols appartenait à celte époque au cardinal Napoléon
des Ursins (Orsini), nom que la légende populaire dérivait
(ÏUrsus. Notre Lévi reproduit cette légende dans le passage
suivant : « On raconte, au sujet de Romulus et Rémus, que
«leur père, pendant la nuit de leur naissance, rêva que
• deux bouts do tisons sortaient de ses narines et brû-
■ laient sa cité. En s'éveillanl, il apprit que sa femme
• était accouchée de deux jumeaux, qu'il crut être les deux
• bouts de tisons dont il avait rêvé, de sorte qu'il ordonna
«de les transporter dans une forêt, où ils trouveraient la
« mort. Une ourse qui était là les nourrit (comme cela est
«rapporté aussi dans le Midrascli sur les Psaumes), et,
« après qu'ils furent devenus grands, les deux frères délrui-
• sirent la ville de leur père et construisirent Rome. C'est
« d'eux que les grandes familles romaines afliliées aux Ursins
«•(o^ann) descendent. » Lévi, qui acheva son commentaire
sur la Genèse en iSqq, écrivait pendant la grande lutte des
Colonna et des Orsini. Comme M. Joël le suppose, pendant
que les flatteurs des Colonna s'eflorçaient de les faire
descendre des empereurs romains, les amis de leurs ad-
versaires, à en juger d'après les paroles de Lévi, faisaient
venir les Orsini de Romulus et de Rémus, en substituant
dans la légende l'ourse à la louve.
Lévi cite, outre son père et son grand-père, un contempo-
rain , R. Salomon han-Nasi, et les sages de sa généra' ion. Lévi
savait sans doute le latin, qu'il appelle la langue des chré-
tiens, et il est naturel qu'il donne souvent l'explication des
mots hébreux en provençal. Quant à l'arabe, il compare
quelquefois le i conjonctif au o arabe; mais cela ne prouve
75.
\iv siEr,i.s.
Coiiiinciil. sur
rFi\<i(le, Col. 7 I ft.
(lomnicnt. sur
laGencse, fol. ;i.3 4
Lévit. , fol. ioi h-
l)eiil., fol. 2i3/>.
Doni Vaissctp,
Histoire <\e Lang. ,
t. IV, p. 190 cl
(^oiiiDient. Mil-
le Penlalcuquc.
fol. 46 c (cdit. ci.-
Venise).
IsaTc, vir, '1.
Moiialsschrill .
1 860 , p. ?5Î>.
Comment, sur
I Sam., XVI, 6.
. . 59() LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
MV SIKCI.E. '
pas (jue Lévi ait connu l'arabe; car il a pu emprunter cette
remarque au commentaire d'Abraham ibn-Ezra, dont il
étudiait beaucoup les ouvrages et qui lui a servi de mo-
dèle ])our ses interprétations bibliques; tandis que, pour la
philosophie, comme nous le verrons, il s'inispirait de Mai-
monide, sans pourtant le suivre aveuglément. Lévi rappelle
souvent qu'il s'est servi des traductions hébraïques des
.siems.iii.ei.ior. Commentaires d'Averroès; jamais il ne s'appuie sur un
ij.i.prs.t/., p. 06. texte arabe. II est probable que c'est encore à l'imitation
j..ei, Monais d'Ibn-Ezra (juc Lévi ])ril au sérieux l'astrologie et la
s.hrin, i8(M. croyance en la sorcellerie. 11 est étonnant qu'un esprit aussi
,.ari. p. 'i). '^ lucide et aussi philosophique ail pu croire à de telles chi-
mères; mais celait l'erreur du temps, parmi les savants
chrétiens comme parmi les juils.
Nous ne pouvons mentionner toutes les petites notices
qui ont trail directement ou indirectement à Lévi. Nous
nous bornerons «à citer les travaux les plus importants.
(]e sont : i " l'article de M. Steinschneider, dans son
Catahujin libronim hebr. in bibl. BodL, colonnes ifioy à
1 6 1 5; 2" les articles de M. Joël dans la MoïKitsschriJi, 1 86o,
p. 223 el suiv.; 1862, p. 4i, 93, iSy, 297»!tsuiv.; 3" les
Mélanges de philosophie juive et arabe, par M. Munk,
p. 497-5oi; 4° l'article de M. Steinschneider, dans l'Ency-
clopédie d'Ersch et Gruber, section II, t. XLIII, p. 296-
3oi, avec des additions dans la feuille périodique inti-
tulée Magazinjûr die Wissenschajt des Judenthums, 1 6* année
(1889), p. 137-1 55; 5° l'ouvrage du même savant sur les
traductions hébraïques, couronné par l'Académie des in-
scriptions et belles-lettres, et dont l'auteur nous a gra-
cieusement communiqué les feuilles au fur et à mesure de
leur impression. C'est surtout pour les commentaires de
Lévi que nous les avons mis à profit.
SES OUVRAGRS.
Nous allons maintenant nous occuper des nombreux ou-
vrages de Lévi ben-Gerson, qui embrassent le Talmud,
l'interprétation de la Bible, la philosophie aristotélicienne
DU XIV" SIECLE.
597
\IN SIEl.l.K.
selon Averroès, les mathématiques, l'astronomie et l'astro-
logie. Lévi s'occupa aussi de médecine; mais il ne semble
pas avoir rien écrit sur celte science. Nous le trouvons enfin
([uelque ])eu poète et lilurgiste; à un moment même, il pa-
rait s'être exercé dans la parodie, probablement à l'exemple
de Calonymos bcn-Calonymos. \oi. .. ,i,«u».
L'ordre chronologique des travaux de Lévi se laisse assez '' ''"
facilement déterminer. Nous croyons que Lévi commença
sa carrière scientifique par ses commentaires sur le Tal-
mud. En effet, dans son commentaire! sur le Penlateuque, ,, .
il renvoie à son commentaire sur le traité Bemkhot, à pro- '"' -'7*i
pos d'un passage agadique. Remettant à plus tard la con-
tinuation de ce travail, Lévi commença f ébauche de son
grand ouvrage philosophique intitulé les Guerres du Sei-
gneur, qu'il cite déjà dans ses commentaires sur Aver-
roès. Pour pouvoir compléter ce grand ouvrage, Lévi
se plongea dans la philosophie aristotélicienne selon Aver-
roès, qu'il se crut obligé d'expliquer et de compléter. En
même temps il poursuivait l'étude des mathématiques et
de f astronomie; finalement il composa ses commentaires
sur une grande partie de la Bible.
Lévi paraît avoir eu un goût médiocre pour la casuis-
tique. Ses commentaires sont surtout des déductions théo-
logiques, des essais d'interprétation philosophique de pas-
sages légendaires et agadiques.
l. jna Dviii minnc; nno ï^b 'd, commentaire sur les treize
règles (de logique) par lesquelles on explique la Loi,
règles qui sont rapportées à Ismaël, un des docteurs de la
Mischna. Lévi montre, par cet ouvrage, dont Fattribution
n'est qiie probable, qu'il était très versé dans le Talmud;
il se tient strictement à la logique, et il blâme (dans les
paragraphes relatifs aux règles 4 et 8) ceux qui s'occupent
de pareilles matières sans connaître cette science; il se
plaint surtout des talmudistes français et allemands. Lévi
cite R. Nissim (fn), probablement le gaon de Kairouan (qui
florissait dans la première moitié du onzième siècle), l'au-
Traités
lALMUDIQUES.
I.IIUIIGIQIIKS
KT AUTItKS.
XIV MEUI.E.
598 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
leur du traité intitulé la Clef du Talmud, no'ynn nnoo, qui
a été publié à Vienne (Autriche), 1 8^7, et H. Samson, pro-
bablement de Sens. Notre traité se trouve, au folio laS'',
dans l'ouvrage intitulé apy nnanco, «Livre du pacte de
«Jacob», qui renferme des sermons et une collection de
notes sur des traités du Talmud de Babylone, par Jacob fils
d'Abraham >Din"D, de Tunis; Livourne, 1800. l]nedeuxièn)e
édition a paru à Jérusalem, en i884- Le commentaire de
notre Lévi porte, dans ce recueil, le titre de pixnve;, « Portes
Voir n-dessus. «de justice». Jacob dit, d'après Azulaï, que Lévi était le
p. 5«R. petit-fils de Moïse Nahmanide.
Celle dissertation formait peut-être, dans l'intention de
Lévi, l'introduction générale au commentaire sur le Tal-
mud. Elle occupe le numéro 9 dans la liste de M. Stein-
schneider.
II. jiDD ppino. Ce litre, qui n'est guère traduisible, puis-
qu'il résulte d'un niauvais accouplement de mots (Deutér. ,
xxxm ,21), était le titre d'une épître dans laquelle Lévi ex-
pliquait les passages agadiques qui se trouvent dans le Tal-
mud de Babylone, traité Baba Balhra, chapitre v. Voilà, du
n)oins, ce que dit Salomon fils de Slméon Douran, laîné,
\iiih \ii/. , qui semble avoir possédé cette épître. M. N. Brûll, à (jui
•" '■* nous empruntons ces renseignements, croit que le titre hé-
P ,37. breu mentionné ci-dessus (M. Brûll écrit j-'bd, comme on lit
dans l'ouvrage de Salomon Douran; ce qui est sans doute
steinsriiiieidoi. uue fautc d'imprcssiou pour poo) contient une allusion au
mot nrBD, titre du chapitre v du traité Baba Bathra. H n'est
pas impossible, en elîet, que le titre en question, avec
une allusion au passage du Deutéronome, xxxiii, qi,
joue par allitération avec le titre du chapitre talmudique.
Ln fait que nous devons signaler, c'est qu'un traité
sur le même sujet, avec le titre de pos ppmo, se trouve
dans le manuscrit de la bibliothèque Gûnzburg n° 367, 3.
L'auteur en est R. Moïse, fils de Jacob, fils de Joseph Cohen,
qui l'avait composé pour son collègue (nan*?) R, Moïse Ba-
rukh. Il n'est guère admissible que deux ouvrages du même
contenu et portant le même titre soient deux compositions
Kncycl. , 2* .'ect
l. XIJII, p. 197.
DU XIV SIECLE.
599
\iv' siK<;ni.
(lifl'érenles. On pourrait dire (|ue Salomon Douran, qui
était parent de notre Lévi, devait être mieux informé que le
copiste du manuscrit Gûnzburg. Celui-ci s'appelait Isaac
fils de David, de Beaucaire; il aclieva la copie le 3 siwân
5 120 (2G mai i36o); l'écriture est le caractère hébreu pro-
vençal. Toutefois il faut considérer que David se trouvait
dans le pays où Lévi a vécu, et qu'il est antérieur d'un
siècle à Salomon Douran.
(^et ouvrage, dont l'attribulion à Lévi est ainsi fort dou-
teuse, porte le numéro 10 dans la liste de M. Steinschncider.
III. On cite de Lévi ben-Gerson deux réponses de ca-
suistique : a. une consultation sur la liturgie du jour du
grand Pardon, intitulée mj Sa, dont le texte est donné par
Joseph Alaschcar de Tlemcen; h. dans la collection des ré-
ponses d'Isaac de Lattes, le jeune, p. 87-93, une consid-
tation signée : « le plus jeune des jeunes élèves, Lévi bar
«Gerson ^yt (formule d'eulogie pour un mort) ». Cette ré-
ponse renferme un témoignage du 3 schebat de l'an-
née 5io3 = 1" janvier i343. M. Zunz donne la date de
i34i, sans en dire la raison; M. Gross est du même avis.
Il est très douteux que Lévi se soit appelé, à l'âge de cin-
quante-cinq (ou cinquante-trois) ans, le plus jeune des
jeunes, quoiqu'une formule de modestie semblable soit
possible; d'un autre côté, après la composition de tant d'ou-
vrages philosophiques et des interprétations de la Bible au
sens rationaliste , nous n'admettons guère qu'on l'ait con-
sulté comme autorité rabbinique. Nous croyons, par consé-
quent, que l'auteur de la dernière réponse est un des
homonymes de Lévi ben-Geison.
Ces réponses ont le numéro 1 1 dans la liste de M. Stein-
schncider. •
IV. Le manuscrit de Parme n" 9 1 9 , qui est un rituel pour
les fêtes, renferme, entre autres liturgies, une prière qui
commence par "«nca ^n'îx et porte la suscription suivante :
h'\ owiî p mV 1 n'y ^m , • Prière de confession de Rabbi R.Lévi
■ ben-Gersom ». Rien n'empêche de considérer notre Lévi
eomme l'auteur de cette pièce. Puisque Lévi a composé
Cuiimoly, ilaiis
Otsar Nehmail ,
|). loS.
Uisl. lin. de la
IVance, t. \\\ll
p. 7.Î!.
RespoiiMU , I .
|.. 88.
liill.s)ii.l'(p»'-l»^ .
p. .S08.
Monatssclirifi
1880. p. r>a.v
l
\l\ SIKi I.K.
'..ilil. l'irirau,
|i. 170. (.11 ri'Uo
litiirL'io ii'i'sl I as
mrntioiinéc.
Calai. Ilullx-r
•»lam, |>. 49; Ig
m'relli lîiqorcll).
p. 10.
\o]i I iirlirlr ili'
■^alnmoii Vivas.
\oii' rj-(lpssi|s.
|> 'i5?.
A^srmnm. (ia-
l.nl. Vaf., 1». 79.^
000
I.ES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
K«*\. des Kindcs
juives, \, |). ■ t!3
et sniv.
Catal.,coi.
extrait D;
Letterbwle ,
Isr.
Vil.
un poèmo, pourquoi n'anrail-il pas essaye- de composor
une liturgie? Dans le manuscrit de Parme n" 349, '^ ''«*"*
le manuscrit Halberstam n" 261, et dans le manuscrit
Giuizburg n° 211, on trouve une autre liturgie de notre
aut(!ur, avec la suscription suivante: n'jijn ^1NC a-^n •?« -inx pr:tE
e:'?"j3n px"''? '•'d '?'7i3n D3nn. (letle prière est rattachée à une
autre prière analogue de Maestro Petit de Nyons (Drôme).
Salonu)n Vivas de Lunel cile un commentaire de Lévî
(sans doute ben-Gersom) sur une liturgie.
Cet article ne figure pas dans la liste dressée par M. Stein-
schneider.
V. Nous avons vu que Calonymos ben-Calonymos com-
posa une parodie pour la fêle de Poiirim. Dans le manuscrit
du Vatican, Vat. n" 107, 7, le propriétaire, Vidal Bonafou.x,
'jxitn', décrit le contenu de ce manuscrit comme il suit :
• D'C'i'Dn -iBD -nrcD dv nan nrc -pv^h nmo nixn -cd: mx 13 w iccn nta
.on once nc'Dn ah2 ;n «y": C'"'7vjaT ]Mà '■•d oanna oniDC o-'-irc n'7JD
« Dans ce livre sr trouvent : 1° le commentaire sur Abra-
« liam ibn-Ezra [As.sémani n° 1]; 2° le commentaire des
«Mystères, par Moï.se ben-Nahman [c'est le commentaire
«sur le Pentateuque; Assémani, n" 2]; 3° une grammaire
« intitulée nai nns [Assémain*, n" 5; Assémani donne comme
« auteur de cette grammaire Moïse Qamhi; pour l'auteur
«véritable, nous renvoyons à farticle de M. V\ . Bâcher];
M 4" le livre des légeiules [Assémani n" 6; histoires ou lé-
« gendes pour la Pentecôte]; 5° le rouleau des mystères
M pour le Pourim, par le savant Maestro Léon de Banolas,
«(qu'il repose dans le Paradis!). En tout cinq livres.» Le
même traité se trouve dans le manuscrit d'Oxford n" 7 1 4 , 4-
La comparaison de ces deux manuscrits fournit à M. Stein-
schneider la clef de toute celte littérature. Le fait est que la
parodie contenue dans les manuscrits d'Oxford et du Vatican
est la même pour le fond que celle de Calonymos; seulement
elle est beaucoup plus courte; on n'y découvre aucune allu-
sion à Calonymos; les noms des personnages de Rome qu'on
Peut-être de Salon (l'JKCl).
DU XIV'S1KCI,E. GOl ^,,.^,.,^^
lrou\e dans la j)iece de ce dernier n'y figurent pas. Voici la
division de l'ouvrage d'après le manviscrit du Vatican : pre-
mière partie, conjmcnçanl par les mots : ■•d-i: ^c^a \t'i, et finis-
sant ainsi : wn omcn •'C nx D^p"? n-iic cinc p'jjd nD'?c:i nor
r\bitn D'cn '■iv r:n:n rxiim nor: naiVon ■'îdecd Nicjm n:u;Dn nnnx
(.s;t) nmo |n'':iai ^BJ ]" ri3"'?n r"?*?!:! mir:; deuxième partie, com-
mençant |)ar les mots : nj"'? msci ■«D^^c min bap piapa; troisième
partie commençanl par : n^rca ;''a'"'n bzn. Le texte de celte
partie a pour base celui de Calonymos; à la suite, on lit voir .i i.ssub,
le posl-scriptum suivant : ■•iSn «■'aVn N"ia:n c--d onnc nSjD nh ^•'bc •'■ ''^'^
nc:nc aie luw ]Dtc n-c\ Puis viennent une pièce en araméen,
d'autres pièces commençant par iic:cn et-pacD, et quatre
sentences en provençal, qui ont paru dans la lioinania. nomania, avril
Un manuscrit, nouvellement acquis, de la Bodléienne, '*'9^'
llelrcw, e. lo, de provenance avignonaisc, contient la
même parodie dans le même ordre; il est très défectueux. voir<i.a«sous.
A la fin du manuscrit du Vatican, on lit la date de la p- ^''9-
copie : 'n pyc rcn Vk irci |" ncns oac; n': dv d"'7c;i on ivtn ^î13a Foi. ags '.
■-i:a m;D an:c anaom rn-"i-'b ■'wn r^^nb Nin dj véi r:cf Nnn n'ï'p d''d'?n
. . .itT-a lyai ni-a Knra: Dn:D, « écrit par Manoah fils de Mena-
«liem, en l'année SigS = i438».
Bartolocci, au lieu de er-'i'jriaT px"? d, a lu viûztà^ n ]^t<^h "2-)', uibi. ,.,1,1, jy
en conséquence, il attribue cette parodie cà L(?oc/e Ka/(?na6«5; p '?• ,,
Woil et M. rurst répètent la même chose; le dernier écrit |>. 732, et 11,
(le lalentis et dit que le traité fut imprimé à Metz, 1817, ^'i^M.'\ud., m,
in-S". MM. Zunz et Steinschneider écrivent également de p- ^67.
Valentibus, sans admettre Lévi comme auteur du traité ano- scH^umV. p. s^ô.
nyme. H est possible que notre Lévi ait abrégé la parodie de i,, Leiterbodc,
Calonymos, en retranchant les noms romains et en enlevant ^^- P- "•
la couleur locale, pour l'adapter à l'usage des comnîu-
nautés de Provence. L'expression ii'7n tcaST, « le livre du Lion voir ci-de>su5,
« (de Lévi) s se rapporte peut-être à lui, quoiqu'on ait voulu ^ ^^^•
l'appliquer à Elias Lévita, qui aurait ainsi été l'auteur de steinschneider.
la parodie. En fait, les mots ""iSt vjhn ne se trouvent pas dans bÔde, vii, p* 1 1.
le traité de Calonymos.
VL ^B^^ e?p\nn nDD, «Livre de syllogisme droit»» traité Gctiiag» scieuti-
dans lequel Lévi examine les raisonnements inexacts qu'il
XOMS XXXI. 76
FIQI'BS ET
PBILOSOPBIQIKS.
■■PBIBIIIB lATIOllLE.
MV'SIÈCLR.
Sleinsrliiieidcr,
l chcrseli., p. 70.
Jocl, I.cvi Ihmi-
(îorsnn , p. 1 i.
(^lul. l'csnin,
p. 19, 11° I '1.
p. 3-i5.
<~.;vtal. /urLcr
niaiiJel, p. 9.
(:.tlnl.l'„'il>l>.,iS.
Atli N. I.iiir. ,
i8ti3, p. 75.'^;
Steinscliniiili-r ,
(JcberieU., p. 711,
Sleiiiscliiipiilcr,
Ueb rselz. , p. 71.
\i>ii" ci-tlcs'.oiis,
p. 6or>.
Voir ci-(K's< lus,
j>. O07.
602 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
a rencontrés dans les seconds Analytiques d'Aristote, d'après
l'interprétation d'Averroès. Lévi saitque quelques-uns l'accu-
seront d'être présomptueux; mais cela ne l'empêchera pas
de faire un livre qu'il croit utile. On trouve des manuscrits
de cetouvrage à Parme, n° 8o5, 3; à Turin, n° 4o; à Leij)-
zig, n" f\o (la fin manque); à Breslau, dans la bibliotliètjue
de l'école rabbinique, n" yS, et dans la collection Rabbi-
novvicz, n" 178. En outre, il y en a une traduction latine
dans le manuscrit Ottobonien n° 1 906 de la bibliothèrpie
du Vatican, sur laquelle le prince B. Boncompagni a at-
tiré l'attention. Kn voici le commencement : Liber Syllouisini
recti, qiiem coinpnsiiit e.tcellenlissimus philosophus liabi. Levy
filias Gliereson hebrens : co(fnounnaUn Léo de Bafjnolo : in (lun
ndversatiir plnribiis eonirn (jne in Prionbns Aristotelis tradiintur.
Dixit Levi filins Gliereson : Quoniani perspeximns in libro l*no-
ram Aristotelis sccundum expositionem Averrois ... Le texte
hébreu, en effet, commençait par er"" d3 irNit? -nasa j'ab idn,
La date de la composition de ce traité est, d'après les
manuscrits de Parme et de Breslau, l'année ôoyç) de là
création -- i3i9. La traduction latine ajoute à l'indication
de l'année les mots mensc illud (1. elul). 1. awjusto. La
date de i3i9 s'accorderait bien avec la date des autres
commentaires de Lévi sur Averroès, qui furent compo-
sés entre iSai et i3i4; mais il y a une difficulté (jui
surgit quand on sait que, dans le manuscrit de Breslau,
Lévi renvoie à son commentaire sur les Premiers Analy-
tiques et sur les lettres d'Averroès; or le commentaire sur
les Premiers Analytiques fut composé en i323. M. Stein-
schneider croit que le passage en question a été ajouté après
coup. Il fonde son opinion sur ce fait que ladite phrase
n'existe pas dans la traduction latine. M. Steinschneider
n'avait pas de renseignements sur les autres manuscrits hé-
breux du traité dont il s'agit. D'après nos informations sur
les manuscrits de Parme et de Turin, Lévi n'y cite aucun de
ses commentaires. On peut donc accepter la date de iSig.
(^e traité est, à ce qu'il semble, une des premières pro-
ductions philosophiques de Lévi, et la traduction latine
DU XIV SIKCLK. 003 ,„. 3,4^,...
qui en a été faite est une preuve de l'importance qu'on y
attacha.
Notre traité est divisé en deux parties (onoxo) , dont la
première a dix chapitres et la seconde quatorze. Pour cet
ouvrage, ainsi que pour tons les ouvrages concernant Aver-
roès, M. Steinschneider renvoie à son mémoire couronné,
actuellement sous presse.
Vil. ncDD, d'après les manuscrits de Paris et du Vatican;
dans d'autres manuscrits zvn nc;yD; traité d'arithmétique,
divisé en deux livres (DncxD),dont le premier, (jui concerne
les principes généraux, est fondé sur les livres VII, VIII et IX
d'Euclide; le second, qui présente l'application de ces prin-
cipes, est divisé en six chapitres, consacrés aux différentes
espèces de calcul. Ce traité se trouve dans le manuscrit de
Paris n" 1029, 6, sans date de composition; d'ajjrès le
manuscrit de Parme n" 836, il fut achevé au commencement
du mois de nisan 5o8i (avril i3ai), Lévi étant âgé de
trente-trois ans. Le manuscrit du Vatican n" Sgg, 1, divisé
en neuf livres d'après Assémani, est incomplet. Il y a en- Assémani, Ca
core d'autres manuscrits, un à Vienne, n" 112, dont on "•?•'"'
peut lire la description donnée par M. Goldenthal, et deux catai.aeVi.iinr,
à Munich, n"* 36, 1 et 68, 6. M. Steinschneider fixe la "• p ""
date de la composition d'après le dernier, et dit que l'in-
troduction est comptée comme premier chapitre; ce qui
porte le nombre des chapitres à soixante- huit. Le manu-
scrit Gùnzburg n° 3o, 2 , qui porte le titre ncDD, écrit par une
main récente, donne pour dale de l'achèvement le mois
d'éloul 5oa8 (août-septembre «322).
Cet ouvrage porte le n" i4 dans la liste dv. M. Stein-
schneider.
VIII. Commentain^ sur l'inlroduclion et les livres I, III,
IV et V d'Euclide. On trouve ce Iralté en manuscrit à la
bibliothèque du Jcwisli Cullefjc, à Londres, n" i38, 4, fit
dans la bibliothèque de M. (îiinzburg, n° 34o. C'est peut- (./,iai.,p. 41.
être l'ouvrage qu'Elie del Medigo désigne par les mots sui-
vants : DT'SpK -IDC3 ninjni miarra d^-idd, « livres sur l'algèbre et mcIo iiofnaim.
« notes sur l'ouvrage d'Euclide ». Il est possible que te traité p»f''«h*'"^-.p-^'
76.
\l\ SIF.CI.E.
004 LES KCIUVAINS JUIFS FRANC \IS
intitulé m"i3ï;n nosn nian, Traité do la science d'algèbre, dont
un fragment se trouve dans le manuscrit unique de Munich
n" 36, 24, fin ait fait partie. H s'agit ici de la proposition
d'Kuclide sur deux lignes f[U! se conpent. Lévi renvoie dans
Calai. .icMnni.li ce traité à son ou\ rage intitulé « Guerres du Seigneur », I, 5.
■''■ Cet ouvrage se trouve dans la liste de M. Steinschneider
aux n" 12 el 1 .^.
IX. Explication du lîésumé [d'Averroès] de la Physique
[d'Arislofe], achevée, d'après le manuscrit de Paris n"9()2, 1,
à la hn du mois de siwan 5081 = juin i32i. Ici Lévi
renvoie à un ouvrage spécial où il a traité de la création
ex nihilo; cet ouvrage ne peut être que les « Guerres du
«Seigneur», livre qui est cité aussi sous ce litre dans le
Calai.. le Berlin, couraut du Commentaire. Pour ce numéro et les suivants
'^^'"^ jusqu'à XXII, M. Steinschneider renvoie à son mémoire
mentionné ci-dessus, p. 6o3.
X. Explication du Commentaire moyen [d'Averroès] sur •
la Physique, achevée, d'après le manuscrit de Paris n°g63, 1,
au mois de tammouz 5o8i = juillet i32i. Cet ouvrage
est basé sur la traduction de Calon.ymos ben-Calonynios.
Pour les manuscrits, nous renvoyons à l'ouvrage de M. Stein-
schneider.
Uebersetr.,p.i8. XI. ExpUcatiou du Résumé du traité de la Génération et
, de la destruction, achevée, d'après le manuscrit de Paris
n" 962, 3, au mois d'éloul 5o8i -= septembre i32i. Le
manuscrit d'Oxford n" 1 3o6 , 3 , n'a pas le nom du commen-
tateur.
XII. Explication du Résumé du traité du Ciel, achevée,
d'après le manuscrit de Paris n* 962, 2, au mois d'éloul
5o8i = septembre i32i, comme l'ouvrage précédent; la
même date se trouve dans d'autres manuscrits; seul, le
manuscrit de Paris n° 919, 4, porte la date 6096 = i336,
qui est impossible.
XIII. Explication du traité des Météores, achevée,
d'après le manuscrit de Paris n" 963, 4 1 au mois de tébet
6082 = décembre i32i. M. Steinschneider énumère les
UeberseiL.p. 137. autres manuscHts qui contiennent ce commentaire.
DU XIV SIECLE. 605
XIV* SitCl.K.
XIV. Explication des commentaires moyens d'Averroès
sur l'Organon : a. sur l'Isagoge de Porphyre; b. sur les Ca-
tégories; Lévi y renvoie à un comm«!ntaire de la IMiysique,
qu'il se propose de faire; c. sur le traité de rinferprétation;
ces trois commentaires ont été traduits en latin par Jacoh
Mantino et publiés dans le tome I des Œùivres d'Aristote,
édition de Venise; d. sur les premiers Analytiques (le ma-
nuscrit de Paris n" 9.^8, 4, n'a ([uiî le commenccMuent du
commentaire et ne donncî pas le l( xte d'Averioès; incom-
plet dans le manuscrit de Paris n" 9.^)8, 6), achevé, d'après
les manuscrits d'Oxford n° iG33, 'i , et de Leyde VVarn.
n" /j3, 4, a<i mois d'itidar 5o83 -= février-mars i.3:?3; le
manuscrit de Turin Cod. xiv a le mois d'ab; mais cette
indication se rapporte aux seconds Analytiques; e. sur les
seconds Analytiques; l'auteur dit avoir terminé co'livreau
mois d'ab 5o83 = juillet i323; il avait d'abord voulu com-
poser un commentaire très développé; il y a renoncé, ayant
appris qu'un philosophe de son pays avait fait un tel tra-
vail (ce philosophe est probablement Sanmel de Marseille); ci-dessu,
ces commentaires se trouvent dans les manuscrits n'" 968, 5, ''' ''^
et 9G1, 1 de la Bibliothèque nationale de Paris; f. sur les
Topiques, achevé, d'après le manuscrit d'Oxford n° i363, i,
le 10 du n.ois d'éloul 5o83 = i3 août i323; </. sur la
Sophistique, achevé, d'après le même manuscrit, 3, le
2'j éloul 5o83 = ^5 août i323. Le nouveau catalogue de
Turin, Cod. xiv,fol. aSy, mentionne correctement l'Abrégé
d'Averroès sur la Rhétorique, traduit par Todros Todrosi,
tandis que dans l'index on trouve cet ouvrage à l'article
Lévi ben-Gerson : Expositio lib.Arist. de Uhetorica, Cod. xiv,
fol. 237. Le manuscrit de Munich n" 269, 5, sous le titre
suivant : Vt ]ttrb nt3U''NDV Dpnn d iik3, Commentaire sur les
premiers Analytiques, ne contient pas l'ouvrage de notre
Lévi, mais bien celui de Juda Messer Léon, qu'on a con-
fondu avec notre Lévi dans d'autres manuscrits. Le ma-
nuscrit de la bibliothèque du Vatican n° ^79 porte, à la
marge du commentaire sur les livres des Catégories, les
gloses d'un élève,
i 1
Xiy* MÈCI.K.
606 LES KCRIVAINS JLIFS FRANÇAIS
XV. Des gloses sur le commentaire moyen d'Averroès :
n. sur les Catégories, gloses dont le manuscrit de Paris
n° gSg, i, ne contient qu'un fragment; b. sur les premiers
Analytiques, dans le manuscrit de Paris n" 960, 1, où il est
dit que l'ouvrage a été terminé au mois d'adar 5o83 = fé-
vrier-mars 182 3.
XVI . wpnn iBD Tjy nspa Tcn jax «iici'?''!}'? N'SD:n ]ie;Kin iDxon -\mc2 ,
Commentaiie sur le premier des discours d'Averroès. C'est,
Calai, de Paris, d'après Ic cataloguc de Paris, le QuœsUnm IF des Quœsila
" •J^y-"' in liiros Loçficœ Aristolelis, im|)iimé on latin dans le tome 1,
partie III, des Oliuvres d'Aristole, éd. Venise, i56a, fol. 81
et suiv. Le commentaire suit, par;igra|)lie par paragraphe,
le texte d'Averroès. La fin manque dans le manuscrit de Paris
c.aiaL.p. 1C9. 11° 960, 2. Cc Commentaire se liouve également dans le
mnnnscrit d'Oxford n° i633, 3 (où le catalogue donne
Caioi, |. 870 (Juœsitiiin V, Opj). t. I, p. 363% renvoi exact). Le manuscrit
■"''•'.' '■',''^'^'" d'Oxford donne ensuite le commentaire de notre Lé\i sur le
■ieu..|,. 105. neuvième Qnccsilam (t. 1, p. 371 ) intitulé . . .'•JC'mDKD-iiK'a.
XVII. Commentaire sur la Paraphrase (d'Averroès) sur
les livres XI à XIX du traité des Animaux d'Aristote (c'est-à-
dire sur les quatre livres du traité des Parties des animaux ei
les cinq livres de la Génération), achevé, d'après les manu-
scrits de Paris n*" 899, 2 et 966, au mois de schebat
5o83 = janvier i323, traduit en latin par J. Mantino dans
l'édition de 162 1. Nous apprenons, par une note contenue
dans ce dernier manuscrit, qu'il n'existait pas de com-
mentaire d'Averroès sur cet ouvrage d'Aristote. Pour i'é-
numération des autres manuscrits, voir l'ouvrage de
Uei)cr5cii..p..ii. M. Steinsclineider. Lévi renvoie ici à son commentaire
sur le traité des Plantes.
XVIII. vtin d'? ^^^•3, Coinmpntaire [sur le Résumé d'Aver-
roès] du livre de l'Ame, achevé, d'après le manuscrit de
Paris n° 919, 2, au inoisde tébeth 5o8/| -= novembre 182 3.
Lévi s'excuse, à la fin do l'ouvrage, de n'avoir peut-être pas
toujours rendu exactement la prnsée d'Averroès, ayant tra-
vaillé sur une copie très fautive et ayant été souvent réduit
à faire des conjectures. On trouve la même oljservation
DU XIV SIECLE.
607
dans les autres manuscrits, par exemple, Oxford n"' 1378, 3,
et 2 45o, 1. Dans le manuscrit de Munich n" 12 5, 2, le
traité est intitulé ^jvsn 'on; ce titre esl plus récent que celui
qu'on trouve ordinairement dans 1rs ntanuscrits et qui est :
c'B;n d'? 11X3. Pour l'énumération des autres nianuscrits, voir le
catalof^uedeBorlin, p.8/i,ct l'ouvrage de M.Steinschiieider.
Lévi renvoie à son commentainî sur la Météorologie.
XIX. Commentaire sur le llésiiiué d'Avcrroès du traité
d'Aristote intitulé De Sensu el sensibili, achevé le jour de la
néoménie d'adar .)o8/i - 27 lévrier i32/|. Cette date se
trouve dans le manuscrit d'OxIord n" i373, 5 et dans ce-
lui de Berlin n" 1 i 1 (p. 85). F^e texte est celui de Moïse
ibn-Tihhon. Lévi renvoie ici à ses comujentaires sur la Gé-
nération et la corruption, la Météorologie et le traité de
rAnic. Lévi parle dans cet ouvrage de sa théorie sur les
songes, (pi'il représente comme une espèce de prophétie.
Il développera plus tard cette idée dans son ouvrage intitulé
«Guerres du Seigneur». Ce commentaire n'a pas été im-
primé à Venise, comme Bartolocci et Wolf le disent, et les
copies en sont très rares.
XX. D'innKn nsp"? Mtim rnjx nsp iixa. Commentaire sur les
Epîtres relatives à la conjonction ou union de l'intellect sé-
paré avec l'homme, dont deux sont d'Averroès et une srrait
de son fds, d'après Lévi; cette dernière est, dit-on, en réalité,
d'Ibn-Mohammed Abdallah. Le texte arabe en a été publié
par M. Joseph MiUler à Munich. Le commentaire de Lévi
se trouve dans les manuscrits d'Oxford n"' 2 33, 3, et 187 3, 4-
Lévi dit, dans un petit avant-propos, qu'il fait ce commen-
taire après avoir fini celui sur l'Ame, dans lequel il a expli-
qué son opinion sur l'immortalité. Lévi se sert du même
texte que Gersom fds de Salomon de Béziers dans son ou-
vrage « Porte du Ciel », et c'est aussi celui qu'on trouve déjà
employé dans le commentaire sur l'Ecclésiaste de Samuel
ibn-Tibbon.
XXI. Lévi a fait un commentaire sur le commentaire
moyen d'Averroès relatif à la Métaphysique; mais cet ou-
vrage ne nous a pas été conservé. Lévi le cite dans son
MV*
SIÈCLI.
Calai. (
lie Munich,
p. 5.).
Uebeiselï. , [>. i
il-
Voir
ri-(lessiis.
p. 6o4.
Stciiischiieidor,
UeberseU., p. i55.
Miink, Mr.l.
Mon uni. sarc. ,
.859.
.Sleinsclmeider,
Ucherseli. , p. 20.3.
Ms. dOiford,
i3ii, 4.
VIV SIKCf.E.
Stciiiscluic'der.
t'iliersoU. , p 1C7.
Voiiridcssniis,
|). Oo().
Calai. ilOilunl.
Il" i3i(), ^.
OtMUChS
n'Asinoi.DîMK.
\.>scmani ,
Olmugks
nF, MÉDECIMi.
Voir ri-dessus,
58S.
(.alal., |>. <|5.
('.OM.UkNrAinES
RIBI.IQI ES.
OOH LES KCIUVAINS JUIFS rii\N(;\is
commeiitairesur l'Ecclésiasteet plus oxplicitemcul clans son
ouvraj^n «Guerres du Soigneur».
XXII. Coinnientiuro sur le livre des Plantes, probable-
ment sur la paraphrase d'.\verroès. Ce coninientairc ne nous
est pas parvenu; nous ne le connaissons que par une cita-
tion de l'auteur.
XXIII. Notice astrologique intitulée d-'jiSt, sur les sept
constellations. Cette notice se trouve dans le uinnuscrit
Add. n" i56.^, 3, à la bibliothèque de l'Université de Cam-
bridge, et lait suite à une notice sur le même sujet de
Lévi ben-Âbraham, attribuée par une erreur de copiste à
notre Lévi; on lit, en effet, à la lin du premier traité, les
mots suivants : Sva dc?-)3 p m"? S nanc n;iDrn pVnc iDon m 'Ji"?! 3"»
DicnVni c'EM Ta. Puis viennent les mots j'a*? nnx, « antre notice
« de Lévi ben-Cersom ». Le traité de Lévi commence par hs
mots : D^iic* D'a;:n lycc" "ia:c' mipnn an dv n'':ic?xV'7 ixarijC nia»
uh-ivn nT2. Lévi y renvoie à son ouvrage» Guerresdu Seigneur «.
Le manuscrit de Paris n° io48, 6, renferme des annota-
tions sur (pielqurs ouvrages astrologiques d'Abraham ibn-
Lzra par Maestro Léon, peut-êtn- notre Lévi. Le manuscrit
du Vatican n''39i, 3, netraite pas d'astrologie, comme Assé-
mani le dit, mais d'astronomie. Le titre qu Assémani ('onnr
ne se trouve pas dans le manuscrit.
La noie intitulée d'ji'ît n'est pas indiquée dans la liste de
M. Stein Schneider.
XXIV. On ne peut douter que Lévi, qui portait le titre
de « Mai^stre », n'ait été médecin, comme le furent presque
tous les savants juifs de cette époque. Ln fait Lattes dit que
Lévi avait écrit sur la médecine. Toutefois nous n'avons
qu'une notice médicale de lui; c'est une prescription contre
la goutte, qui se trouve dans le manuscrit dOxford n" 2142,
fol. 36i,et dans le manuscrit de Parme n° 1 189. Il est pro-
bable que Lévi pratiqua la médecine, sans avoir précisé-
n)ent écrit sur cette science.
XXV. Dans son commentaire sur Job, Lévi se montre
peu satisfait des commentaires de ses prédécesseurs qui,
d'après lui, n'ont expliqué que les mots, tandis que lui, sti-
DU XIV SIÈCLE. 009
XIV* SIÈCLK.
mulé par le livre de iMaimonide, il veut donner un commen-
taire philosophique. Lévi n'a par conséquent pas lu le com-
mentaire d'Abba Mari sen Asiruc de Noves. Lévi croit, avec Voir ci «lossus,
le Talmud, que Moïse est l'auteur du livre de Job, et que "*■ ^"'
l'objet du livre est de faire connaître la providence particu-
lière, l'explication de la récompense et de la punition. Ce
commentaire est très prolixe; le texte imprimé ne porte pas
de date de composition. Les manuscrits donnent la date
du 23 tébeth 5o86 = 3o décembre iStîô. D'après le ma-
nuscrit de Turin cxviii, l'ouvrage aurait été écrit h Avi-
gnon. La copie en fut faite par Meir de Salves (Peyron Caïai. iV)™..,
écrit Silvis, 2?"ii'7e?i) , et achevée le jour de la néoinénie d'adar
en l'année 5 1 94 = 1 1 janvier 1 43/4-
La première édition est de 1 477, et elle fut imprimée pro-
bablement à Ferrare, in-4°. Les quatre premiers chapitres
ont été traduits en latin par Louis-Henri d'Aquin et impri-
més à Paris en 1623, in-4°.
Sarek Barfat aurait, selon Elias Lévita, composé son
poème sur l'histoire de Job d'après le commentaire de notre
Lévi. Ce poème fut imprimé sans mention d'auteur, avec un sieinscimcider,
avant-propos d'Elias Lévita, à Venise, 53o4 = 1 554- coV93!^ '
Cet ouvrage porte le n" 5 dans la liste de M. Stein-
schneider.
XXVI. Le commentaire sur le Cantique des cantiques est
entièrement basé sur l'allégorie. Lévi n'est pas content des
commentaires de ses prédécesseurs, qui se sont trop servis
du Midrasch. Il considère Jérusalem comme représentant
ici-bas l'image de l'homme, qui est choisi pour servir Dieu ,
de même que Jérusalem a été élue parmi les autres villes.
Les filles de Jérusalem représentent les facultés de l'âme. Le
roi Salomon représente l'esprit de l'homme, qui domine tout.
En un mot, Lévi met dans le Cantique la philosophie
d'Aristote, la psychologie comme la physique et la méta-
physique. La date de la composition de ce commentaire
est, d'après la plupart des manuscrits, le mois de tam-
muz 5o86 = juin i326; d'après d'autres, 5o85= i325.
• Ce traité porte dans la liste de M, Steinschneider le n" 3 a.
TOME iXXl. 77 •
x.vsiÈc... 610 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
* XXVII. Dans son commentaire sur l'Ecclésiaste, Lévi
dit que les contradictions que les talmudistes ont rele-
vées dans ce livre peuvent être résolues à l'aide de l'Ethicfue,
où Aristote, ne pouvant exposer d'une manière directe les
vérités qu'il fait connaître, procède par des propositions
Joël, Moiiais- dont il sc réscrvc de tirer des conclusions. C'est pourquoi
schrifl, iSCa, it- i /] ,i • » - i !• i • • ^ ,., >
p. 112; tiras;.- à Kolioleln 3 mserc dans son livre des opinions quil nap-
part.p. 105. prouve pas et qui ne sont pas vraies, afin qu'on puisse
faire le triage. La forme féminine du mot nVnp indique déjà
aux lecteurs qu'il leur est permis d'avoir des doutes sur les
propositions que renferme l'Ecclésiaste. Lévi dit encore que
l'Ecclésiaste renferme les principes de l'éthique en général,
et que le livre des Proverbes contient les moyens par les-
quels on peut acquérir ce que l'Ecclésiaste recommande
de rechercher; et, comme finalement tout tend vers la per-
fection, qu'on ne peut atteindre que par la connaissance
et l'intelligence, on aura recours, pour ces deux dons su-
prêmes, aux idées contenues dans le Cantique des cantiques.
La méthode de Lévi reste toujours la même : il commence
par fexplication des mots; puis il expose le sens des para-
graphes et les conclusions morales qu'on en doit tirer. Ici
Voir Cl dessus, Lévi rcuvoie à son commentaire sur la Métaphysique, c'est-
'' 7- ' - • à-dire sur le commentaire de ce livre par Averroès. La date
de fachèvement du commentaire sur fEcclésiaste est, d'après
les manuscrits, le 9 du mois de marheschwan 6089 = 1 4 oc-
tobre 1828.
La liste de M. Steinschneider donne à cet ouvrage le
n" 3 e.
XXVIII. Dans le commentaire sur Rulh, Lévi s'occupe
plus du sens littéral; il termine en donnant seize règles pour
la vie pratique. L'ouvrage fut achevé, d'après les manuscrits,
le jour de la néoménie de tammuz 6089 = 3o mai 1829.
XXIX. Dans le commentaire du livre d'Esther, Lévi suit
la même méthode, et il termine par cinquante et une règles
pratiques. La date à laquelle ce commentaire fut achevé ne
se trouve dans aucun manuscrit, M. Steinschneider dit qu'il
Oui. Bodi., fut écrit au commencement du mois de nisan 5o8q =» mars
col. i6»3. •'
DU XIV SIÈCLE.
611
XIV SIECLE.
iSag. Le commenlaire sur les quatre livres nommés Me-
(juilloih a été imprimé pour la première fois à Riva, i56o,
in-4°, avec un avant-propos de Jacob Marcaria.
M. Steinschneider (n° 3) indique seulement le litre de cet
ouvrage.
On ne connaît pas de commentaire de Lévi sur le livre
des Lamentations.
XXX. Le commentaire de Lévi sur le Pentateuque est
basé sur Abraham ibn-lùra pour l'exégèse, sur Maimonide
pour ce ((ui concerne le but moral de la loi, et enfin sur
son propre livre « Guerres du Seigneur » |)Our la partie phi-
losophique; car la loi, selon Lévi, renferme tout. Lévi donne
pour sa méthode d'interprétation neuf règles que nous trou-
vons inutile d'énuinérer ici. Il se |<ro|)Ose d'écrire deux
ouviages pour faciliter les recherches sur fimportance des
préceptes. Ces ouvrages sont : i" un livre de préceptes
(pncn ^EB) disposé selon l'ordre des versets du Pentateu([ue
et où il utilisera les deux Talmuds, la Tosifta, le Sifrâ, le
Silré et la Mtîkhilta; 2" un commentaire sur les traités
lalmudiques, où il mettra en tète les préceptes qu'ils con-
Mennent. Lévi donne ensuite les noms des traités lalmu-
diques des six ordres, avec le nom des chapitres de chaque
traité; cette énumération est utile pour les renvois. Nous
trouvons une énumération semblable chez David d'Lstella.
Dans le commentaire, Lévi commence, après l'introduc-
tion, par expliquer d'abord les mots, puis le contenu des
lois ou des narrations que renferment les sections; de temps
en temps, il donne les règles (rrVyin) qui en résultent;
car le Pentateuque doit avoir un but pratique aussi bien que
théorique. Lévi combat et blâme sévèrement finterprétation
allégorique. Il a peut-être en vue l'exégèse de Joseph
Caspi. Le commentaire sur la Genèse fut achevé le 17 mar-
heschvvan 6690 = 11 novembre iSsg; celui sur l'Exode
le jour de la néoménie du mois d'éloul de la même année
( 1 8 septembre i 33o) ; il n'y a pas de date pour celui du Lé-
vitique. A la fin du commentaire des Nombres, Lévi dit
qu'il l'a fait en peu de temps et sans avoir eu à sa dispo-
77-
Joël ,
sclirift,
I'. 7'i;
|inrl . |>. ij!
Moiiats-
lirnL'i' a
Voir"
'.7O."
Joël,
sclirifl ,
p. 106
part, p,
Voir
p. 5o5
Monals-
1862,
; lirapp^ à
1K8.
ci-(iessu.« ,
et siiiv.
\IV SIECI.I.
612 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
sition l(;s livres nécessaires; c'est pourquoi il devra le revoir
une seconde fois; ce commentaire fut terminé le 2 3 du
mois de tébeth 5098 = 17 décembre i337. Celui du Deuté-
rononie fut achevé le 3 3 du mois de schebat 6098 =■ 1 4 jan-
Caïai., |>. 3i. vier i338, à Orange (aiisn nno). Les manuscrits de Paris
11" 'il\l\ et de Parme n" 167 ajoutent encore ce qui suit :
« Il sera nécessaire de revoir tout ce livre; car je l'ai fait
« ([uand j'étais encore à Avignon , et je l'ai composé à la hâte
«sans avoir à ma disposition ni un exemplaire du Talmud
«ni une Bible. » Ces deux manuscrits, avec celui du Musée
britanni(|ue, Add. 14,7^9, M"' '"'^ copié à Avignon par
Nethanel fils de Néhémie Caspi, et terminé le 18 du mois
de kislew 3190= 1 4 novembre 1429, sont les plus anciens
que l'on connaisse de cet ouvrage. (îelui de Parme fut écrit
avant i4i3 et celui de Paris en 14^7 (le catalogue porte
i357 par suite d'une erreur de calcul). Il est curieux de
noter que le commentaire de Lévi sur le Pentateuque, qui
n'est pas moins hérétique, si hérésie il y a, que les « Guerres
«du Seigneur», a eu néanmoins plusieurs éditions. Cela
vient sans doute de ce que le Pentateuque se prête peu aux
explications philosophiques, et de ce que les règles pra-
tiques que Lévi en tire souvent auront plu aux juifs. Nous ne
pouvons mentionner ici toutes les éditions; nous renvoyons
Catai. no<n., au Cataloguc Bodléien de M. Steinschneider. La première
'"'■ '*'"■ édition fut imprimée avant 1 48o, à Mantoue; nous citerons
encore celle de Venise, i547- Quant à fédition séparée des
règles pratiques, il en sera question plus loin.
Cala), col. 534. Le manuscrit d'Oxford n° 1617, 4, renferme un abrégé
du commentaire de notre Lévi. La dix-neuvième règle
. pratique à la fin du Pentateuque, qui se trouve dans le
c«ui.,coi.7i. manuscrit d'Oxford n° 344, 1, après le commentaire sur
Daniel, est d'une main plus récente que les autres parties.
Chez M. Steinschneider, cet ouvrage porte le n° 1,
XXXI. Premiers Prophètes. Dans sa courte préface au livre
de Josué, Lévi dit qu'il se propose d'expliquer tous les livres
des prophètes d'après la méthode philosophique, morale
et rituelle; il attirera l'attention sur les contradictions appa-
DU XIV' SIÈCLE. 013
\i\' siici.E.
rentes qu'on y rencontre et il les résoudra. L'explication
que donne Lévi du miracle de (iahaon (Josué, x, i5) a été
fort attaquée. — Il n'y a pas de date pour les commentaires
de Lévi sur Josué et les Juges. Le commentaire sur les jo.i, Monau
livres de Samuel fut fini au premier jour du premier adar |,''"^J||. nrù^f à
6098 == '2 2 janvier 1 338. Il n'y a pas de date non plus pour i'«>-i, i> «7
les livres des Hois. La première édition de ces commentaires
se trouve dans la Bible imprimé»! à Leiria en i494- Les
règles pratiques (rrSyip) résultant du Pentateuque et des
premiers Prophètes ont été imjirimées à Riva, in-4*', 1 56o,
avec une préface de Jacob Marcaria. Chez M. Steinschneider
cet ouvrage a le n° 2.
Nous ne connaissons pas de commentaire de Lévi sur les
seconds Prophètes ni sur les Psaumes.
XXXII. Pour le commentaire sur le livre des Proverbes,
Lévi suit la méthode qu'il emploie dans le commentaire sur
le Pentateuque; il donne d'abord l'exjdication des mots,
puis celle du sens. La date de la composition de l'ouvrage,
qui manque dans les éditions, se trouve dans certains ma-
nuscrits, où on lit que l'auteur l'a achevé le 3 du mois
d'iyyar 6098 = 23 avril i338. La première édition est de
Leiria, 1492. Giggeius a fait d'une grande partie de ce
commentaire une traduction latine, qui fut imprimée à
Milan, 1620, in-4°.
La liste de M. Steinschneider met ce commentaire au
n" 4.
XXXIII. Le commentaire sur Daniel est également lit-
téral. Lévi fixe l'arrivée du Messie à l'année i358. Les mots Voir ci-dessus,
araméens sont expliqués en hébreu, et on les trouve à part ** ^''
dans le manuscrit de Paris n° 1 2 5 1 , 9. A la fin des tableaux
historiques, Lévi donne, comme dans ses autres commen-
taires, les règles pratiques qui en résultent. Ces règles ont
été imprimées séparément par Jehiel ben-Salomon, Var-
sovie, i865. Dans le manuscrit n" 62 de la première collec-
tion Firkowitz, qui se trouve maintenant à Saint-Péters-
bourg, le propriétaire du volume dit que, dans la préface
de ce manuscrit, qui renferme le commentaire de Lévi sur
xiv* fiisci,*.
614 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Daniel, Lévi se montre mécontent de ses devanciers.
Eiiociopaiii. , M. Stoinschncider croit que cette préface est une falsifica-
•»cr.. t. XMIl. . rp , ^ ^ •» »
jgg tion; en ellet aucun autre manuscrit, a notre connaissance,
lie renferme une pareille allégation. Le commentaire fut
terminé, d'après les manuscrits, au mois de second adar
Ô098 = lévrier-mars i338. Le commentaire sur les
soixante-dix semaines se trouve à part dans le manuscrit
de Parme n" l\o-?., i3.
La jjremière édition de ce commentaire, (jui porte le
u" 6 dans la liste de M. Steinschneider, a été donnée en
Italie, avant i48o, elle est sans lieu ni date.
XXXIV. La méthode littérale est aussi employée par
Lévi dans son commentaire sur Lsdras, Néhémieet lesChro-
i)if|ues. Ce commentaire, qui fut achevé le mois de second
adar 6098 -- février-mars i338, est resté inédit jusqu'à
ces fleriiicrs temps. C'est le grand rabbin de Manloue,
M. Marco Mortara, qui l'a imprimé dans le recueil que
publie annuellement M. Isaac Gniber, à Jaroslav en Gal-
licie, et qui est intitulé Otsar has-Sifruiith, 2"^ année, 1888;
011 en a fait des tirages à pari, qui portent l'indication :
Cracovie, 1888. M. Mortara a établi son édition d'après
'intiii , n-s, un seul manuscrit, qui fait partie de la bibliothèque de
la communauté juive de Mantoue. Il existe cependant
d'autres manuscrits de cet ouvrage dans plusieurs biblio-
thèques.
Ce traité n'est pas dans la liste de M. Steinschneider, l'ar-
ticle de ce savant ayant été écrit avant la publication.
XXXV. nvn-o nVi-in, préceptes moraux tirés des ou-
vrages de notre auteur. Cet ouvrage se trouve dans le
manuscrit de Paris n" 761, à la fin du traité de morale
Calai. A,- l'aris, jg Raphaël ^ioizi (de Nor<!ia), intitulé « Chemin de la vie ».
Il ne figure pas dans l'édition de Venise, i.^yg. Le manu-
scrit d'Oxford n" 22 36, 6, renferme quelques sentences
morales tirées des ouvrages de Lévi, avec une explication.
(jtai.,c..i.77i. Un autre manuscrit d'OxIord, n° 2378, 1, contient d'autres
cami.roi 7.,i. extraits de notre auteur, qui semblent être pris des « Guerres
« du Seigneur ».
DU XIV* SIÈCLE. 615
Ces extraits sont omis dans la liste de M. Stein-
schneider.
XXXVI. nm"?, tables astronomiques, composées sur la
demande de personnages importants, chrétiens et juifs,
vrrs 1820, à Orange, et qui se retrouvent dans la cinquième
partie de l'ouvrage intitulé « Guerres du Seigneur». Ces
tables figurent comme traité séparé dans plusieurs manu-
scrits. L'ouvrage est divisé en cinq chapitres : 1" sur le ca-
ractère des tables et des cycles; 2° sur la conjonction
moyenne et l'opposition [du soleil et de la lune]; 3" sur
la vraie moyenne; [\° sur la position du soleil pendant la
conjonction et l'opposition; 5° sur les éclipses. Au com-
mencement du premier chapitre .se lisent la date et le nom
de 3itK, Orange. Les tables viennent ensuite. Ce traité existe
dans le manuscrit de Munich n" 3i4, ^t quek|ues tables
se trouvent dans les nianuscrits de la môme bibliothèque
n"' 343, fol. ôi'', et 386, 5. Le manuscrit du Vatican,
Assém. n" 899, 2, renferme également des tables astro-
nomiques, mais qui ne sont pas de Lévi; le titre de mxp
njisrn, abrégé d'astronomie, que donne le catalogue d'As-
sémani, ne figure pas dans le manuscrit. Les tables de
Lévi sont encore contenues dans le manuscrit du British
Muséum, Add. 26,921, commençant avec l'année i32o
et finissant avec i328. Le manuscrit de la Laurentiennc
Plut. LXXXVllI, 3o, fol. 34 (après les tables d'imma-
nuel de Tarascon), renferme une note astronomique
d'après Ptolémée dont voici la suscription : hn'iri Dsnn ]wh n»
OTian ]ip'>n3 '«l'j 'in, qui dénote plutôt un caractère astrolo-
gique. Elle est peut-être de Lévi ben-Abrahan). Samuel
ben-Méir, le copiste du manuscrit de la Bibliothèque na-
tionale de Paris n" 1028, a ajouté en i342, à la fin du
livre, une note relative aux tables astronomiques faites
par son contemporain Lévi; en voici la suscription : "?c?Kn a-in
m'?iDni mmVn yyyi l'x'' ■'i'? '-) Vnjn nvw no"? "ntca, «Explication
« des tables astronomiques et des nouvelles lunes par le
«grand Lévi»; c'est certainement là notre auteur. Dans
un commentaire sur les tables de Lévi, que nous offre
XIV' MÈOLK.
Ou MV AGES
DASTnojlOMIE.
Calai, (le Mii-
iiirli , |). i3S.
Assi'-maiii ,Cal. .
37a.
Voir ci-dessous ,
696.
Hist. iitt. de la
France, t. XXVII,
p. 638 et auiv.
tl« SIECIK.
Gif) LKS KCIUVAINS JUIFS FRANÇAIS
le manuscrit Gûnzburg n" 365, on dit que Lrvi a coni-
nicnré le calcul au mois rie mars i3'ji.
Cet ouvrage porte le' ri* i 6 chez M. Steinsclineifler.
XXXVII. n nonVo, «Guerres du Seigneur», ouvrage
de philosophie et de théologie, où Lévi développe son sys-
tème, qui est en général le péripatétisme pur, tel qu'il
se présente chez quelques j)hilosophes arabes, et où il
cherche à déuïontrer que les doclrincs du judaïsme sont
parlaitemcnt d'accord avec ce système. Cet ouvrage, dont
Lévi commcn(;a l'ébauche à la fin de i3i6 ou au commen-
cement de i3i7, fut achevé le 8 janvier i329 (7 du mois
de schebat 6089). Il est divisé en six livres, dont le pre-
mier est relatif à l'immortalité de l'àme, en quatorze cha-
pitres; le second traite des songes, de la divination et de la
prophétie, en huit chapitres; le troisième discute l'onmi-
science de Dieu, en six cha])itres; le (piatrième approfondit
la question de la Providence, en sept chapitres. Le cin-
quième livre est divisé en trois sections : a. l'astronomie ou
plutôt l'exposé de l'Almagesfe, partie que l'éditeur a laissée
de côté, en expliquant ainsi l'omission : « Cette, partie forme
« un grand livre à part dont la place n'est pas ici »; i. ce qui
concerne les corps célestes, en neuf chapitres; c. ce qui con-
cerne l'agent qui met en mouvement ces corps, c'est-à-dire
l'intellect actif, en treize chapitres; cette partie fut achevée
le 2 du mois de tébeth 6089=- 16 novembre 1 338. Le sixième
livre a pour sujet la création du monde. Il est divisé en
deux sections, savoir : a. les doutes qu'on a émis sur cette
matière, et que Lévi croit écarter par son interprétation; en
tout vingt-neuf chapitres; b. ce qu'on trouve sur cette ma-
tière dans la Genèse, avec l'explication des deux questions
théologiques suivantes : a. comment et par qui les signes
et les miracles étaient produits; |3. comment on reconnaît
le vrai et le faux prophète; cette seconde section ren-
ferme quatorze chapitres. A la fin de la première section,
Lévi dit que le lecteur ne doit pas être étonné qu'il ait
mis huit ans à composer son livre; même la partie sur
la création du monde a été composée, dit-il, douze ans
DU XIV SIÈCLE. 017 ^„.^,^^,,
au])aravant. Voyant que le temps passe et qu'il n'arrivera pas
à être complet dans tontes les argumentations, il se décide
à publier le livre tel qu'il est. A la fin de la seconde section,
Lévi dit avoir achevé son ouvrage le 7 du mois de schebat
3089 = 9 janvier 1329.
M. Muuk, dans son savant aperçu sur la philosophie chez
les juifs, a le premier mis en lumière l'ensemble des idées M.iaiii;.s
générales qui se détachent des œuvres de Lévi. On trouvera '"' ^*"
de plus anqjles informations sur la |)hiiosophic de Lévi
dans l'excellent ouvrage de M. Joël intitulé Lexvi ben-Gcrsoin
[Geisuiii(les) als Rclujumspinlosoph , qui a paru dans la Mo-
nats.scliri/t de M. Frankel, 1862, p. 20, 65 et 100, et dont
ou a fait un tirage à part. Ou pourra consulter aussi avec
fruit le livre de M. Isidore Weil, intitulé Philosophie reli(jieusc
(le Lévi ben-(jcrs()iit, Paris, 1868.
Lévi n'a pas inventé un système philosophique, i)ar la
simple raison qu'il en trouva un tout prêt à côté ae lui,
celui de Maimonide, qui, depuis plus d'un siècle, avait
conquis l'assentiment de tous les esprits éclairés. Lévi, ce-
pendant, ne suit pas aveuglément Maimonide. 11 est plus
indépendant et plus libre que ses contemporains ledaïah de voir .idts»u»
Béziers et Joseph Caspi. Lévi leur est encore supérieur par r ssg.isiiiv.
XX Voir cï'dpssus
la méthode qu'il emploie. Il discute d'abord toutes les opi- y. h-- <i sni».
nions sur les questions qu'il se propose de traiter, en com-
mençant par Aristote, Alexandre d'Aphrodise et Thémiste,
tels qu'il les connaissait par les Arabes, en continuant par
Avicenne, Alfarabi et Averroès; puis il expose ses propres
conclusions. «Lévi, dit M. Munk, est le premier des philo- Mélanges.
« sophes juifs qui osa combattre ouvertement le dogme de "^ ^°®
« la création ex nihilo . . . Après avoir démontré longue-
« ment que le monde ne peut être sorti ni du néant absolu
« ni d'une matière déterminée, il conclut qu'il est à la fois Livre vi, sn
«sorti du néant et de quelque chose; ce quelque chose, "°"' *^' '7
« c'est la matière première, laquelle, manquant de toute
«forme, est en même temps le néant. » Que Dieu ait créé
le monde et qu'il connaisse toute chose, cela n'empêche
pas le libre arbitre de l'homme; car Dieu sait par sa propre
TOME Mil. 78
\1T* SÙCLI.
Joël, MouaU-
schrin, 1861,
p. 189. tirage à
part, p. 47.
(ilXlt, (icsch.
der Juden, t. VII.
p. 35 1.
Mélaiiges ,
p. 5ol, II. 3-
Chi
618 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
nature la possibilité pour les choses de s'accomplir d'une
façon ou d'une autre. La Providence s'étend à tout le monde
créé; les espèces seules se conservent, l'individu est exposé
aux accidents. Lévi admet que l'homme peut, par l'effort
de son esprit, arriver à un certain degré de la connaissance
de l'avenir et devenir prophète. 11 admet la possibilité de la
divination et même de la sorcellerie. Les miracles font
partie de la création, c'est-à-dire qu'ils sont créés momen-
tanés, et la mention qui en est faite dans la Bible en garantit
la véracité. L'immortalité est pour Lévi individuelle et gra-
duée, selon le degré de perfection que l'âme a pu atteindre
dans ce monde. Lévi peut donc être considéré comme un
précurseur de Spinoza; son rationalisme ne l'amène pas à
se détacher du judaïsme; ses arguments s'appuient souvent,
non seulement sur la Bible, mais aussi sur le Talmud,
principalement sur la partie légendaire ou ayadique. Il est
philosophe dans son exégèse, exégète dans sa philo-
sophie.
Malgré ses efforts pour ne pas se séparer de l'orthodoxie,
Lévi fut fort attaqué par ses successeurs. « Les opinions
«hardies de Lévi ben-Gersom, dit fort bien M. Munk,
« et ses interprétations péripatéticiennes des textes sacrés
«et des dogmes religieux ont été, de la part des rabbins
« orthodoxes, l'objet de la critique la plus sévère. Don Isaac
« Abravanel (à la fin du xv' siècle) , dans plusieurs de ses
«écrits, et notamment dans son commentaire sur Josué,
« gémit sur les écarts des philosophes juifs qui, admettant
« la matière première, mettent Vintellect uclij à la place de
« Dieu, nient la Providence divine à l'égard des individus,
« et ne voient dans l'immortalité de l'âme que son union
«avec l'intellect actif. Il blâme surtout Lévi ben-Gersom,
«qui, dit-il, n'a pas même jugé nécessaire de voiler sa
«pensée et qui, la manifeste avec la plus grande clarté,
« tenant sur la matière première, sur l'âme, sur la prophétie
«et sur les miracles, des discours tels que c'est déjà un
« péché d'y prêter l'oreille, et à plus forte raison d'y croire.
« Avant lui, Isaac ben-Scheschet, de Saragosse, s'était pro-
DU XIV SIECLE.
619
\iv' sikr.l.E.
i< nonce dans le même sens, quoique plus respectueuse-
«ment, sur Lévi ben-Gersom, qu'il appelle un (jrand tal-
• mudiste, mais que la philosophie, dil-il, a détourné de la
« voie de la vérité et qui a écrit des choses qu'il est défendu
«d'écouter.» Schem-Tob ben-Schem-Tob (xv' siècle) et
Menasseh ben-lsrael (xvii" siècle) s'attaquent à la théorie
de Lévi sur l'immortalité de l'âme; le premier appelle avec
amertume ■ l'ouvrage de Lévi «Guerres contre Dieu». On
f)eut juger du peu de succès que rencontra parmi les juifs
e rationalisme de Lévi, parce seul fail que son livre n'eut
autrefois qu'une seule édition, celle de Riva cli Trento en
iS6o', avec un avertissement de l'éditeur (le médecin
Jacob Mercaria), relatif aux discussions qui eurent lieu au
xvi' siècle pour et contre Lévi.
Nous allons maintenant nous occuper de la partie astro-
nomique du livre, qui fut accueillie avec beaucoup de
faveur par les savants chrétiens. Elle est contenue dans
le premier chapitre du cinquième livre, qui forme un
traité séparé, et qu'on trouve rarement dans les manuscrits.
On n'en connaît que quatre qui le contiennent, ce sont, à
Paris, les n°* 724 et 726^, à Turin, le n° 2 1 du catalogue de
M. Peyron, et à Naples, Bibliothèque nationale, n° III, F; 9
(finissant avec le chapitre 96). On donne à cette partie
des titres spéciaux, tels que naisn d, livre d'astronomie
(n° 18 de la liste de M. Steinschneider) , -jainn pbn, partie
astronomique. Peut-être le titre nrab o^sanK p « A 4o ans l'in-
« telligence! » (n" 1 7 de M. Steinschneider) a-t-il servi à dé-
signer cette partie astronomique; en effet Lévi acheva les
«Guerres du Seigneur» à l'âge de 4o ans, en 1828. Ben-
jacob confond le niisr 'd, livre astrologique de Lévi ben-
Abraham, contenu dans le manuscrit de Vienne n° i84,
avec celui dont nous parlons.
' Il en a été donné une édition à
Leipzig en 1866.
* Le manuscrit de Paris n* g83 , 9 , de-
vrait contenir, d'après M. f^oeb (R.E.J..
I, p. 75), ie XII* chapitre des i Guerres
I du Seigneur >. M. Loeb s'est fié au cat«-
logue, p. 174. L'arlicle en question est
le XII* chapitre de i'ouvrage polémique
de Jacob fils de Reouben portant le
même litre (Steinschneider, Encycl.,
XLlU.p. 3oo}.
78.
Coiisiiltalioiiii,
p. 45.
Joël , Monats-
schrift , 1 80 1 ,
p. 5-.!; tirage à
part , p. I } .
Ibid., p. 51;
(iragi'à part, p. i^.
Muni . Mélanges ,
p. 5oo.
Srhabbcthaï Uass ;
ms. Oxford a^aO,
où il Tant lire >33iri
nu lieu de 'illfl.
Cité par Zak-
kuto; voir Encycl.,
t. LUI. p. 298.
Otsar basserarim ,
p. 65o;Cat.Bodl..
col. 1611, et Maz-
kir, IX, e.'î.
\IT* sifer.i.iî.
620 LES KCRIVAÏNS JUIFS FRANÇAIS
Aiii N Liiir Cette partie astronomique répondait si bien aux besoins
i863. |). 7^1 rt (lu temps qu'on en fit une traduction latine, dont le coni-
u'oiV, ttilihlhr.', mencenient a été publié par le prince B. Boncompagni. C'est
III, p. (.5o. peut-être cette traduction que Kepler et ses correspondants
connurent par ouï-dire et qu'ils désiraient tant voir. Uti-
Ki'picr, ()|>|.., nam apnd Babbinos inveiiirc p(>sscs traclalum H. Levi ffnintmn
06 5.1"' '' ^' T)cfrn!iionnm Del! La partie astronomique en (juestion est
composée de cent trente-six cliapiires. Dans le courant de
son exposition sur l'utilité et les difficultés de l'astronomie,
Lévi parle d'un nouvel instrument qu'il avait inventé
(iiip. nàxt, et qu'il appelle npiD» nSar:, «le Révélateur des profon-
« deurs ».
Kn dehors du cinquième livre, Lévi composa sur ce sujet
deux poèmes, l'un commençant par les mots ivoc? 0^:2 ^zb,
« Venez, enfants, écoutez », avec la suscription Spon '7y,« Sur
« le bâton » et le titre de npiD» nVao (ce traité se trouve sé-
Ciiiai., col. 37. parement dans le manuscrit d'Oxford n" 21 4). et fautre
commençant par les mots D^Vain "jiK-ipri no"? (imprimé par
Dibré iiéfet». M. Edelman, avec la même suscription), qui se trouve
dans les manuscrits d'Oxford n"' 2 1 4 et 1 342 , i . Notons ici
catai. bo<ii.. que 06 poème se lit également dans le manuscrit d'Oxford
oi. 1609. ^o <,2i8^ ^0 avec une introduction où l'auteur dit qu'il
(:atai.,coi.76',. avoit éludié Ics « Guerres du Seigneur», V, i-i 5, et le poème
sur l'instrument; il se propose de traduire ce poème en
langue vulgaire. La traduction ne se trou ve pas dans le manu-
scrit. Le sujet de la pièce qui se trouve dans les manuscrits
(:atai.,coi. 38 d'Oxfovd u"' 2 1 8 ct 2 2 2 , commençant par les mots Vk o'wnn,
est différent do celui des pièces déjà mentionnées.
KiicycL, XLiii, ]} est probable quc l'instrument inventé par Lévi esl
celui-là même qui est cité par Johanan Alemanno, écri-
vain juif italien du xvi* siècle, sous le litre de 'iV noD,
«bâton de Lévi»-, ce qui explique également le titre ci-
dessus mentionné Vpcn hs, « Sur le bâton ». Celte partie du
traité astronomique a été donnée séparément par l'auteur
lui-même ou par un anonyme sous le titre de o^ocrn 3in,
«Circonférence des cieux», et l'opuscule ainsi détaché se
trouve dans le manuscrit n° i o delà bibliothèque de la com-
r- 7
fl /io.
P- '99
Jol>. \xii. I t.
DU XIV" SIECI.E. 621 ,,^^^^
munauté juive à Mantoue. M. Marco Mortara en a publié le ^.^^^^ ^
commencement et la fin. M. Mortara suppose que ce trailé „., , ^. ,„
... ,!• • •, r>l* oi Bilil.rabb., III,
est identique a celui ([ui est cile par Bartolocci, n° lô. Le p. (>.
manuscrit de Manloue renferme les chapitres (portes) ii,
VII et ïx, de l'ouvrage total.
L'opuscule ainsi taillé dans l'ensemble du livre cin-
quième et comprenant tout ce qui concernait l'instrument
inventé par Lévi fut traduit en latin, dans le courant de
l'année i34a, par conséquent du vivant de Lévi, sur
l'ordre du pape Clément VI. Cette traduction se trouve Mmik. Mélanges.
dans le manuscrit latin n" 7298 de la Bibliotliè(|ue natio- v^""-
nale de Paris. C'est l'exemplaire même qui se conservait,
en 1869, ^Isi"'' ^^ bibliothèque du palais pontifical d'Avi-
gnon. Cela résulte de l'article 83o du premier des anciens
catalogues de la bibliothèque des papes d'Avignon, pu-
bliés par le P. Ehrle, dans Vllistoria bibliothecœ liomanonim
pontijicnm, t. I, p. 53i. Le manuscrit contient 17 feuillets
de parchemin et est écrit sur deux colonnes. Les figures
géométriques sont tracées avec un soin et une exactitude
extraordinaires. Le titn; et les (piatre premières colonnes
manquent. La traduction se termine par les mots sui-
vants : Explicil tractatns instrumenti astronomie magistri
Leonis Judei de Balneolis, hahitatoris Aurayce, ad summum
pontificem dominum Clementem VI, translatas de hebreo in
latinum, anno incarnationis Chr. 1342 et pontijicalus dicti
domini démentis anno primo. Hic presens tractatns in capi-
tula 9 dividitar. Piimum capitulum continet epistolam ad do-
minum papam predictam et prologum operis, in (fuibas expresse
tanguntar, etc. . . In nono dantur aliqua documenta ad usum
instrumenti predicti, ne in ipso ejus usu aliquis error inter-
cidat.
Dans l'intérieur de l'ouvrage, la division des chapitres
n'est pas marquée ; au feuillet 9 v° on lit : Ideo in hoc loco
'declarabo de opère instrumenti predicti quantum est necessarium
pro ista demonstratione habenda. Fiat igitur unus baculus cum
superjiciebus planis et rcctis, et in uno capiîe illius ponatur una
tabella que aliqualiter sit comuta, cujus alterutrum cornu expe-
4 2
xiv' siàci,!.
Kiicycl. . XL,
P- ■'99-
Bibl. mathenn. ,
1890, p. 74.
622 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
rientie tempore super alterutrum mach (sic) oculi coUocetar, et
Jiant multe tabelle diveisarum (juanlitatum perforate in medio,
superficiei rectas habentes, per quarum foramina intrare possit
bacnlus antediclus, et sit allitudo earum super baculum aliquan-
tulum depressior altitudine oculi, et due earum simul ponanlur in
haculo, una alteri inequalis, ita quod minor sitpropmfjuior oculo,
et ambe super baculum faciant anfjulos rectos et sint paralcUe (sic) ,
et lineea ccntro oculi procedentes lamjant utramqne extremitatem
ulriusque tabelle et terminentur ad celum.
Un autre manuscrit latin du traité de l'instrument nous
a été conservé à Vienne, cod. b-x'j']. Dans ce manuscrit, on
lit le litre suivant, qu'a bien voulu nous communiquer
M. KarlSchenkl : Léo de Balneolis Israhclita, de sinibus chordis
et arcubus, item instrumenta Revelatore secretorum, a Peiro de
Alexandrin de tiebreo in latinum translatum et Pape démenti VI
dedicatam. Après la dédicace au pape, vient un chapitre de
Irigonométrie suivi de tables, puis un chapitre qui com-
mence par les mots : De scientia amjulorum et latcrnm trian-
(juli rectanguli. Puis (fol. 65 b) on lil : Explicit tractalus
instrumenli astronomie magistri Leoms de Balneolis, habitaturis
Aurayce. On voit que ce manuscrit suit pas à pas le manu-
scrit de Paris. Les mots opus tricjonnmetricum, que donne le
catalogue de Vienne, ne se trouvent pas dans le manuscrit;
ils ont été ajoutés par Lambecius.
Le manuscrit latin de Munich 8089 renferme, d'après
M. S. Gùnther, une traduction latine du même traité, sous
le titre de Baculus Jacob. Ce manuscrit fut copié par un jé-
suite d'Ingolstadt, en 1610. Il contient, d'après la table
des matières dressée par le copiste, quinze pièces, dont
neuf traitent des sciences mathématiques. La troisième
pièce est notre traité, avec la suscription suivante : Geome-
tricœ conclusiones, propositiones et structura Baculi Jacob, ejus-
dem usus, e libro manuscripto. L'ouvrage est divisé en dix-sept
chapitres, sans compter l'avant-propos ; à la fin, on lit ce qui
.suit : Et hic tractatas fuit translatas de hebreep in latinum anno
Christi 1342, pontificatus domini démentis Papœ VI anno I.
Descriptus vero hoc anno 1610, 15 junii. La division des
DU XIV SIÈCLE. 623 „,.^,,^^^
chapitres de ce manuscrit ne s'aCcorde ni avec l'original voir ci-dessous
hébreu, ni avec les autres traductions latines. Ainsi le cha- i' G^utsuiv.
pitre m du Baculas correspond au iv, 2 , de l'hébreu. Au lieu
de bacalus ou baculus Jacob on lit dans l'hébreu ^Vd, « in-
• strument » et non pas bro , ou noo , ni apy> '?pD , qu'on ne trouve
jamais sous la plume de Lévi. Il faut donc admettre avec
M. Steinschneider que le titre de Baculas Jacob est dû à
l'imagination d'un chrétien jouant sur Gen. , xxxii, 10.
Nous avons vu que Pierre d'Alexandrie donne à l'instru-
ment le nom de Secretorum revelator, traduction de l'hé-
breu mpiD» n'jjD, et on ne connaît pas de rédaction du traité
hébreu sur l'instrument où le titre serait Baculus ou Baculus
Jacob, sur lequel la traduction du texte de Munich aurait
été faite. Il est vrai que l'instrument porte le nom de 'jjtv
« Bâton » , et qu'on le trouve aussi désigné sous le nom de
«Bâton de Lévi»; dans le poème même (l. 17), on fait
allusion au bâton de Jacob, qui l'a enrichi chez Laban;
mais jamais Bâton de Jacob n'est donné comme titre du
traité lui-même.
«On a continué récemment encore, dit M. Gunther,
« à considérer Regiomontanus comme le premier qui se
«soit servi du baculas pour mesurer la distance des étoiles;
« il est prouvé maintenant que Regiomontanus connaissait
« une traduction latine du traité de Lévi. » Par des voies
inconnues, en effet, le Bacalus d'Avignon dut être porté
en Allemagne; il est généralement admis que Behaim
apporta la connaissance du baculus de Nuremberg en Por- 'h°-Pi^
tugal, vers la fin du xv' siècle, tandis qu'en Espagne cet
instrument n'a été connu que plus lard. Il serait cependant
assez étrange que le traité sur l'instrument, traduit en latin
pour le pape, n'ait pas trouvé un chemin plus direct d'Avi-
gnon en Espagne et en Portugal, Il est possible qu'on en
ait fait un usage général pour la navigation, mais que,
dans l'usage scientifique, quelques spécialistes seuls en
aient eu connaissance.
Revenons à l'ensemble du livre cinquième. Lévi expose
les inconvénients du système de Ptolémée ainsi que de
Bibl. Diathvin. .
i8go. p. 107.
Voir ci-desaus
y>. 620.
Voir ci-dessus,
p. 630.
lienèsc. xxxii.
Bibl. inatheiu. .
890. p. 73.
Bibl. raaiheni.
. . 62/1 LES KCUIVAINS Jl'IKS FRANÇAIS
XIV SIECLE. '
celui qu'avait invente • le maître de la nouvelle astrono-
i,oc.rii. «mie», c'est-à-dire Al-Bitrôdji (Alpetragius), auteur de la
fin du XII* siècle. « Lévi, dit M. Murik, après avoir montré
« que ce système est impossible, expose longuement ses
« propres vues sur le système du nionde, en les appuyant
(I sur des observations qu'il avait faites à diverses époques.
«Cet ouvrage, continue M. Munk, (pii devrait occuper
« une place dans f histoire de l'astronomie, mériterait un
Voir ri-HosMis. « examcu approfondi de la part d'un spécialiste. » Cela se-
■' *'^" rait d'autant plus facile que, comme nous favoiis vu, le
Mélange». traité a été entièrement traduit en latin. Pour en mon-
■' f°° . , „ trer l'importance, M. Munk cite Pic de la Mirandole, qui
Lnrr 1, rli. 8. .1 '. r • i i»- il
le mentionne plusieurs lois dans ses Dispulationes in Astrolo-
(jiain, et s'exprime ainsi : Lco Hcbiaeus, ut insicjnis et celcbcr
mathematicus, quasi veteribus paruni fideits , excogitavil novum
instrununtuin, cujus vidimus canoiics matlicmatica iubt'ditate
Bibi. hebr., I. praecelIcTites. C'est par erreur que Wolf applique ce pas-
•" *^^ sage à Léon Hébreu, fils d'Isaac Abravanel,
Nous avons déjà mentionné l'intérêt que Kepler atta-
voir aussi kr cbait à ce traité. Plus heuieux que lui, les jésuites d'Ingol-
à'iT-^vT'i'o/^*' ^^^^^ réussirent à se le procurer. Léon Hébreu prit ainsi
Voir ci-dessus, place parmi les classiques de l'astronomie. Les obervations
P^'"- de Lévi furent faites à Orange; il prit pour base l'année
i32 0. Les tables de ces observations forment un traité
spécial.
Voici le contenu, en hébreu et en latin, des i36 cha-
pitres de notre traité :
A. TEXTE HÉBREU, D'APRÈS LE MANUSCRIT DE PARIS 72 4'-
nsp"? inysie; ■'Mcw no iiKa D'^Dmpn onoNDa i:y5nc; nnx d»"13 p iV "idk
riiar mire; ]3n"' yn -iipn"? noKDn m^ unjiD njn iDKDn nn nKar^c hd
no bu riK>i on"? n-'Knjn nyijnn njDD D^'îcr» Tina onDODi □"D-'Dwn D-'Oun
m nnK -npnji o^yaon a^vivn bu mxM doxm biun »]i'7nD D'asiaS hkt'P
mTHDnD 13 onv ne ]cik3 D"t2''De?n cntib niKXDjn niyunn iSk rn no'?
' Le manuscrit 73 5 n'a pu de table.
nu XrV SIÈCI.K. 625
crcrrn -^xc? rn nD*?! □r-'?i ;ie3'? rT'îD:riDi -icrm [sic] nrijm -iinwni
'y:!: rs-nr: yx ht inx "npn:i 03 an icw |Eixn nn n"D'>ccn q-'D-ij'? D''Xso:n
lîVic -•" Picn •'e'? Dnr; r'' en njiiD yxi rsp ci* orsp D'"D''t:wn o'onjn
D'O^jn n:i:n3 n^Yi^^ ]ic*x~n rVnn .D''p'?n nc'?c'? icxcn pVn" m •'JDDi
n:*? -CTXw" ne '«e'? dho 'ir" 'e?n ramo yxi rsp dv
B'cSc" nxr:'? p'7n'' xini d-^ecci a^-cccn D''D^3^ r:i2P3 nT'pn3.pc?x->n pVnn
: □"|p^B nc'C'i
:-Ecn nT3 13 ^pn'c pix: xin crrin ntc i3 nx33 .]icxnn pncn
• in'rsc Viij'? cniin ni3 n-)''pnn 13 r'7B;c •'ixi xinc; i3 1x33 • 'jcn
ne or -1 cï iX3n''i "'Cipn!: ntn cmn nacnac? no nsp 13 ")X33 •^D'^Scn
pnp-n P'"?:n3 i2'e3':n prop'?'? im:xsr:nc; -'rn pxson3 SnpcnV i:nn:nc"
:pi'7pm
D''r;3C3 nTpHn pxir: i3 ^ipn:c; no '?:'? piV'ïic Piïsn psp n ^X3; ."'i'"'3-!n
: D"'-!i3T nc'trn'? p^ni xim ]vsn n^bx X"'3'' ic*x n:i:P3 D"':ippn pnm
: nt::nn pxn nn3 crcpc:: pidc psp3 ;n3Cn 13 -1x3: • ]ic?xin -imn
î'jyc ncrnn pxt3 Ticrc nr: nsih ■stc'' d"icd''3 d''pdid 13 x^aj • •'j^n
: nc:nn pxt3 D"m;n -\:^vn Dn3TnD inr ■'2 D'snm onp^-Dm pipc'pn
nipcpno D-'snm dVd onp^'cn 13 mv pini"? p-'cry'? 13 -)"'D"a ."ie?"'Vwn
: lEnm
:Dn3 piETOPcrnn i-n ynui mS pim"? i3 nwy: .''r3-!n
pxpa urri' is3 n:iD c?'7icd3 pn-'îsm prun yii yn i3 ym: .•'c*''cnn
:ntc
ni'n ix cccn loip ■'sn iii"r? 'jy ^1Dy'7 n'7''yiD nysn 13 iX3J • ■'conn piEn
:pi:i"'?n3 C3::n mx vir: iiyw •'jBD n3 31D'' irx nVuvn p
no»*? nro icpjc ""i: pt33Dn l'yo tD3Dn p'^T.t3^^ oipD Vy 13 nipn: •■«ucn
"•CK '"jsn nta Dn'':''3 pnicnc nxi'C? no 'iBO pspo opsp D'asirn pniD Vy
: cDson prT'pV'? imjxaon
pmo Vy -iiD»"? UCD ns ^y^y -icx Tiini •'Vsn ni p^uy ;bix 13 iidi: • •'y3c;n
: piViDn VjVj pVijyo PSpD opsp a''3Di3n
P"'V3P3 n'iTie? 3313 nrx ix c?oc?n nay Vy •'Vsn niD moyV 13 -l'c: ."'i''De?n
nvcnc m Vv iidïV nV''VnD ix orno nyc;nD nt Vy nioyV pnpino iwex© ne
: Dvn ■'sn ip Vy n3ya aDisV naun nt npV"'e?3 niwnn }dikd 33i3n pmo
Vk Dn''3 3Di3n -iBip itv^v Vy nioyV ""Vsn ma iivi nasc; 13 nx3j •••ycrpn
: n3 SIC ic^x nVuyn
piVlDn VjVjd WDuno m\T pm»: ^^y'>u V» ''Van nto nioyV i3 i''»': • ■'T'wyn
:D''D"pn D''33i3n Dipo Vy nioyV rne;Nn PSp nto -^v^DjV ns
TOME X\ÏI. 79
', 2 -^ IKPmMEUt HATIOHALE.
\IV MKl.l.K.
\lt SIKCLE.
626 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
: itD3D3 nyo mp> k'jc jdiks 'bsn nta nconcnn -pib ryn"? la n^c^j • k "■'n
lyrc? n3 103D3 nvïî mp^ kVo ]eik3 3K'7"iiDSKn ^"jdh n^c»'? 13 t-cj . 3"'n
p'jn'j 13 ni ny unc^ni pnpnno icroxc? no r'>^:r3 33iDn nsu rn-'p'?'? njoîî
• : n:t:p on dki o'^pi'? vn'jyo
ie?DK» no P'''?3P3 n\Tc; oipo n] •'Ki orn "isn ip rvi"? 13 -l'c: .j'^n
: pnpnnD
D''Di''pn D^3313n DipD3 TOXH "?» m'Dy3 'ClpHO 13 C'C HC 13 1K3J •T"\n
:3nn3i pixa
: nsij» ny m ■'N3 tokh cocn mpD nyn'''? -3 nio^i «l'on
:D''D''"'pn D''33i3n mpo r.yni'? 13 i^cj -V'^n
}BiKn "jy Dr3i3r3 ]'jyn ]^no □"i33i3n mye? tiibno nx-i'c no 13 iKsn" .t"\n
:DrD'?D3 n'inc
û^3Di3n n3i3n3 j^jyn ni pKW iks"? oipon ma i"n i"? yt<v 13 "ix3J • n'^n
■non Vy iSm i:"ikc? onTiiyuno nxi^c; no nso DrD'7t:3 n'':nG? ]EiKn hv
:Ninn
nbuDD E?in3 3©inc? no m^pnn rxi3 nVnrnni vivn ix by i3 ysa •o'-'n
rxi nD*'7»n3 'mon Kintf noD unSii'? ix u"? d'"?© ]eik3 D^3:i:n nyur
: n-i'pnn
liiKn nyi:r'7 v\^'^^ ono "ico^w ncn^e; ic?sk ncx "imon ^pVns 13 nipnj • 'on
: Dn^ni'?i3D niDUi tûiCD |Ein3 nviirn pnt rn3n3
:n33iiD nyiinn rxi rmn3 nnion '•p'jntj it<viz' no nsp3 iipm -«"an
ûipcno 3Di3n ' pmD ■'JDD ")iiNn ryi:r3 r|i'?nnD 3"nn''D nD3 ia iipm • 3"3n
:mc?n nyi:rn vVx onvr© 'jj'jjnts
113131 D^aopn pyiar ^ ■'JDD ^^^K^ ryiin3 3"nr'E? no r"?i3D3 ia iipnj • 3"3n
:rKi nyi:rn
ryurs t\^^n ons you^v '©dkw inion 'pbn "73 «idi 133» 13 1x33 o'bn
* ' ' - . . :"|nixn
ipan^ xV nne;i nEpnn 'js'js pn3n3 0^33133 »iiSnn pyi3r piVisd 13 ni3i3 • n'sn
: D>3D133 n3DD nxi^» no pi'jwdV
: 013313'? p^x-isn «jiVnn pyi3P3 niiis^e; -ipion ip'jnD J^^p 13 -nsu • i"3n
D''3T D'''73'?3 12D i"? m3n3 on 3313*? Pixi3n pi3")n piyiipnw 13 1X33 «l'an
: D"'3"yOn psp i3C?n» id3 pi3"i piyi3P iDsyo ^h rn^c; xV Dpyi3P3 yyi3n'
noV cscD IB1X3 pxpD Qi'jsVjn nap"? nyi3Pn pxi n^np yn 13 "1x33 .n'sn
: DP313PD nxi^er
' A la marge du manuscrit : nt n313P 1*7130 tCt.
' Le n° 33 se trouve écrit i la marge du manuscrit. On j lit >33D.
DU XIV' SIECLE. 627
rnvurn •«le? d^3t d'-'jj'jj nnano np"" no mpco n itij •'Vn
.td"? 'a^ira Drn:n 2^^w -icn cain o'''73'73n inc la ■^^f^3 • «"Vn
dVc» acn-'a D'aopn nsur ■'iDD ppnno mp''W no ri'7i3D ia ni:n •a"'7n
iixT-e; no mVuD '7»x nD-'OCO Tba onc? nxaji fjiVnn ryiJnc nxT'a no ijdd
: D''a2iD3 nvunn nxTD
cnvrc VjSjhd nipcno aDian pmo "•jbd nto mp''» no nSuD la "iiau • 3"'7n
: D'aaiaa »ii'?nn nyiJno hni'c? noV mcacD "Ti'ja |n» -iNa:i nic?n nvurn vSn
nxTc no ana -i^irc? cek icn -inon "'pVnts rsp ia m:DV D-'bci o"St
iCBK ■'NC DiT-piVuDD nxa:! nyi;nn ■«ti-îD pn-'S'' ■'JDD D'iaaiaa t)i'7nn ri'unc
: D''a3i:3 »)i'7nn ryijpt: rtKi-<v no D-ip^nn iVnd toxd d^vv
D'3:i33 nyi:nn rxt Dn3 i^isnc? àtKV "inon ''p'?n Va i3 nao"? d"'"'?»: • n"'?.!
DC? nK3D''i D"'3:i:3 nyurn nxio ntn^v no"? niNJ pbn Vk 13 s?r pjyn «iid3i
'p'jno -"HNa xsD'' K"? ■>: xinn ]ein3 dk ■'a D''3ai33 nii:rn rxt nn:n oex "'XC
: o'aaian »)i'7n nyi:nD nxi:n n'jucn ia ip3T'C? no D''ix»jn -imon
rwiJPn i'?x ■>Bi'7no nNT"» no bV PTDxn n:iDnn rcacn n d'''?»: o'^t
: nt DHO mp- d"'Ddi3 c'jjVj rnjna D'aaiaa
: D'BDun c'jjVjn iVx nn:n3 np'' mpBD 13 ttj • fbn
tD'EDIin D'>'73'73n iVx ■'JBD pppnD Hip^t? PD PlbuD 13 "IX3J •n"'7n
.•DVD^Da na D'aonc? njiapn ia "iiau •tD"'7n
: nvm pjidp '7y3 D'aonc; njiapn n -ii:»: • 'en
: dvd'7D3 p:i3P3 nxnnn '«jbixd we? no 13 niau •x"Dn
: nenn nji3P bv2 Pii3P3 pixnnn ■'iBiXD cf» no 13 iiatj • 3"Dn
njiapn nMPC? vtH ''HV '«uni moSn |vyni ennn isD 13 ^xap'' .j'en
toroboa npix n-'jnc ;Bixa D''a3i33
niiapn n-rir^v c?bx "xe? ■'Mom •«iio'jn |rym uinn ^SD 13 -)X3P'' «l'on
: ne?in njiap 'jya npix n^jnc? |bix3 D"'3aia3
:1Ta^D 3''3D lO a-'bi^inJi ^i^i psup pnino n-ip-» no pBD 13 "^pj -n'on
inx x*? Dx D'Diipn "'n3T ■?» pi'jn'? nno'' tàv cj^ïon pny 13 t»"'j . Von
: n3-i m"ip»i 3t jv»
iDipDi -|-iixn 'jj'jj pyi:pD iDipoi 3313 aaïaa n3i3n oipo t'sn'? 13 i-'v: • t'on
: «iibnn 'jj'jj pvijpd
iT'jnw D'"P'''?3Pn D'3ipP3 PiytsnD B3D3 xscw no T'3n"7 13 Tic;'j -n'en
Vsx DX nn t)i'7nn nop p"i>toj'? dx (ji^nn pyup"? dx pixn pvijpV dx DrD'7B3
: «jiVnn pïupd nVvo B"p bsx dx «ji'jnn pyiip pbnpn
o"'3DD |BiX3 ijixaw P''PDxn njiapn njip yx m^pnn "i"n "jx ia ■t'C?''^ .t3"Dn
: D^pi^apn D''iippn mywD mvv noV
79-
\1V SIKCLE.
028 LES KCRIVAINS JUIFS FllANÇMS
no '?:'? D-'îDC ]BiN3 nrniHD p'i'D up'-y nh n:irpn rxirc la ' to"': • ':n
: n'3:i:n pi"::nr; cina ns-iic
13 -iixarr' in • D"in3 n'Dcnc* i3 •^Kirf xn ■ cnisi cSr'? r'?n'' . x'jn
ro^ccn ys':x3 xvn yixnc? 13 ■iN3n'' in -nn: \"Nn". ci-rùr^rn en D'crnc
13 -'n'c? a'in"' tcbci "nx ''73'?:3 dS: on D''r:"pn csiirnc "3 "N3P'' «3 in
: nw;: en irx phv D'aii:
: 0''?:c3 NSO:n 'a'rnn Sijyn ;'':yD is "npn; . j'jn
: cccno miN cSapc casirn '?: pxcr i3 iNzr' .-":n
: i:c3D isD m m:'C'2 "rrrxn cr:wn mpc i3 c'p: . n ■:n
n3i33 C'Dc''? nNijn -nrcni cccn ''jj^: ir-r: ns-'S'' iivc i3 -ixsrr •!":-:
n'nnc; n-n dn aoc*3 TiiNn nyi:n ppn iii"C' t!X"'3 nsp -xsn'' cci Vcrai
nSj'?^ i;-ir: 3''3c ipvi:.-i
13 n3i3n »-iyi:r niru? Vy nio -ir:y:i 'i:i0î3 cccn n3i3 mpc "ji* la npn: • î';n
: c'C-ipn "'î:3': i:d3C ^n i:e^sc*:
:c'DC'n 'rii'C unsic nx3n''C? nr:3 i'7B1w 3CTi'' mai pipcc i3 -iirt: .n":n
Ww' ■IX3P"' nj Dît yyiipc cccm n3i3 l'xc cvrr'r'ja 3"nc' nc3 -npn: .e':n
: xj-'c pxT dvd"'7D3 D"'xn vnc ic: ^c;"'^ pcixn mpi:3 3ic"''' cpp-c cex
: p-inxPDn dpsup -nrci o-'D^pn csi-on hihi p:i:pc 13 -ipnj . en
■ r. ' - • :■•! cDcn •'''?j'?3 '73"'73 p:i:pc 13 ■'ipnj .x"cn
îDixD PibîCn hih: pbm pVn V: P"Ci "iiyiC3 xn • d''-i3- nycp'? pSn' • 3"cn
m^îDn 'rJii -p'jn dï ■iiî:"'Dn jbixc nbyc ne nii"C' Pi-!in3 in .^1C^c^
in •D''Ci:n d7dx3 mspi dim pdcip -in -iirc pyiina jn .-.vr\ jDixa
. av 3t2ipn n3i33 n^Tin •'jbd cDun D''pEX3 n'7i*D pnnt amo nivc? p»-*?
ÎB1X3 m'jicn Wj ''p'jn d» nic/'cn |eixd n'jyc ne -iiït pyiina nn
t":i pi'7yD i": idd aoipn i3 narc yiNî^D n^n'c* no pi"?i5C3 in .nt:i:n
oyi cccn lysD'' piVran bihi^ nVyc it-ix oy i3 yiu in opv ix D>pT
nycn '^y niDy: yx 13 ynu nn -D'cjun cpExa laiyi imr liCD n'7yc ifx
IBnni n''?''?3 3D1d nsu ix ora] c'Dc;n n3iJ3 upy-"' ■'JBD nyjnn ix orne
trorno mpVn lorn »)pnn niycra xsd; no »)iVn iiyo 13 yiii en .»[p 03
:p2P j''31 dtnt psp p
: niM PjIipd iippae; mip nVnn vby iicyic* "ixtc* ne Vx 13 tcj . /en
:nTn c-nn ;nD 13 -jipn; .n'en
.•pn'scxn HTn pyijp myn p-'yxoxn ccrn pyur iiycc 13 iipn: «n'en
a"i3:i3n piDipDD D^Dnipno on"''?» i:dddo □>B3!:3 n-ip^ no pEC 13 iip: .l'en
: D3DÎ3 D'C^pn
' nN3P' , selon le correcteur.
' 6 1 est écrit à la marge du manuscrit.
' Les mois entre crochets ont été ajoutés pr le correcteur.
DU XIV' SIECLE. 62 y
cTcn nïi:r!: c'i^c'?a2 rhs cicnc ne ;ein3 cic na:c; la 1x2: -t'en
:i:n3T rntx "jï nnï «itic ne ;eix3 xim i;n:x la i:c:cnc ne*? n-'yscxn
:r"'yscxn cccn ni"i:r''7 nm'jn ncyeS 13 tc: -n'en
tnn'S'rxn n^-n nyi:r TiycD 12 -iipn: -c'en
r'i'scxn n-i'n nyi;n'7 mm'? 12 nri':i n-;'2 '"jnn cxi ^'7nD nirc 12 r-i: •'yn
:"'''?rn cxi mpm «l'.'jnn ryi:rD m'n Dipci n2i3nc ipn-ici
: ucac -se p^nexn mM nvun Vs 12 iip"^ • ><'■">
: n-1'3 iJC"rc n:'î:rn rncx '7i* ~^snb 'ts 12 -iiy:c' ne n ^^2t; • 2'yn
nx-i:n neann picVnnn ' ^ivc -se n;i:nn rXT c^p'? ncic 12 X"|2j • j'i-n
:m''2
ne 'icc ne2nn nc'jnnn iiyco liixac? ne2 mp' no poc 12 -it: o'ïn
: niycc ci''e'702 nx2C nCT>c;
nxnjn iiycn -sei nT'3 nxn;n '7sn -se n:i:nn nxt o^p"? rcic 12 x''2: • n'yn
: n-fn ^B1p'7
s ie; '7SN r)i'?nn nvi:p nep n^c; ;ipn -se nji:rn nxt -"y 12 nexj • V'yn
PKTC 2"nr'c; ne"? C2e2 d^'icc l'i'jnn rr.:rc n'jsc 's iC3 'jsxi n2i3no n'jyD
rsp3 rjc ce nyon n'n' '73X ct'o'jds n;i:pc 3''"'np''C' ne"? d'-zc x"?! nji:pn
: Pi'jye •'PC iod^j picipcn
D-r-i-n bi( nî oy -l'Cii m''3 nno mpn'? iiosic? o^amn 13 1x3: . i"yn
: an'^jx i:'7''2rc
Dccn Y'?"C'? Pim'? "12 ncy:i nT'pnn pxt"? piS'-yie piysn psp 12 1x2: • n'yn
'sn pivci «ii'?nn pyijPD leipo •'d'? nyc?*? nT» •pnm nsuno ipmo "'d'? ny^S
: ]B"iD cxnc ipmo '"d"? 3iixn "iiy pDiN3 Dvn
: ■'poxn ^13:n py3 pipVn yscx Tiep n\T' x"?© 12 nx2i • B"yn
D'D'rce D*?: nm oses Dn'''7y une» o^mM o^ccc d''3"i prip*? 13 ii:» • 'en
: liiDîO nii2pne 3"np"'C' ne*?
: ^;^X3D ]Eixn Vy n\i niirpnc nîc iX3P^ xinc; n -iX3i . x'sn
pyijp ■'nc'31 -[n-T'i reo pyi:p •'iic?3i] "•m-'n cnnn ]Ct -"iics i3 mpnj .s'en
: i;-irtD pvmpn i"'?xD nsun pyi:p •'iie?3i '''?pn c?xt
rascc 3C?n mVi worno m>n pmc pscns croVcs 33c n33c; 13 nx33 • 3"Dn
n*? ccrcD ■'p'72 on» o^oiipp pvmp ''t22C iV
rïliSnn py;:pi n3i;n pyi:p onc pncn"? DTnipn '^302 w ^1pn: .l'cn
: D'O-ipp ■'Osec tiiVnn pyijp -,3 mcj • n "en
: D''Dnpn iC3CC m^s annn pyup 12 me: • • en
Mot ajouté par le correcteur.
Les mots entre crochets sont ajoutés à la marge.
\1\ SIECl.t.
mv' siÈci.F..
630 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
D'mip D'oaD rxp nxo m-ia unjn» ' naiann "?» mp'" no pcD la tt: «t'en
rcro'jtsa orw nst
rpirnSn nvn^ ^[annai ^^^t<a] m^a nnann riDSnnn tivc* ia »mj «n'en
nipSn nya annai fiiNa noann nis'jnrn iiyc? ryT»"? ia vwj .QDn
:''DDe?n
Kinn np'jn rya m^n race? Dipca yiKn Vx loip '•xn -n^cro la nipn: .'»n
e?DC'n pmDi [yiKnD n-f pmo] niy'Ci '7sn pix nivci tîaoa ujcnc
ryiN-iD
P'''7Dra inrnar naun p^'jDna inrna yiKnD roern pmo lire? nviina • x'sn
: diVecm
: rsp hK Drsp yiNm m'm E;oc'n ntsp on'' ia yni: . a"sn
1D3 yiNno DDCn pn-iD "?» pnpia niorr cen TiVa Ninc ia ynu o'sn
nrr .T'H'' ià^ z^'•<^Tm «ine; -iCNJCfa anpa inj^oa "jax D^j^yDnc o-aT lacnc
: ne iiyc'r: mnc n"?! ne iiy^cc
:nNT'c* pmp nj 'xa "jsn -lOip ''sn myc? ia ymj .i"sn
: i3"):iw pvTnpno no pmpa "jsn imp 'sn iirc n"'n y» ia -iipnj • n'sn
ijDca ODon pvnai naua wvn prna m^n pi-np*? Pini"? ia ncs: • l'sn
")Sno ''iipp'? pim"? ja dj neryji •jEcrai naua cccn pi-np"? pini"? p d3 ncy;i
: amon isi m^n anio iirc? py-'''7i m'n
lyiNnD CDcrn pmec uixac* neo mp'' no pDC ia -l'-pj .j'sn
: niN'jcn pxta TipnD u"? n-^pa no ia smj . n"sn
Kini cr^jn "'jnjD Dnaaai o-'at pcpa"? ind ia unnts paon la «la: •Q"sn
nn'7iDn '?y ono -idï"? ij''E?yo pim'jn la iiau «n .Q>iiaT noonV p*?!!;
D'Pan pVnpn hs^ py "jaa •'PDiXn c*cc?n oipo "jyi D^pDxm o^yscNn nmjjm
TN la ymj an • ■'T'i&yni "■yac/ni ■'yaini pcxtn ani niiD-' onc nyaiKn
IN -'jicno yi3 TIN ia ixa: in . nsn:c' "ïscn im: ik i^to nt'N Vy ono iicy:
'POKn c?DC?n mpD pyT""? ia -^"Vi nn .'poxn nujn ix nVicn ■'ysoNn lujn
pyii"? pi"7p3 ia ■ce;'':! D'i^yo"? in:Pi nn . nyaiNn PHP-^n ^\slh^ p» "jaa
PimV psp piysoxa py "jaa ■'ponh m^n mpoi □"m-'ni D"ODrn prip"?n ]iaG?n
: pjyn nt"? ij-ian
noD "ipv e;DE?a Tii»xn pyup jipp mvc? ono a^in'' D'aao psp ia iji3i • 'pn
pyijp pbnpn Vsx mo ïjiVnn pyijp nop"? no n''D3 we? nin DPspi inijn:nc;
:i3 iVnon ^ippD nNTC? no "ja"? d'^dop pt''? pjidp ia umo «K'pn
' Corrigé de nyupn-
' Les mots entre crochets sont ajoutés par le correcteur, de même aux n" 90 ,
loa , etc. , , ,
DU XIV SIECLE. 631
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ro'aïajn o^aaian p inK nnxa ' nt nhvv jap^ t'k .n":pn
annn rininc ovc'jBa'? a-'^nr'» noo D'oatîn iD^ac^ kVw ia njoi • Tapn
' Corrigé à ia marge : P'jenjn annn P»Hn abvn "l'K.
\1\ ÏIECI.I.
XIV «IKr.l.R.
032 LES KCRI\ AINS JUIFS FRANÇAIS
n-isinc Dpsp T^it laS □"'piis on D^T'''7:pn onncn ^x Dipr: aipca D'ania
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n'?yD'? nu nnjn •'D'7 onmyci y""*" l3^DD D'aaian Yn-ic ia -xa: .n'Spn
: cccnc nco'? an:i cccno
rpox '7y niiy"? ir^'-y npctr nîja n'< pS min |P31 iDXon nt ia onn: • V'rpn
: nx'îEin nc:nn nxr
B. TRVDtCTION LATINE,
Daprès les manuscrits de la Bibliotlièque du \aticnM n" SogS «'t 338o
et le n" D 3 2 y de l'Ambrosienne h Milan*.
Haec ait Léo de Balneolis habitator Auraycœ. Prœmissis his qu£e ad in-
tentionem nostram necessaria videbantur et quorum scientia omitti non
potuit in cognitione sequentium in quatuor partibus praecedentibus libri
nostri, in bac parte quinta remanet nostra intentio inquirere quomodo
debent poni orbes cœlestium corporum et numerus eorumdeni, itaut ea
quae nostris apparent aspectibus videantur veritate subnixa et ut quanti-
tas quœ diversis temporibus ejusdem planeta; videtur esse diversa
nobis certa apparcat ratione, motu naturali quem oportet necessario
confiteri servato. Et adbuc in bac parte amplius inquiremus , scilicet
causam propter quam istis planelis inest diversitas motuum quam vide-
rnus in brevitate et tardilate , in retrogradatione et directions , in diversitate
' Nous sommes redevables du texte , membre de l'école de Rome , et la col-
ropié sur le n" 3098 du Vatican , à lation du manuscrit de Milan au savant
M. W. Bliss d'Oxford. Nous devons la col- bibliothécaire M. Ceriani. Sur le n* .338o
lation du n° 338o du Vatican à M. l)orez, voir iNolhac, liibl. On., p. 348-3/^9.
DU XIV SIECLE. 633
latitudinum su.iruin versus seplentrionern et ninridiem , et geiierahter de
omnibus accidentibus qua; corporibiis cœlestibus iiiessc videnius. Et post
liaec in ista parte etiani inquir.'inus qua; proportio intelligentiarum mo-
\entiuni ad inviceni et quem aspectum habent. Ad primum sit Deus
per oninia benedictus. Et propter lioc pars ista in '.^ tractalus dividitur.
In primo orbes cœlestium corporuni et ipsoriun numerum inquire-
inus. In secundo ponemus causas onmium accidentiuni qua; in ca-
lestibus corporibus prœdiclis peiperidinnis <piantum iiostra scientia se
oxlendit. In tertio qua; sit intelligenliarum istos orbes moventium ad in-
viceni proportio, adjungemus et quem ad priniam ibrmam babenni
aspectum.
Primum tractatum in i3G capitida divideuuis.
In primo capitule ostendenuis quodista inquisilio est conxeniens huic
parti.
In secundo declarabimus quod totiun nostrum posse et quicquid
virium optinemus debenius exponere ad liane nobilem scientiam adqui-
rendani propter immensam nobililatcni niaferiae de qua tractatur.
In tertio manifestabinius quamdam difTicultatcni ([uan nobis occuirit
in inquirendo \erilatem in materia sa-pedicta. Et in isto capitulo osten-
dcmus causam quîc nos induxit ad ([iiarendum inslrumentum certum
et facile per quod quicquid est necessarium ad prsmissa certissirne et
tacillime sine deceptione aliqua reperitur.
In à' stabiliemus quaedam principia qua; sunt ad omnia i\uw. inten-
dimus opportuna. Et istud capitulum in 3 dictiones dividitur.
In prima ponemus descriptioneni seu interpretationem quornmdain
vocabulorum quibus utimnr in bac arte.
In i' ponemus quasdam demonstrafiones geometricas ad scientiam
cordanim et arcuum directives.
In 3* docebimus mediantibus dictis demonstralionibus fieri tabulas
arcuum et cordanim.
In II' ponemus tabulas et canones [et] usus caruin.
In 5* docebimus per latera qucrdam scita et angulos quosdam trian-
guli residua ejus scire in lateribus et angulis.
In 5° capitulo ponemus unum principium utile ut cognoscamus
semidiametrum corporum solis et luna; per comparationem ad circulum
quem describit extra suum deferentem experientiœ tempore per quanti-
tatem radiorum ip.sorum qui per fenestras domorum introeunt.
In 6° scrutabimur punctuni médium seu centrum vism quandô
per instrumentum nostrum simul duas stellas aspicimus ad hoc ul
cognoscamus longitudinem quœ est in zodiaco inter eas et insuper lali-
tudinem.
In y* docebimus praemissi nostri instrumenti facturam , et modum
ad cognoscendum longitudines stellarum in zod aco vei syderum quo-
rumcumquc.
TOMB XXXI. 8o
SIN IF.I I.E,
«niatttc ^tiiwiti
MV MKCI.E.
034 LES KCRIVAINS JUIFS FRVNÇMS
lu 8° docebiimis cognoscere certissime altitudinein solis seu stcllir
ititerius cujusciim(|U(>,, ad sciendum lioras dioi et noctis et Intitudinem
Stella^ cujuslibet postquam scivorimus altitudinem mcridianam ejiisdem.
In 9" docebimus per istud nostruni instrumentum cogiiosccre diame-
Irum stellœ ciijusvis per coniparationem ad cirrulum qucin describit
extra suiiiu ditreientciii experieiiliie tempore.
In I o" docebimus per istud inslrumentum scientiain distanliiu solis
et lunu! in zodiaco secundum iongitiidinem, ut exinde cofçnoscamus ali-
(pialiter loca steliarum lixaruni.
In II" poneimis aiicpia documenta in iisii instrumenti nostri pra»-
dicti, ne in ipso ejus usu aliquis error intercidat.
In 1 a" docebimus lieri asttolabium ila ut in ejus usu error non
incidat, ad cogiioscendum altitudinem steilarum vel syderum, et insuper
adjiingemus qiiomodo gradiis ejus, quaiilumcumqiic fuerint par\i, in
minutias dividaiitiir.
In I 3° docebimus invcnire lineam meridianam in omni loco in quo
luerimus ad fînem certitudinis.
In I li° ostendemus diflicultatem notitiic locorum steliarum fixaruni
in zodiaco secundum longitudineni et latitudinem.
In 1 5" docebimus quomodo invenialur verus locus solis in /odiacu
et aux ejus et ejus fînnlis œquatio et distantia poli zodiaci a polo mundi
ad majorem eertitudinem quam possimiis optinere.
In 1 6° docebimus perfecle cognoscere loca steliarum fixarum quibus
nos juvare intendimus in experientiis quas accipiemus ad certificandum
nos in inotibus planetarum.
In 1 7" demoiistrabinuis quod in motibus et orbibus planetarum
non pptest stare scientia Ptbolomei, quia non apparet eoruin (|uan-
tifas in locis diversis consequenter ad predictam senlentiam Ptbolomei.
In I 8° manilestabimiis quod necdum babemus radicem demonstrandi
perlecte impossibilitatem (juae sequitur ad praemissam sententiam Pto-
lomei.
In I 9° narrabimus ordinem motuum planetarum in quo non est du-
bitatio nec error, juxta experientias omnium antiquorum et nostras, ut
ex boc possimus invenire doctrinam spera^ quae omnibus motibus quos
videmus concordet et eorum ordinibus.
In 2o' inquiremus partes contradictionis ex quibus potest extimari
(|uod sequitur diversitas in motu longitudinis supponendo modum
simplicem, et dicemus proprietates quie sequerentur ad quamlibet
|)artem contradictionis praedictae. ^^^
In 3 1° inquiremus aliquam partem de eo quod restât de partibus
contradictionis supponendo motum compositum.
In 11' inquiremus id quod sequitur de diversitate ad motum longi-
tudinis propter motum polorum , et dicemus proprietates quae ad istam
compositionem sequuntur.
^ DU XIV SIECLE. 635
In 2 3° inquiremus id quod sequitiir de diversitate ad motum longi-
tudinis propter distantiam planetic a loco spen» ad quem est propor-
tionatus motus sequaiis in temporc xqnali.
In ili° denionstrabiiiius cvidenter quod non sunt ne([ue esse possuni
plures nec aiix partes contradictionis in praedictis motibus pianetaruni
secundum longitudineni nisi iila< (|ua$ posuinius in It capitulis supra-
dictis.
In a 5" narrabimus aliquas partt's contradictionis qua> possunt poni in
motibus diversitatis planetarum et proprietates quae sequuntur ad illas
servando radiées naturales ut supra.
In iG" incipiemus inquirere aliqualitcr unam partem contradictionis,
quae restât in niotu diversitatis planetarum praedicto.
In 27° ostendemus quod numerus orbium cujusiihet planetarum est
aeqiialis numéro motuum ejus qucm videmiis, et quod isti orbes moveni
se invicem secundum formam suorum motuum propriorum.
In a8° demonslrabimus manifeste quod inter speras seu orbex
diversarum planetarum oportet aliquod corpus médium confiteri.
In 29° ostendemus quod orbis infcrior cujusiibet planetae movet
orbcm superiorem sibi conjunctum ejusdem planetae secundum formam
proprii motus sui.
In 3o* qurcdam dubia dissolvemus qua; possunt occurrere contra
id quod posuinius unicuiquc planct.x tmam speram ipsum revolventen»
in motu diurno.
In 3i° ponemus ordinem sperarum qua; planeta- cuilibet depu-
lantur.
In 32", 33", 34° et 35° manifestabimus residuum partium contra-
dictionis in motu diversitatis planetarum et contingent ia communia et
propria partium prœdictarum, et ibi ostendefur quae pars contradic-
tionis concordat his ({uœ videmus in motu diversitatum pra3misso.
In 36° demonstrabimus quod necessario oportet nos addere ad nu-
merum sperarum, ex qua additione sequatur a>quatio motuum diversi-
tatis quam videmus propter diversitatem diametrorum motuum.
In 37° quaedam dubia dissolvemus quœ possent occurrere rouira
numerum sperarum quas addidimus.
In 38° manifestabimus proprietates motuum sperarum quas addi-
dimus.
In 39° narrabimus breviter sententiam l'tolomei in mulibus plane-
tarum et sperarum eorum.
In 4o° narrabimus breviter sententiam Alpetragii in speris et motibus
planetarum.
In 4 » ' ponemus quaestiones quae consentaneae videntur sententia* Pto-
lomei et eas non concludere ostendemus.
In 42° ponemus rationes per quas videtur probabilis sententia Alpe-
tragii, et eas non concludere oslendemus.
80.
XIV' SIÈ'I.R.
\i\' Mi;i;!.R.
o:j6 lks kcrivains juifs français
In !i3° dedarabimus per expcrientias et demonstrationes goometricas
«•f per philosophiam natiiralein iinpossibile esse speras planetanim sp-
ciindiiin modum et formam quain posiiit l^tolometis.
In /ià° similo. fiet do seiitoiitia Alpetmgii.
In lib" solvcnuis uninn commitnc dubium contra positionein Ptoloinri
«;l VIunz(?).
In /|6° dabimiis inforinationeui t'utnris post nos nt prionmi scntentiii-
[sine] maxima delilx rations ♦■! oxperimcnio raultiplici nuliatcnus se op-
ponant, ntîc ab ca icccdant nisi quoniiiuis potuerint, et ciim hoc mani-
toslabimiis viam (\\v.v indiixit nos ad hahenduin notitiain inotuiim pia-
netaruni in latituditicn» et au^mentnni ipsoium et nichilominus îoci
eorum in inotii div(>rsitatis ciijuslihet corunidem.
In 67" docebimiis invcnin- lociim cujiislibel planelaruin in motu ejus
sccundum longitudinem et locuni augmcntuni praedictorum et iociini
(•f)rnnj in motu diversitatis ipsonim.
In 6H° ostendemus cpiomodo sciri possit si sit error in asquationibiis
niajoribus centroruni epicirloriim in longitudine longiori et eorumdeni
in longitudine propriori et motus diversitatis cujusiibet planetarum.
In /ig" declarabimus (juod ad inveniendum radiées certas in mo
libns planetarum non possimus tantuni innili experienliis et sensui,
sed oportet habere rationes ali([uas doctrinales et magistralia argiuiienta ,
et eas ac ea docebimus invenire.
In r)o° declarabimus quod per positionem noslram ante expositam
solvantur omnia qua; apparent in motibus planetarum [tam ]
quam ad diversitatem' (juantitatis eorum vise motuumque suorum ap-
parentium in longitudine, latitudine et diversitate.
Capitulum 5 1 dividitur in 3 dictiones.
In prima declarabilur cpiod cœli sunt figura» rotunda».
In 3' demonstrabitur quod cœli moventur circulariter et terra
manet immobilis.
In 3* demonstrabitur quod terra est cœlo concentrica.
In capitulo Sa" ostendemus quod omnes stellae fixae sunt in una
spera nec est necessarium quod plures stellae ponantur quam iUcC quas
videmus continue.
In 53° inquiremus quid est circuius lacteus qui apparat in cœio.
In bli' declarabimus quod non omnes steliae recipiunt claritatem
suam a sole.
In 55" assignabimus vcrum locum solis secundum experientiam
nostram.
In 56" declarabitur quantitas eccentricitatis spenc solis et mensura
quam videmus in sole in auge et oppositio augis, et ibi declarabitur in
parte quantitas aequationis solis, si verum est quod motus suus sitpro-
portionatus centre sperœ suae.
In 57° inquiremus locum augis solis in tempore nostro, et per hoc
DU XIV SIÈCLE. 637
nos docebimus quantitatem motus augis prandictœ secundum experientias
nostras adjiinctas cum oxperientiis anti((uoriun.
In 58° movebimus nlicpia dubia qua; possent hominibus apparexe
in his quae declaravinius universaliter circa soient.
In Sg" inquiremus argiinientum propter qtiod credidit Plolonuus
probassc augem solis css«î imniobileni , et se(juendo viani istam osten-
denius quod iocus borizonlis recti sub a?quatore non est habilabilis,
siciit Ptolomeus et Avic»'nna crediderunt.
In 60° inquiremus niimerum et liguram orbium solis.
In 6 1° inquiremus eanidem in octava spera et ostendemus quanti-
tatem motus ejus retardantis.
Capitulum 63 in novem dirtioncs dividitur.
In prima ostendemus quantitatem lalitudiniscujuslibet gradus zodiaci
respectu spenr rectir.
In a" ostendemus asccnsiones zodiaci in spera recta.
In 3' ostendemus quantum crescit vel decrescit quxlibet média dies
totius anni in quolibet liorizonte obliquo.
In l\' ostendemus per scientiam altitudinis poli latitudinem cujus-
libet gradus orientis ipsius zodiaci et per consequens occidentis.
In 5' ostendemus ascensiones cujuslibet gradus zodiaci in borizonte
obliquo.
In 6' ostendemus contingentia seu accidentia quap accidunt in loco
terne in quo elevatur polus per gradus 66 et minuta 27 ad plus.
In 1' inquiremus in quo gradu zodiaci transeunt Stella? fixa; per
lineam meridianam et in quo gradu ohuntur et in quo gradu occidunt
in borizonte obliquo.
In 8' docebimus per scientiam altitudinis solis in die et alicujus
stellœ fixœ in nocte cognoscere horas diei et noctis et e converse.
In 9* et ultima dictione istius capituli ostendemus dilTerentiam
quantitatis revolutionis diurnae quae est inter unam diem naturalem et
aliam in spera recta.
In capitulo 63° dicemus quae .sunt principia per quae deveniemus in
notitiam orbium lunœ.
In 64° inquiremus quantitatem mensis lunaris.
hî 65° inquiremus quantitatem medii motus solis.
In 66° solvemus quaedam dubia quae possent apparere in experientiis
quas accepimus ab antiquis in loco stellarum fixarum in tempore ip-
sorum.
In 67° declarabimus per experientias ipsiusmet Ptolomei quod verum
est illud quod docuimus de medio motu solis, quanquam Ptolomeus
per eas alias questiones intenderet.
In 68° docebimus fieri tabulas medii motus solis.
In 69° inquiremus quantitatem medii motus iunae.
In 70 docebimus quantitatem motus capitis Draconis, et ibi doce-
( 3
\IV SIKCLK.
\IV SIEI'.I.K
()38 LES KCRIN AINS JUIFS FRANÇAIS
hiums fieri super, et faciemus tabulas medii motns kiri:;- et distantia?
fijus ab auge et loci luna* motus diversitatis et medii moins capitis Dra-
conis.
In 71° inquiremus nunierum et figuram orbium lunie secuiidum ex-
perientias nostras.
In ■72° notabimus illa quii> juvabunt nos mngis ad habendum tcsti-
nionium veritatis iilorum orbium quos consentimus in luna.
In 73''demonstrationem aliquam producemus ad aflirmanduni dictos
orbes lunae per diversitatem quantitaiis respectus quod videmus iniuna.
In 74° docebinuis <|uod argumentum ex quo declaravit i'tolomeus
quantitatem diversitatis respectus quod argumentum consentire sua-
opinioni credebat nostne opinion i consentit et snam annichiiat.
In 75° demonstrationes aiiquas producemus ad nostram opinionem
orbium lunae fu-mandam per umbram qua> apparet in luna et per di-
versitatem quantitatis quœ in diametro lunœ apparet.
In 76° docebimus veritatem nostra; opinionis in istis urbibus per ali-
((Uiini aequationum per diametrum motus diversitatis, quia experientiae
istius œquationis nobis et non Ptolomeo consentiunt.
In 77° narrabimus illa qu<e in luna quaerere nos oportet, et doce-
bimus principia et vias per quas ad praedicta pprvcniemus perfecte.
In 78° declarabimus piincipia aliqua pro ista inquisitione utilia, et
in eodem faciemus tabulas veri cursus solis in una hora secundimi
suam distantiam ab auge et veri cursus lunœ in una hora secundum
suum locum motus diversitatis et numerum borarum média; diei propter
distantiam solis a capite Caucri in borizonte Aumycaî, quae est latiludinis
;'j/i gr.idus.
In 79° declirabimus quod non semper est médium eclipsis luna; in
puncto verae oppositionis.
In 80° recitabimus multas nostras experientias eclipsium solis et
lunae, quae omncs consentiunt his quae sequunlur ex nostris opinionibus
in orbibus solis et lunae.
In 81° declarabimus per istas experientias quod illa quae pusuit Pto-
lonieus de sole et luna sunt juxta i'ormam secundum quam posuinuis
eadem.
In 82° declarabimus per experientias supradictarum eclipsium
(juantitatem mensis lunaris et quantitatem medii motus solis et lunae
et quantitatem medii motus capitis Draconis et quantitatem medii motus
nugis solis.
In 83° declarabimus quod Ptolomeus erravit in multiplicatiunc
numeri longitudinis lunae a sole , et ideo credidit quod experientiac anti-
quorum sibi suiTragarentur quas sibi minime sullhigantur.
In Six' inquiremus experientias antiqnorum ad inveniendum ab
eis quantitatem motus augis solis et quantitatem motus diversitatis
lunae.
DU XIV SIECLE. 630
In 85° inveniemus quantitatem motus cliversitatis lunu- per expc
rientias antiquorum.
In 86" ostcndomiis per expcrientias antiquorum quantitatem motus
latitudinis luna».
In 87° solvemus quotidam dubium quod videtur se(|ui ad nostram
computationem circa orbes Uma; per aiiquas experientias antiquorum
quas récitât Ptolomeus.
In 88" demoristrabimusquantilales (bversitatis aspectus kuia' et super
boc tabulas faciemus.
In 89" docebimus invenire quantitates (Hversilatis aspectus \\\inv in
iongitudine et latiludine tempore eclrpsis soiaris.
In 90° inquiremus quantitatem semidinmetri umbrie terra* in loco
in quo erat luna tempore cujusdam eciipsis de qua experientiam certnm
liabuinius et quantitatem ion;;itudinis umbnu et quantitatem distantia'
lunic a terra et quantitatetn distantitL> solis a terra.
In 91° inquiremus distantiam ((ux> est a sole ad centrum terra-
quando est in auge vel in opposito augis.
In 92° inquiremus proportioiiem qua- est inler quantitatem corporis
solis el luna; et terra' ad invicem.
In 98" volumus ostendere (juud non est possibile demonstrare punc-
tuatim distantiam qua- est inter solem et centnim terra-, ut quidam
doctores istius scientia- crediderunl, seil bene potest quasi verilas de-
monstrari, quia potest dari vel figurari qua>dam quantitas qua dicta
distantia non est major et aliqua alla qua dicta distantia non est minor;
ita quod dicta distantia mediabit inter duas dictas quantitates sicut dicta-
dua;<|uantitates non multum dillerunt, velerit lanta quanta altéra earum.
In 94° demonstrabimus quantitatem semidiametri uitibne terne tem-
pore cujuslibet eciipsis lunaris.
In 95° inquiremus quœ erat quantitas sen)idiametri umbrx terra-
tempore cujusdam eciipsis lunaris quam superius nominavimus, ut vi-
deatur quasi concordare cum doctrina praecedentis capituli.
In 96° faciemus tabulas eciipsis lunaris sole stante in auge vel in
opposito augis, et eciipsis soiaris sole slante in auge vel in opposito au-
gis, et aequationum motuum lunœ et latitudinis lunte septentrionalis vel
meridionalis in tempore sempiterno.
In 97° solvemus quoddam dubium quod posset alirui apparere circa
illud quod diximus de distantia inter solem et centrum terra^.
In 98° narrabimus difiicultates et labores quos in scienlia ista iu-
venimus, maxime quia dicta antiquorum doctorum magis ad impedi-
mentum quam ad juvamen fuerunt.
In 99° adunabimus aliqua quœ fecimus circa inventionem loci solis
et lunae et eclipsium eorumdem ac iiliquorum eorum, ad petitionem
aliquorum christianorum nobilium, quod capitulum in quinque dic-
tiones dividitur.
\1\' MKi l.b.
\n sifxi.E.
640 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
In prima dictione ponemus tabulas qiias fecimus ad scicndiim con-
juiictiones et oppositiones médias et veras et verum locum solis in quo-
libet tempore, et quatuor domorum principalium initium primit-,
quarta', septima- et décima*,
In secunda docobimus ex dictis quomodo habuerimus scicntiam
cujiiscunque conjimctionis vel oppusitionis et quas scire voiuerinnis.
Il) tertia declarabimus quomodu de conjiinctione vel oppositione
média deveniemus ad veranj.
In quarta docebinius invenire veruin locum soliset 4 domorum prin-
cipalium in tempore sempilenio.
In quinta dabimus doctrinam intclligentibus inveniendi faciliter
éclipses solarcs et Innares et verum locum luna^ in omni tempore, me-
diantibus ali(]uibus tabulis quas adjuiiximus pra;dicUi> doctrina-.
In 1 00° capilulo recitabimus experientias aliqu;is ex quibus sequitur
quod ipquatio solis est major quam diximus in loco in quo traclavimus
de maleria ista, in quo loco fuimus loquuti sub dubio, et ex aliquibus
sequitur quod latitudo aliqua in dianietro diversitatis lumr ... in prin-
cipio diversitatis.
In 101° ordinabimus spcras Iuikp in tali modo et forma quod consen-
tient quantitatihus aequationum onmibus quas in aequalionibus motuum
suorum videmus.
In ioa° ostendemus quomodo potest liaberi certitndo quantitatis
aequationum luntX potentialis j?], et faciemus tabulas aequationum pras-
dictarum.
In io3° speras Veneris inquiremus in lali modo et forma quod
coMsentient quantilalibus aequationum posilariim in ipso.
In io4° inquiremus locum Veneris ab auge sua in tempore nostro et
motum dicta^ augis cl locum Veneris motus diversitatis et qnantit<item
motus diversitatis pra^dicta', et faciemus tabulas secundnm numerum
motuum quos inveniemus in ipso.
In I o5° inquiremus quis orbium Veneris consentit bis quae in Veneris
motibus videmus, el in aequationibus motuum ipsius tabulas fa-
ciemus.
In 106°, 107°, 108° de Mercurio similia faciemus factis de Venere
in capitidis tribus praecedentibus.
In 109' inquiremus locum augis Satumi et ipsius Saturni locum
in niedio motu in tempore nostro.
Capilulum 1 lo'^est simile io3 Veneris.
In III* complebimus inquisitionem loci Saturni ab auge et medii
motus ipsius per experientias nostras et secundum numerum motuum
qui inveniuntur in ipso tabulas faciemus.
In lia" Saturni est simile 1 oS" capitule Veneris.
In I |3°, Il 4°, « i5', I i6° Jovis sunt similia 109*. 1 lo*, 1 1 i", in*
Satumi.
DU XIV' SIÈCLE. 641
Eodem modo 117°, i 18°, 119°, iao° Martis sunt similia 4 capitulis
praedictis Saturni.
In 121° dicemus illud qiiod ronsensit Ptolomeus de molibus latitu-
dinis planetarum per experiontias suas.
In 122" narrabimus aliqnas experientias iiostras quas de latitudinibus
planetarum habuimus.
In 12 3° demonstrabimus quod est impossibile quod in speris cœles-
libus sint poli reaiiler, ut forte yinagiiiari qiiis posset; sed curn de polis
talibus ioquiniur, per quaindaui siniililudinein ioquimur.
In i2li° ponemus principia aliqua ad ostendendum quoniodo potest
compleri motus longitudinis planetarum, juxta ea qu.T posuimus de
planctis.
In 125° ostendemus quomodo motus latitudinum planetarum possit
compleri ex prx'dictis ])riiicipiis.
In 12(5° ostendenuis quod non omnia ilia quiu posuit Ptolomeus de
latitudinc planetarum pir experientias babuil, sed quirdam per expe-
rientias liabiiit, quiTilain ven» posuit suas radiées sequendo.
In 127° faciemus tabulas latitudinum planetarum.
In 128° demonstrabimus quod impossibile est inter speras solis et
luiiic aliquam sperain poni nisi speras V'eneris et Mercurii.
In 129° probationes aliqiias adducemus ad ostendendum quod pro-
babiliter Venus et Mercurius debent poni sub sole.
In 1 3o° declarabimus per quam viam poterimus devenire ad osten-
dendum distantiam qua- est inter speras unius planetîF et speras alterius,
supponendo Venercm et Mercurium sub spera solis locari.
In i3i° declarabimus distantiam quae est a centro terne ad quod-
Hbet sidus, supponendo semidiametrum terric esse quanlitatem gradus
unius.
In i32° ostendemus quantitatem proportionis quœ est inter speram
ferrae et quoJlibet sidus, semper supponendo quod Venus et Mercurius
sub sole locentur.
In 1 33° probabimus quod non est necessariiim ponere Venerem et
Mercurium sub sole, sed probabile magis apparet quod debeant supra
$olem locari.
In 1 34° ostendemus quantitatem distantix a centro terrae ad qua--
libet sidéra et quantitatem sperarum eorum , Venerem et Mercurium
supponendo supra speram solis locari.
In i35* ostendemus quantitatem distantiae a centro terra; ad quodlibet
sidus, ponendo quod Venus supra soletn et Mercurius sub sole locentur.
In i36' regratiabimur Deo et eidein gratiarum aciiones et laudes
solvemus quod oculos nostri intellectus aperuit ad inveniendurn perfec-
tionem tam nobilis et excellentis scientiae. Amen.
TOME xxxr. 81
i 3 *
\lv' SIÈCLE.
. , 6 '42 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
XIV* SIECLE. ^
Voilà donc un ouvrage de science parfaitement saine et
rationnelle, quelles qu'en soient les erreurs de détail, qui
éclôt, dans la première moitié du xiv* siècle, au sein des
juiveries du midi. La cour d'Avignon, si éclairée pour le
temps, en reconnaît la supériorité et se le fait traduire.
Léon de Bagnols est un savant dans le sens où nous l'enten-
dons. Il rejette les routines traditionnelles; il dit comme
Galilée : Dicta anticiuuriim doctomm magis ad impcdimentam
(juam ad jiivamenfuerunt. S'il y a quelque chose de vrai dans
cetle idée que Dieu crée par siècle un conlemplateur pour
son œuvre , Léon de Bagnols fut à son heure ce contem-
plateur. Personne, à sa date, ne paraît avoir porté dans la
cosmographie mathématique autant de science spéciale et
de sagacité.
XXXVIII (n° i5 de M. Steinschneider). Un ouvrage en
latin, composé de trente chapitres, intitulé De armonicis iiu-
meris, qui, comme le titre l'indique, traite de mathématiques
et d'arithmétique, se trouve dans le manuscrit de Paris,
lat. 7878 A, et dans le manuscrit de Bâle, F II, 33. Le
manuscrit de Paris est difficile à lire. M. Steinschneider
dit que ce traité a pour objet de démontrer qu'outre les
nombres 2 , 3 , 4 , 8 et 9, il est impossible que deux nombres
qui se suivent soient composés des facteurs 2 et 3. En voici
le commencement : In Chrisd incaniaùonis anno 1343, nostro
opère mathematico jam compléta, fui recjuisitiis a (jiiodam eximio
maqislromm in scientia musica, scil. a mag. Philippo de Vi-
triaco, de regno Francis, ut demonstrarem unam suppositionem.
C'est sans doute la traduction latine d'un ouvrage perdu;
car rien n'indique que Lévi ait écrit lui-même en latin.
Il aurait certainement employé cette langue pour son traité
sur l'instrument, s'il avait su l'écrire.
Philippe de Vitri avait, en effet, composé, dans sa jeu-
Hi»i. lia. <ie la nesse, des traités de musique. Il n'y a aucune impossibilité
France. I. XXIV, ^ ^g '^\ jjj^ g^ (jgg rclatious scientifiques avec Léon de Ba-
gnols en i343.
XXXIX. Nous avons déjà parlé du Prognosticon magistri
Leonis Hebrœi de conjunctione Satnrni et Jovis [et Martis] anno
DU XIV' SIECLE.
643
MV MECI.B.
Domini 1345, traité qui se trouve dans les manuscrits de voir ci-dessn».
Paris, fonds latin n° 8878 A, opuscule i5; à Oxford, dans p- ssg eteio.
la Bodléienne, Ashraol. 192, 8, et SgS, 35; Digby 176.
H commence par les mots suivants : Quoniam fuit déclara-
tnm antiquitns per eœperientias maltas loncjas et ccrtas... A la
lin on lit : Magister Léo, morte preventus anno Christi 134â,
die 20 mensis aprilis, circa meridiem, de hac conjnnctione
nil amplins ordinavit. Ego vero f rater Petras de Alexandria,
ordlnis fratruin Heremitanim sanrli Augiistini, ciim adjntorio
ma(jistri Salomonis, Jratris carnahs prœdicti magistri, istnd
iiwentinn cl ordinatum per enm, de hebrœo transtuli in latinum,
anno (juo supra, snœ scntenliœ ml addendo, nichil in aliquo
minucndo, etc.
Cet ouvrage porte le n" 19 dans la liste de M. Stein-
•schneider.
Mentionnons maintenant six ou huit ouvrages qui, par
suite d'erreurs et de confusions, sont faussement attribués
à Lévi ben-Gerson.
1" Commentaire sur le traité d'Averroès intitulé : De
siihstantia orbis, qui paraît de Moïse de Narbonne.
-i" Le commentaire d'Ascher ben-Abraham Crescas sur
le commentaire d'Ibn-Ezra sur le Pentateuque intitulé
VDl niK.
3° nyiw pD, «Bouclier du salut», traité sur le Messie,
en manuscrit dans la bibliothèque Oppenheimer [collection
qui appartient maintenant à la Bodléienne]. Ce manuscrit
n'est pas mentionné dans le nouveau catalogue.
4° Un manuscrit sur la Mischnah avec le titre de nio-'
TMVHn, sans qu'on sache quel en était le contenu.
5° Des institutions rituelles, dans le manuscrit de Parme
n° 1094; de Rossi les attribue à «Gersonide »; ce sont
les Institutions de Gersom de Metz, qui ont été souvent
imprimées.
6° Un commentaire sur l'Examen du monde de ledaïah
de Béziers, qui se trouve dans les manuscrits de Paris
n° i85, 5, et de Vienne lxxxiii, où l'auteur est nommé
81.
Voirii-dessous,
p. 674.
Voir ri-(l«'ssiis,
p. 607.
Steiiischiieiclii ,
EncyrI., p. 3oo,
note .')4- Hcnaii,
Averroi's, p, ig.î.
Catal.a'Oxfonl,
u°ï3e,6.
Wolf. BiMiotli.
hcbr. , III, p. 65o.
Revucdes Élude»
juives, t. XXVIl
p. 60.
Voir ci-dessDs ,
p. 382.
Catal. , p. gg.
XIV SIECLI.
G4/I
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
|.. 388.
Lron. Les doux calalogiu'S rattrihuenl à notre Lévi, tandis
Voir fi<iessu5, (|ue l'aiileup de ce commcnlaire est Léon de Mantoue.
7" Dans le manuscrit di; l^aris, n° 1026, 3, on attribue
une noie sur le Guide de Mainionide à notre auteur. Lévi
n'a pas lait de coninienlaire sur le Guide; cette note est un
extrait de l'ouvrage intitulé Guerres de Dieu, V, lxii, 9. La
note commence par les mots suivants : a'o b 33 ii"? in ara
Al:li\lllM CaSI.AI\I.
(^alal.dr Lciile,
!'• 'âg-
Ms. (le Parme ,
II' 9^0.
Voir ci-dessous,
j). 6(IG.
Voir ri-<lessus,
y. ^^l.
Ilist. iilt. lie la
l'iaiirc, t. XXVII,
]i. 712 et 715.
BiUiolli. labl).,
I , )>. 3o.
Bihiioth. Iiebr.,
I,p. 67.
Voir ci-dessous,
|.. C45.
nibliolh. hebr.,
IV. p. 60.
Voir ci-dessous,
p. 640.
Archiv, t. XL,
p. m ; Slein-
scbneider, Uebcr-
MMi., p. 779.
L\ FAMILLE CASLVni (^-'Jttp)
Abraham Casi.ari ou Abraham, llls de David, fils de
Yaliçcel', Caslari, médecin très connu, maître de Moïse de
Narbonne, demeurait à Besalu près de Perpignan, où Calo-
nymos ben-Calonymos fit sa connaissance en l'année iSaa.
Il était originaire de ISarbonne, où son père demeuraij.
Barlolocci mentionne seulement le nom d'Abraham "iiàcD
et lui attribue l'ouvrage intitulé n'rnc VîVdd. Wolf met notre
auteur une fois sous le nom d'Abraham nx'jiD, lui attribuant
l'ouvrage mentionné par Bartolocci et de plus le traité sur
les Fièvres d'après le manuscrit de Leide, et une autre fois
sous le nom d'Abraham Discaslari d'après le manuscrit de
Turin. Nous verrons, dans les articles sur les différents
livres de notre auteur, ce que M. Carmoly dit de lui. M, Fûrst
le passe sous silence, par cette raison que rien n'est imprimé
de notre Abraham. M. Steinschneider n'en parle pas non
plus dans son Catalogue des livres imprimés; mais ce savant
a donné tous les renseignements tirés des manuscrits dans
les catalogues de Leide, de Munich et surtout dans Y Archiv
publié par M. Virchow.
Nous n'avons aucun détail sur la vie d'Abraham Caslari,
et nous ne connaissons ni Tannée de sa naissance ni l'année
de sa mort; nous verrons qu'il a composé des ouvrages en
1 3 24 et en 1 349; et encore les dates varient-elles dans les
' Assémani (Calai., p. 343, n*C) écrit p am3N '^0 nwisnn S» 1DK0
'jN'D''; le titre, dans le manuscrit, ne porte pas 7K'n', mais bien ?KXnv
\IV SIM.I.K.
DU XIV SIÈCLK. 045
(IllFérents manuscrits. Les ouvrages connus d'Abraham sont
au nombre de (juatre.
1° Traité sur les fièvres, avec le litre de ]:y-i nhv, « Feuille
«verdoyante», dans le manuscrit de Parme n" 9^6, sans
litre dans les autres manuscrits. 11 est cité par Judah Na- „. :,!^3 , 1'^,"'" '
than sous le titre de nxinn nhv, «Feuille de guérison ». Le CataLdcLeicie.
traité est divisé en cinq livres, dont le premier a soixante- v-'=>9-
six chapitres, dans le manuscrit de Parme 946. Abraham
dit qu'il a composé son livre à la hàle sur le désir d'un
de ses amis', qui voulait avoir un traité facile à consulter
sur la matière. « Je me suis rendu à ses désirs, dit-il, et j'es-
« père que les érudits trouveront dans mon livre quelques
«éléments de cette science.» Tous les manuscrits, excepté
ceux de Paris et de Florence, (pii n'ont pas de date, donnent Maïkir, xx.
comme année de composition 5o8G = iSaS-iSaô; mais ils P' ^ll'. cm^°"^^
diffèrent sur le jour. Le manuscrit du Vatican 366, 6, Paris, u- 1.91, 1
donne le 3 du mois de kislev = 10 novembre; celui de
Parme, le i5 du même mois = 22 novembre, et celui
de Londres, Jewish Collège, n° i4o,5, donne le 28 du mois Biscioiii.p.âîo.
de schebat (janvier i326).
1° nmpn 'rci mann nmpa icKr: « Traité sur les fièvres
«pestilentielles et différentes autres espèces de fièvre»,
dans le manuscrit de Paris 1191, 7. Ce traité fut composé
lors de fépidémie qui ravageait la Provence, la Catalogne nisidesmé.!.,
et f Aragon. M. Carmoly dit qu'il fut écrit probablement ^ '"'
en 1349, date qui s'accorde avec une donnée de Moïse de Caui.dcLcide,
Narbonne. Ç- '^s- T ""
. dessous, j). 077.
Notre traité se trouve dans les manuscrits de Paris
n" 1191, 7, de Leide, Warner 4o, 6, et Gûnzburg,
n° 1 1 5, 10 (imparfait), tous les trois sans date de composi-
tion. Un manuscrit qui était autrefois dans la bibliothèque
de feu M. Luzzatto, sous le titre de rrcisyn nimpn Va"? -ixp idkd,
porte la date du mois de schebat 6089 (d'd) = janvier
1329, que M. Steinschneider avait cru devoir corriger
en 13'p 6109 = décembre-janvier 1348-9, en ajoutant que Caui. de Leide,
p. 160.
Voici le passage hébreu d'après le mairuscrit de Panne, fol. 19 : 'mOI 'man
(? D'r'sDn) DMxon jnîD uaniKO nx ncpa"? jtino ncKon ni.
\IV SIECLI.
Voir riilossu»,
|.. 5-;K.
(^ilal. IV\roii,
fol. I l().
Kol. ()o.
Kol. 1.
.Slt'uiM liiieiiloi' ,
(.atal. llo<ll. , roi.
■ I lo.
BiM. hebr.. IV,
p. 7()0.
(lalnl. Pryroîi,
loi. ,,9.
Vlazkir, XX,
lli^l. lies iiicd..
Calai., <ol. l'i-!
il I lOi II, nilil. h
rr niiiiirru.
Kiixtorl. Ililil.
rilil). , ••' éilil. ,
p. i:..i.
(irigir's Zc'il-
«•lirifl. IV, p. TOI.
Sir. Vescli. , D ,
II" i38:l$r. Lellcr-
l)0(le, XII, p. 7.
David
riLs d'.\braii\m
C.tM.AIII.
640 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Judah Nathan le cite dans son traité sur les fièvres com-
posé en i35a ou i362.
3° ntpn "«jn • Traité sur les règles pour saigner», qui se
trouve dans le manuscrit de Turin 121, fol. 62''. C'est peut-
être un extrait de l'ouvrage sur les fièvres. Le nom est écrit
ici n*?::??»! Descaslari. 11 est possible que les Quœsita sur la
médecine qui précèdent le traité dont il s'agit dans le
même manuscrit soient de notre auteur; mais nous ne
croyons pas que le Livre des aliments, onyotîn 'd, qui n'est
3ue la traduction de l'ouvrage arabe portant le même titre
'Isaac Israëli l'aîné, ait été traduit par notre Abraham,
comme Wolf et M. Carmoly le prétendent sans raison; les
mots ([ui se trouvent à la fin du troisième traité, nan icn
mpna. . . , ne se rapportent pas au premier traité. MM. Pey-
ron et Steinschneider doutent également que notre Abra-
ham soit le traducteur ou l'auteur du Livre des aliments.
M. Carmoly a tort, en tout cas, de dire que la traduction
lut terminée en i362, date à laquelle notre Abraham était
probablement mort; cette date se rapporte à l'achèvement
de la copie faite par Salomon Al-Çaig.
4° L'ouvrage n'jno '?d'?3d, • Celui qui sustente dans la ma-
« ladie », dont on trouve un petit extrait anonyme dans un
manuscrit d'Oxford, n" 2i42, 39, a été attribué à notre
Abraham. Il est possible que le manuscrit Warner, 4o, à
Leide, qui renferme beaucoup de traités de médecine, pré-
sentât autrefois un titre général semblable; cependant le
catalogue de Leide de 1674 ne donne pas ce titre; on le
trouve pour la première fois chez Schabbethai Bass; puis
il a été répété par Jacob Roman et Zunz.
David fils d'Abraham Caslari a traduit le traité de Ga-
lien, intitulé en latin De inœcjuoU intempérie, et en hébreu
«^Snno «D »n noo. Ce traité est divisé en huit chapitres, et il
se trouve dans le manuscrit d'Oxford n° 2o83, 2.
La famille Caslari garda longtemps sa réputation, et on
en trouve des membres parmi les poètes du xiv* siècle
DU XIV SIÈCLE. 647
xiv' SlkcLt.
dont les ouvrages ont été admis dans le Diwan de Salomon
Bonfed (manuscrit d'Oxford, n" 1984). Nous y trouvons catai.coi.o^o.
des poèmes composés par En Bongodah Yahçeël hac-Cas-
lari (7, 3 i, 34) et par son fils Yahçeël (3i, 39).
M. Sleinschneider croyait que Yahçeël' vivait en i326, \Uii,r. \iv,
et que Yahçeël est l'équivalent selon fusage provençal de P" 9*
Juda. D'après la règle des noms provençaux, où le nom du D.r Oricm,
père suit celui du fds, Jahzaël ou Yahçeël est le père de '''^'•i' ''8«
Juda, qui avait un fds du nom de Jahzaël, et ce sont là les
deux poètes et lilurgisles mentionnés dans le Diwan d'Ox-
ford. Abraham h-^vw ou 'jmon^ cité dans le manuscrit de
Paris 1 194, et auteur d'un traité de médecine, semble ne
pas appartenir à la famille Casiari.
La famille de Caslar émigra forcément comme tant
d'autres, lors de l'expulsion des juifs de France. Le manu-
scrit de Paris 179 a eu pour copiste un certain Crescas de
(iasiar, qui aurait vécu « dans l'année de la guerre de Bour-
«bon». Le nom hébreu de ce Crescas était Zémah fds de
ledidiah, et on trouve, dans ce manuscrit, un poème avec
l'acroslichc cxpcip, composé le i3 nisan 53o5 (i545), à
l'occasion <le la naissance d'un fils de son parent Abram de
Mornas à -lOia (?).
Israël fils de Joseph Caslari ou Crescas de Caslar hnat.
(d'après d'autres manuscrits) est le traducteur du Régi- *^'%lli,i^^y'^"
men sanilatis d'Arnaud de Villeneuve. Le traducteur s' ex- MaïUr, xxi,
cuse, dans l'ayant-propos, de s'occuper de traductions; ce ' h . lu
n'est pas sa spécialité, et d'ailleurs un traité analogue a Fr»nce.t.xxviii.
déjà été composé par Maimonide. Il fait sa traduction pour "* ^ ^^
deux raisons : 1° parce que l'auteur, dit-il, a fait cet ou-
vrage il y a vingt ans, à Barcelone et l'a dédié au roi d'Ara-
gon (Jaime II, ^dk^j ou impKj iku"); a° parce que le traité a
été composé « selon la méthode des chrétiens parmi les^
' Yaliçpcl, grand-père d'Abraham, dersî. (Hisl. Utt., t. XXVil, p. 71a et
florissait dans ia première moitié du 7<^-)
XIII* siècle, puisque son liLi David, père ' Par confusion arec Jean Jacmo, le
d'Abraham , cLiit l'ami d'Abraiiam Be- médecin. Voir ci-dessous , p. 6$a et 700.
XIV'SIÈCI.K.
648
LES KCUIWiNS JUIFS FRANÇAIS
«quels nous vivons, et dont les plus importants nous de-
« mandent d'ccriie selon leur habitude»; en outre l'auteur
«'tait un des grands savants de son temps. La date de la
traduction est, d'après le nianiiscr*it du Vatican 366, i,
l'année SoSy (iS-iy), et dans le manuscrit de Lyon 8, 3,
l'année 5088 (i338); il n'v a pas de date dans les ma-
nuscrits de Munich ^88, i, de Florence (Laurenlienne)
Plut. Lxxxviii, 36, ■>., de Paris, 1128, 4, 1176, 1. Dans
le manuscrit de l'Escurial, le litre est xjnaj-iK, Aviundina,
dans le manuscrit de Lyon xp"'aK-iD, Pralica\
Dans le manuscrit de Florence et dans celui de l'Escu-
rial, G. m, 'io, 3, le traité commence par un chapitre
intitulé c'x-in 3x:r:, rpii semble être un résumé de théra-
iii>i. liti. d. la peutique par Arnaud, dédié au roi Robert d'Anjou; c'est à
K.w.,i.xxviii, ^p^.jj jjj.^g |g jj.gjj^ j^o 2 fijj manuscrit de Munich n" a 88.
Aurait-il été traduit aussi par notre Caslari .^
Dans le manuscrit De Rossi 62 3, fol. 20, on trouve des
Collcctanea de médecine, intitulés nraip"?, dont quelques-uns
sont d'Israël Casiari. M. Perreau, qui rapporte le titre de
Collcctanea à l'ouvrage d'Israël Casiari, ne s'est pas aperçu
qu'il y avait là une impossibilité chronologique, puis<[u'il
y a dans ledit recueil des notes de Maestre Léon, qui
est très probablement Léon de Carcassonne (qui florissait
de 1394 à i4o2, comme M. Perreau le dit fort bien), et de
Maestro Bon godah Nathan, qui florissait en i356.
M. Carmoly et M. Steinschneider appellent notre auteur
Crescas Vidal de Caslar. Nous n'avons trouvé nulle part le
Uehfrseii.,p.779. jjom de Vidal, qui pourrait cependant être le nom provençal
de Joseph, père de notre Israël. M. Carmoly ajoute qu'on
lui attribue un commentaire sur le Guide des Egarés de
Maimonide, mais que fauteur de ce commentaire est en
réalité Abraham Casiari. Nous ne savons pas à (pielle source
M. Carmoly a puisé ses informations; tout ce que nous sa-
vons, c'est que Profet Douran, dans son commentaire sur
• ■ ■ .
' M. Steinschneider dciiioiilrcra dmi son ouvra{,'C, sons p esse eu ce mpmnl.
Ueberselz. , p. 779 et siiiv., que les traductions li«br«ïi|ucs du /le inir-n saivtiilu ont
éXà faites sur des rédactions latines diflercnles.
llollit.,nov. s..
V
y-
Miitklr, 188:!,
V
i.li.
Voir f i-dessus ,
V
i^^.
Uist. ilrs méd..
p
111.
DU XIV SIECLK. 649 ^,^.^,.,^,^
le Guide (I, 72, au commencement), rapporte une expli-
cation au nom d'Abraham Gaslari.
11 n'est nullement prouvé qu'Israël Gaslari, de la famille
Yizliar, médecin à Avignon et autour d'un poème sur l'his-
toire d'Estheret do Mardochée, soit identique avec notre Is-
raël. M. Zunz, qui a le premier fait connaître ce poème Aiig. /eiiu.ii;
<l après un livre ne prières du rite a Avignon, dit quJs- „. gs, i83q.
raël Yizhar ne peut avoir écrit beaucoup avant ou après
l'année 1 /190. Israël Yizhar, qui lut surnommé Maestre Gres-
cas de Gaslar, est pour M. Zunz un lévite, comnie l'était
presque toute la famille Yizhar. Plus tard, M. Zunz a iden- z.» (;t;«iiici.ir.
tihé les deux Israël. Il dit, en outre, qu'Israël avait traduit .""J,;,;/""""""""
Estlier en langue vulgaire.
M. Sleinschncider connaît ce poémiî, qui, selon lui, au- Liii.s)n.i'o.si,,
rait été imprimé à Saloniquc en 1867. La date exacte de ** "
l'impression est i853, comme M. Zedner le dit dans son uraoï. l-h...
catalogue des livres imprimés du Musée britannique. La date '"^''' ^ " ' ^' '''
est exprimée par le mot 'jd"? mna, ce qui fait 56i3, et t,atai. , p. .^8.,.
non par le mot 'ma =6617, comme M. Steinschneider
l'avait supposé. L'exemplaire imprimé que M. Steinschneider
avait à sa disposition est d'ailleurs tout à fait conforme à
celui du Musée britannique. Le titre porte cupwip au lieu de
wKpcip, l'imprimeur ou le copiste ayant confondu le i et le 1.
L'auteur dit qu'il a écrit son poème en langue vulgaire,
avant de l'avoir composé en hébreu. Il semble que c'était
la mode du temps de faire ainsi des |>oèmes dans les deux
langues, la langue vulgaire étant destinée aux femmes et Hisi. liu. de la
aux enfants D^v:^ »)t5 îïVa mivi'?'?, expression que nous avons déjà '■"""'• ' x'ivir,
vue chez Moïse Nathan ou Moïse fils de Nelhancl. M. Stein- 1.,,,, ,
Schneider en donne encore d'autres exemples. M. Neubauer F '3(>
a publréla suscription du poème d'Israël Yizhar d'après un
manuscrit qui se trouve au Musée britannique, et il discute
la signification du nom de Yizhar. M. Steinschneider accepte He»uedesÉtud..,
l'identification des deux Israël que M. Zunz a proposée; de La*dj,hu„*' Vm
sorte que le poème aurait été écrit vers 1327. Modah, p. 153.
Un fragment du poème sur Esther en langue vulgaire
se trouve dans un manuscrit qui appartient à M. le doc-
TOME XXU. 83
Mnmsut aitieii«LB.
650 LKS KCRIVAINS JUIFS FI\ANÇAIS
leur H. Adler, grand rabbin de Londres. A l'œuvre de
Maestre Crescas se trouvent jointes de ces fades parodies où
un pauvre ])euple séquestré trompait sa tristesse par les
apparences de la gaieté et se faisait illusion sur sa condition
seivile p.ir les apparences de l'espril. Presque toutes ces
Voii riHcMiu. parodies, du reste, sont imprimées. Suit un fragment de
f ''"' poème provençal, qui a paru, avec transcription, dans la
liornania, avril 1892. H est également donné comme ayant
été composé par Maestre Crescas.
M. Cafinoly mentionne un Vidal Caslari, médecin en Ca-
talogne, d'après un manuscrit de son cabinet, n" 83, que
nous ne connaissons pas et qui ne se trouve pas dans le
catalogue fie ses manuscrits publié après sa mort. Ce Vidal
serait, d'après M. Cariuoly, un autre (|ue celui qui a été
Voirridejjui. mcntionné par lui sous le nom de Krescas \idal de Caslari;
P ^*'' selon nous, ce dernier nom représente le père de Crescas,
et signifie «Crescas fils de Vidal».
HmI. lies mcd.,
p. 1 1 1.
SALOMON DE LUNEL,
GRAMMAIRIEN.
ilist. lut. Je la
f>. G '17 H luiv.
Salomon fils d'Abba-Mari Yarhi (de Lunel) est probable-
iraur.-, I. wvii, meut. le fils du rabbin qui fut expulsé en 1 3o6. H est l'auteur
d'une grammaire hébraïque, intitulée cnioV pw'? (Isaïe, L, 4 ) ,
dans l'avant-propos de laquelle il se lamente d'avoir passé des
jours, des nuits et des mois tristement; ce qui semble être
une allusion aux persécutions du temps de Philippe le Bel.
Ayant vu qu'il n'y a pas en Israël de honne grammaire, si
bien qu'on fait des confusions dans les conjugaisons et dans
d'autres parties du discours, il s'est proposé d'en faire une
courte, ])0ur se mettre ])lus à la portée de ceux qui voudraient
s'instruire. L'ouvrage de Salomon de Lunel n'a aucune ori-
ginalité, sauf peut-être en ce qui concerne les sept formes
du verbe, qui y sont pour la première fois énumérées. Il y
on a des manuscrits dans plusieurs bibliothèques : à Paris,
n" laSg, 5; à Oxford, n°' i486, 1 et i565, 4; à Parme,
II" 800 de Rossi et n° 39 du catalogue de M. Perreau.
l.iutatlo^S. D.
Prolcj^omcni .
p. 3i; Ma/lir
Wlll. lO.^.
DU XIV SIECLE.
651
xn siBci.ii.
U.tal., p. 3 1 'i.
Voir ci-desjous ,
p. 66,S.
Culal. (le Lcidc ,
VIOLAS,
ASTROLOGUE ET ASTRONOME.
Maestre Violas ou Biolas (c?'71k''3 nncKo) est l'auteur
d'une observation astrologique (odwd) faite en l'année
juive 5i I 5 = iSof), et qu'on trouve dans le manuscrit de
Leide Warn. 4>^, ^^ Celle observation a été tirée du livre
(opjE, rsha^) qu'on gardait dans la maison du R. Joseph
Gart (le manuscrit a cna, que M. Steinschncider corrige
avec raison en vii). La famille Gard est connue dans le
moyen flge à Avignon. M. Sleiiischneider se demande si
w'7'iK"'3 ne serait pas une corruption de aVrw et ne représen-
terait pas Lévi Iben-Gerson ou Léon de Bagnols. Fn eiïet, p "'i
nous avons trouvé dans un manuscril celle forme cor- Voir ci-dr>su^
rompue. Cependant nous avons vu que Léon de Bagnols
mourul en i.S'i4, de sorte qu'on ne pourrait avoir une
observation de lui de l'année iiS55. Nous croyons que
Maestro v^Mrz n'est autre que Maeslre Violas de Rodez, en
liébreu Mordecai fds de Josué, que nous trouvons men-
tionné parmi les savants du xiv* siècle par Isaac de Lattes.
Nous connaissons encore un autre ouvrage de notre
auteur; c'est un traité de médecine d'après Averroès, qui
se trouve dans le manuscrit de la Bibliothèque Gùnzburg
n" 367, 8, sous le titre suivant : icn p nn "jy asinn '«cosn niK'a
S'n C7^x nnm (cVva) uxVn 'v<tn hh'on osnn nan. «Commen-
taire sur les règles de dosage selon Averroès. » II. s'agit là
probablement d'un chapitre de l'ouvrage intitulé t:aUJl^.
Voir ci-drssom.
p. 68.J.
MOÏSE DE ROyUEMAURE,
TKADUCTEDIt , MÉDECIN.
Moïse fils de Samuel de Jîoquemaure [tn^v Kpm) habi-
tait, d'après son propre témoignage, Avignon; il était sans
doute médecin, puisqu'on l'appelle maestro et qu'il a tra-
duit un ouvrage de médecine. Après sa conversion au chris-
tianisme, il prit le nom de Jean d'Avignon. Nous connais-
sons de lui les deux travaux suivants :
8-.
Mt'siM.I.K.
052 I.ES KCUIVAINS JUIFS FIWNCMS
P5. I.MII, 9.
1° Un poème de soi\ante-(leu\ lignes, éci-it à Vidj^'^ib,
contre Sclieniariali de Negreponl, qui se déclarait le Messie.
'7ii;:"''7ra est probahlenKMit tine forme altérée du nom arabe
de Tolède (jaLuit). Ce Scliemariah était un imposteur, qui
envoya, en i3^8, ses commentaires sur le Cantique et sur
r;.. (ipsKiudos le j)remier chapitre de la Genèse au roi Robert d'Anjou,
jnn.s. x,p. 87. jjYec une dédicace. Ses prétentions au rôle de Messie écla-
tèrent vers i3r)3. 11 parcourut la Castille et l'Andalousie. Sa
vanité était si grande qu'en i358 il promettait de délivrer
Israël. Au commencement du poème de notre Moïse, on lit
ce qui suit : «Poème fait par le parfait maestro Moïse de
« lloquemaure, dans la province (ou ville) de Tolède (.^),
« contre Scliemariah 1<; Grec, qui se nomme prophète et se
M dit l'ange du jugement; ces vers donneront la preuve de
« sa folie. Moïse dit : Puisque ce fou de Scliemariah se vante
«d'être réuni par sa prophétie aux intellects séparés, lui
« qui n'est cependant qu'un fou séparé de toute intelligence,
« et qui marche en fondant comme un limaçon dans ce
«qu'il appelle les sciences, moi le plus petit de la société
« (des études), qui m'appelle Moïse, fds de Samuel de
«Roquemaure, habitant d'Avignon et séjournant pour le
« moment à Tolède (?), j'ai composé sur lui les lignes sui-
« vantes dans lesquelles j'expose ses manières d'être, ses
«rêves et ses paroles.» Ces soixante-huit vers ont été im-
primés, d'après l'unique manuscrit de la bibliothèque Gûnz-
Kev. des Études Durg. Toute traductiou en est impossible, car le poème est
x.p. 87 rempli de jeux de mots. Ce poème a été sûrement composé
avant i358, alors que Moïse était encore juif.
2" riKiDin niD, traduction hébraïque du traité latin Lilium
medicinœ de Bernard de Gordon. Ici le traducteur se nomme
« Maestre Jean d'Avignon, qui fut appelé comme juif Moïse,
» fils de Samuel de Roquemaure, un des habitants d'Avignon,
« qui demeure pour le moment dans la célèbre cité de Sé-
« ville. » Jean dit qu'il n'a eu à sa disposition qu'un exem-
plaire défectueux, que néanmoins il a trouvé l'ouvrage utile
à traduire. Il acheva sa traduction en i36o. H est curieux
de remarquer qu'il donne la date juive 5i ao et qu'il appelle
jllIM'S,
DU XIV SIECLE. 653 ,.,.^,,^,^
le latin la langue des chrétiens. Gordon, dit Jean, a com-
mencé par le chapitre des fièvres; mais lui il a cru devoir
s'en tenir à Tordre naturel, en commençant par la tête et
en finissant par les pieds; donc il a adopté un ordre spécial
pour les chapitres i, ii et une partie de m; pour le reste il
suit foriginal. La traduction de Jean d'Avignon présente
beaucoup de différences avec les autres traductions hé-
braïques de Bernard de Gordon. Elle se trouve dans le ma-
nuscrit d'Oxford, n" 2127, 2. Au courant de la préface, (jitai., 001.179.
Moïse s'appelle lui-même 'yVon, ce qui'répond au français
• de La Ro([ue ».
Un copiste de rouleau du Pentateuque(dans le manuscrit
d'Oxford n° 2806) s'appelle Moïse ben-Samuel [^Iv^ioVk de ibid.,coL 8o5.
Lisbonne; peut-être est-ce un descendant de la famille de Rechugutaciiten.
Moïse. Roquemaure est aussi mentionné dans les réponses p ^^
d'isaac de Lattes le jeune.
JUDA COHEIN,
PHILOSOPHE.
JuDA, fils d'isaac, fils de Moïse, fils de Juda, fils du
maître R. Samuel Cohen, est l'auteur d'un commentaire
sur une partie du commentaire moyen qu'Averroès a com-
posé sur fOrganon. Nous possédons ce qu'il a écrit sur
î'isagoge de Porphyre (ki2d) et les Catégories (nncNo). Juda caui. dOxford
écrivit son commentaire à la demande de son ami et parent
Schelemyah de Lunel, qui était trop absorbé par les affaires
mondaines et n'avait pas le temps de s'occuper lui-même
de faire un commentaire. Juda était Provençal, ainsi qu'il
résulte du passage où il dit : « comme si tu disais
« chez nous : celui qui règne sur la Provence. » Ni l'année
de sa naissance ni celle de sa mort ne sont connues. 11 cite
Lévi de Bagnols (b^viot; quelquefois avec f expression de
nnn 0 li; Lion»), en accompagnant son nom de la formule
des morts (cette formule pourrait cependant avoir été ajoutée
par un copiste), et il était contemporain d'isaac Nathan
l'Espagnol, à qui il donne l'épithète de Vkiw ^^^hi vm umo, Catai. d'Oxford
«notre maître le chef de la captivité d'Israël». Cet Isaac «"'^^s
4 4
11° i.'iSa , et add. ,
col. 868 et 116.V.
\n- ;|lîr,i,r.
f)54 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Nathan ne peut pas être identique <^ Isaac, fils de Nathan
de Cordoue, qui traduisit un traité de Gazzali en i347, et
cela pour deux raisons : d'abord ce dernier ne porte ja-
mais l'épithète que notre Juda donne h Isaac Nathan; puis
Isaac de Cordoue est toujoiu's désigné par les mots « Isaac
1 ben Nathan ». On serait tenté d'identifier Isaac Nathan avec
le père de Grescas Nathan , pour lequel les tables alphonsines
turent traduites en l'année i4()o, et à qui le traducteur
Moïse de Nimes donne la même épithète que celle que nous
venons de trouver. En ce cas, Juda devrait avoir écrit son
commentaire en i36o au plus tôt. Juda, comme nous
l'avons dit, était élève de Samuel de Marseille, qu'il dé-
signe presque toujours par le surnom n^ixaian , le Bar-
ba veri, accompagné de la formule d'eulogie V'i. Cette for-
mule n'est sûrement pas une addition du copiste; car, du
vivant de Samuel, Juda n'aurait pas osé blâmer son maître,
comme nous verrons qu'il l'a fait. Il est donc probable que
Juda composa son commentaire après i344- M. Slein-
schncider parle de 1 820-1 35o; mais en i330 Barbavera
n'enseignait pas encore. Juda s'est trouvé dans sa jeunesse
à Bologne, où il vit le grand maître Nicolo di Pavia (h^kd).
Le commentaire de Juda Cohen est très étendu, et il
corrige souvent Averroès, comme le fait également Lévi
ben-Gerson. Juda avait deux textes du commentaire d'Aver-
roès à sa disposition : l'un dont Barbavera s'était servi
et un autre qui était annoté. Il mentionne souvent le texte
arabe. Ce qui est le plus important dans le commentaire
de notre Juda, ce sont les fréquents passages de Samuel
de Marseille contre Lévi ben-Gerson, que Juda appelle le
Jjion de la Société (mianac? "•itcn). Samuel oublie quelque-
fois toute convenance envers son antagoniste, et Juda le lui
reproche sévèrement. Samuel avait-il écrit un traité à part
contre Léon de Bagnols, ou avait-il annoté son commen-
si,insihneider. taire? Nous n'en savons rien. A la fin de l'Isagoge, Juda
ujK,r.o.i.. p. 78. ^-^g jgg fj„^si,a d'Abul-Casim d'après la traduction de Sa-
muel, tandis que le texte de l'Isagoge et des Catégories est
celui de Jacob Anatolio.
Voir ci-4)es<us.
livlx^rsetx., p. 73.
DU XIV SIECLE. 655
MV Slh;.:.t.
Ce commentaire, qui est d'ailleurs incomplet, se trouve iii,t~iîi, ,ie ii
parmi les manuscrits du collège de Christ Cliurch à Ox- Franco, t xx\ii
lord, et porte le n° joi. L'écriture, qui est provençale,
semble être du commencement du xv* siècle au plus tard.
p. 58().
C\SUISTE ANONYME.
Un compendium de casuistique anonyme, qui se trouve
dans le manuscrit d'Oxlord n" 783, 1, lut probablement Caui , <o» i.s/,
composé à Salon. En eflet, on y parle d'un contrat de *^' "^'^
mariage entre Mardochée fils d'Elie et Douce (xsan) fille
d'Abba Mari fils d'Eligdor [de Salon]. L'écriture est pro-
vençale, et on y trouve souvent des mots provençaux;
néanmoins l'auteur cite plutôt les autorités de la France de
l'Est que celles de la Provence. L'ouvrage se compose de R.».ic.i.sKui.ir.
194 règles de casuistique (d^dd). Le n" i58 est tiré d'un J"'*"- "^f •'>9
compendium de Jacob de wjmD (Provins?). Les autres pièces Voir .kI.shi ,
qu'on Y trouve de David d'Eslella et du médecin Moïse 11;,.!'';;';!.'!!!!""
Botarel ont eu ou auront leur place dans les articles con-
sacrés à ces auteurs. Pour plus de détails nous renvoyons R(viu.i(»''ui.i..«
à la notice que M. Neubauer a donnée, dans la IJevue des J"'*"" '" ^' ^^■
Etudes juives, du compendium qui fait l'objet de cet
article.
JACOB LÉVI,
TRADUCTEUR, MEDECIN.
Jacob fils de Joseph (selon le manuscrit de Lyon) hal-
Lévi le médecin, demeurait à v^^h (O.xford, n" -ii^i) ou
y^K (Oxford, 2584, 4), Aies dans la Dordogne ou Alex Caiai.,ooi 740
dans la Haute-Savoie (?). On ne sait rien de sa vie. Nous le '^ '"^
connaissons comme auteur de traités de médecine et comme
traducteur. Voici l'énumération de ses travaux.
1° Traduction du traité sur la paralysie, ]^w'7Kicn -idnd,
d'Arnauld de Villeneuve. Cette traduction fut faite en
l'année 6057 = 1297 de J.-C. Elle se trouve dans le manu-
scrit G ùnzburg, n" 760, 7, .Slrinsclmeia.r,
„o L ! . •./ 1 Ueberseli. ,p. tBo.
2 D'?3np0j(D ^3^D npe? bpD xipjn onina -idko, traité sur les
. . 656 LES KCRIVAINS JUIFS FRANC VIS
XIT* SIECLE. ^
porcs ou sur les scrofules, intUulé Bàlon d'amandier. Ce
traité fut composé à la prière d Isaac fils d'Abraham ■•snrn
(de Trets, Bouches-du-IUiône), et achevé le mercredi,
dernier jour du mois d'éloul Bofio (aoiit-septend)re i3oo).
Il est divisé en i 2 chapitres. Il se trouvé dans les manu-
scrits d'Oxford , 2i4'-«,2i et 2584,3; le second manuscrit
a un chapitre de plus que le premier.
3° c?K'?it:c"iDn ncND, traité sur les fistules, comme addition
au traité précédent. L'auteur dit qu'il n'avait pas eu d'abord
l'intention de composer cet ouvrage, en ayant assez dit sur
la matière dans le traité sur les scrofuh^s; c'est sur le
désir de son beau-père R. Tanhum fils de R. Juda qu'il a
ratai.,coi. iij6. entrepris de l'écrire. Ce traité fut achevé à y^N Aies, le
jeudi, 22 lammouz 5o6i (29 juin i3oi). Il se trouve dans
le manuscrit d'Oxford, 2584,4-
4° mscn ncDna -idxd, traités sur la perte (du sang) par les
plaies. L'auteur est désigné ici par le copiste comme étant
un médecin expert en chirurgie. Le traité est une réponse
à deux questions qui lui avaient été adressées. L'auteur ne
dit pas par qui; il écrit seulement à la fin de l'ouvrage :
«Je te donne cette réponse succincte, puisque tu es pressé
« de retourner chez ta mère et dans ta ville natale. » Ce
traité se trouve dans le manuscrit d'Oxford 2584, 5.
5° nomca noKD, traité sur le okciqdid {^apostema'j , comjx)sé
probablement par notre Jacob; dans le même manuscrit,
article 6.
6 ' y>vn Nip: th n3N'7DD yvr\ -idkd. C'est le chapitre sur l'œil,
Arch. des Miss, de la cliirurgie de Mésué (Jean de Damçs) , que notre auteur
m"''566' "' ^ traduit du latin en l'année 5o66 (i3o6). Ce traité se
steinschneider, trouvc daus le manuscrit hébreu n" 8 , 5 de la bibliothèque
(JeberseU..p.8oo. ^|g J^ ^illc de LyOU.
7° n"E33 "'iBCfND NBnn Vk D''DiKmDND, tradiictiou du traité
Calai, de Rossi, sur les poisous de maître Gautier. Cet ouvrage se lit dans
P '*^' le manuscrit susdit de Lyon, dans le manuscrit de Parme
io53, 3, et dans le manuscrit de la bibliothèque Gûnz-
burq, n° 760, 8; le premier manuscrit ne donne pas le
nom du traducteur.
DU XIV SIECLE. 657 ^,^.^,_
ABRAHAM BEÎNUIG,
COMMENTATEUR.
Abraham Bendig (dans le manuscrit on lit ^mja) était
sans doute un Provençal; il est l'auteur d'un commentaire
sur Job, qui se trouve dans le manuscrit de la bibliothèque
Gûnzburg, n" 867, 3. L'écriture est provençale; l'ouvrage
lut copié par Isaac fds de David de Beaucaire, qui acheva
son travail le lundi 2 siwan 5i20 (18 mai i36o). En voici
le commencement : iVyim onn» erra ^iTi^ o-'iioipn D'oann h^ «la:
n'y n»D wan wnio kdc is D-in dt3. Nous regrettons de ne pou-
voir donner plus de détails sur ce commentaire; la biblio-
thèque Gûnzburg ayant été trans[)ortéeà Saint-Pétersbourg,
nous n'avons pu nous en servir, comme nous l'avions lait
pour la première partie de l'histoire des Rabbins français.
JACOB DE BAG.\OLS,
CASUiSTE ET THEOLOGIEN.
Jacob fds de Moïse de Bagnols est l'auteur d'un ouvrage
de casuistique, divisé en trois parties. Nous ne connaissons
ni l'année de sa naissance ni celle de sa mort, aucun bi-
bliographe ou historien juif ne le mentionnant. Tout ce que
nous pouvons tirer de son ouvrage, c'est qu'il était le fds
d'un savant, car il cite son père deux fois à l'occasion d'une
3uestion de casuistique; qu'il était le petit-fils de David
'Estella; qu'un de ses maîtres était un Sen Boniac' Nasi, Y"^ n-.k-i^ui
qui lui-même cite un Sen Jacob fie Bagnols, qui naturel- ''
lement n'est pas notre auteur, et finalement que notre Jacob
écrivait entre iSôy et i36i. Il était originaire de Bagnols;
mais il semble qu'il ne s'y était pas fixé.
Comme tous les ouvrages de casuistique écrits à cette
époque par les rabbins provençaux, le livre de Jacob se com-
pose de règles de casuistique, suivies d'un traité de morale. Voh d dessous
L'ouvrage se trouve dans le manuscrit Or. 2706 du Musée ^' ®^^
' Boniac semble être une contraction de Bon Isaac. (Voir Revue des Et. J,, IX ,
p. 5i, note 6.)
TOME .i\xi. 83
vu' sùaK. ^'^^ ^^'^ KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
hiitannique, que M. Neubauer a analysé dans la Revue fies
iumi.mI.sKiiiiI.s l*]tu(les juives,
\\mos. IX, p. .1 L'ouvrage commence par une pièce de vers donnant en
acrostiche le nom de l'auteur; il est suivi d'une préface en
prose cadencée, qui ne contient aucun renseignement histo-
rique. Le manuscrit est dépourvu de titre; une main posté-
rieure a mis l'en-tête suivant : . . .apyi ikcï "'pcBO itcn nt, « ce
« livre renfermantdes décisionsaété composé par Jacob, elc. »
Or le titre ''pcD « Décisions », est celui de la première partie
de cet ouvrage, qui renferme en eflet des décisions sur les
choses licites et illicites (■)r''m iick), et qui est divisée en
Irente-huit chapitres, dont le dernier esl incomplet. La
deuxième partie a pour titre d'';:;: p-itï, « Salon ou Aide des
\oii cido.-u., « femmes » (selon qu'on tire m?y de n-jjy ou de n-ity), et traite
''■'"' des règles poiu' le mariage, le lévirat et le divorce; nous
parlerons plus loin de l'introduclion qui est en tôle de cette
seconde partie. La troisième partie est intitulée nnjcnmic,
«Mystère de la Providence»; c'est un recueil de morceaux
de morale, de philosophie et de mysticité.
Dans la première partie, Jacob cite, selon l'usage des
casuistes, les opinions de ses prédécesseurs, parmi lesquels
nous signalerons ceux qui apparlienrjent à la France. Ce
sont les Provençaux Isaac fils de Juda de Narbonne; Joseph
ben-tj"?!); Abraham fils de David d'Arles, Zerahiah [Halévi],
les auteurs d'Itour, de llaschlamah et des Asonfoth; Jonatlian
et Ascher de Lunei; Menahem Meiri; les savants de Mont-
pellier et parmi eux Abraham, peut-être le père du fou-
iiisi. i.ti. (le la gueux Salomon, de qui Jacob mentionne le commentaire
p.T'iT .le. "^ur les traités Houlin et Kclouholh. Quant aux rabbins fran-
çais du Nord, Jacob ne mentionne nommément que le
lameux Raschi et son petit-fils Jacob de Ramerupt; souvent
il renvoie d'une façon générale aux décisions des rabbins
de Çarfat (France); il mentionne aussi des usages rituels
Pour lo i.xic, locaux : « Tel est l'usage à Narbonne et dans les pays voisins
loir la Revue des • '» l • 'i. 1 \;' il ... ,^ "' ..
Ktuiir» juives, IX. «'jusqu a la rivière du Vidourle; mais ici, en rrovence, il est
r- 5A. „ différent. » Le plus souvent, pour décider les questions, il
Voirci.iessous, s'uppuîe sur des faits arrivés à Salon, localité qu'il semble
DU XIV SIECLE. 650
\I>' SIKCI.K.
p. '.7O.
avoir habitée. Jacob mentionne aussi les usages rituels des
juifs de l'autre côté du Rhône, de Narbonne, d'Avignon et
d'Istres (Bouches-du-Rhôue).
La deuxième partie de l'ouvrage fournit des documents
intéressants pour l'histoire littéraire et politique des juifs,
ainsi que des noms de personnes qu'on retrouvera peut-
être dans des chartes. Nous donnerons de courts extraits de
l'avant-propos; on y verra qu'on se contentait en Provence
de compcndia de casuistique, sans se soucier d'étudier les y»"" ''Ic-^'h.
sources, et, d'un autre côté, que Jacob n'était pas favorable
aux études philosophiques. » Je suis indulgent envers ceux
« de mes contem])orains qui ne font pas de l'étude de la Loi
« leur occupation favorite; la cause de cette négligence est
«dans les misères journalières et incessantes, dans les ter-
« reurs de guerres, etc. Il y en a d'autres qui sont aveuglés
« par leur haute position et leurs succès mondains. Quelques
«autres se contentent de résumés de décisions, sans se
«soucier de l'étude du Talmud, ne voyant pas le danger
« qu'il y a à abandonner ainsi le tronc et à ne saisir que la
« branche. . . Plusieurs enfin préfèrent les sciences profanes,
« celles qu'on trouve dans les livres d'Aristote et des autres
«philosophes, et délaissent l'enseignement de nos sages. »
Ailleurs : « S'ils tirent vanité des livres qu'ils préfèrent, je
« leur rappellerai que ceux qui écrivent les formules des
« lettres de divorce ne connaissent pas moins qu'eux les
«calculs astronomiques, les éclipses, les lois de Ptolémée
« et de ses successeurs. » Les adversaires que Jacob a ici en
vue sont ces juifs de Provence cpii étudiaient la philosophie
et les mathématiques, tels que ledaïah, Calonymos, Samuel
Miles, Léon de Bagnols.
Voici quelques documents que cite Jacob, et par lesquels
nous apprenons la date approximative où il florissait, ainsi
que les villes qu'il a habitées. Mentionnons d'abord un
contrat de mariage entre Abraham fds de R. Hayyim et
Estelle fdie d'Isaïe fils de David, tous les deux à Salon
(p'j'e; SiJDa), en i36i. — Dans un document de i36i,
concernant un malade du nom de Moïse fils de Nathan
8a.
XIV sieci.K.
660 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
d'Aleiiçon, qui avait donné une lettre provisoire de divorce
au moment où la peste sévissait, Jacob dit explicitement qu'il
Roviipj.sKiu.ics demeurait à Salon. On apiirend. i)ar le môme document
juivi'H, IX , p. 56. ] , 11- /'Il • . 1 11 1
que le père de la jeune tiHe mentionnée dans la lettre de
divorce se nommait Salomon Bongodes Caïl ('^"Np). 11 envoya
tons les documents nécessaires à Avignon, où Jacob était
un des maîtres de l'école talmudique. On a un autre do-
cument daté du jeudi lo du mois no scliebat 5i2 2 («8 jan-
vier 1.362), que Jacob dit avoir été rédigé ])ar lui et les
anciens d'Avignon , puis renouvelé souvent à Avignon et à
Tarascon; les noms des parties sont Calva (nxnbxp), lille de
11. Isaac (ils de Pereç, veuve de Samuel lils de \\. Saùl, et
Natlian, père de ce dernier. Dans un autre document nous
trouvons le nom d'Orgon (jinx).
Urvuc.ii'sKtiidcs La troisième partie de la com])ilalion de Jacob fut com-
jiiM.s, , p. , . jj)ppç,(ig pj^ i3f)7. L'auteur y cite Moïse de Couci, Ascher
de fjunel, ses collègues à Salon (n'j-'a), et des rabbins de
Carpentras (où Jacob semble avoir enseigné également) ,
ainsi que Lévi ben-Gerson.
DAVID DE ROQUEMARTINE,
EXÉGÉTF..
Ma/kii, XIII, David de Roquemartine est l'auteur d'un ouvrage qui
p. G'i.ft XVIII, , , J-. n Ml
p. .. commence par les mots Kj-'oicNpnD in -idn, « a dit David de
« Rocca-Martina », avec les initiales desquels on a formé le
mot DiK, par lequel David est quelquefois désigné. Son nom
entier se trouve cité dans le manuscrit de Paris n° 307, 2.
Le catalogue lit «pn au lieu de Kpn, et transcrit « R. David
« de Duca Martino ». La notice du catalogue relative à ce ma-
nuscrit contient encore d'autres erreurs. Qn y lit ce qui
suit : « Quatre sermons philosophiques. On y voit cités l'ou-
« vrage rnvn ]nN de R. Isaac Aboab; R. David, de Duca Mar-
« tino, R. Sabbethai et R. EliezerQresqas, auxquels l'auteur
« demande la permission de prêcher. » L'ouvrage intitulé
nnyn p-iK n'est pas de R. Isaac Aboab, mais de Juda Khora-
sani; le passage donné comme anonyme dans le manuscrit
Magaiiii, I, en quesûon se retrouve en effet dans le dix-septième cha-
p. 35.
DU XIV SIECLE.
601
ll>' SIÈCLE.
])ilre (nnvn ]nx). Le prôdicaleur ne demande pas de permis-
sion à Rocca-Martino; il la denian.le aux deux autres seulo-
menl. La cilalion de David dans ce manuscrit est relative au
passage de la Genèse, m, ■).-}. : «Et maintenant de peur
« (juAdam n étende sa main »; on dit que; I^évi hen-Gerson
et David de Hocca-Marlino, dans l'ouvrage Zckoutli Adam,
traduisent « maintenant si Adam étendait sa main ». Dans la
description du manuscrit de Paris n" 867, 1, le catalogue a
correctement doinié 1»; nom de Hocca-.Martino; mais l'auteur
(h; l'ouvragcî décrit, qui est Élie de Montalcino et qui cite
David, ne dit pas du tout qu'il soit un « cabaliste moderne ».
Élie dit sinq>lement qu'entre antres ouvrages celui de David
lui est parvenu, mais qu'il n'a même pas daigné l'annoter,
car c(U ouvrage suppose la non-création du monde. Elie dit
encore qu'on ne peut concevoir les sottises que David avance,
en les entremêlant d'elïronteries. « Si j'élais un des grands
«hommes, dit Elie, j'aurais lancé une excommunication
• contre ceux qui liront l'ouvrage de David; en un mot,
« j'aurais livré son livre aux flammes. »
David de lloquemartine n'est pas connu des anciens
bibliographes; mais son ouvrage est cité par Bartolocci et
Wolf, qui disent qu'il existe en manuscrit au Vatican,
in-^". De Hossi mentionne notre auteur sous le nom de
David de Rocca Martica (lisant xj-'tnt: au lieu de kj^sdid). On
ne sait rien de certain sur notre rabbin. ^L Carraoly crut
d'abord qu'il était Italien et qu'il avait vécu vers 1870, en
s'appuyant sur le manuscrit 867 de Paris. Plus tard, il se
borna à dire que David avait fréquenté les écoles rabbi-
niques d'Italie, comme le montre son ouvrage Zekonth Adam.
M. Carmoly identifie le nom de nroio Npn avec Roquemar-
tine près d'Arles, et il ajoute avoir vu à Amsterdam (il ne
dit pas chez qui) un vieux manuscrit sur parchemin de
l'ouvrage de notre rabbin, où se trouvait une suscription
hébraïque équivalente à ceci : « Un commentaire allégo^
« rique sur les premiers chapitres de la Genèse, pour
« prouver contre les chrétiens qu'Adam n'a pas péché en
« mangeant de l'arbre de la connaissance; l'auteur est un
Voir cidesboiis,
p. GGî.
Calai.. i>. i.^(|-
Bibl. rabb.. Il,
p. 807 ; IV,p. 3o5;
Bibl. hebr., II.
p. 1 197; Dizioii. ,
p. 276; Calai.,
n" i-ji.
Annalen dv. Jost ,
II, p. igi.
Lebanon , III
p. >39.
É<lil.,p. 11,
XIV MhXI.K.
1'
I'-
002 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« homme savant et craignant Dieu, dont le nom est R. David
«de Rocca Marlina, un des grands philosophes de Pro-
« vence en l'année 5 120 A. M. = 1 36o. » On ignore le sort
Voii .i.icswiu. de ce manuscrit. M. Senior Sachs, dans la prélace de son
''"^ édition, soutient que Don Isaac Abravanel (né en 1427,
mort en 1 5o8 ) avait à sa disposition , lors de la composition
de son commentaire sur laClenèse, l'ouvrage de notre David,
et qu'il s'en est servi. En effet, dans le manuscrit 1006, 3
(;»iai.. p. iHi. de Paris, on attribue l'ouvrage de David à Don Isaac Abra-
vanel, probablement parce que les deux traités qui le pré-
cèdent dans le manuscrit sont de cet auteur. M. Neu-
\i.i,a/iii. I. bauer s'est demandé s'il est bien certain qu'Abravanel se
soit servi de l'ouvrage de David, ou si, au contraire,
ce n'est pas David qui aurait utilisé Abravanel. D'ailleurs,
ajoute-t-il, tous les deux auraient pu puiser à la même
source, à l'ouvrage de Juda Khorasani. M. Neubauer dou-
tait aussi de la date i36o donnée par M. Carmoly, ainsi que
de l'identification de Rocca Martine avec Roquemartine près
\i;iikti. wiii, d'Arles. Cependant David est sûrement antérieur à Abra-
' vanel, et nous pouvons accepter la date que M. Carmoly
dit avoir trouvée dans le manuscrit d'Amsterdam. Nous
pouvons donc considérer noire rabbin comme un Proven-
çal ayant été quelque temps en Italie, mais né ou fixé à
Roquemartine près d'Arles, localité que nous trouvons men-
tionnée ailleurs. Dans la traduction hébraïque du Lilium
meclicinœ (manuscrit du Musée britannique, n° add. 1 5, 455)
on trouve comme propriétaire Salomon ptjno Kpn. Abraham
i).ï- Ori.nl, V, u'û-iDtcpm, en 1739, et Moïse iroir: xpm, en 1760, étaient
'" rabbins à Carpentras, et on connaît une famille à Nîmes,
en 1789, du nom de Roquemartin. Nous verrons plus loin
v..irci-<iissoiis, que notre auteur fait allusion à un exil des juifs, probable-
ment à celui de i3o6.
Enumérons maintenant les ouvrages composés par David
de Roquemartine.
I. L'ouvrage intitulé mx msi, « La justification d'Adam »
Voir cidcssus, (ont* étant en même temps un jeu de lettres sur le nom de
notre David) , est un commentaire allégorique sur l'histoire
(>ii.>
p. ()6o
DU XIV SIÈCLE. 663
\n ilKCI.K.
d'Adam (Genèse, ii-iv). David suit en général Maimonide.
C'est grâce à lui, dit-il, qu'il a osé entrer dans les mys-
tères de la création. Le rationalisme de Maimonide est na-
turellement supérieur à celui de David, et ses connais-
sances sont bien plus étendues. Maimonide philosophait
à une époque où les communautés de France, d'Espagne,
d'Allemagne (D':y:3; peut-être les pays slaves) et des pays
arabes, se trouvaient dans un état prospère, et où il y iiarimy, JikI.
avait de grandes écoles, de grands savants. Si, à cette ""'•'*'"• i'- "•
époque, l'explication mystique a été jugée nécessaire, dit
David , « à plus forte raison l'est-elle avec notre généra-
«tion, qui est allée en exil et qui a vu par conséquent les
« écoles cesser, A peine pouvons-nous nous occuper de la
« Loi, dans l'état malheureux où nous nous trouvons à
« présent ».
David était donc un des exilés de i3o6; car il ne peut
faire allusion à une autre expulsion. C'est alors qu'il est
allé en Italie, et, si M. Carmoly a bien lu le manuscrit
d'Amsterdam, David est revenu en Provence, où on le
trouve vers 1 36o. C'est en Provence qu'il avait probable-
ment composé sa dissertation allégorique, qui est en même
temps un chapitre de polémique contre les dogmes chré-
tiens.
Recherchant, en effet, si la narration biblique doit être
prise à la lettre, ou bien s'il faut y trouver de l'allégorie,
i)avid déclare qu'il se met à étudier celte matière : i" pour
atteindre la vérité, afin d'arriver à la perfection; 1° pour
contredire les savants chrétiens, qui dérivent de cette nar-
ration et du péché d'Adam la nécessité de l'arrivée de leur
Mes.sie. Davicl divise sa dissertation en cinq parties : 1" Énu-
mération des contradictions qu'on trouve dans le récit
biblique; 2° Propositions pour la solution de ces doutes;
3" Résultats de ces propositions; 4° Explication des versets
selon ces solutions; 5" Réponses aux doutes qui naissent
dans la partie précédente. Chaque partie est subdivisée en
deux autres parties, et celles-ci sont subdivisées en cha-
pitres. David ne cite que Maimonide; cependant son exposé
XIV SIKCl.F..
p. an
cm r,ES KCHIVAINS JUIFS FRANÇAIS
offre beaucoup d'analogie avec celui de Joseph Caspi, qu'il
ne cite pas, non plus cpio Lévi ben-(lerson. Il est possible
que David ait composé sa dissertation encore jeune et du
vivant de cos deux auteurs. Il est curieux de noler que David
\oir «idi^sus, aj)pello son traite- c-c:ip, mot que Caspi et Calonymos eni-
Iiloient également, et qui était probablement en usagechex
es juifs de l'rovencc, pour désigner un petit traité. Notre
auteur est eu général plus clair et même plus logique que
Joseph (laspi, quoique celui-ci se vante toujours de s'ap-
puyer sur la logicpie.
Le traité de David a paru dans la revue hébraïque inti-
tulée hal-Lebanon (imprimée à Paris), année 1866, et en
tirage à part dans l'ouvrage intitulé p:3'?n p', d'après le ma-
Ciaiii.p. i«i. nuscrit de Paris n" 1 006, 3, qui est encore anonyme dans le
nouveau catalogue, malgré le renvoi de l'auteur du catalogue
\.>i. ri.i..ssii^, à l'édition mentionnée ci-dessus, où M. S. Sachs dans la
préface donne David de Rocca Martica comme auteur. Nous
avons vu que les manuscrits de Parme n° 208, 1, et du
Vatican n° 35i, 2, sont également anonymes. Il y a encore
deux manuscrits h Oxford, n"* 946, 5, et 2232, 2".
II. Commentaire surlecélèbrepassaged'Isaïe, LU, i3-i 5,
et Lin. David divise cette prophétie en trois parties : i° Pros-
périté d'Israël, suite de ses humiliations et de ses persé-
cutions (lu, i3 à i5); 2° lîeconnaissance par les nations
de la prospérité d'Israël (lui, 1 à 5); 3° Enumération des
malheurs d'Israël (lui, 5, jusqu'à la fin du chapitre). Ce
commentaire a été imprimé en hébreu dans l'ouvrage in-
titulé The Jifty-third chapler of Isaiah accordinfj to jewislt
interpreters , edited hy Ad. Nenbauer, Oxford, 1876, I, p. 180
à 182; et traduction anglaise par R. D. Driver et Ad. Neu-
Voir ci dessus, baucr, p. i88. M. Neubauer a placé ce commentaire après
f *''' ■ celui de don Isaac Abravanel, croyant alors que David s'était
servi des livres d'Abravanel. D'après ce que nous avons
dit plus haut, il est plus que probable que notre David
avait vécu plus d'un siècle avant Abravanel, et le com-
mentaire de David devrait se trouver avant celui d'Abra-
vanel. ' ^V;:^:V.-.f^ •-■
DU XIV SIÈCLE. 665
XIV SILCI.F.,
III. Il faut rapporter à David de Roquemartlne deux
notes exégétiques, ayant pour objet : a. l'explication de
l'aulliropomorphisme dans le passage de Deutéronome,
XXXIV, 7; b. l'explication du mot ajj, « sud ». Ces deux notes
se trouvent dans le manuscrit Warn. 20, 2 de la biblio- Caïai.p. uo
thèque de Leide.
JOSEPH GART,
LITLRGISTE.
Joseph Gart, que nous avons mentionné dans la notice g?'' "-•'•'"'»•
consacrée à maître Violas, appartient sans doute à la famille
(iard d'Avignon, que nous rencontrons en lÔôy, avec le ju^JÎ!^,'x!p!'8f"
surnom hébreu ijncic, mot d'où on a voulu conclure qu'il y
avait à cette époque des Samaritains à Avignon. Rien de ^J|>"'.'x,p.îi5.
plus gratuit : ■•jncic est une traduction de Gard (loe? = gar-
der). On lit, dans le document du xvi" siècle, leà noms
d'isaac et de Joseph Gard. Ce dernier nom est écrit B^3
(manuscrit de Leide, Warn. 43, 4; cnj) et plus tard tikj. ^'°''' "-dessus,
Ce Joseph ne peut pas être identique à notre auteur, qui Revue des Étude»
vivait au moins un siècle auparavant. On trouve également iu'»es. ix. p. 73.
un Abraham Gard et un Moïse Gard (^^w), ce dernier pro
priétaire d'une Bible en i494- c,"o
Un Moïse Gard, d'Aix, peut-être fds de notre Joseph,
est l'auteur d'une liste des sections du Pentateuque qu'on
trouve à la fin du manuscrit 5o3 du Vatican, avec le titre t. "pa'ri'Y.p 90
suivant : vynt tikj nvv Vi CTâô "hed minn rwvit ino.
Au commencement du manuscrit de Paris n" 898, se
trouve une liturgie de six lignes pour le jour de l'an par
« le savant Joseph Gart », commençant par les mots ■'roa n»n
Vipa mip ninj,' et un manuscrit de la Bodléienne récemment note
acquis contient, entre autres ouvrages, un commentaire Ms. Hebrew,
sur les liturgies des quatre sabbats (nv^ns miK] du prin-
temps par Sen Joseph Gard (tiw) d'Aix. Le manuscrit de la
Bodléienne, qui renferme d'autres pièces concernant le rite
d'Avignon, fut copié par Moïse Samuel ('7''''D») d'Ascola ou
da Scola (l^'?^pe;^n), et achevé le 3o du mois de siwan 6162
(i"juin 1402).
TOME XXXI. 81
Ms. de Berne ,
Mai, Scr.' Vet.
Revae des Études
juives, X, p. 11 5.
10.
lUPtHitUa lATMaALS.
, . 660 LES i:CRI VAINS JUIFS FRANÇAIS
\IV SIECLE. •
MOÏSE DE XARBONNE,
PHILOSOPHE.
SA VIK.
u.Urscu., Moïse, dis de Josué, fils de Mar David, fils de Josué, (ils
'' '" de Meir, fils de Moïse, fils d'Abba-Mari, fils de David,
surnommé maestre Vidal Bellsom ' (Belliomme) Narboni,
appartenait à une famille originaire de Narbonne , qui s'était
établie à Perpignan; c'est dans cette ville que le jeune Moïse
Miiiik, MéUiiii.s, fit ses études sous la direction de son père. Nous ne connais-
I' ""• sons pas la date de sa naissance; mais, dit M. Munk, il y a lien
de croire qu'il naquit dans les dernières années du xiii* ou
au commencement du xiv* siècle. Nous verrons qu'en i3G'.<
Moïse se considérait déjà comme vieux, et près de sa morl.
Moïse fut initié à l'âge de treize ans, par son père, à la plii-
losophie de Maimonide, en vogue à cette époque chf?z les
(...iiiMHi.i. sur Juifs de Provence et d'fîlspagne, malgré l'excommunication
1. \ioiv.i, jo,(i.\ lancée contre elle au commencement du xiv" siècle. Il men-
tionne comme ayant été ses maîtres Moïse et Abraliam
(.lai/. fiosri.i- Casiari. Devenu un fervent métaphysicien comme Lé vi beii-
vi'i! i)'.''i5j^" ' Gerson, il s'occupait également de l'Ecriture sainte et de
Voir<i(i.".soiis, la médecine. Pour mieux s'instruire, Moïse fit des voyages
I' ''Tr en Espagne; nous le trouverons à Tolède, à Soria et à Va-
ii'id lence; mais il écrivit ses principaux ouvrages à Perpignan.
C'est sans doute en Espagne que Moïse apprit l'arabe,
(ju'il connaissait assez bien; mais il est sûr qu'il n'a rien
traduit de l'arabe. On lui a attribué la traduction des ou-
vrages qu'il a expliqués, parce qu'on ne connaissait pas les
siei.isrhiicicirr, auteurs véritablcs des traductions. Comme nous verrons que
IlItlTSCl/..,)). 3l 1.
' Nous acceptons l'orlliograplie de ce « Vidal Salomon «. Vîdal Salomoii est le
nom telle qu'on la trouve dans des in- nom provençal de Menaliein Méiri , an-
venlaires du xv' siècle (Revue de» El. teur de la traduction du livre de Gaaali
juives, IV, p. 69, et XVI, p. 181). des Intentions des philosoplies. C'est ce
\l. Steinscbneider propose Blasom qui a donné occasion de présenter Moïse
( Uebersetz. , p. 3 1 1). On écrit ce nom en de Narbonne comme traducteur de Gar-
hébreu le plus souvent DlS^Va, rarement zali. Le prénom de Moïse de Narbonne
avbj, une fois ]^vh^ (manuscrit de s'écrit tantôt "jXTa, une autre fois VxTI
Munich, 376; voir ci-des»ou», p. 676, et 'jTl-
1)° XIV) On trouve une fois, par erreur.
DU XIV" SIECLE. 667
Moïse eut des discussions avec des savants chrétiens, il faut
supposer qu'il savait le latin et le catalan. Il était marié,
avait des enfants et, à ce qu'il semble, possédait une
honne clientèle comme médecin. Néanmoins il ne fut pas
toujours heureux. Il eut à souffrir, comme tous ses coreli-
gionnaires, des persécutions qui eurent lieu après la jieste
noire, et il fut obligé de s'enfuir avec toute la communauté
/Je Cervère, où il laissa, non seulement son avoir, mais aussi
s(\s chers livres.
Interrompu dans ses travaux, il ne les abandonna pas
entièrement. Moïse était péripatélicien dans le sens d'Aver-
roès, sur lequel il fit beaucoup de commentaires. 11 con-
sacra aussi plusieurs années à son commentaire sur le (luide
des Egarés de Maimonide. Moïse était certes moins ori-
ginal que Léon de Bagnols; mais ses commentaires sur
les principaux philosophes arabes, dit M. Munk, renferment
une foule de renseignements utiles et sont extrêmement
instructifs. Il a un style concis, parfois obscur; ses opinions
ne sont pas moins hardies que celles de Lévi ben-Gerson;
mais il ne les exprime pas avec la même franchise. En
général. Moïse penche un peu vers le mysticisme, comme
nous le remarquerons dans quelques-uns de ses travaux.
i, Quant à l'année de sa mort, on trouve dans un manuscrit
de Paris que Moïse mourut environ trois mois après l'achè-
vement de son Traité sur le libre arbitre, qui fut achevé à
Soria le lo décembre i36i; par conséquent il serait mort
au mois de mars 1862. D'un autre côté, nous verrons que
Moïse acheva son commentaire sur le Guide le 26 avril
1862, et, dans ce commentaire, il cite son Traité sur le
libre arbitre; par conséquent les trois mois ne doivent pas
être pris tout à fait à la lettre. En tout cas, nous ne trouvons
aucun travail de notre auteur postérieur à l'an i362. Nous
ne savons pas sur quelle autorité M. Grœtz fait mourir Moïse
subitement au milieu de ses travaux à Soria.
Ce que Bartolocci, Wolf, De Rossi, l'iusl ont dit de Moïse
de Narbonne n'est qu'un tissu d'erreurs. Ce serait peine
perdue de le discuter. L'identité de ce remarquable pen-
84.
!'• '''79-
.Mluik,Milaiij;rs.
|). 5oO.
Voirci-do-oiis ,
p. «78.
Voir ci^l«•»•(0^l!^ ,
p. 079.
Muiik, p. ôo?.
Geschiclite «Icr
Ju(len,VII,p.353.
Bibl. rabb..lV,
73, p. iî5.
Bibl. bebr.. I.
p. 825,828,885;
ni. p. 768, 80^;
IV, p. 9...
\lï' Mfxi.E.
Di'ion.nrioslor.,
11. p. (17.
l'.il.l. jml., ir,
I'- '7-
Calai, lie Loip-
/!?, p. 17.
Mtlaiii,'OS,
|,. ■>(>:! cl suiv.
Cal.nl. BtKll.,
lol. 1(1(17 cl suiv.
Voir ci-di'Ssu'i ,
p. 53o, rt Sleiii-
>chnfiil<T, IJcl)Or.,
p. :,,:•.
608
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Calai. Mmiirli,
p. 119.
Allg. Zeilung
des Judcnlhums,
III. 1839. p. 46.
seur ne leur est même pas toujours apparue; ils en font
par moments deux ou trois écrivains. M. Zunz et M. Munk
reconstituèrent avec des débris épars cette physionomie si
originale. Enfin M. Steinschneider donna une biographie et
une bibliographie complètes de notre auteur. 11 compte dix-
neuf ouvrages, dont nous aurons à retrancher le n" 18, c'est-
à-dire le commentaire sur Job, qui, comme nous l'avons vu,
est de Sen Astruc de Noves.
On ne trouve aucun ouvrage de notre Moïse qui porte
une date antérieure à i344; mais il n'est guère admissible
(ju'il ait commencé sa carrière littéraire si tard. 11 est donc
plus que probable que la plupart de ceux de ses ouvrages
qui ne sont pas datés furent composés alors qu'il était encore
jeune.
SES ECRITS.
1. p'jnn nibtsD ©iTD, «Explication des termes de logique»
qui se trouvent dans Maimonide. Le commencement et la
fin sont donnés par M. Steinschneider, dans la description
du manuscrit de Munich, 289, 1. Moïse dit qu'il n'a pas
l'intention de faire un long traité; il cite quelques philo-
sophes arabes tels que Gazzali, Avicenne, Averroès, Abou-
Bekr ibn-al-Çaig; mais il ne mentionne aucun de ses propres
ouvrages. C'est peut-être ici un de ses premiers travaux.
M. Lilienthal, dans son Catalogue des manuscrits de Mu-
nich, s'exprime sur cet ouvrage de la manière la plus
inexacte.
II. '•2^21i e?n'D v"?»! ivi p iik>3 bswa ■nJDs'jK idkd, « Commen-
« taire sur le commentaire d' Averroès sur le traité de l'in-
• tellcct par Alexandre d'Aphrodise ». Cet ouvrage se trouve
c«ui.,p.3o8fc. dans le manuscrit de Leipzig, xliii, à la marge du traité
« De la Possibilité de la conjonction » d'Averroès. Le co-
piste David dit que c'est un commentaire sur ce dernier
traité, et il faut avouer qu'on peut soupçonner là quelque
confusion. Le même ouvrage existe dans le manuscrit de
Leide, Warn. 6, 4, sous le titre suivant: o» -njoDVK icko
Voir ci-desious
p. 672.
Calai, de Leide
p. ao.
DU XiV SIECLK. 060 ,,,. 3,,,, ,.
Sara nwT p [M. Steinschnoider corrige "d Vs] ■'d, « trailé d'Ale-
xandre, «avec le coninienlaire d'Averroès sur l'intellect».
IJien ne porte à croire qu'Averroès ait commenté directe-
ment aucun traité d'Alexandre d'Aphrodise.
III. Explication du commentaire moyen d'Averroès sur
la Physique d'Aristote, qui se trouve dans le manuscrit de
la Bibliothèque nationale de Paris, n" 967, 1. Moïse, après
avoir expliqué chaque chapitre d'après Averroès, soulève
un certain nombre de questions qu'il cherche à résoudre.
Le manuscrit n'a ni titre ni introduction, et il y a, à partir
du cinquième chapitre, de nombreuses lacunes, le copiste
Isaac Cohen n'ayant eu à sa disposition, à ce qu'il semble, ciui.cic Paris,
qu'un exemplaire incomplet. Le commencement et la fin p- 'V»"-
sont donnés dans l'ouvraffe de M. Sleinschneider. Ce com- Ueborseu..
I . .1 p. I ig, n. -jH.
mentaire est probablement celui que Moïse cite dans son com- j ^^
mentaire du Guide des Égarés et dans l'avant-propos à ra[)- Voirci.i.ssous,
pendice des Dissertations. M. Sleinschneider dit que Moïse ca,^ Q^di
cite son commentaire sur l'analyse de la Physique dans son c»'- '91^-
commentaire sur le traité De substantia orbis.
IV. Commentaire sur la paraphrase de [l'Organon par]
Averroès. Le nom de Moïse est écrit en abrégé njox, ce qui
veut dire ©ncon 'imj nc?r: ^!:^{ , «Moïse Narboni le commen-
« taleur dit » Le commentaire finit avec les Topiques;
le copiste avertit qu'il n'en a pas trouvé davantage. Moïse
de Narbonne avait à sa disposition plusieurs traductions et
commentaires de l'Organon; mais certainement il n'avait pas
celui de Lévi ben-Gerson. Le commentaire de Moïse n'est
pas basé sur la traduction de Jacob ben-Makhir. L'ouvrage
dont nous parlons se trouve dans les manuscrits d'Oxford, CauJ.,coi.48G.
n°' i358, 2, et i36o. Le manuscrit de la bibliothèque de i»r. Letierbode.
Leeuwarden finit avec le traité de f Interprétation. Pour de "'^■''
plus amples détails, nous renvoyons à fouvrage de M. Stein- ueberseu.,
Schneider. ?• ^^ «' ^7.
V. M. Steinschneider se demande si le Vidal qui a com- iwd., p. ise.
xi»-5itc.^. ^'0 '^ES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
menlé l'analyse d'Averroès du livre d'Aristole sur le Sens
(■aiaiog. de l'a- et le seusiblc (manuscrit de Paris, n" 96/1, 5, article ontiis
m. de la Franco! dans Ib catalogue) ne pourrait pas être notre Vidal, Nous ne
I. wvii. p. 579. \f, croyons pas, pour plusieurs raisons. D'abord on ne trouve
pas le nom de Vidal seul au commencement des Irai lés qui
sont de notre Moïse; on y lit toujours Vidal Bellsom, En
outre la méthode ni le style dudit commentaire ne sont les
mêmes que chez notre auteur.
VI. Commentaire sur la quatrième partie du Canon
d'Avicenne; le nom de l'auteur est écrit : ^:i3i:n mc'j^a cwc.
caui., col. 719 C'est une compilation de notes de notre Moïse et de ledaiah
'' ■ de Béziers. On trouve ces notes dans les manuscrils d'Ox-
ford 2 107 et 2121, 6.
Vil. Commentaire sur le livre des Tendances des ])hil()-
sophes de Gazzali, traduit de l'arabe par Isaac Albalag,
Catai.de Berlin, Juda Nalliau ct un anonyme; c'est avec cette dernière Ira-
''■ ^''' duction qu'on trouve le plus souvent le commentaire do notre
Moïse. Salomon fds de Juda, dans son commentaire sur
la Iraduction hébraïque du Jf/iora/j de Juda Halévi (III, 5),
sieiiisciuieidcr, croit quo nolrc Moïse est le traducteur de l'ouvrage de
vmrridossus, (iazzali, crrour que commettent quelques bibliographes.
''•''''• M. Munk dit «qu'il paraîtrait résulter d'une notice assez
Méi;,nges, 5o3. « vaguc de Caslri qu'il existe à l'Escurial un commentaire
i$ii)i. arabe, 1, «arabe de Moïse sur la Destruction des philosojihes de
«Gazzali; le fait, ajoute-t-il, nous paraît peu probable, et
« il y a peut-être erreur de la part de Casiri ». Assurément
Moïse de Narbonne n'écrivit aucun ouvrage en arabe.
M. Munk croit que l'ouvrage dont nous parlons fut un
c«i»i.drBeriin, dcs premiers travaux de Moïse; M. Steinschneider suppose
qu'il fut composé en i342. Ce commentaire doit avoir eu
un grand succès, à en juger d'après le grand nombre
des copies qu'on en trouve dans les différentes biblio-
thèques, et dont six existent à la Bibliothèque nationale
de Paris. Dans le manuscrit de la Casanatensis , à Rome,
n°],vi, 6, on lit, à la fin du commentaire, un appendice qui
i.-}^.
p. 16
DU XIV S1ECI.E.
071
commence par les mots suivants : o"? '■'dd Vnti 'wo nrnn n^:n
n'?cnn nVen 'ca ^c?^'3 ans inx po"? nrn'jio ri:nrn, « Maestre Vidal
« a omis dans son commentaire sur les Intentions, qui font
• partie de la métaphysique, quelque chose qu'Averroès
« avait écrit dans son traité intitulé Destruction de la des-
« truction ».
xiv' siKci.i;.
l
VIII. noip ^^rc• bs mjN, lettre mystique sur la Mesure de
la hauteur [de Dieu]. Un traité sous ce litre bizarre est attri-
bué au grand prêtre Ismaël, qui vivait dans les dernières
années du second temple. On trouve la letlre de Moïse de
Narbonne dans les manuscrits d'Oxford n"* 2260, 6 (copie
moderne), et 2334, 2 h; on la lit aussi dans le manuscrit
additionnel 480 de la bibliothèque de l'université de Cam-
bridge, comme préface au commentaire de Moïse sur les
Lamentations (sans titre). Enfin, dans le manuscrit du Vati-
can Urbino 4i, elle figure avec le titre de nrnx va-iN by'^n,
« Commentaire sur le Tétragramnie », litre qui ne se trouve
pas dans le texte même. Ce traité fut achevé la veille de la
fête des tabernacles (1 4 tischri) 5 io3 = 1 5 seplendjre 1 343.
Il est considéré par l'auteur comme l'équivalent d'un com-
mentaire sur le Cantique des cantiques.
IX. Commentaire sur les Lamentations, qu'on Irouv»?
dans le manuscrit de Paris 806, à Oxford, n°' 369, 4 et
2334 1 2 b, et à Cambridge dans la bibliothèque de l'Uni-
versité, n" 480 additionnel. La date de la composition de
cet ouvrage n'est pas donnée dans les manuscrits; mais elle
est antérieure à 1 3 44 ; car Moïse y annonce son commentaire
sur la lettre de la Possibilité de la conjonction. D'ailleurs
nous verrons que la composition en a suivi de près celle de
la lettre mystique. Moïse dit que les Lamentations furent
écrites par Jérémie pour stimuler Juda à la repentance,
mais que le livre peut aussi être mis à profit dans tous les
temps. Moïse donne des explications grammaticales, cite
souvent des passages agadiques et le Midrasch sur Ruth,
qui a un caractère cibalistique. Il met à profit Maimonide,
Voir ci-(lr'ssoiis,
N ' i\ et \.
Laineiit. . m, >'.
Lameiil.,
Lamer.t. ,
III, 2.
IV. 1.
XIT SIECUL
072 LES KCUIVAINS JUIl-S FRANÇAIS
Moïse fils (le Nahman de Girone, des philosophes et des ca-
balisles. On peut voir par ses explications qu'il s'occupait
beaucoup de philosophie et aussi de cabale. Nous possé-
<lons au moins deux rédactions de ce commentaire.
La plus longue est celle de Paris et d'Oxford n" 2334 , 2 b,
commençant par le verset Eccl., vu, a. Moïse dit qu'il a
voulu commencer par un sujet triste, pour continuer plus
tard par un commentaire sur le Cantique des cantiques de
Salomon. D'après notre auteur, les commentateurs se sont
<lonné la tâche d'expliquer philosophiquement les livres
de l'Ecclésiasle, du Cantique, de Job et des Proverbes, et
ont négligé de faire le même travail sur les Lamentations;
c'est ce travail que Moïse se propose d'entreprendre. H n'est
]>as satisfait des commentateurs sur le Cantique qui retrou-
vent dans ce livn; la théorie des différents intellects. Moïse
])arle ici de la mesure de la hauteur de Dieu presque dans
les termes dont il s'est servi ailleurs. Nous savons que le
Voirci-dcssu», traité sur cette question fut achevé en i343; il est donc
probable que notre commentaire lui est de peu postérieur.
De plus, le même traité figure comme préface au com-
mentaire sur les Lamentations dans le manuscrit d'Oxford,
(.aiai.dOxford. n" 2 334 , ct dans celui de Cambridge, n° addit. 4 80.
L'autre manuscrit d'Oxford est un abrégé.
X. Commentaire sur le traité d'Averroès de l'Intellect
hyliqueet de la possibilité de la conjonction (en hébreu -idkd
i:^rnn b2V2 ou nipnn nnu^EW ^t:ND). Moïse acheva ce commen-
taire à Perpignan, et, comme rindi([uent tous les manu-
scrits connus, excepté celui de Leide, où le jour n'est pas
donné, le septième jour de tammouz 5io4= 19 juin i344.
M. Munk dit avec raison qu'il y a là sans doute une erreur
de date, provenant de l'auteur lui-même ou des copistes;
car, dans ladite année, le 7 lammouz, ou 19 juin, était un
samedi. Peut-être y avait-il dans l'original i = G, que les
copistes auraient confondu avec t = 7. Le commentaire fut
écrit au milieu des troubles de la guerre que Pierre IV, roi
d'Aragon, faisait à son beau-frère Jacques, roi de Majorque,
11. 07 I, II" VIII.
u' .Sôo, i
|). .'>o'l. 11. ï.
DU XIV SIECLE. 673 . ,
à qui 11 enleva le Roussillon. Dans plusieurs manuscrits, ce Muiik/vi^iansos,
dernier fait ne se trouve pas mentionné. J" ■'"■^
Moïse ajoute un appendice de quelques lignes, dans le- sos.' ' '''
quel il dit qu'Averroès lui-même aurait fait cette petite
addition. Moïse renvoie, vers la fin de son commentaire, à sa si. iiisrinuid...
dissertation sur la Mesure de Dieu, composée en i342, en """voTr'uir^snf
guise de commentaire sur le Cantique; puis vient la date : v-^t
Perpignan, 7 tamouz i344. Dans la préface, Moïse promet
un commentaire sur le livre d'Abou-Bekr ibn-Çaf («is), qui
traite du même sujet.
Cet ouvrage de Moïse de Narbonne se trouve dans les Munk, Méian^ev
manuscrits de Paris, 918,9; 947, 5 et 967, 1; Oxford,
n"' 1337, 2 et 2 i52, 3; Leipzig, 43, 3 ;Leidc, Warner, 6, 3.
Sur les autres manuscrits et pour plus de détails, voir l'ou- iJ(1«mm.|7..,
vrage de M. Steinschneider.
Voir ri<l
oir ndcssiis.
p. 3K6.
p. 191 Pt SUIV.
XI. »Djn mo'jc;, « La Perfection de l'âme « , dans le manu-
scrit de Paris, 988, 1, Moïse composa cet ouvrage, comme Voirci .i.ssus.
Joseph Caspi, à l'usage de son fils, pour lui tenir lieu des ^ ''^^'
écrits d'Aristote et d'Averroès sur la même question. Avant
d'entrer en matière, il reproduit intégralement, pour servir
d'introduction, le premier livre du Traité de l'Âme, tel qu'il
a été remanié dans le commentaire moyen d'Averroès. Le
traité de Moïse lui-même, qui porte en tête >wn pi^n,
«deuxième partie», est divisé en cinq livres, qui se rap-
portent à l'àme et à ses facultés, à l'intellect hylique ou
passif, aux opinions des commentateurs sur cet intellect et
notamment à celle d'Averroès, et enfin à l'intellect actif
et à Dieu comme premier moteur. L'auteur avoue lui-
même qu'il reproduit dans ce livre de longs passages de
son commentaire sur le Traité de l'intellect hylique, dont
nous avons parlé plus haut. Il est donc évident qu'il corn- Voir . i .lesMi, ,
posa son livre de la Perfection de l'âme après le commentaire f' °°
dont nous venons de parler, et si, au commencement de ce
même commentaire, il renvoie à ce livre, il faut admettre
nécessairement que le renvoi a été ajouté plus tard par
l'auteur. D'autre part, le livre de la Perfection de l'âme est Munk , Mélanges
- c_c _ _
TOME XXXI. 85
668,
p. 5o5, n. 2.
larBIMIRII ^ITIOWAIC,
XIV' tIÈCl.E.
988,
tic l'arl» .
Voir ci-dessous.
Voir ri-dessus,
, 534.
Mciaiigvs ,
. Sol.
Munk , ibid.
Calai. ,
,17b.
L'ebersi'li.,
178 et suiv.
Ibid., p. i83.
674 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
antérieur au commentaire sur les Dissertations physiques
(n^xii). Par conséquent il fut composé entre 1 34 2 et iS^g.
XII. Commentaires sur les dissertations physiques
d'Averroès et sur le traité De substantia orbis. Les disserta-
tions se trouvent, accompagnées du commentaire, dans le
manuscrit de Paris 988, 2, Le traité De substantia orbis se
trouve dans les manuscrits de Paris, 918, 10, et 967, a, où
il est dit que le commentaire fut terminé le 5 du second adar
6109 (24 février i349). Dans la préface du commentaire
sur les dissertations, l'auteur, qui était alors retiré à Cervère
(en Catalogne), dit avoir entrepris ce travail à la demande
de ses amis, les savants de Perpignan, avec lesquels, après
s'être séparé d'eux, il voulait continuer ses rapports intellec-
tuels. Plus loin, il désigne ces savants par les mots « com-
« pagnie des frères » [o^mtn rs), et, dans la préface du HaYY
ibn-Yokdhan, il les appelle «les hommes respectables de la
« compagnie de ceux qui s'occupent de la sagesse à Perpi-
« gnan ». Nous avons vu qu'une telle société existait déjà à
Perpignan au temps de Joseph Caspi, M. Munk croit qu'il
s'agit là d'une société littéraire qui s'était formée dans le
sein de la communauté juive de Perpignan. Moïse parle
aussi des grands malheurs qui fondirent alors sur beaucoup
de communautés, et du pillage de celle de Cervère, dans
lequel il avait perdu la plus grande partie de ses livres.
Pour les titres des dissertations, voir le catalogue de Paris
n° 988, 2. Quant aux manuscrits des autres bibliothèques
et au caractère du commentaire, on peut consulter l'ouvrage
de M. Steinschneider. Il semble par moments que notre
auteur connaissait la traduction latine du traité De substantia
orbis. En tout cas, ce n'est pas Moïse qui a traduit cet ouvrage
en hébreu, bien que l'hébreu se trouve presque toujours
accompagné de son commentaire.
XIII . Hayy ibn- Yokdhan, hlv>1^y p VK'n' Kipjn |KBp"> p ]Kvn aKns ,
« Livre de Haywân ben-Yoktân, nommé Yehiel ben-Ouriel •.
C'est le célèbre roman philosophique d'Ibn-Tofaïl, traduit
DU XIV SIECLE. 675
XU MKCI.K.
en hébreu par un anonyme et accompagné d'un commen-
taire étendu de Moïse, achevé, d'après la plupart des manu-
scrits, à Cervère, la veille de la Pentecôte 5 109, c'est-à-dire
le Ix siwan (22 mai iS^g). La date de 5i26=i366, que
porte le manuscrit de Leipzig, est nécessairement fausse. Zum, Adin.
Moïse avait commencé cette œuvre après sa traduction de Méia,...is,
la lettre sur la Possibilité de la conjonction, à la fin de la- p ^^^
quelle il promet le présent travail. Il fut empêché de le
continuer par les malheurs des temps et par ses autres occu-
pations philosophiques. « Pendant que je composais la lettre
« sur la Possibilité, dit-il, il n'y avait que les maux venant de
« l'extérieur, tandis qu'à présent notre malheur entre par la
« fenêtre, et depuis longtemps il n'y a pas eu de si terribles
« souffrances. » Il fait allusion à une grande persécution qui
eut lieu à Barcelone; il croit qu'il ne vivra plus longtemps, et
il se dépêche. Il appelle son traité Yehicl ben-Ouriel, «\ive-
« Dieu, fils de Éveille- Dieu » , ce qui rend à peu près les mots
arabes Hayy ibn-Yokdhdn , « le vivant, fils du vigilant».
Le traité est divisé en huit parties; on en trouvera une
excellente analyse dans les Mélanges de M. Munk. Moïse MéiauRo»,
montre une profonde connaissance des philosophes arabes. ^' '"" '"^
Il croit utile, en particulier, de donner une analyse du
traité d'Abou-Bekr ibn-al-Çaieg, ou Ibn-Bâdjâ (Avempace
des scolastiques), intitulé miancn rjnjna ...n:ii3 nwa, « Com-
« mentaire sur le but du Régime du solitaire», livre qu'il
se félicite d'avoir pu se procurer pendant qu'il était encore
occupé de son commentaire sur Ibn-Tofaïl. Il trouva cet
ouvrage lorsque la guerre l'obligea de s'enfuir de Valence.
L'analyse de Moïse de Narbonne procède le plus souvent
par extraits textuels. Comme l'original arabe de l'ouvrage
d'Ibn-Bâdjà est perdu, c'est là pour l'histoire de la philoso-
phie une bonne fortune de premier ordre. On peut juger,
en lisant la notice que M. Munk a donnée de ce pas-
sage capital, du service que Moïse nous a rendu par sa caideieipzi,',
diligence à rechercher un ouvrage écrit deux cents ans p-^'''
avant lui et que, de son temps, les Arabes ne lisaient
presque plus.
85.
, , 676 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Sl\ SIECLE. ^
Les manuscrits de ce traité se trouvent en assez grand
nombre dans les bibliothèques. Paris en possède trois et
Oxford deux. Pour les autres bibliothèques, voir l'ouvrage
de M. Steinschneider. M. Zunz, danslènumération des ou-
Meiauj<cs, vracres de Moïse, parle par erreur d'un commentaire qu'il
aurait composé sur le traité d Ibn-Badja.
J>. 38y ri siiiv.
XIV. ('7'':c'd'7 n"?»!:"?) o^n mix, «Chemin de la vie», traité
de médecine par Vidal Bellsom (pcVa Vkt'i). Cet ouvrage se
Caui.ie Paris, liouvc daus Ic manuscHt de Paris, n" i joo. Le rédacteur du
'' "' catalogue n'a pas reconnu le nom ])rovençal de notre auteur;
c'est M. Steinschneider qui a attiré l'allcntion sur ce manu-
scrit dans une Revue hébraïque et dans son catalogue des
Haïkaiinci, mauuscrits hébreux de Munich. Voici ce qu'on lit dans le
, j). ,0/,. catalogue de Paris : « Traité de thérapeutique, par le docteur
.aa. Il r-^ . Vidal Balschou. L'auteur, dont le nom hébreu était Moïse,
« dit dans une note qu'il a terminé cet ouvrage à Reggio en
.1 Calabre, le 5 tébelh 5265 (i5o4-i5o5 de J.-C), dans la
« treizième année après l'expulsion des juifs de la Sicile. «
Hisi. <i«s mécie- M. Carmoiy dit de son côté : « Mestre Vidal Balson, né en
cins.p. 1/14. ^ Sicile, vers la fin du xv' siècle. Après le bannissement des
« israélites de cette île, en i ^92 , il se retira à Reggio en Ca-
« labre, oià il pratiqua la médecine et composa, en i5o5,
« un traité général de médecine, distribué suivant l'ordre
«des parties du corps humain, avec les remèdes propres à
« guérir chacune des maladies. » Tout cela est un tissu d'er-
reurs. D'abord, la date indiquée dans le manuscrit se rap-
porte à la copie de l'ouvrage, bien que le nom du copiste
n'y soit pas donné. Nous verrons que l'ouvrage fut terminé
Voirri-iicssous. BU i35o. Le manuscHt 276 de Munich, qui renferme la
P*^'' même rédaction que celui de Paris, fut copié par Eléazar
Parnas dans la même ville de Reggio et achevé le mardi
i4 marheswan 5258 (1497); mais le manuscrit de Paris
est complet, tandis que, dans celui de Munich, quelques
feuillets manquent au commencement. Le nom de l'auteur
est écrit ici ]w^^^ 'jkt'i. Les deux manuscrits sont divisés en
six parties (pic); chaque partie se subdivise en chapitres.
DU XIV SIECLE.
677
M\' SIÈCLE.
Moïse donne, outre les noms hébreux, les termes techniques
en arabe et en latin; sa philologie est parfois un peu ca-
balistique, puisqu'il explique le mol cirjmiN, dvSpoyvvv,
par la valeur numérique des lettres 890, qui est la même
que celle des mois napai 131 «mâle et femelle», savoir :
cirjmiN: 1 + 50 + 4 + 2004-6 + 3 + 10 + 50 + 6 + 60 = 390;
n2p:n3t= 7 + 20 + 200 + 6 + 5o+ 100 + 2 + 5 = 390.
M. Steinschneider croit que l'ouvrage en question est
arrangé d'après la méthode de Zahravi, dans son Uoy^\ ijUST
Cet auteur cependant n'est pas cité par Moïse, quoiqu'il
mentionne beaucoup de médecins juifs, arabes, grecs et
chrétiens, par exemple Caslari, Tabari, Ibn-Zohr el-Samar-
kandi, Galien, Dio.scoride.
L'ouvrage est un recueil de remèdes pour les différeiites
maladies. Très souvent Moïse dit : 'n''D:"':Ni, «j'ai lait l'expé-
« rimentation », et Tcin >;ni, «j'ai inventé ». 11 parle de son
père, de sa mère, de son frère cadet et de sa fille. Il men-
tionne son séjour à Tolède, à Soria (où il avait guéri une
femme traitée par des médecins ignorants), et à Perpignan.
Il rapporte que, pendant son séjour dans cette ville, un des
notables de Villefranche de Gonflent fut attaqué de la lèpre,
et, pour ne pas être mis dans la maison des lépreux, qui
était loin de la ville, se fit construire une maison dans sa
vigne hors de la ville, où il attendit sa guérison. A Per-
pignan il étudia la médecine, étant encore jeune, auprès
d'Abraham Caslari, qui était un médecin célèbre, nolam-
inent pour la guérison des fièvres, sur lesquelles il avait
composé un traité d'après les ouvrages les plus remarquables
de cette époque. Moïse ajoute que Caslari n'y avait pas
ajouté d'observations originales. Ailleurs Moïse dit que Cas-
lari s'était approprié des connaissances médicales tirées des
livres de Maimonide.
Le traité donne lui-même la date à laquelle il a été écrit;
car Moïse dit : « Nous avons vu l'année passée (le manuscrit
«a nse?3 au lieu de nw), qui était l'année 5 109 (i349), ""
« homme qui est mort de la fièvre pestilentielle (^yxny'rK nmpa =
«(jAc^aJi) ». M. Steinschneider suppose qu'il s'agit là de la
llakkarnirl.
Vil,!'. 10'..
Ilist. iitl. (le la
Fi-.i.cr, t. XWII.
p. âg..
Citai,
p. -(i.
Miinicli
lli^^t. litt. <!<' la
FraïuiM. XXVII,
p. C19.
Voir ii-<le>6u*.
p. O.'i'i.
\ oir ri-<lessUî; ,
p. 645.
Fol. a.3i.
Hakkannel ,
VII, p. 110.
XU* SIJSCI.I!.
Voir ri-<lo'ism,
|). 676.
Voir ci-ilessus,
[). ('>'i(), IV.
678
LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
I liikLurmrl ,
ji. io5.
Calaloijur (le
Miiiiifli , p. 89.
Iliid., |>. ■()().
Mélanges,
1). noî.
Ilrau, (ip-
^cllicl1ll' der Ju-
■ leii. Vir, p. 353.
Kilil. fol. 53*.
Dibré Haka-
Miim, p. il.
peste, et que c'est à cette occasion qu'Abraham Casiari au-
rait composé son traité sur les Fièvres épidémiques.
Outre les manuscrits que nous avons mentionnés, la
thérapeutique do Moïse se trouve encore dans le manu-
scrit de Munich 44, 3, avec quelques lacunes. Les manu-
scrits d'Oxford, 2142, 27, et peut-être 21 33, 1, avec la
suscription de n'j'o'K, en renferment des fragments; les
recettes y sont données en catalan. L'auteur cite son grand-
père et Bernard de Gordon. Le n° 2 43 , 2 , de la bibliothèque
fie Munich est divisé en 107 chapitres, bien qu'une divi-
sion en parties y soit indiquée; le nom de l'auteur y est
écrit : ma'ja '7^e^1^ ntserxD (fol. 33). C'est une copie relative-
ment moderne, dans laquelle le scribe a ajouté beaucoup de
passages; ainsi il est question d'amulettes, alors que Moïse,
dans son commentaire sur le Guide, en rejette l'emploi.
M. Steinschneider donne, à la fin chi catalogue de Munich,
la concordance des chapitres entre les deux manuscrits 276
et 243 de cette bibliothèque.
XV. pTiinaa 1DND, «traité sur le libre arbitre», composé
pour réfuter, dit M. Munk, un savant contemporain que
Moïse ne nomme pas. Cet auteur est certainement Abner
de Burgos, plus tard bapti.se et nommé Alfonsas Burgensis
de Valladolid. 11 avait rédigé un écrit intitulé n-\MT\ mjx, dans
lequel il avait pris la défense du fatalisme, afin de justifier
par là sa conversion. Le traité de Moïse fut achevé à Soria,
le vendredi 1 2 tebeth 6122 (10 décembre 1 36 1) , et, d'après
une note mise en tête, « environ trois mois avant sa mort».
11 résulterait de cette inscription que l'auteur mourut en
1 362 ; mais les mots « environ trois mois » ne sauraient être
pris à la lettre; car nous verrons que Moïse termina son
commentaire sur le Guide le 26 avril i362. Et de plus, dans
ce commentaire (III, 1 7), Moïse cite son petit traité contre
le fatahsme, ce qui peut faire naître quelque doute sur
l'exactitude de la note susdite. Le traité se trouve dans le
manuscrit de Paris, n° 4o3, 2, d'après lequel l'ouvrage a
été imprimé.
XI\* MÈCI.E.
DU XIV SIÈCLE. 679
XVI. Commentaire sur le Guide des Egarés de Mai-
monide, publié à Vienne, 1862, in-8°, par M. Goldenthal.
Dans une note finale, que l'édition n'a pas reproduite, l'au-
teur dit qu'il avait commencé ce commentaire à Tolède,
mais qu'il ne l'acheva qu'au bout de sept ans, à Soria;
il avait interrompu son travail dès le début pour deux rai-
sons : 1° par suite d'un pillage dont il fut la victime, le
deuxième jour de la Pentecôte de fan 5ii5 (18 mai i355);
2° parce qu'il avait été attiré par d'autres ouvrages phi-
losophiques, sur lesquels il composait des commentaires.
Il raconte lui-même que son fds Josué lui parlait dans les
termes suivants : « Tu as fait des commentaires sur les Ten-
«dances des philosophes, sur Hayy ibn-Yakdhàn, sur la
«logique, sur la métaphysique, tandis que tu as négligé
a beaucoup de livres composés par les gens de notre nation,
«et surtout le divin livre, qui brille par la lumière de la
« sagesse, qui fait vivre la nation et qui révèle tous les mys-
« tères. Pourquoi ne serait-il pas traité par toi sur le même
« pied que tant d'autres ? Et quand mon maître sera couché
« avec ses pères, moi et mes amis serons en faute' » (l Rois,
I, 21). A la fin de la note en question, Moïse dit avoir
achevé le commentaire le mardi 1" iyyar 6122 (26 avril
1862), au moment où il se préparait à quitter Soria pour j ..y' "wam ''1';'
retourner dans son pays natal. Il résulte d'un passage de 5; CataJ.. p. 58.
ce commentaire (livre 11, ^7) que dès fan 5ii8 (i358)
fauteur était établi à Soria, où il raconte avoir vu, dans
cette même année, une femme chrétienne âgée de cent
trente ans. Le manuscrit d'Oxford, n° 1269, porte que
la première partie fut achevée au milieu d'adar 5i 29 (mai
1369); nisiis cette date est erronée, à moins qu'on ne la
rapporte à la copie du manuscrit.
Par un passage du commentaire, nous apprenons que
Moïse avait eu avec un grand savant chrétien une contro-
verse qui excita f intérêt de tous les habitants de la ville, et
qui roula sur divers sujets relatifs à la météorologie, à la
' Il veut dire sans cloute au'Us n'auront rien à répondre, si des détracteurs-
yiennent leur faire remarquer la lacune qui «xiste dans l'œuvre de Moïse.-
. , 680 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
MV SIECI.K. •
i;<iiiion7p!ï?. physique et à la métaphysique. A Tolède, il reçut une
Dùioiiario Mo lettre (Ic Sévillc relalive à un passage difTicile de la huitième
proposition du Guide, De Rossi dit que le commentaire de
Moïse fut traduit en latin par Salomon Maimon. C'est une
erreur; de Rossi a sans doute été trompé par l'édition du
Guide, Berlin, 1791,011 l'on a donné le commentaire de
Moïse sur la première partie, avec un litre latin qui a
pu l'égarer.
C'est surtout dans ce commentaire que Moïse exprime
des opinions liardies. Tout en ayant l'air d'expliquer Mai-
nionide, il le réfute assez fréquemment. Mais, comme nous
l'avons déjà dit, grâce à son style obscur on ne s'est pas
aperçu de ces hardiesses, qu'on a fort bien remarquées chez
Lévi ben-Gerson. Il est naturel que son penchant pour
le mysticisme, qu'il montre dans le traité sur la Mesure
de la hauteur de Dieu, ait souvent obscurci ses pensées.
iNarboni considère le judaïsme comme un moyen pour
arriver au plus haut degré des vérités théoriques et morales.
La Thora a un double sens, un .sens simple pour le vul-
r.rxu. Gescii. gaiic et un sens métaphysique pour les penseurs.
,1.1 jude... vi(, ^ r j ^ I 1
l>. .'i.V'^.
V oici maintenant des ouvrages de Moïse qu'on ne con-
naît que de nom :
XVII. Commentaire sur le commentaire d'Averroès sur
le Ciel et le monde, cité dans le commentaire sur le
Guide, I, 5.
\iunk. M, Linges, XVIII. Traité sur la métaphysique, mentionné dans la
c, , . , note finale du commentaire sur le Guide qui se trouve dans
LVber';ri/.,p. 168. les mauuscrits.
XIX. noD 'p-ir. Chapitres de Moïse, cités également dans
le commentaire du Guide, l, 55. Un ouvrage du même nom
par Maimonide existe en arabe et a été traduit en hébreu.
Mciangrv M. Muuk croit que c'était un recueil d'aphorismes philo-
■^ ""^ ■ sophiques; cependant, on penserait plutôt à un ouvrage phi-
losophico-agadique, si l'on en jugeait d'après le texte de la
DU XIV SIÈCLK.
681
XIV* SIÈCLE.
cilalion el surloul d'après la noie qui se trouve à ia marge
(lu manuscrit de Parme, 835, 7, renfermant l'élégie de
Profet Duran; on y cite un passage sur le mystère de la cir-
concision tiré de cet ouvrage.
XX. mnvDniJN, épître spéciale (M. Steinschneider écril Caïai. Bodi.
inroiDxo, dissertation spéciale) sur le commentaire d'Ibn- '""'S^*
Ezra sur la Genèse, 11, 2 (histoire du paradis). Moïse cite
cette épîti-e dans son commentaire sur le Guide des Egarés, ivi.. \><i. ',1 .
Il, 3o.
Sleiiiscbneider,
Catal. de ia Bodl. ,
roi. 1969, II.
Voir ci-dessus.
On met faussement sur le conipte de Moïse de Narbonne
les ouvrages suivants :
i" D'après d'anciennes indications, on avait attribué à r.enan, Aver-
Moïse d(; Narbonne un comntentairc sur le commentaire ">«'• l'- '9^-
frAverroès sur l'Ethique. Il n'en a été retrouvé aucun ma-
nuscrit. M. V^ûslc•nfe^d parle d'une trarluction dudit com-
mentaire d'Averroès ])ar noire auteur. Moïse a écrit des
commentaires, mais n'en a pas traduit. Ee manuscrit 809 de
la Bibliothèque nationale, que M. Wiislenfeld cite à l'appui
de son dire, ne contient rien qui soit de notre Moïse.
•i" Le commentaire sur .lob (]ui est attribué à Moïse de
Narbonne dans un manuscrit de la Bodiéienne est d'Abba-
Mari En-Aslruc de Noves.
.3° De Rossi, dans l'index (!(> son catalogue des manuscrits p ^^^
hébreux , cite, sous le nom de Mnses films Josuœ, avec d'autres
ouvrages qui sont bien de noire Moïse, un traité porlanl le
titre suivant : Scliolia in Min/iagim, col. i48. Moïse de Nar-
bonne semble ne s'être jamais occupé du rituel. Dans le
corps du catalogue, on trouve (pie ce Moïse fils de Josué
est un copiste de l'année 5j52 (1492).
ISAAC LOLANS.
ÏIUDICTELK ET MEDECIN.
La famille Louans (cjniV el yjNi'?) lire probablement son
origine de Louhans, ville du département de Saône-et-Loire.
Isaac Louans est l'auteur d'un petit traité sur l'instm-
TOME \X\l. 86
tttrBliaiiBIK KATIOXALS.
682 LKS ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
\I> SIKCI.E. *
Hisirfîû. a, la ment nommé safiha; ce traité se trouve clans le manuscrit
'■"Tog''^^^"' d'Oxford, n» ^582, 6.
Notre auteur est sans doute identique à Isaac, fils de
Joseph de Louans, (|ui a copié pour Maestro Samuel fils
de Ilayyim un livre do, médecine qui renfermait les ouvrages
suivants : le Secreluin secwlonim, la Practica de Jean Jacmo,
Hisi. liH. cfe la les Questions de Bernard de (iordon et l'Antidotiire de Ni-
n.Til '^^^" colas (axSip-'j) [Prœpusitus]. La copie fut achevée le i i du
mois d'al) 5 127 (17 août 1367). Ce livre figurait dans la
„-^^';ïïrtot collection de M. Gùnzhurg, sous le n" 828.
Fiance israciiir, L^ famille Louans se rendit, après l'expulsion, en Italie,
cidôssoiis,].. 70V puis à Rosheim, en Alsace, et de là à Worms.
ISAVC LATTES,
lllSTOniF.N ET MF.DECrN.
JsAAC, fils (le Jacoh, fils d'isaac, fils de Juda, de la fa-
mille Lattes, était originaire du Languedoc ou de la
Provence, vistà se lit dans l'acrostiche d'une pièce de vers
qui est au commencement de la seconde partie de l'ouvrage
dont nous aurons à parler. Ce nom est celui d'un port près
de Montpellier et d'une localité dans le département des
Alpes-Maritimes. L'orthographe héhraïque est presque tou-
jours. e/NB*?, cpjelquefois ckok*?, où vk doit être prononcé
comme es. Ce nom de famille est encore porté à présent et
Zur Geschichte s'écrïl Lattcs. M. Zunz, sur l'autorité de H. J. Michaël de
,iier.,p.i7 Hambourg (l'ancien possesseur d'une collection de manu-
scrits hébreux qui est maintenant à la Bodléienne), men-
tionne comme membres de cette famille un Jacob fils
d'Élie et un Élie, fils d'isaac de Carcassonne, gendre de
Meschoullam, fils de Moïse, qui fit un commentaire sur le
Guide de Maimonide ou qui défendit ce livre en 1280.
M. Zunz dit, dans une note, que cette donnée n'est pas
schem haggo- d'accord avec Azulaï; nous n'avons pas rencontré ailleurs
.loiim.p. 780. çgg jgy^ noms, que M. Zunz du reste omet dans un autre
Ycsch. Koback, document. On peut rattacher avec plus de certitude à la
VI. p. loî. famille Lattes le médecin Isaac, fils de Juda, de Perpignan,
qui signa en l'année i3o3 une lettre en faveur des or-
DU XIV SIECI.K.
683
HT' siÈnr.E.
tliodoxes; c'est probablement le grand-père de l'auteur
dont nous allons parler. Cet auteur rapporte que son père
composa des écrits relatifs à la casuistique.
L'ouvrage d'isaac Lattes a un grand intérêt pour l'histoire
littéraire, et nous avons déjà eu bien des lois l'occasion de
le mentionner. Il est intitulé -icomp', «Ville du livre» et
est divisé en deux parties, savoir: ^vs "ii'c;, « Portes deSion »,
et pnr n-'rin, « Histoire d'isaac ». On en connaît deux manu-
scrits, l'un <à la Bibliothèque Bodiéienne n" i 298, où le con«-
mencement de la préface manque, et l'autre, ayant fait par-
lie de la collection (liinzburg, qui se trouvait il y a quelque
temps entre les mains du libraire Hirsch Fischl.
Isaac Lattes écrivit son ouvrage en l'année 5 1 32 (1 372 ).
Il dit, dans sa ])réface, qu'il l'avait composé pour sa fa-
mille. Il se sert des ouvrages de Maimonide, de Moïse de
Couci et d'isaac de Corbeil. Il ne craint pas de citer une
sentence du livre Bollr lian-Ncphesch de Lévi ben-Abraham,
<lont les ouvrages hérétiques, écrits de i3()3 à i3i5, de-
\aient être oubliés vers 1372.
La première partie du hirialh Scplicr est divisée en seize
chapitres, savoir : 1° l'histoire de la tradition, sur laquelle
nous aurons à revenir; 2" l'ordre de la Mischna; 3° les six
])arties de ce livre; 4" la bibliographie détaillée des traités
de ce livre; 5" la bibliogra])hie delà Thosiphta; 6° les ten-
dances des i/| parties de l'ouvrage de Maimonide intitulé
Mischné Thora; 7" celles des subdivisions de ces 1 4 parties;
8" les préceptes à observer par les femmes, et quelques
préceptes prohibitifs, ])Our la transgression desquels on
n'applique pas la punition corporelle des quarante coups;
9" les préceptes qui doivent être observés par tout le monde,
quelles que soient les localités où l'on se trouve; 10° les
règles que l'on considère comme reçues par Moïse sur le
montSinaï; notre auteur y ajoute des notes chronologiques
sur les docteurs de la Mischna et du Talmud; 1 1° l'indi-
cation des passages du Pentateuque où chaque précepte
Titre que nous avons déjà rencontré.
Gcschicbtc uixl
l.iteratur, p. 479-
Scliaai c Zioii ,
Calai., fol. 'i58.
Voir ci-di'vsous,
p. 08.").
Uis(. lilt. de la
|-|-anrc, I.XXVII,
|,. G28.
Ibicl.. j). G/i4.
Voir ri-(lessou8 .
|. 085.
86.
HiM. litl. de is
France, I. XXVII.
p. 537, note, et ri-
dessus, p. 471.
M\ SIKCI.R.
684 LES ECRIVAINS JLIKS FKANCAIS
se trouve inentionn»^, coinine dans l'ouvrage de casuis-
lique de Maimonide et les livres de préceptes par Moïse de
(^ouci et Isaac de Corbcil; \-2° l'indication des versets du
Penlateu(|ue qui sont mentionnés dans le (îuide des Kgarés
de Maimonide (un index de ce genre pour toute la iJible
a été fait par Samuel ibu-Tihbon) ; 13" les sections du
Pentatenque et des Prophètes [Uaphtoroth) à réciter dans
les synagogues; \lx" quelcpies passages à\\ commentaire
d'Abraham ibn-Ezra sur le Pentateuque; i 5° les (pieslions
adressées à Maimonide concernant son ouvrage intitide
Misclui'.' Tlinra <;t ses réponses (toutes imprimées d'après
les indications que M. Neubauer a tirées du manuscrit
d'Oxford); 1 6" des e\|)lications mysti(|ues du premier cha-
pitre de la Cienèse. Les plus inq)ortanls de ces chapitres
sont le premier et le neuvième, qui traitent de l'histoire
littéraire des juifs en général, surtout eu Provence. Ce
qui présente pour nous \\\\ intérêt spécial, c'est la litté-
rature du moyen âge. Pour la partie (|ui a été imprimée,
nous avons collationné l'édition avec le manuscrit qui se
trouvait autrefois dans la bibliothèque de M. Gûnzburg.
On peut dire ([ue les deux manuscrits sont incorrecti»,
bien que celui d'Oxford ail été copié en Provence et pro-
bablement dans le xv' siècle, à en juger d'après l'écriture.
Avant de nous occuper de la traduction de cet important
morceau, nous en donnerons la bibliographie. Le premier
chapitre de notre auteur est une imitation des introductions
Hist. litt. <ie la qu'on trouve chez Menahem Meiri et David d'Estella. Pour
p"7,';' ''^^" les parties anciennes, Isaac emprunte beaucoup à ses pré-
voir .i dessus, décesseurs et même les copie; mais il est original pour ce
'' *'' qui concerne les auteurs provençaux de la seconde moitié
au XIV* siècle. Les chroniqueurs relativement modernes,
tels que Guedaliah ibn-Yahya et Azulaï, qui ne connaissent
même pas le titre de l'ouvrage d'Isaac, disent simplement,
quand ils y font un emprunt : « J'ai trouvé tel et tel lait dans
« un ancien manuscrit. » Pour les passages cités par ces deux
,! .1 . bibliographes et chroniqueurs, nous renvoyons à l'avant-
propos de M. Buber, qui a publié ce chapitre d'histoire litté-
DU XIV SIÈCLE. 085
\IV SIKCI.E.
raire, d'après le texte publié par M. Gross, dans la partie
hébraïque du journal allemand Ma<ja:in jiir die Wiisemchafl
rfriJut/cnf/iums, quatrième année (1877), p. 54-77- Le manu-
scrit d'Oxford n'est pas toujours facile à lire pour un copiste
ordinaire, et ainsi des fautes se sont glissées dans ceti«' édi-
tion. M. Buber, à l'aide de Meïri, d'ibn-Yahya et d'Azulaï,
corrigea son texte, dans le même journal, partie allemande,
1877, p. 219 a 234. M- Neubauer, de son côté, donna quel- Ue«utdrsh:iu<ifi^
ques bonnes variantes tirées du manuscrit qui appartenait ["«"eMf/' ' ''^
alors à M. Giinzburg, mais seulement pour la partie concer-
nant le moyen âge. M. Buber publia de nouveau en i885
le chapitre en question, avec ses pro])res' corrections, sans
avoir eu connaissance du second manuscrit. Le litre de celte
édition est jrx ■•■lyw, Schaaré Zion, Bcitrafj 2ur Gcschwhte des
.ludentliums bis 211m Jahre 1372 von Rab. fsaac de Lattes, mit
Anmerkungen nnd einer Einleiluncj verschen, Jaroslav, i885,
in-8''. Dans la préface en hébreu, qui a pour sujet la
vie de l'auteur, ses sources, et ceux qui ont puisé chez lui,
M. Buber commet la même erreur que M. Zunz, en disant
que l'ouvrage s'appelle pnr rn'jir, et que le titré de tc rmp
est celui d'un ouvrage à part. Ses notes sont bonnes et utiles
jusqu'aux pages relatives au xi* siècle; à partir de l:'i, elles
sont sujettes à bien des critiques. Si M. Buher avait connu
les variantes que M. Neubauer a données, et s'il avait fait
usage du XXVII' volume de l'Histoire littéraire, il aurait été
plus exact et aurait pu se dispenser de bon nombre de notes.
M. Neubauer a mis quelques points de toute cette di.s-
cussion dans la Revue des Études juives, t. X, p. 26.^.
Nous donnerons maintenant la traduction des passages
qui intéressent notre sujet d'après les deux manuscrits.
Après- avoir mentionné, sans ordre chronologique et sans
tenir compte de la difiérence de pays, les rabbins français,
déjà étudiés dans le XXVIl* volume de cette Flisloire,
savoir : R. Gerson [de Metz], Jacob fds de Yacjar, Lévi
l'ancien, Salomon de Troyes, Isaac l'ancien, auteur de
Thosafoth, Samson [de Sens], Jacob et son frère Samuel
[de Ramerupt], lehiel de Paris, Éliézer de Metz, Simcon
4 6
xosiÈc... ^S^ LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Qara, Isaac de Marseille, Juda ibn-Thibbon, Meïr de
Rolhemboiirg et Pereç de Corbeil, Isaac revient à l'énu-
mération des rabbins de son pays, la Provence, en pre-
nant ce nom dans un sens large, et mentionne les auteurs
suivants : Abraham ab-beth-din , Moïse fds de Joseph de
Narbonne, Meschullam fds de Jacob de Lunel, Juda Bar-
zilai, Moïse fils de Juda de Bézicrs, Zcrahiah de Lunel,
Meïr deTrinquetailies, Jonathan de Lunel, son grand-père
Meschoullam de Béziers, auteur de la Uaschhmah, Élie (ils
d'isaac deCarcassonne et son fds Jacob, de la famille Lattes,
qui a été instruit par son père et son beau-père; Salomon
lils d'Abraham de Montpellier, son élève David fds de Saûl;
Ascher, auteur du livre rwno (ninio?); «notre grand-père
«Juda his de Jacob, de la famille Lattes», auteur du livre
Asoufoth; Samuel ibn-Tibbon, à qui Lattes attribue, entre
autres ouvrages, un commentaire sur la Bible dont nous
ne connaissons que la partie concernant fEcclésiaste; Moïse
ibn-Thibbon, auquel Lattes attribue, outre les ouvrages
intitulés isp*?, nnDCf, nx^D et o'j'jn, un commentaire sur
la Bible, dont nous ne connaissons que la partie rela-
tive au Cantique; Salomon (fédilion et le manuscrit Gùnz-
burg donnent tous les deux Samuel) fds de Moïse de
Melgueil, auteur d'ouvrages remarquables en tout genre'
et surtout en astronomie, entre autres de l'ouvrage impor-
tant intitulé : niisn"? yp, « But final de l'astronomie », et des
suivants : V'jis'd, ■j'ron 'd, et onai me;» 'd.
Lattes revient ensuite, sans en avertir, aux rabbins de l'est
de la Franco, à savoir : Joseph Bonfils, auteur d'un com-
mentaire sur la Bible; Samson (1. Jacob), fds d'Ahlalion
(Antoli) , auteur du livre intitulé noVo et d'autres ouvrages;
Moïse de Couci, auteur du grand livre sur les préceptes,
composé en 5o4a =1282 (1. 5002 = 1242); Joseph Bekhor-
Schor; Isaac de Corbeil; Simhah de Vitri, auteur du
Mahazor. En Catalogne, Lattes cite David Qimhi et son frère
\'oir ci-<les8U9, ' Dans l'édilion, les ouvrages ci-nom- tant ce nom. Des critiques modernes
]>. 416. mes «ont attribués à Moïse ibn-Tibbon : croient que le nom de Calonymos fils
le manuscrit est plus correct en omet- de Calonymos devait se (ruuvcr ici.
687
A Narbonne,
DU XIV SIÈCLE.
Moïse'; Gerson, fils de Salonion d'Arles
il nienlionne Isaac, fils de Manvan"'; Lévi el son petit-fils
Moïse, fils de Joseph, fils de Marwan^; Eliézer fils de Za-
charie; Isaac fils de Juda; Abraham fils de Hayyim; Salo-
mon, le très vénéré; et en tête de tous se trouvent les
Ï)rinces, Moïse fils de Todros et son fils Lévi el d'autres de
a famille princière [des Galonymos]. H y joint Isaac Cohen,
disciple d'Abraham fils de David et auteur du commen-
taire sur trois ordres du Talmud de Jérusalem; son disciple
Ruben fils de Hayyim; Joseph fils de Gerson; Samuel
fils de Salomon; «le fils de la fille de notre aïeul Gerson
«de Bézieis, auteur du livre pVa, laissé inachevé, mais
« complété par son fils Samuel ».
A Luncl, Lattes mentionne Jonathan Cohen; il rappelle
ensuite f|uelc|ues rabbins de Gérone, et nomme comme
étant un de leurs disciples Isaac fils (fAbraham de Nar-
bonne [et son fils Isaac Narboni]*.
A Tarascon, Lattes mentionne [son bisaïeul] Eliézer fils
d'immanuel, son fils Josué, et le fils de celui-ci, son grand-
père I m manuel, qui mourut du vivant de son père, et
dont un disciple se convertit au christianisme. Ce disciple
est Paillas Christianiis, dont nous nous sommes occupés
dans un autre volume, à foccasion de Mardochée fils de
Joseph. Après avoir parlé de Salomon ben-Adret, Lattes
nomme Ahron (probablement Ahron Lévi), Nathan de
Trinquetailles, Manoah de Lunel.
« A Montpellier, dit Isaac (le texte imprimé porte nix-'ai au
« lieu de nnai), était mon grand-père Isaac fils de Juda (dans
« le texte on lit Juda fils d'Isaac), de la famille Lattes (trNtsN'?;
« texte imprimé CKtaV), le père de mon père, qui est fauteur
« de beaucoup d'ouvrages de tout genre : d'abord sur le
«Talmud; il a commenté l'ordre Tohoroth, à l'exception
«du traité Nidda, l'ordie Qodaschim, traités Qinnim et
' Dans l'édition, on attribue à Moïse
l'ouvrage intitulé VSin JlJsn, « Délices
• de l'àme»; dans le manuscrit, on l'at-
tribue à Joscpii ibn-Aqnin.
' L'édition porte ici imo.
.VI>* SIÈCLE.
' Le manuscrit porte pD.
* Le» mots entre crochets sont des
llisl. litl. (le la
Kraiice, I. XX VH,
p. 563.
Hist. lilt. Fr.,
additions que présente le manuscrit t. XXVII, p. 597.
Gûnzburg. Calai. d'OxFord .
\H SIKCI.K.
688 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
« riuuind, el l'ordre Zeraïm, dans lequel il a commenté une
« parlie de Kilaïm, Ralla (il faudrait peut-être lire Pcali)
«et Orla, d'après la tradition reçue; ])uis sur la physique
M et l'astronomie. »
Lattes nous parle ensuite d'Abraham de Montpellier, l'au-
teur d'un commentaire sur trois parties presque entières du
Talmud, d'isaac Nasi, l'auteur de plusieurs ouviages et sur-
tout d un midrasch sur le Penlateucjue. Puis vient Menahem
de la laniille Meïr de Per|)ignan, l'auteur de Betli Itab-lichira
et d'un commentaire sur toute la Bible. A celle époque,
en i3o6, les juifs furent chassés de la France. En Pro-
vence se trouvait à citte époque le grand R. Israël de
Valabrègue (Olobrègue, nNjnsibiND) qui demeurait à Ta-
rascon et était l'élève de « mon bisaïeul » Immanuel de
Tarascon. Lévi, fds d'Abraham, fds de Hayyim, composa,
entre autres ouvrag. s, le Livyatli liai, « dont la grande va-
«1 leur n'est connue que de quelqm s rares ])ersonnes ». Le
Nasi Calonymos, fds de Galonymos, fils de Meïr, est l'auteur
de beaucoup de livres de science et de philosophie; parmi
(mx est l'ouvrage intitulé : « Livre des rois » (dans le ma-
nusciit : « Livre de gloire des rois » q''3'7D 1123), ouvrage por-,
tant sur l'arithmétique, la géométrie et fastrologie. Joseph
(iaspi composa plusieurs ouvrages, notamment un com-
mentaire sur la Bible. David d'Estella écrivit un commen-
taire sur la Bible et le Talmud, où il donne les opinions de
Voir ri (lesius. scs prédéccsseurs, et qu'il a intitulé : Kiijalh Scpher. [Yequtiel.
p- '>!''• Cohen, surnommé Scn Astruc Cohen, est également l'au-
teur d'un commentaire où il donne les opinions de ses de-
vanciers.] Schimschon (le texte imprimé porte Siméon; le
manuscrit d' "> seulement) de Ghinon composa le Sépher hah-
Kcritouih. Isaac fds de Mardochée Qimhi , surnommé Maestre
Petit, est l'auteur de commentaires sur le Talmud et d'autres
ouvrages scientifiques. Puis viennent Abba Mari ben-Éligdor,
Voir ci^iessus, sumommé Sen Astruc de Noves, Abraham de e?nDe?i3 (ma-
•'■ nuscrit : cruNn^j ou E?BK^":) et Joseph uiio (Tournon? ma-
nuscrit : vamo). Ce dernier fut tué dans la persécution de
l'année 5io8-= i348 (pendant la peste noire).
DU XIV SIECLE.
689
UV* SIÈCLE.
Isaac Cohen, son fils Pereç, et Meschoullam, le fils du
dernier, étaient de grands savants. Un des plus grands
fut aussi Rabbi Lévi, fils du grand Gerson, surnommé
Maestro Léon de Bagnols. « Mon père Jacob, fils d'Isaac, do
«la famille Lattes, est l'auteur d'un commentaire sur des ^'^ '^
« traités du Talmud, savoir : Aboda Zarn el Nedarim ; mais il
« a également écrit sur d'autres matières; il mourut pendant
« les calamités (i3/|8?). Puis vient le grand R. Mardochée,
M fils de Josué, surnommé Maestre Violas do Uodez, gendre
«de mon aïeul Isaac fils de Juda, (h'-jà mentionné, auteur
«de plusieurs ouvrages. Néhémie fils de Jacob, surnommé
« Sen Macif Jacob de Lunel, est l'auteur de plusieurs ou-
« vrages. Enfin nous arrivons à l'année 1.372, épocjuo des
« grandes guerres et des massacres, alors que naturellement
« les écoles furent interrompues. Nous mentionnerons à Per-
« pignan Salomon fils d'Abraham, et à Paris Mathithyah, fils
« de Joseph, fils de lohanan Ascbkenazi. »
Telle est celte préface incorrecte et confuse , mais qui reste
le document fondamental de nos recherches. En dehors de
sa préface. Lattes cite peu de rabbins, au moins dans cette
première partie. Notons cependant Abraham fils d'Ephraïm,
auteur d'un « Livre des préceptes » (fol. .52 ) , où il mentionne
les rites de France (•'nD^s) et de Bourgogne (nxi^jima). Dans
le dernier chapitre, les noms deviennent plus fréquents.
Lattes cite Caspi, sans mentionner aucun ouvrage de lui,
et no K3N 1, no K3N -nn, d'kt, peut-être Abba-Mari de Noves,
ou un autre rabbin de ce nom.
La seconde partie de l'ouvrage de Lattes contient, au
commencement, deux pièces de vers, l'une de dix lignes,
où le titre du livre, noo nnp, se trouve; une autre de vingt et
une lignes, donnant l'acrostiche suivant : c^bn'jt apy p pns"» •'jk
pm «Moi, Isaac, fils de Jacob de Lattes, sois fort». Cette
partie est un commentaire théologique et casuistique , com-
pilé de différents auteurs, aux extraits desquels Isaac a
ajouté diverses questions, qu'il introduit par la formule
suivante : V""» = viûià Tpmf idk, « Isaac Lattes dit ». L'ouvrage
est incomplet dans le manuscrit d'Oxford; il finit avec la
TOME XXXI.
4 6 *
«7
UirftJKEPlI SAIIO^iLE,
Voir ciilessu»,
Voir ci-ilessiis,
p. 65 1.
X.VS.ÈC..E. 690 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
section Ne?n 13 (Exode, xxxii à xxxiv). Isaac cite souvent
des pièces de vers sans donner le nom des auteurs; en fait
de rabbins ou d'ouvrages rabbiniques, il cite les Guerres de
Dieu de Lévi hen-Gerson avec l'eulogie n'y = Di'?wn r^»,
M que la paix soit sur lui »; le grand savant Matithyah, fds
de R. Joseph ("nnSnananmiaDp), imtnp nanx ^iato inx iDca air:
D^jain -"jnnK (?) iBoa mrn idd (fol. 127''); une réponse de son
iiisi. iiit.de la aïeul Eliézer fils de R. Immanuel de Tarascon, adressée à
p.T.t ""'''"• Samuel d'Agde (npKo); David d'Estella; R. Nethanel; R. Jo-
seph, R. Isaac et R. Juda, rapportés au nom de Jacob de
Ramerupt; le o^nn yv, l'Arbre de vie, livre rituel par Jacob
iMs. (ieL.i|.iig, fils de Juda [de Londres]; Judah o^io'». Nous n'avons pas
f.^sV.^' *"""'' ï^esoin de dire que Laites allègue les anciennes autorités,
Hevued«»i;iu<ics telles que Gerson de Metz, Raschi, lehiel de Paris, les
j"'xv,i^^,î;^,s^° savants connus de Lunel, Montpellier, Narbonne, Béziers,
Perpignan (Meïri), et le célèbre Salomon ben -Adret de
iiisi. lin. .1, la Barcelone. Il se sert des traductions des livres d'Aristote et
hra..r.. ..XXVII, fl'Averroès, du Malmad de Jacob Antoli.
|>, .Toi .
Isaac Lattes écrivit aussi sur la médecine. On a de lui
un traité sur les fièvres, qui se trouve dans le manuscrit
d'Oxford , n" 2 1 33 , 5 , divisé en onze parties, précédées d'une
introduction. Le titre a été probablement donné par un
copiste provençal : ^>^v>t(hn pnr idnd. Traité d'Isaac le Latic;
ce titre est répété en tête de chaque page. Voici le com-
mencement de l'introduction : oVe^n p pnx^ nayn navn ion
Dv onsDa ivtt -"Dy i:iy rx ti^'Hi pi [sic) vtmtth n^'a"? y"j apy n^Vion
iioVa pm i3ipi n3N'7Dn dkî •?» D>nainDn anson •y\'ti(^ nxiDin dsnVo -pm
ni 1*7 non^ ivK monD n ■'Di 'D bs^ ]•'Zî^h^ y^p'' Tnsm msiaorn nnxn nsD
1*7 vv -"dVi '<s•\h^ ''nab naK-isix nu r^aa ••'j v njop nino ^noN .naa rn naa
^M^n'7 V'jar nDsnno D'non on dki hkibih nax'jDa Jinj'ji niaaa rimn"? npiem
po"? la V'javc; non inv"? -idxdh nt d» njioKai nnoaa }"»•? iVavi njiDxa
« Le serviteur hébreu Isaac, fils du savant accompli
«Jacob (que son âme repose dans le paradis!) de la maison
« Lattes, dit : Ayant vu la misère de mon peuple en Egypte,
• la longueur de l'étude de la médecine, la longueur des
DU Xl\' SIECLE.
691
\1V* SIKCI.E.
« livres qui traitent de cet art, la brièveté du temps qu'on y
« peut consacrer par suite des troubles et des calamités,
«et la nécessité qu'il y a de recueillir et de faire com-
« prendre à chacun ce dont il a besoin en tout lieu, je me
« suis dit ce qui suit : J'ai un petit cadeau caché dans ma
«maison, que je vais produire pour le bénéfice de mes
« frères et amis. Quiconque voudra gagner sa vie honora-
« blement et pratiquer la médecine, tout en n'ayant qu'une
« science incomplète, pourra le fain /n sécurité en consul-
« tant sérieusement notre traité; de la sorte, il sera sûr qu'il
M ne fera de mal ni à lui-même ni aux autres. Que Dieu
« me sauve des erreurs. Amen. »
Le traité d'Isaac Lattes traite : i" Des fièvres sanguines
(rroin nmpa), en quatre chapitres; 2" des fièvres colériques
(nvonxn pn), en trois chapitres; 3" des fièvres phlegmaliques
(nrjaVn pn), en trois chapitres; 4" des fièvres mélancoliques
(nr-inc?n '^n"^, en trois chapitres; 5"* des fièvres épidémiques
(main '^n)^ en trois chapitres; 6° des fièvres composées
(masmon pn), en un chapitre; 7° des fièvres hectiques (kp''Din
et xpiDN 'pa) , en trois chapitres; 8° des accidents qui arrivent
avec les fièvres (nimpn ay np-" ne onpo '7'7aa), tels que la sueur,
en un chapitre; 9° des maladies qui se produisent dans les
côtes et dans les poumons (nVvai isn nbsaa n^nn), en un cha-
pitre; 10° des ulcères et (?) (pN'D"'3e?ai pnc?a), en
trois chapitres; 11" des conseils aux médecins pour pré-
venir le danger. Les recettes sont en latin et en provençal
transcrits en caractères hébreux.
Nous avons dit que M. Steinschneider a cru devoir attri-
buer cet ouvrage à Isaac fils de Jacob Lattes (vers i3oo);
nous regrettons de ne pas avoir connu, pour notre XXVIP vo-
lume, les additions de ce savant à la note de M. Zunz sur
la famille Lattes.
Isaac Lattes est fauteur d'une note sur l'indigestion (.3)
nyipan -!DKD, qui est contenue dans le manuscrit d'Oxford,
n° i 1 42 , 34- Son nom est écrit ici ONBx'jn pnej^x ikd.
^-. , ,- iiTi- KeYuedes Éludes
Un trouve un Isaac de Lattes dans le Dauphine en 1 44 7- juives, ix, p. 26^,
«7.
liist. litt. ik lu
Kraiire. t. XXVII.
!>. G58.
Ycscliurun Ko
back, VI, |>. io3.
IIV SIECLE.
Zut Gescli. uncl
Lin., p. 1S78.
Voir ci-dessous ,
[). 695.
Voir ci-dessus,
p. 58 1.
Oibl. rabb..
Indeï.
Ibid., IV,
]<. 388 a.
Bibl. judaica,
p. àGg.
Sif. Yesch.,
p. ,181. .
Ribl. licbr., I.
"' 179''-
Contra astrolo-
gos, p. 45o.
Calai, in-fol. ,
p. i68i, ii'3o.
Bibl. hebr.. I,
n* 1016.
Ibid., 111, p. 876.
Ibid., IV, p. 940.
692 LES 1^:CRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
La famiUo Lattes émigra en Italie; M. Zunz en mentionne
plusieurs membres à partir du xvi" siècle jusqu'à présent.
Le nom de famille qui existe en Italie est Lattes. Nous aurons
l'occasion de mentionner Isaac ben-Immanuel de Lattes,
qui vécut vers i55o, en Italie et à Avignon, et qui, dans
son recueil de consultations, nous a conservé quelques
données intéressantes sur les juifs de Provence.
IMMANUEL DE TARASCON,
ASTRONOME.
Immanuel (ils de Jacob, surnommé Bonfils, sans doute
originaire de Tarascon, où il fit, comme nous le verrons,
la plupart de ses observations astronomiques, était un cé-
lèbre mathématicien et médecin. C'est peut-être son fils qui
est le copiste du manuscrit 266 de Parme; car ce copiste se
nomme Salomon fds d'immanuel (quelques lettres sont
effacées), et il dit avoir achevé la copie dans le mois de
siwan 5o44 (mai -juin i388) à Tarascon (pperniD "jnjoa).
Mardochée Nathan l'appelle simplement Tarascon. Barlo-
locci ne le mentionne pas; il attribue son ouvrage intitulé
« Les six ailes » à un Salomon Talmid. Buxtorf et Schabbethai
Bass font de même.
Wolf connaît son livre d'astronomie et d'astrologie
contre Albaténi, Ptolémée, Abraham ibn-Ezra, etc. en ma-
nuscrit à Oxford et à Leide. Peut-être, dit-il, cet ouvrage
est-il identique à celui dont parle Pic de la Miraudole, aux
Tables astronomiques citées par Plantavitius sous le titre
de Q"'BJ3n "jya nm'?, et aux Tables qu'on trouve dans la biblio-
thèque Laurentienne. Nous verrons que ces ouvrages ne sont
pas identiques entre eux. Wolf mentionne le livre intitulé
« Les six ailes » comme attribué à Salomon Talmid. Dans
le troisième volume, il donne plus de renseignements sur
ce livre, et reconnaît que l'ouvrage attribué à Salomon
Talmid est identique à celui de notre Immanuel. Dans le
quatrième volume, Wolf distingue « Les six ailes » de l'ou-
vrage intitulé r\)hnn p». Il ajoute que le commentaire grec
de Georges Ghrysocca, en manuscrit à Vienne » intitulé :
DU XIV SIECLE. C93
XIV SIEIJ.E.
juives, \IJ, j). ()((.
liihl. Iiebi-..1V.
ÈxSotni els to lovSaÏKOV è^anlépvyov, divisé en six IlTepo^
el où il est dit que cet ouvrage fut composé dans ia ville i.aini>ccius,vii.
d'Italie appeléeTapayxFras, n'est autre chose qu'un coinmen- ''stohncimpuiier^'
taire surle traité intitulé « Les six ailes » , composé à Tarascon ''»■>« •« Maiiir.
par Immanucl. VVolf ajoute encore que Salonion Azubi de ' ' ""'
Carpentras possédait ces mêmes tables, dont il parle dans liii.i. i..i,i., m,
ses lettres à Schickhardus, et dont il dit, en i632, qu'elles ' '"'^
furent composées à Tarascon il y a trois cents ans. Azubi, en iicMiodtsKiiKi.s
effet, parle de ce traité dans ses lettres à Peiresc. Quant à
Salonion Talmid, Wolf l'abandonne, après avoir examiné
le manuscrit Uffenbach (à pré.sent à la bibliothèque de
Hambourg; n° 290, 2 , du catalogue de M. Steinschneider); *■'"'' i' ""■
mais il dit qu'il est possible qu'un auteur de ce nom ait
écrit un ouvrage avec le titre de d^bjo ©er.
Rien n'était imprimé de notre auteur quand M. Fiirsl ri
M. Steinschneider composèrent leurs ouvrages bibliogra-
phiques; voilà pourquoi ils ne lui consacrent pas d'article.
M. Loeb dit qu'il était contemporain de Lévi ben-Gerson, »,Mic<it,Kiud.-s
mais un peu plus jeune, et il renvoie au manuscrit de Mu- J"'*'"' ' p 77
nich , n° 3 86 , 3 , d'où il résulte qu'Immanuel écrivait encore
en i365. Lévi étant mort en i344, nous ne voyons pas
que la date de i365 prouve la contemporanéité d'Imma-
nuel et de Lévi. Disons plutôt qu'on ne connaît ni l'année
de la naissance de notre Jacob ni celle de sa mort. La
copie du manuscrit de Turin n° i83, qui renferme les
éléments d'Euclide, fut faite par notre auteur, et achevée le
vendredi 20 tébet 5 106 (16 décembre i344)- Nous verrons
qu'il a fait des tables astronomiques pour l'année i34o
et qu'il enseignait les mathématiques, probablement aussi
la médecine, en 1377. ^^ ^^ 'J^* observations à Tarascon, voir ri dessous.
sa ville, natale, à Avignon, et, à une certaine époque, il p 7°°
tint école à Orange. Ses tables astronomiques intitulée?
«Les six ailes» doivent avoir eu un grand succès, à en
juger d'après le nombre des manuscrits qu'on en trouve
dans toutes les bibliothèques. Il s'en fit, en i4o6, une tra-
duction latine, sur laquelle Chrysocca composa son com- y"'"^ ci-dessus.
,. ,iT ' r»' 11»»' 111 p. 693 , et le M«i-
mentaire. JNous avons vu que Pic de ia Mirandoie les a pro^ lir,xv,p.39,4o.
MV SIECLE.
|i. Oqi , l>r)3.
oi \ii\(;;:s
tV\r,ITIIMKTIIII K.
694 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
bablement connues, et sûrement, s'il les a connues, c'est
Voiici-aejsii", à l'aide d'une traduction latine. N'oublions pas les nom-
breux commentaires en hébreu de ces tables qu'on ren-
contre parmi les manuscrits de Paris, d'Oxford et de Ham-
bourg.
11 est difficile de ranger les travaux d'immanuel dans
l'ordre chronologique. 11 n'y en a que deux qui aient des
dates, et encore ces dates varient-elles dans les dilTérents
manuscrits. Nous croyons que la meilleure méthode est de
commencer j)ar les notes et les petits traités et de mettre les
ouvrages les plus imporlanls à la fin. Un certain nombre de
CCS notes ])euvcnt appartenir aux grands ouvrages. Les
rédactions diffèrent; il y a des additions dues à une main
postérieure (lan.s les uns et les autres^ Commençons par
l'arithmétique.
1° Traité de calcul pour trouver approximativement le
rapport du diamètre à la circonférence. Le rapport trouvé
par Immanuel est à peu près :: 21600 : 67861. Ce traité
est suivi de quelques autres règles de calcul, notamment de
l'extraction de la racine carrée. A la fin, on explique un
passage du livre de la Création (attribué ordinairement au
patriarche Abraham ou au docteur de la Mischnah, R. Aqiba),
relatif à l'arithniélique (t.edi -idd ied). 11 n'est pas sûr que
ces deux écrits soient de notre auteur. Le traité de calcul
se trouve dans le manuscrit de Paris 1290, 5. A la fin de
ce manuscrit, on lit les mots suivants en caractères ro-
mains : AlmoU nouval Je seiiner mastre Samicl AlJ'arini hua
(le la lila de Perpignan, écrits probablement par un d(>s pro-
priétaires.
2° Diverses propositions d'arithmétique relatives à la di-
vision, à l'extraction de la racine carrée, etc., qui se trouvent
dans le manuscrit de Paris 1081, 1. La suite, u" 2, donne
des observations sur différents points d'astronomie qui
appartiennent aussi probablement à notre auteur.
3° pi'jn Tn, note sur les chiffres décimaux, désignant des
nombres entiers ou des fractions, qu'on trouve dans, le ma-
nuscrit de Paris io5/|, 6.
DU XIV SIECLE. 695
XIV ÏIECI.E.
OUVRAGES
U'ASTBO:«0»IIE.
Passons inaiDtenant aux ouvrages d'astronomie :
1° caoïsn niDipD 2wnb nini'jD -iWi, traité sur le cours moyen
des planètes. Le manuscrit de Paris io54, 6, présente,
en guise de litre, les mots i'?''S pa 't njiîcn. Le traité fut
composé à Tarascon, à une époque qui ne saurait être
antérieure à i34o. Ce traité se trouve dans les manuscrits
de Paris, 908, 5, sans les tables, et io54, G, probable-
ment aussi dans le manuscrit de Munich n° 386, 2.
i° La vingt-neuvième pièce du manuscrit de Munich
n" 343 contient une table pour calculer la déclinaison du
soleil, basée sur l'ouvrage intitulé itynpx', «Pierre du
«secours», qui ne semble pas, quoi qu'on en ait dit, être caïai. .Muuici,
d'Abraham bar-Hiyya. Le calcul sur la hauteur du soleil est '^ ''^Jj' ''■'*"^'"'
lait pour Tarascon et Avignon, par notre Bonfds.
3° Le manuscrit de Munich n" 343, 18, contient un
chapitre intitulé naita njro niV, «Table de bon cadeau», sur
la détermination de la planète Vénus de i3oo à iSÔy;
c'est probablement un extrait des ouvrages de notre
auteur.
4° in^K?» •)lz^ a'jiiBSNn n"©» nixa, « De la manière de con-
« struire l'astrolabe ». On trouve ce traité dans les manuscrits
de Paris n"' io5o, 6, et io54, 2. Le manuscrit de Munich
386, 2, fol. 3, contient peut-être les figures de l'astrolabe;
les latitudes d'Arles, de Tarascon et d'Avignon y sont
données. On peut aussi consulter le manuscrit de Londres,
Jewish Collège, n" i38, 3 (/ et 12, où l'on voit qu'lmma- (.aui. |,. io.
nuel doit avoir enseigné à Orange.
5° Une note sur les cycles (msipn) existe dans le manu-
scrit d'Oxford n" i483,4.
6° Parlons enfin du célèbre ouvrage d'Imnianuel, ^thz
on»j , « Ailes des aigles » , ou 0^0:3 vv , « Six ailes » , traité astro-
nomique en six chapitres, sur les conjonctions, les opposi-
tions, les éclipses, etc., fait à Tarascon, « situé sur le fleuve ms. de Pari*
« Rhône » (ms. Tnn, l. iji>n). Ce traité a été très répandu, et on "° '"^s- -^
le trouve en manuscrit dans presque toutes les bibliothèques.
' Voir cependant l'article sur Mardocliée Nathan, ci-dessas, p. 58i,
Xlt' SIf.CI.B.
690 LES KCHIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Celle (le Paris possède l'ouvrage dans les manuscrits sui-
vants : looô, /(, où manquent les tables astronomiques;
lo/rj, 2; xoiUj, 3; 1076, où l'ouvrage est suivi d'un poème
sur les treize articles de foi, dont l'auteur est un autre Im-
mannel; 1077, 1, où le traité intitulé «ii'jnn i^y est men-
tionné, et où se trouvent des gloses sur les « Six ailes » par
Moïse lils d'Isaac, faites en i386 ou 1887, le calcul étant
doniié pour ces années; 1078, 1, où le calcul est continué
jii.s(ju'à l'année i49o par le copiste Uziel, qui a écrit en
i4o8; H)7(), 1, où l'on trouve, entre les dissertations astro-
noniicjues et les tables, des pièces qui ne sont pas de notre
Catai . p. i,i«. auteur. Il y a beaucoup de manuscrits des Six ailes à Oxford;
nous noierons en particulier le n" :«o/|C), où l'ouvrage porte
le titre de D'-Djsn iec. Le manuscrit de Munich 128, 2 , con-
tient en addition le cycle 274 ( 1 428-46). Le manuscrit du
Vatican n" 3o2, 3, a les cycles 269 à 278. Le fragment qui
se trouve dans le manuscrit du Jewish Collège, Londres,
n" i38, 1, indique comme date l'année i34o. Quant au
Voir ci-dessus, mauuscrit de Leide, cité par \\ olf , on peut voir le cata-
''■ '''''■ logue de M. Steinschneider.
Le manuscrit de Munich 343, 1, rapporte l'achèvement
du traité à Taniscon, tammuz 5o25 (juillet-août i365). On
ne rencontre pas celte date dans d'autres manuscrits ni dans
.MaiVii, XV, l'édition de Zilomir, 1872, par les soins de Nahmu ynaa.
Steinschneider, INL Steinschueidec suppose qu'il y aurait eu deux rédac-
tions; ce qui expliquerait qu'Immanuel cite les Six ailes
dans son r|i'?nn p» et réciproquement. Le manuscrit a les.
cycles 269-280. La quatrième pièce de ce manuscrit ren-
ferme un abrégé de la seconde aib. Le manuscrit de
Parme, De Rossi, n° 749, présente, au fol. 86, une addition
d'Immanuel aux tables astronomiques de Jacob ben-Machir,
renfermant un calcul plus pratique. Le commentaire, dans
le manuscrit de Hambourg 290, 1, mentionne la latitude de
la ville ou province de cro'jn et ©"jo'jn, qui semble être
une localité française.
7° «iiVnn -jn» iDxD , traité sur la valeur de l'inégalité. Cet
opuscule traite des inégalités du cours du soleil et de la
C.atil. de Miinicli
p. i5i. m'.'ÎU, 1
DU XIV SlECf.E. 697
xi\ siFCi.r;.
lune, el de la nécessité de mettre ces inégalités en ligne
de compte, pour fixer exactement la date des conjonctions,
des oppositions, des éclipses, etc., attendu que les tables
astronomiques renferment à cet égard des erreurs considé-
rables.
Dans le manuscrit de Paris n° i()54, i.^, on a ajouté
nne note d'Immanuel sur un passage difficile du traité inti-
tulé «Forme de la terre», par Abrabani bar-Jliyya, relatif
aux éclipses de lune. Les calculs sont faits pour Tarascon, m> ^I' Uu\>\
rn l'année i.3()5; l'ouvrage intilidé Six ailes y est cité. «ir., n.i.
Le manuscrit de Municli 386, :>. , donne à l'ouvrage
la date de i34o. Le manuscrit n" 343, ai, de cette bi- caidovinuidi,
bliotbèque renferme également un fragment du traité en ■^''■''"■"
question.
Le manuscrit d'Oxford 2o5o, i, porte la date de 5i'<6
( I 3G6) , et indique que l'ouvrage a été composé à Tarascon.
Immanuel y cite, outre les tables de Lévi ben-Gerson, \"'•^ 'i-'i'^^ssns,
Albaténi, Abraham ben-Ezra, un almanach rédigé par un ' ^'
grand savant et annoté par un contemporain, il renvoie à
son traité des Six ailes et ajoute une note explicative sur
les balances d'Knoch. A la fin, il y a un traité intitulé Caui. <iOxfoi<i
U12U pp^n mS, Table pour calculer le soleil; nous ne savons ''''''
s'il est de notre auteur.
Finissons par quelques écrits astrologiques. oi.\kvci.s
i" Petit traité astrologique sur les sept constellations, qui
existe dans le manuscrit de Paris io48, 4, et commence
par les mots suivants : am niK^a uik'd iwn iuk apy^ p 'jNijDy idk
riKXin -iKaV ^p-'Kt D^jnnKn occron ^osn -pi hs cran rNSin yn niNJi
.tDBWDn "-Dan -pi "jy D'caon
2° Le manuscrit de Leide, Warn., 43, 2, contient un
fragment d'astrologie, que M. Steinschneider attribue à
Immanuel.
3° M. Steinschneider croit devoir attribuer aussi à notre
auteur un commentaire sur un passage d'Abraham ibn-Ezra
relatif au tétragramme; le passage est dans le commentaire
d'Ibn-Ezra sur Exode, xxxiii, 2. Le commentaire donne
vingt-six conjonctions des cinq planètes. Ce traité se trouve
TOME XXXI. gg
D'ASTROI.OCIE.
imiMlua a4Xl*«*L«.
. , 698 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
II»* 9IECI.I. ^
dans plusieurs manuscrits, en particulier dans le manuscrit
de Paris 8a5, 8, et dans celui de Munich 2 85, 7; ces deux
manuscrits désignent l'auteur par le nom seul d'Immanuel.
C'est peut-être un homonyme de l'écrivain dont nous par-
lons en ce moment.
4° lun ■'31K0 *?» nitca, note sur les balances d'Enoch et
d'Hermès, mentionnées dans le livre des Nativités d'Abraham
ibn-Ezra. Cette dissertation se trouve dans le manuscrit de
Paris 9o3, 1, à la fin de la traduction du livre des Inten-
tions des philosophes de Gazzali par Isaac al-Balag, et dans
le manuscrit io54, ô'', de la même bibhothèque.
5° Note sur les neuf comètes, attribuée à Ptolémée, mais
probablement de notre auteur. Elle se trouve dans le ma-
nuscrit io54, 5', précédée des mots suivants : Mm n-'n ni
.cBia hvz VKUoy '-ih iiin ^jîkd niK^a ow O""» fST 'j m nn» lans"?
Il nous reste à mentionner un ouvrage d'Immanuel
étranger aux sciences, mais de grand intérêt pour fhis-
toire littéraire. Le titre en est nijos'îN rn'jin, «Histoire
« d'Alexandre ». C'est une traduction du latin en hébreu de
Calai. Peyron, la légende fabuleuse d'Alexandre connue sous le nom de His-
''■ '^^ toria deprœliis. Cette histoire se lit sans nom d'auteur (la pre-
neyii«.ie«):iu<ies mière feuille manque) dans le manuscrit de Paris 760, 2;
if su'v' Voi/auls^i €"116 se retrouve dans le manuscrit de Turin ccxviii; là le
saromeibamiMck. traducleur se désigne, dans la préface, par ces mots :
.[..Mil «l'auteur des Ailes». Voici la traduction française de cette
courte préface, d'après M. Israël Lévi, qui a eu le mérite
de reconnaître l'identité du manuscrit de Paris et de celui
de Turin, et qui prépare une édition de l'ouvrage : « Le tra-
« ducteur, l'auteur cfes [Six] ailes dit : Ce n'est ni la pré-
« somption, ni la confiance en f élégance de mon style qui
« m'ont décidé à traduire ce livre du latin en hébreu; car je
« connais mon ignorance. Mais je désirais fort cette traduc-
« tion, voyant l'ouvrage dans la littérature chrétienne, orné
« de magniûques dessins et de miniatures en couleurs di-
« vçrses, en or et en argent; car les chrétiens ont une grande
a prédilection pour cet écrit. Beaucoup même ajoutent foi
DU XIV SIÈCLE.
699
« à ce qu'il renferme; mais je ne suis pas de ceux-là. Toute -
« fois il ne manque pas d'utilité, et voilà pourquoi je l'ai
« traduit. Que le lecteur ne m'accuse pas d'avoir cherché en
« ce travail motif à me glorifier; j'ai voulu seulement satis-
« faire un de mes désirs et me contenter moi-même; je me
« disais : Quand je serai en compagnie de personnes distin-
« guées ou de gens simples, je leur raconterai les histoires
« de ce livre; cela leur fera plaisir et leur sera doux comme
« du miel. » Nous ne savons pas la date de cette traduc-
tion, qui est postérieure en tout cas au livre des Six ailes.
Nous croyons que c'est le dernier de tous les ouvrages
d'Immanuel.
\IV SKCLE.
Voir
• 69.1.
Une exposition de Eccl., vu, 27, se trouve, dans les ma-
nuscrits, sous le nom d'Immanuel tout court. D'autres ma- ,,44, g
nuscrits portent par erreur : Immanuel ben-Salomon.
ISAAC FILS DE TODROS,
MÉDECIN.
IsAAC fils de Todros était originaire d'Avignon. Il dit
lui-même qu'il était encore jeune (^»:) lors de la peste qui
éclata en l'année 5i37 (1377), pendant qu'il étudiait les
mathématiques et l'astronomie chez Immanuel fils de Jacob.
Il semble, à en juger d'après les interprétations des versets
bibliques qu'il donne dans son traité, avoir été versé dans
l'étude de la Bible; mais il ne montre nulle part aucune trace
de connaissances talmudiques. Toutefois, étant donnée la
méthode d'instruction chez les juifs à cette époque, on peut
affirmer qu'Isaac a étudié les livres du Talmud; son style
hébreu, qui est assez coulant, confirme cette supposition.
En lisant ie Guide des Égarés de Maimonide, il fit connais-
sance avec la philosophie du temps, et comme tous ses pré-
décesseurs, il s'occupa aussi d'astrologie. Mais sa principale
étude fat \& médecine. Il connaissait les ouvrages sur cet art
écrits en latin; certainement il ne pratiquait pas ceux qui
étaient écrits en arabe, supposé même qu'il ait su quelque
peu cette langue.
88.
CaUl. dO»foid ,
n" 2157 ri
ci-deiisui,
M» Slt( I.K.
700 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Deux ouvrages médicaux portent le nom d'Isaac fils de
Todros.
I. -n'? nK3 (allusion à (ien., xvi, i4)i « Puits du vivant»,
traité d'hygiène j)Our se préserver de la peste rpii sévissait
en l'année 1377. Il renferme deux avant-propos sur l'air et
trois chapitres sur la diète et les remèdes. Ce n'est ])as ici
le lieu de donner des détails sur les remèdes qu'lsaac prescrit.
Nous mentionnerons seulement les autorités dont il s'est
.servi. Outre Ili|)pocrate, Galien, Avicenne, Ibn Zolir, Mé-
sué, Averroès, nous trouvons cité le célèbre médecin de
Montpellier Jean de Tornamire, auteur d'un traité sur la
peste, « médecin de notre seigneur le pape «; ce qui prouve
(ju'Isaac demeurait dans les Etats pontificau.v, probable-
ment à Avignon. Parmi les médecins juifs, il mentionne
Isaac Israëli l'aîné, Maimonide, Moïse de Narbonne, son
Voii .1 de-ns, maître, le grand médecin Immanuel fils de Jacob (1377)
p. 571.066,0.,. ^.j j^jjjj ^Pqjj Godas) Nathan, qu'il nomme sans ajouter la
formule usitée pour les morts.
Le traité en question se trouve dans le manuscrit de la
bibliothèque Gùnzburg n" i65. M. David de Gûnzburg l'a
édité avec une préface en hébreu, où il donne la description
du manuscrit, qui renferme plusieurs autres ouvrag(>s, et
une notice succincte de l'auteur. L'édition a paru dans
l'ouvrage intitulé : Jiibelschrift zum neunzigslen Geburtstag des
ly L. Ziin:, Berlin, i884, p- 9« et suiv. de la partie
Caui. a Oifoid . hébraïque. La Bibliothèque Bodléienne, n" ^585, 3, pos-
coi. 1117. j.^(|g yjj autre manuscrit de ce traité à l'aide duquel on
pourrait corriger quelques mots douteux dans l'édition.
II. Un traité sur la torsion de la face, intitulé nxipKb idkd
D-'jDn rrn» H^r^^ (arabe »yJ), et adressé à un ami par Isaac To-
dros; en manuscrit à Oxford, n" 2 1 4 2 , 3 1 . Nous croyons de-
voir l'attribuer à Isaac fils de Todros, bien que le nom d'au-
teur soit ici Isaac Todros. Dans l'usage provençal, le second
nom ainsi placé est celui du père. Peut-être aussi le mot p
est-il simplement omis.
DU XIV' SIÈCLE. 701
XIV'SIÉCLK.
JACOB BONET,
ASTRONOME.
Jacob, surnommé Bonet, fils de David, fils de Yom-To!) strinsciimia.i,
Bonjorn, est l'auteur de tables astronomiques, faites à Per- i'"'»'"*''' p O'^.
pignan en i36i. Dans un manuscrit il est nommé Jacob Ms. de i';iris,
Poël Cjyis), nom fictif dont nous ne connaissons pas l'expli- " "'^'"" ''
cation. C'est par erreur que M. Neubauer crut d'abord que
les tables avaient été composées en 1601. Ces tables pa- \u. aouoni.
raissent avoir été très répandues; car les différentes biblio- "° "'^'' '
thèques en possèdent un grand nombre de manuscrits, et
on a fait sur elles beaucoup de commentaires, dont fun m>s. <ie l'aris,
est de Joseph, fils de Saùl Qimhi, et se trouve dans le fî,„\°erde \hiiiicn'
manuscrit i, V, i, 7 de la bibliotliè([ue Casanalensis à Rome; '"Je" Jes.aïai.
on y lit : linruiaT 0^:12 yv mm'? "?»... -iix-'a nisp. Dans quelques
manuscrits, on en trouve une traduction hébraùpie laite sur
le latin. Ainsi dans le manuscrit (f Oxford n° 2072, 2, on lit
la suscription suivante : 13 apy 'ih onvv inv ''M i^'z -riNsn ht ntti
uansi irii»'?'? DTprym . . . mn'jiD mnh mm"? la ]i-n3 p nn, « Vois, j'ai
a trouvé ceci entre les mains (fun chrétien; c'est un livre
«attribué à Jacob, fils de David, fils de Jom, coujposé de
« tables servant à connaître les conjonctions et les opposi-
« lions, etc., que nous avons traduit en notre langue. » La
même suscription est dans le manuscrit de Naples. Un texte Beriiner Aiaga-
latin .se trouve dans les manuscrits de Paris et d'Oxford, ""-"^'p-^g
Canon, manuscr., 27, fol. 4^2. Il n'est pas probable que
Jacob ait composé ces tables en latin en même temps qu'en
hébreu. Nous verrons que son fils David Bonet se convertit
par force, en même temps que Profet Douran.
D'après le manuscrit de Parme, De Rossi, n" 1181, notre
auteur aurait fait des additions aux tables de Jacob fils de Hist. liti. de la
Makhir. On y lit, après une note intitulée iKWXDnVîc Dni'jD -)DD3, l'^^^l' '" '^''^"'
les mots suivants : nnnca pujia 0^:13 nocND nsnn ara ne?K int,
• Voici ce que le savant Bonet Bonjorn a écrit sur le cône »;
c'est une note géométrique. .
( 7
xim' siècle.
702
LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Bibl. jud.. III,
p. 273.
(".atai. Il" 39^.
Hilil. hebr., IV.
|>. 10.) '1 b.
(•atal., rui. 1 3'!.
Calai. H Oxford,
«•il. \f)'.\ a, au
II" (i-j.
Uibl.inl)!,.. IV,
fol. 47 b. Bibl.
Iirbr., I, 11" 781.
.Sleiujcbiieider,
Cal. BodI.. c. iGOo
pl •Ji77.
lirviicdcs Kludos
juives. Il , |i. Ï71,
ri V, |>.()3ct suiv.;
.Moiial«sclir..i875,
I'. 'loii l'i bid.
Kiaiirc isiai'l..
p. i.î'i cl viiii .
SAMUEL SCHLESTAT,
TALMUDISTE.
S.\MUEL ScHLESTAT OU Schletlstadt (M. Fûrst écrit Schletl-
stiidt), fils d'Aaron, est l'auteur d'un abrégé de l'ouvrage de
casuistique intitulé Mordekai, composé par Mardochée fils
(le Ilillel l'AUeniand, à la fin du xiii* siècle. Le nom de la
ville d'où notre auteur était originaire s'écrit dans les ma-
nuscrits DQUï'jC', BBC'S"''?» , tDi:C?B'''?C; , tOOtt'By'?», DKCD"'?C?. De
Rossi a transcrit ce nom Salistas. Wolf écrit, d'après un ma-
nuscrit Oj)penheiiner, r^vocrcv"?»; c'est le manuscrit n° 67 y de
la bibliothèque Bodléienne, où l'on trouve le titre suivant,
dû à une main récente : nimc 3-)n '■'s [sic] -1x70 pp ■<o-nv itc
j':'p rjca t;NccQy'7er '7NiDe?, «Livre appelé le petit Mordecai,
« abrégé par le rabbin Samuel Sclilettstadt, dans l'année
« [5] 1 53 =- 1 398 ». Cette date se rapporte à la copie du ma-
nuscrit et non pas à la composition de l'ouvrage. Wolf écrit
encore Moïse au lieu de Samuel. Barlolocci ne connaît pas
l'auteur de l'abrégé du Mordekai (■'snio iisp); Wolf nomme
Josué Boaz, qui n'est que fauteur d'un index sur f ouvrage.
Nous n'avons d'autres détails sur la vie de Samuel que
ceux que nous trouvons dans un passage d'un ouvrage de
Joselinan de Uoslieim, de la famille Loans, dont le texte
hébreu, maintenant imprimé intégralement, ne fut connu
d'abord que par l'extrait qu'en donna M. Carmoly en i858.
D'aj)rès ce document, notre Samuel se trouvait comme chef
d'école à Strasbourg, vers iSyo. La juiverie de Strasbourg
nourrissait alors dans son sein deux délateurs, qui décou-
vraient aux seigneurs d'Andlau tout ce qui se passait dans la
congrégalion; mais on ne pouvait les traduire devant les tri-
bunaux chrétiens sans accuser en même temps les seigneurs
d'Andlau. Dans cette situation, la congrégation eut recours
à la juslice israélite. Samuel, comme rabbin, instruisit se-
crètement leur procès et les condamna tous deux à être
pendus. La sentence fut exécutée contre fun d'eux, f autre
s'échappa et se sauva auprès des seigneurs d'Andlau.
Là, après avoir embrassé le christianisme, il ne cessa
\I\ SIECI.L.
»
DU XIV" SIECLE. 703
d'exciter la haine contre ses anciens coreligionnaires. Les ~~
seigneurs (VAndlau, à la tête d'une force année, se présen-
tèrent devant les portes de Strasbourg et demanderont ven-
geance. On leur apprit que c'était Samuel qui avait pro-
noncé la peine capitale. Sachant ce qui lui arriverait s'il était
pris par les seigneurs d'Andlau, il s'enfuit avec ses disciples
dans la forteresse de Landsberg (LanJsperk). Là, il réclama
en vain l'intervention des chefs de la congrégation de Stras-
bourg. Soit que ces chefs ne fussent en mesure de rien
obtenir, soit que leurs démarches en sa faveur n'aient pas
été assez vives, plusieurs années se passèrent, durant les-
quelles Samuel resta enfermé dans le château de Lands-
berg. Dans cette solitude, il entreprit de faire l'abrégé du
Mordekai dont nous parlerons fout à l'heure.
Enfin, las d'attendre l'ellet de l'intervention de la com-
munauté de Strasbourg, Samuel quitta sa retraite et se
rendit en Babylonie (liàq), où il porta plainte contre les
administrateurs de Strasbourg devant le chef de la captivité,
fonction qui existait encore alors dans cette contrée éloignée,
(l'était un nommé David ben-Hodiyah, qui lui donna une
cédule d'anathème (mn) contre les syndics de Strasbourg,
afin de les forcer à arranger l'alfaire et à le dédommager
de toutes ses pertes. Cet anathème fut signé par des rabbins
de Jérusalem. Muni de ce document, Samuel revint en Eu-
rope par Ratisbonne; les juifs de Strasbourg apprirent avec
frayeur le terrible anathème qui allait les atteindre. Ils
firent des démarches plus actives afin d'obtenir la permis-
sion nécessaire pour le retour de Samuel dans sa ville. Son
fils Abraham vint à sa rencontre avec toute fécole; mais,
en traversant le Rhin, il se noya et ne put serrer la main
de son père.
Telle est fhistoire de Samuel de Schelestadt, comme elle
est racontée dans le manuscrit d'Oxford; le manuscrit que
M. Carmoly mentionne comme se trouvant dans son cabinet
aurait renfermé quelques dates de plus. Quant à l'ana-
thème des rabbins de Jérusalem , ce document fut publié en oer Orient,
abrégé par M. Kirchheim en 1 845, d'après un manuscrit où '*^^' P' '^^9'
XIV SIF.CLE.
704 LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
il psl dil qu'il fui copié sur l'autographe de Joselman de
Roshoini. Dans le manuscrit d'Oxford , fanalhèmo ne se trouve
pas. H a été publié en entier d'après un autre manuscrit
Comm.quinqur par M. Natliau Coroncl, avec les noms de tous les signa-
irsnW."" ''' '"' taires, mais sans date et sans indication d'année, f^e nom
de Samuel n'y est pas mentionné; ce sont MM. Halberstara
et S. Sti^rn (pii ont conjecturé que ce document se rap-
ibid. p. 111 <-i porte à notre Samuel. Cet anathème doit avoir été écrit,
'""'■ selon M. Halberstam, après i38i; car on y fait allusion à
des institutions de Spire, Worms et Mayence (Dic?m:pn),
qu'on rapporte à cette année. Mais il y a bien des doutes
sur la date de ces institutions. Dans certains manuscrits,
elles sont rapportées à i386, et il y en a même, entre les
Ms. d'Oiford, plus anciennes, qui remontent à i l 'i'i.
"° ^'*'' Quan I à l'abrégé de casuistique que notre rabbin composa ,
il l'a fait sans doute à l'usage de son pays. Nous avons plu-
vial., coi. iGi. sieurs fois remarqué qu'on faisait des c«m/>enrf<a de casuistique
Voir cUmsiis, /, l'usaffc dc localités particulières; car toutes les commu-
,..(J58. ^, ^ . ^ • j , .,
naiites ne pouvaient se procurer les grands recJieiis comme
ceux d'isaac el-Fasi, de Maimonide, d'isaïe de Trani et tant
d'autres; en outre, le rituel des communautés différait sur
certains points, et on aimait les compendia adaptés au rituel
local. C'est ainsi que le recueil de Mordekai, fils de Hillel,
uift. liu. de la contemporain et beau-père d'isaac de Corbeil, eut plusieurs
France, t. XX. j-^dactions. Nous eu conuaissous une au xv* siècle pour les
p. 001. ^ 1
provinces rhénanes (ciin "onit:), et une autre pour les pro-
Voir la monogra- viuces d'AutHche (y-itac^iN "oino). Parmi les abrégés du Mnrde-
rur'iî MonS" «'«'^ le premier en date est celui qui fut' fait par notre Samuel
dans la Monais- daus la fortcrcsse de Landsberg, et aclicvé, d'après Ic mauu-
p"! "10". ' '^' scril De Hossi 897, le 1 1 tischri 5 1 87 [ih septembre 1876).
Cet abrégé n'a jamais été imprimé; mais il se trouve en manu-
scrit dans plusieurs bibliothèques : à Paris, sous les numé-
ros 4o8 et 4 09; à Oxford, n°' 672, 673, 676,677; à Parme,
n° 897, et dans d'autres bibliothèques. Le titre hébreu est
le plus souvent ]op 'sinD ibd. Petit livre de Mordecai.
Jacob Rosheim (seconde moitié du xvi* siècle) fils de
Joseph, de la famille Loans,afail usage, pour son compen-
DU Xl\' SIECLE.
705
\t\' SIÈCLE.
P»«
diuin du Mordekai, de celui de notre Samuel, (|u'il trouve
trop court en diflérents endroits; il ne lui donne aucun
titre. Il se sert aussi de l'abrégé ("'sino nsip) de Josué [lîoaz],
qu'il trouve encore plus court; c'est pourquoi il s'est décidé
à composer un autre abrégé, dans lequel il lait usage
des gloses de son maître Eliézer Trêves, mises sur l'édition
du Morclecai de i552. Ainsi les abrégés du MorJecai .se sont
faits surtout pour l'Alsac*'. Le ujanuscrit.dt' l'abrégé de notre
Samuel a des gloses à la marg»;. Samuel cite peu d'autorités
en dehors de l'ouvrage original. Son ouvrage a eu du succès
dans les provinces rhénanes, comme nous l'avons vu à
l'article de Jacob Lévi de Mayence. Nous possédons d'un
petit-fds de Samuel une espèce de chronique littéraire, im-
primée dans l'ouvrage intitulé Dcbarim altiiiim , avec le litre
de D^'jnjn ptoc?, « Noms des grands » (titre dû à une main ré-
cente), d'après le manuscrit de Munich n" 358,2. C'est une
énumération qui ne suit aucun ordre; elle n'est ni chrono-
logique ni alphabétique; l'auteur mentionne son grand-père
comme auteur du Petit Mordekai, M. Carmoly a écrit en
.oc "1 •. J • (• .1 . •. ' ■ iX5o, p. 7S1.
looo qui! venait de voir un Iragmenl de ce traite sous le
titre de D'VnjnD», Noms des grands, et que l'auteur en est
Ahron, fils d'Abraham, fds de Samuel de Schlestat, par con-
.séquent le fils d'Abraham qui se noya par accident. M. Car-
moly avait promis d'en faire une édition avec des notes; mais
cette édition, à notre connaissance, n'a pas paru. H est
étrange que M. Carmoly n'ait pas donné le nom d'Ahron
dans un ouvrage publié par lui huit ans plus tard.
L'abrégé de Schelestadt fut encore abrégé pour l'usage
pratique des laïques qui voulaient une solution prompte
aux difficultés que la vie juive, rigoureusement acceptée,
rencontre à chaque pas.
Utr Orient,
France israél.
SAMUEL DASCOLA,
ASTRONUMB.
Si l'on était sûr que Moïse Samuel Dascola (kVipunt 'î^dc;),
le père du copiste du manuscrit de Turin A. VI, 9, qui
termina sa copie le 9 du mois de marheschwân 5 159
TOHR UXI.
89
4 7 *
ivraiuraiE vATioniLR.
Voir ci-dessus ,
p. 665.
\l\ SUCI.K.
(^tal. Ppyron ,
p. 177.
Catal. (le Paris ,
p. 191.
Cjit.de Munich ,
n* 343, 3.
Voir ci-dessus,
p. 701.
Ms. (le Munirli,
n*3/,3, 1/,.
Voir ci-dessus,
p. 695.
Catal., p. 300
et 301.
706 LES ECRIVAINS JUIFS FR\NÇ.AIS
(21 octobre iSgS), et le père d'Astruc Samuel Dascola
(k'7ip«;kt ^"dw pntjwx) , le copiste du manuscrit de l'Ambro-
sienne E, io3 (renfermant le Mischnà Tliora de Maimonide,
achevé à Avignon le 24 du moisd'ab 6166 = 9 *o"*^ i4o6)
.sont identiques entre eux et identiques au Nasi Samuel Das-
cola, l'auteur du commentaire sur les tables astronomiques
qu'on lit dans le manuscrit de Paris n° 1047. '^i ^^ qu'on
attribue à San-Bota Bongodan (jxnjjia xoia ]«©) , nous aurions
à parler ici de cet auteur. Mais d'autres indices font croire
qu'il était italien. Dans le manuscrit de Munich, n" 343, 3,
le nom de l'auteur est Samuel, petit-fils de Siméon Kansi,
nom qui, selon M. Steinschneider, serait l'équivalent de
Samuel Astruc Dascola, Astruc répondant à Siméon, et
Kansi (^0:3) à Scola. En tout cas, les tables astronomiques
dont il s'agit ne sont autres que celles de Sen Bonet Bon-
jorn, dont le nom est corrompu dans le manuscrit de Paris.
On lit dans le catalogue de Paris ce qui suit : « L'auteur de
M ces tables avait calculé les conjonctions, les oppositions et
« la position du soleil pour une période de trente et une
«années solaires, à partir de l'année i36i, en établissant
« qu'au bout de cette période tout devait se succéder dans le
« même ordre. » Or l'année i36i est la date des tables de
Bonjorn. Ces tables, accompagnées du même commentaire,
semblent aussi se trouver, avec des additions, dans le ma-
nuscrit de Munich n" 343, 27, qui contient également
des tables pour la lune, calculées pour l'année i46o;
or ici on trouve que Samuel est tout à fait en désaccord
avec Bonjorn. Le manuscrit I, iv, 1 3, de la Casanatcnsis
contient le uiême commentaire sous ce titre : 1^H•<2 nan-rn
xnujia Qina p» mm"?'?. Les tables commencent ici à l'année 1 363.
On connaît de notre auteur des tables basées sur celles
des Six ailes d'Immanuel de Tarascon, commençant par
l'année 1 370; ce sont celles qu'on trouve dans le manuscrit
de Munich 343, 3. En effet c'est ici un abrégé des Six ailes,
ainsi qu'on peut le voir par les textes tirés de deux ouvrages
de notre auteur que M, Steinschneider reproduit comme
appendices 11 et m au catalogue de Munich.
DU XIV SIÈCLE.
707
xiv' siÈcr.K.
MENAHEM BEN-ZERACH,
TALMUDISTB.
Menahem fils d'Ahron le Martyr [vn^n], de la famille
Zérah (■>mT no"?), descendait d'une famille exilée en i3o6
de la France. Menahem naquit en Navarre; mais il se con-
sidère comme Français (Tons) dans le poème qu'il dédie
à son Mécène, don Samuel Abravanel, surnommé, après sa
conversion forcée, Jean de Séville. A la fin de la préface
de son livre, dont nous parlerons plus loin, notre auteur
donne les détails suivants sur sa vie. A seize ans, dit-il, il
se maria avec la fille de R. Benjamin yay, qui demeurait
à Estella (probablement la ville natale de Menahem). En
l'année 5o88 (iSîS), la colère de Dieu s'enflamma contre
son peuple, à l'époque où le roi de France qui régnait sur
la Navarre mourut. Les Navarrais se levèrent pour tuer tous
les juifs du pays. Ils tuèrent à Estella et dans d'autres loca-
lités environ 6,000 juifs. « Parmi ces victimes se trouvaient
«mon père, ma mère et mes quatre jeunes frères; seul je
« lus sauvé de la manière suivante. Après m'avoir accablé
• de coups et laissé pour mort, on m'avait jeté parmi les
«cadavres. Je restai ainsi du soir jusqu'à minuit le 23 adar
« (5 mars iSsS), lorsqu'un chevalier, ami de notre famille,
« vint à mon aide. Il me fit sortir d'entre les morts, m'amena
« dans sa maison et pourvut à ma guérison gratuitement. »
La cause de ces calamités fut la mort de Charles IV, qui
mourut sans enfants. Les Navarrais essayèrent de se sé-
parer de la couronne de France, et dans ces troubles,
comme il arrivait d'ordinaire, ce furent les juifs qui pâtirent.
Menahem se rendit à Tolède, où il y avait à cette époque
une grande école talmudique, dont le chef était Juda fils
d'Ascher. Pendant deux ans, il fut le disciple de Josué ibn-
Schoeïb de Barcelone. En 6091 (i33i), il alla s'établir en
Castille et s'arrêta à Alcala pour travailler avec Joseph ibn-
al-Aïsch, qu'il remplaça comme rabbin en 5 110 (i35i).
Menahem rapporte qu'on pratiquait dans ces écoles la mé-
thode que Pereç de Corbeil avait suivie dans ses gloses. En
89.
Préface, foM 6.
(iri'ti, Gesch.
der Judeii, VII,
p. 3 1 1 .
Xly' SIECLK.
708 LES KCniVMNS JUIFS FUANCMS
.. , l'amio<» i)\-).H (i368) éclala la ifuerre entre les deux frères
Hit. litl. Hf la ^ 11 • / \ T\ T? 1 fi 1 • Il I
France, I. \x\ II. Doii J'iiH'ique (pnnjKj et Don l'edro, nls du roi Alphonse.
''■ ''''^' Le ])renii(M- assiégea dilFc^rentes villes fortifiées, entre autres
l'olède. Le siège avait duré un au, quand Don Pedro partit
avec une armée pour délivrer cette ville. Don Enrique alla
à sa rencontre, et une bataille, s'engagea, où Don Pedro fut
tué. A cette époque, la plus grande anarchie régnait en Cas-
tille, et c'étaient les juifs qui ensoufl'raientleplus. A Tolède,
pendant le siège, environ 8,ooo d'entre eux périrent, sans
compter ceux qui s'enfuirent et errèrent dans le pays sans
trouv(îr aucune subsistance. Menahem, à qui il ne restait
(jue ses livres et les quatre murs de son école, fut assisté
par don Samuel Abravanel de Séville, qui l'aida à rétablir
son école; et à continuer son enseignement.
\ oyant que, pendant ces calamités, on observait moins
bien la loi, Menahem se décida à composer un livre pour
ceux qui tenaient encore à leur religion. Il donna à ce livre le
litre de i-n"? ms, « Provision pour le chemin », et il le divisa en
cinq parties, savoir : :° les règles à observer pour le rituel;
■•" la nourriture, distinction des mets licites et des mets
défendus; 3" les lois particulières aux femmes; 4° les pré-
ceptes concernant le sabbat et les fêtes; 5° ce qui concerne
les jours des jeûnes.
On lit ensuite avec intérêt un chapitre sur l'arrivée
du Messie et sur le monde à venir. Le Messie apparaîtra
l'an 5i63 = i4o3. L'année i4o3 passa sans que le Messie
vînt; mais Menahem ne vivait plus alors pour voir qu'il
s'était trompé dans ses calculs. On peut d'ailleurs supposer
que cette date de i 4^3, qui se retrouve dans la formule de
l'acte de divorce (part. III, règle m, chapitre 4) daté de
Tolède sur le Tage, le 4 du mois de tischri 5i64 (lO sep-
tembre i4o3), vient, non pas de Menahem, mais d'un co-
piste de son ouvrage.
Menahem ne cite presque aucun de ses prédécesseurs;
son livre étant destiné au public non savant, il évite la
bibliographie, toujours désagréable au lecteur ordinaire.
Le traité i-n"? m» n'est pas seulement un livre de préceptes;
DU XIV' SIÈCLE. 709
\l\ SlECl h.
très souvent il y est question de théologie philosophique
oA de règles de morale; quehjuefois les raisons de certaines
prescriptions sont données, il y a des chapitres qui ont trait
à la chronologie, par exemple I, i, 36.
Les apostats accusaient les juifs de prononcer des malédic-
tions, dans leurs prières, contre les nations parmi lesquelles
ils vivaient. Menahem réfute celte accusation et ajoute que
le roi Don Knrique, avec son intelligence et sa sagesse, n'a
pas prêté l'oreille à de pareilles calonnues. Entre autres ar-
guments, Menahem dit que, «depuis vingt ans, il y a une
« grande communauté juive à Avignon sous la domination
« du j)ape et des cardinaux, qui sont à la tête de la religion
«chrétienne, et qui connaissent le contenu de nos prières
« d'autant mieux qu'il y a de noujbreux convertis à leur
M service. Ainsi Maestro Paulo [Paillas christianus) , qui nisi. iin. ,1,. la
« était aussi très instruit dans notre loi, el qui s'est fait chré- ^'''"^^' '
« lien à l'époque du roi Jaime, ne mentionne jamais, dans ses
« controverses, nos prières comme renfermant quelque chose
«contre la religion chrétienne. Ni le pape ni les cardinaux
« n'ont eu l'occasion de défendre certaines prières ni d'or-
« donner des changements pour d'autres. » Ce chapitre est
omis dans la seconde édition de l'ouvrage.
Nous possédons deux éditions du y\ih mx. La première a
été publiée à Ferrare, sous le règne du duc Hercule IV,
par Abraham Llsque, in-4°, i554; la seconde à Sabionetta,
par Vicenzo Conti, sans date (1567-1 568?). Cette édition
renferme, à la fin, une table astronomique faite par Israël
Zifroni, allant de l'année 5o55de la création (1 295) à 6000.
On y trouve, en outre, deux de ces liturgies appelées >iti, Zum, um ai.
«contessjon». ,,„„i^ 5^6.
Notre auteur mourut, comme le prouve son épitaphe, à Abné znaron.
Tolède, au mois d'ab 5i45 (août i385), Zakkuto, dans '^ '^
son ouvrage chronologique, ainsi que les bibliographes qui
l'ont utilisé, donne la date 5i34 (i374); mais Menahem
mentionne cette année dans son ouvrage, IV, 11, 10'. Le
' Dans ce passage , il donne l'explication de deux tables astronomiques qu'il aurait
composées (elles ne se trouvent pas dans les éditions).
u\' ukcLi.
710 LES ÉCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
r . 1 .s 1 manuscrit d'Oxford est malheureusement très défectueux.
CaUl., n 890, a . . . r - 110
(col. 190). Plantavitius, qui, par confusion avec Menahem ben-Seruq,
Fiorii. rabb. . le grammairien, nomme l'auteur Aben-Seraq (p^D px) le
fol. 6î2» Français, dit que l'ouvrage fut composé peu après fexpul-
sion des juifs de France.
Plantavitius attribue au même écrivain un autre ouvrage
ibiH.,(oi.55!<i. intitulé Or thora (miniiN), «Lumière de la loi», qui doit
avoir été un commentaire court sur le Pentateuque, et qu'il
dit avoir été imprimé dix-neuf ans auparavant, c'est-à-dire
en 1626. Plantavitius dit que, d'après Zakkuto, Mena-
hem aben-Seraq mourut en iSyô; nous avons vu que la
date de la mort de Menahem d'après Zakkuto est iSyA;
c'est là une différence légère. Le titre des ouvrages que nous
avons mentionnés est accompagné, comme tant d'autres
chez Plantavitius, d'astérisques, ce qui veut peut-être dire
Bibi. labb.iv, qu'il ne les avait pas vus. Bartolocci et VVolf sont exacts
'^"'b^m hebr I "*"s les renseignements qu'ils donnent sur notre Menahem,
II* i43o. excepté pour la date de sa mort.
Le manuscrit de Turin A. IV, 3 7, renferme un résumé dos
règles de notre auteur sur l'égorgement des bêtes et l'examen
des poumons (npna et ncnu), fait à la demande de son ami
Joseph fds d'Israël (de Tolède .5).
JACOB ÇARFATI,
MYSTIQUE ET MEDECIN.
Jacob fils de Salomon, Çarfati (^nsis. Français), fut sans
doute un exilé de France, qui s'était fixé dans le midi.
Voirci deisou», Nous avons peu de détails sur lui; il doit être né vers
P"'" 1 35o; car, lors de la composition de son traité, qui est un
extrait d'un aulre traité plus considérable, et qu'il avait
i. composé en i38/i, il mentionne la mort de ses trois en-
fants, dont un fils déjà fiancé. Jacob est l'auteur d'un grand
ouvrage, dont l'abrégé se trouve dans le manuscrit de
Paris n° 733 , avec le titre de apv ruaefo -ied « Livre des tentes
« de Jacob » (Nombres, xxiv, 5). Il embrasse quatre parties,
savoir :
1" 3p»'n'3, «Maison de Jacob*. L'auteur y donne une
DU XIV SIECLE. 711 „^^cl.
interprétation allégorique de quelques passages du Penta-
ieuqiie, selon la méthode de Maimonide. En tête se trouve
l'introduction versifiée que voici :
3ip» ab "«Va -ivh n-isa ]DB3 noNn rcn"? ma apr >3
apr iT'a id» hj onnupa mm pi Vk iria mm in-ia rua nst
"•niKa naVji isb apy» n^a
a' ap3r«nijnu\« Salvations de Jacob», traité sur les dix plaies Foi. isi.
de l'Egypte, exprimées par les mots mnémotechniques yti
ànK3 ènj. Ce traité est précédé des lignes suivantes :
anKa viy ■\ii ia i^anV arsi vm pdk iiK-ia pkt
apy» r\^vw< i"? vnKip apr r"'a ^bmi oa "«ai
apr T)^yw iix D^^'7X ■•a'jo Kin nnw
3' apjr rVnp,« Communauté de Jacob», traité théologique Foi. 36t.
sur les lois qui sont censées avoir été données sur le mont
Sinaï en plus des dix commandements. Jacob démontre
surtout que la pratique de la Loi est plus méritoire que
les théories doctrinaires. Cette partie est amenée par les
lignes suivantes :
apr nVnp {tic) Kipjnc pVn Kin ht omjip
npyj li'Ki TDNn nu onDOOi onnc 'DD
ipy neryo urj? la ■«ryo '?"'3Wr ono
Le manuscrit ajoute ici un traité sur la création ex nihilo,
contre ceux qui la nient. Cette partie est d'une autre écri-
ture que le reste du livre, et elle n'est pas précédée de
lignes de vers; elle ne porte aucun titre. Elle est cependant
de notre auteur, puisqu'elle commence, comme les autres
parties, parles lettres initiales y'ojit, qui signifient T^tis apy ^0K
«Jacob le Français dit».
4° "Tia-i '73K, «Grand deuil», commençant par les deux
lignes suivantes en vers : " '' ' ' I-
'riK-ip nson ]0 ■•ryie?'? TnaK"?
"•riBix 3py"' ujn >m') ban m '7K
Cette partie a pour sujet le récit de» pertes douloureuses
p. 711-
xivsriwx. "12 F>ES KCRIVAIiNS JUIFS FRANÇAIS
Voir ri,i.H,ii,, que Jacob a essuyées dans sa famille, pendant la pesle qui
y-i'"- sévissait dans le midi en iSgS. En l'année 5i43, le mer-
credi T) du mois de tisclui (i3 octobre i382), Jacob tomba
malade;; mais il lut sauvé, dit-il, par la volonté de Dieu. Plus
lard, son (ils Israël mourut, et ([uelque temps après, le
jeudi- 1 -j. du mois d'adar (26 février 1 383) , sa fille Sara mou-
rut aussi. Pendant le deuil de trente jours (ju'il observa
pour Sara, sa fille Llstlu-r tomba malade et mourut <à son tour.
Le nom d'Kstber est donné en lanj^ue vulgaire : c'est Tritia,
nom qu'on rencontre souvent dins les formules d'actes de
divorce rédigés en France. A propos de la mort d'Estber,
Jacob mentionne les noms suivants : 1° Don Com|)ral
d'Agde ("ijNT uix-iEDip pi); ■>." Astruc (jiibuk) de Carcassonne;
3" Don Méir de Nai bonne. Ces noms prouvent que Jacob de-
vait avoir résidé dans le midi de la France, après avoir émi-
Voii .i.i.sHus. gré, lui-même ou ses ])arents, comme tant d'autres, de l'est
de la France; c'est ce qui explicpierait lépithète de Çarfati.
A la fin du ntanuscrit, on lit que la copie de ce livre lut
achevée (o'Dmjipm'jKrrrsnD'jaj) le vendredi 28 marhesclnvan
loi. ,>,, î)\i)6 (le 13 novembre i395). Dans le Catalogue de Paris,
on dit que le manuscrit en question semble être autographe.
L'écriture est en caractères hébreux provençaux; si la donnée
du Catalogue de Paris était exacte, on pourrait conclure
de là que notre auteur avait été élevé dans le midi de la
France. Mais ledit manuscrit n'est pas autographe; il est de
deux mains différentes, et il y a beaucoup d'additions et de
corrections à la marge.
On connaît un Jacob d'Avignon Çarfati, qui emploie
également la formule abrégée yoK, et qui est l'auteur
d'un traité de médecine en huit chapitres sur une maladie
de tête appelée dans les livres de médecine 'rroi'i (vcrtigine).
Ce Jacob avait composé son ouvrage à la demande d'un sei-
gneur, qui avait un chevaher de ses amis atteint de cette
ciai.coi. iii5. maladie. Le traité se trouve dans le manuscrit d'Oxford
n" 2583, 2, sans date de composition. Nous ajouterons que
Jacob le médecin se dit, à la fin du sixième chapitre, le
H... fol. 186. contemporain de Gilbert, médecin du roi de France, qui trai-
DU XI V SIÈCLE. 713 ,„.s.è..k.
lait ce malade : nsoi 'incn ^SD Viikc* no ■'B2 D''3'':yn ^bK nr^ta nspn nim
npa'? 'np omana "•:« ncN "iid D-'Ncnn o'-'jnjn D'oann mec? ne an
n'nc? Ti"' TDnx ■j'jd Ncn ona'''?! 'ckd oann "jnjn NDnn i'? ncc? noa ■'jycfnbi
.v^n n-'CKia oïDai ca-i d'-D'' imcrna
Il est très possible que ces deux Jacob soient une seule et
même personne. La date ne s'y oppose j)as, et il serait étrange
que deux personnes dillerentes aient employé la même for-
mule abrégée pour leur nom. Ajoutons encore que tous les
deux demeuraient dans le midi de la France.
VKMÂ} TRKVOT,
LEMCOGRAPIIE.
PÉREÇ TiiÉVGT est probablement l'auteur d'un vocabu-
laire hébreu, disposé d'après l'ordre alphabétique, qui porte
le titre de Maqre Dardeqé (■'pTiinpo), «qui enseigne à lire
« aux enfants ». Péreç se dit Français (tcis) et Catalan; cela
veut probablement dire que sa famille avait émigré de la
France du Nord dans la France méridionale et que lui-même
émigra en Catalogne par suite d'une persécution. Sa famille
habitait probablement Trévoux et passa, ])ar suite d'une se-
conde émigration, en Italie, où ses descendants s'appellent
Trabot et Trabotti. Péreç se donne aussi le titre de Naqdan, catai. liodi.,
« ponctuateur », dans le manuscrit de la Bodléienne n" 1 1 37, '"' ?64j; Berii
I _ _ _ _ » ^ ner, Magann , Il ,
manuscrit qu'il a pourvu de points-voyelles ou même copié, p '6 pi g*»
car, dans le post-scriptum de ce manuscrit, il dit : • Achevé *''*' •'" «^s •"
«par le Çarfati, le Naqdan, Péreç Trévot (Bia-io); qu'il soit p. 481.
«sauvé du massacre, de l'épée et de la destruction.» Dans Caiai.,coi.33i.
un autre passage du même manuscrit, Péreç se donne cette
épithète : « le plus petit des associés (d'études) et le plus petit
« des Maqrc Dardeqé, expulsé et séquestré, et vendu comme
« esclave »; c'est sans doute une allusion à un exil. Comme
nous allons le voir, c'est sans doute l'exil de iSgô quç
Péreç a en vue.
Mais, avant d'aller plus loin, nous devons dire un mot
des vocabulaires bibliques du moyen âge en général. On ne
mentionne aucune traduction espagnole, portugaise, fran-
çaise, italienne ou allemande de la Bible, faite sur l'hébreu
TOME X.VXI. 90
IHFamiklt BATIOIAIS.
......èr„ 714 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
avant le xvi'' siècle. Mais il existe fies gloses bibliques en
langue vulgaire, plus ou moins étendues. Ces gloses se
lisaient d'aborrl à la marge des textes bibliques ou dans les
commentaires, et ce n est que vers le xiii* siècle ([u'on les
trouve sous forme de vocabulaires, rangées d'après l'ordre
des livres sacrés. Nous ne connaissons de tels vocabulaires
que pour le français. L'un d'eux, (|ui se trouve dans le nia-
i.itter.iiir .les uuscrit de Paris n" ,'io2, a été copié en i 34 i • Les glossaires
Oricnu. i«','i. jjj. Paris n" 3oi, de Leipzig (où il y a aussi des closes alle-
Aidi.dosMiss, 'i'''i"<les), de Parme et de Turin, que le regretté Arsène
w. III. p. 395 cl Darmesteter a si bien analysés, ne sont pas datés.
Les glossaires qui sont ranges selon 1 ordre des livres
bibliques avaient sans doute un but pratique pour l'ensei-
gnement de la Bible; mais ils n'avaient aucune utilité pour
étudier 1 hébreu en général. On possédait des dictionnaires
étendus et abrégés; mais ils étaient composés en hébreu,
excepté dans les pays où l'on parlait arabe. Il fallait donc
pour la jeunesse un vocabulaire concis où les mots hébreux
fussent expliqués en langue vulgaire, et un tel livre recevait
le titre de Mnqré Dardeqé, «celui qui fait lire la jeunesse».
Un ouvrage de ce genre a été composé, croyons-nous, par
notre Péreç, sojt en français, soit en catalan, mais non cer-
tainement en italien. Nous trouvons un peu risquée l'as.ser-
tion de VI. Moïse Schwab qui dit : « On sait qu'il existe un
Revup des Ktuacs « diclionnaire hébreu -arabe-italien anonyme de la fin du
jaiïM, • » „ XIV* siècle, qui est sûrement de Péreç Trévot, et qui estinti-
« tulé Macjn' Dar(le(ié. » M. Schwab renvoie pour Péreç à l'ex-
cellent ouvrage de M. Perles, intitulé Beitrœcje ziir Geschichte
(1er hebrœischen and aramœischen Studien, Miinchen, i884,
p. 1 1 3 à 1 3o. Nous avons cherché en vain où M. Perles aurait
parlé de Péreç Trévot. En effet, le premier qui ait mentionné
celui-ci comme auteur d'un vocabulaire (non pas arabe-
R.NUf<iRs Éludes italien) est M. Neubauer. Qu'il y ait eu d'autres vocabulaires
junes, i\, 3i6. a^alogucs avaut celui de Péreç, c'est ce qui semble résulter
de fépithète qu'il se donne à lui-même, «le plus petit des
Voir ci-dessus, n Muqré Durdeqé ».
''"'' La première édition de cet ouvrage fut publiée à Naples
DU XI V SIECLE. 715 ^,^.,.,,^..
(non à Constantinople, comme Wolf , Fûrst et même M. Neii-
bauer le (lisent) en 1 4 88, et commence par nne pièce devers iVrio>. ivui.,
présentant l'acrostiche du nom de Péreç (vie). Dans la préface ''■ '"
l'auteur parle de l'expulsion des juifs de l'Vance, en i3(j5, „» ,5o-;..oi. îàV;
comme avant eu lieu récemment, et il a eu probablement f,'*!"""''" ' *'"
lui-même à en souiirir. M. Perles veut conclure à tort de
ce que Péreç parle des exilés à la troisième personne, en 0|).cii..|.. n'i.
disant : «par la volonté de Dieu ils furent chassés», que
l'auteur devait être un Italien du Sud; car s'il avait été
Français, il aurait dit : «Çarfal, mon pays de naissance».
Péreç parle à la troisièuje personne à cause de la formule
mnémonique employée pour la date de l'expulsion et qui
est cir C13 hSd (Exode, xi, i), n"?: équivalant à [Soj^f) =
iSgS, formule que nous retrouvons chez Épbodi. D'autre
part M. Neubauer a trouvé dans le manuscrit 820 de la
bibliothèque Giinzburg un poème moral contenant un
ouvrage de R. Menahem, (ils de Péreç, fds de Nethanel h<uic(I<s i.ui.i.-.
Klie, fds de R. Péreç auteur du Maqrc DdKlecjc. Kidin, par i'"""^' ■ '•^'■
le manuscrit de Paris n" 18, où il est dit que Menahem,
fils de Péreç Trévol, acheva la copie de ce manuscrit,
qui est une Bible, à Governo en Italie le 5 ab 6272 ibid, |.. .wi).
(18 juillet i5i2), M. Neubauer a prouvé que l'aïeul
Péreç doit avoir vécu après iSgo. Or, nous avons vu que
Péreç s'appelle Français et Catalan; c'est donc probablement
en Catalogne qu'il a connu la formule hSd, qui est due à
Profet Douran de Perpignan, i3ç)b. Nous verrons encore
qu'en Catalogne les conversions forcées au christianisme
et les controverses religieuses n'étaient |)oint rares. Or
l'auteur du Maqrc Dardeac dit dans sa préface que la jeu-
nesse éludie le Talmud et les sciences philosophiques
avant d'avoir approfondi l'Ecriture sainte; c'est pourquoi
elle ne peut se défendre contre les polémistes en matière
religieuse et arrive finalement à l'apostasie. La discussion
religieuse, en eftèt, doit se faire à l'aide d'une connaissance
profonde de la Bible. Celui qui n'est pas versé dans cette
matière reste à court dans les controverses religieuses, et
laisse la victoire aux adversaires. Et c'est pour contribuer à
90.
\iT sieci^.
l'eHcs , oji. rit. ,
p. 1 1 1 .
716
LKS KCIUV AINS JlJiKS FRANC \IS
0|). cil. ,p. 1 1().
Ms. dOiforcI ,
n. i .)8.
Vis. (le l'iiris,
11° 1 î iS. Scliwal).
Revue Je» Ktudcs
jiiixes, W I, 2^4.
Vis. dOxford,
11" 1 jo-j ; Munirh .
Il* 6^, ?..
Revue des Ktudes
juives, I\, p. iS3.
Perles, op. rit. ,
p. m.
Revue des Kludes
juiyes, p. j55;
XVII,p. iii,i85;
XVIII. p. io8.
la connaissance de la Bible que Péreç s'est propose de faire
un livre élémentaire pour la jeunesse. Nous trouverons les
mêmes plaintes et les mêmes conseils dans la grammaire de
Prolet r)ouran.
A la fin de la préface de Péreç, on trouve, dans l'édition,
une pièce de vers de ([uatre lignes avec l'acrostiche de Yehiel
ou Yaliya, C'est l'un des deux personnages que M. Perles
considère comme auteurs du Maqré Darde(jé. Nous croyons
(pio Yehiel ou Yahya est le nom de celui qui a traduit le vo-
cabulaire catalan de Péreç en italien. Selon les pays, en effet,
le livre de Péreç fut utilisé en français, en espagnol , en alle-
mand , et finalement en anglais. La date de 1 488 est celle de
l'édition et non pas de la composition du livre, comme on l'a
cm autrefois. M. Schwab connaît cinq exemplaires de cette
édition, savoir : à Paris, à Parme, à Rome, à Oxford et à
Londres; M. Steinschneider en mentionne un sixième. La
première édition du vocabulaire italien serait donc du
XV* siècle; mais elle est si peu utile à la philologie romane
qu'il était à peine nécessaire d'en faire une nouvelle édition,
d'ailleurs très incorrecte. La famille Trévot a émigré en
Italie comme les Lattes, les Férussol, les Perpignani, les Co-
lon et beaucoup d'autres familles françaises.
NATHAN D'AVIGNON,
CASCISTE,
NAtHAN crÂvîgnon est l'auteur d'un traité sur les règles
à observer quand on tue les animaux destinés à l'alimenta-
tion et sur l'examen des poumons; ce traité se trouve, à la
marge (fol. iQO à i33) du livre des Préceptes d'Isaac de
Corbeil, dans un manuscrit de Cambridge (bibliothèque
de l'Université, sans numéro). Cet exemplaire du livre des
Préceptes ne contient pas, comme c'est le cas dans d'autres
manuscrits de ce traité, la formule de l'acte de divorce
d'où l'on peut induire la date de la copie et la localité où
le copiste a travaillé; mais comme le copiste du traité de Na-
than, Abraham fils de Samuel Hayyim de po-io, dit avoir
fini sa Copie le premier jour du mois de tébeth 5 167 (dé-
XIV SIECLE.
DIJ XIV' SIECLE. 717
cembre iSqô), Nathan doit avoir composé son traité avant
cette année. Le traité commence par les mots suivants :
nonan VVn im nma it" c>i2-'v •y))t pnan. L'auteur cite des règles
données par les rabbins de Çarfath (France de l'Lst) et
parmi eux Jacob fils de Yaqar. Le titre de l'ouvrage est :
.]rj''iKi ]Di T ^'^D ic"» npna nsVm na^nc* o^zhn
ABRAHAM ABKiDOR ET SON FILS.
Abraham Abigdor, surnoujmé Bonet, fdsde Mescbullam,
fds de Salomon , naquit probablenient en Provence en i 35 1 , sioi.HcinieuKr
d'une famille estimée et connue sous le nom dWbù/do- i^^'""^'' p 71
rim. Juda Kohen dit, après le mot KSiino, ce qui suit :
inrax icc? «n skd nrn p^ -«d onnraxn jio tcnv N"'nn nnccon "7^ icx"! t:atai..i()jfoi-.i.
31DD Kim -inraK «m ^iihtn vnn iidn-'i Kinn oca lan'» 'xsr a^z"<i<r\ "73 x^p: "' '^''' ■""'■ ^'^^
.Dsaip!: "lO^EC iriK iVs D'''inraxn
Le genttUcium des Abigdorim vient du nom de l'ancêtre
de la famille, qui s'appelait Abigdor. Salomon, lils do notre utaideikiim,
Abraham, est également désigné par Dinnrann rncu-'D':, de la p 99' " '■'■
famille Abigdor. M. Carmoly dit que le père et le grand- 'i^^^ <ie^ niéa.
père de cet Abraham s'appelaient ben- Abigdor et qu'ils étaient
comptés parmi les médecins les plus remarquables de l'uni-
versité de Montpellier. Aucun documenta noire ccmnaissance
ne confirme cette donnée. D'un autre côté, M. Carmoly ne ibi<i., ,,. .o-
connait notre Abraham que par son nom, et les noms de
MeschuUam et d'Abraham, le grand-père et l'aïeul de notre
Abraham, manquent dans l'index de son livre. Notre Abra- Voiici-ii.s oii.>
ham, comme il le dit lui-même, étudia la médecine à Mont- •* ''*
pellier, où on enseignait en latin, et c'est là nu'il doit
avoir acquis la connaissance de cette langue, d'après laquelle
il fit des traductions, dont l'une à Arles en i38i. On sait Monauschrin
qu'un Maestro Abraham Abigdor po.ssédait dans celte ville, J^^°' ^ "° ^'
en i386, une maison; il est probablement identique avec
notre auteur. M. Gross, qui le premier a attiré l'attention
sur ce fait, n'admet pas l'identité, et dit que Maestro est
un simple titre honorifique; M. Steinschneider voit avec Ueberseu.p.îS,
raison dans Maestro le titre d'un médecin, et il propose " '^^
d'identifier les deux Abraham Abigdor. Abraham fit ses
; I
\l\ SIECLE.
718 LES KCRIVAINS JJIIFS FRANCAfS
|.. ;5i
travaux de 1867 à i38i, probablement à Arles. Nous le
Voir cMksdis. trouvons encore vivant en 1 899, année dans laquelle il aida
son fds Salonion à traduire un ouvrage médico-astrologique.
Voici Ténumération des travaux d'Abraham Abigdor :
I. oisVd r'?i3D 1DD , livre du «Trésor des rois», imitation
hébraïque du traité des Tendances des philosophes par
Gazzali, en prose rimée avec un conimentaire. L'auteur dit
dans la prélace ((u'il a composé cet ouvrage à l'âge de dix-
sept ans, et l'a « destiné aux hommes d'élite «, qui se vantent
de posséder la physique et la métaphysique, mais qui né-
gligent la logique. Le traité est divisé en quatre chapitres,
et les vers riment par la syllabe on. Dans l'avant-propos,
on lit l'acrostiche d'Abraham Bonel Abigdor. L'ouvrage fut
achevé le 8 nisan 5 187 (7 mai 1377), selon les manuscrits
de Paris n" 990,1, et de Munich 44,1- Un autre manuscrit,
(lit-on, donne la date de [5]i 28 = 1 363; c'est peut-être une
faute d'impression dans le journal où il en est question.
Pour de plus aaqiles détails nous renvovons à l'ouvrage de
M. Steinschneider.
H. nsuhioa N3D. C est la traduction hébraïque de l'ouvrage
latin appelé Introduction à la pratique, qui est le traité des
Médicaments, composé d'après le Canon d'Avicenne, 1, iv,
Cai.dcMiii.icii, par un médecin de Montpellier. M. Steinschneider dit que
c'est le chancelier ou doyen appelé Brouat (oxi-ia) Albert,
iui.eisoiz.,p.777. sclou le mauuscrit de Paris io54, 12, et Bernard Albert
selon les manuscrits de Munich 297, 1 et de Berlin 71, 2.
Le traducteur dit, dans la préface du manuscrit de Paris,
que, lorsqu'il était adolescent, il désirait étudier la méde-
cine, non pas pour la science elle-même, mais pour être
appelé maître (an) et pour gagner beaucoup d'argent, « comme
« font d'habitude ceux qui pratiquent à présent la méde-
« clne et surtout ceux qui appartiennent à notre nation».
Devenu homme, il se sent maintenant un goût sérieux pour
cette étude. H s'est donc rendu à Montpellier pour s'instruire
auprès des savants chrétiens. Il y a trouvé beaucoup d'ou-
vrages utiles pour la connaissance de la médecine, et, si
Dieu prolonge ses jours, il en traduira quelques-uns. Parmi
llak-k
arinci ,
1.
p. ."iSli.
C'plwiscl
,,..p.3:
i5.
'!)7
DU XIV SIÈCLE. 719
XIV' SIÈCLE.
les plus utiles il a choisi celui-ci qu'il traduit sur le désir de
quelques amis. C'est, à ce qu'il semble, la première traduc-
tion laite par notre Abraham. L'original latin est imprimé Cai.de B-iiin.
sous le nom de Gentilis de Foligno, suivant M. Stein- 7 '^ '^ ^ t^'" i" •
Schneider.
III. Ba3^K 'p-iD, traduction des Medicationis parabolœ d'Ar-
nauld de Villeneuve, dédiées au roi Philippe le Bel. Le com- iiisi. lin. do i«
mentaire sur cet ouvrage qu'on attribue à Abraham n'est p'^'sg.â'g.
pas de lui; il n'est pas davantage d'Arnauld de Villeneuve, (;at.<icMiii.itii.
comme on l'a démontré. Le nom du traducteur n'est pas '"' ' *"'■
donné dans les manuscrits; mais, dans celui de Munich .
297, 4'. la préface est la même (à l'exception de quelques
mois qui se trouvent à la fin et qui ont été notés par
M. Steinschneider) que pour la traduction de l'ouvrage de ii,i,i.
Gérard ou Géraud de Solo. Comme date de la traduction Voirn-dessous.
on trouve l'année 5 108 (n'p) [i348], date impossible, " '^
puisqu'elle est antérieure à la naissance de notre Abraham.
M. Steinschneider propose de lire'5i38 fnVp) [1878].
La concordance de la traduction avec l'original a été donnée cmoi., p. 1 lO.
par M. Steinschneider, dans le catalogue de Munich,
n° q86, 1.
IV. Dn»3n K13D iDD , « Hvre d'introduction pour la jeu- ^
«nesse», traduction du traité élémentaire des lièvres, écrit
en latin, par Géraud de Solo. Le traducteur dit, dans la pré-
lace, qu'il s'est rendu à Montpellier pour étudier sous Géraud
et qu'il a fait la traduction à Arles, ville où il demeure, en
l'année 5 189 (1379). Voilà, du moins, ce qu'on lit dans
les manuscrits de Paris, n°' io53, 10, et 1 1 23, q. Pour ce
dernier manuscrit, qui appartenait à un David ]T''7"'oe/D, le
catalogue dit que la traduction d'Abraham diffère entière-
ment du traité de Géraud connu sous le titre de Isagoge
tironam, dont nous avons une traduction fidèle par Léon
de Carcassonne. Peut-être, continue le catalogue, l'auteur
avait-il composé deux ouvrages élémentaires sous le même
titre. M. Steinschneider ne traite pas cette question; mais
il fait observer que les manuscrits de Munich et de Berlin caui.,n°i96.
contiennent une espèce de proœmium de Géraud qu'on ne catai..n''7i,3.
, , 720 LES KCRIVAINS JUIFS FR\Nr.\IS
Xl\ !>IKCI.r.
trouve pas dans l'édition. M. Sleinschneider dit que ces
manuscrits ont cinq chapitres; les manuscrits d'Oxiord en
ont six, et le numéro a 1 33, 3, a de plus un appendice. On
sipinsciiDPidrr, trouve dcs manuscHts de cette traduction dans plusieurs
ieb<.rsou.,p.797. autres bibliothèques.
V. nhi^, traduction du traité sur les Médicaments (liges
tifs et purgatifs par Arnauld de \illencuve, faite eu i38i,
dans la ville d'Arles. On en trouve des manuscrits à Paris,
I o54, 1 1 , sans titre hébreu, à Hambourg, 3o8, 2 et à Berlin,
71,3. L'original latin semble être perdu; mais on en pos-
sède une autre traduction hébraïque dans un manuscrit dont
Voir ciKiessous , nous parlerons plus tard. M. Steinschneider a donné une no-
'' luiVir, IX tire détaillée de cet ouvrage dans sa Revue de bibliographi»'.
p- '7^ VI. ni3:D"7K, traduction abrégée du latin de l'ouvrage
intitulé yl/mflHSom Uhernonus, cum expositione (ieraldi de Solo.
Le traducteur n'a pas suivi l'ordre du texte latin tel que
nous le connaissons. On trouve cette traduction dans les
manuscrits d'Oxford n" 24oi et de Munich n" 296, 1.
M. Steinschneider en donne une description étendue dans
Maitir. i865, sa Revuc de bibliographie hébraïque et dans le catalogue
p.8oe.suiv. ae Munich."
VIL lotDKiiD (Tratato) ou iran, traduction du traité de lo-
gique en latin par Pierre d'Espagne (Jean XXI). Dans le
manuscrit de Munich 307, 8, le nom de l'auteur est altéré en
nKm -1 iVvB, « Perlo (Pietro) de Venitia » (ou Paul de Ve-
nise). On trouve cette traduction dans beaucoup de ma-
nuscrits, entre autres à Paris, n^'paô, a et 929, 2. M. Stein-
schneider considère le texte du manuscrit de Munich 307, 8,
comme le plus complet. Quelques manuscrits contiennent
l'abrégé de notre traité. On connaît d'autres traductions de
ce traité de logique, qui semble avoir été très populaire
dans les écoles du moyen âge, surtout en Provence. Le ma-
nuscrit de Hambourg a 65, en particulier, renferme une
BibJ. hehr., traduction qui n'est pas celle de notre Abraham. L'ouvrage
IV. 5î6. y g^j intitulé oKonD, tratat, mot que Wolf a pris pour le nom
Ueber$eii..p.à7i de l'auteur. On peut voir la bibliographie complète dans
'^*""* l'ouvrage de M. Steinschneider.
DU XIV' SIÈCLE. 721
XIV SIECLE.
col. llfi.l.
VIII. Commentaire sur le commentaire moyen d'Aver-
roès sur les trois premières parties de l'Organon, savoir :
risagogc (fol. 197), les Catégories (fol. 9.09) et l'Interpré-
tation (fol. 336 à 267, incomplet). Ce commentaire se trouve
dans le manuscrit de Munich n" 63, 3 à 5, qui est en
mauvais état, et qui porte le nom d'Abigdor tout seul.
M. Steinschneider remarque d'ailleurs beaucoup d'analogie
entre les expressions qui caractérisent le présent commen- Uei)crseii.,|..7i
taire et celles qu'Abraham emploie dans sa traduction du '^'"''
traité de Pierre d'Kspagne.
Salomon Abigdor, sur lequel nous ne possédons aucun
détail biographique, marcha très jeune sur les traces de
son père. On possèfle de lui au moins deux traductions :
I. oBCDa D''i!) , traduction du traité latin De.jmliciis asiro- Hisi. im. de u
nnmiœ, ou Capitula astrolocjiœ, d'Arnauld de Villeneuve. Salo- ■"■ 'j .,^''^"'"
mon acheva cet ouvrage en 5169 (1399), alors qu'il avait
quinze ans, .sous la surveillance de son père. Le traité est Catai i5o.ii.
divisé en 17 chapitres, et on le trouve dans presque toutes
les bibliothèques de manuscrits hébreux. Il y a cpielques va-
riantes, surtout à la fin, et quelques additions dans certains
manuscrits. Au cours de la prélace, que M. Steinschneider
a reproduite intégralement dans le catalogue de Berlin, Sa- Caiai.de Berlin.
lomon dit que, beaucoup de livres s'étanl perdus par suite p- '^^•
de la durée de l'exil des juifs, il a pensé que ce traité serait
utile à ceux qui s'occupent de médecine, et il a cru bien
faire de le traduire avec l'aide de son père. Une autre tra-
duction abrégée, achevée par Jacob Cabret (onaxp) à Bar-
celone, tischri 5i43 (septembre-octobre i38i), se trouve
dans le manuscrit d'Oxford 20^2, 1.
II. D-ijOiKH nx-iD -iDD, traductiou du traité sur la Sphère par t^ui. bo<h.,
Jean de Sacrobosco. La traduction fut achevée dans le mois '^°' "^^
d'adar 5169 (février 1399), d'après le manuscrit de Paris
io3i, 4, où se lit, intercalée à la fin du deuxième cha-
pitre, une pièce de vers de 27 distiques, sur les dix
principaux cercles parallèles du globe. On trouve des ma-
nuscrits de ladite traduction, avec ou sans figures, dans la
TOME IXXI. 91
4 3'^ IMI-IIIMEniF; S*TION.II,E,
xn-siicL.. '^^^ LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
plupart des bibliothèques. Le manuscrit de Paris n" 1 092, 3,
et d'autres encore donnent à l'ouvrage le titre de Sa'jjn '0 et
jtjp Ki^De?K, « livre de la Sphère ». Le livre fut imprimé à la
suite du yiKrt n-n» d'Abraham bar-Hiyya, à OfiFenbach, en
1720, in-4°.
Il y a d'autres traductions du traité de Jean de Sacro-
bosco, dont nous n'avons pas à nous occuper ici. Nous ne
parlerons pas non plus des nombreux commentaires aux-
quels cet ouvrage célèbre a donné lieu.
ABRAHAM IBN-TIBBON,
TRADL'CTEUR.
Abraham ibn-Tibbon est le traducteur du traité des
Economiques d'Arislote. Ce traité se trouve dans les ma-
nuscrits de Paris 892, 2, 910, 5, et 959, 6. Seul le premier
de ces manuscrits renferme la préface, dans laquelle il est
dit que la traduction est faite sur le grec. Voici les derniers
mots de cette préface : ms^Kn b^-\xl moan t3»D iddh "an loonn ntSi
^iop o'^visvh on 'np'? iri'onKa yaoa orh Jirun ivh D'«e?:^^^ h« '>ni2n irm"?
inr caiern om'n '-\i a^inp a'e?JKi n':ipn Qnp\T D'jUBn ni "j» ^n «lun
"îa"? wipn ^i»'?'? ^iP pe?'jD ip-'nyn'? pan '] omax '>in rh bu thi nibi a"«'?n3n p
mn |i»Va "janirr vhv "'dV nyuD in"?»!.-! n'nn « Aristote a composé cet
« ouvrage» de peu d'étendue, mais d'une grande importance;
« les petites choses» par exemple les bijoux, ont quelquefois
« plus de valeur que les grandes. C'est pourquoi je me suis
« décidé à traduire cet ouvrage du grec en hébreu , pour le
« rendre accessible à ceux qui ne connaissent pas cette
« langue. » 11 y a de grandes cfifficultés à cela. Abraham ibn-
Tibbon ne savait sans doute pas le grec» et, d'un autre
côté, on ne connaît pas de traduction des Economiques
faite sur Tarabe.
Le manuscrit de Paris 9 1 o, 5 porte le titre suivant : nirun idd
p-Duip'K Kipjn todik"? n^an , «Manière de conduire sa maison,
M (ouvrage) d'Aristote, appelé Économiques » . Les deux par-
ties du traité sont réunies, quoiqu'on lise en tête les mots
]wtnn ^DKD^, «première partie». Le manuscrit de Paris
969, 6, a le même titre hébreu, excepté le dernier mot qui
DU XIV° SIECLE.
723
XIV* MÈCLE.
est e?p''Di3ip''K. Le manuscrit de Munich 268, 4, renferme le
même traité, avec le titre à la fin, wxfDiiip-'Kn o, « Livre des
«Economiques», commençant par les mots suivants : nanin
^2'^ njnoi n'-a onv non n"? iViar nanon nanjni non et finissant par
ceux-ci : ikd ranpi vjdi inwN hiNi. M. Steinschneider donne,
dans sa description de ce manuscrit, les renvois bibliogra-
phiques aux traductions latines et aux difFérentes traduc-
tions hébraïques. Nous n'avons aucun renseignement sur le
traducteur; c'est seulement parce qu'il porte le nom de la
famille Tibbon que nous l'avons placé parmi les rabbins
français.
BENJAMIN DE CARCASSONNE,
TRADDCTEUR.
Benjamin fils d'Isaac, de Carcassonne, est le traducteur
du traité sur la Corruption de l'air et les épidémies, composé
par Jean de Bourgogne (nK^junan), de la province de Liège
(wjiK-''? »i3Dd), pendant que la peste sévissait. Le titre du
traité en hébreu est \n'?x it», « Secours de Dieu ». L'auteur dit,
dans la préface, que, déjà en 5i2i (i362), lorsque l'épi-
démie éclata pour la première fois, il avait composé un traité
analogue, commençant par les mots -'bu ■''jk, « Mon Dieu ! mon
• Dieu! » Selon le catalogue de Paris, n" 1191, 8, ce traité
aurait été composé en 6022 (1262); l'auteur du catalogue
a lu aa'n, 5o2 2, au lieu de aap, 5i 22. Cette erreur a déjà été
relevée dans un autre volume de cet ouvrage.
Le manuscrit de Paris 1124, 6a, contient une consulta-
tion sur la peste de i399(.!*) par un certain Jean de Nanairs
ou Kanau'D ÇSinobarba), que M. Steinschneider identifie avec
raison, malgré la difficulté des dates, à Jean de Bourgogne.
Quelques découvertes intéressantes ont, en ces derniers
temps, donné à la physionomie de Jean de Bourgogne un
corps et un ensemble qu'elle n'avait pas jusqu'ici.
Jean de Bourgogne, ou Jean « la Barbe, est impliqué
d'une façon qui reste encore assez obscure dans l'histoire
de la composition de ce livre singulier, autrefois si célèbre,
et tombé maintenant dans un juste discrédit, où le chevalier
91-
Cat. (le Munich .
P-99-
IlUt. litt. (le la
France, t. XXVII,
p. 628.
Steinschneider ,
dans la Zeitschrifl
derD.M.G., 1875,
p. i65;UeberseU.,
p. 8o3.
. . 724 LES ECltlVAINS JUIFS FRANC \1S
Xl\' SIECLE.
anglais Jean do Mandeville prétend raconter ses voyages en
Orient. Quoi qu'il en soit de celle question, ce qui nous
importe ici, c'est que Jean de Bourgogne, médecin à Liège,
a composé plusieurs traités sur l'épidémie qui épouvanta
l'Europe au milieu du xiv" siècle. Nous avons un de ces
traités en français dans le manuscrit français Nouv. Acq.,
4516, récemment revenu à la Bihliollièque nationale, d'où
L.D.iisi. .Cala il avait été détourné. M. LéopoUl Delisle a démontré que ce
lo"iir ilos manu- ,•,• •. •, p <i- 1 1 1
sciils <ics fonds petit manuscrit avait torme jadis un seul vplume avec le
b'*^" ''La"''T' n°45i5 des Nouvelles acquisitions, (lui contient précisé-
ment les voyages de Mandeville. Le manuscrit, aujourd'hui
dépecé, avait été écrit en 1371, par le copiste bien connu
Raoulct d'Orléans pour Gervaise Chrétien, médecin de
Charles V, et Gervaise en fit plus tard présent nu roi. Le
traité de l'épidémie, à ce que nous apprend la noie finale,
fut composé à Liège en i365. L'auteur s'exprime ainsi, au
second feuillet : « Et pour ce que je, Jehan de Bourgoigne,
« autrement dit a la Barbe, cytoien de Liège, professeur en
« aride médecine, neentmoins de tous phisiciensli mendres,
« qui du temps passé, au commencement de coste épidimie,
«de la cause et nature de leur corrupcion selon le jtige-
« ment de astrologie fis un traclié duquel moult en eurent
«copie, et commence : Deiis dcornm ms \ etc., qui sim-
«pleinent et absolument de toutes entitez es(t) première
« cause, etc. Item fis un autre traittié de la distinccion des
« maladies pestilencieuses des autres maladies, qui se com-
« mence : Cum nimiram propter instans teinpus epidimiale , etc.,
« es quels, se aucuns a la copie, a preservacion et cure plu-
«seurs choses trouvera, non mie toutesvoies toutes choses
« a cure appartenant, et pour ce que est [ms. en) ceste instans
« épidimie ainsi que de nouvel recommencie, et par succes-
« sion de temps encore cl encore retournera, car n'est tnie
« maintenant la fin; pour ce, aians compassion, etc.» Le
traité est intitulé : « Cest la preservacion de épidimie, mu-
« nicion de duracion^ d'icelle, faits de maistre Jehan de
' Lisez : Deiit deus meiis.
' Le manuscrit porte • curation •
DU XIV SIÈCLE. 725
M\'5iè<;i K.
« Bonrj>oigne, autrement dit a la Bnrhe, professeur en nu-
« d(>cine cl cytoien de Liège. » Il comnienre ainsi : « Pour ce
«que toutes choses, tant élément comme elementees, sont
• gouvernées de Icurplus haut, si comme dil Meschalat, ou
«livre des interpretacions, les choses créées en souverai-
«nelé, etc.» L'ouvrage paraît avoir clé d'abord écrit en
latin; il a été imprimé sous sa forme française, d'après I)u-
verdier. C'est évidemment le traité qui a été traduit en i:d. nigoie> d.
hébreu, malgré la légère diiîérrnce des deux dates, 1862 ^'''If;' '
et i365. La coïncidence de Dcus meus avec "•'?{< ^"jk est dé-
cisive.
Nous ignorons si les autres traités de Jean de Bourgogne
sur l'épidémie se retrouvent dans des manuscrits latins;
c'est extrêmement probable, puisqu'il assure qu'il en circu-
lait beaucoup de copies. En tout cas, le n" (in du manuscrit
hébreu de Paris 1 i a4 répond sûrement à l'un de ces traités
de Jean de Bourgogne. Sinobarba esl un étrange équivalent
de A la barbe; on dirait qu'il signifie juste le contraire; mais
il vaut mieux passer sur cette dilliculté et sur quelques
autres, qui seront peut-être un jour éclaircies, que d'ad-
mettre que la ressemblance de A la barbe et de jC3iai;''o pour-
rail être fortuite.
TODROS DE CAVAILLON,
MÉDECIN.
ToDBOS DE Cavaillon (iiK^^Kipi) est l'auleur d'un traité
intitulé ^133^^^ mre? (non pas nse?, connue on lit dans le
catalogue), dont il y a un extrait dans le manuscrit de Paris Cai. de Pan<.
1 191,1. C'est une espèce depharmacopée, tantôt en hébreu, '' "^
tantôt en latin. M. Cannoly dit que les anciens de la ville
nommèrent Todros rabbin do leur communauté; nous Histoire des
ne savons pas sur quel document celle assertion s'appuie, Mcdcnns, p. 108.
car les manuscrits de Paris n'en disent rien. M. Carmoly, en
outre, place notre auteur en iSyô, sans donner la source
où il a puisé cette date. M. Steinschneider identifie notre Biùu, jahr-
Todros avec le maître Toros de Cavaillon, un des trois bay- "Bardinètraevue
Ions directeurs à Avignon, en i44o. Todros s'écrit dans les '^'e» Études juive*,
Xlf* ;IÉCI.I.
Saige, Juifs dans
le Lans- . index.
5leiiisclincidcT ,
/ur Psoudo-Litt.,
p. O2.
Assémani .
fol. (4 5.
Stpinsclineidrr ,
Uplierseti., p. 791.
Voir ci-dessus,
p. 710, n° VII.
Bibl. hebr. .
m, p. 781.
726 LES ÉCRIVAINS JUIFS FTIANÇAIS
documents latins Tauros. M. Stcinschneider avait cru d'abord
c|ue notre Todros était le même que (maestro) Todros Moïse
lïondiah (Yom-Tob, le manuscrit a distinctement riKnaia),
qui a traduit du latin le Traité sur la fièvre par Jean fds de
Mésué, avec un commentaire de Pierre d'Espagne, traduc-
tion achevée en tammouz [5] 1 54 (juin \'6^l\) et qui existe
en manuscrit au Vatican 366,2,3. Ce manuscrit est mal
décrit par Assémani. Outre le traité de Mé.sué, il contient
le Traité des médicaments digestifs et purgatifs d'Arnauld
de Villeneuve, dont voici le commencement: >iijdnd nan noc
nipnom niVe^aon riNiDino K3ij n'?"'!! bidjik, et qui est suivi, fol. 67,
d'un autre traité introduit par les mots : (îj-'awnainnK Kia-i
.Dii'Vw'? [Passionarius?) onjnrDKa Hip: ncoa . . . nmDjn mwain naa.
Puis vient le traité d'Arnauld sur les médicaments digestifs
et purgatifs. Les trois ouvrages ont été traduits par Todros.
Au fol. 74 commence un fragment du traité de logique de
Pierre d'Espagne.
Le manuscrit 629 de la Laurentienne, à t'iorence, donne,
au dire de Biscioni, un Theodorus comme traducteur d'une
Pharmacopée de Mésué, achevée en 1 54 (i394, le catalogue
porte 1393). Il n'y a pas de nom de traducteur dans le
manuscrit. Biscioni a emprunté des renseignements inexacts
à Bartolocci. Le manuscrit de la Laurentienne contient
TAntidotaire de Mésué en 12 parties ou 43o paragraphes,
probablement identique à celui qu'on trouve dans les ma-
nuscrits de Leide 53, 3, et Paris 1 128, 2, et 1 132, 2.
Lewysohn , Epi-
taj.li.. p. àS.
Sleiiisclineider,
Cat.Bodl.,col.iii8;
(lûdemann, Gesch.
des Erziebungs -
weseiis, III, p. 17;
Calai, des mss. bé-
breui d'Oxford,
indei, col. 9^3;
Bibl. bebr., I.
JACOB MOLIN,
TALMLDISTE.
Jacob, fils de Moïse ]bn ou pbioou yV'n Halévi, rabbin à
Mayence, jouissait d'une grande autorité en Allemagne et
en Autriche. Le nom de Moeln ou Molin a été expliqué de
plusieurs manières, toutes également chimériques, par Wolf,
ae Rossi, etc. En abrégé notre auteur est désigné par V'i-i'nD,
c'est-à-dire R. Jacob Lévi; ce qui fait confusion avec un
médecin du même nom. De Rossi lui attribue une traduction
d'un traité sur les poisons. Pour les confusions de notre Jacob
DU XW SIECLE.
727
avec d'autres rabbins, nous renvoyons au catalogue de
M. Steinschneider.
L'année de sa naissance n'est pas connue; M. Grœtz dit
qu'il naquit vers 1 365, sans donner de raisons à l'appui de
son opinion; il mourut à Worms le 3 a du mois d'éloul
(i6 septembre) 1427. Il était originaire de Mayence, si on
prend pour son père Moïse fds de Yequtiel hal-Lévi Molin,
qui fut un des signataires des institutions de Spire- Worms-
Mayenceen i386.
Le principal ouvrage de Jacob Molin est désigné par le
mot D'jnjD ou me?^^. C'est un traité sur les observances ri-
tuelles, très estimé en Allemagne, en Pologne, en Hongrie
et même dans le nord de l'Italie. Il a été imprimé plusieurs
fois (la première édition est de l'année i556), et les manu-
scrits n'en sont pas rares dans les différentes bibliothèques.
Ainsi il s'en trouve deux à Paris, n" 45o et 45i. L'ordre
dans les manuscrits n'est pas le même que dans le texte
imprimé, et les manuscrits mêmes diffèrent entre eux. On
raconte que les prières que notre rabbin avait recommandé
aux communautés d'Allemagne de réciter, en i42i, pour
la victoire des Hussites, furent exaucées, ot qu'aucun
malheur n'arriva aux juifs pendant celte période. On
prétendit même que les fugitifs de l'armée impériale
furent obligés de mendier du pain pour ne pas mourir de
faim.
Jacob Molin est également l'auteur de réponses de casuis-
tique, qui furent aussi imprimées pour la première lois en
i556. Dans les manuscrits on trouve un autre ordre que
dans l'édition.
Wolf, et, d'après lui. De Rossi attribuent à notre rabbin
un commentaire sur le livre de casuistique intitulé Yoreh
Déah, de Joseph Caro. Ce commentaire est en réalité de
Lœw de Prague; l'erreur provient de ce que Tabréviation
y-i'n'D a été confondue avec celle de Molin , V>'n'nD.
Ajoutons encore que notre Jacob, ainsi que son homo-
nyme Jacob Weil et d'autres, a fait ample usage de l'abrégé
de Samuel Schletstadt.
XIT* SifcCLC.
p. 6o3; Diiion. sto-
rico, p. i33.
Voir ci - dessus ,
p. 656, n* 7.
Gescb. <ler Ju-
aen. VIII.p. 1^6.
Calai. aOirorcl.
n* 810, col. 160.
Gnelz. Gescb.
der Judeii. VIII,
p. 1*7.
Bibl. faebr., I
p. 6o4.
Diziovtrio ,
p. i33.
HT SIEr.l.t.
728
F.KS KCRIVMNS JUIFS FR VNÇ AIS
KCRIVAINS ET TRVDLCTKIRS DK DATE INCERTAINE.
Le manuscrit (le Paris n" 1^07, qui renferme une partie
du canon d'Avicenne en langue arabe et en caractères hé-
breux, contient, enfr«^ les chapitres vi et vu (fol. i55 v" et
suiv.), une traduction hébraïque d'un petit traité latin, due à
une main pins n'-cente et intitulée : ttipin nn mnono "jnj 110
nx-'cicw ne:'? d:ic'73, « (îrand mystère sur la cinquième es-
» sencc, appelée dans leur langue (en latin) (iiiinta essentia »,
composé j)ar un grand savant du nom de pon, Haimond.
On dit dans le catalogue que c'est probablement de Raimond
Lulle qu'il s'agit. En eftct, le traité a été imprimé plusieurs
fois sous le litre de Llher de secretis naturœ seu de qiuiita
essentia, et attribué à Raimond Lulle. Cette attribution est
iiisi. iiit. dp la sûrement fausse. Dans la traduction hébraïque, on parle des
Franco, i. XXIX. propositions qu'on trouve dans ce traité, et dont la première
commence ainsi qu'il suit: nsn ]ncn 'jdd ikit D'K'?inn 'kh noipn
Fabricius. Bihl.
mcil. et inf. lai. ,
V, p. .■î.s.
Cal., p. 177 I).
Recueil scolastique intitulé : nnDKD «lao •?» riaim rùxe?
•'■rv^vi D-inh nj^Vci, «Questions et réponses sur l'isagoge, les
« Catégories et le traité de l'Interprétation, par Marsilio».
Ce sont les Snppositiones maqistri Marsilii Parisiensis (Marsile
d'Inghen), traduites en hébreu par Abraham fds d'Isaac,
fils de Juda, fds de Samuel Schalom. Cette traduction se
trouve dans le manuscrit de Paris, n° 991; elle contient
trente-quatre Suppositions sur le premier traité, trente et
une sur le second et treize sur le troisième.
Cal. de Paris,
p. }0^ a.
Haphaël, fds de David Cohen de Lunel, aurait composé,
d'après le catalogue de Paris, pour un de ses élèves un
commentaire sur les Aphorismes d'Hippocrate, qui se trouve
dans le manuscrit 1 11 3. Ce commentaire est basé sur la
traduction fies Aphorismes de Nathan ham-Maathi (de
Cento). Les premières feuilles du manuscrit sont dans un
mauvais état; ce qui empêche de reconnaître l'auteur du
DU XIV SIKCLK. 729
\l\' SIEn.E.
cominrnlairc. M. Stfinschneidcr avail identifié ce Raphaël
avec un (Irs trois haylons d'Avignon en i/Joo, qui s'appe-
lait lliiphacl (lalicn. M. Steinsclineider proposait aussi de Baraimi. <u,m
l'idonlilier avec le médecin Raphaël Cohen de Lunel, jX^/T
|). aq ;
hahilant à Manlredonia (rovaunie de Naples), pour lequel Broii, Jaini.n
1 •. 1 M • or. •' / r ' l-i ' cher, IX. p. «1
le niaïuiscnl de Pans 12H0 lut copie en 147-2. l'.n réalité,
l'auteui- du commentaire sur les Aphorismes est Juda
( A.strnc^ lils de Samuel Schalom, vers 1 6/40, tandis que Ra- iw.i
phaël est lélève pour lecpiel ce commentaire lut rédigé. On
lit dans le manuscrit ce (pii suit : Kt'rr\ arjnn T'oVrn pcfraS nvsK
On liduve, durant tout le xiv*^ siècle, des Kimchi ou
Qainhi, descendants de la célèhre lamille dv ce nom. Nous nisi. lin di i.
avons menlionné, dans un autre volume. Isaac filsdeMar- France, t. xwii.
.p. ()So.
docliée Oainhi, surnommé Mestre Petit de .\yons (ccin-'j, nespon?. <i<
non pas de Nîmes, comme nous l'avions écrit), qui est Tau- "zuni'' utierai
teur d'une réponse de casuisticpie. Il est aussi l'auteur d'une syn.Poesie, p.çjS
,...,' . ' 1 I- ■ J r Re\. (les Etudia
lituri^ie et (1 un commentaire sur une des liturgies du ta- juives, xii. p. ss
meu\ lhn-(îahirol. 11 correspondit avec Salomon ben-Adret '' ^o„a,,„|„if,
et vivait encore en i343 (M. Zunz a i34i; M. Gross dit i««6,p. 175.
3, ., , I I • \ Ms. «l'Oxford,
aj est une erreur, sans en donner la raison). — n'isc, 1.
Sanuud fils de Moïse Qamhi est l'auteur d'un commentaire -'^"^" ^V*^'
I /^i • 1 I ' o I r Orient, iS'19,
surlesm'D ^piD, « Chapitres du chant «, compose en i3a3. — p- '3j.
Joseph fds de Saûl Qamhi a fait un commentaire sur les on <i<e!i-u>,
tables de Bonet. — Isaac ben-Joseph ben-Salomon ben- ^.'■°''*' Monai?
Mardochée ben-lsaac ben-David Qamhi copia à Arles deux
ouvrages de Schem-Tob Falaqéra, et les acheva le 16 kis-
lew 5i54 = 3 2 novembre 1893.
AscHER , lils de David de Narbonne (?) , est considéré comme
l'auteur du livre cabalistique intitulé mn"n d, «Livre de
» l'unité ». On trouve ce traité dans plusieurs bibliothèques.
T^e manuscrit de Paris 799, 8, a une dédicace signée par
Joseph fils de David de Narbonne. Dans le manuscrit de
Paris 867, 3, le titre est : nin^n iicidd. Dans plusieurs ma-
nuscrits, notre traité est anonyme. On ne saurait fixer une
Toytr. \\\i. «n
IHriilItlu Hltlu^itr.
%IV SIECLE.
/un/., I.itlnral.
SMi. l'opsie, 'ii)8.
Ziiiiz, Lilt, »)n.
l'ocsic, p. 5oo.
730 r.ES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
date à une composition dont l'attribution à un auteur n'est
pas certaine. Nous renvoyons ceux qui voudraient se ren-
seigner sur ce traité cabalistique aux articles de M. Stoin-
schneider, dans son licbrmsche Biblioçjraphie ou iTtcn,
année IX, p. 2 i, et XII, p. 1 13.
RuBEN fils d'Isaar, qui florissait vers i3o() et probable-
ment en Provence, est l'auteur de cinquante pièces litur-
giques, intitulées nrnn, dont quarante-six sont imprimées
dans le livre de prières T'onn me (Avignon, i 767), tome I,
fol. 70-90. Ruben semble y fairt' allusion à l'expulsion
de i3o6.
Un autre lifurgiste de cette époque est Abbaiiam de
Carpentras, peut-être identique à Abraham, fils d'Isaac de
Carpentras ou don Abraham de Montpellier; on connaît de
lui une introduction à la liturgie intitulée A:haroth.
Pour compléter la littérature liturgique, nous renvoyons
aux articles consacrés par M. Zunz à Coniprat Férussol,
Kslori Frirhi, Isaac Qimhi de Nyons et Ménahem ibn-
Zérah.
Assrinaiii , 370.
On cite, dans l'ouvrage de médecine intitulé : ie?vn idd
(Oxford, n"' ^134 et 21 35, 1; Vienne, CLXl), un Nathan
de Montpellier. D'un autre côté, dans le manuscrit de Paris
1 1 32, 4, il y a deux fragments d'un traité de chirurgie, en
Cal. (le Paris, 6i chapitrcs, d'un élève de Nathan de Montpellier, et on
se demande, dans le catalogue, si ce Nathan n'est pas iden-
tique à Nathan Falaqéra, l'auteur de l'ouvrage intitulé :
tliani-is, «Baume du corps», qu'on trouve dans plusieurs
manuscrits. On ne donne cependant pas Nathan Falaqéra
comme venant de Montpellier. Sur l'identité de ces deux
Nathan, qui reste pour le moment douteuse, on peut
consulter M. Steinschider, dans XArchxv fiir pathniofjischr
Anatomie and Physiologie und fiir klinische Medicm, t. XL,
p. 33o, et son ouvrage sur les traductions hébraïques,
p. 842.
"i.
DU XIV SIECLE. 731
XIV siEcm.
Le manuscrit de Parme De Rossi, 33o, contient une
prétendue pièce de Raimond Lulle sur la composition des
remèdes (d-'Cdh ra^nna ...icnd) et sur ia méthode pour ré-
duire cette science à des règles générales. C'est probable- sipiiisriimidcr,
ment un extrait d'un des grands ouvrages apocryphes de ' <='»^"'''» • i'^^ '
Raimond Lulle.
.Abraham lils de Schem-Tob est l'auteur d'un petit manuel
de thérapeutique, qu'on trouve dans le manuscrit de Pa-
ris 1 1 82, I , avec le nom de l'auteur, et sous le litre suivant :
msp 1-113 ^N^D^^ 1130 , «Petit Manuel de thérapeutique >•, tandis
que le n" 1 181 n'a ni titre ni nom d'auteur. Le traité com-
mence par les mots suivants : Tna -'«••n -^ n:n D'''7in kdii oera
nVnn ipiK ;^3-' DK ncK mxp, «Au nom de celui qui guérit les
« malades, je te donne un petit traité; si le malade arrive à le
«comprendre, il pourra guérir. » Le traité finit par le cha-
pitre XXVI du livre Vil duBreiiariiiin de Jean lils de Sérapion,
par un extrait de Gentilis et par un certain nondjre de re- cauH. dr Pans.
celles. Nous croyons notre Abraham identique à Abrahan» i''^''
de Tortose, traducteur du 27* livre du traité intitulé : voh ci d.ssous ,
« Serviteur des médecins », de Zahravi ; il est possible aussi v-i^"
qu'Abraham soit le lils de Schem-Tob de Tortose ((jui fit «lisi. liu. de h
ses traductions de ia58 u i'i64), et qu'il n'ait lait que la ,,.^9'^.
revision des traductions de son père. En ce cas, Abraham Hud.
a])partiendrait à la lin du xiii" ou au commenceujent du
XI v" siècle C'est lui qui a collaboré, à Marseille, à la tra-
duction latine du Traité des plantes attribué à Galien. Nous
savons, en effet, que Schem-Tob de Tortose travaillait égale-
ment à Marseille. La question de l'identité de notre Abraham i^id.
sera le sujet d'une note à la fin de l'ouvrage de M. Stein-
schneider sur les traductions hébraïques. On peut consulter,
en attendant, la page "4' de cet ouvrage fondamental.
Le manuscrit d'Oxford n" j 1 3o renferme deux fragments Caïai., roi. 73H.
médicaux de Pinéhas de JSarbonne, dont la date e.st in-
connue : 1° un chapitre sur le traitement des maladies en l'oi. irjO'.
général ; 2° un morceau sur les couleurs de l'urine. Le dernier loi. .9^'.
91.
732 I.KS KCRIVMNS .uns FUWCMS
\i\Mkiip..
- ', 1 .0 se troiivr aussi dans le manuscrit (le la nuMiu' l)il)li()tli(î(nic
< jlal.. roi. 7 >H. 11. I ,
n" 2 1 38, où le nom de I auteur est enh'v»'' par une coupure
du relieur.
Yeqi TiiiEi-, (ilsdeSaionion (surnommé Maestro lionsenior
Salomondans le manuscrit de Saint-lVlershonr}^) fie \ar-
honne, traduisit du latin le l.iliinn meduinœ de liernard de
(îordon, ouvrage achevé à Montpellier le 5 lévrier i3o4. l-a
traduction hébraïque fut terminée le i4 du mois (liyyar
5i 47 (2 mai 1 387). Le titre hébreu est nxiD-'n ]Vtv. Pour les
manuscrits qui contiennent celle traduction, nous renvoyons
à l'ouvrage de M. SteinscluKMfler sur les traductions hé-
braïques, p. 785. Nous ne mentionnerons (pie les manuscrits
(atai. p. i.N. de Paris n°' ii85, 1, et ii8(), 1, d'Oxlord n" 21 <;'), 1, et
Catai . roi. -2fi. de Saiiit-I^étershouig n" 2 4 de la seconde collection Fii kovitz.
ZeiUfhrin Je ()„ jjj ^ |j jj,j ^\^^ dernier : n:rnKn npnynn kmi ]V^v^\ -iec dVw'j
(ifiger, m. Il* '6. r" ■ i I |-
p. i',5. ninnKH dvbd nD'70 nr:©3i3 '•Nr: npTvn nvH n-rojni, « r ini est le livre
« de Lis; c'est la dernière et la meilleure traduction, laite par
« Maestro BonseniorSalomon pour la dernière lois. » Léon de
Carcassonne,d'un autre côté, l'appelle une traduction faible,
n'ayant pas été faite sur le latin, mais bien sur la langue du
pays. Dans les manuscrits de Paris et d'Oxford, on dil ce-
pendant que Yeqnthiel traduisit sur le lalin. Les manuscrits
ne mentionnent que le traité de Gordon Df phlebotomia
comme ayant été traduit de la langue du pays. Ajoutons cpie
le manuscrit de Paris 11° 1 186, 1, fut copié par le scribe
Halafta, fils du scribe Abraham, « du pays fie Provence, dans
M son pays natal, la ville de Marseille »,puis achevé le <8 sivan
5196 (12 juillet i436) à Mondovi (Italie).
(•I.I..J. ms Dans le catalogue de Paris, on dit que les trois autres
traités de Gordon, savoir le Traitement des maladies aig.iës,
la Table de l'artifice et le Traité des pronostics, forment un
appendice au Lis de la mérlecine, et ont été traduits pro-
bablement en même temps que l'ouvrage principal C'est là
une supposition gratuite, car aucun manuscrit ne nomme
ïequthiel comme traducteur des trois derniers traités, quoi-
u,k!î^.'';t»«- 1"'^" '*^ ^""""^^ souvent à la suite du Lilium. M. Siein-
DU XIV SIÈCI.K
733
Schneider fait observer que l'un ou l'autre de ces trois traités
lut composé sans doute avant le Lilium. M. Garnjoly dit que
Juda, le frère de Yequthiel, était professeur; il a pris le
copiste du manuscrit de Paris n" i i 85, i , Juda (ils de Salo-
mon, pour le frère du traducteur, ce qui n'est pas dit dans
Ye.iplicit.
Salamias, fds de David deLuncl, est l'auteur d'un Traité
sur les fièvres qui se trouve dans le manuscrit d'Oxford
n" a i33, 4. Nous l'avons mentionné, dans un volume {)récé-
denl, comme Selaniias, doyen de Lunel (ayant rendu piNT
par doyen), et nous avons proposé de l'identifier avec Salo-
mon lils d'Isaac de Lunel, médecin d'Avignon, contempo-
rain de Profatius Jtulœus. On a démontré depuis que ]''\nt,
'im et 'n représentent le nom de David. L'identification avec
\IV' SIECI.K.
Ilisl. ili- iiinl.
10-.
Cat.
Ilist. lilt. <lc lu
Kiaiico. t. XWII
|i. Gi i.
Il)iil. , p '1)1).
Kcv. «lis l'.liulr-
jllivt'!!, IV, |i. 7i ;
VIII, p. J93;\V,
Salomon fils d'Isaac devient de la sorte impossible. Un Sa- i" '^^' *""
lomon hen-David est signalé à Montpellier: mais il n'était "'«' '''^ •'«• '"
,, . , ,.,° 1 1 f 1 ' • ' . 1 . Franc, t. XWII.
pas médecin, a ce qu li semble, oaiamias n est pas du xiii*, p. G93.
mais bien du xiv* siècle, puisqu'il cite dans son traité Ar-
nauld de Villeneuve, Bernard de Gordon et Gilbert. Ajou-
tons que son traité se trouve dans le manuscrit d'Oxford, Voii .ides.nv
entre les traités d'Isaac de Lattes et d'Abraham Abigdor. i' '''J" /-"
Un commentaire anonyme sur les Intentions des philo-
sophes, de Gazzali, probablement par un juif de Pro-
vence, se trouve à la marge du manuscrit hébreu de Berlin,
fol. io56 et suiv. La plus grande partie de cet ouvrage est
en questions et en réponses. La date de la composition,
dit M. Steinschneider, ne peut être fixée, l'auteur ne men-
tionnant aucun de ses prédécesseurs; M. Steinschneider se
contente donc de la placer entre 1 35o et r 48o; ce qui laisse
une bien grande latitude. Mais, comme ce commentaire se
trouve à la marge du texte de Juda Nathan, il est probable
3u'il a été composé après i34o. Que ce commentaire soit
'un Provençal, c'est ce qui résulte de ce que le commen-
tateur remplace les mots du texte de Gazzali : « Quand on
• veut aller de Meschekh à Massa» (»<e?D Vn ic;d y-ixo), etc.,
« 9
Cal., p. S8.
Il>i<l.
Voir ci-dessus ,
p. 57G.
Cat. de Berlin ,
p. 88.
MX SIKr.l.F.
73'l LES i;CRI\AL\iJ JUIFS FRANÇAIS
par : « Si nous voulons aller de Marseille à Orange (nK"'7c-.Dc
« »<3:''-iiiN h») , Salon {]^i^v) se trouvera dans l'observation (ni^na)
«avant Avignon, et, si on fait le chemin inverse, Avignon
« sera avant Salon. » Dans le commentaire de Moïse de Nar-
honnc on lit, à cet endroit : «Montpellier se trouve avant
" Béziers, en commençant |)ar Lunel, et, en commençant
« par Narbonne, Beziers se trouve avant Montpellier. «
On voit quelle masse énorme décrits, composés en un
idiome sémiti(|ue', sest produite sur le sol de la France, à
l'insu, on peut le dire, de la nation, et sans presque aucune
action du uïilieu ambiant. Bien dilFérent en cela du christia-
nisme, le judaïsme ne crut jamais (ju'il lût possible de traiter
des choses juives dans une autre langue que l'hébreu, le
rlialdéen ou l'arabe. Dans un pays comuje la Provence, où
l'arabe était inconnu, l'hcbreu dit rabbinique devint exclu-
sivemtMil la langue littéraire des juifs; ce fut là certaine-
ment un malheur historicpie. La séparation par la langue
littéraire et surtout par l'alphabet acheva la .séquestration
déjà o])érée par la religion. Mais la prodigieuse activité
d'esprit du peuple juif ne fut pas arrêt» e par ces bottes de
plomb. Jusqu'à la lin du \iv' siècle, des ouvrages en hébreu
rabbinique continuèrent de s'écrire en France sur les sujets
les plus divers.
(lelte production d'écrits hébreux se continue en .safl'ai-
blissant dans la première moitié du xv*^ siècle; puis elle dis-
paraît à peu près. A partir de la lienaissance, les israélites
des dilîerenls pays préfèrent enlin, pour exprimer leurs
pensées, la langue du pays où ils demeurent à ce jargon
bi/.arre cpiiis s'étaient fait depuis trois ou quatre siècles,
et (pii n'avait jamais pu arriver à une fornie vraiment clas-
sique. À beaucoup d'égards, la littérature rabbinique de
France est un produit exotique, né par une sorte de trans-
plantation sur le sol français. Nous avons vu cependant que
la grande école des tosaphistes de Troyes, même l'école
' Nous ne connaisson» pas d'onvr.ige arabe composé en France par des nicnilircs
lies colonies arabes qui y ont vécu, soit comme dominantes, soit comme assujetties.
DU XIV' SIÈCLE. 735
judéo-provençale, ont avec la France des liens réels, et que
ce n'est pas un simple caprice d'érudits qui porta nos devan-
ciers à conH)rendre les écrits rahbiniques dans l'Histoire
littéraire de la France. Quelques-uns des j)lus vieux textes en
prose de la langue française nous sont parvenus en carac-
lères hébreux. Cela se verra bien quand les beaux travaux
de M. Arsène Darniesteler sur les gloses hébréo-francaises
seront |)ubliés, et, en ce volume même, on a pu voir que le
j)rovençal s'est assez souvent écrit avec l'alphabet hébreu.
Les relations intellectuelles et morales des israélites avec
le reste de la nation diminuaient plulôt qu'elles n'augmen-
taient. Le milieu du xiii' siècle marqua à cet égard une date
assez lâcheuse. Vers cette épo([ue, le développement de la
théologie scolastique entraîna de grandes controverses reli-
gieuses. Ces disputes eurent de très mauvais «'IFets; on cher-
cha à se convertir, et souvent par des nmvens peu loyaux.
Les manuscrits hébreux lurent brûlés par charretées. Les
juifs baptisés furent un fléau pour leurs anciens coreli-
gionnaires, sans faire beaucoupd honneurà leurs coreligion-
naires d'adoption. La haine théologique, exploitée pai* l'avi-
dité fiscale et la raison d'Ftal, amena la ruine de ces juiveries
françaises autrefois si florissantes et si utiles à l'ensemble
de la nation. Un mur de séparation s'éleva entre chrétiens
et israélites, tandis que, dans les temps plus anciens, la vie
avait été en j)artie commune aux deux peuples.
On ne touchera pas ici une question fort obscure, celle de
l'origine du judaïsme en France. Des historiens ont pensé
que la din"érence de ce qu'on appelle les deux races fut en
réalité une diflerence religieuse bien plus qu'une diffé-
rence ethnographique. Les conversions au judaïsme furent
très nombreuses au i" et au ii* siècle de notre ère; elles
furent parallèles aux progrès cl u christianisme, et plusieurs
de ceux qui choisissaient de mener la vie juive, jiidaicom
l'itam nqere, ne se posaient pas bien clairement la question :
étaient-ils juifs ou chrétiens ? Beaucoup d'israélites de
l'Occident, s'ils pouvaient voir se dresser devant eux par
miracle leur arbre généalogique, n'y trouveraient probabie-
M\' SlKi If.
\{\ SIKC.I.K.
736 LES KCRIXAINS JUIFS FR\NÇ\I.S
meni aucune allacheavec la Palestine cl les pays sémitiques.
Jusqu'au xiiT siècle, les conversions au judaïsme ne?
lunuil pas aussi rares qu'on pouirait le croire. Jx's bulles
des papes, les actes des conciles sont rem])lis d'indications
à ce sujet. L'autorité religieuse pnmail des précautions
])our que la synagogue ne s'enricliit |)as de transfuges
échappés à l'Eglise. La domesticité des chrétiens chez les
juifs amenait ce résultat; car les juils ne souffraient d'être
seivis que par des circoncis. Aussi les interdictions ecclé-
siastiques à cet égard sont-elles très nond)n,'uses.
Nous avons vu qu'avant les persécutions du xiii" siècle
les occu|)ations des israéliles français étaient les n)êmes que
celles des autres habitants du pays. Les Israélites cultivaient
la terre, étaient agriculteurs, vignerons. Tout est changé
au xrv*^ siècle. L'israélile ne possède plus que l'argent, et
les lois canoniques, qui créaient, au moins hors de l'Italie,
des embarras énormes aux chrétiens qui auraient voulu
laire la moindre opération financière, assuraient le mono-
pole financier des israéhtes. On les força en. quelque sorte
d'être riches. La papauté d'Avignon contribua beaucoup à
ce résultat par le besoin qu'elle avait d'ét(*ndre sur toute la
surface du monde chrétien un réseau d'échange monétaire
et de circulation fiduciaire.
Dans l'ordre scientifique, les communications entre les
pojndations juive et chrétienne étaient fréquentes. Le chré-
tien riche qui voulait se guérir ne se faisait aucun scrupule
d'aj)peler un médecin juif. Le fait est que, par ses relations
avec la science arabe, l'école juive provençale avait toutes
sortes d'avantages. Elle eut une part de premier ordre dans
la fondation de l'école de médecine de Montpellier. H y eut là
vraiment un travail commun entre juifs et chrétiens, pour
le bien de la civilisation. En astronomie, la supériorité des
juifs fut encore bien plus caractérisée. Léon de Bagnols,
Immanuel de Tarascon furent certainement les hommes «le
leur temps qui connurent le mieux le système du monde.
Nous avons vu la papauté d'Avignon se faire tributaire de
cette science, malgré l'impureté de ses origines, et provo-
DU XIV SIECLE. 737
XIV siF.r.Li!..
(tuer la traduction d'écrits d'astronomie hébraïque. Ce qui
est plus important, les savants du xvi' et du xvii' siècle re-
chercheront avidement ces livres à moitié perdus et témoi-
gneront du prix qu'ils y attachent.
En littérature, les efforts d'une population malheureuse,
séquestrée et condnmnée à se servir d'un idiome barbare, ne
pouvaient naturellement amener des chefs-d'œuvre. L'école
juive de Provence, pourtant si intelligente, ne produisit, en
fait de compositions libres, que des essais bien fades, tels
(lue le liekinat olam. Le mauvais goût oriental gâte pour
nous ces ])roductions, parfois assez originales, mais dé-
pourvues de génie. Sous le rapport littéraire, les lettrés
juifs ne se détaclièrent pas des types arabes; ils imitèrent
rarement les modèles chrétiens; à vrai dire, aucun*' maî-
trise occidentale, avant la Renaissance, ne fut assez triom-
phante pour que cette persévérance des juifs en des genres
surannés soit étrange ou blâmable. La littérature veut l'air
libre, le contact immédiat avec le peuple. Des e.s.sais éclos
dans des maisons fermées aux bruits du dehors, des jeux
d'esprit uniquement /lestinés à occuper les loisirs d'une
vie de réclusion, auront toujours nécessairement rpielque
chose de ce caractère grêle et pale qu'offrent les plantes
développées dans les milieux obscurs. A part quelques essais
populaires, le brillant développement de la littérature pro- Revue .les Études
vençale eut peu d'influence sur Israël. Ce n'est pas (|ue, ^"'îg'j^^tc''*''^'
dans ces tranquilles intérieurs, la gaieté manquât. La vie
juive donne une sorte de contentement placide; les jeux de
mots, les calembours, les plaisanteries, lourdes souvent,
qui émaillent les écrits juifs du moyen âge, prouvent que
ces malheureux, chassés de tous les lieux où les hommes
se réunissent, pouvaient sourire encore. Mais la situation
était trop contre nature; et il n'y avait pas d'issue, car la
synagogue était aussi dure que l'Église. Le juif excommunié
encourait la haine de ses coreligionnaires, et n'avait d'autre
ressource que de se faire baptiser.
En exégèse, les docteurs chrétiens auraient eu fort à
apprendre des juifs. Les préjugés religieux du temps s'oppo-
TOME ILXXl. ()3
\IV' SIBCI.R.
738 LES ECRIVAINS JUIFS ERANCAIS
saient à une entente vraiment \av^e et féconde. Un fait bien
remarquable, cependant, est la tentative de Nicolas de Lire,
qui opère une révolution complète dans l'exégèse biblique
en introduisant dans la science cbrélienne la méthode et un
grand nombre des résultats de llaschi. Si le vieux dicton des
écoles: j\isi Lyra lyrasset, Lutlienis non sallasset, a quelque
chose de vrai, on voit quelle importance eut pour l'histoire
générale de l'esprit humain l'induence exégétique des juifs
au moyen âge. Malheureusement, quelques tentatives de
l'école franciscaine, en ])articulier des disciples de Roger
Bacon, exceptées, les chrétiens d'alors n'apprenaient pas
l'hébreu. Ce n'est que vers la fin du xv* siècle que la cu-
riosité s'éveille en ce genre, et l'on sait avec quelle mal-
veillance les premiers promoteurs des lettres hébraïques
furent accueillis par la routine olTicielle, laquelle soutenait
3ue les bons docteurs s'étaient fort bien passés de grec et
hébreu et que c'étaient là de dangereuses innovations.
Les hommes un ))eu instruits, même parmi les plus atta-
chés aux croyances religieuses de leur temps, n'étaient pas
sans savoir quels trésors étaient là à côté d'eux, et parfois ils
avaient recours à ceux qui en étaient les dépositaires ex-
oiini, éd. Bon- clusifs. Quoi de plus curieux que cet arrêt du parlement de
Bouùric, AcJs^dù Paris, ordonnant, en 1270, au bailli de Vermandois de
paiicmenideParis, rendre à l'archcvéque de Reims deux familles de juifs qui
étaient établis à Reims depuis longtemps et que le bailli
avait expulsés, prétendant qu'ils étaient juifs du roi? Ces
familles jouissaient de certains privilèges, co (fuod roluluin
haie cuslodire dicuntur. Ce rotulas haie est sans doute ce petit
rouleau que le prophète Isaïe tient entre les niains dans
les peintures du temps el où se lit le célèbre passage : l'^cce
vinjo concipiet et pariel filium , si cher à la piété chrétienne.
Un curieux monument des relations théologiques qui par-
fois existaient entre juifs et chrétiens se remarque dans les
manuscrits soignés du Bréviaire d'amour de Matfre Ermen-
gaud, de Béziers. Le chapitre de ce livre consacré à montrer
la perfidie des juifs doit contenir, en latin, en provençal,
en hébreu, les passages de la Bible que l'on croyait décisifs
1. 1, p. i3o.
DU XIV SIECr.E. 739 ,„.,,,^,^
pour prouver la vérité de la religion chrétienne. Souvent le Aiais.LoBioMari
texte hébreu est omis; mais souvent aussi il est copié avec <i'«nior, |>. .',.5;
, , I r ,• 1 •! I "J 1 • T Bibl. nat., fonds
la plus grande periection, par des scribes évidemment j uns. français, n- 9319;
(]es copistes se prêtaient sans trop de diflicultés à copier prr ie,^3'à VT!ui
alcimi danari des textes qui étaient censés renfermer la preuve Arbami. à Ai».
de leur aveuglement volontaire.
Un fait original est ce nom de grand et de petit Thalamus,
que l'on donnait à Montpellier aux registres municipaux.
Les volumes du Talmud devaient être de grand format, et
c'est en voyant les juifs porter sous leurs bras ces lourds
volumes (jue l'on put avoir l'idée d'employer ce mot pour »
désigner un gros registre. ,
La calligraphie, accompagnée parfois d'enluminure,
était presque le seul art que pouvaient cultiver entre elles
fies personnes mises au han du reste de la population. On Joumai asiatique ,
possède quelques livres d'agadas pour la Pàque décorés de «'"'^Vèl ,u'iv.''''
miniatures du plus grand intérêt, représentant au naturel
les scènes de la vie intérieure des juifs. Les efforts que l'on
a faits pour constituer des musées d'archéologie juive n'ont
abouti (ju'à des résultats assez maigres. Jamais ce peuple ne
mit son originalité ni dans ses édifices, ni dans ses usten-
siles, ni même dans sa musique. Les beaux morceaux que
l'on chante dans les synagogues n'ont pas l'ancienneté qu'on
leur suppose souvent.
Au point de vue littéraire, philosophique et religieux, la
littérature judéo-provençale est inférieure à la littérature
judéo-arabe du xi' et du xii' siècle Celle-ci est bien plus
originale, et elle avait l'avantage de tremper directement
par ses racines dans les sources arabes elles-mêmes. A partir
de la seconde moitié du xiii* siècle, l'arabe n'esl plus connu
des juifs de Provence, à moins d'une étude spéciale; mais,
d'un autre côté, ces juifs provençaux, pour l'astronomie et
la médecine, avaient des sources d'excitation toutes particu-
lières. A mesure que la science arabe disparaissait, la science
latine naissait; cette évolution nouvelle de l'esprit humain
allait donner au travail israélite tout son prix. Les juifs de-
vaient avoir une part considérable dans l'œuvre de la llenais-
XIV' SIÈCLE.
740
I.KS ÉCRIVAINS JUIKS FKANÇAIS
sance. Une des raisons pour lesquelles la France fut en re-
tard dans celte grande transformation, c'est que, vers i 5oo,
elle s'était à peu près privée de l'élément juil. Les juifs
auxquels François I" dut avoir recours pour la fondation de
son Collège, le Canosse, Guidacier, étaient des juifs italiens.
APPENDICE.
Mfsaiiem
Tir, PKi\rin>AN.
Sloin^olineîder,
Cal. BodI.col. 1719,
Woir, Bil.i. Imbr.,
I , p . 7G.J.
Anli (les Miss.,
3' s(ir.,l. p. 569;
Hi'viip rfo< Ktuflcs
juives, V, p. î5i.
Calai., I . p. 9^.
Hisl. lin. lie la
Franrc. I. XXVII,
p. 538.
Ibid., p. 694.
Les règles de l'Histoire littéraire seraient trop fortement violées
si nous (loiinions ici la suite des rabbins du xv" siècle. Comme
cette suite, cependant, n'est pas très considérable, et que nous
po.ssédons sur le x v* siècle . aussi bien que sur le xi\*, des rechercbes
approlondies de M. Neubauer, nous croyons utile de donner ici bors
cadre des notices sur les dernieis rabbins frant-ais du moyen âge.
La partie réservée aux écrivains juifs dans nos annales littéraires
pourra ainsi être considérée, pour le moment, comme teiininée.
Menaiiem fils (l'Abraham, surnommi" Bonafoux Abraiiain, de Per-
pignan, i3K''''iDnDn , est l'auteur d'un traité alphabétique sur les termes
scientifiques qu'on trouve dans la traduction hébraïque du Guide des
égarés, de Maimonide. Ce traité est intitulé : •'Dr '7'?2D, Perfection de
beauté, ou Qi-njn D, Livre de terminologie. Il a été imprimé h Salonique,
1.S67, et h iierlin, 1798. La date de la composition n'est pas connue;
mais elle doit probablement être placée au xv' siècle. Wolf dit que Buxtorf
en possédait un manuscrit. Ce manuscrit est sans doute celui de la biblio-
thèque de Bàle , qui a été copié sur l'imprimé ; la preuve en est qu'on y
trouve la préface du correcteur Isaac, fds de Moïse ibn-Arroyo. Malgré
cela, M. Schwab dit encore de ce manuscrit : « écriture du xv° siècle ».
Notre auteur est très probablement identique à Bonafoux Abram,
copiste du manuscrit de Vienne n° lxxvui. Les auteurs du catalogue
disent inexactement que, à en juger d'après le nom, le copiste devait
être Provençal, de la famille bien connue sous le nom de Bonfos ou
Bonafos de Perpignan , et père du célèbre Menahem Meïri. Nous avons
vu que notre auteur s'appelle Bonafoux et Menahem; Salomon était
le nom du père du célèbre Menahem. D'ailleurs le manuscrit de Vienne
renferme l'ouvrage de Hasdai Crescas, de Saragosse, intitulé: n tik.
Lumière de Dieu, composé en i/iio, tandis que le célèbre Menahem
est mort en i 3io.
DL XIV SIKCI.E. 741
\l\ >IKi I.K.
I^l'lllllil .
1 (IMI;<>VKI'.MMl:
Iswc, lils de Moïse Lévi, surnuininc Profi't Dounm, était originaire
«le la (lalaiogiic, prohabloineiit <lc Perpignan. Dans le Diwan de l\eid)en
Bonli'd, il est appelé iT'ij'jiD, ce qui le ferait originaire de Meigue.il; i r «luMMuiiicN
la leçon ^•^^^^)D, donnée déjà par M. Diikes, et (lui se lit ciairenient ' ""
, ", 11 1 •- I M< iIOvIiiinI.
dans le ntanuscnt, est la seule corrcîcte; toutes les autres nianieres de „ s,. ;;..
lire doixeiit être rejetées. ilist. lin. di' la
Le nom liehreu de notre auteur paraît rarement; on trouve plus li iii<<. i ^^M'
souvent son nom proven(;al, écrit sous lorine anregee T'S'N, qu on ut Zim/., (hmIi.
jNin a^crË ■'JN, «Moi, Profel Douran»; ou ;nt!Ï iD"cnB ■jDI*, «Dit inidtji.. p. iii.;.
« IVofet Douran », ou ]i(~'>î C"ErÊ i\y , « Kn l'rofet Douran ». Nous |)ré- „'.,:'"' '•' '"'
ferons la première solution; car un auteur ne se donnerait pas à lui- Cuial. l'im
même le litre ;\y. En, ou p". Don. I,'al)régé devenait un mot, et notre ' "" • 1' ' '"•
auteur- lut parce procédé nouuïK' simplement l'.pliodi, Ephodœns; l'au-
teur lui-même emploie ce nom dans plusic^urs de ses ouvrages. Il dit,
|iar exemple, à la fin du traite sui- le calen<lrier, <(ue, depuis «pif^
Dieu a versé sa colère (en i3yi) sur les exilés do ,l('ru.saleni en Se-
pliarad (Kspagne : il joue sur le; vei'.stil 20 «l'Ohadit;), il a fixé son
nom d'Klod. Son but était prohahlement de ne |)as être reconnu
<on»nie juil, (piand il fut obligé de se convertii- en ap|)aretice, ou de
pouvoir faire le jeu de mots avec le mot biblicpie liEK. H est très dou-
teux (|ue, par ce nom, notre auteur ait voulu faire allusion au passage
talmudique où il est dit que féphod employé dans le tciuiple par le grand
prêtre faisait expier le péclié d'idolâtrie (Talm. de lîabyl., traité Zv- ri.iii..-,|..ii.iii.
hnhim, fol. 88).
Le nom de c^onr (telle est l'orthographe correcte et qu'on tiouve
avec la variante de B'«EnD et r^Dnc) est écrit différemment par les
copistes : BE'-iD, lOicnD, riDiiE, BiD''iE, asec ou sans l'addition de pK MSâni;.!, «Uns
ou JN, En. La transcription ne varie pas moins: on écrit : Periphot, ^''>iiatss(lir.,iH«j.
Prifuth, Pcriphct, Parfait, Poiirphei, Prophial, Prophet et Propheta. Dans '* J^j^,' *''^'/,^
l'est de la France, l'épithète de tt^'ii, prophète, a été donnée ;\ quelques yj y^^^ .^
rabbins, mais pas comme nom propre, ainsi que le fait remarcpier
M. Sànger. La plupart des savants sont d'accord pour transcrire le
nom de c^cnc par profiai. Par une bizarre altération, ce nom est de-
venu JN^EnD, que M. Munk transcrit par Prof lagae. Nous voyons que Mélaiig.s,p.'i8().
Profet est la bonne transcription. Le latin Profatias dérive de
JK'DTiE ; 3"EnE est également transcrit Profègiie.
Nous avons peu de détails sur la vie d'Ephodi. Nous avons dit qu'il
était Catalan; son nom parait pour la première fois en 1 Sg 1 . Dans son
ouvrage de controverse religieuse, il dit, au commencement du second
chapitre, avoir entendu dans sa jeunesfe un kabbaliste des écoles rab-
biniques d'Aschkenaz (Allemagne), assurer que Jésus et ses disciples
furent des kabbalistes, et que, par cette science, qu'ils ne possédaient
pas dans un sens pur, ils firent des miracles. Donc en 1897 Éphodi
n'était plus jeune; nous apprenons aussi par ce passage qu'il étudia le
742 I-ES KCUIVMNS JUIFS FH ANC \IS
MV MK'.I.K. '
Talmud en Allciuagn»!. Il se montre cependant opposé à ces études.
|)cut-ètre après avoir vu «le près la fausse méthode dialectique (pion
applicpiait aux études talmudicpics dans ce pays. Nous savons cpiauv
xiii" et xiv' siècles, les écoles rahbiniques de l'est de la France et de
TMIemagne non seulement ne s'occupaient pas des sciences, mais
(piclles en déren<laienl l'étude; tout était pour la casuisti<pie du Tal-
mud el plus tard pour la kabbale. Ephodi se voua de bonne heure
aux études non talnnidiques; il lut, par (exemple, le Cusari de Juda
llalévi et le Guide de Mainionide; il avouait franchement (pie, si
M r.r.id, p. I.). ces études représentaient l'ernîur, il avait été dans l'erreur et (pi'il
avait désobéi à ses maîtres en ce point, il s'occupait de philo.sophie,
d'astronomie et de médecine; il sendde (pi'il n'était pas partisan de
l'astrologie.
\oilà tout ce (|ue nous savons sur notre l'rofet, jusqu'à répo(|ue
des calamités survenu(!s en Ksj)agne en i ^9 i , éptxpie où df;s comnui-
naulés presque entières se convertirent par force au christianisme.
I/Aragon fut épargné, selon Kphodi, à cause de l'assiduité des Juifs de
M \:M. |>. l'i. ce pays à réciter les psaumes. Dans l'élégie dont nous parlerons plus
loin, Kphodi mentionne aussi les persécutions de Castille el de Catalogne;
là pas un mot de l'Aragon. Si notre auteur avait vécu en .\ragon, il
n'aurait j)as été foicé de se convertir. Bien que certains anciens chro-
IV( liici-, p. 1 el niqueurs juifs ne veuillent pas l'admettre, le fait d'une conversion appa-
" rente est certain, comme nous le verrons dans la suite. Pour pouvoir
retourner à sa religion, F.phodi décida d'émigrer en Palestine, où il
serait libre de jnatiejuer sa religion, qu'il avait abandonnée par con-
l'i.riKe. p. ',1 trainte. Il est probable, comme l'ont dit a\ec raison les auteurs de la
' '' préface à sa (iraminaire, que notre auteur croyait, d'après la tradition
rabbiniipie, que le séjour dans la Terre Sainte contribue au pardon
du péché commis forcément; c'est ce (|ui résulte du passage de l'élégie
M.KfiKi.p. 19.'). adressée à En Joseph, où il emploie les mots suivants : lOy ironK "I5D1.
« et sa terre fera expier son peuple » (Deut. , xxxii, 63).
Profet donna rende/.-\ous à son élève et ami, tfaprès le manuscrit de
c.uial., p. 1.^0- Munich n° 3i5, 7, David Bonet Bonjorn ou David fils de Bonet Vom-
Tob, converti par force également, qui devait l'accompagner dans son
voyage en Palestine. Mais, après deux jours de voyage (selon Joseph
fils de Schem-Tob; dans la préface d'Akrish, on lit : nivOD '3, deux
stades de voyage), Kphodi fut informé par une lettre de son ami que
celui-ci entendait rester fidèle par conviction à la religion qu'il avait
adoptée. Il est probable qu'il fut fortifié dans celte idée par le re-
négat l*aul de Santa Maria, plus tard Paulus Diirgemis , évêque de Bur-
gos, qui s'appelait de son nom juif Don Salomon Lévi. Profet se
rendit-il seul en Palestine, ou renonça-t-il au voyage, nous n'en sa-
vons rien; tout ce qu'on peut dire, c'est qu'avant 1 4o3, épo(iue de la
M. Kiod . p. /lo. composition de sa Grammaire, il était redevenu juif. En parlant de
DU XIV SIECLK. 743 ^,^. ^ ,^. ^
la iiégligenop qu'on met à étudier la langue sarrcc, il dit, après le
Talmud, dos (îaliléons, qu'ils so rendirent coupables de ce méfait (;l
(|ne c'est pour cela que la loi n'a pas prospéré parmi eux; il ajoute
«nie telle est aussi la cause d(! et; qu'lsiaél est niallieureux, dispersé
et humilié, et de ce qu'il change si facilement sa religion; c'est
l'ignorance de la langue t[ui l'induit h Itlasphcnjer l'Kcrilure sainte :
« Kt le fait (|ue tu connais est arrivé. « De K(jssi croit ([ue ce pas-
sage se rapporte h l'apparition du christianisme; nous croyons plu-
tôt «lu'Kphodi parle d'événemenis conteniporains. Les (îaliléens du
Talnmd sont une allusion aux chrétiens; « et qu'ai-je de commun
« avec eux'' » ajoute-t-il.
A partir de répo<|uc de la composition de sa (îrammaire, nous per-
dons entièrement la trace d'KpIuxIi.
\vant <le donner l'énumération des ouvrages d'Kphodi, nous allons
mentionner ce (jue les bibliographes disent de lui. Hartolocci met notre
Profet en trois places : i" sous Enpniphia Dnran Uispnnus, auteur de la uji,! ,.ai,i,., i.
lettre «i Bonet; 1° sous Eiiprophialk Daran lliipanus, ex Juila-o Christia- \>- iiS
»«.>', auteur de la lettre h Bonet; 3" sous Pcripdiis Durant, auteur du Ihid, p. 'i(>;i.
livre iiEun, a\ec ren\oi h I. p. l\o'\. Ihid.lV.ii. :ii'i.
Wolf place noire auteur sous le nom de Peripolli Daixin et énumère liM. hol.i , I.
(|uatre de ses ouvrages : 1° la lettre et le traité Opprobre des nations, I' W'
(|u'il mentionne ailleurs comme anonyme; j" ceinture d'éphod; 3° œuvre
d'éphod; '1° commentaire sur le (ïtu<le. Dans un autre volume, il re- ihid .lll.i.yâi.
mar(|ue que Le Long accepte la donnée que la giammaire (n° 3) est de
l\. Isaac ben Moïse Lévi.
D(! Uossi, sous Pcrifol Daran, dit <[ue notre auteur est originaire Diz. si<n-..|). 89.
d'Aragon, qu'il est appelé Kphodi à cause de son ouvrage EJod et qu'il
florissait vers la fin du xiv' ou le commencement du xv' siècle. H donne
ensuite ce que les chroni((ueurs juifs disent de lui, et il énumère ses
ouvrages.
M. Fùrst met notre auteur sous le mot de Duran, le dit d'Aragon et ijihi. jmi., 1.
ajoute qu'il s'appelait Isaac fils de Moïse Ilalévi, i\\\ langue vidgaire !'• ^'•'
Mestre Proliat Duran iiah-vi, surnonuné de la (îuna. Par l'abrévia-
tion des trois mots ]Nnn taTTiD 'JK, il forme son nom ICK ou noK; il
le fait fleurir vers la fin du \iv' siècle. M. Fûrst énumère les quatre
ouvrages connus de Wolf, sans mentioimer le traité Opprobre des
nations.
M. Grœtz l'appelle IVofiat Duran, de son nom juif Isaac fils de Gesdi. d. Jud.,
Moïse (né à Cordoue?) et de son nom littéraire Kphodi. IVofiat Duran y. p^'' «' ^°'''-
se trouvait, durant les persécutions de iSgi, en Catalogne, où il fut
obligé d'embrasser le christianisme. Il donne ensuite des détails sur
ses relations avec David Bonet Bon-Giorno (sic) et la dissertation
sur sa chronique perdue, dont nous reproduirons les points les plus
saillants.
\l\ MKCI.F..
7/1 'i LES KCIUV VINS JUIFS FRANÇAIS
Proct'dons iiiiiintenaiit , auliinl (|uc possible dans l'ordre rliroiiulogiqiic ,
à rétuiiiu'ratioii des t'crils de l'rofet Diiran ou Fiphodi.
I. (îoinmentaircs svv divers morceaux d'Xbrahani ibn-Kzra :
IViOil.iii. i«'if>. «• Sur une lilurgif, intilidéc me?T, fait sur la deuiaude de deux
l>. 'r>*i>. «-i cv'J membres de la famille l^enxenist; ce commentaire se trouve dans le
" ■*' ' '' ' luanusrril De Rossi n" H'Sh , à Parme; la liturgie a é\é imprimée deu\
l'ois |)ar M. Dukes.
h. Sur lenij^me (m'n) roucernant les quatre lettres quiescenles.
<|u'on trouve dans plusieurs manuscrits. Cette pièce a été inq)rimée dans
le recueil Detli 'l'almiid , l. II, p. 197.
c. Sur le commentaire de j,rviliqu<\ wiil, et sur Ibistoire de Balak
(Nombres, wii). I^e premier morceau est (l'un caractère tout à fait aslro-
lo^ico-mysli(ple. Le copiste dit (pi'il ne veut plus écrire ce (juil !! vu
dans le livre d'Kpbodi, car il n'est pas d'accord avec lui; d'ailleurs on
lui a connnuniqué ce livre eu secret (ny:S31 'KCrna). Le second mor-
ceau est plus raisonnable, excepté vers la fin. Une grande partie en esl
reproduite, d'après le manuscrit d<' l'arme n° 800, dans la préface
à la (îrannnaire, p. 'ly.
(l. Sur le mystère du noud)re sept, dans le manuscrit de Parme
n" 83."), !i. C'est la seconde ri'ponse à Meïr Crescas. Dans toutes ces
pièces on trouve la signature sui\ ante : « Votre frère Profet Douran Lévi » ;
c'est pourquoi nous les nn-ttous avant l'année 1 Sg 1 .
e. Commentaire sur le couunentairc d'Abraham ibn-Ezra sur Exode,
XXV, 4o, qu'on rencontre dans les mamiscrits de Paris n°83i,6 (nDicn
ÏÉN '7n:n D;nS nViXe?) et d'Oxford n" -iSii, 3 (iDK D3n'J naicn); ces
titres sont évidemment dus aux copistes.
f. Dans le même manuscrit de Paris se trouve un conunentaire
<rEphodi sur un passage de nc?n D d'.Xbraham ibn-Ezra.
II. Plusieurs observations astronomiques, écrites par un élève au nom
de son maître, rn'?xr iC'N y^nn by iDNn •'nD'jC* ''D3, dans le manuscrit
de Paris n° io'23, 3. La première pièce nous offre une glose margi-
nale (le catalogue dit quelques gloses) peut-être par le même élève (•<BZ
IDKDO Tyoe-'E/). Le u" i()2(i, 1, a des notes sur l'abrégé de l'Almageste
d'Averroès (texte d'Antoli), probablement identiques à celles qu'on lit
dans le manuscrit d'Oxford , n'aoi i, 2 (ïbk). Le nom de l'auteur y est
écrit ittt. La seconde pièce de ce manuscrit renferme une dissertation
sur le jour astronomique et sur la longueur des jours et des nuits aux
différentes époques de l'année et aux différentes latitudes (le nom <le
l'auteur y est iek).
III. Notes sur le premier livre du Canon d'Avicenne, 3i chapitres
(nDK), qui se trouvent dans le manuscrit de Paris n" 1047, <<>•
IV. Lettre de Maestre Profet (n^Dnc) Lévi à Maestre Schealtiel Gra-
cian, en réponse à quelques questions astrologiques, signée ^^<^n n^BiD
M*?n. Elle est dans le manuscrit de Paris n" io'i8,6. Dans l'index
DU XIV" SIÈCLE. 745
du calaloguo, cette pièce est préseiittk- par erreur comme une lettre
adressée à Bonet.
\ . Deux lettres en réponse à Meïi- Crescas ou c^ un autre de ses élèves,
concernant l'histoire de ia fen>me de Tckoa (II Samuel, xiv, xvi) et les
conseils d'Acliitopliel et de liouschaï. l<a première lettre se trouve dans
iemanuseiit de Paris n° - li'i , i , a\ ec le litre suivant : D^yipnn mD V^^^\^<Z
T E'K*?. L'exposition biblique est tiès rationnelle, sans mysticisme ni allé-
gorie (pielconque , et ces deux pièces sont importantes pour faire con-
naître la méthode (pi'Épbodi aurait suivie dans un commentaire de la
Bible, s'il en avait fait un. Elles sont imprimées à la suite de la Gram-
maire, p. 198-209, d'après un manuscrit qui était en la possession
de feu M. Sanger, ral>bin à Hambourg. La signature est IDK; par con-
séquent, elles ont été écrites après 1391.
\ L Trois lettres adressées conune réponses à son élève Maeslre Meir
Crescas; aucun titre ne se trouve dans le manuscrit d'Oxford. La première
traite de la signification symbolique <lu nombre dix, surtout *d'après
Abraham ben-Ezra dans son commentaire sur l'Ëxode; Ephodi mentionne
également Lévi ben-Gerson. À la lin, il prie son élève de ne plus lui
adresser de questions semblables; sur d'autres sujets, il sera toujours
prêt à lui répondre. La deuxième question a pour objet de savoir si
l'inftnortalité de l'âme, et par conséquent la croyance aux punitions et
aux récompenses de l'autre monde, est un dogme juif. La troisième a
trait 1^ l'explication d'im passage concernant l'âme dans l'ouvrage intitulé
Livre de la Palme ou de la Datte , d' Abon-.Afîah ; cet ouvrage a la suscrip-
lion suivante : ib ''^hn jxnn n^onc •'■iBe;KD oVwn niD '7njn oann naiern
VT0'7P 'JDpD jBpn anisn ■'iK, «Réponse du grand savant mon maître,
« l'accompli Maeslre Profet Douran Halévi, â moi le scribe, le plus pe-
« lit de ses élèves ». Dans le préambule , le Livre de la Datte est attribué
au roi Salomon. Voir sur ce livre M. Sleinschneider, dans sa mono->
graphie intitulée Pseadepigraphische Literatar (les jûdischen MitteUdters,_
Berlin, i84o.
Ces trois lettres ont été imprimées à la suite de ia Grammaire,.
pages 181-187, d après le manuscrit de Parme n° 835; ta troisième
avait été imprimée auparavant dans le lescharun de Kobak , t. L L'au-.
leur signe la première et la dernière lettre ^iSn JKnn n"5tiD,et non IDK,
et l'on peut conclure de . là qu'elles furent écrites avant 1 ^9 1 , car, à
|>artir dé cette date, il signait ittt.
VIL Epître de lamentation et de condoléance à l'occasion de la mort
du poète Don Abraham fds d'Isaac Halévi, datée marheshwan, 5i54
(octobre iSgS) et adressée à son fils En Joseph Abram. Le poète dé-
cédé semble avoir été un des principaux rabbins de Girone, dont troia
périrent pour leur religion pendant les persécutions de CastiBe et de
Catalogne ; ses livres furent détruits par les flammes , et il nçiouru^ dfi
chagrin peu après. Par une glose marginale du Okanuscrit d'où U
TOME ixii. q4
XIV SIKCI.K.
Calai.. 11" iiô-:,t .
\l\ 8IBCLE.
746
LES ECRIVAINS JUIFS FR \NÇAIS
Voir li-dissu»
p. 680.
lettre est tirée, on arrive à découvrir ce que contenait le Imité perdu,
intitulé n Chapitres de Moïse Narboni ». Ephodi cite encore dans cette
lettre l'opinion d'un savant du nom de INIaistrc Bonot Dtivi ( David) Vt,
peul-étre le père de Jacob Poël. Dans la suscription de la lettre ((jui
n'est pas de l'auteur, comme M. Stern le dit, mais bien d'un co-
piste), le nom de notre auteur est écrit •'^hr^ tS'TiiD ^")tîC?XD; à la lin
il signe comme il suit : «Son frère le Lévi, le poème duquel est f;âlé.
Rcv. des Études « C'est son nom pour toujours et c'est sa mémoire ncK. • M. Neubauer
juives.IX.p. 117. ^ reproduit cette suscription, en ajoutant une conjecture jwr la(|uelie
il identifie Abrabam Isaac Holévi, mentionné dans cette lettre, a un
homonyme qui vivait à Narbonne et auquel Don \idal Lé\i adressa une
lettre. La lettre sur la mort d'ilalévi est imprimée à la suite de l'édition
de la Grammaire d'Ephodi, p. yi.
MIL iBxn aern, « Ceinture de l'éphod « (FiXode, x\i\, 5), ou « Sup-
• putation de Profet Douran », traité sur le calendrier juif et les théories
astronomiques qui en forment la base. Ce Iraiti^fut composi- dans l'an-
née 5i55 (1 395) et dédié à im iMoïse, probablement à Don Moïse Zarzal,
de la famille Ilasdaï Halévi ', médecin <le Henri III de (îaslille. (/ou-
vrage est divisé en \ingl-neuf chapitres, dont le vingt-troisième, sur les
conjonctions et les intercalations, est en vers. On trouve cet ouvrajfe
dans le ms. 800 de Panne; à Paris, n" 3")!, j; à Munich, n° jç)(j'. i;
ici la date est 5i5i == 1^91. La préface et le vingt-troisien>e chapitre
ont été reproduits dans la préface à l'édition de la Grammaire.
IX. ^^ni3X3 'HP htt, « Ne sois jKis comme tes pères ». lettre adres.sée à
son ancien ami David Bonet Boiijorn. Elle fut écrite entre 1391 et
1397, puisque la conversion de notre auteur eut lieu en iSgi et que
la lettre en question est mentionnéHi par lui dans son livre de contro-
verse composé probablement en 1 ■'iç)'. Cette épître doime ainsi la date «le
l'ascension du Christ : anp niV CCI ^Vx npy i» d-DC?'? in*?» DVtîw*, « De-
« puis son ascension vers le ciel juscju't^ présent, soit environ 1 36<) an-
« nées ». Si l'on fixe la date de l'Asct-nsion d'après les chroniques juives.
qui disent que Jésus mourut à l'âge de trente ans, on aurait pour la
date de la composition de notre document l'année 1390, ce qui est
impossible. M. Gra;tï prend ingénieusement les lettres DWi = « et 36o »
selon la valeur numérique ties trois lettres, soit 366^. ce qui don-
nerait pour la date de la composition i3y6, date qui s'accorde bien
avec les limites que nous avons mentionnées. Les autres leçons des
manuscrits et des éditions ultérieures, savoir 1 Sgo (l'iJo), i3()G
(i336) et i36o (1390), sont toutes erronées.
Cbap. i-
Préface, p. 7.
Zunz, Gcscli.
iind Lit., p. i'i3.
' Le manuscrit de Panne a pS
'Kion ; cependant on observe, dans la
ptélace, quo llasdnï avait perdu son fils
Utiiqno dans les massacres de •■^<)i-
' Noos préférerions lire 0'C?t&1 *)'7K
W^ < p*iis4|ue la |tlii|>nrl des manu-
scrits et I édition priiicipali' porloiil r|'7K
Z'Z''. Prendre le ' dans Cwl comme
valeur numérique est contre l'usage
de la langue.
DU XIV SIECLE.
747
XIV* SliCLE.
L i;|)itre • Ne sois pas cuinnie t<'s pt-ies » est un clief-d œuvre de satire
contre le christianisiue. F.lle est si habilement composée que des auteurs
chrétiens la prirent d'abord pour favorable au christianisme, et la Préface d'Akrisri
citèrent sous le titre de Alteca boteca (np'on npiB'îK. corruption de Al P- *'*
teiii taafcoteia) ', jusqu'à l'apparition du commentaire de Joseph fUs de
Schem Toi). Quand on s'aperçut du vrai caractère de cette épitre, on
tâcha de detiuire tous les exenq>laires connus. Elle avait été envoyée
d'Avignon à don Meir Alguadez, nïédecin du roi de Castille, et de ia
sortie s'était \ile répandue dans toute l'Espagne. C'est alors qu'elle fut
commentée par Joseph his <le Schem-Tob et que les yeux s'ouvrirent sur
r<-lrange mystification dont on avait été la dupe.
Cette lettre se trouve dans presque toutes les grandes bibliothèques
de manuscrits hébreux. Commençons par Paris. Dans le ms. 262, 2,
elle porte le titre suivant : njiOK3 nan O":!:'? [ ] noctco n'joc p'JK,
• Epitre adressée p.u" maitre [ ] à Boiiet, son ami en religion », avec
le coiiuiienlaire de Joseph (ils de Schem-Tob. Ce manuscrit diflère
un peu du texte de la |)remière édition. Le n° io48, 6, de Paris
ne contient pas la lettre dont nous parions, bien qu'elle soit indiquée
dans la table alphabétique des auteurs.
Parmi les manuscrits de Munich, citons 289, 8 (pwjia D'Enc)
et 3 1 5 , 7 (pv3i3 D'Jia in n-rr'jn'? C3K^n 'O'-iKEnc). Mentionnons encore
les manuscrits de Leide, Warn. 64 , 1 (d^E'IBJ'K), avec le commentaire
de Joseph, et Seal. 10,4 {ciniD C?d).A Londres, Jewish Coll. n° 5i , 1
(••DjnnDBnB).
Il y a plusieurs éditions de cette lettre; la première est celle de
Constantinople , sans date (probablement vers i5-'j),avec une intro-
duction d'isaac Akriscb.
X. 1DK nrvD, • OKuvri' d'éphod», grammaire en trente-trois clia-
pitres; ce nombre est marqué par l'auteur à la fin de la préface. Schab-
bctaï liass et \N olf qui le suit mentionnent à tort trente-six chapitres. La
raison du titre est donnée par l'auteur à la fin de la préface ; il dit :
«La grammaire, ([ui est la science de la langue, s'appelle ordinaire-
• uient n'jiyE, « action », mot t[ui est synonyme de nc*»D, « œuvre ». La
raison n'est pas très forte, mais l'auteur aime à jouer sur des phrases
bibliques, et son titre se trouve Exode, xwiir, i5. L'ouvrage fut
achevé en I année i335 de la destruction du second Temple = i/io3.
Sur l'insistance de ses élèves, fils de la famille Crescas, il a, dit-il,
composé un traité qui, bien que succinct, sera suilisant pour initier
ceux qui le désirent à la langue sainte. Dans la préface , Ephodi parle
de trois classes de savants parmi les juifs : 1° les taknudistes, 2° les
philosopiies , 3° les cabbalistes. Tous négligent les vraies études b(l»liques,
parce qu'ils ignorent la grammaire. Il est curieux de noter que notre au-
.Sif.YMcl».,cli.v.
Bibl. Iiebr, I.
99>-
Finducb.KXU.
' Voir le titre du tuaiiuscrit de Munich 289 , 8.
\iv sieci.B.
748 LES KCRIVMNS JUIFS FRANÇAIS
leur ne m«'ntionne pour la partie cahhaiistique que le « \A\ro <lcs Cou
• rennes » (pin), et ne dit pas un mot du livre def{afcirni(lufam<uxZo/i«r.
Kphodi recommando fortement les études de langue et de littéra-
ture; il attribue, conmie nous l'avons dit, la cause de ce que l'Aragon
ne souffrit pas les calamités de i ,'<c)i aux prières et aux récitations des
psaumes. Il pose quinze règles utiles pour les études sérieuses ,
que voici: i" étudier avec im vrai savant et avec des condisciples sé-
rieux; 1° choisir d(! bons oiivrages, tels que le conmientaire di; Rasrlii
(Salomon de Troyes) sur la Bible et le Talmud, ou bien les travaux de
Moïse ben-Nabman de (îirone, ou les postilles des rabbins français et
allemands; il recommande surtout les Halakhuth d'Isaac al-Kasi (de Fe/.)
avec les connnentaires «les rabbins catalans, et l'ouvrage de Maimonide
intitulé La répétition de la loi; 3" bien compren«lre ce qu'on lit;
4' prendre des notes sur ce «pion étudie; .S" avoir un seul cahier pour
les notes, afin de ne pas disperser les choses apprises; 6° se faire une
bibliothèque de livres beaux et bien écrits, et pareillement se faire une
école dont l'extérieur soit agréable à la vue ; j' étudier à haute voix ;
8* faire ses leçons en chantant , afin de mieux prononcer les mots (cela
est désirable surtout pour la Bible); y" préférer pour les livres l'écriture
carrée; i o° employer «les lettres plutôt grandes et grasses que maigres
et petites; i i° enseigner pour apprendre ; i a° choisir son temps pour
étudier et le faire d'une manière calme; i 3° étudier pour l'étude inéme
et non pour acquérir «les richesses ou des honneurs ; i \° se fixer une por-,
tion du temps pour l'étude, « surtout ;\ notre époque, dit Kphodi, quand
• notre nation est accablée par les impôts et «[u'il faut gagner beaucoup
« pour satisfaire aux charges »; i 5° prier pour le succès «lans les études.
Nous ne pouvons analyser ici les trente-trois chapitres de la gram-
maire. Disons en général (pi'Epho<li a beaucoup lu avant de se mettre à
écrire ; il connaît toute la littérature concernant son sujet; il a consulté
les sources arabes. Il est surtoilt opposé h Abraham ben-Ezra et h Da-
vid Qamhi , et prend contre eux le parti d'Ibn-Jannah. Ephodi n'a pas
l'âpreté de polémitjue trop ordinaire h son époque; il réftite avec cour-
toisie. H consacre le septième chapitre de son livre aux vicissitu«les
de la langue hébraïque, oubliée durant l'exil de Babylone, n'ayant im
vocabulaire suffisant ni pour les noms des animaux , ni pour ceux «les
plantes, ni pour ceux des médicaments. Et l't^xil actuel, dit-il, a enc«)re
augmenté la perte des mots.
Éphodi, comme ses prédécesseurs, attribue les points-voyelles et la
massore à Esdras. Quoiqu'il n'ait pas inventé un système gramma-
tical nouveau, il a sans doute exposé le système de la langue hébraïque
avec plus de philosophie et de logique que ne l'îivait fait David Qamhi
«leux siècles avant lui. Entre Qamhi et Ephodi , il y a une sorte de la-
cune quant à la grammaire, au moins en Provence; car Joseph Caspi,
comme nous l'avons vu, a traité la grammaire comme esclave de sa
DU XIV SIÈCLE. 7/1 y
\l\ SIECLfc.
philosophie propre. Epliodi a du moins éciairci un point capital de
grammaire. Devançant l'école moderne , il a vu que la conjugaison
iMphal esl une forme existant par elle même, et non la forme passive
du Kal.' lï en donne une preuve fort juste, c'est que le Niphal a une
forme impérative, ce qui n'est pas le ras pour les conjugaisons pas-
sives Poital et Hophal. Kphodi s'expli([ue par la langue catalane ; içt£?n
(Joh, xxwi, îi), dit-il, ne veut pas dire «garde», conjme dans le Kal,
et en langue vulgaire guarda, sans t; le Niplial se traduirait pnv gitardat,
« garde-toi ».
La grammaire d'Epliodi fut tri s répandue, à en juger d'après le grand
nombre de manuscrits (|u'on en a. \insi la Bibliothèque nationale de
l'aris en possède, à elle seule, ([uatre exemplaires, sous les n'" 8.5 1 ,
I 3 I .T, I î'ib et I 2^6.
L'ouvrage a été imprimé h Vienne (Autriche) en 186,'), in-S", sous t'i-éiac.ilKpiiodl
It! titrc! suivant : Maase Efoil, Einlriding in das Stiidiiim und (înimmatili !'■ '!'
drr hebneisclwn Sprachc von Projiat Dtirun , par MM. Jonathan Friedliinder
et Jacob Kohn. Le texte a été constitué sur le manuscrit de Vienne,
(|ui est incomplet, mais (pi'on a complété par des manuscrits appai- (..Uiil.. Il, p. oi
tenant à M. S. 1). Luzzatto et ;'» ^L Sànger. A la marge se; trouvent des
gloses marquées par «l'O'X , peut-être ''Si'D '3iiO "lON , « Mordekaï Kinzi
« dit «.Mordekaï Finzi est lui mathématicien connu, qui a fait des gloses.
marquées D"D, sur le traité astronomique d'Ephodi, gloses «li'jà men-
tionnées par Juda Muscato dans son commentaire sur le hhozaii. Une
autre glose est signée yjNi'? apy CNJ, «Jacob Loans dit». Le titri; est
suivi de la préface des éditeiu's, dans laquelle il est question de la vie
d'Ephodi et de ses ouvrages. Puis vient une description des manuscrits
dont les éditeurs se sont servis. A la page 18 conunencent les variantes
tirées des manuscrits d'Oxford, de Paris et de celui qui appartenait à
M. Sànger. Les pages iyg-i8y contiennent le texte des trois lettres
adressées h Meïr Crescas. Aux pages 189-197 *® trouve l'élégie sur
Don Abraham. Page 198, se lisent les deux réponses sur la femme de
Tekoa et sur Ahitophel. Enfin , de la page 2 1 1 à la page 2 33, s'étend une
importante lettre en hébreu de M. S. D. Luzzatto, qui renferme des ob-
servations sur le caractère de la grammaire d'Ephodi, ainsi que des
corrections pour le texte imprimé. Une lettre de M. Halberstam (p. 22/1-
236) donne quelques additions pour la bibliographie des ouvrages
(fEphodi. Les éditeurs ont placé ensuite la table des matières des vingt-
neuf chapitres du traité d'Ephodi sur le calendrier, ainsi que des notes
et additions à sa grammaire.
XL D^un nD'''73, « Opprobre des nations », traité de controverse reli- Caial. Uodi..
gieuse, en douze chapitres, dédié à Hasdaï Crescas, comme on le voit "''■ '"^•
par la préface et par la fin du traité. On a contesté cet ouvrage à
Ephodi; mais il est prouvé maintenant qu'il en est l'auteur. Dans la
suscription du manuscrit d'Oxford 2 1 53 , on lit ce qui suit ; « Ce livre
5 0
VIT SII'XI.K.
750 LES KCRI VAINS JUIFS FRANÇAIS
« fut composé par un grand savant qui fut forcé de se convertir pen-
1851. I). 320. «dent les persécutions qui sévirent à Séville et dans le reste de l'Es-
« pagne, qui se répandirent en Catalogne, et au courant desquelles nous
« fûmes forcés de nous convertir, dans l'année rJH nn nv. • Le'n" a i 55
de la même bibliothèque porte la suscription suivante : « Lettre au grand
« homme ibn-Hasdaï , composée par Maestro Profet de Perpignan , qui ,
« lui aussi, fut forcé de se convertir. »
(liiii/, Gescli. Il est probable que Ilasdai, après avoir composé en espagnol son
<lri- .liid., VIII, iraité de controverse {Tratado), en iSgô, demanda à F.phodi, qui
îlir, llc'iM-rseiz ^^"'^ ^O" anù, avait été le précepteur de sa famille, et dont il connais-
l>. 'i<)' sait la force en controverse, de faire un traité sur le même sujet en
hébreu qui fût accessible aux juifs de tous les pays. Cela semble, en
efTiît, résulter des mots d'Kphodi, à la fin de son traité, quand il dit :
Cal. de Vienne, «J'ai pensé que, si mon traité venait entre les mains de ceux qui
"•'*■ '*''■ «n'ont pas les moyens de te lire, leurs yeux en seraient quelque peu
« éclaircis Ainsi le traité d'Ephodi fut composé après celui
de Hasdaï, qui fut lui-même composé en iSgâ. Si on accepte ces
Kis.liiiGrnIxîr, données, il faut reconnaître que M. Zunz avait raison de calculer la
Liirvil., si^r. Il, ^jjjg jg l'Opprobre des nations par la valeur numérigue des lettres
\()l. WVII, p. fl lO. I m , r. • • 1_ • • 1 1
«jKn nn nD==[iJj49. Ln y ajoutant le mot Tiian, qui suit dans la
Bible (Deut. , xx\, 28) et vaut à 8, on obtient iSg'j. Il y a seulement
une objection à faire, c'est que les juifs, dans un traité de contro-
verse, n'emploieraient pas la date chrétienne, surtout en omettant le
millésime. En tout cas, notre traité fut écrit après iSgi, puisqu'il
est adressé à Hasdaï Grescas.
Ephodi se montre très versé dans les livres du Nouveau Testament ,
qu'il avait lus en latin, et dans ceux des Pères de l'Eglise.
H semble que Siméon Duran, dans son traité JJDI rc?p, « Arc et bou-
« cher • , a largement fait usage de notre livre , de sorte que M. Sœnger
a dit justement qu'on peut corriger beaucoup de pas.sages dans le livre
d'Ephodi à l'aide de celui de Siméon.
XII. Le commentaire d'F.phodi sur le Guide des égarés est plus lit-
téral que ceux de Ca.spi et de Moïse de Narbonne. On a remarqué que
notre auteur traite de quelques parties du Guide dans sa grammaire
plus longuement que dans son commentaire, et on a peut-être eu raison
de supposer que des copistes s'étaient permis d'abréger ce dernier ou-
kokl.lH Vil., vrage, comme M. Jellinek l'a fait observer pour d'autres commentaires
sur le même livre. Peut-être le commentaire fut-il composé après la
grammaire , et c'est sans doute pour cette raison qu'il ne la cit« jamais.
Ephodi se montre, en son commentaire, très versé dans la phUoso-
phio arabe d'après Aristote, ainsi que dans la littérature juive sur ce
sujet. U résulterait peut-être du manuscrit d'Oxford n° a^aa, 16, où
on trouve un fragment arabe de notre commentaire, qu'il fut traduit
en arabe. Les manuscrits de Paris n" 1 04 1 , 6 , .çt 1 oa6 , A , contiennent ,
fa<r. 17, p. .■?<.
DU XIV SIÈCLE. 751
xiv' Siici.E.
sur les deux lignes dont il est question dans le Guide (liv. I, 78), et
dont l'une est droite, l'autre courbe, une note plus développée que la
note de Lévi ben-Gerson sur le même sujet.
En lisant les dernières lignes du manuscrit d'Oxford n" la^o, on
serait tenté de croire qu'Ephodi a également fait des notes sur le Khuzari
de Juda Halévi.
XIII. nnoon pnat "^D^eo,• Enumération des persécutions ». Tel est le
titre d'un ouvrage historique de notre auteur, mentionné par Don Isaac
Abarbanel ou Abravanel, dans son ouvrage intitulé : in''6*0 msic?'", • Vic-
« toires de son Messie » , composé en 1 497- Il en donne même les extraits
suivants : i°sur l'expulsion des juifs de l'Angleterre; 'j° sur celle des juifs
de France sous Philippe le Bel; 3° sur le retour des juifs sous son succes-
seur Louis X ; /|° sur leurs expulsions sous le même roi ; 5° sur Itiur
réadmission sous Jean I"; 6" sur leur expulsion fmale par Charles VI.
Un auteur, Salomon Alammi, florissant vers 1^00, dit dans son épitre
de morale ce qui suit : • Souviens-toi et n'oublie pas les décrets sévère» Kdii. j, iiimi .
• et les mauvais temps qui venaient sur nous depuis /iyo5 (11 45), 1'- ■^'-■
« comme il est écrit dans le livre des mémoires (nijnstn ^BD). » Alanniii,
très probablement, fait ici allusion à l'ouvrage d'Ephodi.
M. Graîtz, qui a le mérite d'avoir découvert l'existence de l'ouvrage titsdi. «1. JuJ
dont nous parlons, en poursuit les traces dans d'autres chroniques, qui ^"'' l'- ■'">'>■
doivent avoir utilisé le traité JËphodi, à présent perdu. Samuel Usque,
«nié de Portugal, composa un ouvrage en portugais et de forme
poétique , sous le titre de Consolaçam as tribala<-ocn.i de YsraA, imprimé à
Ferrare en i5.t3. Il énunière, dans son troisième dialogue, trente-sept
persécutions des juifs, depuis le roi Sisebut (612) jusqu'à la destruction
de la syrragogue de Pesaro, qui eut lieu de son vivant, en 1 553. Usque,
tout en étant plus poète qu'historien, donne les dates des persécutions
à la marge, en indiquant les sources auxquelles il a puisé, quelquefois
avec les initiales des titres des ouvrages. Parmi ces indications, il y en
a quelques-unes qui sont faciies à expliquer : par exemple F. F. veut
dire Fortalitiam Fidei, (l'Alphonse de Spina ; Cor. Ym. veut probablement
dire Coronica de Yngelterra ; d'autres , comme L. J., E. B. [E B ^\. E b)
et V. M. restent encore obscures. À partir du n° aSjusqu'àlafin, U^que
n'indique aucune source; car les persécutions énumérées là sont d'une
date récente; Usque les connaissait par des témoins en partie oculaires,
$ans parler de ce qu'il avait vu de ses propres yeux. En outre, M. Graetz
nMmtre que Usque doit avoir utilisé la même source que Juda ibn-Verga,
dans sa chronique intitulée : miri'' Dae? , Verge (sceptre , allusion au pas-
sage de la Genèse , xlh , i o)de Juda , composée en 1/187, — à moins que
Usque n'ait puisé directement dans la chronique de Juda ; mais M. Graetz
prouve l'improbabilité de cette conjecture par les données suivantes :
1* L'ouvrage de Juda parut en Orient simultanément ou peut-être même
une année après le traité d'Usque; 2° en Orient, le manuscrit de Juda se
\l\ HIKr.l.K.
52 LES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
trouvait entre les mains de son parent Joscpli ibn-Verga, qui l'a con-
tinue jusqu'à l'année iSso; 3° le texte d'Usque donne de meilleures
leçons que celui de Juda; d'où il faut conclure que les deux chroni-
(jueurs ont puisé à la mt^me source, et cette source- est l'ouvrage d'Ephodi.
M. (iia-lz lait encore mieux ressortir la justesse de sa thèse en donnant
siu' trois colonnes les passages qu'Abravanel cite de l'ouvrage d'Ephodi et
en les comparant avecles passages correspondants dans les livres d'Usque
et de Juda.
l'oui' ccjntinuer son raisonnement, M. Graetz montre que Juda, une
fois au moins, a mal appliqué les données d'Ephodi. La date de l'expul-
sion des juifs en France en 5i55 (iSgS) est exprimée par la valeur
tmmcrique des lettres n'75 inbvD (allusion au passage de l'Exode, xi, i),
valeur numérique de nSs = ■io -t- 3o + J =5o, en omettant les mille
et les cent de 5i55 (iSgS) : Juda emploie cette notation pour l'ex-
pulsion sous Philippe le Bel en i3o6. Remarquons encore que l'expul-
sion de 1 3f)5 ne figure pas chez Juda; peut être a-t-elle été omise par
l'impriniiur.
Les dates, dans l'ouvrage d'Ephodi, devaient être exprimées par la
valeur iiinnérique des lettres, et non pas par le numéro d'ordre des
persécutions. Ainsi la date de la dernière expulsion de France en 5i55
(i3()5; iSgi chez M. Graetz semble une erreur de typographie) est
dans Usque fSi^o (i38o); Usque a probablement trouvé, dans la copie
d'Ephodi dont il se servait, D'p'n au lieu de n'i'pn [M. Graetz écrit
n'3'n). D'un autre côté, Abravanel donne comme date (en mots) de l'ex-
pulsion des juifs de l'Angleterre /j020 (i 260), lisant Y^ au lieu de ]"n
5o5o (1 290); la leçon est correcte chez Juda. Uscjue a ici la date a'n
5oo2 (12/42); le manuscrit d'Ephodi dont il se servait portait sans
doute ]"n , leçon analogue h la leçon Y'i •l^j''» mentionnée.
L'histoire de David AIroy est donnée par Usque, sous le n° 8, avec
l'indication de la source L. J., EB; elle se trouve également dans Juda,
n° 3i. L'origine de ce récit est dans Benjamin de Tudèle, et Ephodi
peut favoir emprunté à l'Itinéraire, lequel sans doute était rare, à en
juger d'après le petit nombre des manuscrits de ce livre.
M. (iraetz compare encore les données d'Usque et celles de Juda
relatives à l'histoire de Sancha, sœur du pape et ennemie des juifs,
ainsi que tout ce qui concerne la persécution à propos des lépreux en
I 3 a 1 , et pense que beaucoup de ces données peuvent être empruntées
h Ephodi. La persécution de Vincent Ferrier en n4 1 2 , qu'on ne trouve
que dans Usque et qui ne figure plus chez Juda (celui-ci ne voulant
pas reproduire une histoire qui avait déjà été dite par Juda Léon Abra-
Srlioli. Jcli.. vanel), est sûrement empruntée, d'après M. Graetz, à Ephodi, par la
"' Jo raison qu'on y trouve des détails qu'on ne lit pas dans d'autres chro-
niques que dans celle d'Abraham Zakkuto, par exemple ce détail que
Vincent Ferrier traversait les villes en portant la croix avec un rouleau
DU XIV SIECI.E.
753
XIT* SIÈCII.
du Pentateuque, quand il invitait les juifs à se convertir. M. Graetz
reconnaît naturellement que, si c'est réellement à Kphodi que remonte
ce récit, ses mémoires sur les persécutions ont dû être écrits après
l'année iliii. Kn tout cas, ils ont dû être écrits après qu'Epliodi était
retourné au judaïsme, c'est-à-dire après i iigô.
M. Neubauer a publié, dans la Revue des études juives, un fragmcfit
d'une chronique sur les persécutions, tiré du manuscrit 3i5 de la
bibliothèque de M. le baron Horace de (iijnzburg, qu'il suppose être
un extrait abrégé de l'ouvrage d'F^phodi ; ses preuves sont tirées des
mots mnémoniques qui y sont employés. En voici les dates princi-
pales : 5o66 (i3o6) pour l'expulsion de France, date exprimée par le
mot i'7'>i (Ps. XXXIV, i) ; grande persécution A Perpignan en l'année 5 i 3o
{i3-o), date exprimée en lettres; persécution de Paris en Si'ii
(i 38i), date exprimée par le mot ON (On., xxxii, i a); grandes persé-
cutions de Catalogne, qui eurent lieu en l'année 51,')! (iSgi), date
exprimée par le mot D'SvK (Isaie, i, lô); seconde expulsion de France
en ,îi55 (i395), date exprimée par le mot nVs (Exode, xi, i). Outre
la preuve tirée des mots umémoniques, on pourrait ajouter que l'au-
teur de ce fragment doit avoir été bien inforn>é sur les persécutions
de Catalogne. Or Ephodi était natif de Perpignan et y demeurait. Si
l'on ne trouve pas dans le fragment publié par M. Neubauer le détail
ci-dessus mentionné relatif à \ incent Fcrrier, cela ne prouve nulle-
ment que le détail en question ne figurât pas dans le traité complet
d' Ephodi.
XIV. Une réponse (*IÉ!< nairn) au livre astronomique de Joseph ben-
Nahmias, intitulé o'^^y ^1K, • Lumière du monde ». Ce traité se trouve
ilans le manuscrit d'Oxford (îan. mise. '179. fol. 16b, à la suite du traité
de Joseph.
Pour ne rien omettre de ce qui concerne la bibliographie et la bio-
graphie d'Ëphodi, mentionnons la conférence populaire faite à Nieniic
en 1864, et publiée en «891 par \L Jacob K.ohn, sous ce titre:
Efodi, ein Vorti'og. L'auteur n'avait pas de documents inconnus à sa
disposition.
T. IX. p. 3if)
IjC vrai nom de l'écrivain dont nous allons parler était Sai.omon. F«ai Maimou
fds de Menahem (dans un manuscrit on lit fds d'Abraham Menahem). ''■' , ,
Il r , \m ri i<ï». . ,. , . lin SES TROIS EI.ETES,
Il lut surnommé taxnD; M. Zunz et IHistoire littéraire de la rrance ^,^^„
écrivent Prat; M. Geiger, Parath; M. Steinschneider prend ce nom Mazkir, XVI,
comme un abrégé de Comprat; nous le croyons un abrégé de f rater. P- "C.
Maimon, dont De Rossi fait deux personnages différents, vivait sans ^'V' ^'^^'"^'- "■
doute en Provence vers la fin du \iv' siècle; cette époque peut être ac- Hist. liit. de la
ceptée quand on sait que ses trois élèves, dont nous parlerons plus France, t. XXVII.
loin, composèrent leur commentaire sur le livre Khozari, selon Tinter- P' _
prétation orale reçue de leur maître, vers l'année i\îfi. Dans le cata- •»» .n .9.).
TOME XXXI. Q.')
5 3 *
i«i nivEKii
llt'SlàcLK.
(ialal. de Paris ,
p. 107 0.
754
LRS KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
r.atal. (le Paris,
' 1045, 3.
Vlaïkir, XVI.
p. 126.
Calal.dOxfoid,
11* laig.
M'azkir, XVI.
p. 136.
Geigcr, Jûd.
/schr.,III.p.i85.
Calai, de Bcriin.
Ilist. lia. de la
France, t. XXVII.
|i. G36.
Ibid.
Calai. d'Oxford,
toi. 56 ; Geiger.
Zcitsclirift , 1871.
p. 318.
Mazkir, XVI.
p. 1J7.
Calai. Uiscioni ,
ln-8'. p. 43^.
logue (le Paris, à l'article du manuscrit n' 678, a, le nom de notre
auteur est écrit R. Phr^t Maimoun, fils de Dimaza (nxD n), et on lui
attribue une consultation tirée d'un ouvrage intitulé "im r\lh2Vr\. Nous
voyons ih une double faute de lecture. Au commencement du buitièiue
cliapitre de l'explication des huit chapitres de Maimonide, par Nethanel
Gaspi, on lit ce qui suit : (sic) nxD '3 '•>: liD^D BxnD 't niD 'Jnx non n» hin
nON crcVoai ^^:^ ■•3 Yt iMi Pl'?NCn iBoa. • Et mon maître Frat Mai-
« mon s'étonne d'avoir trouvé dans le livre des Interrogations (pro-
« bablement le traité astrologique d'Abraham ben-Kzra) la phrase
« que voici : Knoch et Ptolémée disent • L'auteur du cata -
logue a lu nso n -13 au lieu de (1. ksd) nsD '3 "-J, et m'jsern pour
Frat Maiuion a composé les quatre écrits que voici :
1° biovh nny, «Témoignage d'Israël», traité cité par ses trois
élèves, à l'occasion d'une interprétation d'isaie, i.ii, i3. Ce traité roulait
sans doute sur la controverse religieuse. Ce n'était pas un commentaire
sur le livre de Khozari, comme MM. S. D. Luzzatto et Neubauer l'avaient
pensé, puisque notre auteur, ainsi que M. Steinschiicider l'a bien ob-
servé, avait donné une explication orale sur ce livre, sans en avoir jamais
écrit un commentaire. Cela résulte clairement de ce que les commen-
taires de ses trois élèves sur le Khozari se ressemblent tellement qu'on
serait tenté de prendre l'un ou l'autre de ces commentaires pour un
plagiat. Mais tel n'est pas le cas; la ressemblance des trois commen-
taires est le résultat d'une même interprétation orale que les élèves
ont mise par écrit. M. Zunz avait pris, à une certaine époque, le titre
de '7N")C^'7 nny pour le titre du commentaire sur le Khozari de Nethanel
Caspi.
1° •'yQC nsJ, « Rejeton de ma plantation »; traité qui avait probable-
ment pour sujet les explications philosophiques des passages agadiques
du Talmud. Ce traité, comme le précédent, est connu seulement par
les citations de deux des élèves de Frat Maimon , dont l'un même ne
donne pas le titre de l'ouvrage.
3^ Un commentaire sur le poème intitulé : vs:n 'r3, « Boites de par-
«lum», de Lévi ben-Abrahani. Ce commentaire est cité par les trois
élèves et se trouve probablement dans le manuscrit de Paris n" 89 1 ,
avec Salomon pour nom d'auteur. M. Carmoly dit qu'il s'agit là de
Salomon de Lunas, disciple de Lévi; mais «de Lunas • ne se lit pas
dans le manuscrit.
4° Quant aux explications sur la Genèse qu'un disciple cite à la
marge du manuscrit d'Oxford n° 28'j , elles sont probablement tirées
d'une série de postilles sur le Pentateuque, telles qu'on en trouve dans
le manuscrit de Munich n° qS^.
Frat Maimon fut le copiste de l'exemplaire du dictionnaire de David
Qamhi qui est à la bibliothèque Laurentienne, à Florence, plut. 88,
DU XIV SiECI.E.
755
cod. 6. Biscioni le dit du xiii' siècle, date impossible, puisque Frat
Maimon vivait dans la seconde moitié du xiv* siècle.
XIV siE<;i.i.
Jacob, fils de Ilayyim, surnonuné Comprat Vidal Férussol, peut-être
le fds (M. Steinschneider dit le petit-fils) de Vidal Férussol, un des trois
bayions d'Avignon en i^oo, composa en 1^22 , à l'âge de dix-sept ans,
un commentaire sur le livre A^/iozari , de Judah Halévi, d'après l'instruc-
tion orale reçue de son maître Frat Maimon. Dans le catalogue Heiden-
heim, n° Sg, d'après M. Steinschneider, notre auteur figurerait comme
copiste. M. Carmoly lit Provençal au lieu de Férussol, d'après un ma-
nuscrit qu'il avait reçu d'Alep. M. Neubauer écrit OKnOp au lieu de
TiBDip, et cette orthographe est confirmée par le manuscrit de Berlin.
IjC nom de Comprat est la traduction vulgaire du nom de Mahhir; ici
il équivaut à Jacob; ailleurs on trouve Comprado, représentant 3'2n
suivi d'un autre nom. Un Comprad d'Aries se trouve cité dans le com-
mentaire d'Ibn-Yaisch sur le commentaire d'Abraiiam ben-Kzra sur le
Pentateuqup. Un Comprat de Vivas d'Arles est mentionné, en i386,
par Isaac ben-Schéschet, dans la Réponse n" 266, comme père d'un
voleur du nom de Vido (n^, ou \idon, jn'i, dans les Réponses d'Isauc
Lattes). M. Steinschneider a voulu identifier Vidal, le père de notre
auteur, avec Vidal, poète d'Avignon, en 1 'i53; ce qui n'est guère vrai-
semblable, vu que notre auteur avait composé son ouvrage à l'âge de
dix-sept ans, en i^aa; en i/j53, il aurait eu quarante-huit ans, et
Vidal, s'il avait été le père de notre Jacob, aurait été alors âgé de
soixante-cinq à soixante-dix ans. Cela est bien possible assurément; mais
il est surprenant que, dans le commentaire de Jacob, il ne soit Jamais
question de son père. Ajoutons que Vidal d'Avignon n'est pas cité
comme poète par Zunz, ainsi que le dit M. Steinschneider : il est simple-
ment mentionné comme auteur d'une liturgie, en i653. A la fin du
manuscrit de Munich a 9a, on trouve le nom de Miu-l Bouda vi Com-
prad, de Salon, dont la veuve vend des livres à Maestre Selamias, de-
meurant à Sisteron(?), le 1" tebet 5aia [i(x novembre i45i).
Le titre du commentaire de Comprat est apy n'3 , « Maison de Jacob ».
On en connaît au moins trois manuscrits, savoir : 1° celui de Berlin,
n* 1 a3 du catalogue, autrefois chee M. Kayserling; a* celui de M. Car-
moly, mentionné ci-dessus; 3* celui de M. Halberstam, à Bielit/. Com-
prat cite à peu près les mêmes sources que ses deux condisciples. Nous
renvoyons à la minutieuse description de cet ouvrage, par M. Stein-
schneider, dans le Catalogue de Berlin.
Nethanel, fils de Néhémie Caspi, surnommé Bonsenior Macif de
[jargentière , de la famille Caspi, était encore jeune quand il fit son
commentaire sur le Khozari, en octobre i/ia4; d'un autre côté, il
acheva la copie d'Alfasi (ouvrage rituel d'Isaac de Fez et autres rabbins)
95.
Comprat,
ÉLÈVE DE Fll\T.
Brùll. Jalirli. ,
IX, p. 86.
Rardinel,Re\ui'
des btudes juives.
I, p. 173.
Maïkir. XVI.
p. 117.
Ann. do Jost,
i83g , p. 101.
Arcli. des Miss.,
1873, p. 575. ^
Catal., p. I I I.
Zuni, Ges. Sriir.,
II, p. .')i.).
(]atal. Caiiibr. ,
I , p. 1 3 1 .
Gross , Moiiils-
schrifl, 1880, /ii3.
Resp. I. I.attf^s ,
p. 87 et 88.
Maïkir. XVI,
Zuni, Lit. syn.
Poésie, p. 5 2.1.
Catal. , p. ii3.
Arcli. des Miss.,
3' série , t. I .
p. 573.
CaUl. Beriin,
p. 1 1 1 et suiv.
Catal. Berlin,
p. 1 1 à I i5.
Nethanel Caspi .
ÉLÈVE DE Frat.
Catal. dllatn-
bourg , 11° 1 7 .5 .
x.»-s.«.rK. "^^ ^'^^ KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
le ib d'éloul 5a i A (18 soplonilirc \tibli «de la conception, d'après le
« ralriil des seigneurs à Arles ») pour Maeslre Mordekaï Todros Nathan ,
à A\igiion. Nous n'avons aucun autre renseignement sur sa vie. Par
les ouvrages qu'il cite, on voit que Netlianel s'occupait de philosophie
rounne son aïeul Joseph.
Nethanel (laspi composa plusieurs ouvrages, que nous allons essayer
d'énumérer :
Casscl, Ciisari, •" I-'e commentaire sur le livre khozari, de Juda Halévi, ayant pour
rdii. de i853, hase la traduction h('>l>raique de Juda fils d'Isaac ben-Cardinaî , faite en
^' '*■ I i-jli selon le manuscrit de Paris Gyy (M. (]assel dit vers laoo), la-
quelle ne diflère pas beaucoup de celle de Juda ben-Thibbon, faite en
I i()7. On en trouve des manuscrits : à Paris, n° 677 (autographe) et
Mailii, xvi. M» G78 (fragment); à Oxford, n° laag; à Parme, l)e Rossi, n° igb;
'• " trois dans des bibliothèques privées : Asher, n° 1 7 ; Ilalberstam, n° 6, et
Luzzatto, n° aa. Nethanel acheva son commentaire, d'après le manuscrit
rie Paris C77, le 5 kislev 3i85 (aS octobre iliiU). I^e manuscrit de
Parme a la date du mercredi -26 siwan f) 1 88 ( 1 5 mai 1 IxiS). Cette der-
nière date se rapporte peut-être à la revision. Voici le texte de la
préface, d'après le manuscrit d'Oxford :
'Biin '<D"'3 "•'? '7131 n'a >pi33 nJ3 r^•l^rv' •'sVio l'^ssn ''DD3 n^om p "jKJrJ itSK
|n3 TBZ? ry3i3 Nipcn '?33 ik3 nC3n iipr: yai: ]"»i: "jmn '<3K '3K3 -jm»
(Ms. Asher Dn:c nn-i3t< 13) Dn:D '13 nvibv '1 niD "-anK Nin nsn ncc
vn^<^p nwK inx ncon nt nN33 '•'jy ni ^CD ]1C"C bkib 'i ntyi'?'? njison
n-iNiDDn irC3n ■"iic-i DmB3 yioîn p3 i'7nnc l'jip njj '''73» 'sn m'' rjo"?
nON |mj -IBD nV^JO "I*? np DIK p -iCKil .iD Vv vri i"?» 1310 VlpH HK »0C?K1
DE^ii rjsK 'jy -)i3i ■i3n i3nr ick pn -in''inj<3 i*? 3''0i'' ■•s'jd ■j'?» idb'» ^Dt:r
D"n cnSN n3T r-i3T na''3Ki o''3i nio '7ip: Kmpn "jip pk ''yDt:?3 inii .'d bs vt
nn ■'3ip3 NSDK1 nVnsn i^y: laiy niKi piPc"? e;3n3 ■'D3 rn-i o''-i3nn cw
^CD3 BIPS*? ■'D33 "•CJEJ HCCKi D^p ^c^y yî3D nt3n wi i*? ^oc n3n3 nm nvin
nn03 inyi3p "'3'73 pipipn in3T vni po"'? ninxi o^jd n3iP3 iDO p'jjd rni
'?"''?y3 r|i-)sn «)D3 nxr"? piDTn*? puinn nippipe?n '<pvm îcd3 aenn '3 'i^ja
Dipn noy did3 itdc; ksid nnoD oioyion pe?"? pnr erani aVn rat ynx vik"?
•«DDS pnxiKa
Cette préface , pleine de jeux de mots , est intraduisible en français.
Tout ce qu'il y a de clair, c'est que Nethanel , étant jeune encore , reçut
l'explication du livre Khozari de son maître Frat Maïmon.
Ajoutons que, dans le manuscrit 808 de Parme, qui renferme l'édi-
tion du Khozari de 15^7, avec les variantes de Cardinal écrites à la
marge en caractères rabbiniques, on trouve à la fin un poème qui com-
mence par les mots suivants : n3CnD iiDa ■■aa'? n-^^SH et a pour litre :
y? 'jnn pnDZ?DD bK^JP: '-nnos jikjdd t»» , « Poème du vénéré Nethanel
« de la famille Dani ». De Rossi dans son catalogue dit que les variantes
ont été relevées par ce Nethanel. Sur la famille Dani, voir Jewish Quar-
terly Review, t. I, p. 1 85.
m] XIV" SIKCLE. 757
\1\ -IK.l.E.
Matkii. \VI.
Le manuscrit Asiirr n° 17 attrihuc un cununontiiire «lu coniniPntaiif
(i'\l>rahani bt-n-Kzra sur l<» Pcntatrnquc à (îaspi. M. Steinschnt'idor dit
i|uo ce ronnuentaire ne sonible pas être de notr»' Nethanel; il n'est |,^,| ^^j, , -^
i'ertaincnient pas nun pins de Joseph (iaspi. Mais c'est pi-oi>al>ienient
à ce dernier que le copiste a voulu I attribuer.
•i° Commentaire sur le livre jn ni"), « Ksprit de grâce » (attribué par
(piflques-uns à Samuel ibn-Tliibbon, par d'autres à Jacob Anatoli
ou Antoli (lasani), qu'on trouve dans le manuscrit de Paris n° 678, 3, Hisi. iiii. dt l.i
avec le nom de l'auteur, et à Panne, u° 3q5, 1, anonyme. Dans l'édi- '."'.'a " '' ^^^
lion impnmee, 1 ouvrage est également anonyme. La première pièce «lu
manuscrit de Parme, nous l'avons dit, renferme le commentaire de
Nellianel sur le Khozari. M. Neubauer allirme (jue les passages cités par (aml.d'OxroKl.
Netbanel de son commentaire sur le linah hen, dans son commentaire "° " ".1 •'•>'• "i-"-
sur le Khozari, s'accordent avec le commentaire anonyme, qu'on trouv*-
dans le manuscrit de Paris sous le nom de Netbanel Caspi. D'un
autre côté, Salomon Vivas cite également son commentaire sur le livre
Huah hcn; il est donc probable que tous les deux avaient entendu l'in-
terprétation de ce livre de la bouche de leur maître Frat Maimon, et Mailii. XVI.
que tous les deux avaient mis par écrit ses explications. I' '-^
3* Le commentaire sur les huit chapitres ( JyiaiJI iUiU) de M aimonide ,
qu'on trouve anonyme dans les manuscrits de Paris n° 678, a, et de
Parme n* i^5, 1. Ce commentaire est sûrement composé par un élève
de Frat Maimon; un commentaire sur les huit chapitres est cité par
notre auteur et par Salomon Vivas. Nous attribuons cet ouvrage dans
les deux manuscrits plutôt h Netbanel qu'à Vivas, parce que le copiste
l'a mis entre les deux autres connnentaires de Netlianel. Nous croyons
que M. Steinschneider a tort de soupçonner notre auteur d'être un pla- Maïkii, XVI,
giaire. On doit expliquer les ressemblances et les différences des rédac- '' "^'
lions des deux élèves de la même manière que pour le Khozari et le
Ruah hen.
Ajoutons que le manuscrit de Parme n° BgS, qui renferme les trois
traités de notre auteur dont nous venons de parler, fut copié par le cé-
lèbre copiste .Abraham Férussol d'.\vignon, à Ferrare, en 1620.
à° niBip'?, collection de notes, de postilles ou gloses sur le Penta-
leuquc, dans le manuscrit de Municb n* a5i. Cette collection est d'un
Ben-Nehemiab : fauteur cite son père Néhémie fds de Nathan et
son maître Frat (bikb et OKIb) Maimon. Or Netbanel Caspi est fils de
Néhémie et élève de Frat Maimon. En outre, le commentateur cite
Maestre Léon de Bagnols avec la formule "jt employée pour les morts, P«l- Sol., p. .3:
ce qui montre qu'il écrivait après 1 348. Il ne serait donc pas trop •■' '""'
hasardeux d'attribuer, avec MM. Steinschneider et Berliner, cette col- f""""^' ^^''
lection à notre Nethanel. L'auteur cite encore son frère Salomon. Rev. de» Éuiile»
La collection n'est qu'une amplification de celle de Joseph Officiai, et juives, I, p. m
beaucoup des rabbins français de l'Est y sont cités. Par la même raison *' '""'■
\lï' MÈCI.E.
Pci. s.>r.,p. 3i.
llcv. cirs Kludrs
juives, m, p. I o.l
siiiv.
Ma/.lir, XVI,
p. 1 •!() «1 siliv.
Hp\. (les Ktudos
jui\rs. III, y. A.
Ma/kir, XVI,
p. iSo.
Ilrv. lies Ëludos
jiiIm'h, III, p. lô.
l'.l. .Sol'., p.;ji.
Hcï. lies Ktixlcs
jlii\o<, III , p. lA.
Maïkir, XVI.
p. i?t>.
Catal. Cambr. .
p. 1 <9 cl 1.55.
758
LKS KCRIVAINS JUIFS FIUNÇAIS
Oatal. Munich ,
n' 501.
.SlI.OMO.'»
ViVAS,
fA.r.M DE
KnAT.
Maïklr.
XVI.
!•■ "7-
Povroii,
p. 30 '|.
r.alal. I. p. 9^.
II 53
on y trouve beaucoup de mots et niéuie des sentences françaises; mais
il ne faut pas conclure de là, comme M. Bcriiner le fait, que le com-
pilntpur était un Français du Nord. Nous savons, en effet, que les trois
disciples de Frat Maimon étaient des IVuvtriçaux, et Netlianel se dit
positivement de Largentièrc. Les passages cités au nom de Frat Maimon
pouvaient appartenir à son ouvrage intitulé Témoignage d'Israël, (|ue
nous avons considéié comme un ouvrage de controverse religieuse.
On peut éclaircir quelques passages douteux qui ont arrêté M. Slein-
schneider, dans l'ouvrage dont nous parlons, par l'excellent article de
M. le grand rabbin Zadok kalui sur le li\re «Joseph le Zélateur».
Ainsi Abigdor (ils de K. Isaac est identi(|ue au personnage du même
nom mentionné dans Jo.sepli le Zélateur. WjS^DC pcjnn, ne veut pas
dire l'évéque du Mans; d'un autre côté, Moulins n'avait pas dévèque.
^c^i riK et jna ne sont autre chose que le nom de Garin. Dans les addi-
tions du compilateur est indiqué le nom du maître de ce compilateur
(à moins qu'il ne l'ait pris d'un autre ouvrage), Barukh fils de Benja-
min, nonmié en langue vulgaire 11. ^Ki2. M. Steinscluieider lit ce nom
Benoit = Baruch, et .se deniande si ce Baruch ne pourrait pas être
identique avec le maître de Schem-tob ibn-Mayor de Briviesca en Es-
pagne. Nous en doutons pour plusieurs raisons : i° le maître d'Ibn-
Mayor s'appelle Baruch simplement et il est Espagnol; 2° Ibn-Mayur
ayant composé son ouvrage en i 36o h l'âge de vingt-quatre ans, son
maître Baruch ne vivait probablement plus après 1^26. quand au plus
tôt Nethanel doit avoir compilé ses postilles. Nous mentionnons encore
le nom de Sabbetai de Tolosa (Toulouse), et de «"ia*?!, que M. Stein-
schneider transcrit par « de la V igné ».
Ajoutons encore une observation , c'est que ce manuscrit a été possédé
par deux juifs de Provence, savoir : Jacob Orgère et Botarel bKCOWT.
Salomon, fils de Juda Vj'*?, surnommé en provençal Salomon Vivas
de Lunel (b'Ji'jT vt(v\ ]nbz'), composa, lui aussi, un commentaire sur
le Khozaii selon l'interprétation de son maître Frat (D^^(C) Maimon,
en 5 184 {ili2U), à l'âge de treize ans. Ce commentaire se trouve dans
le manuscrit de la Bodiéienne n° a 383 (autrefois Asher, 1 6) et à Turin ,
n° 193 du nouveau catalogue. J^c titre en est : nc"?» pB?n, «Désir
« de Salomon ». Le commentateur prétend avoir travaillé sur la tra-
duction d'Isaac ben-Cardinal; à part un petit nombre de variantes,
le texte reste celui de Juda Thibbon. Une seule note de notre auteur,
se rapportant au sacrifice de In vache rousse (Nombres, chap. xix), se
trouve dans le manuscrit de Cambridge n° 4o.
Salomon cite souvent son maîtie mot à mot, par exemple sur In
chapitre i.ui d'Isaïe. Il cite en outre des auteurs relativement modernes,
Schem-Tob Falaqéra , le commentaire sur l'Ecclésiaste de Messer Léon
(Lévi ben-Gerson), et la partie qui traite de la physique dans son grand
nu xrv SIECLE.
•59
xiv'mèci.e.
II, Co.
Illid.
Ilist. lia. ch la
France, I. WVII.
p. 528.
Ilist. lill. ilo la
France, I. XXVII,
p. 6 18.
III. II.
Calai. cl'O^lonl,
11" H19.
Ilist. litt. (I<; la
ouvrage, c'est-à-dire les (luerres du Seigneur (p'jna ■«iV '") Dsnn 0*71X1
cnnaT "irc Vnan manr: rryaen), en/iii son cominentaire sur le Penta-
teuque, à diverses reprises, .ailleurs (III, 5), noire auteur mentionne :
1° le commentaire de Moïse de Narbonne (sous le nom de Sen Vidal Sa-
lomon, qui, en «-(Tet, est le nom de Menuhem Meïri, au lieu de Sen
Vidul R'ilsom) sur les Intentions des philosophes «IWl-Gazzali ; 2° le com-
mentaire sur Lévi ben-.\braham par Frat (oiXB i), plusieurs fois; 3° le
commentaiie sur le Guide des «-garés, avec le titre de jn nn, que notre
auteur attribue à Moïse ibn-Thibbon. Il cite (III, i-j), comme Nethanel
Caspi, le livre intitulé Lumière de Dieu, o^n'jK ^J. Salomun renvoie au
connnentaire de R. I^évi (ben-(îerson) sur la liturgie commençant par France, t. WVII
mx nrx (service de l'après-midi pour le siibbat), III, 2 3. 11 allègue, ''" "^
comme Nethanel Caspi, les questions du philosophe Don Astruc, je?i
njj. — V, 10, on trouve les mots suivants : onn D'-on nxr Vl 13'C3ni
jn nn icca linxa tVH naD"? vv ■'Jaxa , « nous avons expliqué cela dans le
« livre Esprit de grâce •. Est-ce à dire que notre auteiu' ait lait un com-
metitaire sur ce livre , comme son collègue Nethanel ? Ici Salomon attribue
l'ouvrage à Samuel ibn-Thibbon. \ers la fin, avant lesmoipn, « proposi-
« lions», notre auleur cite le livre du Mystère (lion 'o) d'Ibn-Caspi
(Joseph Caspi).
.\zAi(iE, fds de Joseph ibn-Abba-Mari , surnonnué en langue vulgaire
Bonat'oux Bonlil Aslruc, est un des derniers écrivains juifs originaires de
Perpignan. Les membres de la famille actuelle Perpignani sont sans
doute originaires de celte ville, mais nés hors de la France. Azarie dit,
dans la préface de sa traduction de Boèce , qu'il a été chassé de la Cata-
logne, mais il ne nous apprend pas dans quelle année sévit k Per-
pignan la persécution par laquelle il a été forcé d'émigrer; ce fut peut-
être en I (4 I 4 , quand des massacres eurent lieu dans la province d'Aragon ;
c'est l'époque vers laquelle le moine Vincent Ferrier donna cours à ses
préxlications fanatiques. En i/i23, nous trouvons notre Bonaluux (ou
Bonafos) établi avec son fds en Italie, où il s'occupa à faire des tra-
ductions hébraïques d'ouvrages latins, dont trois nous sont parvenues :
i' N>îiDi"?'<Dn nonj ou '3iJ<'«DK*?iD3ip n, traduction du livre De Conso-
latione philosophuB de Boèce, commencée en l'année 5i83 = i423, à
Macerata de Montefeltri (moVoSailDa nKBKnï?"ND, mots omis dans le
catalogue de Paris), sous le règne du prince Carlo Malatesta, et
achevée le jeudi, 28 tebet de la même année, à la Tour Pietrarubbia
(iK^ano'D btli^; dans le catalogue de Paris, on écrit « à Vitruvio »; mais
une telle localité n'existe pas). La peste avait forcé les juifs de Torre
Macerata de Montefeltri à s'enfuir. Bonafoux dit dans sa préface, qui est
endommagée dans le manuscrit de Paris n° SgS (celui de M. de Giinz-
burg n'est plus à notre disposition) : « Ayant vécu dans une tristesse
« constante , par la direction naturelle de notre esprit et par le contre-
BONAKOUX .
TB^DIICTEUR.
l'Ug.
(jlM'll ,
r Juil.
1-.3;
tiescli.
Vin,
Steiii-
sclinc'i(ler,Uel)«rs.,
■IGO.
Catal. de Paris,
. i55 a.
Ibid.
\l\ MECI.k.
160
l,KS KCKLVArNS JUIFS FRANÇAIS
Kraïuc
R.1
jiiivrs
ù )<>.
«Il» , p.
Ilist
KraiH"'
|). T)!)
Ilill
a.-., H
«coup fie nos nwllieurs, quc-ind Dieu nous eut chassf's de la terre [de
"(Catalogne], pays où rien ne manque et où aucune chose ne fait dé-
« faut. . . j'arrivai en Italie. . . Loué soit Joseph Abigdor (probablement
« un membre de cette famille provençale, qui comptait des traducteurs
«dans son sein), qui s'est adonné h l'étude de la philo.sophie avec
« pureté et sainteté! [Je me mis alors à faire la traduction de Boèce;]
« je sais cpie la foide des talmudistes sans intelligence me trouvera cou-
« pable et se mo(|uera de moi h cause de cette traduction; mais si ces
« ignorants, qui se disent les vrais israélites, et qui simident la piété
n avec leurs dévotions absurdes, si ces gens voulaient lire les livres du
« grand n)a!tre (Maimonide) qui enseignait la justice et qui a traduit un
« grand nouïbre d'ouvrages composés par les sages des nations et spé-
H cialement par (îalien, [ils penseraient autrement]. Pour moi, aban-
« donné et dévoré d'inquiétinle ii la suite des malheurs dont j'ai parle
«plus haut, je pris le parti de faire cette traduction pour me con-
« soler ...»
Les manuscrits de cette traduction se trouvent <^ Paris, n° 895, et
dans la bibliothèque de M. (lûnzburg, n° 188.
•j" Traduction, d'après le latin de Simon de (lênes (ms. : jlD'tPlB!:,
lisez pcc ■'ED, Simone inlcrprctc), du vingt -septième livre de l'ouvrage
de médecine de Zahravi, traduction achevée au mois de kislev 5 1 yo
(novembre i/ny). Bonafouxdit, dans la préface , après avoir parlé , dans
un style fleuri, de ses malheurs, (|ue le prince Messer Juan Antoni
d'Orsinis, prince de Tarente, a placé quelques exilés sous sa protection.
Honafoux s'est établi à Senise {viKV), dans la province de Basilicate.
«Dieu, dit-il, avait ceint de force mes reins souffrants, et j'y trouvai
•" un médecin chrétien du non» de maitre Louis. Parmi ses livres je
« découvris le livre de Zahravi intitulé : le Serviteur des médecins, tra-
« duit [de l'hébreu] en latin par Simon de Gênes, d'après la traduction
« d'Abraham de Tortose. Kt comme je n'en ai trouvé aucune traduction
« hébraïque dans ce pays, je cims bien faire d'en exécuter une; car
« l'ouvrage est d'une gr:mde importance pour la science médicale, pour
«l'art des onguents et pour l'alchimie; en un mot, celui qui l'étudiera
• y découvrira de grands mystères. Ce livre forme une partie du grand
« ouvrage composé par Zahravi. Ayant vu que tu te prépares A l'étude
«de la médecine, je l'ai traduit pour toi ici, h l'endroit que j'ai n>en-
■ tionné, au mois de kislev (octobre-novembre i/l38). »
M. Neubauer, auquel on doit un article étendu sur lionafoux,
croit que le traducteur Abraham de Tortose est le fds de Schem-Tob,
fds d'Isaac, de la famille Tortosi, qui a traduit, en ia5/i, à Marseille,
l'ouvrage entier de Zahravi, et que c'est probablement sur cette traduc-
tion que Bonafoux a travaillé et non sur l'arabe, comnie l'a bien re-
.<lc la mé<l. marqué M. Leclerc. Abraham de Tortose est probablement identique à
l> '17' Abraham fils de Schem-Tob, auteur du petit manuel de thérapeuti(jue
litt. <lc la
l. \XVII.
rifs Ktudes
V. p. il
- Cf. ri-<les-
litt. <lc la
t. XXVU,
1)1; XIV' SIKCLE. 701 ^, ,
roiixiM' (liiiis les ms^. i i8i cl i i8i «li; l'aiis. (< i-bl lui oi'aK'nK'iit (iiii ,, , , ..
Il I . . \i 'II .1 I • I • I 'I' • " I 1 (.aliil. ili' l'an»,
:i c(illai)(>i-<-, a Vliirscnle, a la ti'a<nicti()ii latine (in I raite des plantes p .,,-
atlrihiie à (ialieii. Il esl encore possiltle (|ir\l)raliani ail été mis à con-
Irihulioii par SinKjn de (îones [.laniiensis) pom' ses Synonyma mcdiciiuc,
<;oni|)i)sés pour io pape Nicolas 1\ de ii88 à i'»9'2, coninic il le fut .siniiMliMci.lor,
nar le niènie Simon pour sa (radiiction dn Liber Serapionis. M. N'en- Anii. de Vii-.lioH.
baniT a donne des specnnens des tiiuuutions de /aliravi ])ar Suiion '
de (jènes, par Scheni-Tob et par Boiiaioii\; il mentionne encore l.rd.rc, llisi
Irois antres traductions liéhrauiues dn même traite, saxoir : i" celle de ," ""'' "' - "■
p. I " I .
Mescinillam fils de ,lona ; •>." celle de Joseph ihn -Wa(jqar, et 3° celle d'un id-v, ,i,s llnidi-
anonyme, peut-être d" Vhraliam i'ortosi. La traduction du vingt-neuvième jniviN. \. ^>. ','t.
«îliapiire de Zahraxi (dans les traductions liehraïques, c'<!st le vingt^liui- Cai^ii. .lOxIonl,
liènie) par iionaloux se trouve dans le manuscrit d'Oxford n" joio, 3. <<'l ;»<>•>
3° D'^îcn nier C, traduction du laliu <lu « Lixie des é([uivalents des .
« drogues ». \oici ce (pie Bonafoux dit dans sa courte pn-lace : « Connue
« il arrive très souvent que des médecins passent par des endroits où ils
« ne peuMuit se procurer les drogues nécessaires qu'avec grande difli-
<" culte et se trouvent ainsi dans i embarras, ce cjui est surtout le cas
« chez ceux de nos coreligionnaires qui sont obligés de se rendre dans
«les villages ou dans les montagnes pour gagner leur vie, endroits où
« l'on ne rencontre pas <le drogues pour faire les médicaments néces-
" saires, moi, Azarie, appelé en langue vulgain^ Bonafoux, je traduis
«celte table alphabéti([ue, que j'ai trouvée parmi les chrétiens, ayant
• pour titre en grec : \viep\ ■tâ>v]àvTi€aX\ofiév<>)v, composée par le philo-
« sophe et médecin Dioscoride, pour son oncle. » La date de la traduc-
tion n'est pas donnée; nous croyons qu'elle fut faite à Perpignan, où,
en elfet, les juifs allaient dans la montagne pour pratiquer; la permis-
sion de pratiquer dans la ville leur avait été retirée sans doute, tandis
qu'en Italie cette restriction n'existait pas.
Nous n'osons pas alTirmer que la Képonse qui ligure dans le recueil
d'Isaac de Lattes le jeune, signée Mestre Bonafoux (tPDKJia), soit de Hosp.p. i3S.
notre auteur. Le nom de Bonafoux était porté par un grand nombre
de juifs cpii étaient médecins. La réponse se rapporte à un cas de
dispute sur un héritage dans la Catalogne, vers Girone, et les témoins
sont de Perpignan. Il n'y a pas de date; mais il est certain que l'alTaire
se passa au xiv* siècle, longtemps après la mort de Salomon ben-Adret,
qui mourut en i3io; de sorte qu'en attribuant cette réponse à notre (;r;riz,Ocsch.<lri
Bonafoux, on ne commettrait aucune faute chronologique; mais nous ■''"'• VII, p. 1 56
avons les mêmes hésitations pour Bonafoux comme casuiste que pour un
cas analogue dans l'article que nous avons consacré à Léon de Bagnols.
vprs i/|5o.
Maesthe Bendig d'Arles, en hébreu Meir, probablement contempo- Bendig
rain d'Isaac Natban, qui avait l'intention de composer un ouvrage sem- '"
blable à celui dont nous allons parler, est l'auteur d'une Concordance
rOMF. .wxi, 96
mpiiatlll llTiesALC.
\1V SIKII.E.
7(i2 LES KCIUVAINS JUIFS FIWNC AÏS
des passages bibliques expliqués dans le Talniiid, avec les renvois au
Talniud, et d'une compilation des passages agadiques dans le Talnuid,
<-ounne nous les avons dans l'ouvrage intitulé apy J'», « Œil de Jacob »,
rouipilé par Jacob Habib et imprimé plusieurs fois. Nous possédons lu
première partie de l'ouvrage de liendig dans un manuscrit d'Oxford,
n" 1637, 3, et dans un manuscrit de la bibliothèque de la conmiimaulé
juive do Vérone; le dernier est plus correct cjue le premier. Ainsi le
non» de l'auteur, corrompu dans le manuscrit d'Oxford en inODNC
■"'jîXî 'J-ij^xa, est correct dans le manuscrit de Vérone : m:3 noWKD
'^'7^!<^. Pour quelcpies autres corruptions, nous renvoyons à l'article de
Moiiai^srlirili , M. (iross ct aux additions et corrections au nouveau Catalogue des ma-
1880. P- •>;<•>■ nuscrits hébreux d'Oxford. L'éditeur de ce manuscrit, que nous coimais-
Calal. (lOvrord, 1. • 1 n •> 1
,.,,1. n58, ^o"s par I acrostiche dune pièce de vers au commencement, et (|ui se
tionnne Jacob, fils de Salomon, donne à la première partie le titre de
xipo"? ox, Mater ad leclioiiein. La seconde partie, dont nous ne possé-
dons que les mois suivants, dans le manuscrit d'Oxford, •i»l»Trn 0C?3
TlDna 13 oyio nio '?''nPK, porte le titre de nniDD'7 QK (ms. de Vérone,
miDo'?). Jacob Habib s'est peut-être ser\i de l'ouvrage de Bendig.
Mii.nAuu, Maestre BoNENbA.N t, de MiUiau , appelé llézékias liam-Miliabi, est l'au-
inAlorin, i ioo. ,^jyp j'j,„ traité de médecine, ayant pour litre «Gabriel». Ce traité se
trouve dans un manuscrit iuii([ue, d'après nos connaissances actuelles,
de la bibliothèque de M. (iiinzburg, n° 3 16; cette collection étant
maintenant à Saint-Pétersbourg, nous ne pouvons donner, comme nous
l'avons fait pour d'autres manuscrits de cette bibliothèque précieuse,
que les renseignements que nous avions piis, il y quelques années,
lorsque le manuscrit se trouvait encore à Paris. Voici la suscription
de l'ouvrage : Nnp:i 3"'7''DNT oi!5i"N:i3 nae;>x»: i33jn rwv nson m •'?Nn33
"axi^'j'On n'pîn '?N")*«y''3 I^V , « (iabriel. Ce traité a été composé par Maesire
« Bonenfant de Milhau, qui s'appelle, en Israël, llézékias le Miliabi ».
Ensuite on lit ce (jui suit : nson nrns ■'3X''"'?'>T:n piXT p om3N i3i*n -icx
D"n-i3nn on3in iddC3 «'•sin'? •'i•<s^ 13'? inoe? "':''y3 ip' nin, « Dit le savant
« Abraham, fils de Keuben le Miliabi. Trouvant ce traité très précieux,
n je me mis à en produire les doimées les plus importantes et j'en ai lail
« l'index. » Cet Abraham (ils de Reuben est le copiste de notre traité.
Le traité lui-même, qui renferme des prescriptions médicales, com-
mence comme il suit : nNt3 mu DDnn 3r32? no ^1^t"'7 \-^''Nt Vxnaa i^h
U''nt3''»2X xnpin rce^'W ■'sn N^^ nmpn, «Dit Gabriel : Je crois devoir
■ mentionner ce ([ue (iordon a écrit sur cette fièvre, qui est la moitié
« de la fièvre tertiaire [heinitrilis) ».
Rev. des Études D'après ces mots d'introduction , l'auteur ou le compilateur se nomme-
jui^cs.lX.p. ai5, p^it Gabriel, et le traité aurait pour objet le traitement de la fièvre
3°3' ' ' "'■ tertiaire ou revenant tous les trois jours. En effet, ce traité est cité
dans une liste de livres, écrite d'une main provençale, qui se trouve
DU XIV SIECLK. 763 ,,,.^„^
dans lo manuscrit de Paris n" 8()3. et qui semble avoir clé tracée par
un des propriétaires de ce maïuiscril, probablement un neveu de David
«rEstella. Cette liste est comme ime sélection entre les ouvrages médi- Voir ridissns,
eaux il'origine juive et arabe. Elle a été examinée dans le plus grand ^ ''"'
détail, et on doit la prendre pour base d'une étude criti<[ue sur cette Rcv. des KukIi-*
partie de la littérature rabbinique au moyen âge. jui\.s,XIII.p..^o..
Voici la liste des prescriptions qu'on donne dans le Gabriel : y sous
la rubrique de n'pv^ , « boissons » ; i ."> , o'jpin , « clystcres » ; i y, D''7tP'?C?C ,
«purgatifs»; 5i, ninpnc, «mixtures»; 4o, O'pa**. «poudres»; 66.
rcfianr, «bandages»; 38, pin^t&C, «onguents»; D'niEP, «pommes»,
sur l'explication desquelles on donne un cbapitre (riDipri), où ou lit
à la fin que quelques-unes desdites explications sont traditionnelles,
d'autres inventées par l'auteur; la première est tirée de l'ouvrage d'un
médecin appelé Maistre ^lariN. L'ouvrage était intitulé ^naCK niBr. (îet
article est incomplet; il n'a que ,"> paragraphes, dont la fin mAmc
manque. Suivent i f) prescriptions appelées D^il"?^)? , « collyres » , dont le
commencement manque; puis d'autres prescriptions, avec les indica-
tions des jours fiivorables, en chaque mois, pour user des remèdes. Le
traité finit par gi règles sur la saignée, d'après les notions populaires.
Le tout est d'une écriture judéo-provençale.
Bonenfant de Milhau fit une tniduction libre en hébreu du traité
d'Arnauld de Villeneuve intitulé Tabula super Vila hrcris. Cette traduc-
tion se trouve dans le manuscrit d'Oxford n" a i 33, y. La traduction du
chapitre fut achevée le i i sivan [i]363 [sic], à cmN (Aurès?). M. Stein- Ciiial.rol. 7;;-!.
Schneider signale en outre, dans le manuscrit d'Oxford, n" 23 16, 3, un ('.atal.,col. R07.
(îahriel fils de Juda de \itri, auteur de Collectanea de médecine, que IiImisoI/..
nous ne croyons pas identi([ue à l'auteur dont nous venons de parler. P
«',.■5
Sai.omon Davin (fils de David) «le Hode/., élève d'immanuci de Ta- Sti.oMoi DAVI^.
rascon, traduisit, probablement vers la fin du xiv' siècle, des ouvrages asironomfi,
d astronomie et d astrologie, dont deux nous ont ete conservés.
L Plaçons en première ligne le traité astronomico-astrologicpie
d'Abou-l-Hassan Ali ibn-Abi-Ridjal, conipo.sé en arabe (appelé f^LJ'.
rKAcellenI, et dans la traduction latine Complet lis) , traduit en espagnol,
sm- le désir d'Alphonse X, par le médecin Juda fils de Moïse Cohen en
ii56, et sur cette version en latin par Cilles do Thebahlis de Parme
et Pierre <le Reggio, imprimé à Venise, en 1 485 et 1 SsS. C'est sur cette
dernière traduction que notre auteur fit la sienne en hébreu. Il dit dans Caial. Iicbr. d
la préface, reproduite plus loin, que l'ouvrage d'Ali étant excellent et ''»■■"• P- '97 «•
en même temps rare (Salomon n'a pu s'en procurer im exemplaire
qu'après des années de recherches), il se décidait à le traduire pour
l'avantage de ceux qui étudient ces matières. N'ayant eu qu'un exem-
plaire incomplet et incorrect, il complétera sa traduction et expliquera
les passages douteux dans des notes marginales; ces notes sont signées,
96.
. (le
M\ MKCI.K.
■fi'i IJvS KCRIV \l^S .IlilFS FR\Nr.\lS
dans le mniiiiscril (!<• Paris n" i ofiy. par la toriniilt; abrégi'c f'ri'Cn m Z'S .
c'i>sl-iV(lir<! T-iSp piî n':bz; ^r:S, « dit Salomon l)a\iii !<• disciple, le lia-
" diicli'iir », el (picicpicibis sciili'iiiciil p'P»t;n ON, c'est-à-dire nr:'?D 'CK
p'Pl'Cn, «dit Saloinoii le (radiicleiii- >. Ajoutons (|ue des lacinies sont
remplies, à la marge, à l'aide d'un aiitie exemplaire ou d'uni; autre Ira-
I i.l. iM'>. <luction, par une autre main. Il y a des gloses anonymes, et une seule
avec la fornude al)rég<'-e 'PCX. Di-s f'ré{|uentes coriections <|ue fait notre
traducteur (ïoncernant des termes de médecine on potnrait conclur<'
<|ue Salomon connaissait cette science; il est probable, comme c'était
le cas pour plusirnrs de ses coreligionnaires, (|ue Salomon pralitpiait la
UK'diM'ine.
Le nom de noire traducteur vai'ie dans les calaloiiues. Dans celui de
r.;iMil. Lp. iS'i. Vienne, (pii i-eulerme la traduction, on lit : VV2''l pn n':'72? (le ma-
nuscrit a C'T'aT),'! Salomon l)a\in de Bisis » (dans le catalogue Debisis).
(iii.>l..|>. 177'. Dans le Catalogue <U' Paris on lit : «Salomon Don Drobis ou Derisis»;
ce|)endanl le nom CTP ""T est clair dans le mamiscrit de Pai'is. Dans
<.ai;il..col. 097. le manuscrit d'(.)Krord n° soiW), (pii renferme la traduction, on ne
trouve pas le nom du traducteur, parce que le manuscrit est défectueux
au connnencement. C/^O'^ai, dans le manuscrit de Vienne, pourrait
représenter « de lii/.ès », écrit en caractères français dans le manuscrit
Calai., col. 38. «fOxford n° 21 "7. Dans un document du \vi' siècle, on mentionne uu
David, fils de llayyim, de t1l''3 ou tff1E."'3, « Bizos »ou« liezons ». Mais il est
probable (pie le copiste du manuscrit de \ ienne a mal copié le nom
du traducteur; car li!s gloses sigiK'es mCN" appartiennent à Salomon di-
Kodez, comme nous le verrons plus loin. Mentionnons encore par cu-
riositi- que Wolf attribue la traduction dont nous parlons en ce moment
à Salomon l^irbon ou Parboii, l'auteur d'un lexique béi)reu composé en
Hil)!. lirlir., I, I 167. Le titre bébreu de l'ouvrage d'Ibn Uidjal est dans notre tradiic-
p. t\', r.i Catal. tion, d'après le catalogue de Paris, n'33:n 'CSC70 1DC,« Traité d'astrolcwie
l(...ll ,.„! ..1«/. . . . .' "^ , , , . ,, . "
« judiciaire » , titre cpie nous n'avons pas trouvé dans le manii.scrit ; (l'ailleiirs
on ne le donne pas dans le catalogue de Vienne. Sur le feuillet de garde,
on lit dans le manuscrit de Paris ce qui suit : D'in3T: 0 "j^iXT p '•'jl*
cbpNn h'J DVT:'?B3 ci D"'3;3n '•10DE?'31; on rencontre aussi le litre de
njlDD 'D.
La description des manuscrits de l'original arabe d'Ibn-Hidjal, de la
traduction espagnole, et d'une autre traduction bébraïqiie, n'entre pas
dans notre cadre, et nous renvoyons à ce sujet au livre de M. Stein-
.scbneider, sur les traducteurs juifs, p. 578 et suiv. Il ne nous reste (pi'à
donner la préface bébraïque du traducteur, dont nous avons reproduit
l'essence, une traduction littérale étant impossible pour un texte écrit
en prose cadencée et rempli de jeux de mots.
Kn voici le texte, tiré du manuscrit de Paris 11° 1067 :
rùtii mKBn np^a dik '•js'? pi \tt(r\ dki •D'«De?n dn d'hVk K'3 n•'c•^^^^
yiK3 l^^h onuD tD->v D-ary-in '':tX3i pis "«jtKD •D'jtKO »)33 "ripcn d*?:»
lîoclt., col. -iW,
DU XIV SIECLE. 765 ^, , . ,
or DT» .n'''C?pnn mip'"»'' '^-n un: ma"'? '[Dn*?!] •n"'ri* nncs n^ i'?nnn'?'i
nyn'7 nn-iaiD •crT'3 it nx x'jc «an •?: DrT»Dnp niivoji nmavDia dj pcm-'
Dnn33 iV'SX"' . D^nn msiNa on-''?» D"'ni3ji urx ncx cai o-'NSDin ■'«c
tli;3 ni''i'73i ccc^iDD n-'Dc-i n:c:icr:i mniN»: n-rno n-'Jii'jm me;"' orviûm
Dj na D'«TiT<i D'»'?!» pn tb-cx Vs n\x2i3m tisi N'y C"N D'aorniin -in'i ■'Cijxn
no Vn -133 c-'DDt: D'>Dcn dwVe nn min nSiy nonon nn'?2n3 nciN "73
D'-ipon -131'? d-'Vj-) dh •<3 DciDrj ■'ccrai ■•'73c* "72 ps'? Dn"'c?yD M<hz2 -xo
D\yi3in n'juD riT'Dc'? p"*? nT3 Sîd rm"? "j'iwo me?"? iccn \vi onrypcn
ib pvnh 3*7 D3n '7r'7 'ixi awsci irnaVi injyc'^ '•«■' bvz b:t ics '?EG?n D'7n*3 .
Dj '3 «i-ino ;T>ym nT-prin ■''^nj •"-ru ceb Vi* npci n^N'n onoiyn p3 o'i'jnc
nD3n nSc p33i D3n dï .r'nayn Snpa .'" nyiD nm'it:"7i ^\^^\•lHb xin omN-'SD
nnyï Vej y^: o'3^yn p3 icrc snyn ixt:i o'Dnp n'C-s ni3:c*ji nci ]ir:-i3
nt:'7C? 'jx p"*? ■•'d"13C' i:'7m ur:^ ibcxj ni»::nn iied o-'Ni'jn rcisya Veji '?'7C''?
n'? ;yi urcix 113:'? Tx^p xjp n-'^oDCOn D^csnn m3py3 X3n î^-tit y^'^
:nx Tsnx 3'x rpn-' '7:3 chz' ^Don ht ''mx-)3 imxX3 D"nn '«s dj n3 "'73 icn"'
•;rT3''y3'7 nns:*? ■.'7:1'' x'? D''3-t o-":! nncc nsnx ODCCn nED rnx VîC
'Dor D'':'>cx!:n Snpr: n'j^ycn onnsi ^p31 31» 13 ]"y'7 i'73r ]y» imt:'''7C?i
•^^1 "ix nvni i^in ■'ipr: i\nb nDi3 bip iir"! o-'XDy ]"'3r2i onV ipTiynV "rnsD
'7X '7XD"'B3 '7X 1:33*7 xc'ûi lî'sV':' D'ccn nrixoi ucn-i-'i '" Sx 3ic;3 ;y cpeu
KC'31 on-' niin "73 i:n'c*r: c-'n" n^i'^tt d^cx ninrBn'7i i:ixi nicy^i c^Vi
1X31 d'713j'7 D''i3 13U1 ]i3ic"' •'•' "i~Ei V3mc uivi DMjn '73 i'''7X iinji nxc n331
: n''7C'n"": ''" -^311 mm xsr irso ■'3 d"|''xi "'sy "73?: nj-13 ^vs
ipJGrna T'7inc;n a^zn cci 13:: nso pvn rpyce.' ]tx ycc;"? -ison ht njn
'p' 'en ib 1PIX nipn iscr: tcxu ■'SfK nnxi ipix'X^ -ip'» •'3 irz;n'? ''pSis"' x'71
|ic;'7nr:i imDO ty'7 ]ic;'7'7 3-iyn ]ic'7r: ppyin nxnsn 'B3i o'iiy 'jn* n\xr:n
'•"71x1 D''ji'7ni Pix''3c* -13 Ij^i: "pppyner ieds ••pxsd n:ni ^^"ab |1g;'7'7 xinn
px'jc;''? ''71K iK cp-'pytîn ik pmyon njan ]^tc^b Pipryn 'm n3cn npin:
onn pixiît?n "pnjn nr:3nn pxt3 ispni »i'7nn 'Vsc? n3 "'B3 p^ycn ijxi -iBion
nn DiPDn ''PiX3 D''DyE'7i 'pppyn ied ]vhxi nxiJK? id3 'pyia n'7ye? ne "'B3
j "''ynn
"'BBc;C3 '?n3 pip V-'Jxi px n3n aibe?) Vna xin ^BDn nt ]nnxn p'PVDn icx
pU'7 '7X 3iyn pt?'70 TIEDI ■'01"' l'7D " 'WCriD p XIIS'X ip'pyn le^X D"'3313n
■«"i^B Dy '7X'<T'BD''X -nnnr: 3P3 '^cie?:DiXB ^■'■i'??"'?) p *'>T5''x p nnxi .mBD
.''''Bx'7 pcrSa ipmyn '' "i-;xt3"'i3nB ix-'j-i n
II. I^a secoiulo tradiirtion due à la diligence de Salomon Daviii est
celle des Tables de Paris (point de départ, i368) accompagnée de ses
notes, qui est dans le n»annscfit de Munich n" 343, i 1. Salomon se Ms., O.i. 107.
' Endommagé dans le mannscrit. ' A la marge du manuscrit : e?nxi'7X
' A partir d'ici le texte du manuscrit ip^pyn IPXIS'7 ISJIbSx "jSd m»D.
de Vienne se trouve dans le catalogue de ' Le manuscrit de Vienne donne ici
cette bibliothèque , p. i85. une leçon plus correcte : C/>l'73>j
e uinuotheque , p. io3.
Manuscrit de Vienne ptS*?.
A la marge du manuscril
TIBD -|'7D IXJIb'7 . * Manuscrit de Vienne : ptî'7.
pt37. "iE?E?i''DT<D.
' A la marge du manuscrit : nis'? ' Manuscrit de Vienne : i"lXÎ31J1tû")1S
\iv simi.K.
Calai. Miiiii<'l
p. 157.
766
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
r^tal. Muilirli .
II.hI..
dit élève d'Iminanuel do Tarascon, cl signe ici, comme dans la Inidiic-
tion précédente, par la formule abrégée mc?K. Si on découvrait la
formule abrégée n"C? ou en écriture pleine Salomon Talmid, on pourrait
admettre, avec M. Steinscbneider, (fu une telle signature se tromail dans
ffuelque note de notre Salomon à la marge d'un manuscrit de l'ouvrage
(les Six ailes, d'Immanuel de Tarascon, qui aurait été à la disposition
de Wolf, lequel aurait pris le glossateur pour l'auteur de l'ouvrage.
Jusqu'à présent, on n'a pas encore trouvé la formule n'e?; mais il est
possible que le bibliophile Jacob Roman de Conslantinople, qui était
en correspondance avec Ruxtorf et lui donnait des informations pour
sa liihUotheca rabbinica, ait possédé un manuscrit des Six ailes avec
les signatures susdites. M. Steinscbneider croit encore que les fomuiles
abrégées ni et ri, qui se trouvent dans des notes marginales du ma-
nuscrit de Munich n° 249, 5, 7, g, renfermant le traité sur l'Astrolabe
d'Abraham ibn-Ezra, doivent se lire i^dVp naï, «Paroles du disciple»,
el -'O'jr ^^K'3, « Explication du disciple », et que le disciple pourrait être
notre Salomon. C'est possible; mais le disciple pourrait être également
un autre , tel que M^Vise Fémssol Botarel , qui a si fortement critiqué
avec Moïse de Nîmes les gloses de notre traducteur sur les Tables de
Paris, et qui signe -'D'?r. Dans la traduction des Tables de Paris de
Salomon, il y a trois colonnes pour les tables d'\vignon, de Paris et
de Liège (r:w'?), et le n° \i du manuscrit n" iV'i3 de Munich contient
des tables additioinielles sur cinq planètes. Ajoutons encore que les
Tables de Phaouris dans le catalogue de Paris, n" lo/jy, i 1 , ne sont
autres ([ue celles de Paris (lire C'^iXE au lieu de cmNc).
Ilist. litl. (le lii
l'iancc, l. WVII.
p. 776 ri siiiv.
Ilist. iill. tic la
France, 1. XWII,
p. 678, 691, 69!.
Ili»l. iitt. Je la
France, l. WVII ,
p. 7î6.
Poésies
KT CaLENDRIKII
1 n CATALAN.
Nous avons consacré, dans le vingt-septième volume de l'Histoire
littéraire, un article à quelques poésies qui se trouvent dans le n)a-
nuscrit hébreu de Paris n° 1 284 , i , et nous avons donné la date de leur
composition ; nous croyons aujourd'hui (jue ces pièces ne sont pas du
commencement du \iv* siècle, mais de la lin de ce siècle. Isaac Barfat,
qui adresse un compliment.! En Moïse Nathan, est, en effet, le fameux
rabbin de ce nom qui vivait encore en i/ioo; conséquemment Escapal
Mélit Ilalévi, qui prend part à ces compliments poétiques, n'est pas iden-
tique à celui qui était un contemporain d'.Abba-Mari de Lunel. Ces
écrivains appartiennent à la Catalogne dans un sens étendu ; ce sont :
En Salomon Bongoda (avec le titre de Ve'piCDn p^niV), F^n Moïse Na-
than, Niçaq (En Isaac, psij) Barfat, En Moïse jisnSn, Niçaq Vidal, Nas-
caphat Mélit Hal-Lévi, Don Bongoda Marcadel, Fin Bonafoux Vidal,
Astruc Remokh (licn), Niçaq Salomon Meïr, et quelques autres dont
les noms ne sont pas donnés dans le manuscrit {yiM Hh^ DMIin ilï
QDC?).
Dans ce même manuscrit se trouve (fol. 99) un calendrier qui
semble de la même époque que les poèmes en question. La date de
DU Xl\' SIECLK. 767
ili'ii qu'on trouve à la marge parait avoir été ajoutée par le copiste.
Nous donnons la pièce en entier comme curiosité. On trouve des calen-
ilriere semhialiles chez les juifs allemands des xiv" et xv' siècles, mais pas
aussi complets <|ue le nôtre. L'objet n'en est pas apparent, car pour le
conuner«;anl il sulllsait d'indiquer simplement les jours fériés des clné-
liens, sans donner les noms des saints. En voici le texte avec la tra-
duction et la transcription des noms propres ' :
JANVIER.
Jener a 3 1 jours DT" x"? T'J'J
I . Ni nou [ou \e nou) 3i:'>J N
6. Aparisi (Apparition) iciEN i
•j. Sant Julian ]it^bM C* j
i3. Sant Olariali (llilaire) nNnxSix 'V 3^
I "J. Sant Atitonio '21BJX 'V p
îo. Sant Bastian ^^VD^a 'v b
a I . Santa (ienes (Agnès) vyl 'V ki
•il. Sant Vicents ftaj^ca c? 33
iZ. Sant Macari ^ispo 2? 33
ili. Sant Pol bts 'a h:
FtVRIKn.
Fcbrer a iS jours cr ni insr
I . Jeune "«i;!' x
la. Santa Olariali (Kulalie) ^N»^'?•x 3'
1 3. Sant Valenti ^ts:^"?! 'V r
aa. Cadera de San Père ■>T<î;e?T mnp 33
aii. Sant Macia (Mathias) nK'^SNr: E? 'ii
D'-EisT D''D'' '3 riivaD 'v^ cv B3 T»-i3S t3ene?-'3 nie;3, « L'année bisest (bis-
t sextile), février a 29 jours; le a y et la Saint-Macia constituent deux
« jours consécutifs «.
MA as.
Mars a 3 1 jouis or nV dikc
1 3. Sant Gorgori (Grégoire) ■'ilj'ilj 'V 'r
1 6 est la Teqoufa (date juive du commen-
cement du printemps) tntt 3"i ncipp V
a I . Sant V'essent (Benoît.^) BJ'Cl 'e? iti
a/j. Jeûne iijy ii
a5. Maria de Mars DiNOT nN'»nD ni
' Les mots simplement transcrits sont par sant ou santa l'abréviation, iden-
en caractères romains, les mots (|ue ti(jue en hébreu, qui précède les noms
nous avons traduits en itiUques (sauf de saints ou de saintes. Nous avons mis
dans les remarques plus longues, où entre parenthèses quelques restitutions
tout est en romain). Nous avons rendu qui nous ont paru évidentes.
xiv siEcr K.
XIV' S1F.CI h
768 LES KCRIVAIiNS JUIFS FIl\NÇAIS
AVIUL.
Avril a 3o fours or "7 '7''i2K
•i3. Saut (lorgori ((Grégoire) mjTO c ::
aâ. Siiiit Mai-f p-iK'S C ii;
•iH. Saut Vidal ^ikt»! 'V n;
Kii iiiargo : DJiaun'? «in rowa [xJNm on"?» |N]pe?E nb^s [ojrn n? '?»■
Ww':''U::\V vncra CIDD^J, «Ces jours sont les IViqiies chi-rlienrifs, c.VsJ
« l'amu'c I 'i5i . Tempères est dans la scnuiinc de ciisensio (Ascension). >•
-ijy n'? Cl cn"'?c? nNip2;ND -inx n'ocre; ynca - cv i.vc;:''C?:'X,« linscnsio
« rsl le jeudi d<^ la sixième semaine après tciu.s l'à([iu's, et il y a [\igile]
« déjeune ».
Jeûne mec sincogèsima NCCJ'JipJ'C onip MJy^
MJV nS j\xi KDC"'lipj''D -inK •>:£? viae^a 'n ov ocnp ic-iip,«Corpo(;iiri!,t
" est ie jeudi de la seconde semaine après sincogèsima , et il n'y a pas di:
■ jeûne ».
MAI.
Mai a 3 I jours ÏKDT anp c? j
I . Apostoles 'i:» 3
1. Jeûne ©"jlDmDX K
3. Sanfa Creu (Croix) de Mai DV «S JKD
Jl'IN.
Junein a 3 o jours DV *? p'Jli
'y. Tempères OnBD^B n
! I . Sant Barlanabeu 2''2it(^i2 'V K'
2 3. Jeûnf. des cavaliers D'Wncn 'U» ji
'î!t- Sant Joan }N13 'v ib
25. Sant Éloi mSn 'e? îib
28. Jeûne m:» nà
29. Sant Père (Pierre) de Junein (Juin). . J"3Ût n'O 'E? ob
30. Sant Marçal Vkdid 'O "J
JUILLET.
Juliol a 3 1 jours Dr kS' Vw'jlJ
I o. Sant Christophol ViDiDcnp 'v '
I 1 . Sant Benêt B>j^a 'e; it'i
12. Commencement des jours caniculaires.. . D''NDSn nbnr à'
1 3. Santa Margarita ntînKJiD 'V i»
22. Santa Macdalena nj^'jNipo 'V 33
DU XiV SIECLE
2 'j. Jeûne 'i^ï ~-
•iô. Siint Jiirnif 'Dpxï Cf n:
•iG. Sauta \mia x:k C i:
voi T.
Ajîiist a 3 1 jours Qv k'i arux
I . Sauf IVre c sant IMiilib 3'''?''5 Tw '■"•î Z' k
il. Sant I)oniin};o lîi'Ci"; V n
fi. Sauf Salva«lor. sant Scpucra. sani KipiBC? D nm'i'r r i
AffOSto icriJN 'Z'
9. Jeûne "'ijy à
I n. Sant Lorenz y:^'!'? r '
1 'i. Jcii/ic 'i:i* v
I r>. Santa Maria de Agust saUKT nx'-iX': \b
■lo. Fin des joart caniculaires □'K'^xn mScT 3
aii. Jeûne 'i:y si
a'i. Sanfa Bortoiniu 3''!:ia^i3 u ii
28. Sant A-tusto it;c?i3N c ni
SEPTEMIIUK.
Si-toiubre a 3 1 jour.* av kH '^aca'-'
■j. Jfû/ic '"i:y t
8. Santa Maria </c Sclonibre (Nativité). ''-'3»:»lî'C'l nK'^": n
li. Santa Crcn (Sainte Croix) et la Te-
(jufa e/c Thi.schri ■'"'CT rEipr3np;ci'
•jo. J<?une 'ijy :
■i I . Sant Matin a'BC 'V N3
•i j . Jeûne 'lav 33
•i3. Santa Tecla «"jpa c ii
■î!i. Sant Joan ]ttM V 13
•j8. Jeiîrtt 'Uv ni
•ig. Sant Miqel Sp'D C 03
OCTOBRE.
Ortobre a 3i jours ov k? n3inpiN
'i. Sant Francesc pD'CiiD 'V i
1 5. Sant Antoni 'jiDiK V io
I 8. Sant Lnc pi"? 'c? m
[30]. Onze mille virgines WJ''3-iM n'jK k'
•J7. Jeûne 'uv n
28. Simon e Jodes Vim pC'C? ni
ag. Sant Arcis (Narci.s.se) c^'S-iK c? àb
3 1 . Jeûne Miv «'?
roMB xxxi. (j7
76U
\IV .*ltCI,t
uv-MtrLr. 770 LKî) KCRIVAINS JUIKS KHANÇAIS
NUVEMIIHE.
Noembre [a 3o jours] [or i] nac'xi;
I . Oinne seiitos clOJ^e? 'JOiK k
3. \riningou(P) auvciK i
H. Sant Salvador inKi'7U 'z n
I I . Saut Marti >Bic c n'
I S. Sant Briz yna s; i'
i8. Sant Olora (?) rucn'jw 'v n'
22. Santa Ceciiia nN''7'C'D D ai
■i3. Sant Cicnienz yj'Dl'jp 'e? J5
•20. Santa Catalina »e:''7NBp 'V ni
■ig. Saut Semi et jeûne Mivi 'ii^c; o 02
30. Sant Andreii a»-!lJK 'V ^
DÉCEMBRE.
Décembre a 3 i jours, ov jt"? nac^sT
6. Sant Micoleu 3"jlp'C v i
H. Santa Anna K3K C n
I o. Santa Olria (Kuialie) njc'i'jin e? *
1 1. Jeûne volontaire nxTc; '•dV 'ijy à'
1 3. Santa Lucia nx'ci'7 'V i'
1 5. Tequfa c/e Tebetb nao rcipri ic
ao. Jeûne '»liy a
1 1 . Sant Tomas CDiD a ka
2 'i . Jeûne ■'ijy ià
20. Nadal "îKia na
a6. Sant Ksteve 'a^OC^K 'V 13
27. Sant Joan JN13 c? Ta
28. Inocens C?:'<Dr3K fia
3 1 . Sant Sevestre noD^ac? K*?
LÉON JosiPii Léox Joseph de Cm\(:as.sonne, sur lequel nous n'avons aucun détail,
OF Carcassonk. ;j jait des traductions ou plutôt des paraphrases d'ouvrages de médecine,
dont il nous reste deux.
1. Traduction du commentaire sur le livre IX (Pathologie) de ÏAI-
wanrouri de Hhazi, par Gérard de Solo. Dans une longue préface
hébraïque, que nous reproduisons entièrement d'après le manuscrit de
Paris n° 1 i23, 1, collationné avec la copie liiée d'un autre manuscrit,
copie mise à notre disposition par M. Steinschneider, I^éon parle de
l'insutlisiuice des ouvrages de médecine écrits en hébreu et de l'inexac-
titude des traductions d'ouvrages arabes, et il cite pour exemple l'an-
cienne version du Canon d'Avicenne (de Nathan de Cento), rectifiée
depuis peu par Josué (non Joseph, comme le dit le Catalogue de Paris)
DU XIV SIECI>E. 771
\iv' uk< i.k.
dp Lorca. «C'est seulement en ces derniers temps, dit-il, que quelques
«ouvrages de Bernard de Cîordon, savoir le Lilium medicinw et le livre ata.cctamv
ode f'rognosticis , sont p:uvenus chez nous (à Carcassonne), niais dans
« une traduction insuffisante, parce que les juifs qui les traduisiiienl
« n'iivaient à leur disposition qu'un texte dans la langue vulgaire. » Léon
se mit à étudier le latin et aborda d'abord la traduction du Lilium;
c'est peut-être la traduction anonyme ([ui se trouve ditns le manuscrit
d'Oxford n° -ji-iS, i ; nous verrons qu'il y a deux autres traductions
de cet ouvrage faites par «les juifs français; puis il continua par le
traité intitulé de Pm^nostici.i.
Depuis dix ans, Léon avait entendu |)arler des ouvrages remar-
quables de deux auteurs récents, savoir (jérard de Solo et .lean de Tor-
naniire. Mais il avait cherché en \ain à se les procurer h Montpellier,
où ils avaient été composés, à Avignon et dans d'autres bonnes villes;
car non seulement ces livres étaient rares, mais les savants chrétiens
de Montpellier avaient prononcé l'anathème contre quiconque les ven-
drait à un infidèle (juif). Knfm il parvint à se les procurer en liig'i-
11 ronmiença par traduire (îérard; puis il attaqua les ouvrages de Jean
de Tornamire, qui était de son temps à la tête des savants de Mont-
|>ellier, et qui se distinguait par son esprit exempt de préjugés envers
les médecins juifs. La date de l'acbèvenjenl de cette traduction est, dans
le manuscrit de Paris n° i l'i'S , i , le /j tiscbri 5 i 63 ( i " septembre i Aoj ) ;
dans le manuscrit de Turin LXXIV on trouve la date du •). r ab 5i.^^
(19 juillet iSg^); la même date est nientioimée dans le manuscrit de
la bibliothèque Vittorio Kmanuele à Konie, n" 19. Nous croyons que la
date iSg!t est la bonne; car, dans sa traduction que nous examinerons
tout i\ fheure et qui est de l 'loa , Léon mentionne sa traduction de Gé-
rard de Solo. Le copiste du manuscrit de Paris doit avoir pris la date
de I /loi dans la traduction dont nous parleixjiis tout à l'heure et l'avoir
transférée d'un ouvrage h l'autre. Léon a ajouté à sa version des notes
et des éclaircissements tirés des autres ouvrages de (Iérard, qui sont
marqués par l'abréviation n'''7K = p'nïCn r\cv JIK'»'? ^C^{,« dit Léon Joseph Caial. l'an».
«le traducteur», ou, peut-être, pour le dernier mot, '«Jicpnpn, «Léon [',„„^'''*' ^*'''*'
«Joseph, de Carcassonne».
\ oici le texte de la préface :
l'<ph^ omb D':''» TnpB txD r\:n niierpixp lawvn pTïDn «jor pK'»'? -idk
pN HT*?"! .riKî yiae; 'C ")ddD3 .nm -)ddd31 jids on ncK nriis''nn niosna
l'yij .mcWo ni-fpn dhd iipp*? ryn*? ona inSmr me?pji .nmaj into ab^o
hv 110»'? TiKm '■'DDD ano nti .niSinn '73 "jya ij^ya onn noann ni'?yD
133 .orn DiNSDJn irosn mapv nnx •'P3'7m .DrT>pn "jy ■'ppire;ni .DrE?"'-n
noNa .m33'7m ^zvn nix om ■'i-y mx-' .mawno aiwn"? .diwVwd dj "jiDnD
nrn tkxdi .d'O'" nt onV labm ithn izdv . ■' D'D'7e'n lyjne? noa an ivin
' A lirCEDa. — ' I). □'•dVx-
97-
(jiUl.
t'aii,.
p. 107.
Calât.
Prvron .
I-. Oi.
C»UI.
, |>. ."><! ;
voirSloiiiscImcidpi-
(tans \v
Catul. ih:
Vliinirli,
(». 20;/.
iVyron, (>. (ic).
\i\ Mil i.f;
11-2 LES KCIUVAINS Jl 11 S FIlWrAIS
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DL XIV SIECLE. 11 S
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03 eT-n e-'^Ecn "i^y i'73'; . D■'3^^.^ '3ixnm d''-'3T3 "«jr^cm onsisn D'oann
.ns3 iP3itt?P riST 3n3 ^c•x mu KEnn oann '•-z- an-^yz ■"p-'X-ii .D'W
.vpnp'' 1*7-31 .mec m .nzi 31d □» -'P3'7i .n2x'7D3i |vy3 Picry"? s^Veh
' S. ivs^ Mb^z^. — ' S. 'P^a'?!. — ' S. pn. — ' P. "jn.
\n su;i i.>.
\IV' SlfecLk.
774 Mis KCniVAlNS JUIFS FIU.NCMS
PDTpn -!DDi HNiB-in ]V^z xim .v-idd rsp iî'Vn ivan njm .rriK V: '7y nWi
iD^ioim pobn iivS •nny'în riyscxa pi .inire?n k'? ^kh ns-ixa inip^riyn
.na'-crn^ K^ipn pc'jai .nny'? rm*? '7:ir yvb:! ick nVo S: ^\s ^; .nryea
'3K TmiD i»K ne niDipoa nS dn . «Ss.N ]3io ni '73 oy Ninn iccn 311 qjcn
1CK nyn'nronpn 1003 *r'G;y ]J^ 13 Niip '73 y'it' lyoS . iPïVns upp^i m'inS
-:&• on';'>3 tksd an'-ico nnnoK 'e/cnsi . nye? t(h r.Mwhrt ptoks ip'pyon
':3r: lu'x .d'«ikii o''3ii: on hkd no .c'jcw sntn pnpjx 'ic?'? ccnn once
n îxv '-iBCN»: D3nn iedi . kVic ''i 03KT'J Q3nn •'■'EC non . D''-ny: upoik
dn: -ins K*^ .DJTn? •'p^w N'7i .oyoc? 'pyoc c:» icy nt irK n-i''D njiit:
n'n ': .csion pioipcn tp'3 kVi jviMKS «"ji .i33in udd iwk mpcn Kin
oiî^'C 'D hzi onjDi ccino vn -inn 'Dîne? nT'*? ^^^1SD D'eyo pik^sos
lyjm . -Cl 103 "pc^rn k"?! . 'n; ■'d: puioo DP3C?n3 -PKSim onsun p"?!»"?
PDNn "m .oji3e?n'7 onswn ^ECD'? ny3")Ni D''yc?p pjd K'ncr nscn PNt3 'tS
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-loy onoy Vyisni . D'j-iyn Sa"? nsSns dis-koi . onsnn '73'? D''iB ckid
Pi;rD:3 v'iX INW DK D-NBl-tn Piy P133-IC1 . -I31D KI" K*? . 1531 11Dy3 yjvi
iprni .i-<nNP'' nh ■•; 3iC'nKi .n-)'';»3 omo; OTp kS n"p: pVid opm"? .cniaMsi
lECO 'ycpn -iBon '7y -usn D3N-ii3 -ibd3 -jn S-npo n:m .ipn3 nKiEino 3ia
. ns'jn: t'jdi '•inid 3''C0 iisd ptn Pis^Kn 3ni piD:n oyc Kin -itrN iisjd'îk
k'ii -13- liDO D'?yj Hb . r\2vb oyc r-)3T hzh DvtD |Pi:i . nmoa nsK^o ipskSci
mnx ^-npK . ipo'7Cn3 ocn ntj" le;»;! . ipppynS noaonn nope? |3'7i . nsçj
rpw- .rpnn noy oni vttib inn losn 'rs Vy .rD''3 n-n -icrit n-i'O njiio -iec
D-iin-'n :\ro> . nn -D3n pins ipn n-n x*? . n3n3 n>n Tcn . loy ■'Pi3ii '•yyz
niDiNn n-cn "n nivi3 in;3 o-i-e^-D n-n ]y .D-pcyro nxiE-)n P3k'7D3 nvtt
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'13- ic»'' D'iBon n'jx Qy •'pyT .D"iCf "n n'7xi D>m3'>i3i puvdj3 cisun
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Djox .ippi OPis*? ""CiiODi .ippyin tthv 103 on*? rn' jy .Pippynn on"? ^h'•»v
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Din'"?"? i'?3V -; . 0D'< nxiBin 03r3 e?3ii Vipo nnB^ x"? . nnuoa orioos ii»M
P3x'70 "iBD 1XC hz^ . CDsnc vn'' ^s ^x . D-xann ]ionD ixi" ta on-'Pion'jD
'Pij''3 nî UBD1 . Dnnp icin'' dx nhn -je? oyi D-iSyn"?! i^PonV i'73r nxiBin
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DU XIV SlKCLIv 775
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C'-inx c-iBc Dï ^rpnp- oxi rrye « "rpnsn i:ac tcx -iBcn ■«; nsi xen
nipDD laain -inx asnDC nSau nx-u xpno x-na inrpn»: ^r^bz^ ncr'jtr ix d'jb?
îO-in inx p'-c IX 'P'71* n'ioj "-" pBcn la V^c ncx pimpca n:m .ixs'< inx
ny DPKi nnx pp*? Sain -"^'iT: id'jk x^ "a lymnVi î^ycn a"? i'>»nh nï '"jx
-c'70'7 '7'7BPt)i iwp -iCip ipix uxipi --anon pn\ica ixnpp -!CX3 '«nx n-'XBnn
■-Vy naip "jx n^îca nit rpppyn ""jxi . njin ^iw nnxt: n;B> nSyo'?! rn'jxai
■•Plia '3 noipnn 'inx roiyn oa-'Sx -ixc xb ""a rci'jp ''is ir'îP Ski me
OJ1 • nscuni pSn pi xS V3 yii "inrcm X50J ]ncn ''Sa ncon dsS yr n'isi
ipmr» mipS isnp xS oxi . vSSnc Sy a^cnSi v-iano ipix -i^pcS iSaiP poS p
.ia •«l'OinS T""»! POP . lac noD laT icnS "p^xi xSi iibc pS^npa i^yS iS'^npn
n"3a UiicSa opik "p'^y" ^^^^ r^*»"' ^iwSa piaaiiD PixiBnn S3 aiP3X ni^\^
DDsy ixt"» . nyri Sry "Sa tîcS iS:i naxSoa poypnS d^StipdS S^yix p'oS
nsxSoa pmxD ixi xS D-S'npr: y,v ": a: . d'oSc. naxSon ^:pi ciiaii D-'Din
yi" DX D'ocn piir iBoa l'i'yS ir-ics"' xSi oncyn opix ny xS .cdm S:
.\-iii3 XNi pxn .atcn xBnS inipMn"i i:Sd iSjt ■noc?''i ainaj he Sy Pi.vicin
"S jp'i "pppyna ■"ji'C"! ■'-'tya n^n^ Sxcrx ijcrri "«aSa »)D33n 'yivn xin Sx".;
laS nScn ip-iir pixSb: "jxim loy inxn ^BDn ppynSi "paxSc D-'ScnS pSi:"
cxx in-'CD px
II. D'STiP!:n "'CC, • Le (Inidf des commençants», (radiiclion du
manuel de médecine de (îénrd de Solo. Léon dit, dans la préface dont
nous donnons l'original, que, ayant demeuré des jours et des années
dans un pays d'où Dieu l'a fait expulser pour ses péchés, le traité de
Gérard sur le IX' livre de VAlmançouri lui parvint et qu'il en fit une tra-
duction pour le profit de quelques-uns de sa nation. « A cette épojjne,
• dit-il, je ne connaissais pas le petit traité du même auteur, intitulé :
«le Guide dus commençants; autrement je faurais traduit également;
« CM-, comme on voit par la préface de l'auteur, le (ïnide a été fait sur
« la demande des disciples. Je me suis décidé à en faire une traduction
« fidèle, après l'avoir acquis avec d'autres livres dans le pays de ma cap-
« tivilé, et après l'avoir étudié avec soin. » A la fin, liéon dit : '« Voilà
« tout ce qui se raconte cliex nous sur ce petit livre, et rien de plus,
«ni ici, ni à Montpellier, le domicile de Gérard. Cependant Gérard pro-
« mettait, au commencement de son livre, de pailf r de toutes les parties
«du régime, qui sont au nombre de cinq. Gérard a peut-être oublié
«de composer cette partie, et, s'il l'a fait, elle est perdue, ou elle
« a été omise dans les copies. Quoi qu'il en soit , puisque j'ai trouvé un
\IV sriXLK.
II. » I 'i '
776 LKS KCRI\ \I\S JlIFS FRANÇAIS
« excellent petit traité de \Iiii>lrr Jean de Tomamire sur le> mines.
« r'est-à-dire sm* nn des ré};ini<'!. mentionnés par Gérard an etinninn-
• cernent de son li>re, je l'ai traduit poin' le profit des conunmrants. »
Ce traité «le i'ôrnaniire suit dans le manuscrit, avec «|utl«jnfs leeelles.
La date de la traduction du trait)'- de (îi'-rard est i/io-i. dati- omise dans
<:a(i«l. l'.iri», If Catalogne tle Paris, n" i 177- Ce traité est dilTerenl île celui (|ni est
intitule- Isaçfoge lironniit, on Iiitrodiictorium juveniini , qui a -li- traduit
\oii iiih«5ii>. par Ahraliam Abigdor en i37(),et (|ui a pour objet le traitenn-nl des
'' ''" iièvies. Il devrait porter le titre de Libclhis de fchniuf , laiidis «[ne
notre traili- semble être \'lntio<liicloiiuin jnienimi , «pii a pour objet le
régime dn corps bumain, d'après \striic.
Mirii., |. 17,!. Voi<'i le texte bebreu «le la préface de Léon el dn <<iunnene«'nienl
de la tradurtion :
'jK-ain -iCK y-iNa pn'jc hv aor 'nrna d'joi c-v nt pTvcn »)cr p»*? -"rTN
-lan icN hwt tsan^j -"Ec •'t'? van "vcei ''K::n ■'laii tijiv laïaS n:^?: ocn
1331^'? "?« Diicbo vrppyni 'j'ya tnc ^ccn 3C"t ■<i33':'?Kn!: 'vcTn -rcn "?»
D-'j^nron -l'co ,><ip:n jopn ^c-n s^v n.y cnn D'!:'ai . i:t:y '3:0 rsp'^ S'i'in'?
iK rryT» dkc; •'py3':3 rx irprvnc nt '3Er:i tvcc n'' i:t3n -lancn i-^an -ctk
VT' msp as ntc 'D*? v-iriK r:'?'? Vn3n ^ccn pno ': r3c'? ipTvt: t";! rryccr
nK-i3C' ne ipn'Psa iant:n rb» Tînt? ic: lacnc -'■'NDi i^-.n Spce iS =■<
Qi-iPC Dv "ao* y-Ka ne rn'3p d'O' oïd nti .ipkc itoSp pcpaci nncc
n-ifm 2\-i3 -pT vpNseï me "7» -picyi ipik ''P3'"yi esc D3 o-cnn d^hk
nc'i-'c; '1X1 •'C'N pn '"ppo'? id'jc nixSon PKta DYO'PCn n;rna D':'?inn hn
'2 ipy-V Ncnn '?« tiûS'-c; nrrc la "7: -icn' x'? ne x^ vicxi ^c T>ia -'7'>i
"ji* im-Ti-i nxiD^n '3'3y inca vys ;'ar; Vnar: ^c»: -iicm v;cn': -"x- xin
.rViCDn i^-ic ''?:'!xn -i-iaM p'?;m 'e: ht h-s D'^a-cn piït inx^"! ns^inn ';eix
na'P "iV'EX lûCD -en' •'P'ja"'? nVca n'7D ip-'pyn'? 'Pacritra n''?y nt Sa pk 'Pix-ai
iwN in'PDn c'xn "bx ]itbn^ dxi .ui:x''7r; o'jcpr ly ieic lyi ip'jnpo
rnSx'? mip ippa vaT PX njcx xVi nanc PiVc Sa p'pyx -: ia (sic) mp'
int:: aaV ''"J d3 -a ipSix: insvx laba '•3X32?' ntc -hM<) iP3ir:x pni in csctra
ip^jn ny i^xi r.a*? nx-inn ■'ix-i r^x ■'a ^■ch^v n^m -icxcr 'c oen'? ^pv -'jixi
n3i:n pinxa ]"iCX': ' [n'îrra n]"?»: 'pppyn icx n'iBcn "jaa ■'EECC na -; Sax
jcx 'Pppyna "3-i''C'"i "nya nM- ""jxcx D^^'?xnt:^ ;rcn d-.c ona xs!:-' x"??? ''3CC
Connnencemenl «le (îérard :
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DU XIV SIECU:.
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\IV' SIKCI.k.
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ct-cwi ■"DîN^t: '7"'nnK i:is-i3i •'n'7yD3 -myx i3i ^biat kS D''D'7iyn ^nx^ lon-ri
jDN man nx
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D'jpi IX Qnin3 vn' nxiDin
cp^i ne?Dn'7 np'?nj iDUxn »)i3n njmn
A la Un, on lit ce qui suit :
nn ta T.» tà^ ppn -ison nt ^p'îno ij'7sx xsojn inî p-rycn »idv ]1x"7 nt3X
-iccn axi3 m: dxi . '7im t33-i''3 -isncn 3mD i3 n^n ncx inn mpos xVi mpon
»1ic3 insnc 'Six iDDn nSnn3 nxnno iod ncDn onc; nijn:nn "':''rD "733 lanS
Syicn Vx n:n p wsm x"? ix xsdj n-'nc? inx i3x:i ixcsc "'Six ix nian
nj-iio 'T ]Xi3 'cxtî nsn ri:'xn 3-11 niDsn pp -iDxc \ixsc 's nM''a no n^'n-'i
nxii wcj'T'C'n ■'CXD'''? x-it33J ^033 cxipj D"'Tirn n^ysDxn rnin^j n-cD
rsn"?! ip^rynS ''3'?3 '•nox lEon m c?x-i3 d3^''3 -i:t ^rx runjnno rnx x^t
pcyrnV oS-'nrna orsxSo nr"'n3 Sn: rSyin D'S-'nnDn Sx yr ^yoS loy
jDx niTy Sxux Sxntîi mx'-jDD iidu-'I nsxSon rxt3
\ la (Icniiôrc page du njaniiscrit, il y a des prescriptions en catalan,
I racées par une main postérieure.
III. i.éoii traduisit encore du latin un chapitre sur la relation de
l'astronoini*' à la médecine, attribué à llippocratt;; sa traduction se trouve
dans le manuscrit d'Oxford n° 206 i , i- KHe commence par les lettres
n'Sx, (|ue nous avons mentionnées. Léon dit qu'en lisant les Aphorismes
d'Hippocrate, il reconnut que ce médecin s'occupa également de l'as-
tronomio relative à la médecine, et qu'il doit avoir écrit sur ce sujet,
bien que rien rie nous en soit parvenu. Un savant chrétien dont le nom
n'est pas connu avait traduit de l'aralx' en latin l'œuvre prétendue
d'Hippocrate; Léon l'a lue d'un bout h l'autre, et quoiqu'il la trouvât
incorrecte, il a cru devoir la traduire en hébreu, pour l'avantage de
ceux qui s'occupent de médecine. Léoii traduit aussi la petite prélace
du traducteur latin, qui dit avoir trouvé le ti;aité d'Hippocrate.
Voici le texte de la courte préface de Léon :
'ji'^v ■'D iiie?S nt 3in3 ov tiksdi oipisxS n'ipisn nvoi '>xnp3 njn r^bn
noD |t3p pSn n:"'x D"i33i3n ]vin ■>3 siv nistno pSn iS n''m nxiinn nosna
irrnS ji^nn nD3n3 viv n''n Tionn me* pDD px "tidx nxions ijdd iiox'c?
ntD onDXD IX ncKD nt'<x znz njni noxs ainse; no is^v iDsyai nxiona Snj
njni .]wh Diwa onpryn ui^S lyjn xSi nxicnn nosns inyT" ona oiin
DnrD Tï-iS XDn Sx 'ixin pSnno ]rinn nosnts nnx nuo n-'S yan ntn orna
DjnS xS ■'Dsy3 "inoKi '3''ya ivk vnxnpi iDW Sy H•^7•'^ Dxnpiax T«Dnn Sx
••Dy ytm D''m3a Q''iaii mwS ninxa o-ipiDn iDca anat? nt: osnn Tonn ara
inpryn ix orpnyn ^rSitS vh^ ■<i'<h yjn xSi nt Sy ans -2 •«ae?nD3 •'jx "Tipixi
ne? -I3ÎJ xS '3 iTiy ov^ V2v ">nyT» xS ipTiyn ^iti inx oan xinn iDon nam
]"'xr nm oy nScs nhv vrxtpi "'isjn ]ie?VS nm ]whc ip'nyni iSiya
Catal. Oxlonl ,
roi. 700.
Slciiiscliiicider,
clans te BulleUiiio
Kuoiicompagni, \ ,
p. /t88; Calai.
Otford, add. an
numéru Qoii, i
(col. 1 i6ij.
Voir ci<lr.»su!t,
p. 771.
TOME XXXI.
IkPBlMKKO B*ri0^.1I.I.
XIT* MàcLt.
Mathitiiyah,
riLS DE MolsK
riLs
DK MaTHITHYAII.
Hist. litt. de la
France, t. XXVII,
p. 7I6.
Rev. des Ktudes
juives, l. VII,
p. i55.
Ibidem.
GrsBU,Gcscli.d.
Jud.,l.VIII,p. ij5
eHi7.
Kev. des l'Uudes
juives, t. VII,
p. i5<.
778
LES ECRIVAINS JUIFS FR\NCAIS
Voir ri-de»sous ,
P- 779-
Rev. des Éludes
juives, t. VII,
p. i55.
Voir ci-dessus .
p. 750.
Rev. des Études
juives, t. IX,
p. 119.
Catal. Oxford.
n* 336, i,col. ii.
UUl. J. Coll.,
n* 99-
Wolf. Bibl.
Hebr, t. III.
a* 1678.
unoiK 'j'îs hn ^>»^nh noVwn umr pwSa 'naernoa n"?»! njio xinn locn
: n'?nn iDon p^nvon nxjn nan nhtn ntnt-\ri nosna o^pcynon
Mathitiiv.\ii, fils de Moïse fils de Mathitliyah, était un membre de ia
famille Yiçhar, originaire de Narbonne. Ses ancêtres, comme ii le dit
lui-même, furent chassés de France et s'établirent avec d'autres savants
en Catalogne et Aragon. M. Lœb, ce savant français dont tous les
hommes compétents regrettent en ce moment la perte, a très bien vu
que Mathithyah fait allusion à l'expulsion de i3o6 sous Philippe le Bel,
et non pas à celle de iSg'i, sous Charles VI. Après la dernière expul-
sion , les juifs n'auraient pas trouvé facilement un refuge en Catalogne.
D'ailleurs, notre Mathithyah est probablement identique au personnage
de ce nom cité parmi les rabbins qui furent forcés d'assister au fameux
colloque religieux de Tortose en 1 à 1 3 ou i !ii !i; or à cette époque
ses ancêtres ne vivaient plus. M. Lœb dit qu'on pourrait supposer que
le Mathithyah du colloque de Tortose est le grand-père de notre auteur,
mais il nous paraît bien plus probable que c'est lui-même. Nous verrons
plus loin quelques autres renseignen>ents que Mathithyah donne sur
lui-même.
«Les ouvrages qui portent le nom de Mathithyah, selon M. Lœb.
« sont : 1' Deraschoth; a° commentaire au Psaume r.xix; 3' commentaire
« siu' Pirké Aboth; A" commentaire sur Ibn-Ezra. •
Du premier on ne connaît que le titre. C'étaient probablement des
sermons sur des sujets bibliques; cet ouvrage est rite dans un autre de
ses ouvrages. Le n° 1 fut imprimé à Venise en 1 5/46 et traduit en partie
en latin par Philippe Daquin, Paris, i 6ao. Le n" 3 se trouve chez M. Jelli-
nek à Vienne, dans un manuscrit dont M. Lœb a donné la préface, et dont
nous avons déjà fait usage. L'auteur dit encore dans cette préface « qu'il
• alla d'une ville à l'autre et d'un pays à l'autre, et que ce fut dans sa
• vieillesse qu'il composa son commentaire du traité d'Aboth pour trou-
« ver, dans cette étude , des consolations contre les maux du temps et
« un soulagement pour *on âme brisée de douleur ». M. Lœb ajoute
avec raison « que ces paroles sont probablement une allusion aux terribles
« persécutions contre les juifs en Espagne, qui ont commencé en 1391 .
• et qui ont duré un grand nombre d'années >. Quant au quatrième
ouvrage que M. Lœb mentionne, M. Neubauer dit qu'il n'est autre
chose que quelques notes qu'on trouve à la marge du commentaire de
Salomon Gatigno sur le commentaire d'Ibn-Ezra au Pentateuque. On
trouve d'autres gloses rapportées au nom de Mathithyah dans un
manuscrit du Jewish Collège k Londres qui renferme un commentaire
anonyme du commentaire de Raschi sur le Pentateuque.
M. Lœb dit encore qu'on attribue à Mathithyah un commentaire
sur le Pentateuque, vu par Wolf dans un manuscrit de Schulting, qui
aurait été écrit en 1 38o et qui porte le titre de 'n iw, «Lumière de
WJ XIV SIECLE.
779
«Dieu», comme l'ouvrage philosophico-théologique de son contempo-
rain Hasdaï Crescas de Saragosse. M. Neubauer pense qu'en effet
notre Mathithyah a composé un commentaire philosophique sur le
Pentateuque, qui est même assez prolixe (211 ff. pour la Genèse), et
qu'il a vu à Vilna dans une bibliothèque privée. Hasdaï Crescas y est
mentionné, et l'on y trouve la date de 5 162 (i^oa). Il est probable
que le manuscrit où Wolf avait puisé ses informations portait la
date de Dpn 5 160 (i38o), au lieu de aopn 5 16a (1/402), et que
la mention de Hasdaï Crescas a suggéré à Wolf le titre de 'n niN , « Lu-
« mière de Dieu ». M. Steinschneider croit que la confusion de ces deux
dates provient de ce que Mathithyah fut contemporain de Hasdaï, et que
Zakkuth place ce dernier en 1 38o. Dans le livre plus récent consacré
à la bibliographie hébraïque, dont l'auteur est Isaac Benjacob, on
trouve encore le titre que Wolf donne, appuyé sur l'introduction de
feu M. Reggio au Pentateuque, où ce commentaire est mentionné.
Outre le commentaire sur le Pentateuque, notre Mathithyah avait
composé des homélies sur le Pentateuque avec le titre nveriE , « sections » ,
qui ne sont pas les mêmes que les Deraschoth , qui semblent avoir contenu
des sermons pour les jours de fête, et qu'il cite dans les Paraschiyyoth ,
et peut-être aussi dans son conmientaire sur le cent dix-neuvième
psaume. Abraham Zakkuth et Ibn Yahya dans leurs chroniques citent
également les Deraschoth; M. Steinschneider ajoute que le dernier
semble avoir pris ses renseignements à ce sujet dans la préface d'Isaac
de Lattes, et que par conséquent ces sermons furent écrits avant 1 3 -7 5.
A présent que cette préface est imprimée deux fois, on voit que notre
auteur n'est pas mentionné par Lattes, probablement parce que sa
carrière littéraire ne commença qu'après li-jli.
Moïse, fils d'Abraham de Nîmes (d'i»' mpo), a traduit du latin les
tables astronomiques d'Alphonse, roi de Castille, avec le commentaire de
Jean de Nicora (Kiip^a n; Assémani lit i'7ip'>n)i composé à Paris, et les
tables de Jean de Saint-Archange, d'après le désir de Maestro Crescas
Nathan , « fds du grand et puissant prince, la lumière de notre captivité,
« Don Isaac Nathan « , en 1 6 2 o . Dans la préface , Moïse dit qu'il a fait cette
traduction pour trois raisons : 1 ° parce que l'œuvre est d'un roi, 2° parce
qu'elle est complète , 3° parce que les chrétiens ont cet ouvrage en grande
estime. Ces tables, dit-il, sont beaucoup plus claires et plus exactes
que celles de Paris; il donne la raison de cette supériorité. L'ouvrage
est divisé en 27 chapitres. On le trouve dans les manuscrits du Va-
tican, Assémani n° 382, et de la bibliothèque de Munich, n° 126, 1.
Voici une partie de la préface hébraïque d'après le manuscrit du Va-
tican, avec quelques variantes du manuscrit de Munich, communi-
quées par M. Steinschneider :
'1^33 D^yiDn ""Sd Q-'j^jwn itJ Dsnn t '•?» nn'<n Dnsr' rnpo ne?t3 idk
98.
\IV' SIÉ(XK.
Rev. des Etudes
juives, t. VII,
p. i54.
Ibid., t. IX,
p. 117.
Ilev. des Études
juive», t. IX,
p. 118.
Yoh., fol. 1 33'.
Otz. Hassrf. .
p. a5, n° 5oii.
Préface, fol. 5*.
dans rénumératioii
des commenlaires
inédits.
Zuiiz, Gesch. u.
Lit. , p. h6\.
Zuni, toc. cit.
Catal. BodI.,
col. l68:i.
Voir ci-dessul ,
p. C81.
MoisE ,
FII.S u'Abraiiaii.
SteiHschneider.
Uebers. , p. 619.
CaUl., p. 60.
xiv' sifeci.».
780
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Calai. Marra\,
Vfrin linfnaîn) .
Calai.. col. 880.
ni3'1. p. 17-
nK'7'7''Be;Kp i'jd iSiio'jiX nn -fun -^cn mm'? D'iayn pe?'?'? D"'isi:n pc?'7D i*?
c?nxD T-ya tan -wk ^mp^: ■•t cfjJNv '•'nd ddo'? onvon onV NSD:n "n.van av
D''jippn psn'jd INC ma; '3 «jn . . .niao n'? on'»'?» irpie?r n'?n3 '3 n'j'jinn
nm'? '?"jiKpiN ©T v^iiKV v^icc D3nn oa lan -1331 Kinn l'jcn nim'ja
n*?» "jK onan*? nsn o-ît.d »]D3 '^pw K*? pnpnn mVna n3K'?cn m"?? ma:c:
'3 c'iiK!} nm"? Nïcc nor: tnd nain pnpini n'jpno oa nsd'' 'a mni'?n
pprn L'''ic;n D''i3icni D''pinn p ynv rim'?n n^Ka '•3 Kin mmbn tc; pa '7nan
xsD" e?'iND nni'731 r'«ysDKn aawn r»i:r hs yna'? ik »i''cinS ^iKin TCKn
'd"? ^^{13D Kinc iDixa TCNn a3i3n nipo ci^n DMS-icm D'pnn hriit 31p:
'73'?3.T pyiap*? ptn pxa no aiip nn mpi naacr pik'ixj'idSk pjisp ti'pcnc
]y^b cp'DXia "'j'icc '7j'?3 ppp nù 01©*? mxB Pini"? nco ^'nn ja*?! ^rccn
ap'pyn nwK p-'Pyon •'jiyD iin^'ai a'':"yDn "'jiyD oVyji nyioa anpn nt ipip-"
yT" itbv na'? ni on'ji iV n-'p n:cxi xinn m''7n ]C piocpcnn jdin lijic;'?'?
msp oy •'jNi onn piniSn «dd lasin ^1S^ ma papo Kin ivh isiioSx p:i3p
D'o: ■'3DD onaaji o-'ai •'P'»-) -icn nppvnno ■'pma iàt i'?ipa 'pyr:c? D3ic'?a
nn'' D•'^^an^ nhn Po'?c; ''Piar.i nix'jcn p'7yip 'jij'ji pcxn •'ppie?p'7 nuD'JD
bid'? 3 'i * Dpppyn np-'m ^"Jixp^x 'v pimSi iXiiB'jN pini^i «-np'i n ni^va ijt
Dans le manuscrit de Mniiicli, il y a encore d'autres tables et d'autres
élucubrations sur ce sujet. Les tables de Paris se trouvent dans le manu-
scrit de la lîodiéienne, Digby lai., n° 1 i4, 3. Il n'y a pas de traduc-
tion de ces tables par Calonymos, conmte M. (leigei- le dit. Un Moïse
de Nîmes, demeurant à Avignon, est l'auteur d'un poème relalit aux sec-
tions du Pentateuque, avec en acrostiche, ies mots hébreux (jui disent :
« Moi , Moïse , fils d'Abraham de Nîmes, demeurant à Avignon , année 5a a 6
« de la création =- i 462. » Ce poème fut imprimé d'après le manuscrit
d'Oxford n° 1 I 80, 1 6 à la lin de la disputation de Jehiel de Paris, édition
Thom, 1873. Nous ne doutons pas que l'auteur n'en soit le même que
le traducteur des tables.
Moïse Kérus.soi.
BOTARII..
Calai. Munich ,
n*3U, 10.
Moïse F^rus.soi, Botarei, ('?'nDia), élève de Moïse de Nimes, est aussi
l'auteur de Tables astronomiques.
1° D'*D1X PGJ, « qui distille des rayons du miel (Ps. \ix, i 1) ■, où nci
représente l'abrégé des mots ~"'D'7P '713nE DIKJ , « dit Férussol le disciple ».
Ce sont des tables sur les conjonctions et les oppositions, avec des
canons, en six chapitres. Moïse parle d'une éclipse de soleil observée en
1478, calculée par erreur comme une éclipse totale et corrigée dans les
tables d'Alphonse et dans celles de Maestro Léon (Lévi fils de Gerson).
liC point de départ est la nouvelle lune du mois d'iyyar (mars) i/i8i k
Avignon.
' M», de Munich . -nKn. — ' Ibid. , }P3.
— ' Ibid., DW.
' Ibid. , mpn. — ' Ibid. , o'oann.
DU XIV SiECf.E.
781
2* ïiapn nsxVO , « Art (îxé », traité sur le calendrier, composé en l'année
i/i6à-ià65, sur le désir de Jacob (aipN^) Léon de r,availlon. Ici Moïse
nomme son maître Moïse de Nîmes (nyin). Le traité se trouve dans
le manuscrit de Mimicli n° a'ig, i, et, d'après M. Steinschneider,
il y est autographe.
3° iiC commentaire sur les tables d'Immanuel de Tarascon, com-
posé en ilx6h, est probablement de notre auteur. Il se trouve dans le
manuscrit de Munich n°3 i , 8, et dans le manuscrit d'Oxford n" aoaa, 3.
D'après le catalogue, c'est un commentaire sur les tal)l(>s d'Mphonse, en
i5 chapitres; on y trouve la date de tischri 5i36 = septen)bre i465.
V II est possible que la réponse de casuistique (jui se tiouve dans le
manuscrit d'Oxiord n" 783, », avec la suscription de « Képonse de
• Maestre Moïse Botarel », soit de notre auteur, quoiqu'on trouve dans
cette collection une date de 1 36o.
\IV srECI.K.
Catal.
P- 9''-
Munich .
Voir ci-dessus,
p. (iijb.
Calai., riil. 69).
Voir ci-<lessus,
|). C55.
AscHER, fds <le Moïse, de la famille Olobrega (kj^'131'?1N'), appelée
plus tard Valabrègue (famille très répandue en Provence et qui existe
encore), était médecin à Arles en 1 468. Il traduisit du latin en hébreu
la Chirurgia païua, abrégé <lu grand ouvrage de (lui de Chauliac. Cette
traduction se trouve dans le manuscrit de Lyon n° 1 a, 4, où on lit la
suscription suivante : P1D^^c^ 'Omcryn nixin cntvn pin dt isp ni-'j
xn-'j 'ND T '?!• c^ND n'j'^inn l'^ya DiiaenV y» pjc'a nio nvH DTncm
pK'''7iKpT : « Le petit ihiuUt, abrégé de la manière de traiter les plaies et
• les tumeurs, composé en l 'n 3, dans la ville célèbre de Paris, d'après
« Maestre Guido de (^auliac. » La même suscription s(> litdanslemanu.scrit
il'Oxford n" 2.^8^, a, avec la seule différence que le titre du livre est
dans ce maïuiscrit ispcn xn^;. Ascher fit sa traduction sur la demande
d'un ami. M. (îross dit que la date de fabrégé ne s'accorde pas bien
avec les dates concernant Gui de Chauliac. Nous savons, dit-il, que
Gui était dès 1 348 le médecin du pape Clément \ I, naturellement déjà
célèbre et ayant passé la première jeunesse. Fîn i/ii3, il aurait eu au
moins quatre-vingts ans ; en outre, il n'est rapporté nulle part qu'il ait été
à Paris en 1 4 1 3. Mais M. (iross n'a pas fait attention (jue Gui n'est pas
l'auteur de l'abrégé de sa Ckirurgia magna, (|u'il a composée en 1 363
et dont la traduction hébraïque, sans nom d'auteur ni de traducteur,
se trouve dans le manuscrit de Paris n° 1 1 89. L'ouvrage fut abrégé à
Paris, en »4i3, après la mort de Gui.
On trouve des membres de la famille Valabrègue comme scribes et
possesseurs de ntanuscrits postérieurement à 1 /|68.
Ascii Kl'.
Ol.OBKKUA.
ArcliMcs Miss. .
3' séT. , I , |). 566.
.Sti-insclinfidor.
Uebcrs., p. 8o3.
Calai. d'Oxford
col. 1 -îô.
Monalssclirift .
1880, p. at'i.
(iKRSON.
FILS D'KzÉCHni..
Gerson , fds d'Ezéchiel , est l'auteur d'un ouvrage de médecine intitulé
Tioan nx idd, « Livre intitulé Aussi ma sagesse » (allusion à TEcclésiaste , ^, . , . ,
\ . .. , ,. , 1- / 1 ,1 L i .Sleinsciuifider
II, 9), ecnt en vers du mètre hezedj (en hébreu TiUn nru), et accom- Uebprseu.,B.7/i<
pagné d'un commentaire composé pendant l'emprisonnemerrt de- l'auteur Mel. Sclu.p. 7.
5 2
XIV* SIKCI.R.
782
LKS ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Voir ri-dessus .
p. 781.
Proiiipluarium ,
|>- 39.
Bibl. rabb..
I. I. p. 't21.
Sitriii'. Yes., X,
p. 178.
Bibl. Ilebr..
I. (l.p. 1563.
Franrc Isr. ,
|>- 77 " 79-
Revue des Ktudes
juives, 1.1, p. 79
l'I suiv.
Catal., p. 310'.
Rev. des Etudes
juives, t. I, p. 80.
à pKBip, localité dans ta province d'Ysop (can^xn yijo), c'est-à-dire
d'Orange. Gerson se dit originaire d'un endroit appelé niD3, • iiauteur »,
(rendant son nom par "nD3 oe^iJ et nicsnc nji3D), et dit qu'à une cer-
taine époque, il .se trouvait à l'endroit de non IDS, • village de grâce » ou
« de charité », où il fut arrêté après dix semaines de séjour, et emprisonné
à jlNDip. Il resta en prison 169 ou 119 jours (le nombre de jours est
exprimé par la valeur numérique des lettres de mov ou de ^h mo»,
mots qui se lisent dans l'Ecclésiaste , 11, 9, après les mots TDsn»]*),
cl son ouvrage fut composé en l'année i4i9 (valeur numérique du
mot move;), ou 5 179 (valeur des lettres 30 np'? '3) selon l'ère de la
création.
Gerson commença son travail le lundi 3 heschwan (le 3 octobre) et
l'acheva le a 6 ou 2 7 kislev (aS ou 26 octobre). Il acheva probablement
le conunentaire le 2 5 tcbet (i/i novembre), époque où il fut mis en
liberté. Avant de nous occuper du ^n03n f\t< "lED et de la liste des autres
écrits que Gerson avait composés, nous devons discuter la question des
localités mentionnées par lui , et nous occuper des données des anciens
bibliographes à son égard. Le traité de Gerson est mentionné comme
anonyme par Hottinger, puis par Bartolocci qui a suivi Hottinger, par
Sabbetai Bass, qui attribue à l'auteur anonyme de cet ouvrage un autre
écrit sous le litre de vhvi2 b"*», » Un bélier de trois ans » (on a sous ce
titre un ouvrage d'Klie \ilna, mort en 1797), et fnialement par
Wolf, qui renvoie à Sabbetai, en discutant sur le dernier ouvrage, qu'il
croit ne pas exister. Nous > errons qu'en elTet Gerson ne l'énumère pas
dans la liste de ses ouvrages. M. Carnioly, qui a, le premier, consacré
un article à notre auteur, dit que « pNonip représente Cordoue et que
« le pays d'Ezob (Ysop) désigne chez les juifs du moyen âge la terre
« située entre Aries et Vaison , dont la dernière ville était appelée ville
«d'Ezob. Cordoue, continue M. Carmoly, est la montagne de Cordes
« aux environs de la ville d'Arles. » Nous donnons ces identifications
à titre de curiosités; car il est établi à présent avec certitude que
le pays d'Ezob (Ysop) est le pays d'Orange (dans le catalogue de Paris
on lit « le pays d'Avignon »). En outre, la montagne de Cordes ne
peut pas être identifiée avec p^<l:^^p, qui est une localité et non
une montagne. M. Lœb, croyant que la localité non "iB3 est le nom
hébreu de ]iKBnip {Caritat), et traduisant ion par «courtoisie»,
identifie le nom de pKOnip avec Courthézon, près d'Orange, les lettres
1 et t pouvant être facilement confondues dans l'écriture rabbinique.
M. Lœb a bien senti les diflicultés de son hypothèse. D'abord icn se
traduit ordinairement par • grâce » et , dans le néo-hébreu , par « charité » ,
jamais par «courtoisie»; en outre, comme l'ouvrage de notre Gerson
est autographe, il est difficile d'admettre que l'auteur ait écrit un i
au lieu d'un t. M. Lœb abandonna donc plus tard son opinion sur
f identité de non "iB3 avec pKmip ; l'auteur, en effet , dit explicitement
DU XIV SIECLE.
783
XIV* 5IÈCI.I.
qu'il séjournait à ion iBD, et qu'il fut fait prisonnier et mis en cachot
Sur les informations de M. Léon Bardinet, qui reconnut qu'il y
avait eu au moyen âge im village du nom de Caritat, qui n'existe plus à
présent, situé sur la Seille, entre Saint-Tronquet de Saignan et Vaqueiras,
dans la principauté d'Orange , M. Lœb a plus tard identifié, et sans doute
avec raison, ion iD3 i l'ancienne localité de Caritat. En abandonnant
l'identification de non iD3 avec fiNCiip , on n'est plus obligé de corriger
la leçon du manuscrit, c'est-à-dire pxtDiip, en pNBilp, pour pouvoir
identifier pKCilp à Courthéion. Ce nom , qui se lit régulièrement Cortaon ,
peut, conmie le catalogue de Paris le dit avec un point d'interrogation,
représenter le français Cordouan; mais on ne connaît sous ce nom
qu'une tour célèbre près de Bordeaux, dont il ne s'agit évidemment
pas ici.
Occupons-nous maintenant des ouvrages de Cerson. Il dit dans la pré-
face de 'r03n f\i< "iDD qu'il avait composé : i°, à l'âge de vingt-cinq ans,
un livre de granunaire hébraïque ou de massore, avec le titre de n»3U
D'J*ï, « Les sept yeux «ou « sources »; a° un autre ouvrage, à l'âge de
trente-cinq ans, avec le titre de mnaro nyiv , «les sept autels», qui a
surtout pour sujet l'astronomie; et 3°, à l'âge de quarante-cinq ans, un
troisième livre avec le titre de '"roy "jsD 'pVn nt, • C'est ma part de toute
« ma peine »; le sujet de cet ouvrage n'est pas indiqué. Ces trois ouvrages,
dont les titres représentent des phrases bibliques, paraissent perdus.
Seul existe le livre, de médecine, qui se trouve dans le manuscrit de Paris
n* «196. Gerson était déjà avancé en âge lors de la composition de ce
travail; il avait au moins passé quarante-cinq ans.
Le livre est dédié à son fils, dont le nom semble avoir été Johanan
(le catalogue donne Ezéchias). Il est écrit en vers et divisé en sept par-
ties appelées 0^*730 ns2V , « les sept épis ». Chaque paragraphe est suivi
d'un commentaire en prose appelé D''EN "liK, • tardif à colère », parce
que l'auteur y a introduit peu de polémique, dit M. Carmoly. I>ans
les vers, l'auteur propose des questions qui seront ensuite résolues dans
le commentaire. Vers la fin, on trouve un traité sur la fièvre, compilé
sur des traités analogues qu'on aimait à composer en Provence. Ici le
nom abrégé de l'auteur est liaj, Gerson fils d'Kzéchiel. A la fin du
manuscrit, nous lisons des notes diverses de l'auteur, parmi lesquelles
deux recettes médicales écrites en latin de la même main que le reste
du manuscrit, qui est sans doute autographe et fut achevé au mois
d'adar 5 180 (février-mars 1^20). M. Lœb, auquel nous empruntons
une grande partie de la description de ce manuscrit, ajoute avec raison :
« Il est très rare de trouver, au moyen âge , du latin écrit par des juifs. »
La raison que Gerson donne pour la composition de son ouvrage est
curieuse, et nous la reproduisons d'après M. Lœb. H dit avoir eu un
songe où lui apparurent les rabbins célèbres de la contrée , se» maîtres ,
Catal. Paris,
p. î2o'.
Calai. Paris,
p. 3?0*.
Fol, g».
Franc
p. 78.
Fol. 11 G'
Isr.,
Rev
juives.
(les l'iudes
l.l, p. 81,
\it' SIKCI.II.
784
I.ES ECRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
Ko». -'.
Uisl. lin. lie lu
France, l. XX Vil,
p. 594.
Slrinirliiiridi'i',
lJp|)ers«U. .p.- '10.
Fol. ()■'.
Franrc
p. 78.
hr.
Rev. drs Ktudcs
juives, t. I. p. 81.
jbid-, p. 8.
la « luiuièrc de ia captivité » de Lunel, R. Maimun, Moïse Cohen, et
surtout le nasi Todros do Narbonne. Dans sa jeunesse, l'auteur avait
ét<^ dans la maison du nasi Todros ou de son (ils Calonymos, qui l'avait
fîugagé à écrire! un court traité de médecine après avoir lu quelques
traités sur ce sujet en présence du nasi, tels que l'Introduction de
llonein ben-Isl.iaq, les chapitres de Maimonide, les D'pco (aphorismes)
de Rhazi, Zahravi et le premier livre du (ïanon d'Avicenne. Dans un
autre passager, Gcrson dit avoir lu la Bibli^, la Mischna, la Tosiphta, les
questions d'\bbai et Rabba, qui sont amalgamées avec d'autres données
dans le Tainmd de Babylon(!, et les traités sur le grand et le petit Char
d'Ezéciiicl. Pendant qu'il composait son livre de médecine dans sa prison
(ou losse, nN3), il lisait et relisait les cinq premiers chapitres du traité
Derakhot (du Talmud de liabylone ou de Jérusalem), que sa femme, à
ce (ju'il semble, lui avait apportés. En effet, le lendemain de la nuit
du 3' jour du mois de heschwan (3 octobre), où il avait eu le songe
mentionné, .sa femme étant venue lui apporter à manger, il l'avait priée
d'aller dans la maison de son père (à elle) et d'y chercher un exeniplaire
du Talmud. Elle n'y trouva sans doute que les cinq chapitres mentionnés
plus haut; des exemplaires complets du Talmud devaient être rares
dans une mai.son privée, après les nombreuses destructions qu'à diffé-
rentes époques on avait faites de cet ouvrage.
Nous avons vu que Gerson ne mentionne pas dans sa liste un ou-
vrage du nom de C'Vdd 'j'N, ce qu'il n'aurait pas manqué de faire s'il
avait (îomposé un livre sous ce titre avant son livre de médecine.
M. Caimoly relève encore deux autres ouvrages c^e notre auteur men-
lionneiait dans la préface de son traité. L'un porterait le titre de jBp> '>ntt,
« Le frère de Yoqtan »; mais ces deux mots ont été introduits pour la
rime et ne désignent pas, selon notre opinion, le titre d'un ouvrage;
telle est aussi l'opinion de M. Lœb. Un autre ouvrage aurait pour titre
PIDSn nvac?, « Les sept sciences », et serait un traité sur les sept arts libéraux.
« Ce dernier ouvrage, dit M. Carmoly, a été fait par l'auteur à l'âge de
« quarante-cin({ ans ; il contient 5o4o vers. » C'est en réalité le manuel dont
nous nous occupons et qui contient le nombre de 5o4o vers, sous forme
de dialogue entre un père et son fds. M. Carmoly, comme M. Lœb le
fait remarquer, a sans doute trouvé dans ses notes le mot niD3n au lieu
du mot nnatD; ce qui l'a amené à donner deux titres au même traité.
Sur les premiers feuillets , des initiales sont écrites en lettres romaines
ornées, comme il suit : AMR = nOK, « dit »; TloB = TiiDa , de Bamoth
« hauteur » , et ijT = I3n , que nous ne comprenons pas. On y trouve
également les mots suivants : nxa ^^^ liai '>iH ippn "PDan »)K K^p3 nDD
^^^E?D nsom jiKOiipa , « Livre appelé Aussi ma sagesse , que j'ai composé .
« moi G. B. H. = Gerson fils d'Ézéchiel dans la fosse à Cortaon , et le
* livre est en vers (?) ».
Le traité sur la fièvre , de notre auteur, qui commence au feuUlet 1 1 6*
[)[J XIV SIECLE. 785 .
viv* sir.cr.K.
ost, comme nous l'avons déjà fait obsener, une compilation de pnsrrip
tions. A la fin, Gerson se déclare reconnaissant à Todros et à Maestro
Abram Liinel, qui est peut-être le même que celui qu'il (pialifie de
« Lumière de la captivité ». Ajoutons encore que l'écriture du manuscrit
est souvent difficile à déchillrer, et que le sens des vers et même du
comnK'iilaire n'est pas toujours facile h .saisir.
GxBBiEi.CoHEN DE LuNEi. ujentioune des banda<^es etdes remèdes contre (;abi\iei. (:(iiii,>
le mal des côtes, qu'il avait reçus de Maestro (Iraboeli ('Vxuxij) l'Es- ,""''','''":,
pagnol. l.ette note se trouve <lans le manuscrit dl)xtord n' i?io.), <). \i,rii(m<^ \it)...
M. SteiiLSclineider se demande si (îabriel, (jui a joint des notes à la Ira- t- M'. i>- 07-
duction bébraïque de la Tahitta super Vita brevis, d'Arnauld de Ville ^ _j"|' '"■'•'""'"^ •
neuve, notes dont des fraj'ments se trouvent dans le manuscrit de Municli Citai, Mmiirl. ,
n° 253, 3, n'est pas identique à notre Graboeli-ou Grabioli.*' (i'est pos- P'jj; liilHi «i'.,
sibic, mais on ne peut le prouver. '"' '
Joseph Coi. on, fils de Salomon, en abrégé p' "i'nDomp"''"i'n":, cpii fut .Idskpm (.<ii.oi.
rabbin dansdillérentesvillesen Italie, était originaire de la France; il est
nommé (Àirfati, Français, quoique élevé en Allemagne, et il appelle le
français sa langue maternelle. Nous avons déjà rencontré le nom de (.iuldiiarm, Ki
Colon. D'après le manuscrit d'Oxford ai35, 7, un médecin du nom »i<'iiiii!;sH.. m,
de Joseph Colon aurait fait une collection de prescriptions inédi '' iiîsi ijH ,|p |„
cales ou de gloses sur la médecine; il ne doit pas être confondu avec hraurc. i. WVII.
notre rabbin. M. Carmolv mentionne un Joseph kolon, savant mé- ''•?''''; , ,
1 . 1 r> • -Il < I /^i i> . 1 Calai., roi. 7.i().
dccin de Fernes, petite \ille pies de Larpentras, d après un de ses nj^i ,|,.
(1rs inn
manuscrits, sans autre indication. fr.. p. nfi.
Nous ne connaissons pas la date de la naissance de Joseph Colon. (losrh. ilor Jud.,
M. Graitz dit qu'il florissait vers 1/460 ou iZiSo. M. Steinschncider et ^' ^."!' ' "'''
... -. -» ^ p ■j.,i.'i.
.M. Gùdemann disent qu'il est mort à Pavie en 1/180. S'il est né sur le c.ii.il. Ilmll .
sol français, ce ne put être qu'avant l'expulsion de iSg/i, et alors il se- ''°'- '•'""•
rait mort à un âge très avancé, à 86 ans; il semble que les chroni([ues
n'auraient pas manqué de le rapporter. Le fait est qu'il n'est nullement
prouvé que Joseph Colon .soit né en France. Il avait séjourné (juelque
temps en Savoie, et il rappelle un fait qui se passa à Chambéry (>-)X3:p)
lorsqu'il était encore jeune. Il se rendit de là en Lombardie, peut-être Resp., n" lâo.
après liTie persécution des juifs en Savoie, et gagna sa \ie par l'enseigne- Kmek holi., 71
ment. Plus tard, il devint rabbin à Mantoue. Sa réputation comme '' 7'''
talmudiste se répandit vite; on lui envoyait des questions de casuistique
de l'Allemagne et de l'Italie, et son école fut très célèbre. Au reste il
connaissait peu la modération , refusait de faire des concessions , et son
obstination l'impliqua d.ins des querelles toujours renaissantes avec
Moïse Capsali de Constantinople, très bien vu à la cour du sultan, et
plus tard avec le philosophe Messer Léon , de sorte que la communauté
de Mantous se divisa en deux partis. L'animosité s'accrut tellement que
TOME XXXI. gij
5 2a turmiitiiil SATioiitls.
XIV' SIÈCLE.
(ir.Tli, o|). rit.
p. iG'i.
Ziii Gcscli.,
p. loO.
Olsar lias, fi ,
m" .T.Tâ, et (iûdn-
maiin.l'irzii^liuiigs-
HCM'ii, III, p. ■s'tg,
nntn â.
datai. , p. '.\o.
786
LES KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
le marquis de Mantouc .se vit forcé d'expulser les deux adversaire!>.
Colon devint rabbin de Favie, où il mourut probablement vers i48o.
Nous possédons i c)i réponses de casuistique de Joseph Colon , et il
y en a eu plusieurs éditions, dont la première est de Venise, iSig.
Il est probable que d'autres réponses existent encore en manuscrit entre
les mains do particuliers en Italie et en Orient. D'après M. Zunz,
Colon aurait écrit un commt;nlairc sur le Pentateuque, et, d'après
Benjacob, il serait l'auteur d'essais de casuistique. Le ms. n° aoo de la
collection Halberstam renferme, d'aj)rès la suscription suivante : '>c
IlUt. litt. «le la p-irio'? pDD> uii commentaire sur le traité casuistique d'isaac de Corbeil.
I' ni me
p. .)07,
t. \XI
\&tnic, ilisl.
tirs mcd., p. io4.
StriiisrlincidiT,
IIrbrrMl;.,p.883.
\oir ri (li'ssii.'- .
p. 7-71.
De Rossi, Cal.
7'"-
llrbers.,n. 834.
Voir ci -dessus.
77G.
En terminant cet appendice, consacré particulièrement aux rabbins
du XV* sièclf!, nous parlerons rapidement de quel(|ues traductions d ou-
vrages de médecine et de scolastiquc qui parais.seut avoir été composées
en France, et qui appartiennent en majorité à ce siècle, mais en partie
aussi aux précédents.
Presque tous les ouvrages de médecine du xiv' et du xv* siècle, en
particulier ceux de l'école de Montpellier, passèrent du latin en hébreu.
L'ouvrage , sur le point de paraître, de M. Sleinschneider, jettera sur ce
sujet les plus grandes lumières. Ce qui concerne les traductions en
hébreu des ouvrages de Ijanfranc, d'Arnauld de Villeneuve, de Bernard
de Gordon, de Gérard de Solo, de Jean de ïornamire, résulte d'une
manière à peu près complète de l'exposition qui précède, sans qu'il soit
nécessaire de dresser, en face de la liste des traducteurs, la liste inverse
des auteurs traduits. Mais dans les notes qui vont suivre nous partirons
des originaux pour indiquer les traductions.
On connaît la traduction hébraïque de deux des traités de Jean de
Tornamire, chancelier de la Faculté de Montpellier de 1372 à iSgo.
Les deux traités en question sont :
1 ° nxiD-in nsNVo -\'<01 V'-i rnoxp^cnN'^p , Clarificalore ou Clarificalo-
riiim in J\ Alinansoris , composé de 96 chapitres. La traduction hé-
braïque s(! trouve anonyme dans le manuscrit 1 1 6 de la bibliothèque
de Parme; mais le traducteur est probablement Léon de Carcassonne,
qui annonce ailleurs, comme nous l'avons vu, son intention de tra-
duire ce traité. Le titre y est li3nn "lED, et les 96 chapitres sont suivis
des 'io chapitres du Continens de Khazis. On y dit que le traité a été
composé par un professeur à la Faculté (société des maîtres de médecine)
de Montpellier, la dix-neuvième année de son professorat. Un autre ma-
nuscrit se trouve à Ancône, dans la bibliothèque de M. Viterbo; on y
lit le titre suivant : nsN^DD "^iDi D , et l'on y trouve le nom de l'auteur.
M. Steinschneider mentionne un troisième manuscrit;
i" Traduction du traité sur l'urine, manuscrit de Paris n" i 1 77, 2,
par Léon de Carcassonne. M. Steinschneider croit que l'original de
DU XIV SIECLE.
787
Tornamire est probablement l'ouvrage intitulé Libellas isagogicas ad
practicam medicinœ ou ï Introductnrium imprimé.
Ajoutons encore qu'une consultation {consilium) sur la peste, en
langue espagnole, probablement une traduction du latin de Jean de
Tornamire, faite sur le commandement du roi Henri de Castille, se
trouve en caractères bébrcux dans un manuscrit de l'Université de
Leeuwarden en Frise. Le texte latin est conservé dans un manuscrit
de Berlin, d'après l'indication de M. Steinschneider, qui en donne ie
commencement et la fin.
XIV* SIÈCI.K.
Llobcrs., p. 83i.
l'cbrrs,, p. 83 i.
Deux des écrits de Gautier (Gualterus, ff altéras, surnommé Agilis,
Aguilinus, en hébreu TD33 et n"D'33) ont été traduits du latin en hébreu
par un anonyme :
1° HNisin mo, Flos medicinœ, qui se trouve dans le manuscrit de
Turin n" 6i; M. Peyron transcrit le nom de TI3^33 par Gebetier; Pasini
l'omet simplement. Il est possible; que le manuscrit de Paris n° i i 28, 7,
renferme l'ouvrage de Gautier, car le commencement est prescfue le
même que dans le manuscrit de Turin; dans ie manuscrit de Paris, on
l'attribue h Gérard de Solo, probablement parce que le traité précédent
est de lui. Le manuscrit de Paris commence ainsi : flTO noon TilK'ia
n7KT3 yiTiT DDnn nan ir7nj mxsn np' .-^xi irhsr: nx n'snai;
•i' Un traité sur les poisons, traduit par Jacob fils de Joseph hai-
Levi.
On possède une traduction hébraïque anonyme du traité Secretarias
practicœ medicinœ ou Thesaarariam médicinal de Jean Jacques ou
Johannes Jacobi, chancelier de la Faculté de médecine à Montpellier.
Le nom s'écrit en hébreu 'Dpj ]tt'ii (îKi''). et le titre du traité est npiBiD,
Practica, ou nsîcVcn niD; on nous apprend qu'il fut composé sur l'ordre
du roi Charles V après i36/i. Le traité commence comme il suit,
d'après le manuscrit de Turin n° 1^8 : W^Vip jnxn riND TMS nanon nON
'7''»ici -isp nnx V'îs nanNC? D''3'7Dn iHV iir nnsun 'dikd t'KD «me? rsis i'jd
Dj onanon b:u nxiDia dhe? onocn yiap i"? r\VTT,b mx"? yiUi rrna nxiDia
■I3U1 n^'»'7e?DBJiD3z; D''XDnn "jao njDOni ernnn lopj ]it)i ■'jki ynx"? y-iKO in»:'?
njoa^Kpi ""nnoi d'k nsiD nsp pTyosi irwvvub 10 rm"? tiixt ptan ^'7D^
naK^Dn -^^v rnx-ipi rnan nt rx .
Ce traité présente les subdivisions de DniD"?, C^îa et D'EPIE. On
trouve des manuscrits de la traduction à Munich 27, i et 286, 2; à
Turin n" \liS et 200 ; et dans la collection Gùnzburg, n" 828.
On connaît depuis longtemps la traduction hébraïque de quel-
ques écrits de Jean de Saint-Amand (|XDX2:e? n JX13. njiDBJWT ;xi3,
njcx p |X1J, où 'f] est un abrégé de c?np, « saint », en abrégé çxc? jxcr,
P'E? xt), en particulier de son Expositio in Antidotarium Nicolai, traduite
99-
datai., p. .")().
.StcinsrlineiJor.
Ueberset/.., p. 800.
.Steinsclincidci',
ibid.; cf. ci-dessus,
p. 65G, 11° 7.
Ms. laliii, cat.'il.
de Paris, Ggj^.
Catal., p. 1 4ti
et 5l3.
Steinsclineider,
Ueberscli., p. 8o5.
Ilist. litt. de la
France , t. XXI ,
p. ibi et suiv.
Ms. dOiford
n° j583, 3.
\l\ MF.r.I.E.
('.■I.CI
. 8o0.
1 ulal., l'ol. 7.).).
Caliil., l'ol. 7^0.
788
LKS KCRIVAINS JUIFS FRANÇAIS
pur II' médecin Isaac Cabrot ou Cnhril (cnap), lUs d'Ahrnham , ni
ià<)3. Cal)i'et n'est pas un Français, dt; sorle (jue nous ne; pouvons
(jue le mentionner. Four les maimscrits de rette traduction nous ren-
voyons à l'ouvrage de M. Steinschneider. H y a, de plus, une tra-
duction anonyme de ce traité dans le manuscrit d'Oxford n° ^583, 3,
avec la liste des ({uestions qui sont omises dans le manuscrit d'Ovlbrd
n° 2 133,8, et n'y ont pas été reconnues dans le catalogue de M. Neu-
Ijauer. Dans la bibliothèque de M. le baron de (lùnzburg à Saiiit-IV-
tersbourg, n" 760, M. Neubauer a noté un traité de médecine pratique
(n"w'Vî; nN'lE-i idd), sans pouvoir l'examiner à fond. M. Steinschneider
croit que le chapitre sur l'utilité d(!S huiles (D'':DC;n rvbvin), d'après Jean
de Saint-Amand, qui se trouve dans le mamiscrit d'Oxford n° 21/11,17
(il esl omis dans l'index), pourrait vUv. un extrait de cette «médecine
« prali(|ue ». Pour le commencement et la fm des traductions et des
manuscrits dans les diflerentes bibliothèques, voir l'ouvrage de M. Stein-
schneider si souvent cité.
Irhiis.. |). 79<j. Lfj t(.|'|;,in Gilles (d'''?'') ou c^ij, ^■«jm) d'\rlcs, probablement un mé-
d(!cin du xin' siècle, a fait pour une princesse une prescription qu'on
c.iial.,. 01.733. trouve en hébreu dans le manuscrit d'Oxford n° 2 133, 8'. D'après le
ll.id.. col. 741. manuscrit d'Oxford n" 11 li-i, 33 cette prescription fut faite pour em-
pocher lavortemenl de la reine, fennue du roi Louis (Xi*). Une autre
prescription de (lilles fut faite pour la fenune de Nicolas de Monte Falco ,
(.iital.,)!. 4 s. receveur d'impôts à Tarascon; elle se trouve dans le manuscrit hébreu du
i;.l.rrs., p. 799. Jctvish Collège à Londres, n° i/io, 2. M. Stein.scbneider croit pouvoir
\olr (idcssus, identifier notre Gilles avec Violas de Rodez; il lit ce nom C?'Jm UK'V'i
'' '"' dans le manuscrit Gùnzburg n° 462, 7. Nous ne connaissons ce nom
que par le maimscrit de la même bibliothèque u" 367, 7, et nous l'avons
lu VlMl UN'''7"i1.
Saladin (r"l''"2') d'Ascoli ou Esculo, de Montpellier, est l'auteur d'un
Compendiam aromatariam , composé pour le prince de Tarente et grand
cormétable de Naples, Jean-Antoine de Balzo (mort le 26 décembre
I /162). On en fit une traduction hébraïque dont on connaît deux manu-
i.aial.,l,|). 16G. scrits sans nom d'auteur, à Vienne, n° i56, et dans la possession d'un
particulier. On trouve dans le catalogue de V^ienne la préface en hé-
si.-inschiiPidcr, breu , où on lit le titre suivant : cnpnn "ij":» S'jlD lED, et d'une main
l).l)erseu.,p. 83i. récente, D''npnn ncD. Un autre traité de Saladin sur la préparation des
drogues, en questions et réponses, se trouve dans la bibliothèque de
Catal.,!, p. 1G7. Vienne, n° 1 87, traduit en hébreu par un anonyme, avec la suscription
cl H, p. 87. suivante: n3x'?D hs "i'7id:dd {nVc? T'e?D man rnx mjxD □"'np'73 pDip'»S pxp
.sieinsclineider, piDCan, « Observations extraites d'une lettre composée par Masser Saladin
Ui'berseti.,p.832. jg Montpellier » (dans le catalogue on dit : de Naples).
DU XIV' SIECLK. 789
\l\ SILCI.C.
l4a srola.sli(|iie propienicnl dite fui nioiiis traduite. Le célèbre rec
leur de S(»il>()iiiie en ilxbS, Jean \ ersor ou \ersuris, eut à cet égard une
Idilune Idule paiticidièi'e. Presque tous ses ouvrages passèrent en lié-
l)reu. (je sont pour la plupart des (piestioiis siu les ouvrages d'Aristotc;
<piel(pies-uiies portent le nom du traducteur, lîlie Hahillo. — i° [)es
(piiîstious sur les huit livres de la Physiipie (imprimées à Cologne,
i/i(p). tiaduction faite par Klie, à ÎSloucon. en Aragon, achevée le
!7 scliehat hî'62 (1 3 janvier i/i'^i). On lrou\e celte traduction dans (".aiul. Pcmoh.
les manusciils de Paris n° lono (autographe), de Tiuin u" 186 et t\'0\- !'• '""
lord n° 'iA53, C). — 2° Des questions sur le traite du Ciel, traduction
achevée le la kisle» o234 (3 décembre 1/173J. Manusciit d'Oxford, (.aialogue,
Chr. coU.,n° 187, cl un fragment dans le manuscrit de Paris n'çjoy, 6. "° '''5^' '■
— 3' Sur la (jénération et la Corruption, d'après Thomas d'Aquin,
même manuscrit dOxford, 2, achevé' le 21 tebeth .^23^ (1 1 décembic
1/173). ■ — ti° Sur rAme, manuscrit d'Oxfoid, 3, achevé le 23 tebeth
r)23/i (i3 décembre 1673). — 5° Sur le Sens et le Sensible, manu-
scrit d'Oxford, '). — 6° Sur la Mémoire et la Héminiscence, manuscrit
d'OxIbrd, 5. — 7° Sur le Sommeil et la Veille. — 8" Sur la Longueur
et la lîrièvelé de la \ie, tous les quali'e achevés le dimanche 27 adar
.')233 (1" mars i li-ji). — c)° Traduction du traité- de Morale en ques-
tions et en réponses, d'après saint Thomas d'Acpiin, (pii se trouve dans le
manuscrit de Paris 1201, 2 (la fin man(pie). Ces cfueslions se rapportent,
comme M. Steinschncider l'a bien vu, à l'Ktliicpie dAristote. Le nom tJcbcrs.,p. .189.
du tradiicteur hébreu, qui manque dans ce manuscrit incomplet, était
probablement Klie, comme dans les traductions précédentes. On ren-
<;ontrc des parties de ces traductions dans les manuscrits n" 281 et
457 de De Rossi (Parme). — 10° On attribue à \ersoris deux réponses
en latin données au roi Alphonse (X?) : a. Sur faccusation qu'on por-
tail contre les juifs de prier pour la chute du royaume d'Espagne et de
sonner de la trompette les jours de fête en souvenir de Jéricho ; b. Sur la
construction du Temple de Jérusalem, qu'Alphonse voulait rebâtir en
l'honneur de Jésus. Il demande Tavis de \ersoris, ayant appris qu'il
possède une lettre de Titus à ce sujet. Versoris défend les juifs de l'ac-
cusation portée contre eux, et dit que, dans les recherches qu'il a faites
à Rome, il n'a trouvé qu'un document émanant du consul Marcus, juge Teïie liébreu,
à Jérusalem. L'original latin de Versoris, s'il a existé, est inconnu. La p-95eisuiv.;ira<l.
traduction hébraïque se trouve dans l'ouvrage de Salomon ibn-Verga iû6eisuiv""
intitulé rmn'« oattr , « Verge de Juda ».
Ern. R.
ht' sikci.e.
790
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 1 1, ligne 17. Deux manuscrits de la bibliothèque
du monastère de Melk, les numéros 171 et 1 80, renferment
des traités de ce Jupiter Monoculus, que nous avons cité
d'après les témoignages de maître Yon, sotis-moniteur des
écoles do Soissons. Ces traités, autant qu'on en peut juger
par les notices du catalogue, ne doivent pas être identiques
avec la Summa Jovis de arlc dictandi, dont nous avons indiqué
un exemplaire à la bibliothèque d'Erfurt. Voici dans quels
termes ils sont mentionnés par le Catalofjits codicum manu-
scriplornm qm in bibliolheca monasterii McUicensis serrantur
(t. I, p. ?.Si et 261) :
Codex I y I . Fol. SS'j-Sya. Magistri Jovis Summa rettioricae cum
commenfario. Incipit : « Si dictare velis et jungere scema loquelb. »
Elxplicit : « Dec [(jorr. Do) grates Cliristo perfccto Jupiter isto. »
Codex 180. Fol. 727-75-. Sumniula Jovis rhetoricalis. Incipit :
u Circa Surnmulam Jovis est notandum, ex quo iste liber subordinatur
» rcthorice. « Explicif : « l^oterit abundare. Kxpliciunt puncta rethori-
« calia. »
La rjiélorique de maître Jupiter Si dictare velis est sans
nom d'auteur dans le ms. latin 8817 de la Bibliothèque
nationale, et avec le titre Summa Jovis dans le ms, 201 5 de
Troyes. L. D.
Page 1 4 -, ligne 1 2 . Il faut rétablir le mot « mnémoniques ».
L. D.
Pages 25-35. Il a paru, dans le tome XXIIl des Mémoires
de la Société archéologique et historique de l'Orléanais,
une notice sur le Formulaire de Tréguier, où l'on trouvera :
1" le texte des morceaux qui mentionnent la ville d'Orléans
sous le nom de Genabnm, et auxquels il a été fait allusion
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 791 ,„.„tcLE.
aux pages 29 et 3o du présent volume; 2° une noie de
M. d'Arbois de Jubainville sur les gloses bretonnes de la
pièce reproduite ci-dessus, p. 34- L. D.
Page 34, ligne 33, beripastus. Lisez : heripastiis. L. D.
Page i3o. Une étude très exacte de la bataille de Cour-
trai et des causes qui amenèrent le désastre a été récemment
publiée par M. Frantz Funck-Brentano, qui a tiré un ex-
cellent parti des renseignements fournis par Guiart. Voir
les Mémoires présentés par des savants étrangers à l'Académie des
inscriptions et belles-lettres, t. X, prem. part., p. 2 3 5-3 2 G.
G. P.
Page i53. Le roman d' Escanor nesi pas, comme nous
l'avions cru, le dernier en date des romans de la Table
Ronde. Plus de cent ans après, en i382, Jean Froissarl,
essayant de ressusciter un genre qui semblait mort, com-
posait son Meliador, dans lequel il paraît avoir imité les
dernières productions du Cycle, telles qu Escanor ou Claris
et Laris. On ne connaissait jusqu'à présent que le titre de
ce poème, mentionné par Froissarl dans deux autres de
ses ouvrages, et on ne savait pas quel en était le sujet.
M. Longnon vient d'en retrouver et d'en publier quelques
Iragments qui n'inspirent pas de très vifs regrets pour ce
qui est perdu, mais qui permettent de constater que Me-
liador, ou le Chevalier au soleil d'or, était bien un roman de
la Table Ronde. Voir Romania, t. XX, p. 4o3-4i6.
G. P.
Page 2 i4, ligne 8. Picturœ tancjuani libri laicorum. L'idée
que les peintures sont les livres des ignorants avait déjà été
exprimée par saint Grégoire dans une lettre adressée au
reclus Secundinus :
Aliud est picturam adorare, aliud per pictural historiam quid sit
adorandum addiscere. Nam quod iegentibus scriptura, hoc idiotis
praestat pictura cementibus , quia in ipsa etiam ignorantes vident quid
sequi debeant. In ipsa legunt qui litteras nesciunt. Unde et praecipue
gentibus pro lectione pictura est. . . L. D.
XI»* «IKCI.R.
792 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Paj^os 3 1 5 cl 2i6. Sur la Bible historiée de la hihlio-
fliè(jiie (rAmiens, voir le nouveau catalofj^ue des luaniisrrits
d'Aniiens, dans le Catal()}j;ue des manuscrits des déparle-
inenls, série in-S", t. XIX, {). 5o. L. I).
Page :r«2, lij^ne i?.. ^ous avous in(li(|ué coniinenl les
auteurs des Bibles inoralisées s'élaicnl ellorcés de trouver
dans les livres de l'ancien Testament une inépuisable série
de ligures symboliques se rattachant aux moindres détails
de l'histoire évangéli(|ue. Cette préoccupation s'est mani-
festée dès les premieis siècles de l'Eglisi;; elle sert à expli-
quer beaucoup des anciens monunjenls de peinture v.l de
sculpture chrétienne. Le vénérable lîède nous apprend <pie
Benoît Biscop, fondateur du monastère de Jarrow, au
vn' siècle, avait pris à J\ome les modèles des tableaux dont
il orna son monastère, et ([ui montraient l'harmonie de
l'ancien et du nouveau Testament :
Imaginrs (juoqvie «kI ornarxlimi nionaslorium pccl('si!im(|iio l>rati
l*anli apostoli de conroitlia vctcris ot no\i Tostaiiicriti suniiiia ralioiic
roiiiposilas cxliibuit. . . {/Icta Sanrtonim ordinis sancti Bencilirli, .s;rr. ii,
p. ino6.)
Il serait hors de propos d'indiquer ici, même en abrégé,
les compositions en prose ou en vers dans lesquelles les
auteurs du moyen âge ont développé leurs idées sur les
rapports mystiques de l'ancien et du nouveau Testament,
idées dont il faut tenir compte dans l'étude des monuments
figurés du moyen âge. A litre d'exemple, et puisque l'oc-
casion s'en présente, mentionnons ici deux petites pièces
qui ont été copiées, en caractères du commencement du
XIII* siècle, à la suite d'un exemplaire de l'Histoire scolas-
tique, qui est aujourd'hui à la bibliothèque de Brioude,
après avoir appartenu au monastère de Pibrac.
La première est un petit poème rythmique sur les ligures
symboliques de la sainte Vieige qu'on trouvait dans le texte
de l'ancien Testament. En voici les premiers et les derniers
vers :
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 7»^ x„ s.kcm.
[A] mundi princij)iu
Cliristi gênerai io
Siil) (iguris latnil.
Quis esl ortus voluptatis
De quo fons ogreditui',
Nisi niafcr pietatis
Do (jua Chrislus iiasriluii'
Prêter legcni iiatiiral<'iu
l'rolciu parit speriuleiii
Sara, parlus iicscia.
Sic, nature prêter jura.
Nova giiudit genitura
Virgo plena giaria.
In Sare centurio [sic)
Ysaac cum gauclio,
Matris fletuiu rediiuens.
J^a seconde pièce est un morceau d'environ 280 vers,
dans lequel sont expliquées les harmonies .symboliques de
diverses figures de fancien Testament avec la vie de Jésus-
(ilirisl. f,e poème débute ainsi :
Prescnli Icticia
Cuni Rebecca célébrât
Nupciaruni gaudia ,
Sic Christus, in uteri
Virginalis regia ,
Sui et ecclesic
Célébrât conjugia.
Nec jam matris sinagogc déplorât interituin
Nove matris et uxoris compensando merituni.
Mire modo picturata
Veste quadam speciali,
Ut plus loquar spiritali ,
Jacob Joseph induit :
Caro Christi defecata
Figuratur veste tali ,
Quam in alvo virginaii
Christo pater texuit.
Joseph patent sompnia, figure nudantur;
Luna, sol et .«idera Joseph venerantur. ,
roMR XXXI. 100
\H --IK.C.I.K.
79/1 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Stollc smit aposloli (jui (iliristuni adorant,
Apiid «|in'iii cuiii |)r(cil)us opore pérorant.
liUna si;;iiat Cluisti matrcni;
.Sol fij^ural (jus patrcni. L. I).
Page V./12, ligne 19. I.ps peinliires clos houres du ina-
réclial Boiicicaiit ont ôlé reproduites avec d'amples com-
mentaires par M. de Villeneuve, dans le volume intitulé :
"Notice sur un manu.scril du xiv' siècle. Les heures (\\i
<i maréchal de Boucicaut. » (Paris, pour la Société des lii-
hliophiles Irançois, 1 889.) Craud in-.V'. L. I).
Page :!6o, ligne i5. Le psautier de l'empereur Lolhaire
est récemment entré dans la hihIiothè(pie de M. Thomas
Brooke, à Armitage Bridge House, près Ihulderslield. Voir
Bil)liothè([U(i de l'École des chartes, année 1892, p. 18.S.
L. D.
Pages 264-265. Le psautier de la reine Ingeburge a été
acfpiis en 1892 par M. le duc d'Aumale et fait aujourd'hui
partie du musée Coudé. L. D.
Page ? 6 4, ligne 12. Nous pensons qu'il faut voir les
débris d'un ancien psautier à peintures du xiii" siècle dans
une suite de 48 miniatures à fond d'or, hautes de 1 35 milli-
mètres et larges de 102, que le libraire Rosenthal, de
Munich , a récemment mise en vente au prix de 8,000 marks ,
sous le titre de Bible historiée. Le sujet de chaque minia-
ture est explicpié par une légende française: «Ici cria le
" ceil (! la terre cl premier jor. — Ici départi le ceil de la
M terre el segont jor. — Ici cric Dex .soleil c lune, esleiles,
« el ((uart jor. — ... Ici chache l'angre Adam e Eve de
« par«;is. — Ici geist Eve en gesine de Cayn, e Adam li donne
I a mangeir. — ... Ici demande a Cayn Dex : Ou est Abel,
<i ton frère? Le sanc de lui crie a moi. E il respondi qu'il ne
« esteit pas garde. E Dex le maudist, e il fii fuitif tant come
« il vesqui sus terre. » (Catalogue LXVIl de la librairie
Ludwig Rosenthal, à Munich; sans date, in-S" de 78 pages,
art. 177.) L. D.
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 795
l'ages 264-275. Parmi les psautiers ornés d'images qui
furent exécutés avec un grand luxe au xiii" siècle pour la
cour de France, il convient de citer un magnifique exem-
plaire que la reine Marguerite remit au cordelier(juillaunie
de Rubruquis quand celui-ci lut envoyé, en i253, près
(rtui chef tartare nommé Sartach, qui Classait pour s'être
converti au christianisme. Le hou religieux altacliail un
graïul prix à ce volume, comme l'attestent les termes qu'il
eujploie pour le désigner : Psaltcriitm pidchciriininn (juud
(ledcrat michl domina reijina , in (fuo eranl juctnre valdc piilcir
(éd. Michel, ]). Ôq). Un tel livnî frappa l'imagination des
chefs tartares, aux mains descpiels l'envoyé de saint Louis
dut l'abandonner; Psalterinm domine re(jine nonjni ausas sub-
trnhere, (juia illnd fuernt nuuis notaliim propkr aureas pictiiras
(fue cratit in eo (p. 6:>.). L. D.
Page 'i8i . La plupart des psautiers dont il a été question
dans les pages j)récédentes viennent notoirement du nord
de la France ou de l'Angleterre. On en a fait de semblables
dans le midi de la France;. Tel est un psautier du xin'' siècle,
jadis conservé chez les Célestins du l*ont-fle-Sorgues (Vau-
cluse), dont les nombreuses peintures, représentant des
scènes de l'ancien et du nouveau 'restanienf, sont accom-
pagnées de légendes ex])licatives en provençal. Le texte en
a été reproduit dans la notice que M. le clianoine Ulysse
(^Ihevalier a consacrée à ce manuscrit (Bidletin d'histoire
ecclésiastique des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et
Viviers, année 1890, p. 236-20 1). L. D.
Page 3o8, note 3. La rivière des Aiguës Froides n'est pas
l'Euphrate, comme nous l'avions conjecturé; ce nom est
celui d'un affluent de la rive droite du Tigre, entre Amida
et Mardin, le Meïacariri, correspondant aux Atfiie Frigide de
la Table de Peutinger. Voir la nouvelle édition (sous presse)
des Gesles des Chiprois, dans la collection des Historiens des
croisades, publiée par l'Académie des inscriptions, Histo-
riens arméniens, t. II, p. 784, note 6. . G. P.
103.
■ \\' SIK'
Xl\ SIKCt.K.
790 ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 3i'i. Dans un récent mémoire, intitulé: Le saiiii-
Ijltume e le relaztoni jra la pacsia persiana c In nostra del nietito
evn ( Memorie dclla H. Arcadeinm délie scien:e di Torino , scr. ii,
t. XLII, publié à ])arl, Turin , iSc)-?, in-/j"), M. Italo Pizzi a
rapproché le livi(^ de Sidracli d'un ouvrage célèbre, com-
posé primilivemenl en pehivi, mis ensuite en persan et en
arabe, (pii j)résente une sorte d'encyclopédie morale sous
forme d'un dialogue entre un roi, Cbosroès Nouscliirvan ,
(pii fait les cpu'stions, et un philosophe, Bûznrc' Neihr (en
pehivi Vuzarg iNeitro), cpii lait les réponses, il semble bien
en ellet que l'idée générale de ce cadre (qui se retrouve dans
le Timéo) peut remonter au livre de Bùzurc Neihr; mais
il ne paraît pas qu'il existe d'ailleurs aucun rapport entre
le contenu des deux ouvrages. I^e livre de Bûznrc' Neihr n
été connu des Arabes d'Occident, notamment de Sicile, et
il (îst permis de croire; que l'idée de ce dialogue philo-
so])hique entre un roi et un sage a passé d'eux aux auteurs
chrétiens de Sidrach et de Timéo. Il serait téméraire d'aller
au delà. G. P.
Page 354, ligne 3^ et ailleurs. « Ibn-Etra », au lieu de
ben-Ezra.
Page 357, ligne 10. Ce commentaire se trouve égale-
ment dans le manuscrit d'Oxford, Ilchrew d. 11, récemmenl
acquis.
Page 3r)8, ligne 5. Le manuscrit 69 de la collection
Halberstam (collection accpiise par le Monte fiorc Collcfje à
Bamsgate] renferme un commentaire anonyme (par un
compilateur français ou provençal) sur des prières. Voir
Revue des Etudes juives, t. IV, p. 1 47- — Même page, pour
D'znD (ligne 1 2 du bas), voir op. cit., t. XXV, p. 67.
Page 36o, lignes 5 et 6. Pour les noms «En Bonel» et
« Tobiyah, » voir aussi Revue des Eludes juives, t. IV, p. 70.
Page 3 60, lignes 11 et 12. Lisez nir'jcn '3>jb. »
ADDITIONS ET COKI'.ECTIONS. 797
Page 38o, lii^iie 9 et note 6. Il est probable ([uc David
al-Miiqamas n'était pas un caraïte. Voir Otsur lias-Sifrotli,
Annuaire de Oriiber, t. IV, p. 3 1 « (arlicle de M. David
(]ohen).
Page 38o, note 9. Voir aussi Ma:hir, t. III, p. 100.
Page 388, ligne ."). Lisez on? 'nm ou d:*? •'nm, au litui de
Page 388, lignes i 4 et if) d'en bas. Lisez d'jis hith thz':^ cr
Dipn htt ]^nt< • • •
Page 388, ligne r? d'en bas, lisez n° 83, on lieu de 85.
Page 389, ligne n. Lisez •'c'jxi, au lion de ^'7Eni.
Page 395, XI, ligne 1. Lisez bzvz, au lieu de "jaca.
Page 398. Après XVII, il faut ajouter des observations
de ledaïah sur la paraphrase d'Averroès sur la Physique
d'Arislote, commentaire incomplet, cpii se trouve dans le
manuscrit de Parme (voir Catalogue De Piossi, Lihri stam-
pnli, etc., i8i:î, p. 8i% n° 1399, et Steinschneider, Diehebr.
(Jeherselzimcjen, p. 110). Le manuscrit commence avec la
fin du premier livre et finit avec le huitième, dont la fin
manque. ledaïali y parle souvent des variantes fournies par
les différents manuscrits à sa disposition. Il dit, par exemple,
dans le cinquième livre, I, i4, ce qui suit : tic ]hz2 ^b ^:t:^T^
-!3inD mD'7c;n la iksd: ex "iu»n ]D |"iDn nn -icini n:''iy nr rnxn nixnDi:
.|i-inNn mcVcn jioa xin tnn in"?!? ivtit '«r'jan xin ont m ino {Dt roD
Hh2 OK ri'?D mnN Kam ht inD nox Sn niVo tic; njcc icn'' n^acm
njie?K-in ^^K■'3 inn nnx ;nTC? nJiai im (Ms. liài). Plus loin ledaïah
dit (I, i4) '• ni'? ivjn -icx oVa 'i-iDDa niiic^ iVa'jan: nin Dipca ^a im
no iDa nppynn "jiaVa "?» "jsjnn Kin ai pTivcn oam Dni"?!' Titpn Tcxa
D'iDD rspa n3:D ■TNS'ae?.
Page 409, première manchette. Lisez: «Virchow, Ar-
chiv, XL, p. 82 et suiv.
: 3
MX sii;ii.K.
vn' MKC..R. '^^ ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page 409, ligne 1 4- Lisez « mardi », au lieu de «jeudi »;
les dates ne s'accordent pas.
Page 4i 1. ligne i. Lisez îin:^'!^©, au lieu de iioiD-noT .
Page 4 16, ligne 1. Lisez n'un^cm, au lieu de ooiTom.
\
Page 437, n° XXV, ligne 5. Lisez «fol. 108 ».
Page 45a, ligne 3 d'en bas. Ajoutez l'édition de M. Jo-
sej)l) Kohn, Lemberg, i865. \o'\v ^fazhir, I. VIII, p. 34-
Page 4^-^, titre. Lisez « Ahron Kohen, casuiste», au licti
de « lituruiste ».
Page 473, ligne 19. Lisez izc rnp.
Page 486, ligne 1 1. Lisez rwc, au lieu de irxîD.
Page 5o2, ligne 16 d'en bas. Lisez m copie», au lieu de
« Iraduction ».
Page 5i 1, ligne io. Probablement uVnjV, an lieu de v'îj?.
Page 5i3, ligne 5. Lisez orobioa, au lieu de cvoiaba.
Page 5iG, ligne 9 d'en bas. Le manuscrit de Parme,
W. 755, 2 , a le mois d'Ab.
Page 537, note 6, ligne 5. Enlevez la parenthèse avani
le mot -iiN'3i. Fermez la parenthèse après le mot mwa.
Page 54 1, ligne 3. Lisez ht'jdi.
Page 54 1, note 1, ligne 5. Lisez m hnoo.
Page 549, ligne 8. C'est peut-être Sainl-Nogre, men-
tionné par Benjamin de Tudèle [lùnerary, texte, p. 34; tra-
duction, p. 63).
ADDITIONS ET CORRFXTIONS. 799
Page 549, ligne 19. Lisez « Belishom », an lieu de « Bel-
11 som »,
Page 553, ligne 15. Bongodas représente toujours le
nom de Bonjudas. Voir Revue des Etudes juives, t. IV,
p. 70.
Page 554, deuxième manchette. Lisez après 827 ce qui
suit : et ci-dessous, p. 564.
Page 554, deuxième manchette. « Ci-dessous, p. 567 » se
rapporte à Léon de Bagnols.
Page 555, ligne ^3. Lisez iu?ex, au lieu de icsn.
Page 558, ligne 3 d'en bas. Lisez 'njpni , au lieu de iwpni.
Page 558, ligne 9 d'en bas. Lisez n\n3, au lieu de ona.
Page 56o, ligne i3. Lisez ns, au lieu de itif.
Page 56o, avant-dernière ligne. Lisez TNtsn, au lieu de
Page 56 1, dernière ligne. Lisez 5096, au lieu de 5o86.
Page 56a, ligne 6. Lisez »3, au lieu de st^\.
j Page 562, ligne 1 4- Lisez ^nDx'jD, au lieu de ih^nVo.
Page 563, ligne 6 d'en bas. Lisez nao it.
Page 564, ligne 8 d'en bas. Lisez «Creschent» au lieu
de «Cresschent».
\l» SIKCI.E,
Page 565, ligne 2 d'en bas. Lisez riDon, au lieu de
nw n.
Page 568, ligne 4- Lisez Vf, au lieu de ï"?.
XU'SIKC.I.K.
800 ADDITIONS ET COIUIECTIONS.
Page 574, ligne 6. Bongocs ou plutôt Bongodes. Voir
Bovue dos l"]lu(l(;s juives, t. XI, p. 197, 199, 202 et
ailleurs.
l\'ige 58 u, ligne 25. Lisez nK"'S2''ii"iD3 ick nh'-iK va |r: pny.
Page 59/1, ligne 6. Lisez «Delfils», au lieu de «Deles-
« fds i>.
Page Goi, cincpiiènie manchette. Usez « Zuckeiinann »,
au lieu de « Zuckermandel ».
Page fioS . ligne 3 d'en bas. Lisez « que Joseph Saloinon »,
au lieu de « qu'Elie ».
Page Gi3, ligne 9 d'en bas. Les manuscrits uiS, 829
et 33o de la collection Halberstam renferment également
l'abrégé du Peutateuque de Lévi.
Page 61 5, ligne 4 d'en bas. Lisez hcnn mn ncvc? ne"? -nn^a
Patie 6'i4 , licne 5 d'en bas. Lisez ^ù, au lieu de 1*7.
Page O'.aj, hgne 1 7. Lisez yjo, au lieu de rjo.
Page 645, note, ligne -i. Lisez n-mc, au Heu de Knno.
Page 649, dernière manchette. Lisez « Landshuth », au
lieu de « Landshull ».
Page 65o, fin. Ajoutez encore « le manuscrit de la collec-
«tion Halberstam, n" 181 ». Il est possible que notre Salo-
mon soit le père d'Abraham Yarhi, lequel a composé des
notes sur les livres d'Euclide, qui existent dans le manuscrit
du Vatican, n° 299, j3 (Calai. d'Assémani, fol. 283). Le
litre hébreu donné par Assémani ne se trouve pas dans le
manuscrit.
ADDITIONS ET CORRECTIONS. 801
Page 653. Pour de plus amples informations sur la tra-
duction du Lilinm medicinœ par Jean d'Avignon, voir Stein-
schneider. Die hebr. Uebersetzungen, p. 788, et Munatsschr.
fur Gesch. und Jïissenscli. des Jadenthiims, 1893, p. 237.
l'age 654, ligne 8. Lisez i36o, au lieu de i46o.
l*agc 656, ligne 8. Lisez «y'jiKciEn , pustules, au lieu de
fSioc;>En, fistules.
i'age 663, ligne 7. Dans le manuscrit n° i45 de la col-
lection Halberstam, le mot o^iviz cstexplicpié par Allemands.
On y lit ce qui suit : dm^îcnh on lat D-'iyasn y-ixai.
Page 666, note, colonne 2, ligne 1. Vidal Salomon,
voir p. 759.
Page 679, ligne i3. Lisez Yokdhan.
Page 689, ligne n. Pour l'ouvrage d'Abraham, voir la
description du manuscrit 1 de la bibliothèque du baron de
Giinzburg, par feu M. S. Sachs (non publiée).
Page 690, ligne 8 d'en bas. Lisez nu, au lieu de nn.
Page 691, ligne 3 3. Lisez mcnn n'jyai iin o^-j^z.
Page 69'i, ligne 17. Usez 5i44, au lieu de 5o44-
Page 711, n" 2°. M. le professeur David Kaufmann, de
Budapest, vient de publier dans la Revue des Etudes juives
(t. XXV, p. 65, pass.) une description d'un manuscrit de
la Hâggadah (livre de rituel pour la nuit de la pâque], qui,
dit-il, se trouvait en i373 à Avignon. A la marge est une
note dont l'auteur anonyme renvoie à une de ses œuvres,
qui n'est autre que le n" 2° de Jacob Çarfati. On y trouve
une autre note concernant le rite de la pâque qui est in-
rOME XXXI. 101
r 5 ♦ mpniurnie i^Tiofu-r,
\t\ SIFXI.h.
\IV SIECLE.
802 AUDITIONS ET CORRECTIONS.
troduite par le mot Tvk, formule abrégée que M. Kaul-
mann explique par : « Dit mon maître que son rocher (Dieu)
«le garde.» Mais, nous l'avons dit (p. 711), cette formule
abrégée doit se traduire par : « Dit Jacob Çarfati (le l'Van-
« çais) De sorte que cette note est sans doute écrite par
notre Jacob. Si ce manuscrit provient en effet d'Avignon,
notre conjecture (p. 7 1 2) sur l'identité de Jacob Çarfafi et
de Jacob d'Avignon Çarfati serait confirmée.
Page 7i4i première manchette. Li.sez Litleratiirlilatt, au
lieu de Littéral ur. Ern. R,
TABLE DES AUTEURS ET DES MATIÈRES.
ABBA-Mini . lils (l'Kligdor (Scii Astnic de
\oves), |iliilo9ophe. Sa vie, 5^8. Surnommé
aussi Son Asiruc de San Nagri, Slg. Ses
ouvrages, ô'ig- Commentaire sur Job, S^q;
sur le ('.antique des cantiques (probable;,
55i. On le confond a\ec Vidal Belijhom,
&5i. Réfutation du livre de Caspi, obi.
Introduction au premier livre d'Eudide,
.Sa?. Mentionné, hii, 353, &6o, 688,
698,759.
Abba-Mari, lils de Joseph Catpi. Cité,
479-
Altigdor de t'ano, poète, 373.
Abigihr, fils d'Imac , 708.
Abn-Chusaris , corruption d'Abou-Salt,
.176.
Abner de liurg.^s (Aljonsus Burqeiuii).
Traité contre lui par Moise Narboni, 678.
Abou-AJIak, astronome arabe, ^^^, M6.
ibott-lijafw Ahmed ien-\ oasouf hen-lbra-
him , astronome arabe. Son commentaire sur
le Centiloquium de Ptolémée traduit en hé-
breu par Calonymos, 13 1.
Abou-'l-fValid (Jona/i) i6n-AJIj'annâA , gram-
mairien juif. Gloses sur sa grammaire, 483.
Mentionné, 38o, 4o5, 5oo, 3o6. 5i6,
33i.
Abraham Ab-Belh-Din , Tthbin, i-ji, 686.
Abraham Arigdoii (Ikinet), fds de Me-
schouUam , traducteur. Sa vie et ses ouvrages ,
7 1 7. Probablement le même qu'Abraham de
la famille .\bigdor, 776.
Abraham, arrière-petit-fils de Maimonide,
48i.
Abraham bar-Hijrya , mathématicien , 38o ,
\oh, ^91, 58 1.
Abraham ben-Datid, rabbin, placé an pa-
radis par Moïse de Rieti. 3^7.
Abrakan ben-David, de Posquieres, rab-
bin, /io3, 473, I74, 687.
Abraham Bbndig. Son commentaire sur
.lob. 657.
Abraham ben-hoac, de Narbonne, rabbin,
468.
Abraham ben-lsmael, rabbin, maitre <le
Jeroham , 568.
Abraham ben-Iieuben , de Milhau, copiste,
577,762.
Abraham [ben-Salomon?], de Montpellier,
rabbin, 658, 686, 718.
Abraham de Balmcs, traducteur. Se» tra-
ductions latines du commentaire moyen sur
les Topiqaet d'Aristotc, iii; des disserta-
tions d'Averroès concernant l'Orjanon, 551;
du commentaire moyen d'Averroès sur la
Bhétoriifat, 571.
Abraham de Béliers, poète. Son Divan
compilé par son fds, 398.
Abraham de Carpkntras, liturgiste, 730,
Abraham de Joigni , rabbin, 355.
Abraham de V;-'-\12VM, rabbin, 688.
Àbrakam de Pantoise, rabbin, 469.
Abraham de Sarteano , poète, 373.
Abraltam, fils de David d'Aries, rabbin,
658.
Abraham, fils de llayyim de Salon, rab-
bin, 659, 687.
Abraham, fds d'Ephraïm, rabbin, 689.
Abraham, CIs de Salomon, exégète. Ex-
traits de son commentaire, 4gi, 5o3, 5o4.
Abraham, ûh de Samuel Hayyim , copiste ,
716.
Abraham , fds de Shem-Tob , médecin juif.
Auteur d'un petit manuel de thérapeutique,
781, 76». Traducteur de Zabravi, 731,
760. Collaborateur probable de la traduc-
tion du traité 'sur les plantes attribué à
Galien , ibid. Probablement fils de Shem-Tob
de Tortose, ibid.
Abraham, fils d'Isaac, etc., traducteur de
l'ouvrage de Marsile, 718.
Abraham, fds d'Isaac Halévi, rabbin.
Épître à lui adressée, 745. Identifié, 746.
Abraham Gard, rabbin, 665.
Abraham ibn-Ezra, exégète, grammai-
rien, etc. Son commentaire sur le Pcnta-
teuque expliqué par Immanuel de Taras-
con, 697; par Joseph Caspi, 483. Men-
101
80/1
TABLK; des AIJTKIJRS
tioiiiiR, /|oo, 5ni, 54 i; pai' Moïse de Nai-
hoiiiK'.'iHi. Mentionné. 707. Voir aussi Isaac
|ji'.ii'li, Salomoii il>n-Yaîscli el Sclirin-Tol)
il)ii-Ma)Oi'. Son rnniinonlairn sur le livre
(l'Kstlier, r)i7. Sa gianimairc, 5oo. Noirs sur
(|uel(|nvs-uns de ses écrits, par Profet Dou-
ran, -^ii. Son traité snr les tV/ifrj , 4 00. Son
traité des Nombres, igi; rie YVnilé, 445.
A lui attribué un Livre de Vie , 35i. Son
nom mentionné, 38<>. 5Si, 08i.
Abraham ibn-Tibiu», Iraductenr des Eco-
notniqiies d'Aristolf, -■<•!.
Abraham Murif, ral)l>in , 'i3G.
Abraham llotjurmartin , OGt!.
Abraham NIDD' , poète, 647.
Abraham Yurhi , Hoo.
Abram de Valabrcpir , raldiin, 677.
Abram Lunel , médcrin juif, 785.
Abram |1l3Np, médecin, 077.
Abracanel. \o\r haae , Samuel.
Abulcasis , médecin aialie. Ses Quasita
traduits |>ar Sannicl de Marseille, (>54. Son
grand ouvrage, 676.
Acccntus super Doctrinale , 2.
Achille (Amours d') et de Junon, 169.
Acre, royaume, 176.
Adam de la Halle, compose sou poème
sur Charles d'Anjou on laisses d'un nombre
égal de vers. loi.
.iilenct te liai, auteur de CAcomadès , 18a.
Iniit(i par (jiraid d'Amiens dans son Cliarle-
magiie , 18G. Tient le sujet de Cléomadcs,
de Marie de Brabant et de Ulanclie de
France, igo. Innovations qu'il introduit
dans la vcrsilicalion <les cbansons de geste,
:>03 , loi.
Admirantes , |.remier mot et litre d'une
glose sur le Doctrinal, 12.
Aijoulunt el Vaumont, clianson de geste,
32 3.'
Agravain, frère de Gauvain, i64.
Aguilai- ( Moïsc-Rapliaêl d'). Le catalogue
de ses niss., 456, 407.
Ahron, rabbin, en correspondance avec
Ahron Knben, 46g.
Ahron, lils d'Abraham, iils de Samuel de
.Schlesladt, rabbin, supposé auteur d'une
chronique, 705.
Ahron, lils d'Ahron, copiste juif, 35C.
Ahron, lils de Hayyim Cohen, rabbin.
Commentaire sur les prières, 357.
Ahron, fds de Joseph, rabbin, 4 10.
Ahron hal-Lévi, de Montpellier, rabbin,
468.
Ahrok Kohen, de Narbonne, casuiste.
Sa vie, 463. Son ouvrage 5eiiti«rj de vie, 466.
L'abrégé Kolbo , 46g.
Ahron Lévi, rabbin, 687.
Aiglin, frère du roi Cador, veut s'empa-
rer du royaume de sa nièce, i55. Prétend
l'obliger à un mariage indigne d elle el l'as-
siège dans llauliourr, |5U. Il la calomnie
dans une fausse lettre, i56. Il se rend ii
Arthur et est obligé de liiire réparation ii s.i
nièce , 1 Sg.
'Aiijars jroides (Le fleuve des), 3o8, 7g6.
.Aînesse. Voir Droit d'ainesse.
Aix-la-Chapelle (Chroniques d'),alléguée~
par l'auteur de Mainet et pnrGirard d'.\miens.
200, 201.
Alain, recteur de Rivitle, 66.
l/(iin de Lille , 1 1, 07, Cl.
Alart l'escbotte ou l'eschanté , cru auteur
du Comte d'Anjou, 32 1.
Albert ou Aubert, patriarche d'Anliorhe
( 1 !!>6-i 346 ; , 3go. Reçoit de Todre le livn;
de Sidrach, 288, 3i3.
Albert le Grand, 1 1.
,Alec, pluriel de ce mot, i4, ■'>•
Alexandre III, pape, 61.
Alexandre (Koman d'j rapproché du litre
de Sidrach, 3g3.
Alexandre d'Aphrodite, 5i3. Confondu
avec Aristote, 4 1 2.
Alexandre de Villedieu. Commentaire de
maître Yon sur le Doctrinal, i. Close de
Guillaume de Poitiers, 11, 12. Glose Admi-
rantes, 12. (ilose commune, dite Antciiuam
ulterius , 17, 1 8 , 1 g. Glose de Toulouse ,12.
i3, 18. Commentaire attribué àlierion, 19.
Alfonsus liargensis. Voir Ahner de Ihirgos.
Alice de Tancarville , 6g.
Aliénor, saur d'Escanor le Grand, i64.
Aliéner de Castille, reine d'Angleterre,
(tirard d'Amiens lui dédie Escanor, iô3, el
semble dire qu'elle lui avait raconté cette
histoire, 170.
Ali ibn-Ridhwan , médecin arabe. Traduc-
tion liébraîque de son traité de médecine
par Calonymos , 424'
Allégories de la Bible. Voir Bibles hislo-
riéeSk
Alphabetam majas, 8. Alphabelunt mi-
nus, 8.
Almançor. Voir G^raïui de Solo.
Alonso ite Zamora, juif converti, copiste
d'un ms. , 49g.
Alphaïs, oiseaux d'Arménie, dont les
plumes ont des vertus merveilleuses, 1U9.
Alphonse le Sage (de Castille). Les Tables
astronomiques portant son nom traduites
en hébreu, 455, 779. Commentaire sur ses
tables, mal attribué, 781. Menliomië. 789.
Alsimas , roi de Perse, père de Célinde,
174. Voit Méliacin enlever sa fiUe, 175.
Sabel lui fait la guerre, 177. Il fait la pai>
avec ses ennemis, 178. Il envahit tes états
de Natalus, et, après sa mort, fait la paix
avec le nouveau roi de Serre, 180. Ii meurt.
182.
ET DES MATIERES.
8or)
.4ni(iai'i de Ci non, lils «lu sire de Uridiai.
ICiili'vc la coiipe de 1 eN("'<|uc Guill. Le Maire,
«o.
.Im^i/oiiiiu Itutiiick lie lieiUa. (ialalngiie de
SCS livres, 17.
Anarizai , sur Kurlidc, ilij.
Andrieu de i/riiuu(, possesseur d'un manu-
scrit du Charlcmnijne , 1 (j5.
Andrivcllc , iilledu roi (^adorde Norliom-
herlande, s'éprend de Keu, iSi. Klle ta le
voirquand il est blessé, mais n'ose lui avouer
son amour, iô5. Klle a plus lard une entre-
vue avec lui, où ils 90 prouirlteiit de s'épou-
ser. CaloDUiiéu par son oncle et menacée
d'un mariage indigne , elle se rélugie à Bau-
Imurc où elle est assiégée par Aiglin, i56.
Klle s'enfuit, 1 J7. Klle linit par retrouver
keu, i5S, et l'épouse, làg.
Angleterre. Psautiers à |>eintures d'origine
anglaise, sOi, 3O), 3O6, iM, 270, 371,
17^, i-fh , ■A-jii , 278, a8o, j8i.
Anjou ( Le comte (/ ). l'erd sa femme et veut
épouser sa propre lille, .'iîd. Après la fuite
de celle-ci , il se laisse mourir de faim , 3i8.
Voir Orléans.
Anjou (La lille du comte </'), appelée
comtesse, s'enfuit de cliez son père qui veut
ré|>ou»er, 3'^S , 3j6. Mène avec sa mailresse
iMie vie cachée à Urléans, 3j8. Quitte Or-
léans pour échapper aux obsessions <|ue sa
beauté lui attire, in). Kst recueillie par le
cliàteliiiii de Lorris, 33o, cfui la place au-
près de ses lilles, 33i. Le comte de Bourges
la voit, S'il, et s'éprend d'elle, 333. Il
l'épouse, 334 , 33<). Fjn l'absence de son mari ,
elle met au monde un (ils, 336. La comtesse
de Chartres fait croire au comte de Bourges,
son neveu , que l'enfant est un monstre , 338 ,
et fait ordonner au châtelain de Lorris de
la mettre à mort, 338. Les serfs qui doivent
la tuer la laissent |>artir, 3^0. Klle se rend
à Étam)>es et de là à Urléans, où elle est ad-
mise à l'Hôtel-Dieu, 34 1. Elle retrouve son
mari et son oncle et leur raconte ses aven-
tures, 344,347. Elle rentre à Bourges, 347,
et devient comtesse d'Anjou, 349.
Anoiuï, auteur du Livre de papier, iog.
A^OMiME, casuiste, 65.5.
Anonyme, commentateur de daizali , 733.
Anonyues, auteurs de divers recueils
d'exemples, 37-60.
Antéchrist (L'I, s 95.
Antioctts, 174.
Antoli. Voir Jacoh Analolio.
Apocalypses à peintures, j84.
Apollonius de Peri/e, mathématicien. Tra-
duction hébraïque d'un« explication sur une
partie du livre des Sections coniques, 438.
Mentionné, 43 5.
Apprentissage (Enfants mis en), 3 g.
Aqiiin (Pli. d ). Sa traduction IrançaiM'
de i'E.inmeii du nuindi-, 380.
.Arbalète, introduite en France par Hi-
rliard Cœur de Lion, m.
Arbres (Ue<pnMe des) adrcsséi- à l'Aqui-
lon. 34.
ArcliimèJr. Traduction hébraïque de sou
traité sur la sphère et le cylindre, 437. Sou
traité l)e dimensione circuli, iio). Le titre
lï Elementa malkematica est une invention,
459.
Arcliiscnlaris. Valeur de ce mot, 3.
.triosie [ /.'). lOi.
.irislote. Chevauché par la femme
d'Alevandre, 5'3. Traduction hébraïque de son
Economique, 7} n ; de sa l'olitii/ue (indication
erronée), 455. Questions sur ses ouvrages,
par \ i-rsor, traduites en hébreu, 789. Cité,
379, 38o, 4o5, 490, 5i3, 5i6. Le traité
sur les l'iunlet à lui attribué, k'ig.
Armengaud Ulaise. Son ouvrage traduit
en hébreu, 4o6.
Armées (Peinture de la vie des) dans
(îuillauiiie (iuiart, i36.
Armnirie.i peintes en grand nombre dans
un psautier artésien, ]8o.
Armoiries communales, 110.
AnNALD NovEM.i, cardinal, !io5.
Arnaald de Villeneuve. Traductions hé-
braïques de ses écrits : Medicationis para-
bolie , 718; le commentaire n'est pas d'Ar-
nauld, 719. .Sur h;s Médicaments digestifs,
7J0, 7j4. Sur la Paralysie, 655. Hegimen
Sanitatis, 647. Résumé de thérapeutique,
048. Simplicia d'Abou-Salt, 576. Tabula
super Vita brevis, 763. Traité sur les vins
(l'abrégé), 578. Capitula Astrologie, 711.
Une traduction du grand ouvrage d'Abul-
casis lui est attribuée par erreur, 576.
Ars dictandi de Jupiter, 1 1.
Artaud de \'ogent, 54.
Art d'amours (L) de Guiart, i43.
Arthur, roi de Bretagne, i55. Promet à
Keu de secourir Andrivette, i56. Réunit
Keu et Andrivette. i58. Contraint Aiglin à
la soumission, iSg. Assiège la ville des
Traverses pour délivrer Giflet, i65, et re-
çoit l'hommage de ce royaume, 166.
Artillerie. Ancien sens du mot, 127.
Art militaire. Intéressants renseignements
que Guillaume (iuiart apporte à son his-
toire, 126.
Artois. Psautier fait dans cette province,
^79-
Ascher (ben-Abraham) Crescas, commen-
tateur juif, 643.
Ascher Cohen, fils d'Abraham, copiste
juif, 4 '5.
Ascher de Lunel, rabbin, 4o4 , 658, 660,
686.
806
TABLE DES AUTEURS
AsCMin, fiU de Da\i<J de Narbonnc,
7Î9-
AscHKH , Gb de Jcliiel , rabbin , 4o4 , 40 'i ,
,>68.
Afcher, fils de Meschoiillani de LuncI,
rabbin , probablement le n)aitre d'Ahron
Kohcn, ^6h, â68.
Aschtr, Pds de Moise, du la famille de
Valabrègne, traduit en hi-breu la grande
Chirarifie de Gni de Cbauliac, 781. Men-
tionné, Ô77.
Afpremont, inséré par (iirard d'Amiens
dans son Charleinagne . mais |>erdii dans
les manuscrits qui nous restent, igS, iiiS.
islolfe, i(ii.
Astruc Cohen ( ) ef uou(/iic/ Cohen ) , rabbin ,
G88.
Astruc Crespin, rabbin, 45 1.
Astrac, de Carcassonne, rabbin, 713.
Astruc llenwkh, poète juif, 700.
AsbTic Samuel Ùascola, astronome juif,
700.
Astruc (Sen) de \oves. Voir Akba-Mari,
(ils d'Eligdor. Sur les différentes formes de
ce nom dans les mss. voir S'iQ.
Atios [En Vidas .') Salnmon , de Majorque,
rabbin, donne le titre à l'ouvrage deCaspi,
'18.").
/lueriocA (Isaac). Sa traduction allemande
de i't'cnmen du monde, 38G.
Augustin (.Saint). Ancienne table de la
Cité de Dieu, Hi.
Aumônes iiubUi/ues, 3/io, i'ii.
Aveugles combattant des taureaux, 55;
ou des porcs, 56.
Aiem/iace. Voir BiJjii.
Aterrois. Traduction liébraî(|uc de sa
Destruction de la Uestrucli'ii (contre Gai-
zali), par Caionymos, iils de David, 461.
Dissertations : par Calunvmos, àâo; par
Samuel de .Marseille, 55 i; par To<lros To-
drosi, 075. Ethique, commentaire moyen,
par Samuel de Marseille, j.i'i. Génération et
corruption , commentaire moyen , par Caio-
nymos , à 33. Intellect mnléri' l ( Traité sur 1' ) ,
par Todros To<lrosi, â7j. Métaphysique,
commentaire moyen, par Caionymos, ^35.
(irand commentaire, par Moïse de Beau-
raire, iit. Météores , commeatùre moyen,
par (Caionymos, ^33. Ocjo/ion (Résumé
de ï), par .Samuel de Marseille, 559. 5<-
conds Analytiques , grand commentaire, par
Caionymos, ijfl. Sophiimes, commentaire
moyen, par Caionymos, /il 8. Topiques,
commentaire moyen, par Caionymos, A18.
Traductions latines par Abraham de Ralmes
et Jacob Mantinn, \2i. Physique, com-
mentaire moven, par Caionymos. i3i.
Grand commentaire par Moïse de lieau-
caire, in; atlribué à Caionymos, .^33.
Abrégé du grand commentaire par Moïse
de Beaucaire, liiâ. Plantes (Commentaire
sur le iwTt: des) attribué à Aristote, par
Caionymos, '\itj. Poétique, commentaire
moyen, par To<lros To<lrosi, J7J. Politique
(République) de Platon (Commentaire sur
la), par Samuel de Marseille, 555. lihéto-
n'(/ue (Commentaire moyen sur la), par To-
dros Todrosi. Suistance des sphères (Traité
sut In) par (Caionymos (attribué), 455.
Abrégé de {'Almaf/este par iSatlian deCento.
âoo. (iomnicntairrs sur ses différents livres.
Voir Abraham Abirjdor, Joseph Caspi, Levi
ben-Gerson et Moïse de Sarbonne. Cité, 443.
4(j8, 5on, 5i3.
Aiicebron. Voir Snlomon ibn-Gabirol.
Avicenne. Canon : Kxtraits par Mardocliée
Nathan, 58o. (Commentaire par Moïse de
Narbonne, 670. .Notes sur ce canon par Je-
daiah de Béliers, i()3; par Profet Uouran,
744. Mentionné, 719, 770, 78I. Son traité
de la Délivrance de l'âme, traduit de l'arabe
par Todros Todrosi, 571. Mentionné, 576.
.Son traité intitulé Asch-Scliaffa , ibid. Son
nom mentionné, 4o5.
Ayos Vasileo, arclievt'quc de Sebaste ou
Samaric, possesseur du livre de .Sidrerh,
387.
/trojie.fils de Joseph ibn-Abba-Mari (Bo-
nafoui Bonfd Astruc), traducteur. Si>s ou-
vrages, 759.
Airiel, grand-père d'Aliron Kolien, rab-
bin, i(i3, 463.
Bàdjà[lbn-] [Avcmpace] , philosophe arabe,
fiommentaires sur kom traite intitulé But du
régime du solitaire, par Moïse de NarlKinnc,
675.
Balladei, iii.
Da'teus. Ktymologie de ce mot, ô.
Barhaveire. Voir Samuel, fds de Judah de
Marseillr.
liunich de France (de VVorms), rabbin,
■''"''•
llaruch , Iils de Benjamin, rabbin, 738.
B<itschefvitsch (Jacob). Son commentain-
sur l'Examen du Monde, 386.
Baubonrc (Bamborough), i54.
Béatrix de Bourgogne, comtesse de (lier-
mont, 190.
ET DES MATIERES.
807
Beau Mauviiia (Le), ami d'Honcrellc , i51.
fi«aure/)airc, séjour du duc de Galice, i8o;
placé cepeudant en Syrie, 182.
Béer (Michel). Sa traduction française de
l'Examen da Monde, 387.
BelLshom. Voir Moïse tle Sarhonne.
Bendich-Akin , médecin, ^b^.
Bendij ( Maestre ) , miUecin, 45 1-
Bénéjices attribués à des étrangers , 90.
Benjamin de CAnCASso!<KE, lils d'Isaac,
traducteur juif. Tra<luclion hébraïque du
traité sur la Corruption de tair et les épidé
mies de Jean de Bouri;o<;ne, 733.
Bfnjamin V^aS • rabbin, 707.
Benoit. Voir /^ruc/i , fils de Benjamin.
Benoit de Sainte-More, igS.
Ben-Sirn (Tables de), 3i.î.
Benvenist (Famille de), 7^4.
Btrekitiah de Vico/e, ^10.
Bernard (Albert). Voir Brouit ( Albert).
Bernard de Gordon. Son Liliwn Medicinie,
traduit en hébreu par Jean d'Avignon, 05] ,
et par Yequouthiel, lils de Salomon, 73].
Mentionné, 577, 678, 08», 771.
Bernard del Carpio , substitué à Roland
par les cantnreM espagnols, 101.
Berte , roman d'Adenel le Roi, imité par
Girard d'Amiens, igo, 19O, 3o3.
Bible histomék tuutk PictnÉi, i^li-
BlBI.ES IIISTOniÉK.S, AI.LÉGORISÉEB OU MO-
BALisÉES, 3 1 8-3 46. Kiemplaire dont les trois
volumes sont partagés entre la Bodléienno,
la Bibliothèque nationale et le Musée britan-
nique, 118-134. Kiemplaire dont les der-
niers feuillets ont été exposés à Paris en
1889, i34-i36. Exemplaire du Musée bri-
tannique (ms. add. 18719). i36, 137.
Exemplaires renfermant une version fran-
çaise, 137-343. Exemplaire de la Biblio-
thèque de Vienne, i43-3lG.
Bibles ornées de peintures , 3 1 5.
BiBi.igiEs (TABi.Kti'x), manuscrit du
xili* sii'cle, 3 53-1 55.
Biilautj , io5,i3G, 137.
Blanche d' Artois, veuve de Henri de Na-
\arre et d'Kdmond de Laiicaslre, 190.
Blanche de Castiile, rciiii; de France.
Psautiers qu'elle fait copier, 181, 381.
Psautier qui lui est attribué, lOb.
Blanche de France , veuve de Ferdinand de
)a Orda, donne à Adeiiet le sujet de Cléoma-
d'es , 1 90 , qu'elle avait sans <loule rapporté
d'Espagne, 193.
Blanche- Montagne (Royaume de la), iC4.
Boctorie , royaume de Boctus, 391. Sans
doute la Bactriane, 394.
Boclas, roi de Boctorie, voit s'écrouler
iliaque malin la tour qu'il construit, 191.
Sidrach lui enseigne le moyen de la bitir.
répond à toutes ses (|ue.stions et le conver-
tit au chri.'itianismc plusieurs siècles avant
Jésus-Christ, igS, etc. .Son nom n'est pas ce-
lui de Nabuchodoiiosor, 394. II meurt, 3ii.
Boèce, tradurtion hébraïque de son IKre
De Consolationr iihiloiophiit , •jbo.
Boéihus , censé le chef des matérialistes
dans les écrits talmiidiqucs, 394.
lioitas , faute pour Boctus, 393-394.
Bologne (Université de), 3o.
Bonafous Crcscas , copiste d'un manuscrit,
471.
Bonafous de Lnrgentihe. Voir Joseph
Cajpi.
bonafoux, médecin juif, auteur d'une ré-
ponse de casuistique, 7O1.
llonafoux tim'ii, co|iiste, 740.
Bonajoax Bonfd .'Istriic. Voir Atarie, lils
de Joseph.
Bonafovuc (Don) Scheitiel, rabbin, 45 1.
Bonafi)U.t Vidal , poète, 7GG.
Bondavi ( En ) , Irèrc et collaborateur de
.Samuel de Marseille, 5Gi.
/ioni/e ( Le jeu dit), Sig.
Bondia Samuel de Salves , savant juif, 480.
Ilonenjant. \'oii- Hctékias.
Ilonet. Voir Abraham Abii/dor.
Bonel Daeid, juif coo\rrti , 7 40.
Bonet [Sen)de /^unc/. commentateur juif,
4oi. Pas identique avec Bonet Abraham,
4oi.
Bonet de 5a/oej , juif de Salon, 580.
Bonfds. \oir linmanuel ben-Jacob, de Ta-
rasroii.
Bungoda Caslari , poète juif, 647-
Bongoda Marcadrl , poète juif , 76G.
Bonijoes , fils d'Asclier Valabrègue, juif
provençal, 577.
Boniac .istruc Nasi, rabbin. Lettre adres-
sée à lui par Mardocliéi; Nathan, 58 1.
Boniac Nasi (.Seii), rabbin, maître de
Jacob de. Bagiiols, 037.
Boniues lYat/ion , juif provençal , 58 1.
Bonnivaax, abbave du diocèse de Vienne.,
48.
Bonseniur, glossateur juif. Ses gloses
sur le conimentaire moyen de la Physigac
d Arislote, par Averroi's, 43i.
Bonsenior Salomon. Voir ] ci/uuat/iiel , lils
de Salomon de Narbonne.
Bon.ienor Grocian, juif catalan, 45 1.
Boucicaut (Le maréchal). .Ses heures,
i4i . 793.
Bourg-Baudouin (Notre-Dame du), 55.
Bourgeoit d'Etampes, moins généreux que
sa femme, 34o.
Bourges (Le comte de) voit la comtesse
d'Anjou à Lorris, s'en éprend et l'épouse,
33 1-336. Obligé de la quitter, il croit quelle
a mis au monde un monstre et ordonne de
808
TABF.E DFS AUTEURS
la ijardcr, 33H. AppriMiaiil sa fiiitp ri la ra-
luiniiiir (Iniit ollr a élé virliinr, il iu< met à
»a n'cliorrlio, (li-^iiisr i-ii inoiidiaiil , ,Vu. Il
la ri Iroiiïc il ()rl«^aiis, 3'i.'>-3^7. Il rcvifiil
n lloiiriji's ri lirr vt-iipcaiicc <1<! la lomlrssc
lie Cliiirlrcs, 3i8-3i().
Ilouvincs (Noli! sur la baUilir ilo), îCl.
Hovnn lie Comnrcis , poi-ntie (l'Adfni'l le Roi ,
lîninclifi ilex rnymix iiipïnrjpx (Art), pormc
ili- (îiiillaiimn Giiiart, loi) et siii\.
IhTlnijitf. La Iroilalili', riniliislrii', li' coni-
iiirrcr, les dcoli'S clans O'ilr provincn, aH-
•> i .
liiitnn [ Glosr» en ) , 3 'i , 7 r) i .
lireloivt. Leur mauvais itiidim , i5.
litinnt de Monlijan , sin- <Ip Kriaiiroii. Sou
privilège, 78.^
Urinnt îles Iles 011 <l<>« Ai^iies, i.5.S. ArruS4'
Gaiivaiii <le trahison, rst vaiiiru par lui l't
roronnai'l son rrinir, i(it. l'ersonnape iln
Chevalier nux ileu.r rpirs , i(i8.
liriijnoles en Provenre, '18, i((.
linto , qunti lirutus , 1 h.
/Jroimt (Albert), 718.
Brun , le prophès , père d'Ksranor le Heau ,
iC^. Surnomnii'' Sans pitii', i(i8.
c
Cailnr, roi de NortiomlMTlaude, i.')'i,
1,1 3.
('.nleiidriers juifs , 76G 7 70
. Cnio [Maestro). Voir Oilnnymos hen-Calo-
IIYI»OS.
Calo Calonyme, de Naplrs, confondu aver
(.alonymos Toiliosi. jjGi.
C.vi.o'OMOs be:i-()ai.omïmos; nom proveii-
■ .il : maestro (;,do, â 17. Sa vie, 4 1 9. Arlirles
iimsarrës à lui, '1-13. Ses ouvrages : Iraduc-
liftns, /it\ à hii. Ouvrages originaux :
lleponsr à Caspi , i '1 • ; Lin e îles rois, i<;>;
l'iirrn de Touehe , à '17. Ouvrages faussemeiil
.itlrilMiés, 'i'i5. Mentionné, /|I3, 088.
()M.o>ïM()S-Dii\- David, Iradurteur juif.
Traducteur du traili^ d'Averroès contre (iaz
/ali , intitulé Deslruclinn de la desiruction ,
161. Remplit une lacune laissée par Calony-
riios beii-(^alon)rmos, ^16, 4O2. On lui at-
Iribiie par erreur la traduction du traité de
(ia^zali, la Destruclion des philosophes, IGi.
('.alonymos hen-l)avid II. Sa traduction la-
tine de la lettre sur l'union de l'intellect
séparé d'.\verroès, 458.
Ca'onymos hen- David, oncle de Todros
Todrosi, ,^70.
Calonymos , fils de To<lros Nasi , savant
juif, 784.
Calonymos Kohen , juif. Mentionné comme
traducteur de la grande introduction à la
médecine de tlonein ibn-lshaq, 456.
Calonymos Nathan , savant juif. Traduction
d'Abou .Sait faite sur son d^sir, 076. Men-
tionné, 674, 582.
Calia, fille d'isaàc, juive, 660.
Cantares de gesUi espagnols du xiii* siècle ,
imités d'un po«'me français perdu sur l'en-
fance de Roland, loo.
Cantique sur la Vierge, moitié en latin,
moitié en français, 373,
Capétiens. Deviennent rois légitimes par
le mariage de l'Iiilippe-Aiiguste avec une
descendante de Oliarleniagne, 1 1 S.
Caideuil, ville d Arthur. i33.
Çnrfati, Voir hrnël , .liirnh et Judith.
Carolcs , danses au\ ihausoiis, 3.1.'), 33fi.
Casliui. Voir Cresrii.^ , l)iv id , Israël , MnUr ,
Vidid , ) ahçiirl.
Ciupi. Voir Abhn- Mari , Datid, Joseph,
Sethimiel , .Sidomon l.itspi.
Cèlinde, lille ilu roi de l'erse, voit entrer
cIk^z elle .Méliaciii, 173. ipii se doinie |)Oiir
.son fiancé, 174. Après sa fuite, elle p-nse
toujours à lui et s>' lait inlever par lui sur
le cheval d'ébène, 17Ô. Trompée par Cla-
mazart, elle arrive à Beaurepaire, où le dur
veut l'épouser. Klle feint d'élre folle, 176.
Méliacin ayant pénétré près d'elle, ils se
roncertent et partent sur le cheval magicpie.
181. Elle l'épouse, i8i.
Celle (Abbaye de la), au diocèse d'Aik.
Cérémonies pour l'élection , la conserralion
et l'entrée d'un évéqne dans sa ville épisco-
p«le, 78.
Chaldéen (Un) veut brOler le livre de Si-
drach, 287.
Chansons, intercalées par (iirard d'Amiens
dans Escanor, 169; dans Méliarin, \-h,
194; par Adenet dans Cléomadh, 194.
Chansons aux repas, 333; aux félrs, 335.
Marchand de chansons, 56.
Chants royaux, 333.
Ckarilé-sur-Loire (/.a). Légende sur la
fondation de cette abbaye, 32.
Charlemagne. lo'i, 117, 118. .Son voyage
en Orient raconté par Girard d'Amiens,
loi.
Char'.emagne , poème de (iirard d'Amiens,
écrit vers 1295, 102. Ana'.ysé, 194-104.
Charles V fait traduire le livre «le l'Infor-
mation des prince.', 4i-
ET DES MATIERES.
809
Cliailia 17, roi di- l'iaiin'. Sa signature
Mir un |i>iiulirr, !!G(i.
Cliiiitt's (le I ii/oiï. (iirnril d'Amirais lui
AviWr. son (^hwUmaffiif , lô'i, ly^, 203.
(îlutrtes, (lue «l'Orlt'ans. Manuscrit <le sa
l>ili)i<>(lir<|ii<', V'i.
Climtm (La romtrssp ilv], tanti^ du ronitc
de IJour^rs, |iri'nd en liainc la l'emmr de
son ni\cu, la ralomnii* anprè» de son mari
el cause sa luite, !i;i()-S4i. Klli^ est prise
par sou neveu el ronilamn(>e an feu, 3i<j.
(Jiarlrri. Monastère de Saint-Ilemi, 33.
ClMlrau-CiaiUaril (Le) décrit par Guil-
laume (luiart, I i?t.
Clitviil. Type idt-al du rlieval au moyen
.■1,1,'e, 178.
Clirral ilv hois (|ui s'enlève dans les airs,
prol>al>lenient d'origine orientale , 193. Si'
retrouve dans Yulrntin el Orion et dans le»
Ciminbuijr fii/f.i. Parodie ipien fait Or-
vanles. ic)3.
Cliniiliir oux deux rpéet (/.«)■ roman,
i(i8.
Cheiitlci dans la versification de Guillaume
(juiarl, I '1:1.
CAirns .»fii(iii(j , .Mj.
Choi.v lie perles , 355.
('Jinliiii iIk Traies. iGo, 168, 1C9, igS.
CJiry.acrn. \ oir Georges.
Cimriièrr pài'lrax {L"), roman imiti^ par
(îirard d'Amiens, 1O7.
Cilé de Dieu. Table de cet ouvrage rtidigée
au \i\' siècle, G'i.
Clamuziut de Nafirs , man|uis de Lomile,
le plus savant dis |diiIosoplirs, oflri' à Nu-
hieii \v clii-val d éliè|ie merveilleux qui s'élève
dans les airs et s'y dirige au moyeji de clie-
villes. Il lui demande la main de sa lille
(iloriaiule, \-i. Mcliarin s'élant plicé sur
le clieval , Clamaiart tourne une clicviile qui
le fait enlever dans les airs. H est mis en
prison par Nubien, 173. Délivré au n-tour
de Méliaein, il trompe Célinde el l'enlève
sur le clieval magique. Kndormi auprès
d'elle , il est arrêté par le duc de Galice et
mis en prison, 176. Il rëvde sans le savoir
à Méliaein , sou voisin de cacbol , la présence
dans la ville de Beaurepaire de Célinde el
du clieval merveilleux, 180. Il est mis à
mori, 183.
Clta-it et Loris, roman de la Table ronde,
t53-i6i.
Claulrc. clilteau où est enfermé Méliaein,
178. La châtelaine le fait évader, 179.
(!i.ÉME>T, auliur d'une vie du bieuheureuv
Thomas llélie de Biville, 65-75.
Clèainndèi , roman d'Adenet le Roi. Goni-
paraisoii av(T Méliaein. i8î, 19A.
CAénmalan , iils du Soudan d(; Damas, oiln-
à Nubien une |«)ule {l'or magique, en obtient
la main de sa lilli' Mélide, 172, et l'épouse,
i8:>.
CAieedim (Armes de la famille de), î8o.
Cohen. \ oir .l/i/on ,fds de llayyim, Ahron ,
Ascher, Asirnc , Ctdonymos , David, (iabriel ,
l.'iiac (deu'c fois), .lonathan. Judah (trois
fois), l.rvi, Meïr, Moïse, Pereç. Raphaël,
Salomon el .Sait.
Colon (.ios<-ph). Voir .loseph Colon.
Compral , représc^nté par des noms hé-
breu», 755.
Coniprnt ( Don ) d'Agde, juif, 712.
Comprat Viilal t'rrnssol. Voir Jacob, Jils
de llfiyyini.
Compral de Vivas ifArles, -jSb.
(bonite d Anjou (Le), roman de Jean
Maillarl, 3i8-35o. Compo»^ pour Pierre de
(^hambli el terminé pour son fils Piern- ('u
i3iG, 319-330. Le sujet eu est emprunté à
une légende très répandue, 349.
Consliton, c'esl-ii-dire Constantin l'Afri-
cain, 58o.
Coita ben-l.oaifa. Sa traduction arabe du
traité d'Archimède sur la sphère et les cy-
lindres, traduit)' en hébreu par Calonymos,
437.
Coucou (Chant du), 58.
Courirui (Itataille de). Précieux nmseignc-
ments fournis par (îuillaume Guiart, i3o,
4i3, 791.
Crescas (Famille). Ouvrage dédié à elle,
747.
Cresc<i3 Calonymoi, juif, copiste d'un ma-
nu.scrit, .^86.
Crescas Crcsschent, juif, copiste d'un ma-
nuscrit, 56 i.
Crescas de Caslur, le jeune (Zemah , fils de
Jedidiah), juif, copiste d'un manuscrit, 6^7.
Crescas Nathan , médecin juif Traduction
faite sur sou désir, 779. Mentionné, hn-i,
58i-
Crescas Vidal, copiste d'un manuscrit,
iSi5, 583.
Crescas iVkCT (l'e Salon?), père de Bon-
godas Nathan, métiecin juif, 58o.
Croisades. Sermons pour engager à prendre
la croix, 59. Tableau d<-s croisades dans le
livre de Sidrach, 3o6-3ii,
Dait (Prise du), le i avril i3o3, 114.
Daniel (Le livre de), 393, 39!.
TOME X.\XI.
D
Daniel, Iils de Samuel de Kossana, poète
juif, 373.
102
lUPKIIttKIt KATIOllLr.
810
TABLE DES AUTEURS
Danitl de ^t(^'l''t^'^ ^C^. juif, 454.
Dascola. Voir MoUe , Samuel.
Date et DaUtar (Conte des frères), 5i.
David, copiste juif, 608.
David al-Htatjomnss , \ui{ , philosophe, 38o.
Voir les Additions, 797.
David ben-Ger.ion , copiste juif, .ïgo.
David ben-llodiy ah, rabbin, 70.'?.
David ben-Lni , de Narbonne. rabbin,
iG8.
David ben-Zebi Hirich. Son commentairi'
4ur l'Examen du Monde, 386.
David Honet lionjorn , ou David fds de
Bonrt Yom-Tob. Lettre à lui adressée, 7^6.
Mentionné, 7I2. Voir lionrt David.
David Caspi , pour Abba-Mari (^aspi .
'"79-
David, de Narbonne, rabbin, 468.
David de Roquemabtim , théologien juif.
Ses ouvrages, 6C0.
David de Sesmaiions , eiconntnunié, 81.
Daiid d'Estetla. Voir David Kolfhabi.
David de K((/?/or(, rabbin, 468.
David d'Ilnlia, pour David {l'Kstella,
173.
David , fils de Jiidah, messer Léon, philo-
sophe, 373.
David, fds de Safd , rabbin, 086.
David, grand-père il'Ahron Kohen, rab-
bin, 468.
David KokHABi d'Kstella, rabbin. Sa
\ie et ses ouvrages, 471- Mentionné, 65.Î ,
607, 68'i, 688,690, 7i9(p">'?Di:;D).
David Lévi, rabbin, 'i6.ï.
David (Maeslre) de Lattes, achète nu
manuscrit, 58't.
David (Messer), fils du médecin Jaroli
Calonymos. Un manuscrit copié pour lui,
486.
David Prnprçjue, juif de Marseille, 553.
David Qamlii, juif, grammairien, 4o5,
53 1. 686.
Davin (Maeslre) de Lattes, proprii!tain>
d'un manuscrit, 4i5.
De la Vigne, nom supposé, 758.
Demctre, clerc grec, transporte le livre de
Sidrach en Espagne, 387.
De.icors, 33 3.
Devise : Sans nombre, i\i.
Dictons mnéninniipies, 14.
Differentialrs versus , i5, 17.
Dtnadan. Son caractère badin, 157. Ses
railleries coutn; la chevalerie, lOo. S«'s
mésaventures, itii.
Djabir ibn-Ilavynn , astrologue arabe. Son
traité sur les poisons, 4ii, 446.
Doctrinal, valeur d(' ce mot, 6. Voir
Alexandre de Villedieu. Doctrinal acheté n
Orléans , .'il.
Dodinel , 161.
/)ouc«, juive, fille d'Abba-Mari lien-Klig-
ilor. 'i48, 655.
Douran (Sire), rabbin, 465.
Draguigaan, ig.
Droit a aînesse moins absolu au Mil' siècle
en France qu'en Angleterre, 1 38.
Durand de Champagne , Sg.
Dyasinthelica ou Dyatintaslica , 6.
Kcoles de Bretagne au commencement du
tiv' siècle, 3g-33.
Ecoliers. Vers plaisants à leur usage, i4.
Leur fête à Morlaix, 3i.
fCcnivAiNs ET TRADiiCTEuns (liébreux) DE
DATE INCERTAINE , 738.
Ecroaelles guéries par le toucher du roi
de France, 1 17.
Echecs (Jeu d'), 33 4.
Edmond d Estoatcvitle , 376.
Eléaiar ben-Adrut, juif de Majorque,
5i6
Eléatar Calir, iiturgiste juif, 355.
I Eléatar de Worins, cabbaliste, 4o5.
Eliaiar, tils de Salomon. Son commentaire
iar\'Examen du Monde, 386.
Eléazar Parnas , copiste d'un manuscrit,
676.
Elections ecclésiastigues (Abus dans li-s) ,
23 |, 335.
Etie de Genneitano , poète. 373.
£/(« del Mtdigo, philosophe juif, prétend
que les Tables astronomiques d'Alphonse le
Sage furent traduites par Calonymos, 455.
Eliede Montalcino. Ce qu'il dit concernant
David de Roquemartin, 661.
l'ilit de Paris, rabbin, ^69.
Elie, (ils d'Isaac de Cartassouue, rabbin,
686. 683.
Elie Habill», traducteur juif dos é^rit^
de Versor, 789.
Eliéter ben-llyrcanos , un des docteurs de
la Mischnah. Chapitres à lui attribués e«-
pli<|ués par Abba-Mari, fds d'Lligdor, 548-
Ffliéter ben-JudtJi, rabbin, 468.
Eliéier bea-Nathan, de Mayenre, 40«).
Eliiier Crescas , juif , 660.
Eliéter de Bourgogne, rabbin, ^69.
tUiézer de Chinon, rabbin, 4o^, 4o5.
Eliéter de Metz, rabbin, '174 , 685.
Eliéter de Tarascon, rabbin, 468.
Eliéter, fds de Zacharie, rabbin, 687.
ET DES MATIERES.
81
Elicier, liis dimmanuol de Tarascon , rab-
bin. O87.
Elisée ben- Airaka/n , juif, utilise le Dic-
tionnaire de Caspi, 53 1.
Emblèmes bki.iqces, ii8-2i6.
Emir el-Momenin. seigneur de Tunis,
reroit du roi d'Kspagnn le livre de Sidracli
traduit en arabe, 387, 38g.
Enjnnt prodigue (L). Versions françaises
d<^ rclU: parabole, 237, 238.
Enseignement (Gratuite de 1'), 12t.
Eiikmli. Noir l'rojtl Douran.
Erjurl ( Manuscrits de la bibliotbè<|ue d' ) ,
I, II, ib, 17.
Ermenie [La Grandi), 171, 17(1. 180.
Escanor, roman de (lirard d'Amiens, éi-ril
vers 1280, 102. AnalNse de ce roman, i53,
171.
Eicanor te lieau ou le l'ropliès de la
Blanclie-Moutagnr, accuiic (îauvain de trahi-
son, iGi. Kst blessé traitreus<-meiit par (>a-
lantinel, i63. Il guérit de sa blessure, i64-
Il combat Gauvain. 16S. Il se réconcilie avec
lui , apprend la mort de sa femme , se fait
ermite dans une forêt et y meurt saintement ,
16Q.
Escanor le Griuul, roi de la Grande-Mon-
tagne, onde d'tscanor le Beau et prédestiné
à être vaincu par Gauvaiii, iC3. Il l'est dans
te Cimetière périlleux , i63, 167. Il veut
venger sur Gauvain le meurtre de son ne-
veu, ifi4. De nouveau vaincu par Gauvain,
il perd son cbeval Gringalet, i6à. Il retrouve
le corps de son neveu, 166.
Eseapal Mélil Halévi, poète, 766.
Etclarmonde , £ée, amie de Briant des Ile»,
169.
EspagM (Le roi d') fait traduire le livre
de Sidrach du latin en arabe et l'envoie ii
Émir el-Momeiiin, seigneur de Tunis, 287.
Espinoi/re, 107.
Estampies , chansons, 323.
Estelle, fille d'Isaie, à Salon, 669.
Estlier, lille de Jacob Çariati ,711.
KsroRi Pahhi, casuiste. Sa vie, lo3. Si's
ouvrages : Chapiteaux et corolle, io5; Boilc
de parfamt , ^o6; Lis de roi, A 06; Porte du
Ciel, io7. Traduction d'un ouvrage de mé-
decine d'Armengaud Biaise, 407. Traduction
du livre des purgatifs, ào8.
Etainpes ( L'hôtel-Dieu d'), 34o.
Etats généraux convoqués i Paris au com-
mencement du xiv' siècle, 28.
Etienne de Bourgaeil, oflicial d'Angers,
77-.
Etymologie (Définition de I'), 6.
Euclide (Hvpsiclès). Introduction à son
premier livre, par Abba-Mari, 552. Le
I i' livre traduit en partie par Calonymos ,
iti , et par Samuel de Marseille, 56o.
Mentionné, 38o, 491.
Eudes Rigaad, archevêque de Rouen,
Eutociu d'AiCttlon. Son commentaire du
traité d'Archimède sur la sphère et les cy-
lindres, traduit probablement par Calony-
mos, 437, 138.
Evangiles a peintures, 282, 283.
Evrard de Béthune, 9.
Excommunications (Abus des), 89.
Exemples. Recueil composé par un reli-
gieux de la Pénitence à Marseille, /17-57.
Recueil d'eiemples classés alphabétiquement .
57-62. Recueil intitulé Uanipulus exemplo-
rum, 62-65.
Exemptions. Abus, 89.
Farabi [Al-). Traductions hébraïques de
son traité intitulé De intellectu et intelligi-
hili , par Calonymos et par deux anonymes ,
i 1 9 , 43o ; du traité sur le nombre des sciences,
par Calonymos, 43o; du traité sur la mé-
thode pour étudier la philosophie , par Calo-
nymos, Mo\ du traité intitulé Source du
jugement des questions, par Todros, 670.
Mentionné, SgS, 498.
Faust ou fVust, Joël. Sa traduction alle-
mande de l'Examen du Monde, 387.
Felinette, nièce d'Escanor le Grand, révèle
à Gauvain le sort qu'on a jeté sur le Grin-
galet et en reçoit la promesse de la suivre
où elle voudra, i65. Elle réconcilie Escanor
le Grand et Gauvain, iGG.
FemHut. Opinion de Sidrach sur leur
compte, 298, 3o2. Sont plus légères que
les hommes, 3i4.
Fergani, igi.
Ferrandut Pétri, de Kunes, 2i5, 216.
Fêtes en Bretagne, 3i, 34.
Filles. On leur enseigne la grammain-,
33.
Fi'tr IVarin (Famille des). Ses armes,
280.
Flandre (La guerre de) en i3o4. 109 el
suiv.
Flore le Beau, prince de Salenique, oITre
à Nubien une figurine magique et obtient la
main de sa fille Ide, 172. U l'épouse,
181.
Flotte de Philippe le Bel, i3i.
Folifurt de Marseille , 53.
103^
«12
TABLE DES ALTEURS
Fontaine ite toutes scieiicrf iLa\, lilri" «ulr
(loiiiic liortiis au livre <|ui ciinlicnt 1rs ré-
jionsi's (II' Siilracli à si» <|ueslioiij, ■187.
h'orriiltfiiirr, ^(j.
KonMi.i.MiiK i)K TiiKOurEn , 3 3 .'ij. '
l-'onaifc , iinpiit sur lis fou\, Klahli 111
N'nriDaiiilir avant de Irtri' un Kranre, i].'i.
Finiiçnis ilnsliiius, d après Sulracli, à rlrr
la |iliis |>uissaiiU.- nation du nioudr, 3(i^,
.lo5.
t'ritnçaii. (ilo-ics l't |)rovrrl)rs rn friuirais
dans dos Iraiti's de grammaire , 4. ô. Moti>
l't proverbos franrais dans un recueil
il'exoniplcs, âH.
Francf. lii; roi , d'après (ïnillailrne (iiiiarl .
est supérieur à tous les souveniins, 117.
Fnwccs Jacoh, Voir Jacob Ffancrs,
Fiwiriiii /". ('alalo;;ue de «'» livrif"
conservés à la l)ibli<>tliè(|ue de Vienne.
Frédi'ric II reçoit de Tunis la tradurlion
lalinc du livre de Sidracli, .188. ''sa rorres-
|vondance pliilosoplii(|ue avec les iiiusulnians.
lliiyii)0. l'arail avoir commandé le livre
des propliélies de Merlin, 191. Mentionné.
53, 587.
FuruTaillet. Rapines à leur occasion .
(îaarah ou Gaïaah, roi des Indes. JO'i,
! 94. 3 13.
Gabriel Cohen, de Lunel, médecin. Ses
prescriptions inédicales, 780.
Gabriel, fds de Judali, de Vilri, 7G3.
Gabriel, médirin juif, auteur des notes
sur tabula sujur Vita brevis , d'Arnaud de
\ illeueuve, 78a.
Galuriet, frère de Gauvain, i5ô, i(i\.
Galante Moïfr , le jeune. Son commentaire
sur VExamen du Momie, 386.
Galantinit, livre de Gillet, frap|)<? Irai-
Ireusenient Kscanor le IVrau, iliô, 16G.
Galice (Le duc de) trouve (ilaniaxart et
(j^linde endormis, met Clamazart en prison
et veut épouser Célinde, 17G. Méliacin la
lui enlève, 181. Il se rend à Savarnon et
épouse Oriande , 181.
(îatien. Traductions liébraîques de son
traité de médecine, par (ialonymos, /|3'|.
Résumé de ses livres, 455. Traduction du
traité De inœquali intetii périr , par David Cas-
lari , G'iO. Mentionné, 4o5, 760.
Galopin , messager, s'enivrc> et se laisse
deuv fois enlever les lettres (|u'il est cliar);é
de porter, 330-338.
Gninbc, courbe, plié, 137.
Giud ou Goi-t. Voir Abraliam, .Itsepli ,
Moïse Gard.
Gnrt'n (Frère), 768.
Gaucher de Chàtilim , cunnétalile de
France, indique à Girard d'Amiens le sujet
lie Méliacin , 191.
Gautier, se jetant à la mer par désespoir
d'amour, 54, 55.
Gautier (Maître). Traduction liébrai<|uc
de ses ouvrages, 656, 787.
Gauvain amène Andrivette à Arthur, i58.
Ksi accusé d'une trahison et doit combattre
relui qui l'kccuse. Son trouble, 163. Il
apprend que son accusateur ■ été la victime
d'un meurtre, l(>3. Il poursuit en vain des
inconnus qui ont l'ait prisonnier Oiflet. lO.i.
Il est prédestiné ii vaincre l'.sranor le Oand .
i63. Il est du nouveau accusé de trahison el
triomphe de Briant des lies, iG4. '^njrt de
poèmes, 333. Il combat Kscanor le Grand
et s'empare de son cheval (iringalel, i65.
.S's forces diminuent après l'heiii-e de midi .
■ 60. Il se réconcilie avec Kscanor Ictjrand,
166. Sa lutte avec Kscanor de la Montagne
dans le Cimetière périlleux , iG3, 167.
Ga;za/i. Son ouvrage Destruction d'S philo-
sophes traduit en hébreu par Juda Nnllian,
576. Mentionné par Todros, 375. .\utres
traductions mentionnées, G70, 733. Imita-
tion par Abraham Abigdor, 718. Commen-
taire par Moïse de Narbonne. 670, et par
un anonyme, 733. Indication douteuse, 55i.
Traduction hébraïque de sa />cj(rur(ion </r.<
philosophes , par Zerahyah lial-Kévi .Saladin .
attribuée par erreur à Calonymos Todrosi.
4G3. Traduction de ses n'ponses à qiiel<|ues
questions par Isaac, fils de Nathan, de Cnr-
lioue, 577.
Gedaliah ibn-)ahya, liislorien juif, 373.
Geiiuium , nom d'Orléans, 39, 3o. 33.
G«nci«n (Jacques et Pierre), bourgeois de
Paris : leur vaillante conduite à la bataille
de Mons-cn-Pevèle, 1 \o.
Genùlis de Foligno, 719.
Geoffroi d.lniii, vicomte de tiaveui .
83.
Geoffroi, fils du roi Henri 11, arcbevè<|ue
d'Yori, 308.
Geoffroi Toarnemine, évéque de Tréguier.
36,33.
Georges Chrysocca, mathématicien. Son
commentaire sur les Six ailes, O93, G93.
Gérard liututus. Son traité sur des purga-
tifs, 409.
Gérard d* Crémone. Ses traductions latines
ET DES MATIERES.
813
(les (raités d'Archimèdo , \bg\ <1<! Nériïi,
420; de Faralii, 43i.
Gérard de Dontii. Son Iraité sur des pur-
gatifs, ioQ.
Gérard de Solo. Son traité sur les fièvres,
traduit par Abraham Abii^dor, 719. Traduc-
tion hi'braî<|uc do sa traduction d'AI-Mansori ,
730; de son manuel de médecine, par Léon
de Carcassonue , 775. Mentionné, 409, 71g,
^^°■
Gertchom ben-Salùmon , de liéziers , rabbin ,
Gtrsom de Metz, rabbin, 4>o, i6-], 6\i,
085.
Gersont, fils de Salomou, rabbin, 475.
Gcrson de liéziers, rabbin, C87.
Germon, fils de Salomon d'Arles, rabbin,
ose.
Genon, fds d'Êiécbiet, médecin juif. Ses
écrits, 781.
Geataregis Ludmici, utilisés parGuillaume
(juiart dans la première rédaction de la tra-
duction, 138.
GiHer, 317.
Gijlel, i58. U propose i Gauvain de se
battre à sa place contre Escanor le Beau,
ibi. Il est bit prisonnier par les cbevalicrs
d'Escanor le Grand , iG3 , et est enxoyé chez
la reine des Traverses, i64 , qui s'éprend de
lui. Il l'aime aussi, mais il n'ose le lui dire,
i65. 11 est mis en libt'Tté et l'épouse, 16G.
Gilbert l'Anglms, 578.
Gilbert, médecin, 677, 7H.
Gilles, abbé de Saint-Uenys, auteur sup-
posé de la cbroniipie d'Yves, 1 ^7.
Gilles , confesseur de Pierre, comte d'Alen-
çun, 171.
Gilles d'Arles. Ses prescriptions traduites,
788. Mentionné, 078.
GiUes de Home. Le traité de l'Information
des princes lui est indûment attribué, 43,
44-
Gilles de Thebaldis. Sa traduction latine
de l'ouvrage astrologique d'Ibn Abi-Ridjal,
763.
Girard. Auteur d'un lai d'amour, 3o4-
Gn aud d' AHims. Auteur de romans , 1 5 1 ,
io5. N'a pas pillé Adenet dans Méliacin, i85 ,
1 86 , 1 got A continué la Berte d'Adenet dans
son Charlemagne, 186-101, et en a imité
les raffinements de versification, ioi-2o4-
Girard d^ Amiens, auteur d'un jeu parti,
n'est pas le même que l'auteur de Miliacin ,
3o4.
Girardin iAmiens. Voir Girard d Amiens.
Gog et Magog (Légende de), 3o8.
Goodman. Sa traduction allemande de
l'Ëroinen du Monde, 387.
Godefridus de Athenis, 18, note.
5 4
Graboeli l'Espagnol. Ses prescriptions nit'-
dicales, 786.
Grammaire (Éloge de la), .).
GnAMMATICAt.K .'«OVtSSIMlM , !).'>.
(înAMMATICAI.E NOVIM, 3 1-2.'>.
Grande Montagne (Royaume de la), i(iS.
Gravetines (Prise de), i3i.
Grecs confondus avec les Romains dans
le livre de Sidrach, 3o4, 3i3.
Grimaldi (L'amiral Renier), i32, i34.
Gringalet (Le), cheval de Gauvain, i54;
conquis par lui sur Escanor le (îrand.
i65.
Guenihre, femme d'Arthur, est dans (ii-
rard d'Amiens le modèle de toutes les ver-
tus, 168.
Guersoi, 137.
Gui de Chauliac. Traduction hébraïque
de sa grande Chirurgie, par Asclier, fds de
Moïse, 781. Il n'est pas l'auteur de l'abrégé
de cet ouvrage, ibidem.
Gui le Queux (Le fils de), d'Orléans,
copiste, 283.
Guiort, auteur d'un Art d'amours, i43.
Guillaume (Saint), moine, 52.-
Guii.i.vuMK Bkanard, frère Prêcheur,
100. A traduit en grec, au rapport de Ber-
nard Gui, quelques œuvres de saint Thomas,
103.
Guillaume d Auvergne, évéque de Paris.
60.
Guillaume de Nangis, historien de, saint
Louis, utilisé par G. Guiart, 138.
Guillaume de Poitiers, grammairien, 1 i.
11.
Guillaume de Sauifueville, cité, 83.
GiiiUaume Duranti, évéquc de Mende,
neveu du Spéculateur. Ne paraît pas l'auteur
du traité De rebu$ in concilia dejiniendis,
310.
Guillaume, é\éque de Rennes, consacre
Guill. Le Maire, évéque d'Angers, 7g.
Guillaume Guiaiit, d'Orléans, io'i-i43.
Guillaume Indrocaap, 26, 27.
Guillaume le Brc ton , grammairien , 11.
Guillaume le Breton, historien, suivi par
Guillaume Guiart , 11g.
Gui/^ttiii« le Grand, comte de Poitou , 5'i,
53.
Guillaume Le Maire, évéque d'Angers.
Sa vie, 75. Ses œuvres, 84.
Guillaume I^seoi, à tort supposé auteur
de la chronique d'Yves , i4g.
Guitequin, chanson de geste, utilisée par
Girard d'Amiens, 301.
Gundisalvi. Sa traduction latine du traité
sur le nombre des sciences d'AI-Farabi , men-
tionnée, 43 1.
81/1
TABLE DES AUTEURS
H
llagui language , •]^.
//aijiK rie (Prise <l« fa), 108.
Ilnlal'tn, (ils d'Abraliam , juif, copiste,
73..
Hamburger (S.). S* traduction allemande
lie l'Kxnmen du Monde, AH-j.
Ilarilouin de Uontesclaire aime Satille,
s'altac lie à Méliaciii, garde Sal>cl prisonnier
riant son château et, après la mort de Sa-
liol, l'ail la pais a>ec Alsimus, 178, et plus
lard a\iT .Nalalus, 180. Il é|)Ouse Savilie,
1K3.
Htudaï Crticas, pliilosoplie. Ouxrage à
lui dédié, 749, Mentionné, 45i, 7^0,
779-
Ilinyim Hiuuch , rabbin , 4 1 o.
Unvyim bcn-David (Vidal de Tournon),
i-opislc, 583.
Harrim beii-Mathithra , de Montpellier,
raliUin , /jG8.
Ilayrim de Bloi.s, rabbin, 469.
Ilayyim ibn-Samhoun , poète, 370.
Ilecbiiigen (Ëlie). Son commentaire sur
VEinmen du Monde, 38G.
Hector des Marcs, 1D7, lO'i. Le même
que Tor ou Eleclor, fils d'Ares, 168.
llcUer. Voir Yom Tob.
Henri du Trév'iu, copiste, 'n.
Henri, liôtn de Méliacin, 178.
Ihnriijur {Don), roi de Navarre, 708,
Hérétiques. Plaintes sur le danger qu'ils
l'ont courir à l'Kglise, i]5, 316, ifj.
Heri pasius, nom donné au jour choisi en
Bretagne pour fêter les maîtres de maison,
34.
Herzon, commentateur du Doctrinal, du
Grccisme , etc., 18, 19.
Heures du maréchal Boucicaut, lit; de
la famille de Rohan, i5i.
Hezrliias ( ISonenJanI ) , de Milhau , médecin
juif. Son traité de médecine, 763.
Hieronymui de Sancta i'ide (Josué Lorca).
Traité contre lui par Isaac Nathan, SSi.
Hipponate. ( jinimentairc sur ses Apko-
ritntes par Juda (Astnic), lits de Samuel
.Scliallouiii, 757. Mentionné, 38i, 4o5. Tra-
duction de l'ouvrage sur la relation de l'as-
troiiomic et de In médcrine (attribué), par
Léon de Carcassonne, 777.
Hirscli , fds de Meîr. Sa traduction alle-
mande do l'Examen du Monde et son com-
mentaire héhnru sur ce livre , 386.
Hirschjeld (J.). Sa traduction allemande
<lc X Examen du Monde, 387.
Histoire sainte en tableaux peints sur
des rouleaux, 35S-35C.
Honein ibn-lshaij , traduction de sa Grande
introduction à la médecine, attribuée à Calo-
nymos, i3G. Ses traductions mentionnées,
437, 491, 544, 784.
Honerelle, amie du Beau Mauvais, i54.
Hughe de (Àunpedene , auteur de la version
anglaise de Sidrach, 317.
Hugues de Saint-Cher, cardinal, 67.
584.
Humeurs (Les quatre) ou complexions de
l'homme, i38.
Hjèret (Château d'), en Provence, 5o.
HypsicÙs , traduction du i4' livre d'Eu-
dide par Calonymos, 4i5. Complétée par
Samuel de Marseille, 416, 46o.
Ide , fille de Nubien, 171. Elle est pro-
mise par son père à Flore, prince de Sale-
nique, 17'!, et l'épouse, i8j.
Ider. i54.
lediah , etc. Voir Jedaiah.
Images (Livres d') destinés à l'instruc-
tion religieuse et aux exercices de piété des
laïques, 3i3, 385.
Inunaniiel, de Milhau, 677.
' Immanuel de Rome , (ils de Salomon , poète
juif. Ses éloges de Calonymos ben Calony-
mos, 419. 430, 43 1. Allusion supposée i
lui, 454. Explication de l'Ecclésiaste , 37,
Ihmanuel di Tarascom, lils de Jacoh
(Bonfils), astronome. Sa vie, 693. Ses
écrits astronomiques, 694 à 697; astrolo-
giques, 697, 698. Sa traduction de l'histoire
d'Alexandre le Grand (Hisloria de pntliis),
698. Probablement une exposition sur l'Ec-
ciésiaste, 699. Ses tables astronomiques
continuées par Samuel Dascola, 706. Com-
mentaire sur ses tables, par Moïse Kémssol
Bolarel, 780. Mentionné, 687, 688, 690,
700, 763, 766.
Indéclinables (Mots). Leur régime, 9.
iNronMATioNE pniHciPUM (LniK db),35-
47.
ET DES MATIERES.
815
Inyehurge, reine de Fianro. Son psautier,
■tCi, 565, 794.
/onct Alain, châtelain de Ranhourc, dé-
l'end Amirivetle contre Aiglin, i56. Il gou-
verne pour Ken le rovaume de Norlioniber-
lande, làg.
Isaac , juif, 5 17.
haac Àboab, rabbin, U60.
haac Abravanel ( Don) , exégètc, ^97, ôiS,
j3î , 534, 6C2 , Mi.
baoc a'- Iia{(ij, traducteur juif. Sa traduc-
tion des Intentions îles i>kilosni)hes de (îa?-
zali, 698.
baac al-Fasi , rabbin ,491-
Aaac liaijat, rasuiste, 766.
haac ben-Abba-Mari , rabbin, 4o5, 47>.
658, 68G.
haac benCarilinal , traducteur de Kbosari ,
756.
Isaac ben- Joseph ben-Salomon, etc., co-
piste, 759.
Isaac ben-Mosci. de Narl«>nne , rabbin, 648.
Isaac Cabret, traducteur juif. Sa traduc-
tion de i'Hxposido in Antidotarium NicoLii de
Jean de Saint-Amand, 788.
Isaac Cohen, copiste juif, GG9.
Isaac Cohen, de Narbonne, lubbin, 468,
•187, O89.
Isaac de Corbeil, rabbin, 4o5, 469,470,
476, 683, 684, 686, 716.
Isttac de Marseille, rabbin, 686. Voir
aussi Isaac ben-Abba-Mari.
Isaac de Nahna,j\xif, traducteur du traité
d'Averroès contre Gazzali, intitulé Destruc-
tion de la destraction , 46 1.
Isiiac de Saintes, rabbin, '169.
Isaac d'Orbeil, rabbin, 469.
haac, fils d'Abraham de Narl>onne, rab-
bin. 687.
haac, rds d'Abraham do Sens, rabbin,
io5, 469.
haac, fils d'Abraham de Trets. Traduc-
tion faite sur son désir, 656.
Uaac, fils de Calonvmos, de la famille
Nathan, théologien. .Sa \ie et ses écrits,
583-585. Mentionné, 761.
Ixaac, fils de David de Beaucaire, co-
piste, 599, 657.
Iiaac, liis de Juda, rabbin, 687.
haac, fils de Juda de Narbonne, rabbin,
658.
Isaac, fils de Juda de Perpignan, mé-
decin juif, 681.
Itaac, fils de Juda Lattes, de Montpel-
lier, rabbin, 687, 689.
Isaac, fils de Mardochée, rabbin, 4o5.
Isaac, fils de Mardochée Qamhi (maestre
Petit), liturgiste, 739. Ses Réponses de ca-
suistique, ibid. Mentionné, 600, 688.
haac, fils de Marwan, rabbin, 687.
haac, fils de Meïr de Mcyran^es, juif,
aide Joseph Caspi pour son ('oinni<M)lair<'
sur Ibn-Eira, ^83.
haiic, rds (le Vteîr, rabbin, 4o5.
hiiac, fils de Moïse l,é\i. Voir Pro/H
Douran.
haac, fils <le Nathan, de Corduue, tra-
ducteur des Réponses de Oaziali, 077, 6.">'|.
haac, fils de .Samuel, rabbin, /io5.
Isaac, llls de Todros, médecin. Sa vie et
ses ouvrages, 699. Mentionné sous le nom
d'Isaac Todros, 700.
huac fîari/, juif, 06.').
haac i&n-Ci(/, juif, traducteur des Tables
d'Alphonse le Sage, 455.
haac ibn Gayynth , rasuiste. Son commen-
taire sur l'I'icclésiasle, 38o.
haac ihn-Muquatel, philosophejuif, 38o.
Isaac Israéli ben-loseph. Son commentaire
de celui d'Abraham ben-F,zra sur la (!i'-
nèse, 4oi.
Isaac l Ancien , 685.
haac iMtif , philosophe juif. Sa lettre de
réponse, ,^02. Son traité Trésor du rai
(fragment) considéré par erreur comme un
commentaire de J. Caspi sur le Guide des
Egarés, 31-j.
Isaac I>attks, fils de Jacob, médecin juil.
Sa vie, 683. .Ses écrits, 683 ù 69'!. Kxtraits
(le son ouvrage Kiriath Sepher, '171, 5 '18.
Isaac Louans, médecin juif. .Son com-
mentaire sur la .Safiha, 682. Copie un ms.,
,bid.
haac Monçon , commentateur juif. .Son
commentaire sur VExamen du monde, 387.
Isaac Salhan.de Rome, erreur pour Isaac
Nathan, d'Arles, 584.
Isaac Nathan , l'Espa^'nol , rabbin. Ou-
vrage à lui dédié, 653.
haac , père de. Crescas Nathan, 05 i.
Isaac, petit-fils de Raschi, 474.
Isaac, poète juif, auteur du Iraiti' Aide
lies femmes, 371.
Isaac, rabbin, 690.
haac Salomon Meir, poi-te juif, 766.
haac Vidal, poète juif, 766.
Isabel de Dreax, femme de Gaucher de
Cbâtillon , 1 90.
Isaïe, de Messine, glossateur juif. Notes
sur VExamen du monde de Jedaîah, 385.
Ishaq hen-llonein. Sa traduction arabe du
livre des Plantes attribué à Aristote, 42g.
Ismail, grand - prêtre. Traité mystique
sur la mesure de la hauteur de Dieu, 671.
Israël Cortona, poète juif, 3^3.
Israël de Valabrègiu, à Tarascoii, rabbin,
688.
Israël, fils de Jacob Çarfati, mystique
juif, 711.
Ivain, >55.
81G
TABLK DES AUTEURS
Jucob Analolio ou Aiitnli, tradiiclriir, 'ng.
i()9, JOo. (iâ'i, i'>-]i, 086, Of)0, 776.
Jucob bcii- M avilir, aslionomc jiiil, 4o'i ,
ioj, /isO, aôfl, 5(ii, GOçt. Additions à ses
laides par linnianiiel de Tarascon, C9Û.
Jacou liuvKT, fils de David, astronome
juif. Ses écrits, 701. Ses taldes traduites en
latin, ihid.
Jncob Ciibrrt , traducteur juif, 721.
Jacou Çaiikati, lils de Salonion. Sa vie et
SOS ouvrajies, 710.
Jacoiî iji; Bakxoi.s, fds de Moïse, rabbin.
Son li\rc de casuistique, 037.
Jacob, de Chinon, rabbin, ^Gg.
Jacob de Lunel, médecin juif, 577.
Jacob, de Provins (?), ralibin. Son Coin-
jtrndiui», 6.Ô5.
Jacob de Itameru/it, rabbin, 4o5, 467,
',(>(), i7'i, 65S, 08."), G90.
Jacob Fan:), poète juif, 373.
Jacob, fds <le David, rabbin. Sa réponse
i\t\ casuistique, 403.
Jacob, fils de Hayyim (Comprat Vidal
l'Vrussol), commentateur. Son ouvrage,
755.
Jacob , fds de Juda (de Lon 1res) , rabbin ,
O90.
Jacob, lils d'Klie, de la famille Lattes,
rabbin, 08 3, 080.
Jacob, fils de Nabum, juif. .Son commen-
taire sur {'Examen du monde, 380.
Jacob, lils de Sdiealtliiel, de Barcelone,
rabbin, 'lO'i.
Jacob, lils de Ya(|ar, rabbin, 685,
7 lO.
Jacob, fds de Yom-Tob Pool, astronome,
591.
Jacob, fds d'Isaac Lattes, rabbin, 689.
Jncob Franccs, porte juif. Son commen-
tuire sur VExamcn du monde de Jedaïah,
373, 38.).
Jacob Habib , rabbin , auteur de f 0Ei7 de
Jacob, 7O3.
Jacob Léon, de Cavaillon, rabbin. Ou-
vrage composé sur son désir, 781.
Jnco6 Léii, de Marvejols (?), rabbin,
/.Og.
Jacob Lévi, fils de Joseph, médecin juif.
S»s traductions, 655, 787.
,/ncoA Mantino , traducteur juif. Sa traduc-
tion latine du commentaire moyen d'Averroès
sur la Physique, basée sur la traduction de
Calonymos, 433.
Jacob Molifi , fils de Moïse , casuiste. Con-
fondu avec Jacob Ijévi, 726. Ses écrits.
737. Il fait usage de l'ouvrage de Samuel de
Scblestadt, 737.
Jacob Honian , bibliopliile juif, 7OO.
Jacob Itojbeim I.oans , rabbin. Son Com-
pendiiun , 70'].
Jacob fVvil , rabbin, 73O.
Jacquet de Vitii , 67.
Jaimc , roi . 70<».
Jean [Saint]. Léi,'cnde sur sa mort, îg.).
Jean ou Jeanin Alart, cru auteur du
Coniic d Anjou, 3'ii.
Jean ISlanclu , sous-clianlro de Trove»,
31.
Jean Uadcl, auteur d'un poème surGuitP-
clin, loué pardirard d'Amiens. N"a pas écrit
le romnu di' Uoncevauv ipu< lui attribue
(jallnnd , 1 gH.
Jean d'Amgnox i Moïse, lil.t de Samuel
de Ho<pien)aure), juif converti. Son poème
contre Srlieniaiinli de Négrepont, 055. .Sa
traduction du l.ilium Medieina de liernard
de (iordon , ibid.
Jean de B auvais , poète, 5, note, 17.
Jean de linwijoijne. Traduction hébrai<pie
de son traité sur la corruption de l'air, par
licnjamin de Carcassonne, 733.
Jean de Damas. \oir Mésué.
Jean de Flandres , seigneur de Crèvecœur.
possesseur, au .\^' siècle, d'un manuscrit
du Cbarlemaijnc de Girard d'Amiens, 197.
Jean de Galles, 63.
Jean de Gartande , 1 ^i.
Jean de Nicora. Traduction hébraïque de
son commentaire sur les Tables alplion-
sines, 77g.
Jean de Pranai traduit le poème et la
chronique de Guillaume le Breton, 1 19.
Jean de Sacrobosco. Traduction hébraïque
de son traité sur la Sphère, par Salomon
Abigdor, 751.
Jean de Saint-Amand. Traductions hé-
braïques de ses ouvrages, 787. Extraits ,
577-
Jean de Saint-Archanye. Traduction hé-
braïque de ses tables astronomiques, 779.
Jean de .Séville. Voir Samuel .ibravanel.
Jean dEssar, cvêque de Coutancos, 65.
Jean de Tornamire. Traduction hébraïque
de se» écrits médicaux, 776, 78O. Men-
tionné, 700.
Jean de Vignai, grammairien, 3, 30.
Jean, duc de B<!rri, 3io, 34i. 363, note.
Livre de sa hibliothèque, ii.
Jean, fils de Sérapion. Une partie de son
Breviarium traduit en hébreu, 73 1.
ET DES MATIERES.
817
Jean Golcin, traducteur, 4 a.
Jean Jacijoes , cliaiicelior. Traduction hc-
hraiquede son Secntariuf , 787. Mentionné,
«8î.
Jean le Marchant , copiste, ib.
Jean Maillart. Voir Jehan,
Jean Mwtin, auteur de la vie française
de Tli. Hélic, 73-75.
Jean l'ienr , de. I.yon, clerc du patriarche
Aul>crt, dit avoir copié le livre de Sidrarh,
288. Pourrait bien eu être l'auteur, ago.
Jean Sinoharba, iduntiiié avec Jean <lu
bourgogne, 723.
Jeanne de Chàtillon, comtesse d'Alenron,
190.
Jeanne de Machaul, ilamv de Viarnics,
3io.
Jeanne de Navarrr, femme de Pliilippc le
Bel, 190.
Jeanne de Tort, seconde femme de Thi-
baud II, comte du Bar, igo.
Jeanne d'Evrenx, reine de France, j^fi.
Jeannette, de Bouen, nom d'un \aisseau
français. i3'i.
Jeilaïah , liU de Nahschon , juif, auteur
supposé d'une lettre, ^03.
JcDAiAH Prmii (fc'n Bcnel), poète jaif. Sa
vie, 339. Ses ouvrages : Liturgies, 36it ,
391, 393. Livre de Paradis, 366. Le liruit
des ailes, 36g. Commentaire sur des ou-
vrages agadiques, 37J. Commentaire sur
des passages du Talniud . 376. Lettre apo-
logétii/ue, ■i'j'j. Examen du monde, 3S3. yotes
sur le canon d" ivicennr , 391. Ouvrages de
pliilosophie, (93 à 398, <o6, 798. l'oèmesnr
tes ireize articles de foi , 398. Compilation
du divan de son pire, 398. Ouvrages attri-
bués : Délices du roi, ôgg. Commentaire
du Commentaire d'Abraham ibn-Etra sur la
(ienèsr , ioo. iMtre de réponse, 4o2.
Jehan Macllart. auteur du roman du
Comte d'.injott, 3i8, 35o. Knigme ol\ ce
nom est caché, 3io, 3ii. Qualités et défauts
de son ouvrage, 3.^9, 35o.
Jekiel de l'aris , rabbin, lo5, ittg, 685.
Jehiel le Gra.«, juif de Rome, 454.
Jeroham, lits de Meschullam, casuiste.
Sa vie et ses ouvrages, 567.
Jésus-Ckri)t (Histoire de), en figures,
283.
Job (Histoire oe), en peintures, 357,
259.
Jokanan Alemanno, philosophe juif, re-
commande l'étude des écrits de Caspi, 547.
Jonak (Ooii) Caon/ier, juif catalan, 45i.
Jonah ibn-Djanak. Voir Aba-'l-fyalid.
Jonalkan kohen de Lunel, rabbin, 468,
475, 58i, fi58, 686, 687.
Jontjlenrs , 58, 69.
Joselman de Hoskeim, rabbin ,702.
TOME XXXI.
./o>«pA/ rabbin, 690.
Josepk ihigdor. Mécène juif, 760.
Josepk {En) .'liram, juif catalan. Sa mort,
742, 745.
Josepk Alasckcai-, rabbin, 599.
Josepk Bekhor-Schor, exégctc, 686.
Joseph hcii-Çatliii , philosophe juif , 38o.
Josepk ifn-Jut/uA , disciple de Maimonide,
37..
Josepk Acii 072 , à .\arhonne, rabbin,
468. 658.
Josepk ben-Nakinias , astronome juif. Ré-
ponse à son ouvrage astronomique par Pro-
fet Uouran, 7.')3.
Joseph ben-Satonwtt , de Montpellier, rab-
bin, 468.
Josepk ben-Sckalom Caspi, liturgiste juif,
5 16.
Jostpk Bonjlts [Tob Elem), rabbin, 4o5,
468, 686.
Joseph Caspi, fils d'Abba-Mari. Sa vie,
477. Il est appelé Kn Bonafoux de Largen-
li^rc, 478. Lnumération des articles qui
traitent de sa vie et de ses ouvrages, 48i.
Ses ouvrages : Notes de grammaire, 482.
Commentaire sur Abraham ibn-Eira, 483.
Résumé des commentaires d'Averroès sur
Vctkiijue d'Aristote et la Urp'ibliqiie de Pla-
ton, i85. Testament ou dispositions, 48g.
Commentaire sur des livres bibliques, 494,
qui paraît aujourd'hui perdu. Abrégé de lo-
gique, 497. Grammaire hébraïque, 499.
'Traité sur l'avantage qu'on a en lisant l'Écri-
ture sainte dans la langue originale, 4oi.
Traité sur les mystères de la Loi, c'est-à-
dire sur le Pentateuque, 5o5. Sur le reste
de l'hcriture sainte; ce traité est pour le
moment i)erdu, 5o8. Traité sur la création;
|>erdu pour le moment. Commentaire sur
Job, 509. Traité sur le Ckar de Dieu, 5i 1.
Commentaire sur Ksdra» et les Chroniques ,
5i4. Commentaire sur les livres de Ruth et
des Lamentations, 5i4, XIX. Commentaire
sur le livre d'Esther, 5 16, XX. Commen-
taire sur le livre des Proverbes, l'Ecclé-
siasle et le Cantique des cantiques, 5 18,
perdu pour le moment. Commentaire sur
le Guide des Egarés de Maimonide, 52 3.
Traité pour élucider vingt-huit questions
concernant Dieu, 629. Dictionnaire de la
langue hébraïque, 53o. Traités qui n'ont pas
été retrouvés, hnumératioa de ses écrits
par lui-même, 534. Ouvrages attribués,
545, 546. Résumé, 547. Mentionné, 4oo,
4oi, 688, 689, 759.
Joseph Colon, rabbin. Ses écrits, 4 11.
4 12, 785.
Joseph de Lissa. Son commentaire sur
l'Examen du monde, 386.
Joseph de ^^KJ10, rabbin, 4 10.
io3
IUPRIMIBIE TtTIO^lLB.
818
TABLE DES AUTEURS
Joteph Etohi, po<-tejiiif. On lui attribue
une Liturgie, 360, 468.
Joseph, fils de David, dp N'arbonne, juif.
Ouvrage à lui dédié, 717.
Joseph, lib de (ienon, rabbin, 687.
Joseph , fils de Mathithyah , juif. Un ma-
laisrrit copié pour lui , /ni.
Joseph , lils de Saùl Qamhi Son commen-
laire sur les labiés astronomiques de Bonet,
701.
Joseph , fils de Tobie , de Provence , ral)-
bin, supposé auteur de Kol bo, $70.
Joseph (iARD. Ses liturgies, 665. Men-
tionné, 6.Ï1.
Joseph Cword, le radet, 665.
Joseph ihii-nl-Aisch , rabbin, 707.
Joseph Olficial, rabbin, 767.
Joseph Toinon , rabbin, 688.
Joseph 0M2, rabbin, 46g.
Josiphyah ben-Astori , juif, copiste d'un
manuscrit, 4o3, note.
Josippon, ouvrage bistorique, 3i4.
Josué lioitz , rabbin, auteur d'un index,
705.
Josné (le Soneiuo. Voir Jeune , fils de Percç
IJonnel'oi.
Josué, lils d'Kliéier, à Tarascon, rabbin,
O87.
Josué, iils d'Israël Nathan. Supposé com-
uientatriir dn traité Choix île perles, 356,
357.
Josué ihn-Shoeïb , rabbin. 707.
Josué Lorca. Voir Hieronymus de Snncla
Fuie.
Jours périlleux, ti-jh.
Juan Àntoni dOrsinit, prince de Tarente,
7t)0.
Judah, rabbin, 6go.
Jndah ben-Abba-Mari, rabbin, 468.
Judah ben-liarzilai , rabbin, 468, 476.
686.
Judah ben-Jacob, rabbin, auteur iVAsu-
Joth, 658.
Jttdidi ben-Jaiob, rabbin, 46g.
Jttdali ben-Jncob, de Carcassonnc, i< Ué-
xiers, rabbin , 468.
Jadah bea-Mrir Cohrn, rabbin, 468.
Judah Çarjati, rabbin, 46g.
Judah Cohen, rabbin. Cité, 468.
Judah Comb^i, fds d'Isaac, pbilosopbo
juif. Son commentaire sur uni^ partie du
commentaire moyen d'Averroès sur l'Ur^a-
non, 653. Mentionné, 567.
Judah de l'wis , rabbin , 4 ■ o.
Judah i Don ) des Corlel , juif catalan , 4 ô 1 .
Judah el-Hariti, jx>èle juif Sa traduction
des sentences» des ))bilosophes de Honein
i>rn-Isbaq mentionnée, 545.
Judah, fils d'Ascher, à Tolède, rabbin,
707.
Jadah , fils de Don Salomon des lnfan< .
d'Arles. Ouvrage à lui dédié, 3O9.
Judah, fils de Jacub Laites, rabbin, 686.
Judah, fils de Moïse t^dien, médecin,
763.
Judah. fils de II. Jacub, de Vermenton .
rabbin, copiste d'un manuscrit, 4i 1.
Judah, fils de Sabbetai l^*vi, auteur <lu
traité Ennemi des femmes , 370.
Judah, fils de Salomon, copiste jnit ,
73.3.
JcDAii, iils de Salomon Natlian. 57^.
Judalt lltdcci, poète Juif. Commentaire
sur son khotari, 754. Mentionné, 48o.
Judali ibn-lialant, grammairien, 4o5.
Judah ibn-Tibbon, lradncli!ur ilu traité
Choij; de perles , 35 '1 , 43o, 483 , 686. Men-
tionné, 686.
Jttdali khorazani, rabbiu, 660, 662.
Judah (Léon) de Modine. Auteur supposi';
d'un traité sur le jeu d'écbecs, 4oo.
Judak Lione Somma, poète, 373.
Jtulah le Pieux, rabbin, placé au paradis
par Moise de Rieti, 547.
Jadah Mtsser Léon, (xjnfundu avec Léon
de Bagnols, 6o5.
Jadah CKTiOT, rabbin, 46g.
Jttd(di V'^t^V , rabbin, 6go.
Jauon [Amours de) et d'Arliille, i6çj.
Jupiter, nom d'un grammairien , 8 , 11,
79°- .
Jupiter Monoculas, grammairu-n, 1 1.
JarUliction (ConlliU de), iij.
kanti. Voir Samuel ben-Simeon.
Keu (Le sénéchal], personnage du roman
lïEscanor, i54. Devient amoureux d'Andri-
vette de Norbomberlande et prend part in-
cognito au tournoi donné pour la marier,
i54. Il eat blessé par Caberiet et visité par
Andrivctie, à laquelle il n'ose avouer son
amour. Il est rappelé par Arthur et le quitte
bientôt pour revenir en NorliomlKsrlaiide , où
il apprend que Cador est mort et qu'Aigliu
ve.ut s'emparer du royaume d'Andrivelle, en
la mariant à un subalterne, i55. Il a nue
entrevue avec elle, où ils se promettent de
s'épouser; il décide Arthur à la secourir; il
la croit infidèle, i56. Il apprend ta fuilc,
157. Il la retrouve, i58, et l'épouse, 159.
KT DES MATIERES.
819
Hdi'tieiil roi de NorhombcrUnde et donne
de grandes frtes pour ses noces. Son carac-
tère dans re roman, iSg.
hhalU, leiicographe arabe. Son Kilai al-
Ain, 671.
Khatib ( Ihn ) , pliiiosoplio arabe. Ses Hc-
r.herchci orientales traduites par Todros,
.171. Meiitinnnr , 476.
hiinchi. Voir Qamlii.
Kindi (Abou) ousouf i aqoub ibn-tshai} al) ,
mallirniaticicrii arabe. Traduction hébraïque
par (Jaloiiynios de son traité des A'aliMt>'.t ,
43i ; un autre relatif à l'influence des corps
célestes sur la pluie, iii; sur 1rs liuini
dites et la pluie, /\ig.
Ao/icii. Vdir Cohen.
Kunitz (Moïse). Sou commentaire sur nue
partie de V Examen i/ii Monde', 386.
Luid Hardi ( Le ) , 1 5/i , 164.
Laii d'amours, 33 3.
Lancrlot, i':>\ , lOV II n'est pas l'amant de
la reine chci Girard d'Amiens, 1G8, 3]3.
I.tttles. Voir Israël, Jacob, Judali Lattes.
I.aure, chantée par Pélrarcpie, 373.
Leide (Psauti<'r de saint Louis conservé
à), JO7, 26>t.
I.to de Vttlentibus. (i'est Léon de Bagnois,
ih'S.
Léo llebiirus, c'est-à-dire Lévi l)eD-Ger-
som, Sgo.
b'-on .ibriJiam dp Capcttang. Voir Lë»i
lils d'Àbrabum LunrL
Léon de liaqnols. Voir I^i ben-Gerton.
Léon de Manloue, rabbin. Son rommcn-
laire, (i.^3.
iMninet ( Rimes ) , 1 4 2 , 35o.
Lion Joseph de Carcussonne. .Ses traduc-
tions hébraïques, 770, 786. Mentionné,
Léon (Sire) ]^7i;iDT. rabbin, 4io.
IJtntin (Sire), rabbin, 4C8.
Êyévi. XoirAkron DavUI, Itauejdt deMoue,
Stdomon, Vidal, Zereckia.
IJvi ben- Abraham, mystique juif. Com-
mentaire sur son traité Boites de patfams,
■jbi. Parait renoncer à la latte contre l'école
orthodoxe, 44V. .Mentionné, 5i3, 683,
688.
Ltvi be.'v-Gkrsoi, ex^te, philosophe et
astronome juif. Sa vie, 586. H est appelé
Ralbag, Léo Hebrxus et Léon de Ha-
gnols, 386. Bibliographie le concernant,
S87. Les dates de sa naissance et de sa
mort, 590. Sa famille, 691. Notices impor-
tantes sur lui, 596. .Ses ouvrages : Talmud,
597. Liturgie, 399. Parodie pour la fête de
Pariai à lui atlribuée, 600. Mathématiques,
Go3, 643. Philosophie, Averroés. Explica-
tions sur ses Commentaires des Seconds oiu-
lytiiiuet, 601; sur ses résumés de la Phy-
sique, de la Génération et de la Comiption,
du Ciel, des Météores, 60 4; les Qaiesita
in libres Legiete, 606; les Épitres, 607; De
FAme, 606, et De Sensu, 607; sur les
commentaires moyens d uiu^ partie de 1 Or-
yiuion , 600; de la Plij.iiqui , fioj; de I»
Métnpliysiifue , 607; probablenieut sur le
livre des Plantes, bo8. Son propre ouvrage
(iunret de Dieu, G 16. Astronomie : tables,
Gi3; de .son livre Guerres de Dieu, 619.
Astrologii^ : Notes, G08; l'rognusticon , 64 î-
Médecine, G08. Commentaires bibliques sur
le Pentateuque, Gi 1-, sur les premiers pro
phétes , G 1 1 ; sur les hagiographes , excepté
les Psaumes et les Lamentations, 608-610,
Gi3. Théologie : dans son livre Gimres de
Dieu, 61^. Ouvrages attribués, 643. Notes
contre lui par Samuel de Marseille, 667.
Lévi est chassé du paradis dans le poème
de Moïse de Rieti, 547. Mentionné, 653.
689, G9oet 758.
Lévi ben-Maru-aa , de Narbonne, rabbin.
687.
Lévi, fils d'Abraham Lunel, copiste d'un
manuscrit, 5 18.
/>i>i, fils de Moïse, rabbin, 687.
Lévi hali-Cohen, rabbin, 4oi.
I^évi l'Ancien, rab!>in, 685.
IJvy (J.-J.). Sa traduction allemande de
[Examen du monde , 387.
/.ièjc. Psautiers d'origine liégeoise,
Linerois, roi d'Acre, 176.
Lion. Le livre de Sidrach y a peut-être
été composé, 290, 3 1 3-3 16. Ou pouvait v
écrire en provençal au xiii* siècle, 3 16.
Lit merveilleux, 169.
Loi S(dique. Klle n'est pas encore invoquée
sous le règne de Philippe le Bel pour régler
l'hérédité au trône, 119. Inconnue au livrr
de Sidrach, 3o5.
Lombards à la cour du comte de Forcal-
quier, 49.
Lorris (Le châtelain de) héberge la com
tesse d'Anjou, 33o, et la prend pour gou-
vernante de ses filles, 33 1. Il se montre
pusillanime quand il reçoit l'ordre de la
mettre à mort, 339.
Lwrit (Forêt de), 319.
Lothaire. Son psautier, 260, 794.
io3.
820
TABLE DES AUTEURS
Louans (Famille), GHi. Voir Isaac cl
Jacoh.
Louis (Saint). Son éloge dans le Liber de
injormalione principiim , S^, 38. Anecdolc»
sur lui, 6î. Ses ens>'ignemeiits. J7J. La
Bible moralisée lui est dédiée, l'ili. Ses
psautiers, 365.370. Livres qu'il fait |)«indrc
|miir la .Sninln-Cliapelle, 2&i.
I^uis X , roi de France. Son éloge, 3G, 37.
//Ven. Voir Lion.
M
Maci«/ou'j/ri (Le cardinal Rernurd), sôô.
Maçif de Vatahrèjae, médecin, 077.
Macif Jacoh. Voir \rhémie, fils de Jaroli.
Madyan (Le roi), |)Ossessour du livre de
Sidracli, 187.
Magdalena. Quanlilc de co nom, lO.
Ma\mon de Lunel , rubbin, 78 V
Mainwn , fils de Dimaza, mentionné par
erreur, 754.
Maimon Frat (Salomon, fil» de .Mena-
bem), commentateur, 703.
Maimonide. Voir Moïse Maimeiiide.
Maimt , rbanson de geste que Girard
d'Amiens a prise pour base du premier livre
de son Chnrlrmajne , igg.
.\foinj'roi. Sa mort et sa sépulture, 129.
Mairesse (La) d'FUampes se moi.tre cbari-
lablo i)Our la comtesse d'Anjou, 3'io, i^^.
Miuiyonnraux. Leur effet, 136.
M\>ipui.rs F.\Bvipi.ontM, Ga-Gô.
.Manoah , rabbin, '16.").
Mnnoah de Lnnel , rabbin, 687.
.Mdnoah, fils de Mcnabem, copiste, Goi.
Manoello. Voir Immanucl de Home.
Mardochée, fils de Hillel, auteur d'un
ouvrage de casuistique, .^i 1, ^12, 703.
Stardochre, fils de Josué. Voir Violai de
Rodez.
Mardochée, fils d'Kli», rabbin, 6ô5.
J/cin/oc/iec, fils de Moïse Al-Fandaric,
médcrin juif, 077.
Hnrdocliée Fin:i, a-lrononie jiiil', 7*19.
Miudochrc Vm/i, coiruplion de .Mardochée
\alhan, ,i8i.
Manloehée .\alhan l'aine, nialli^malicicu
juif, .îSi.
MinuociiÉE Nathan le cadet, astronome
juif. Kxtrait du canon d'Avicenne, 58o.
Ijettres .islronomiques, 58i. On lui attribue
par erreur la concordance liébrai<|ue d'Isnac
Nalban. 582, 584.
Mardochée Todros Salkan. Peut-être le
nièiiie que .Mardorliée Nalban, 582. Manu-
scrits écrits pour lui, /ii5, 576, 582,
Marguerite de tVance , fille de Pliilippe le
Kel et de Marie de Rrabant, 189. Klle fait
connaître à (îirard d'Amiens le sujet de Mé-
liacin , 1 90- 1 g 1 .
.\Jarine (La) française sous Pbilippe le
liel, i32.
Marseille. Couvent des- frères de la l'éni-
lence, .47, 48, 5o.
Marsdc d'Inghen , traduction bébraîque de
ses Suppositionet , par Abrabam, fils d'Isaac
Schalom, 728.
Motltithjrah , fils de Josepb de Paris, rab-
bin, C89, Ggo.
Malhithrah , fils de Moïse, de la famille
Yirhar, rabbin. Ses écrits, 778.
Maucaiilart, eunuque géant, gardien de
Célinde, 173. Il veut tuer Méiiarin qu'il
trouve chez elle et le livre au roi AUimus.
174. il est tué en combat Mugulier par Mé-
liacin, 178.
Maxiwiani lihrr, 7.
Médecins. On les accuse de multiplier leur»
visites, 33Ô,
Mctr Algiiade: , médecin Juif, 747.
Meir ten David, rabbin, 4oo, 'lOi.
Meîr [liendig), d'Arles, rabbin. .Sa con-
cordance pour le Talmud, 7G1.
Meïr ben-Siiiiéon , à Narbonne. rabbin.
4G8.
Meîr Cohen, de Narbonne, rabbin, 468.
Miïr Crescat , rabbin. Lettres adressées ii
lui, 744, 7*5, 749.
3^ttr de Narbonne, rabbin, 4o5. Peut-être
le même que Meir Colien, 468.
Meîr de Rolhcnbourg , rMiiw , 'io5, 469,
686.
,U«i'r de Salves, copiste, G09.
Meir de TrinittHaille , rabbin, io5 , ^^j.
686.
Mcïr [Ihii). de Narbonne, rabbin, 71:1.
Meïr, fils de don .Samuel dels Iul'anz, juif
d'Arles. Ouvrage à lui dédié, 3Gg.
Meîr, (ils de Moïse, rabbin. Un manuscrit
copié pour lui, 4u3, note.
Meîr, fils de Samuel de ,Sal\es, d'Arles.
rn|iisle, 586.
Miîr. fils d'Isaie de Limel, rabbin, 477.
Métiacin, lils de Nidiien, roi de la (irande
Krmenie, 171. Il révoque en doute les qua-
lités merveilieu.scs <ln clieval de Imis de Lta-
tnazart et veut l'éprouver; le cheval l'enlève
dans les aii-s et il descend sur la terrasse
d'un chÂteau où il trouve Céliu<le endormie ,
173. Il se fait passer pour le fiancé de la
jeune fille, el , convaincu d'imposture, réussit
à s'échapper sur le cheval magique, 174. Il
ET DES MATIEUES.
821
retourne au cliâteau de Céliiidc, l'enlève et
la laisse près du palais de son prre, 176.
Apprenant <|uc Clamazart a enlevé Célinde,
il se nii-t à sa recherche, 176. il délivre 1rs
suivantes de Célinde, 177. 11 combat Firabel
et est vainqueur; mais il est fait prisonnier
en trahison et on veut le mettre à mort,
178. Il s'évade, 179. Après beaucoup d'avi'u-
turcs et de souirrances, il retrouve Célinde
cliei le duc de Galice, 180. Réussit à l'en-
lever de nouveau, iKi. La ramène cbi'z son
pt-rc et l'épouse, i8i.
Métiiirin , roman de Girard d'Amiens,
écrit vers 128G, lâi. Analyse, 171, 194.
Com|iaraison avec le CUwnudèi d Adenet le
Roi, i8j, 194.
Mrlian de Lis, i54.
Mélide, nilr de Nubien, 171. Kst promise
par son père à Cléomatan, 171 , et l'épouse,
182.
SIfnahem, rabbin, iio.
Menahem Aben-Serak, identifié par erreur
avec Menahem l>en-Zérat, 710.
Meiiiihem htnSalotucn , de Perpignan, rab-
bin, 408, C'i8. 058, 088, 769.
MuAiiEM BEM-ZÉKACii , fds d'Ahroii , rab-
bin. Sa vie et son ou\ra<;e, 707.
Mekiheu, lils d'Abraham, de Perpignan,
rabbin. .Son li(re de terminologie, 740.
Menahem Meïri, 3-j'i , 58 1.
Mendeistolin (Moïse). Sa traducion alle-
mande d'une partie de VExeunen du monde,
386.
Ménestrel de honche, 1 1 3. Ménestrel» riche-
ment payés auv noces, 335.
MiTuuijii, «04.
Merlin, i54. Le p/rron de Merlin, iC3.
Merlin [Les Proptirlies de) rapprochées
du livre de Sidrach, 391.
MrsclioulUim ben-Jttcob Munoah , de LuncI ,
rabbin, 408.
McsctioultivH , lils de Jacob de LunrI , rab-
bin, 080.
MrscliouUnm, lils de Moïse île IJéziers,
rabbin, 30i, io5, iC8, 476, 038, 6HG.
Meschoullam, lils de l'ereç (^olien, O89.
Mesmes ( Famille de). Sa fausse généalogie,
i05.
MfBser IJon , philosophe juif, 786.
Mêsné (Jean de Damas), traduction hé-
braïque d'un chajiitre de sa chirurgie,
G5G; de son antidotaire, 714.
MiL'S liongodas. \o\r Samuel , fils ilejadah
de Marseille. Forme corrompue en 7C?X^TI ,
no lieu de Miles, 554. 5O7.
Miniature de présentation de Méliacin,
189.
Miracles de Notre-Dame, 5i.
Miroir des dames, 3g, 4o.
Mnémoniifaes (Vers et dictons), i4.
Moâd [Ikn) Aboii Abdallah. Ses deux Irai-
ti's d'astronomie, traduits par Samuel do
Marseille, 500.
Moïse Alaciu , |)oèle jiiil, 7OO.
Moïse Harulli , rabbin, 5g8.
Moïse lim-E:ra, poète, 38o.
.Uoïji« ben-h.iac, rabbin. Ses gloses,
.O9O.
Moïse ben-Juila, de Uéiiers, rabbin, 4o5,
408, 686.
Moïse ben-\aliniiin , mystique, 38 1, 573.
Moïse ben-Samiiel de la lioqae, copiste,
05.3.
Mohe Potnrel , médecin juif, 655.
Moïse Capsali, ralibin, 786.
Moïse Ciilien, rabbin, 784.
Motte de licaucaire. Voir Miiïse, fils de Sa-
lomon , de Beaucaire.
Moïse de (^ouri , rabbin, 4o5, 409, 437,
475, 491, 660, 683, (81, 086.
Moïse de .Naiibonne, médecin et philo-
sophe, 066. Surnommé maestre Vidal Bell-
som Narboni et par erreur Vidal .Salomon,
759. Sa vie, 666. Date <le sa mort, OO7.
.Ses i-crits, 668. Philosophie : Maiinonide,
Commentaires sur les termes de logique,
668, et sur le Guide des Egarés, 679. Sur
AveiToès : sur le commentaire du traité de
Vlnlellecl, par Alexandre d'Aplirodise, 668;
sur la parapbras<! de l'Oiyyonon, 669; sur le
traité de {'Intellect hyliqie, O72; sur les
dissertations physiques et sur ic traité De
Suhslanlia orhis , 67 1; sur le ronimentaire
Du Ciel et du Monde (cité seulement), O80;
vur l'analysi; du traité De .Sensu , d'après une
conjecture (|ui n'e>t pas généralement ac-
ceptée, 670. (^À>mmenlaire sur l'ouvrage
d'Ilin-Bàdjà intitulé Le but du régime du so-
litaire. 675. Comiiienloire sur le traité inti-
tulé llayy ibn-)o<idli(in, par Tofaïl (Ibn-),
67'!. Commentaire sur les Tendances des
philnsnphrs , de Gazzali, O70, 759. Ces trois
ilerniers rommentaiies furent faits sur des
tra(liirlion> anonymes. Ses propres ouvrages
intitulés : Im perfeclinn de l'àme, 6-]',i; traité
sur le libre arbitre, 678; traité sur la méta-
physique (cité seulement), ()8o. Médecine:
commentaire s;ir la 4* partie du Canon d'Avi-
cenne, K70. Son propre ouvrage, intitulé
Chemin de la rie, (176. Commentaire bi-
blique sur le-i Lamentations, 671. Traité
mystique : lettre sur la mesure de la kaaietir
de Dieu, 671. Ouvrage» attribués, 671.
Chassé du paradis par Moïse de Rieti, 547-
Mentionné, 7O6. Confondu avec Abba-Mari,
(ils d'Kligdor, 55-1.
Moïse de Nîmes. Voir Moïse, fils i\'Abrah"m
de Nîmes.
Mohe de Bieti, poète juif. Son imitation
de Dante et d'immanud de Rome, 547.
822
TABI.K DES AUTEURS
Moïse He Sens , rabbin, 469.
Moïse dEvreax, rabbin, iiig.
Moïse l'éiussol liolaiel, astronome juif,
780.
Moïse, nis d'Ahrabam de Nîmes, niath)'-
inaticicn. Se» écrits, 779, 780. Mrniionné,
().ii, 766.
Molie, fils de Jacob Coben, rabbin. Son
murage cité, 098.
Wni'ic, fils de Jarnb (le Uagnols. rabbin,
.73.
Moïse, nis de Josepli de Narbonne, rab-
bin, G86. 687.
Moïic, fils de Josué, copiste, 68 1.
Moïse, fils d'Élie Abram. médecin julT,
Mnïse, fils de Nathan d'Alençon, rabbin,
fiôo.
Moïse, fils de Salomon de Hcaucairr et
de .Salon, traducteur. Confondu aNCc Moïse,
lils de S.ilomon de .Saleme, 'ii3. Ses tra-
ductions du grand commentaire d'Averroés
.sur la Métaphysique d'Aristotc. ^\■^. Son
abrégé du grand commentaire d'.\»erroés sur
la Phys'ufae, ^i5 et li'yS. Sa réfutation du
livre mystique de Joseph Caspi, .'1/12.
Moïse, lils de Samuel île Roqueniaure.
Voir Jean d Avignon.
Moïse, lils de To:lros, rabbin, 687.
Moïse, fils de Yequtiel hal-l.évi, rabbin,
7»7-
Moise, fils d'Isaac Alfandaric, médecin
juif, 577.
Moïse Gard, rabbin, 665.
Moise ihn-Aksai, rabbin. Confondu a\ec
Jedaiah Penini, 383.
Moite ikn-llakib, juif. .Son commentaire
sur V Examen du monde de Jedaïah , 385.
Moise ihn-Tibbon , traducteur juif. On lui
attribue des gloses sur le commentaire d'Aver-
roés sur la Physiqae , Mi, ainsi que sur
le Guide des égarés , 789. Ses traductions de
VAlmageste et d'Kuclide, Aj6. Mentionné,
356, 086.
Moise Maimonide. Commentaire sur son
Guide, par Joseph (>aspi, ,'>i3, .Vloïse de
INarbonne, 670 et Profet Doiiran, 750. Sur
ses huit chapitres, par \ethani-l (^spi, 767.
Sur ses !i5 propositions, par Jedaiah de H^
tiers, 397. Ses ■ 3 règles de foi, mises en ver»,
probablement par le même, .<ç)8. .Sur se»
termes de logique, par Moïse de Narbonne,
fi68. Mentionné, 379, 38o, 38 1, iog, <9o,
A91, 5io, on, 585, 68i, 78I.
Moite Qnmhi, evégèle, (187.
Miiise .Samuel DascoUi, copiste, 6<i.'>,
700.
Moïw ScliekiU, rabbin , A 65.
Moïse l'aco , rabbin. Il allribiie nn l.irre
di- vie il Abraham Ix-n-Kira, 35V
Moïse Zar:al, médecin juif Ouvrage à
lui dédié, 7 '16.
Mons-en- Pev'ele (La lialuille de). io6-
107, i36, i38, iSg.
Monttt(fne du Corbeau (l'a), lieu merveil-
leux, 393.
Montfelart (Quartier), i» Pari», 111.
, Montpellier, i, 5o, 61.
Moni-.Sainl- Michel (Le Saul-Cautier au),
55.
Morlaix ( F.coles de) . 3 1 .
Moses Palkera , corruption de Moïse de Bel-
Caire ou Beaucaire, Ai 3.
Muel Hondavi Coniprad, juif de Salon,
755.
Mutfomen [Al-). Voir David .Al-Muqa-
ma.ts.
Muqatel ( Ibn- ). Voir Itaac , Joseph.
N
MaanuM, lépreut, possesseur du livre de
Sidrach, 387. Nom emprunté au livre des
Rois, 18g.
Nabon, géant, père d'Escanor le Grand,
i63.
Nakmanide. Voir Moïse ben-Nakman.
Nahsckon, rabbin. Son ouvrage astrono-
mique cité, 58 1.
Nahum ysil33, publie les Six ailes d'Im-
manuel, 696.
lYdimon de Bavière. Ses enfances dans le
Charlemagne de Girard d'Amiens, ioi.
Nalalat, père de Sabel, roi de Serre, fait
la guerre à Alsimus et prend Méliacin en
trahison , 1 78. D est tué en guerroyant contre
ie roi de Perse, i8o.
\athan (FamHIe) , 573. Voir Isaac , Judah,
Mardockée,
Nathan d'Avignon, rabbin. Son ouvrage.
7.6.
Nathan de Cento, traducteur, 56o.
Nathan de Montpeli.ibr , médecin juif,
73o.
Nathan de Trinqnelaille , rabbin, ioi,
ào5, 687.
Nathan t'alaaèra, médecin juif, 93o.
Nathan kam-Maathi. Voir Nathan de Cento.
Namdin dOmcke, en Normandie, copiste,
6, note, 19.
Nékémie, fils de Jacob (5«ii Maçif Jucoh
de f.unel), rabbin, 689.
Nékémie, fils de Nathan, rabbin, 757.
ET DES MATIERES.
823
Srriii, matliémalicien arabe. Commen-
taire arabe sur Kuciide, 4i5. Voir ibidem
les formes vicieuses de son nom.
Netuanei. Caspi, Itonsenior Maçif, philo-
sophe juif. Ses écrits, 7ÔC. Copie des ma-
nuscrits, ^78, 58i, 612, 73.'). Mentionné,
ion.
NETiiA!<cei. DE CiiiNON, rabbin. Ses iitur-
ifii», 358.
Nflhanel, de la famille Dani, poète juif,
7.iC.
Sethanel , fils de Néhémie, C 1 1 . Voir Netlia-
nrl Catpi.
.VcfAane/, maître de David d'Esiella, rab-
bin , C90.
Neuiiia ou imeuma, li.
Nicolas d'IIacqi'evii.i.e, frère Mineur, 9».
.Vico/a.< Gélmt, évéque d'Angers. Ses sta-
tuts, gi.
Micolas l'Aide, de Nonancourt , cardinal,
111^. Son ëpilaplie, i3.
Mcolas l'iapositu.f. Son aniidotaire, GSi ,
787.
Nicolo de l'avia, Obi.
Nicomat/ue de Gerasa. Son traité d'arithmé-
tique traduit par C.alonymos, 436.
Nitsim de kairouan, rabbin, 398.
Socei (Description de), 334, 336.
AW, auteur d un livre d'astronomie, 193.
Nonancourt, patrie du cardinal Nicolas
l'Aide. i3.
,\ormnii(/» (Les) prëlèrent leurs ancienne*
coutumes à la loi de France, ii5.
Noire-Dame ( Miracles de) , 62. Tableaux
de sa vie, 349-
huhien, roi de la (Grande Ermenie, ré-
pugne à donner sa iille Gloriande au hideux
Clamaiart, 172. Il met Clamazart en prison,
173. Sa guerre contre deux rois voisins,
174. Il tombe malade après le départ de
son fils et retrouve la santé à son retour, il
meurt peu après, 182.
0
Ojier [l^s Enfances), chanson de geste
utilisée par Girard d'Amiens, 201.
Oliiier, 3j3.
OUietles, 5i.
Oraison dominicaU, en talin et en fian-
çais, 277.
Oranye, 5i.
(hdres mendiimli eialtés dans le livre de
Sidrach, 291, 3o4.
Orgueilleute (/<) de Bruges, nom d'un
vaisseau flamand, i34.
Oriande, une des suivantes de Celinde,
■ 74. Doit être brûlée pour l'avoir laissé
enlever, 177. f>st sauvée par Méliacin, 178.
Kpouse le duc de Galice, 181.
Oriflamme, décrite par Guillaume Guiart,
I 21.
OrUans, appelé Genabuni, 29, 3o, 32.
Mentions de cette ville, io4. >o6, 110.
328. Université d'Orléans, 29. Professeurs
de droit à Orléans, 3o, 32.
Orléans [L'évéque A'], frère du comte
d'Anjou, 3i4; lui succède, 328: sa cha-
rité, 34 o; rend à sa nièce le comté d'An-
jou, 346.
Orthograpke (Déiinition de 1'), 6.
OsC«nj<»i«r(D.) Son commentaire surl'E.ta-
men da monde, 387.
l'ncotel (Le cheval de), dans Valentin et
Orson, ig3.
Papier (Litrt d»), 409.
PasIoarrUet, itî.
Palatins, hérétiques, 3o4.
Pâtisseries, 327.
Paul de S. Maria. Voir Salomon Lévi.
Paillas Burgensis. Voir So/omon Livi.
Paulus Ckrisdanus , juif converti, 687,
709-
Pédogre (Jean), de Calais, commandant
des vaisseaux du roi de France, iSi, i33,
i34, i35.
Pedro (Don), fils du roi Alphonse,
707.
Peintures. Sur les murs, 173. Instructions
pour les peintres chargés de décorer les
églises, 21 4. Peintures des livres destinés à
l'instruction religieuse et aux exercices de
piété des laïques, 2i3, 286.
Peiresc. Lettres à lai adressées, 693.
Pénitence (Couvent des frères de la), à
Marseille, 47, 48. Recueil d'exemples com-
posé dans celte maison, 47, 67.
Percetal , 168, 323.
Perdreau, machine i lancer des pierres,
126.
Péreç, fils d'Élie, de Corbeil, rabbin,
4o5, 469, 476, 686, 707.
Péreç, fils d'Isaac Coben, rabbin, 689.
824
TABLK DES AUTEURS
Péirc le Vieux, rabbin, 4o5.
PÉiiKÇ TnivoT, lexicographe juif. 71J.
l'erleivaiu, distingué <le Cerceval, 16S.
Peterhmvugh (Psautier de l'abbaye de ,
î7i-
l'élit (Macstre). de Nyons. Voir haac
fils de Mardocbée, Qiiiiihi.
Péli-anfue , 3-; 3.
l'ctrus llitpwiui. Traduction hébraïque
de son traité de logique par Abraham Abig-
dor, 7-JO.
l'Iiilippc iw/usle. Légendes sur la façon
dont il n'udait la justice, io, i\. Anecdotes
relatives à ce roi, 61. Crée la garde royale,
ut.
Philippe lie Vilri. 61 1.
Philippe te Brl prend le parti de ievéquc
d'Angers contre les baillis royaux, 81. (iuil-
lauDie Guiart lui dédie sou poème, 101. Sa
conduite à la bataille de Mons-cu-Pe\élc.
I lo. Ouvrage à lui dédié, 71g.
l'Uilippe U Conijniant [l^e liiiv ilu roi],
rimé, I30.
l'Iiilippe le llnrtli, duc de !!ourgogne. .Sa
Cibir moralisée, ilo.
Phiiisiiplies. Merveilles qu'ils faisaient
autrefois, 171.
l'hrat ou Frai. Voir Miiimon.
PicarJic , 1 .
Piciaeienùs idlottaior), probablement
Guillaume de Poitiers, 12.
Pierre Alphonse, 07.
Pierre, comte d'Alençoii. Relation tie s'is
derniers moments, 271.
Pierre tIe lUois , 17, 18.
Pierre de Ckiunbli , seigneur de Viarmes,
319. Jehan Maillart fait pour lui son roman
du Comle d'Anjou, 5 19. Il lui en avait ra-
conté In sujet, .lu, 321. Il était mort avant
iSiC, 330.
Pierre de Protcnce. Cervantes lui attribue
par erreur le cheval merveilleux de Cléo-
madès, 193.
Pieire de Iteggio, 7C3.
Pierre Hé^ie, 17, 30.
l'ierre IV, roi d'Aragon, C7Î.
Pierre llija, 18.
Pitrres prérieutet. Leurs vertus curatives.
Éclairant pendant la nuit, 169.
Pietro it ÀUitandria , traducteur, Sgo.
Pi^iÉHAS Di NàiiaoïiiiL Ses chapitres de
médecine, n3t.
Pinékat kal-Lewi, de Perpignan, rabbin,
168.
Pirakel, neveu du roi de Serre, combat
Méliacin, 176, et s'indigne de la trahison
dont celui<i est victime, 178. Il devient roi
de Serre et fait la paix avec Alsimus. iSo.
Il épou>e Gluriande, 181.
Placide il Timeo (Dialogue de', ïK5.
Platon. Sa Urpuhliifue (selon les Arabes)
traduite par Samuel, de Marseille, 555.
Mentionné, .S 16.
Poisions, Longue énumération de poissons
servis aux repas, 3.17.
Poitiers (Famille de'. Ses manuscrits,
2j».
Poitou. Psautier fait dans cette province,
278.
Porcs massarn'-s par des aveugles, 36.
Prédication. Conseils donnés aui prédi-
cateurs, 124.
l'rrtiitt l'e l'Eglise. Abus qui leur sont re-
prochés, 22i , 225.
Primat. \ ers il lui attribués, 17.
l'riscianus major, 8.
l'riscianui minor, 8.
procureurs. Leurs pratiques, 93.
l'ivjrt (Don liouet), 378.
PnoFET DoiniN (Isaac, (ils de Moïse
Lévi). Sa vie cl ses ouvrages, '/M. Men-
tionné, ,128, 5^7, 070, 6i8, 681, 7i5.
Prosodie (Définition de la', 6.
Provence (Recueil d'exemples composé
en), I7, 57.
Prorerkes français, 58.
PsALTiEn. Comment il est représenté dans
la Bible moralisée, 23o-233. Psautiers en
notes tironiennes, 25o, note. Psautiers or-
nés de peintures, ?59-?82. Psautiers d'ori-
gine anglaise, 261, 26!, 266, 268, 270.
271, 37!, 27J, 376, 278, 280, 281.
Psautiers exécutés eu France, j8i. Psautiers
faits pour la cour de France au xili* siècle.
26I-273, 281, 282. Psautiers destinés aux
personnes de modeste condition, 282. Psau-
tier d'Utrecht, 260, 262. Psautier n* 6o3
du fonds harléien, 261, 262. Psautier du
collège de la Trinité de Cambridge. 261,
262, 260. Psautier n" 8816 du fonds latin
de la Bibliothèque nationale, 261, 262 , 2 63.
Psautier de Montebourg, à la Bo<lléienM,
263. Psautiers divers avec traduction fran-
çaise, 263. Psautier d'Ingeburge, 26I. Psau-
tiers de saint Louis , 265-270. Psautier remis
par la reine Marguerite à Guillaume de Ru-
bruquis, 796. Divers usages des psautiers,
25g, 260, 282.
Ptolémie. Traduction hébraïque de son
livre du fruit, 13i, et de 5on traité sur tout
ce qui est relatif aux plantes, I37. Mentionné,
38i, lo5,5i3.
Purgatoire (Doctrine particulière sur le),
295.
ET DES MATIERES.
825
Qamki. Voir David, haac, Israël, Joseph,
Moïse, Samuel (Jamhi.
Quinlin (Jean), autrui' supposé des sii
mons de Nicolas d'Hacquc\ilic, 97.
R
Itaimond Lulle. Traduction liébraï(|uo des
ouvrages à tui attribues : Quinta essentia,
^iti; sur la composition des remèdes,
Htioul des Jardins , prieur <les dominicains
de (loutances, G6.
Adou/ Housselot, clerc du roi, 82.
lïttpliarl Cahen, à Avignon. Identifie avec
llapliacl Colieii, de Liinel, 739.
Uaphaël Cohen, à Maiifredoiiia. Identilié
avec Kapliacl Colien, de Luncl, 739.
Unphaêl Cohen, de Luncl, fils de David.
On lui attribue par erreur un rommentain^
sur les Aphorismes d'Ilippocrate, 738. Ce
rommcntaire est fait sur ie désir de Raphaël ,
liaschi. Voir Salomon de Traies.
Ilemi d Auxerre, 9.
Remis, nom indéclinable, 4.
llenuunrt. au tinet , Go.
Itepas décrits dans le Comte d'Anjou,
.>3C, etc. Repas maigres, 317.
Repetitor. Valeur de ce mot, 3, 4-
Rruben. Voir Ituben.
Rha:i, médecin arabe. Son Almaiirouri
traduit par Léon de Carcassonne , 770. .Ses
Aphorismes , 763.
Ridjal (.\boul-Hassan), astrologue arabe.
Traduction hébraïque de son ouvrage astro-
Ic^ique par Salomon David, de Rodez, 7G3.
yiii/orrf, utilisé parGuillaume (iiiiart, 120.
Roberon, géant vaincu par Méliaiin, 177.
Robert ISertrand, Cg.
Robert d'Anjou. Ses relations avec (jjlo-
iiymos, Vjo, 'i^G. Kncourage les traduc-
teurs, 587. Sa circulaire, 439. Ouvrages
à lui dâlii's, ,178, (iât.
Robert kiluiardby, commentateur de t'ri>-
cien, 13.
Robichon ou Robin, sujet de rliansons
333.
Rochc-Drrrien {La), i6, 27. t'.oiistrnilioi,
de l'église, 37.
/lo(/er de Paterme, frère Mineur, Iradiiil
en latin le livre de Sidracb, ■tHU. igo.
Roijer de l'arme, 578.
Rohan (Maison <le). Heures d'un ini'ndjn-
de crtie famille, 2.13.
Roland. Le récit de son «nfaiic.' dans li
Charlimafine de Girard dAinieiis renionti
sans doute à un poème perdu, 300, 201
Cité, 333.
Roman composé par les partisans des Kla
mands sur la guerre de Klaiidrcs en i.ioi
ii3.
Itvnceraax (Roman de), en ver» alevan
drins, par Jean Rodel, n'a exist»^ (;iii' dariN
l'imagination de Galland, i9<S.
Roqacmartine , GGs.
Rossignol invitant les oiseaux à 1 lianti 1
l'amour, 33.
Rouen au \lli* siècle, décrit par (iiiillanini
Guiart, 124.
Roi'l.EAl'X contenant des talilcanx dr
l'Histoire sainte, 2 55, 3 56.
Royale (Autorité), 318.
fiui«n ben llayyin, ,'|G8, O87.
RuBEv, fils d'Isaac, liturgistc, 7.''m).
Saadàn-Abou. Son traité sur le triangle,
traduit par Calonymos, 437.
Saadiah Gaon, 355, 379, iio5, 5oi,
5i6.
Sabbethaï de Marseille, copiste d'un ma-
nuscrit, 559.
Sabbethai de Toulouse, 758.
Sabel, fils du roi de Serre, fiancé de Cé-
linde. Méliacin se fait passer pour lui , 174.
TOVE XXXI.
La veille de son mariage, Méliacin enlève
CJinde, 175. Sabel fait la guerre à Alsi-
mus,' 17G. Il est fait prisonnier et meurt
dans sa prison, 178.
5ac/iefj- (Ordre des), '|8, 5o.
Sacrobosco. Voir Jean de Sncrobosco.
Saint-Brrtin (Abbaye de), l'eiiilnres d'un
manuscrit attribué à cette maison, 217.
Psautier paraissant en venir, 271.
s 5
826
TABLE DES AUTEURS
Saint -Dcnrs (Chroniques de), ii.)-ii6,
I 3 8-i3o, iSî , ig5, "ioo, 201.
Saillie Chapelle (l'a), à Paris. Psautier
royal v<!nu de celle église, 268. Kvangéliaircs
faits pour elle, 383.
Sainte-Genevih)e (Abhaye de), à Paris,
."l'i.
SainlGilles (Abbaye de), 3i.
Salaitin d'Esculo. Se» écrits traduits eu
Iiébreu, 788.
Sai.amias, fils de David de Luurl, méde-
ciu. Sou traité sur les lièvres, 7.13. Il n'est
pas le doyen de Lunel, ySS.
Salix. Klymologie de ce mot, 5.
.Sai.omou AeiGDun, 717-711.
Salomon nl-Çaiq,jm{, copiste, 610.
Salomon Azuhi , juiC de (jarpontras, 693.
Salomon ben- Abraham, de Montpellier,
rabbin, '|G8, 658, f)8G.
Salomon ben-Adrrt, rabbin, 877, 6i-],
687, 727.
Salomon bm-Isaae , médecin juif, 72g.
Salomon ben-Yaisch, le cadel. Son com-
mentaire sur Abrabam ibu-Kzra, '101.
.Salomon Bongoda, poète juif, 7G6.
.S'aiomon Bonjodes , G60.
Salomon Davin, fils de David. Sa tradnr-
lion de l'ouvrage astrologique de Ridjal ,763.
Salomxm Davin de Bisis. 76a.
Sai.omo?! dk Lunki. , (ils d'Abha-Mari ,
auteur d'une grammaire hébraïque, G80,
801.
.Salomon de Metijueil, traducteur, 68G.
Salomon de Troies (Kaschi), 358, ^|o5,
4io, h-jh, 658, 685, 687.
Salomon [Don) Drobis ou Derisis, 76^.
Salomon, lils d'Abraham, rabbin, 689.
.Salomon, fils de Judah (,S'aiom»n l^iiias).
auteur d'un commentaire sur le Khoiari,
708. Mentionné, G70.
.S«/omon, fils de Menahcm [Frnt Maimon),
7J3; copiste d'un manuscrit, 784.
Salomon , fils de Péreç Bonnefoi , correc-
teur juif, 356, 357.
.Sa/»nion, fils de Samson, copiste d'un
manuscrit, 4i i.
Salomon, l'ds de Yom-Tob Cohen. Ln ma-
nuscrit copié pour lui, 356.
Salomon ibn-Ayoub, traducteur, 458.
Salomon ibn-Gabirol , ]>oète juif. On lui
attribue le traité CAoix de peilet, 355.
Mentionné, 38o, 727.
.Sainmon ibn-Tapo, confondu avec Samuel
ibn-Tibbon, 356.
Salomon ibnVerga, historien juif, 789.
Sainmon Lêvi [Paalas Bargeniis). 7.42.
Sulomon Maimon, supposé traducteur du
rommeiUaire sur le Guide des éijarit , com-
mentaire dont l'auteur véritable est Moïse
Narboni , 680.
Salomon Nasi, rabbin, 5g5.
Salomon fialkan, rabbin, 573, 574.
Salomon Parki, copiste d'un manuscrit,
Sai.omoîi SniHAU, fils d'Kliéier de Troies,
auteur d'un livre casuistique, 358.
Salomon Vivas. Voir Salomon, JiU de Ju-
dah.
Sait llbn- Aboli-) . médecin arabe. Son ou-
vrage Simplifia traduit en hébreu par Judah
Nathan, 575; en latin par Arnaud de Ville-
neuve, ibidem.
Salve.f , fils de Vidal de Boarian, médecin
juif .Sa prescription, 586.
Sahes, juif de Trets, 586.
Sammah [Ibn-at-), mathématicien arabe.
Traduction de son traité sur les cylindres,
par Calnuymos, isS.
.Samson ben- Abraham, de Sens, rabbin,
4 10, .469, 474, 592, 685.
.Samson de Chinnn , rabbin , 688.
.S'omion de Falaise, rabbin, 358.
.Snnijoii de Joii/ni , rabbin, 355.
.Samson, fils d'Abraham, rabbin, 4o5.
6'am.ton, fils de Salomon. traducteur des
l'iésuniés de Galien , d'après le manuscrit de
Paris, 456.
Santson \fottnai. Corruption de Samson
de Joigni, 356.
.Samuel Abravanel, rabbin, 707, 708.
Samuel Alfarani, juif de Peqjignan, 69I.
.Samuel Astrnc Dascola, le même que Sa-
muel Kansi, G07.
,Samac{ ben-Mwd ichée , de Narbonne, rab-
bin. 468.
Samuel ben-Meïr, rabbin, 4o5, 409, 47! ,
61 5, 685.
Samuel ben -.Salomon, rabbin, 465,687.
Samuel Bcnienist , jm( catalan , 45i.
Samuel d'Aijdr, rabbin, 690.
Samuel Dascoi.a. .Son ouvrage, -job.
Samuel de Melgueïl, par erreur pour Sa-
lomon, 686. y
Samuel, lils de Gerson de Béliers, rab-
bin, 475, 687.
6'aniu('/, lils de Hayyim, médecin juif. Un
manuscrit copié pour lui, 682.
Samuel, fils de Moïse Qamhi. Son com-
mentaire sur une liturgie, 727.
Samuel, fils de Saûl, rabbin, 660.
Samuel, lils de Siméon Kansi, identique
à Samuel Astruc Dascola, 706.
Samuel ibn-Tibbon, traducteur, 458, $27,
684, 686, 757, 759.
Samuel hokhabi, rabbin, peut-être père
de David KoLhabi, 471-
Samael Marocanus, controversisle , 584,
Samuki. M11.K8 Di Marskillb, traduc-
teur. Sa vie, 553. 11 est surnommé Miles
et liarbaveire, 553. Ses traductions d'Aver-
ET DES MATIERES.
827
loi'S : de ses dissertations sur VOrganon , 55 i :
de son commentaire sur ï'Etkique à Nico-
maque, âS5; de rriiii sur la lU'jmt'liiiiie de
Platon, 555; du résumé de la logique, 55<)-,
|>eut-ètre des autres parties de l'Orjyanon,
ÔU7 ; du traité d'Alexandre d'Aphrodise sur
l'Ânu', 5(i3; d'un traité d'Kurlide, 5Go; de
l'abrc'gé de YAlmageile(\'l\»i-.\(\a\t, 5(Jo; îles
traités astronomiques de Moàd et île Zur-
qala, StiC et 5C7. .Ses propres ouvrages :
Commentaire sur l'Almafjritc, 8O0. Notes
sur l'Urganon, 5G7. Probablement copiste
d'un manuscrit, 5G7. Mentionné, iHQ, ti5à.
Samuel A'aJi, juif d'Arles, 4 50.
.Saniuc/ .Sc/ieA'i/i, juif de Perpignan, ^G8.
Samiei. Schi.kstat. Sa vie et son ouvrage,
702. Son petil-iils est auteur d'une cbro~
nique, 705.
Samuel Sulaini, rabbin. Supposé le même
que .Samuel SclieLili, i6i.
Samuel Zmiah, philosopbe juif, ^97,
.San Rota Dongotlan, corruption de Ser
Uonet Bonjorn, 70C.
Sanclie le tort, roi de Navarre, 11 5.
Sarati, lillc de Jacob Çarfati ,711.
Saùl AiMenaii. Ses gloses sur le com-
mentaire moyen d'Averroe< sur la Physique
d'Aristole, 43].
Saûl ben-Jacob, de Montpellier, rabbin,
.i68.
Saûl Cohen de Montpellier, rabbin, 468.
Saùl, fds de Nathan, rabbin, 6C0.
Saut Gautier ( LeJ , ii, 55.
Sauarnon , capitale de la Grande Ermenie ,
170, etc.
Savetier (Conte du) et du fmancier, 5o.
^Mni({(« , une des suivantes de CéKnde, lyi.
Doit être brûlée pour l'avoir laissé enlever,
177. Est sauvée par Méliacin, 178. Épouse
le comte Hardouin, 183.
Schah Abbai le Grand, roi de Perse,
355.
Schemaiah, rabbin, ^69.
Sehemariah de Nègrepoht. Poème contre
lui par Jean d'Avignon, U53.
Sckemariah , fils de Simbah , rabbin. Sup-
posé auteur de Kolbo , 470.
Sckem-Tob de Tortoie , médecin juif, 73 1 ,
7C0.
Sehem-Toh Fahufira, philosophe juif. Son
commentaire sur le Guide des égarés , utilisé
et même imité par Caspi, 537. Mentionné,
758.
Sckem-Tob Falcon, juif de Majorque,
469.
Schem-Tob ibn-Majror, commentateur, 758.
Schickhardus. Lettres adressées à lui , G93.
Schwabacher (C). Sa traduction allemande
de l'Examen du monde, 387.
Sclamias [Maeslre), 753.
.S'en Jncob de Bagnols , Hb-j.
Senonis , nom indéclinable, 4.
Serfs (Les) cbargi's de faire périr la
comtesse d'Anjou l'épargnent, 34o.
Sergents. Ce qu'ils étaient, io5.
Scrlon, poi'te, 17.
Serre, royaume de Nattilus, père de Sa-
bel, 174. Se trou\e aussi dans Escanor,
i84.
Shealtiel Gracian, rabbin. Lettre à lui
adivssée, 744.
.SiDRACH (1^ livre de) ou la Fontaine de
toutes sciences, -iSâ-SiS; composé |)eul-être
H Lyon vers i343, 391, 3i3; la rédaction
originale était peut-être provençale, 3i3-
3i5, 3iG. Il n'est connu en France qu'au
\iv' siècle, 3iG. 11 est traduit en italien,
en flamand, en anglais, 317. Faible valeur
de l'ouvrage, 38G, 387, 317. Un prototyp»;
hi'bn-u ou arabe n'est pas probable, 3i3,
3 1 3. Différences entre les di\ ers exemplaires ,
38G, etc. Son orthodoxie, 391. Sa piété,
3oi. Sa morale, 3()6. Sa politique, 397. Ses
opinions sur les femmes, 3q8-3o3. 11 n'est
ni patriote ni belliqueux, 3o3. Son igno-
rance historique, 3o3. Son tableau des Croi-
sades , 3oG-3 1 1 . Son histoire naturelle , 3 1 1 .
Sidrach, descendant de Japhet, reçoit de
Dieu le don de toutes sciences, 387. Apprend
au roi Boctus le moyen de construire sa
tour et répond à toutes les questions que lui
pose le roi, 393. 11 connaît par avance les
mystères de la foi chrétienne et les enseigne
à Boctus, 387, 393. II meurt, 3i3. Son
nom est emprunté au livre de Daniel, 389.
Il a été mis en tête d'ouvrages astrologiques
et d'une sorte d'apocalypse en grec, 393.
Sidrach ( Versions anglaises de ) , en vers ,
317. Versions ilamandes, ibid.; italiennes,
ibid.
Simron Douran, de l'Algérie, rabbin.
BUme Caspi, 038.
Siméou Kaia, exégète, 685.
Simhnh de Vitri , rabbin , C86.
Siman de Gènes. Ses traductions de Zah-
ravi, 760.
Simplicias, mathématicien. Commentaire
sur Hypsiclès, traduit par Calonymos, 430.
Formes vicieuses du nom de Simplicius,
ibidem.
Siraeh, confondu avec Sidrach, 391-393.
Slaaki Daoid. Son lÀvre de la sagesse
d'Israël, 387.
Soiuont, 4. Yon, sous-moniteur des écoles
de cette ville, 1-31.
Soleiman [Aboa-) Rabia ben-Jahya, ma-
thématicien arabe. Son commentaire sur
l'arithmétique de Nicomaque de Gerasa , tra-
duit par Calonymos, 436.
104..
828
TABLE DKS. AUTKURS
Slirn (M. S). Sa traduction allemandrdc
rt'.r(iwi'7( du monde, '.M^'J,
Surciisions. D'apros le livre do Sidracli ,
iiii tiers des succession» doit appartenir à
I r.glisc, l5o2.
Sumntonitor. Valeur de ce mot, i.
Syinaciis, 17^.
Symhni^ des Apôtrts. en latin et en fran-
Vais, 577.
Synodus. l'ilymologie de ce mot, 16.
Syntajre (Drlinition de la), 6.
Syrie, 17C.
T
Tiihlis. On les dn'sse pour les repas et on
irs enlève ensuite, 333.
Tnillrl/ourg , 29.
Tanliiim , ïils de Judali. Traduction faite
.1 sa demande, (iôG.
TaritsCiiii , 5 1 .
Tartaire, étoffe d'Orient, 334, 34-1,
Tartans, 307.
Tauiivaux combattus par des aveugles , 55 ,
56.
Tauros pour Todros, 754-
Tcmpiurs. Opinion de Giiill. Le Maire
<rir eux, '^7.
Tliabeih hfii-Qoirah. Son traité, D« figura
■^'■cantr, traduit par Calonymos, 457. Plu-
■iieiMs traductions ))arlui, 437,444. Re-
iKuclie la traduction du livre des Plantes
;illribiié à Aristote, 4^9.
Thabon.Xoir Tibhon.
l'Iitoiloric [de Cervia). Sa cliirargie,
.-,78.
Tlieodorus, pliiloso])lie. Le même <iu("
Torli'c, 390.
l'I.iadonis Tliodmssi pour Todros To-
drosi, 573.
riiilmail de Cepoi , 109, iSy.
Thib:Uid , roi de Navarre. Sa lettre sur la
mort de saint Louis, 37Î.
Thomas d' A (juin. Ses livres traduits en
;;rec. 101. Mi'ntionné, 789.
Thomas llilie , de Bivdle. Sa vie latine,
<>5-7'2. Sa vie en français, 75-75.
Thomas le Gallois, 63.
Tibbo:i. Voir Abraham, .JuJah, Moîie, Sa-
wiir! Tihbnn. ^
Tironiennes (Psautier en notes), 559,
n')lo.
Tobiab , 371. Voir Jeduïah Penini.
l'odrr , le j)liiloso|)lie, envoie le livre de
.Sidracii au palriarclie All>ert ou Anb<'rt
d'Antioclie, îS8. Il était réellement Atlaclié
à l.i cour Av Frédéric II, 390.
ToDKOs DE CAV.tii.LON. S» pharmacopéc.
733.
Todros, fils de Moscliullan. Voir Todros
Todrosi.
Todros [Don] Isuac de Girone, rabbin,
i 5 1 .
Todros Mnïsr Bondiuh , identifié avec To-
(Iros de Cavaillon, 724.
Todros Nnsi, de Narl>onne, 784, 785.
Todros Todhosi, traducteur. Sa tie, 570.
Ses tratiurtions : de Farabi, Sowce de juge-
ment des {fueslioHs, 070 ; d'Avirenne , chapitres
relatifs à la pliysiijue et à la métapbysiqne,
571; d'Averroès, commentaire moyen de In
llhrtoriqiie et de la Poétique, 571, 576; des
dissertations, 573; du traité sur l'inlellert
matériel. Kcrits attribués à tort, 573.
Tojaïl Ibn-), philosoj lie arabe. Son roman
intitulé lliiyr bcn-Yohlhan: IreAucixon ano-
nviiK! cl commentaire de Moisc Narboni,
07'i.
Tolède. Le [irologuc et li-s arguments du
livre de Sidracii sont censés faits à Tolède
en ii'i3, •!89. Lcole aral>c-cbrétienne de
celle ville, 289.
Tor, Iris d'Ares, 168.
Toulon , 5 1 .
Toulouse, (jlose du Doctrinal, dite Glosa
ToloSfUUI , 11!, i3 , |8.
7'oiir qui s'écroule chaque malin, 393.
Tournoi dunné pour marier une princesse,
i5'i. .
Tractabar (Le roi de) envoie à Boctns
Sidrarh et le livre d'astronomie de Noë,
393, 294.
Traverses JLa reine des), i58. Est char-
gée de la j:nr<l«^ de Giflet, iG4. S'éprend de
lui, iCô, el l'épouse, 166. Elle se relire
<luns l'abbaye construite près du tombeau
d'Esreiior le IScau, 167. La ville des Tra-
verses décrite, 169.
' Triguier (Formulaire rédigé dans ie dio-
cèse de), 25-35.
Tristan, héros de poème, 3i3. Roman en
prose', iCi.
Troie, première patrie des Francs, ri 8.
Histoire de Troie peinte sur les murs,
169.
Ta(jendhold (J.). Sa traduction polonaise
de VExamen du monde, 387.
ruiii.5 (Le seigneur de) fait traduire en
latin , pour Kn'déric II , le livre de Sidracb ,
288.
7'iu-/)m (Chronique de], rimée ptr Girard
d'Amiens, 201. •'•'' ''
ET DES MATIERES.
829
IJ
Lbicamqae locorum. Explication de cette
locution, g.
IJchtnanii (A.). Sa traduction latine de
l'Examen t/u monde, 386.
Itreeltt (Psautier de l'université d']
2G0.
Itiel, copiste et glossateur, 6g6.
ValabiciiUf. Noir Abraham, Asckrr, Bon-
</OfS, Isiaêt Vaçif Valabrijue.
luscf d argent donnés aux seigneurs qui
MTvirent le repas de l'évèque d'Angers,
79- . . .
Ii7'ni'u<7, pris i^t démantelé par Philipjie-
Augusti', I 13.
t crnon , i .
Ce/s latins destinés à i'ipli(|uer des pein-
luri'S, 317. Vers mnéuiuniques, ti.
Venijicaùun des chansons do geste : raf-
linenients qu'y introduisent Adani de la
Halle, Adonet le lioi et Girard d'Amiens,
•>o3, îo'i.
Ycrsor (Ji'an). Traductions hébraïques de
quelques-uns de ses écrits, par Élie liabillo,
liurnicj (SrinivetOise), Sig, 330.
\ icedoctor. Valeur de ce litre, 3.
Vidal, identifié avec Moise Narboni,
Mdttl (Ahram) de Dourian, 585, note.
Vidal Honajottx ( de .Salon ) , Goo.
ri'/(i/ Caslari , présumé auteur d'un traité
de médecine, tiôo.
Vidal de Boiriax, médecin, 578, 5So,
585.
Vidal de Tournon. Voir Bayyim ben-David.
Vidal Lhi, juif catalan, 746.
Vidal Salomon, surnom donné par erreur
à Moïse Narboni . 606.
Vicia/ Sulomon Satlian, identifié avec Me-
nahem Meiri, 573.
Vido, ou Vidon, 755.
Vielle , Zi?, , 333.
Vilain (Un) reconnaît Méliacin pour un
prince, malgré son déguisement en vilain,
et lui sert de gui<le, 180.
Villehardouin, utilisé par Guillaume
Guiart, iio.
Villévrque, manoir épiscopal, 77, 78.
Viia (Différentes espèces de), 3j8, 337.
Violas de Rodez, médecin juif (Mardo-
chée, his de Josué), auteur d'une observa-
tion astrologique et d'un commentaire sur
les régies de dosage selon Averroès , Sg 1 .
65i, (i8g, 788.
Virgile. Merveilles qu'il construit, 16g.
Voyages. Difficulté des voyages dans l'an-
cien temps, 177.
w
Wajtd (Ibn-), médecin arabe. Traduction
hébraïque de son traité Liber de Cervicalibus
capitis, par Juda Nathan, 677. Sur les
lièvres, par le même, 578.
ITeitse (Joseph). Son introduction biogra-
phique sur la vie et les ouvrages de Jedaiali
Penini, 387.
tVendin (Prise et perte de), 1 10.
H''irmet, ancien nom deViarmes, 3ig.
IVorms (Baruch de), k^k.
X , h:ttre équivalant à deux consonnes, 9.
i'akçeel Caslari, poète. Ses poèmes,
047.
Ici/outliiel Culun [Sen Astruc Cohen], au-
teur d'un commentaire, 088.
Veqoituiel, fils de Salomon de Nar-
bonne, traducteur. Sa traduction du Liliam
inedicinm de Bernard de Gordon, 73].
Yom-Tob, de Beaugenci, rabbin, 358.
Yom-Tob Lipman Heller. Son commentaire
sur l'Examen du monde, 386.
830
TABLE DES AUTEURS ET DES MATIERES.
YoN (MaHrc), grammairien, sous-moui-
tmir Aes érolns de Soissons. Son rommon-
Uire surir Doctrinal, i-ii.
Yonah ibn-Djanak. Voir Abou-'l-fVttliil iin-
Djanah.
Yves, moinn de. .Sainl-Drnvs . i M.
Zahravi, médecin arabe. Traduclion lié-
hraïqtin de son Sercileur des médecins
' 2~i' livre), par Abraliani, lils de Slicni-
Tob. 7.'5i, 760, 78^
Zttle LAbott-], corruption d'Abou Sali,
.■.76.
Xarqala [Abou-lshm/ cl-), aslrononie.aralH'.
Son Irailé sur le \fonvement des étoiles fixes ,
traduit parSamuel de Marseille, jtf]. Son
traité Sajilia , romnienté ]>ar Isaac Louans.
Xemah, lils de Jedidiali. \oir Crescas de
Caslar, le jeune.
Zerahiah benisaac , tradurlcnr, .^36.
Zcrcdiiah llulévi , de Lnnel, rabbin, '\03,
175, 658, C86.
Xcrahiah lud-Lévi Salailin, lradurte\ir dn
traité de Gazuli . Deitmclion des philosoplies ,
Ziericzer (Kataille navale de), racontée
par (luillaume (iuiarl, i3i.
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